Avec Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur
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00:00— SUDRADIO, l'invité politique Jean-Jacques Bourdin. — Il est 8h36. Merci d'être avec nous, Antoine Léaumont, qui est député LFI de l'Essonne,
00:12et notre invité ce matin. Bonjour. — Bonjour, Jean-Jacques Bourdin. — Merci d'être avec nous. Vous êtes aussi co-rapporteur depuis plus d'un an
00:18d'une mission d'information sur la lutte contre le narcotrafic, mission de l'Assemblée nationale. On est bien d'accord.
00:24— Tout à fait. Sur le trafic de stupéfiants, très exactement. — Sur le trafic... Précisément sur le trafic de stupéfiants.
00:28Aujourd'hui... Hier, à votre place, était là le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui est à Marseille aujourd'hui
00:35avec Didier Migaud, le garde des Sceaux. Création... Alors ils vont annoncer un plan anti-narcotrafic, création d'un parquet anti-stupéfiants
00:45pour combattre le trafic comme l'on combat le terrorisme. Là, vous êtes favorable à cette création ?
00:49— Le parquet en soi, pourquoi pas, parce que ça serait des pouvoirs d'enquête supérieurs. Le problème du parquet, c'est qu'il est pas indépendant
00:56du pouvoir exécutif. Et en l'occurrence, un des problèmes qui est posé dans la lutte contre la criminalité organisée, c'est la question de la corruption.
01:03Donc il faut que tout le monde puisse être contrôlé, y compris potentiellement l'exécutif.
01:07— Vous pensez qu'il y a beaucoup de corruption ? — J'en sais rien. Mais je préfère que... Ah non ! Il y a de la corruption.
01:12— Il y a de la corruption ? — La corruption, c'est un des principaux problèmes. Et d'ailleurs, M. Retailleau, hier à votre antenne,
01:16a dit qu'il y avait quelqu'un – je crois – de la DGSI qui communiquait des informations aux trafiquants. Donc oui, il y a de la corruption.
01:23Il y en a partout. Et c'est normal, compte tenu du fait que les trafiquants sont capables d'aligner des sommes qui sont des sommes considérables.
01:30Par exemple, sur ce qui concerne les infrastructures portuaires, dans les auditions que j'ai effectuées jusqu'à présent,
01:36on nous dit que ça peut aller jusqu'à des sommes de 100 000 €. Les trafiquants sont prêts à donner des sommes de 100 000 € pour pousser des gens
01:43à en gros fermer les yeux quand on débarque un conteneur, quoi. — Fermer les yeux. C'est-à-dire qu'un docker ou...
01:48— Mais ça peut être partout, en fait. Moi, je vais jeter la pierre sur personne. — Non, mais je pense au port, parce que là, c'est la cocaïne qui arrive dans les ports,
01:54et notamment au Havre. — Dans les ports, dans les aéroports, dans les structures de l'État. Et notamment, il y a justement à l'intérieur de la structure de l'État,
02:01notamment chez les fonctionnaires de douane, de police, etc. Mais encore une fois, moi, je ne jette pas l'eau propre. Ce qu'il faut, c'est lutter contre ça.
02:07Et lutter contre ça avec des moyens, notamment... — Vous ne jetez pas l'eau propre. Mais quand il y a comme ça des corrompus, vous les sanctionnez.
02:14— Bien sûr. Et vous comprenez bien aussi que l'intérêt d'avoir un parquet qui soit totalement indépendant... D'avoir une justice, en tout cas, qui soit indépendante,
02:22c'est ça. C'est qu'on peut aller enquêter chez tout le monde. Peu importe. On fait pas le tri. Et on va enquêter chez la personne qui est au bas de l'échelle
02:30comme chez celle qui est tout en haut de l'échelle, parce que ces informations, c'est des informations qui sont communiquées aux trafiquants,
02:35qui peuvent par exemple leur permettre de savoir qu'il va y avoir ici un contrôle, ici un problème. — Mais bien sûr. Antoine Léaumant, je ne sais pas exactement
02:43ce que le ministre de l'Intérieur et le garde des Sceaux vont annoncer, mais on en connaît les grandes lignes. Répression de tous les acteurs criminels.
02:49— C'est ça. — L'argent, nouveaux moyens d'enquête pour les forces de l'ordre, les magistrats, les détenus, les mineurs. Il y aura des annonces autour des détenus,
03:00des mineurs, des contenus illicites en ligne aussi. Alors Olivier Faure a dit que toute la gauche doit s'engager dans ce combat contre le narcotrafic,
03:09contre les trafiquants, tous les acteurs criminels. Vous êtes d'accord avec Olivier Faure ? — Moi, je n'aime pas trop l'expression « narcotrafic »,
03:16parce que ça donnerait l'impression que le trafic de stupéfiants est le seul problème. En réalité, c'est une criminalité organisée dans laquelle
03:26il y a la question des stupéfiants, bien sûr, et la question des stupéfiants, c'est notamment un moyen de financement pour la criminalité organisée.
03:32Mais il n'y a pas seulement ça. Il y a le trafic d'êtres humains, il y a le trafic d'armes. Et je pense, moi, et nous pensons avec La France insoumise
03:37que la question du trafic d'armes en particulier devrait être une des priorités de l'exécutif, parce qu'on voit bien dans la montée des tensions
03:47et des violences qui s'exercent que généralement, ceux qui sont attaqués, ceux qui se font tuer, se font tuer par des armes à feu.
03:52Ces armes à feu sont des armes à feu détenues illégalement. Et il y en a actuellement dans le pays, il y a entre 10 et 12 millions d'armes
04:00qui sont en circulation légalement ou illégalement. D'accord ? C'est un nombre considérable, 12 millions d'armes en circulation.
04:06Donc il y a un enjeu à désarmer, et ça serait notre priorité, désarmer la criminalité organisée, au sens littéral du terme, c'est-à-dire leur prendre les armes qu'ils détiennent.
04:16— Je regardais ce que disait le président du Salvador, cet État d'Amérique centrale qui lutte dans la rue contre la criminalité organisée.
04:25La seule manière de réduire la criminalité n'est-ce pas de retirer les criminels des rues ? Dis-le, vous êtes d'accord avec ça ?
04:31— Il faut retirer les criminels des rues, évidemment. Il faut abandonner, les attraper, les juger. Et une fois qu'ils sont jugés, les condamner.
04:39— Alors Bruno Rotailleau, qui était là hier... — Simplement, je voudrais aller jusqu'au bout, parce que ceux qui sont dans les rues sont évidemment
04:45une partie du problème. Mais c'est la partie immergée de l'iceberg, parce que le vrai problème, c'est les grands trafiquants.
04:51Et le système du trafic de stupéfiants comme de l'ensemble de la criminalité organisée, c'est un système capitaliste. Et c'est un système capitaliste
04:59où c'est la tête du réseau capitaliste qui, au final, devrait être la cible. Et il faut les frapper au portefeuille. Il faut récupérer les avoirs qu'ils ont
05:07et les mettre à disposition des moyens, par exemple, de police. — Alors Bruno Rotailleau, à votre place hier, disait
05:14« Sniffer de la coke ou fumer un joint, c'est une balle dans la tête d'un enfant de 5 ans ». — Oui, mais ça, c'est une manière de...
05:19— Mais c'est vrai ? — Non, c'est pas vrai. Justement, c'est pas ça. — Ah bon, d'accord. — Non. Justement, il faut inverser la logique sur ce sujet-là,
05:24parce que depuis des années, on criminalise les consommateurs de stupéfiants. Il faut prendre les choses complètement à l'envers, parce que ce qu'il faut faire,
05:32c'est justement de la prévention pour éviter que les gens tombent dans la drogue ou deviennent des... — Vous croyez que faire de la prévention,
05:37ça va influer sur les mafias qui gèrent le narcotrafic, franchement ? — Mais c'est beaucoup. M. Bourdin, le cannabis est illégal. Il est interdit de consommer
05:45du cannabis en France. 47,3% des Français ont déjà consommé du cannabis. Donc au bout d'un moment, il faut sortir de l'hypocrisie. Un Français sur deux
05:53que vous allez croiser dans le studio, il a probablement fumé du cannabis. Donc est-ce qu'il y a 30 millions d'assassins en France ? Non. D'accord ?
06:03On va pas dire que chaque fumeur de cannabis est un assassin. — Mais c'est pas ça. — Mais si, c'est ça qu'il dit, M. Retailleau.
06:07— C'est que quand quelqu'un fume du cannabis ou sniffe de la cocaïne, il enrichit le trafic et ça conduit à une balle tirée dans la tête d'un gamin de 5 ans.
06:21— Donc là, on vient sur le fond du sujet. Ça enrichit le trafic. Comment fait-on pour que ça n'enrichisse pas le trafic ? Précisément sur la question du cannabis,
06:28nous, nous proposons sa légalisation. Et sa légalisation avec un monopole d'État. Parce que si on fait pas un monopole d'État, si on fait des systèmes
06:34qui sont des systèmes libéraux comme ça a pu être mis en place par exemple au Canada, ceux qui s'enrichissent, ce sont des entreprises...
06:40— Pas toujours avec succès. C'est mitigé. — Précisément parce que dans certains endroits, ce qui est fait, c'est qu'on laisse le marché faire.
06:46Et le marché, il veut faire quoi ? De l'argent. Donc si vous laissez ça aux mains du privé, ce qui va se produire, c'est que les entreprises vont avoir
06:52de l'intérêt à vendre du cannabis pour faire de l'argent. L'État, lui, il a un intérêt à ce qu'on récupère l'argent de la légalisation du cannabis,
07:00mais que la consommation de cannabis diminue. Vous voyez que c'est ce qu'on a fait par exemple sur l'alcool et sur le tabac. Et ça fonctionne assez bien,
07:06puisqu'il y a une baisse en ce moment de la consommation de tabac et d'alcool, notamment. Et il faut le signaler chez les plus jeunes. Et ça, quand les jeunes
07:12font des choses qui sont positives, il faut aussi le signaler. — Est-ce que les consommateurs doivent être sanctionnés ? — Moi, je ne pense pas. À mon sens, à moi,
07:19par exemple, le système des amendes forfaitaires délictuelles qui a été mis en place depuis plusieurs années, qui consiste à mettre des amendes
07:24en gros aux consommateurs... — 150 à 200 €. — Ce système est inefficace. Ce système ne fonctionne pas. D'ailleurs, si ça fonctionnait,
07:32il y aurait plus de problèmes, non ? Donc peut-être qu'on peut essayer de changer de logique. Moi, je vais aller jusqu'au bout de ça.
07:37— Simplement pour finir sur ça. — Très vite, alors. — Si vous arrêtez de criminaliser les consommateurs et que vous concentrez les moyens de police
07:43sur le haut du spectre, sur les trafiquants, là, vous allez faire des choses utiles. Parce qu'utiliser des policiers à courir après des mecs
07:49avec des boulettes de shit dans la poche, ça ne sert pas à grand-chose. Par contre, leur faire courir après ceux qui détiennent les armes,
07:55ceux qui organisent les trafics, ça, oui, ça, ça permet de désorganiser le trafic. — Par antonymement, les amendes forfaitaires délictuelles
08:00pour consommation de drogues seront inscrites systématiquement aux casiers judiciaires. C'est ce que disait Bruno Rotaillot hier matin.
08:08— Eh ben énorme problème, parce que vous savez que les amendes forfaitaires délictuelles, c'est un problème aussi dans la séparation des pouvoirs,
08:12parce que qui met les amendes forfaitaires délictuelles ? C'est la police. La police, c'est le pouvoir exécutif. Et le pouvoir exécutif va donc pouvoir
08:18inscrire aux casiers judiciaires des éléments. Il n'y a pas de contradictoire. Il n'y a pas la possibilité de recourir à un avocat.
08:24Tout ça est très problématique sur le point de vue du droit. — Est-ce que votre collègue Andy Kerbrat, qui a acheté de la drogue dans la rue
08:30à un mineur et pas de la petite drogue, député LFI, doit être... Est-ce que son casier judiciaire doit être rempli, si je peux dire ?
08:43— Écoutez, d'abord, moi, je veux dire... — Est-ce que ce délit doit être inscrit au casier judiciaire de ce monsieur ?
08:47— Je veux d'abord dire à Andy mon amitié, parce qu'il a déclaré, il a fait une déclaration dans laquelle il a dit qu'il était dépendant.
08:55Et je ne jetterai jamais la pierre sur quelqu'un qui dit qu'il est dépendant d'une substance, quelle qu'elle soit. Je vais pas jeter la pierre
09:01sur les alcooliques. Je vais pas jeter la pierre sur les fumeurs. Et donc, je ne lui jette pas la pierre. Ensuite, c'est ce qu'il dit.
09:07Il dit qu'il se met à disposition des interrogatoires de police et de la justice. Donc là, actuellement, c'est puni par la loi.
09:14Il se met à disposition de la justice. C'est la justice qui décidera. C'est pas à moi de dire ce que la justice va faire.
09:19— Non. Mais je trouve qu'Andy, dans la démarche qu'il a... — C'est un mauvais exemple.
09:24— Justement, il donne le bon exemple sur la démarche qu'il a ensuite. — Non, mais attendez. Après, il donne le bon exemple.
09:30Mais est-ce qu'il a déjà donné... — C'est pas un bon exemple d'acheter de la drogue. Et ça, personne vous dira le contraire.
09:35Par contre, c'est un bon exemple de dire j'ai un problème de dépendance, je souhaite me soigner, et je me mets à disposition de ceux qui
09:42souhaitent me poser des questions sur le sujet. Moi, je trouve que justement, ça permettra peut-être de faire avancer la réflexion sur le sujet.
09:48Et j'ai constaté, simplement pour finir sur ça, j'ai constaté que c'était pas latéralisé gauche-droite sur le sujet.
09:54J'ai vu qu'il y avait des gens de droite, du centre, de la Macronie qui disaient que c'était une bonne chose, la manière dont il avait communiqué sur le sujet.
10:04— Antoine Newman, mercredi soir, au Parc des Princes, il y a eu ce tifo Free Palestine. Bon, ça a fait beaucoup de bruit.
10:12Encore une fois, Bruno Retailleau était hier matin. Et il disait « Nous allons convoquer », ce qui est fait d'ailleurs,
10:17le président de la Fédération française de football et le directeur général du Paris Saint-Germain. Vous vous applaudissez.
10:22— Oui. — Mais pourquoi ? — Parce qu'il y a en ce moment une guerre génocidaire.
10:27— Un message politique dans un stade. Vous applaudissez. — Oui, oui. Je vais vous dire, M. Bourdin, s'il y avait été un drapeau de l'Ukraine
10:31avec Free Ukraine, personne n'aurait trouvé à se plaindre. Donc au bout d'un moment, il y a beaucoup d'hypocrisie sur le sujet.
10:3743 000 morts en Palestine. Plus de 2 000 au Liban. 1 million de personnes déplacées au Liban. Il y a un drapeau palestinien,
10:43il y a un drapeau libanais. Est-ce que oui ou non, on est du côté des... — Mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi une carte
10:48d'une Palestine du Jourdain à la mer. — Est-ce que oui ou non, on est du côté des Libanais qui se font agresser ?
10:52Est-ce que oui ou non, on est du côté des Palestiniens qui se font agresser par M. Netanyahou ? Moi, ma réponse est oui.
10:58Ensuite, sur la carte... Moi, j'ai pas vu le détail de cette carte. Mais le sujet est très simple.
11:05Le sujet est très simple. Bah moi, j'ai vu « Free Palestine ». Et en dessous, il y a écrit « La guerre sur le terrain »,
11:09« La paix dans le monde ». Mais M. Bourdin, moi, je pense que ce qu'il doit y avoir à la fin, c'est la solution à deux États définis
11:15dans le cadre des accords du droit international. — Vous ne souhaitez pas la disparition d'Israël ?
11:17— Mais bien sûr que non. Enfin ça serait une idiotie de dire ça. Mais bien sûr que non. J'entends souvent des gens qui disent ça
11:24sur les réseaux sociaux, qui nous disent... Alors ça me fait marrer, parce qu'il y a des gens, j'ai l'impression,
11:28ils peuvent pas faire une phrase sans dire « Ramasse » en roulant les airs comme si on était en Espagne.
11:32Tout ça me fait beaucoup rire, parce qu'en réalité, nous, nous sommes très clairs sur le sujet. Ce que nous voulons,
11:36c'est le respect du droit international. Et le problème qui est posé par l'action de M. Netanyahou, c'est précisément
11:41qu'il est un criminel au regard du droit international. Donc moi, j'applaudis effectivement l'utilisation de ce tifo.
11:47Et je dis merci aux supporters parisiens d'avoir fait rayonner la France dans le camp de la paix.
11:51— Bien. Vous avez vu les nouveaux incidents qui se sont produits à Amsterdam, l'inchage de supporters du Maccabi Tel Aviv.
12:02Vous vous condamnez, j'imagine, ces agressions. — Bien sûr. La violence, de toute façon, d'une manière générale, est inacceptable,
12:07quelles qu'en soient l'origine et les causes. Et puis moi, je pense que les supporters, ils ont pas grand-chose à voir
12:15avec la politique de M. Netanyahou. Pour faire quelque chose qui est utile, justement, dans le conflit israélo-palestinien,
12:21ce qu'ont fait les supporters de Paris en déployant un immense tifo appelant à la paix, je trouve que c'est
12:26une bien meilleure chose que d'aller casser la figure des supporters d'en face, où là, ça ne peut pas avoir de sens.
12:32— Puisqu'on parle football, est-ce que vous pensez qu'Mbappé ne joue pas contre Israël pour des raisons politiques ?
12:37— J'en sais rien. Faut lui poser la question, lui. — Certains le disent. — C'est possible. Faut lui poser la question, lui.
12:42J'en sais rien. Je peux pas m'exprimer à sa place. — Bon. Bras d'honneur à la France qui s'est passé en Israël hier, à Eleona,
12:49au sommet du Mont des Oliviers, ce site qui est un site français, je le répète, depuis 1868.
12:56C'est un bras d'honneur fait à la France ? — C'est un scandale absolu. Donc pour que tout le monde comprenne bien,
13:00il y avait 2 gendarmes français qui ont été arrêtés par la police israélienne dans le domaine. C'est-à-dire qu'on est chez nous,
13:06d'une certaine manière, dans ce domaine-là. Et les policiers israéliens n'ont pas à faire leur loi dans un domaine
13:11qui appartient à la France. Ce sont les gendarmes français qui ont à faire leur loi. Donc moi, j'ai immédiatement
13:15dénoncé ça. Mon groupe parlementaire a dénoncé ça. Nous avons demandé la libération des 2 gendarmes. Heureusement,
13:19j'ai vu que le ministre des Affaires étrangères avait refusé d'entrer sur le domaine compte tenu de ce qui s'était passé.
13:23J'ai trouvé que c'était bien. Et vous savez, vous voyez, je suis capable d'être critique. Mais quand il y a des choses bien
13:27qui se passent, je suis aussi capable de le dire. Et par contre, j'ai été étonné du silence d'un certain nombre de personnes,
13:33du silence de l'extrême-droite, qui, d'habitude, sont les premiers à dire qu'il faut tout le soutien possible aux forces de l'ordre.
13:39Il n'y a plus personne. Ils ont disparu en race campagne. Quand c'est les forces de l'ordre françaises qui sont agressées par les forces de l'ordre
13:44israéliennes, il n'y a plus personne. On ne voit pas où ils sont. Et il y a Mme Yadam aussi, qui a été bien silencieuse sur le sujet,
13:49qui était trop occupée à être avec M. Retailleau pour dénoncer le typho du Parisien plutôt que de s'occuper des choses qui se passent
13:54dans sa circonscription et qui concernent l'honneur de la France. — Dans le silence, il y a des femmes qui se battent en Iran.
14:00— Oui. — Vous avez vu l'image. — Pas toujours dans le silence. Vous avez vu. C'est magnifique, magnifique.
14:04— Il a fallu... Mais il a fallu ce geste-là. Il a fallu qu'une jeune femme se déshabille en public pour attirer l'attention sur le sort des femmes iraniennes.
14:14Magnifique, ce geste. Antoine Léaumant. — Magnifique, ce geste. Et il rappelle ce qui s'est passé avec Masha Amini.
14:20Et le régime iranien, de toute façon, est un régime théocratique qui exerce une violence spécifique sur les femmes,
14:28mais comme à peu près tous les régimes théocratiques. Nous, évidemment, nous n'avons jamais été d'accord avec ce régime-là.
14:35J'espère... Moi, je soutiens la résistance du peuple iranien face à ce régime. — Vous soutenez la résistance de ces femmes à ce régime.
14:43— Mais je crois que c'est pas que les... — D'ailleurs, toutes les femmes voilées... Je sais plus qui a fait cette remarque,
14:49mais je la trouve intéressante. « Toutes les femmes voilées ne sont pas radicalisées, mais toutes les femmes radicalisées portent le voile ».
14:55Qu'est-ce que vous pensez de cette phrase ? — Il y a des femmes radicalisées qui portent pas le voile. Il y a des femmes radicalisées
15:02qui vont faire des manifestations devant les centres IVG. Elles n'ont pas le voile. Elles sont catholiques et elles sont
15:06toutes aussi radicalisées. Donc M. Bourdin, les radicaux religieux, ils ont chacun... — Non, non, mais je parle des radicalisées qui s'amistent.
15:12— Ah bah j'ai bien compris qu'on ne peut parler que d'un type de radicalisation en ce pays. Mais oui, mais le problème, c'est...
15:16— On ne peut pas parler... — Attendez, M. Bourdin, le problème, c'est... — Attendez, laissez-moi finir, Antoine Léaumant.
15:20— La preuve, vous en parlez. Donc on peut parler. — Ah oui, tout à fait. Non, mais ce que je veux dire, c'est que d'une manière générale,
15:25chez les religieux, il y a des radicaux partout. Et alors des gens qui vont prôner... — Mais vous encouragez un peu les radicaux islamistes, non ?
15:31— Pas du tout. C'est l'inverse, M. Bourdin. Et particulièrement... — C'est un danger à combattre, l'islamisme radical en France.
15:36— Bien sûr que c'est un danger à combattre. Et c'est un danger à combattre au même titre que l'extrême-droite, puisqu'ils ont la même logique.
15:40La logique de l'extrême-droite comme celle des islamistes, c'est diviser sur la base de la religion. C'est d'essayer de faire croire aux Français
15:46que tous les musulmans seraient des islamistes et seraient des dangers publics et des terroristes à la fin. C'est ça, la logique des islamistes
15:52comme la logique de l'extrême-droite. Nous, nous combattons les deux, parce qu'on peut pas être d'accord avec un système de pensée
15:57qui vise à diviser le peuple français entre certains qui auraient telle religion et telle autre qui auraient telle autre religion.
16:02Ça, ça peut pas être entendable. Et puis par ailleurs, au bout d'un moment, il y en a ras-le-bol. 50% des gens dans notre pays,
16:06ils ont zéro religion. Ils en ont rien à faire de ces histoires-là. Et ils aimeraient bien, à un moment donné, qu'on parle des sujets qui les concernent
16:12directement, comme le pouvoir d'achat, comme la question de la démocratie et comme la question du changement climatique, qui se fait voir au grand jour
16:18désormais. — Ça me fait plaisir d'entendre quelqu'un de LFI parler du pouvoir d'achat. Je lis ce que dit Bernie Sanders, que vous souteniez
16:26aux États-Unis. Un homme de gauche aussi. Vous savez ce qu'il dit ? — Ah oui, oui. Quand la classe ouvrière...
16:30— Quand la gauche abandonne les travailleurs, il ne faut pas s'étonner que les travailleurs abandonnent la gauche après l'élection Donald Trump.
16:36— Vous êtes d'accord avec lui ? — Totalement d'accord avec lui. Et vous voyez, avant-hier, j'ai été assez critiqué pour avoir dit que Kamala Harris
16:42avait fait du Hollande et que c'était pas étonnant qu'elle ait perdu. On m'a critiqué. On m'a dit que c'est pas bien, je sais pas quoi.
16:48Non, non, c'est pas pas bien. Donc Hollande, c'est peut-être un peu vache. Elle fait plutôt du Macron. Mais si la seule gauche que vous avez
16:54à disposition, c'est Macron, moi, je vais pas aller voter. Moi, si jamais la gauche que j'ai à disposition... — Vous n'auriez pas voté.
16:59Trump-Harris, vous, vous auriez voté ou pas ? — Non, si la gauche qu'il y a à disposition... — Est-ce que vous auriez voté ?
17:03— Mais je voterais toujours pour le moins pire dans une situation, parce que moi, je vais voter. Mais justement, le problème qui est posé
17:08aux États-Unis, c'est ceux qui sont pas allés voter. Trump a pas progressé. Trump perd 2 millions de voix. Sauf que Kamala Harris,
17:13par rapport à Joe Biden, elle a perdu 14 millions de voix. Donc le problème, eh bien ce qu'on dit, c'est l'abstention différentielle.
17:20— Mais le problème, c'est quoi ? Le problème, c'est qu'il faut s'intéresser et écouter le citoyen, s'intéresser au coût de la vie,
17:27s'intéresser à l'immigration. Qu'est-ce qu'ont fait de nombreux électeurs démocrates pour qu'ils votent... Parce qu'ils ont peur de l'immigration,
17:37parce que les femmes, moi, sont suicides. — Mais Kamala Harris disait d'une manière un petit peu différente de Trump, d'une manière moins violente
17:44et moins brutale que Trump. Mais elle disait à peu près la même chose. Elle disait qu'il fallait établir des... Je me souviens plus comment...
17:50En gros, elle disait qu'il fallait faire un mur. C'était pas tout à fait dit comme ça. Mais elle faisait du Trump 2020 sur ce sujet-là.
17:56— Non, mais c'est pas ça, le sujet. Justement, il faut avoir... — Le sujet, c'est pas ça. — Non, mais attendez. Il faut avoir un débat de fond
18:00sur l'immigration. Est-ce que oui ou non, l'immigration va continuer ? La réponse est oui, parce qu'il y a le changement climatique,
18:06il y a les guerres. Et j'aimerais bien que ceux qui nous parlent d'immigration parlent de temps en temps des guerres, notamment des guerres
18:10que nous avons nous-mêmes déclenchées, parfois, comme en Libye, par exemple, et qu'on parle aussi de la question de l'appauvrissement des pays.
18:18Parce qu'il y en a qui nous font la leçon, par exemple, sur CNews, chaîne détenue par M. Bolloré, M. Bolloré qui, en Afrique, a exploité
18:24pendant des années les ports et un certain nombre de matières premières, qui est donc lui, personnellement, responsable du fait
18:30que l'économie de certains pays d'Afrique a été détruite. Et lui, ensuite, il fait une chaîne de télé pour se plaindre de l'immigration.
18:35Et les gens, ils voient pas que le problème qui est posé, c'est pas l'immigration, c'est le capitalisme. C'est le capitalisme qui fait
18:40qu'on essaye d'appauvrir des pays d'Afrique pour s'enrichir, pour que certains s'enrichissent. Et c'est ça qu'il faut dénoncer.
18:46Ensuite, ceux qui partent, vous pensez qu'ils partent par plaisir ? Si nous, là, demain, on quittait la France, est-ce qu'on partirait par plaisir de notre pays ?
18:52La réponse est non. Donc une fois qu'on est parti, quand on est le pays des droits de l'homme et du citoyen, quand on est ça, aux yeux du monde,
18:58la logique, c'est d'accueillir correctement les gens. Et ensuite, on voit, on essaye de faire en sorte qu'on puisse répartir les gens correctement.
19:05Vous voyez qu'en Ukraine... Quand l'Ukraine a été attaquée, on a accueilli correctement. On a accueilli correctement les Ukrainiens dans notre pays.
19:11— J'allais vous en parler. — Ça n'a pas posé trop de problèmes, je crois. — Vous savez ce que disait De Gaulle. Un jour, les États-Unis quitteront le vieux continent.
19:17Peut-être qu'on en est là. Est-ce que l'Europe doit maintenant se regrouper ? Est-ce qu'il faut faire naître une Europe stratégique, fidèle à tous ses principes ?
19:28— Si vous voulez. Mais moi, par contre, l'Europe de la défense, je suis contre. Non, non. Moi, ce qui compte pour moi, c'est la France.
19:34Donc ce qui compte pour moi, c'est qu'est-ce que fait la France. Et la France a une stratégie... — Là, vous êtes comme le Rassemblement national.
19:39— Je suis pas comme le Rassemblement... Non. On a une... — Bah si, j'entends le discours. C'est exactement le même.
19:43— Écoutez-moi, monsieur. On a une spécificité en France, c'est qu'on a la dissuasion nucléaire. Moi, je mets pas la dissuasion nucléaire dans les mains de 27 personnes.
19:49— Mais c'est ce que dit Éric Zemmour. — Non, c'est pas ce que dit Éric Zemmour. Non, Éric Zemmour... Éric Zemmour, il parle comme Trump.
19:55Donc je suis désolé. Non, je parle pas comme Trump. Je parle comme Jean-Luc Mélenchon, qui propose depuis des années maintenant...
20:00— Non, Jean-Luc Mélenchon parle comme Trump. L'employé à la ferveur. — Non, non, c'est pas pareil. Nous, on parle d'une France...
20:04— La contestation de la légitimité électorale. La détestation des médias. Vous voulez que je multiplie ? — Monsieur Bourdin, écoutez-moi.
20:12Une France... Parce que là, on parlait des sujets militaires. Une France indépendante au service de la paix. Voilà ce que nous disons depuis des années.
20:17Que veut M. Trump ? M. Trump, il dit pas qu'il veut quitter l'Europe. Il dit qu'il veut que l'Europe paye, parce que M. Trump, ce qu'il veut,
20:24c'est que chaque pays consacre 2% de son PIB à l'OTAN et à mettre de l'argent dans les dépenses militaires. Pourquoi ? Parce que M. Trump,
20:31il veut relancer l'industrie américaine et notamment l'industrie d'armement américaine. Et la France, elle, était une puissance industrielle, y compris...
20:39— Donc il faut plus l'Europe ou pas ? — Non. Il faut plus d'indépendance. Il faut être capable d'être indépendant.
20:44Donc il faut qu'on soit capable de relocaliser les productions chez nous. — L'Europe dénoncée, non ? — Non. Non, M. Bourdin.
20:50— C'est ce que vous dites. — Non. C'est une Europe de la solidarité. Ça, oui. Une Europe qui tire vers le haut la question des salaires.
20:55— Mais pas d'Europe militaire, pas de défense commune. — Mais monsieur, à l'heure actuelle, l'Europe, c'est quoi ? L'Europe, c'est la mise en concurrence
21:00des pays les uns entre les autres, parce que c'est une logique – encore une fois – capitaliste qu'il y a à l'intérieur de l'Europe.
21:04Et Mme Le Pen la critique pas, contrairement à ce que vous dites, cette Europe-là. Elle la critique plus, Mme Le Pen, l'UE, sur ce point-là.
21:10Nous, ce que nous voulons, c'est l'harmonisation par le haut, fiscale et des salaires, et surtout des salaires pour éviter la concurrence à l'intérieur de l'Europe.
21:16— Et toi, Léaumont, à propos de l'Ukraine, est-ce que l'Ukraine doit devenir neutre ? — Le premier problème à régler, c'est d'abord de sortir de ce conflit.
21:26Petit 1, sortir de ce conflit. Petit 2... — Un cessez-le-feu en Ukraine. — Oui. Petit 2... — Il faut accepter un cessez-le-feu en Ukraine.
21:33— Il faut qu'il y ait un cessez-le-feu et il faut qu'il y ait un processus... — 20 à 25 % du territoire ukrainien en Russe. On laisse 20 à 25 % du territoire...
21:39— Non, il n'est pas acceptable. Les Russes ont franchi la frontière ukrainienne. Je vous ai dit que pour M. Netanyahou, je critiquais sa violation du droit international.
21:47Je la critique aussi pour M. Poutine. Il a violé les frontières de l'Ukraine. M. Poutine est le coupable dans cette agression. On est d'accord ?
21:53— Donc il doit retirer ses troupes. — Il doit retirer ses troupes et il faut... — Mais il ne le fera jamais.
21:56— Oui, d'accord. Mais en attendant, je crois que la France met des moyens pour aider les Ukrainiens dans ce combat. N'est-ce pas ? D'accord ?
22:02— Vous en êtes satisfait ? Vous en êtes satisfait ? — Bien sûr. Nous avons dit depuis le début que nous étions d'accord avec ça.
22:06Par contre, ce avec quoi nous ne sommes pas d'accord, c'est pour être co-belligérants. Et ça, moi, je ne veux pas d'une guerre entre la France et la Russie,
22:12précisément parce que nous sommes des puissances nucléaires. — Bien. Merci, Antoine Léaumont, d'être venu nous voir ce matin.
22:17Il est 8 h 58. Vous êtes sur Sud Radio. Merci. Après 9 h, vous retrouverez Patrick Roger.