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“À Gaza, avoir une tente, c'est le luxe", raconte le journaliste palestinien Rami Abou Jamous
France Inter
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15/10/2024
Triple lauréat du Prix Bayeux des correspondants de guerre, Rami Abou Jamous, journaliste palestinien, rapporte son quotidien dans la bande de Gaza.
Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50
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Il est 7h48, Sonia De Villers, votre invitée a remporté 3 trophées au prix bailleux des
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correspondants de guerre pour son journal de bord de Gaza sur Orient 21 et pour son
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reportage grand format diffusé sur BFMTV.
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Voilà, mon invité est palestinien, il vit à Gaza avec sa famille où nous le joignons
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par téléphone.
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Il est journaliste et il transmet sans relâche ses informations et ses analyses à 150 journalistes
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français qui saluent unanimement son courage physique et son sens de la précision journalistique.
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Je rappelle que ce travail accompli au péril de sa vie est d'autant plus essentiel que
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les journalistes étrangers sont interdits d'entrer dans la bande de Gaza.
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Bonjour Rami Abou-Jamous.
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Bonjour Sonia.
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Alors, toujours en vie ? Oui, toujours vivant.
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C'est le message que vous envoyez chaque jour aux 150 journalistes et humanitaires
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français qui sont connectés avec vous via WhatsApp.
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Quand vous commencez votre journée de travail, Rami, vous avez quitté votre villa où vous
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vivez avec votre épouse, Sabah, ses enfants et le petit garçon que vous avez eu tous
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les deux, Walid.
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Vous pourriez nous décrire cette villa ? C'est une tente à peu près de 3, 4 mètres
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de taille.
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Dans un bout de terrain, un peu ce bout de terrain là où je suis, c'est un bout de
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terrain privé.
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On est à peu près 7 familles, 8 familles, mais entouré de ce bout de terrain, il y
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a un mur.
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Mais derrière ce mur, il y a un compte de fortune de déplacer avec des centaines de
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tentes collées les unes à côté de l'autre et dans des conditions de vie très très
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très dures.
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Et c'est déjà une chance d'avoir une tente à Gaza aujourd'hui ?
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C'est pas une chance, c'est un privilège.
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Avoir une tente, c'est un grand privilège.
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C'est parmi le luxe de Gaza aujourd'hui.
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Si on peut avoir une tente, c'est quelque chose de luxe.
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D'autant que l'automne a commencé, les pluies ont commencé.
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Oui, parce que vivre une tente, c'est aussi affronter directement le changement des saisons.
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Pendant l'été, c'était l'enfer, la journée c'est beaucoup plus qu'un sauna.
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Et là, on est entré dans l'automne où il a plu la dernière fois, juste même pas
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une heure, deux heures, et on était inondés.
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On était inondés, l'eau est entrée à l'intérieur de la tente, a entouré la tente.
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Il y avait de l'eau partout et Walid, d'habitude, il aime la pluie et quand il a vu ça, il
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a commencé à jouer.
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Moi, je lui dis, mais papa, on est en train de se faire inonder, mais je contenais de
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jouer avec lui pour ne pas lui montrer qu'on est vraiment dans l'humiliation.
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Ramy, en fait, vous viviez avec Sabah et avec Walid dans un appartement en centre-ville
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que vous avez dû quitter.
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Pourquoi ?
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On était obligés de quitter parce qu'on était encerclés par l'armée d'occupation
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qui sont venus juste presque en bas de chez moi.
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Ils ont encerclé tout le quartier.
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On était juste des dizaines de personnes.
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On était presque cinq ou six familles qui sont restées.
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Mais cette nuit-là, on s'est réveillés le matin avec un appel téléphonique d'un
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capitaine de l'armée qui nous demande de quitter tout de suite parce qu'il a dit que
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tout le quartier va être dévasté et qu'on a juste dix minutes pour partir.
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Et là, on était obligés de partir.
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Et quand on est partis de notre appartement, je n'avais pas d'autre alternative que chez
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un ami à moi au sud.
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Donc, on était partis à Rafa.
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Et puis à Rafa, pareil, c'est le même scénario.
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On était encerclés pendant la nuit et on était obligés de quitter le lendemain matin
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pour aller à Deir el-Bala.
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Et on est fini par notre villa, la villa de la fierté, juste au bord de la mer.
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Il n'y a pas de place, il n'y a pas d'endroit vide, il n'y a pas un mètre carré qui est vide.
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C'est pour ça que les gens, ils ont mis leur tente à la plage et ils subissent à
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chaque fois qu'il y a la pleine lune, ils subissent toujours la marée haute, la marée
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basse, mais ils n'ont pas le choix.
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Vous vous êtes posé la question de quitter le pays, vous vous êtes posé la question
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de partir, Ramy ?
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De partir définitivement depuis, non.
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Mais j'avais promis aux enfants de Sabah et à Sabah que si on va sortir vivant de
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cette guerre-là, on va sortir et changer un peu d'air.
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Et surtout que les enfants de Sabah, et surtout Mouaz, il a toujours rêvé d'aller en France
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et surtout pour la Tour Eiffel parce qu'il a entendu parler, il a vu ça sur les réseaux sociaux.
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Et surtout, il voulait manger dans le resto à la Tour Eiffel.
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Vous, vous avez appris le français en France parce que vous avez fait vos études en France.
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Votre père a été journaliste, vous vous étiez promis de ne pas devenir journaliste
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à votre tour.
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Ramy, qu'est-ce qui fait que la vie a changé ?
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C'est un peu le destin comme on dit chez nous, parce que moi, je ne voulais pas du
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tout être journaliste parce que le travail de journaliste, je l'ai vu avec mon père
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et pour moi, le journalisme, c'est la deuxième famille de mon père, donc on était un peu
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jaloux de cette deuxième famille et moi, à chaque fois, quand je voulais le taquiner,
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je dis « ouais, t'étais chez ta deuxième femme, là, t'étais en retard ».
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Et donc, je ne voulais pas vivre cette vie-là pour moi et pour mes enfants, mais ça fait
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du sorte que j'ai fini par prendre la flamme de mon père et continuer le chemin et j'espère
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qu'il sera ou qu'il est fier de moi.
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La maison de la presse, vous avez relancé la maison de la presse, pourquoi ?
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C'était une idée avec moi et mon ami et mon frère, Bilal Jadaba, qui a été tué
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cette année pendant cette guerre-là par l'armée israélienne.
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On était ensemble, on travaillait ensemble comme journalistes et comme fixeurs et après,
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on a eu l'idée-là avec une troisième personne qui s'appelle Orma Chaban de faire la maison
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de la presse et l'idée, c'était, malheureusement, la majorité des médias en Palestine, ils
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sont tous reliés à des factions et que les nouveaux déplômés, ils n'auront pas la
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possibilité d'être libres parce qu'il y en a beaucoup qui ne sont pas idéologiquement
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appartenant à telle ou telle faction, mais ils travaillent avec eux parce qu'ils veulent
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trouver un travail.
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C'est-à-dire que, en fait, vous faites votre travail de journaliste avec des exigences
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qui sont les nôtres tout en conjuguant ce quotidien, Rami Abou-Djamouz, qui est tantôt
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kafkaïen, tantôt cauchemardesque, comme vous le racontez presque chaque jour dans
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le journal de bord.
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J'ai une dernière question parce que vous nous avez annoncé dans le journal de bord
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que vous attendiez un bébé, que Saba est enceinte.
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C'est pour quand ce bébé ?
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Normalement, si tout va bien et si on est toujours vivant, ça va être au mois de mars.
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Donc, si tout va bien, on va avoir une oeuf-le-fleur qui va être naître.
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On ne sait pas si c'est un garçon ou une fille, moi je dis une fleur parce qu'il y
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en a beaucoup des fleurs, malheureusement, qui se sont fanées.
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Je parle des enfants qui ont été tués pendant cette guerre.
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Et donc, Saba et moi, on a eu l'idée et la décision de dire qu'il faut montrer que la
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vie continue.
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Il faut dire que même sous une tente, il y a toujours l'amour.
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Même sous une tente, il y a une nouvelle fleur qui va naître et que la vie va continuer
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même après ce génocide.
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C'est notre façon de résister, c'est notre façon de dire qu'on est toujours là et qu'on
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est raciné dans ce bout de terrain, dans la Palestine.
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Et si ce n'est pas nous qui allons avoir le jour d'avoir un Etat palestinien indépendant,
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ce sera nos enfants.
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Merci Rambi Hamoudjamous.
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Quand vous avez reçu le prix, vous l'avez dédié aussi à tous les journalistes palestiniens
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qui sont morts dans l'exercice de leur métier ces derniers mois.
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Oui, bien sûr, parce que pour moi, c'est continuer le travail qu'ils ont eu.
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Je ne sais pas si c'est une chance de rester vivant ou pas, mais en tout cas, on est toujours
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vivant.
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Donc, c'est la moindre des choses à rendre hommage à ces journalistes qui ont perdu
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leur vie justement pour transmettre la réalité, pour dire ce qui se passe, pour parler des
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massacres et des boucheries, et malheureusement qui sont finis à être tués par l'armée
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israélienne.
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Et ça a été récompensé par un prix prestigieux pour vous, pour votre travail et pour le journalisme.
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Eh bien, je vous ai perdu, je vous ai perdu Rambi.
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Ah voilà, je vous ai retrouvé.
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Eh bien, je vous dis à demain toujours vivant.
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À demain toujours vivant.
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Allez, à demain toujours vivant.
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Bonne journée.
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Voilà.
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Le journal de bord de Rami Abou-Djammou, c'est à lire sur le site de Lorient 21.
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Merci Sonia et merci à Anaïs Reynard pour la réalisation de cet entretien.
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