EXCLU - «Privilégié», «intéressé» : les Français conservent une image très négative des banquiers selon une étude

Europe 1

21/10/2024

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00:00Léonel Gougelot.

00:01Europe 1, il est 6h moins le quart, votre invité Léonel Gougelot.

00:03Maxime Chipoy, il est le président de Monevox pour cette enquête que Europe 1 vous révèle

00:07en exclusivité et qui nous apprend que les Français ont des relations un peu compliquées

00:11avec leurs banquiers.

00:12Bonjour Maxime Chipoy.

00:13Bonjour.

00:14Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1 pour nous détailler cette enquête sur

00:17les rapports parfois, comment dirais-je, compliqués qu'entretiennent les Français avec leurs

00:21banques.

00:22Alors d'abord ce chiffre que vous publiez, 50% des Français estiment que dans leurs

00:26relations avec leurs banques, le banquier défend d'abord les intérêts de la banque.

00:31En fait, ils sont assez réalistes sur la réalité des métiers de la finance les Français

00:35Maxime Chipoy.

00:36Et oui en effet, les illusions sont un peu derrière nous en ce qui concerne la relation

00:41entre les banquiers et leurs clients puisque les banquiers que vous rencontrez tous les

00:46jours s'appellent des conseillers bancaires mais en réalité la plupart d'entre eux très

00:51souvent sont avant tout des vendeurs et sont là pour vous vendre des produits sous une

00:55pression, pas forcément quelque chose qui leur plaît aussi, mais sous une pression

00:59des directions commerciales qui veulent absolument qu'il fasse du chiffre.

01:02D'ailleurs, un quart de ces personnes interrogées dans votre enquête, Maxime Chipoy, voient

01:06leurs banquiers comme un requin, alors ça c'est pas très glorieux.

01:10C'est vrai j'imagine pour les chefs d'entreprise ou les artisans qui ont connu des périodes

01:13difficiles notamment avec le Covid ou dans le contexte de l'inflation ?

01:16Je pense malheureusement que c'est vrai pour un peu tout le monde parce qu'en fait

01:22quand on parle du banquier, il y a une image qui est assez trouble entre vraiment le conseiller

01:27bancaire du quotidien qui fait de la petite banque entre guillemets, de la gestion de

01:31compte, de la vente d'assurance vie ou de crédit et les grands banquiers d'affaires

01:36qui eux sont de la grande finance internationale entre guillemets et qui parfois quand ça

01:42se passe mal peuvent provoquer des crises financières, des renflouements, des scandales

01:45etc.

01:46Ce qui fait que cette image du banquier de manière générale est assez trouble et que

01:51au final les gens peuvent considérer que les banquiers sont des requins.

01:54Mais l'image par exemple du chef d'entreprise ou de l'artisan qui n'est pas comme on dit

01:58soutenu par sa banque, ce n'est pas une vue de l'esprit, c'est une réalité à laquelle

02:03sont confrontés beaucoup de français ?

02:04Oui effectivement, il y a beaucoup de petits patrons ou même de moins petits patrons qui

02:09ont parfois des problèmes relationnels avec leur banque et qui parfois peuvent se retrouver

02:13à mettre la clé sous la porte parce que la banque ne les a pas assez soutenus entre

02:18guillemets, sachant quand même pour modérer la chose que le banquier peut aussi être

02:24poursuivi en justice s'il soutient démesurément les commerçants et que ça amplifie son problème

02:32le jour où il fait faillite.

02:33C'est ce qui fait que justement dans leur comportement certaines banques, certains

02:36banquiers, certains conseillers même ont un comportement un peu intrusif vis-à-vis

02:41de leurs clients quand il s'agit d'octroyer un crédit, quand il s'agit de monter un plan

02:46d'épargne, etc. dans les différents rapports que l'on peut avoir avec son banquier.

02:50Oui effectivement, ce qui est intéressant de voir avec le banquier c'est que c'est

02:53un commerçant comme les autres mais qui a des pouvoirs extraordinaires et qui a beaucoup

02:58d'exceptions qui jouent en sa faveur.

02:59Et ce que vous décrivez, c'est un peu le rôle du juge du banquier, le banquier se

03:03donne le rôle du juge, c'est valable pour les crédits où comme il prête de l'argent

03:08et qu'il prend un risque, il peut poser autant de questions qu'il veut et il a le

03:12droit de choisir ses clients.

03:13Mais c'est aussi valable de manière un peu plus quotidienne quand par exemple vous

03:17passez à découvert et que le banquier commence à vous facturer des frais d'incident dont

03:21le coût est totalement, n'a rien à voir en fait avec ce que ça lui coûte.

03:25L'exemple de base étant le courrier que le banquier va vous envoyer pour vous dire

03:29que vous êtes à découvert, chose que vous savez souvent déjà avant, et qui va vous

03:34facturer entre 10 et 15 euros alors que le courrier aura coûté entre 1 et 2 euros.

03:39Et il y a comme ça une espèce de notion de juge où le banquier va dire je vais punir

03:43ce client parce qu'il n'a pas eu un comportement sain et ça ce n'est pas forcément très

03:47apprécié par les banquiers, pardon par les français.

03:49Dites-nous pourquoi, Maxime Chipoy, pourquoi 61% des personnes interrogées dans votre

03:53enquête estiment-elles que la banque devrait être à nouveau un service public ?

03:57Alors vous le dites très bien vous-même, c'est le de nouveau qui pèse très lourd

04:02puisque beaucoup de français ont connu la banque dans leur jeunesse à une époque où

04:07la banque était un service public.

04:09Dans les années 60, 70, 80, les banques étaient publiques et c'est justement à ce moment-là,

04:15dans ces années-là, que les français ont été massivement équipés en compte bancaire.

04:19À une époque où, comme c'était un service public, le banquier ne vous embêtait pas

04:23à essayer de vous vendre des choses, vous vous contentiez de vous aider à gérer votre

04:27argent et on sent qu'il y a une certaine nostalgie de la part des français sur ce sujet-là.

04:31Parce qu'on imagine qu'à travers une banque entre guillemets service public, on serait,

04:36quand je dis on, c'est les clients des banques, seraient peut-être mieux conseillés, mieux

04:40protégés d'une certaine façon et non pas, comment dirais-je, dépendants d'exigences

04:46commerciales ?

04:47Oui, je pense qu'il y a un certain espoir, si la banque devenait un service public, d'avoir

04:52peut-être un peu plus de facilité d'accès aux crédits, des découvertes moins chères

04:55ou des choses comme ça.

04:56Ce qui ne serait pas forcément la réalité puisque aujourd'hui le système bancaire

05:00est quand même très très concurrentiel et d'ailleurs c'est aussi pour ça que les

05:03tarifs n'ont pas beaucoup augmenté ces dernières années parce qu'il y a la concurrence

05:06des banques en ligne.

05:07Et même si les banques devenaient publiques, elles devraient quand même gérer leurs risques.

05:11Elles ne pourraient pas de toute manière prêter à des gens qui n'ont pas les moyens

05:14de rembourser.

05:15Donc c'est un espoir mais malheureusement je ne pense pas que ça changerait non plus.

05:18Oui, effectivement.

05:19Ce n'est pas la tendance de toute façon des politiques publiques évidemment.

05:22Un point que j'ai relevé dans cette enquête, Maxime Chipoy, cette profession de banquier,

05:28de conseiller bancaire, elle n'est pas à l'abri des incivilités et même parfois

05:32d'une certaine violence finalement, encore une fois dans leur relation avec la clientèle.

05:36Oui, effectivement.

05:37Les incivilités, ça fait partie du quotidien des conseillers bancaires en agence et c'est

05:42pour ça que quand on voit le banquier comme un privilégié, c'est quand même très

05:45très loin de la vraie vie.

05:47Les incivilités, il y en a plusieurs milliers chaque année et le chiffre est assez stable.

05:53Ça tourne autour de 5-6 000 chaque année.

05:55C'est des choses que les banquiers vivent régulièrement.

05:59Heureusement, la grande majorité de ces incivilités se limite aux insultes, ce qui n'est vraiment

06:04jamais agréable mais n'a pas trop de conséquences.

06:06Mais ce qu'on remarque aussi, et c'est notamment tous les syndicats de conseillers

06:10bancaires qui voient ça, c'est que c'est avant tout les femmes qui sont victimes de

06:14ces incivilités puisqu'elles sont 60% des conseillers bancaires aujourd'hui et c'est

06:18évidemment deux tiers des agressions qui sont vécues dans les agences bancaires.

06:23Merci Maxime Chipoy d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1.

06:26Merci à vous Président, je rappelle de Moneybox à propos de cette enquête sur les

06:29rapports entre les Français, les clients des banques et leurs banquiers.

06:33Merci à vous, bonne journée.

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