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Lucie: C'est très violent pour eux, mais c'est aussi très violent pour nous"
Sud Radio
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07/10/2024
Avec Laurent KARILA
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##BRIGITTE_LAHAIE-2024-10-07##
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Style de vie
Transcription
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00:00
Lucie, merci d'être avec nous, bonjour.
00:03
Merci à vous Brigitte, bonjour à vous et bonjour à le Grand Karyla.
00:08
Bonjour Lucie.
00:10
Allez-y Lucie, on vous écoute. Vous avez des ados, vous ?
00:15
Oui, moi j'ai deux ados. J'ai un grand garçon de 17 ans et une jeune fille de 11 ans.
00:21
J'ai envie de parler d'addiction, je vais peut-être enfoncer des portes ouvertes en abordant le sujet.
00:28
Je trouve qu'il est important de rester vigilant par rapport à nos jeunes parce qu'en fait,
00:34
nous on observe avec mon époux régulièrement que dès qu'il y a surconsommation d'écrans,
00:39
ça devient émotionnellement compliqué, ça engendre des heurts.
00:46
On est chahuté, on s'attrape plus vite, parfois ils sont plus agressifs,
00:53
parfois ils sont émotionnellement plus abrupts parce qu'ils ont été éprouvés dans un jeu
01:00
ou dans des conversations avec les copains et du coup, ils ressortent de ça,
01:07
ils passent l'emprise directe de ce qui se passe au travers de l'écran dans le monde réel
01:15
et il n'y a pas de filtre en fait.
01:17
C'est parfois très violent pour nous et très violent pour eux surtout, c'est ça qui me faisait réagir.
01:25
Cette violence en plus, moi je l'ai connue parce que j'ai travaillé aussi dans un monde informatique
01:31
où on était en permanence, ça a été mon travail pendant 5 ans.
01:34
J'ai été là pour accompagner mes collègues à découvrir plein d'outils,
01:40
alors des technos qui sont toutes très bien, qui ont toutes de mon point de vue un intérêt
01:45
pour le peu qu'on se donne le temps de les prendre en main.
01:48
Et je reste convaincue que comme le prône Laurent Carilla,
01:53
pour aller défaire ou éviter une addiction,
02:02
enfin éviter, je ne sais pas si on peut l'éviter mais en tout cas,
02:06
moins tomber dedans ou diminuer la cage, je ne sais pas comment il faut dire,
02:10
la parole ça reste une bonne façon de faire.
02:13
En tout cas, c'est la seule que je connaisse moi.
02:16
Vous avez raison Lucie, vous avez raison.
02:18
Aussi il faut prendre en compte les âges de nos enfants,
02:23
parce que 17 ans et 11 ans ce n'est pas pareil en termes d'usage d'écran.
02:26
Il faut voir aussi l'antériorité de l'usage d'écran,
02:29
c'est-à-dire que si les parents laissent un open bar écran dès le petit âge,
02:35
c'est comme ce que je disais tout à l'heure avec Brigitte,
02:37
plus vous exposez tôt un cerveau non mature, plus il va adorer ça.
02:41
Donc forcément il va y avoir un usage problématique.
02:44
On ne parle pas d'addiction aux écrans, on parle d'usage problématique des écrans
02:47
qui peuvent devenir des addictions à l'usage de l'écran en fait,
02:50
c'est-à-dire addiction à des jeux vidéo, addiction à des jeux d'argent,
02:55
de hasard et d'argent, addiction à de la pornographie, etc.
02:59
Donc c'est vrai qu'avec ces supports comme les smartphones
03:05
qui sont devenus des doudous pour tout le monde de 7 à 77 ans,
03:09
on est dans un système où on a un objet qui est rassurant en fait,
03:13
c'est-à-dire que dès qu'il y a quelque chose à contrôler, on va le contrôler,
03:16
dès qu'on veut vérifier quelque chose, on va le vérifier.
03:18
Dès qu'on veut un renseignement, on y va.
03:20
Et maintenant l'outil est devenu tel qu'on met même notre carte de crédit sur le téléphone,
03:26
c'est-à-dire qu'on n'a même plus besoin de portefeuille.
03:28
Donc c'est devenu tout pour nous, mais il faut montrer, comme je le dis tout le temps,
03:34
il faut montrer l'exemple à ses enfants.
03:36
C'est-à-dire que c'est la base de la base du truc en fait.
03:38
C'est-à-dire qu'on peut dire tout ce qu'on veut.
03:40
Il y a des addicts aux écrans, etc.
03:42
Tout ça, c'est n'importe quoi.
03:43
Il y a des addicts à l'usage de l'écran parce qu'ils expriment leur vulnérabilité derrière cet écran.
03:50
Moi et mon mari, avec moi, on s'est rendu compte qu'effectivement,
03:56
à l'expérimenter, parce que pour permettre à nos enfants de débuguer,
04:01
on est plutôt dans un mode où on consomme de façon, je dirais, raisonnable les écrans.
04:07
C'est-à-dire qu'il y a une date de début, un moment de début, un moment de fin.
04:10
Alors pour la jeune de 11 ans, parce que pour le plus grand,
04:13
c'est un peu plus compliqué notamment par rapport avec les jeux vidéo.
04:18
Mais pour la petite, c'est plus facile et ça nous paraît encore plus facile.
04:23
Disons qu'on a plus de rigidité.
04:25
On peut encore se permettre d'avoir plus de rigidité parce qu'elle est moins jeune adulte.
04:29
Et on se rend compte en plus, de par le fait que c'est une fille, que c'est nécessaire.
04:34
Parce que je dirais, alors en amont de la pornographie,
04:38
et je pense qu'il peut y avoir, on l'a entendu tout à l'heure,
04:42
des dames qui peuvent, entre guillemets, tomber dedans,
04:47
et c'est un reproche quand j'emploie cette expression,
04:50
il y a tout le phénomène d'hyperféminisation des petites filles.
04:54
Et ça, quand on est parent, je trouve que c'est effrayant parfois.
04:58
Je me prends vertige à voir des tas de choses,
05:01
des jeunes filles de 10-11 ans se maquiller comme leur maman.
05:06
C'est très déroutant et ça va impacter les relations.
05:10
Mais il n'y a pas que par rapport à la pornographie pour cette question-là des filles, des jeunes filles.
05:15
Il y a par rapport aux réseaux sociaux et notamment les supports comme TikTok, Instagram, etc.
05:20
qui sont très à la mode et où on voit un phénomène d'identification
05:25
aux modèles complètement filtrés sur les réseaux sociaux.
05:28
Donc vous avez tout à fait raison de le souligner.
05:31
C'est vrai que l'usage féminin est un peu différent de l'usage masculin,
05:34
mais dans la globalité, c'est vraiment le même type d'usage.
05:37
Ah oui, et je me suis rendu compte du coup,
05:41
moi, le déclencheur a été quand j'ai travaillé en informatique,
05:45
justement les réactions de mes enfants,
05:47
et je me suis rendu compte qu'il n'était pas possible
05:50
de donner des règles ou donner des limites,
05:56
sans les appliquer moi-même parce qu'en fait, on n'est pas crédible.
06:00
Si on donne une règle à la maison et puis qu'à la fin du repas,
06:05
on saute sur son téléphone, il y a une question de cohérence qu'on comprend très rapidement.
06:09
Mais pour autant, je pense que c'est un effort, mais vraiment un effort nécessaire
06:14
parce que la relation, comme le disait Brigitte tout à l'heure,
06:17
c'est quand même ça qui nous tient à notre dimension humaine.
06:21
Et vous avez le droit d'avoir des écrans dans la famille qui font plaisir.
06:24
On peut voir un film en famille, vous quatre,
06:29
ou vous pouvez très bien vous dire, on voit un film tous les quatre,
06:32
sans portable, sans smartphone à disposition,
06:36
il y a plein de petites choses à faire.
06:38
C'est très chouette que vous évoquiez cet exemple-là
06:44
parce qu'en fait, on a fait cette expérience pendant les grandes vacances.
06:47
Pendant les vacances d'été, on a profité de la fête du cinéma
06:51
pour retourner au cinéma avec nos enfants.
06:53
Et ça a ouvert la porte à des discussions différentes et à des partages différents.
06:58
Et en fait, il y a bien des activités autres que celles-là
07:03
pour se rencontrer, je dirais, pour être ensemble.
07:08
Oui, mais Lucie, je crois que vous avez compris ça.
07:10
Et donc vous faites attention, le problème de beaucoup de parents,
07:14
et encore une fois, je ne leur jette pas la pierre,
07:16
c'est vrai que les parents sont parfois débordés,
07:18
mais c'est aussi une facilité de laisser les enfants devant leur écran.
07:23
Et à ce moment-là, en effet, on coupe le lien familial.
07:27
Et si les enfants sont un peu sujets à être addicts, ça y est, ils tombent dedans.
07:33
Surtout pas, moi je déconseille formellement l'écran avant trois ans.
07:38
Trois ans, ça me paraît évident.
07:41
Il y en a plein qui ont des petits petits dans leurs poussettes avec des smartphones.
07:45
Et alors du coup, si je peux me permettre, j'ai une question.
07:48
Allez-y bien sûr, Lucie.
07:49
Moi, je me retrouve dans cette configuration-là.
07:52
Quand on a des très proches type belle-sœur,
07:57
qui ont des tout-petits de 18 mois, entre un an et 18 mois,
08:05
j'ai envie de dire en dessous de 10 ans,
08:06
parce que pour moi, en dessous de 10 ans, un enfant, ça reste fragile.
08:12
Comment est-ce qu'on peut faire pour s'emparer trop d'honneur de conseil ?
08:18
Les inviter à faire autrement ?
08:19
Parce que moi, j'ai des neveux de 10 à 4 ans
08:24
qui passent 3-4 heures par jour sur les téléphones.
08:27
Et déjà, ils ont un téléphone à eux.
08:31
C'est très difficile, encore une fois, de se positionner.
08:34
Enfin, vous pouvez en discuter.
08:36
C'est difficile de se positionner sur ce type d'exemple.
08:44
La personne en face, la belle-sœur ou le beau-frère, va croire que vous l'avez jugé.
08:49
Il faut rappeler encore une fois Laurent Carilla ou Serge Ciceron
08:53
qui a parlé des âges et du nombre d'heures.
08:57
Il ne faut pas dire que tu ne devrais pas.
09:00
Il faut dire que j'ai lu ça, j'ai écouté ça.
09:04
Il y a telle information qui dit que...
09:06
Et comme ça, vous mettez encore une fois du tiers.
09:11
Oui, parce que sinon, on peut sembler être dans le jugement.
09:14
Oui, et puis vous êtes celle qui sait.
09:17
Vous êtes donneuse de leçons et ça peut créer un drame entre vous.
09:23
C'est idiot.
09:24
Et puis même dans les relations avec les enfants.
09:26
Parce que du coup, on apparaît la méchante tata.
09:29
Il ne faut pas vous positionner sur ça.
09:31
A mon avis, c'est discuter avec les adultes en leur disant
09:35
« j'ai vu ça, tu devrais aller voir »
09:38
ou « tu devrais faire ce questionnaire à tes enfants et vous le faire à vos filles ».
09:43
Ou sinon, vous achetez le livre de Laurent Carilla « Tous addicts »
09:46
et puis vous leur offrez.
09:49
Non, mais je crois que c'est toujours important de mettre du tiers
09:52
quand on est trop proche.
09:55
Parce que sinon, ça peut créer un conflit.
09:57
C'est idiot parce que vous n'avez pas envie de vous fâcher non plus avec toute votre famille.
10:00
Mais vous avez raison, Lucie.
10:02
C'est ça qui est important, Laurent.
10:04
Lucie a raison.
10:05
Moi, c'est très bien.
10:06
Il n'y a pas d'interdiction, il y a de la régulation.
10:09
C'est vraiment le modèle qu'on préconise.
10:13
C'est-à-dire réguler au sein des familles.
10:15
Et remettre du lien dans les familles.
10:17
Merci beaucoup, Lucie, de ce témoignage tellement important actuellement.
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