Face à l'Info (Émission du 11/09/2024)
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00:00Ravie de vous retrouver ce soir, il est 19h01, c'est parti pour l'info du soir avec Simon Guillain qui a mis sa cravate noire et rose.
00:00:09Absolument, assortie à votre t-shirt Christine. C'est pour ça qu'on a fait une petite photo juste avant l'émission, on dit tout aux téléspectateurs, c'est vous qui m'avez appris ça au début.
00:00:16Bon, il a mis en rose mais l'info.
00:00:18On a une émission quand même.
00:00:20Allez, on y va, bonsoir chère Christine et bonsoir à tous chers téléspectateurs.
00:00:24Michel Barnier promet la nomination d'un nouveau gouvernement la semaine prochaine, le Premier Ministre.
00:00:29Qui explique faire les choses méthodiquement et sérieusement depuis son arrivée à Matignon il y a six jours.
00:00:34Il a assuré qu'il y aura bien des ministres issus du parti d'Edouard Philippe dans son gouvernement.
00:00:38Michel Barnier qui rencontre ce soir les représentants du MoDem.
00:00:42Le procès des viols de Mazan se poursuit mais sans le principal accusé Dominique Pellicot est malade.
00:00:47Il ne pourra donc pas comparaître devant la cour criminelle avant lundi prochain.
00:00:51Son état de santé s'est aggravé, a affirmé le président de la cour.
00:00:55Enfin en visite en Ukraine, les chefs des diplomaties américaines et britanniques s'engagent pour la victoire.
00:01:00Anthony Blinken estime que sa visite à Kiev est une preuve de l'engagement occidental.
00:01:04Le secrétaire d'état américain qui a annoncé sur place une nouvelle aide de 717 millions de dollars à l'Ukraine.
00:01:10Merci beaucoup mon cher Simon.
00:01:13Et au sommaire ce soir, il y a eu le débat Kamala Harris-Donald Trump.
00:01:18Et il y a le récit médiatique autour du débat.
00:01:21On se souvient de la présidentielle avec Hillary Clinton.
00:01:24Et tous s'étaient trompés, sondage et médias.
00:01:27Ce soir dans cette émission, nous allons nous poser les bonnes questions avec le recul nécessaire.
00:01:32Selon un sondage de l'institut SSRS pour CNN, 63% des personnes qui ont regardé le débat
00:01:39jugent que la candidate démocrate a été meilleure que son adversaire.
00:01:43Qu'en pense notre éditorialiste Mathieu Bobcote, son édito dans un instant.
00:01:49Ce soir, Régis Le Sommier vient nous donner son analyse sur la présidentielle américaine.
00:01:53Au-delà des commentaires, là aussi, nous nous demandons avec lui pourquoi les républicains d'aujourd'hui
00:01:58sont les démocrates d'hier et vice versa.
00:02:01Dick Cheney et John Bolton ont appelé à voter Harris quand Robert Francis Kennedy, démocrate, rejoint Trump.
00:02:08Elon Musk était aussi démocrate.
00:02:10Même Donald Trump, lui-même on l'avait oublié, a soutenu les démocrates.
00:02:14Où les démocrates deviennent-ils le parti de l'intervention et de la guerre ?
00:02:18Et les républicains, celui de la paix et de la liberté d'expression ?
00:02:21L'analyse de ces inversions de valeurs avec Régis Le Sommier.
00:02:26L'actualité du football interpelle aujourd'hui.
00:02:29Le club de Troyes a partagé une photo de l'un de ses joueurs, de confession musulmane,
00:02:35en prenant le soin de flouter ses genoux afin de respecter, je cite, la pudeur islamique.
00:02:42Avant de supprimer ensuite la publication face aux Toulés.
00:02:45Le football est-il encore ce qu'il était ?
00:02:48Pour beaucoup, ce sport était considéré comme un principe d'assimilation, un sport de partage.
00:02:53On peut penser à Didier Rousteing qui valorisait les belles valeurs de ce sport.
00:02:57Cette grande figure du journalisme sportif qui est décédé hier.
00:03:01Un décès qui émeut les Français de tous bords, notamment Marc Menand qui le connaissait bien.
00:03:05Ce personnage emblématique de l'univers du foot a succombé à un cancer.
00:03:09À 66 ans, Marc Menand nous livre son regard sur ces deux actualités du football.
00:03:15Ce soir, on s'arrêtera également sur l'actualité de la grande mosquée de Metz.
00:03:19Une subvention de près de 500 000 euros est prévue pour ce monument religieux.
00:03:24Sauf que l'union des familles laïques de Metz a déposé une requête auprès du tribunal administratif de Strasbourg
00:03:31pour faire annuler cette délibération.
00:03:34Pourquoi ? Le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:03:38Et puis, qu'est-ce qui se cache derrière la passe d'armes entre l'humanité et le Rassemblement National ?
00:03:43Louis Alliot, maire de Perpignan, a rappelé que l'humanité quotidien communiste avait pactisé
00:03:49avec les autorités d'occupation nazie en 1940.
00:03:53La gauche conteste et juge cette affirmation scandaleuse qui dit vrai.
00:03:57Le RN comme l'humanité ont-ils raison ?
00:04:00Personne ne peut nier ou remettre en cause le fait que les communistes ont été résistants pendant la guerre.
00:04:04Mais la gauche dissimule-t-elle son histoire ou une partie de son histoire ?
00:04:09L'édito méticuleux de Mathieu Bocoté.
00:04:12Une heure avec nos mousquetaires dans la bibliothèque de l'info à Pas-de-Loup.
00:04:18C'est parti avec Régis Le Sommier ce soir.
00:04:34D'abord, j'ai une petite surprise pour Marc Menand. Je ne sais pas si je la montre maintenant ou pas.
00:04:40Vous la voulez ? Oui ? Alors Charlotte a dit oui, donc c'est parti.
00:04:43Eh oui, regardez Marc Menand. C'était au gala de la presse en 1992.
00:04:48Il nous a fait des cachoteries. Monsieur n'était pas que journaliste, il était aussi trapéziste.
00:04:52On regarde.
00:04:53Phenomenal.
00:04:54Marc Menand et Karine Chana.
00:05:04...
00:05:30Mais quelle idée !
00:05:31Vous avez tout fait. C'est quelqu'un qui a envoyé ça.
00:05:34Mais vous avez tout fait, Marc.
00:05:35La vie, tu n'y as qu'à un fil.
00:05:38Et on va voir dans un instant un extrait de vous et Didier Rousteing en 1978.
00:05:43On parlera du foot, sujet d'importance.
00:05:45Sa première.
00:05:46Sa première à la télé.
00:05:47Avec vous dans un instant.
00:05:49Avantage Kamala Harris. Tout le monde le dit. Le dernier sondage également.
00:05:54Il y a quelques heures avait lieu le débat entre Kamala Harris et Donald Trump.
00:05:59Dans un instant, Régis Le Saumier reviendra, je le disais, sur l'inversion de valeur entre le parti démocrate et les républicains.
00:06:04De votre côté, Mathieu Bocoté, pour votre premier édito, vous allez revenir sur les enjeux de l'élection présidentielle américaine.
00:06:12D'abord, qui a gagné ?
00:06:13Pardon, je pose une question directe, mais vous n'êtes pas obligé de répondre directement.
00:06:16Je dirais que le système médiatique l'a emporté.
00:06:19Mais je vais m'expliquer les modérateurs, comme on dit.
00:06:23Imaginons hier, avant le débat.
00:06:26Il était possible de prévoir, quels que soient les résultats du débat, le traitement médiatique qui y serait réservé.
00:06:33Et c'était à peu près la chose suivante.
00:06:35Kamala Harris, surprenante, remarquable, efficace, percutante, contre Donald Trump, désorientée, incapable de répondre.
00:06:43Un Donald Trump qui s'effondre sous l'efficacité de Kamala Harris.
00:06:47Ce récit du débat, on aurait pu l'avoir avant le débat.
00:06:52Pourquoi ? Parce que le préjugé médiatique entourant ce débat faisait en sorte que le système médiatique américain voulait globalement que Kamala Harris l'emporte.
00:07:03Et je pense qu'on doit l'avoir à l'esprit aujourd'hui.
00:07:05Et c'est à peu près, soit dit en passant, le traitement médiatique de la chose.
00:07:09Une fois le débat passé, on a un célèbre triomphe, non seulement de Kamala Harris, mais aussi l'effondrement de Donald Trump.
00:07:15On nous explique que le tournant a eu lieu, que c'est terminé pour lui, qu'il a presque perdu.
00:07:21À peu près.
00:07:22Bien qu'on précise que les électeurs sont moins convaincus que les commentateurs dans leur ensemble.
00:07:26C'est un petit détail, vous me direz.
00:07:28Mais je pense que c'est New York Times qui faisait cette observation fort juste.
00:07:31Une fois qu'on dit ça, revenons sur le débat lui-même.
00:07:35Donc, non pas sur le débat sur le débat, mais le débat, enfin, pas l'antédébat, mais le débat lui-même.
00:07:40Que s'est-il passé ?
00:07:42Là, il faut dire les choses très clairement. Kamala Harris a été meilleure que ce à quoi on pouvait s'attendre.
00:07:47Hier soir, je vous avais dit qu'elle serait un procureur. Elle a été un procureur.
00:07:50Bien sûr, elle avait ce rôle-là, mais elle a été meilleure. Pourquoi ?
00:07:53Parce qu'une partie de la stratégie démocrate consistait aussi à baisser les attentes significativement depuis quelques jours,
00:07:59en disant « vous savez, ce n'est pas sa force ».
00:08:02On nous l'a présenté, finalement, on a ramené les attentes à la baisse,
00:08:05pour nous expliquer finalement que lorsqu'elle a maîtrisé le jeu médiatique,
00:08:09eh bien, elle en sort grand gagnant, d'autant que Donald Trump a été moins efficace qu'il n'aurait pu l'être,
00:08:16surtout autour de la grande question qui le sert.
00:08:19Sur l'économie, en début de débat, il a été très bon.
00:08:22Sur la question de l'immigration, qui aurait pu être sa question,
00:08:24il a un peu échappé avec les références à ce qui se passe à Springfield,
00:08:28en oubliant que la question centrale de l'immigration et l'insécurité,
00:08:31et plus largement l'immigration qui est partout présente aux États-Unis,
00:08:35il l'a presque réduit au registre de l'anecdote,
00:08:37et il a, de ce point de vue, été incapable, ce qui était son objectif,
00:08:40de mettre Kamala Harris dans les câbles.
00:08:42Donc, on pourrait résumer les choses ainsi.
00:08:44Kamala Harris a été un peu meilleure que prévu,
00:08:47et Donald Trump a été un peu moins bon que prévu.
00:08:49Résultat, si on regarde les choses telles qu'on les voit,
00:08:52eh bien, c'est un débat à peu près égal-légal,
00:08:55où avantage Harris, mais certainement pas triomphe Harris.
00:08:58Mais arrive le deuxième temps, en fait le troisième temps.
00:09:02Il y a eu une lentée de débat, c'est-à-dire Harris avait gagné avant même de débattre,
00:09:05il y a le débat, et ensuite, il y a le débat sur le débat.
00:09:08Et dans le débat sur le débat, là, c'est l'enthousiasme médiatique.
00:09:12Qu'est-ce qu'on nous dit?
00:09:14Triomphe, je l'ai dit, absolu de Kamala Harris,
00:09:17et là, les préjugés d'une bonne partie de la classe médiatique se réactivent
00:09:21pour nous dire que finalement, l'élection est pliée.
00:09:24Ça nous oblige à tenir compte d'une chose qui est importante,
00:09:27c'est le rôle des modérateurs dans ce débat.
00:09:29Je ne sais pas si vous avez vu, mais c'est assez marquant,
00:09:32il était chez ABC, et les deux modérateurs étaient très orientés,
00:09:36on l'a vu de quelle manière, au moment de corriger les fameuses fake news
00:09:39d'un et de l'autre.
00:09:41Et je vais vous donner un exemple qui me semble le plus révélateur de tout cela.
00:09:44Vous avez peut-être déjà entendu cette accusation lancée à Donald Trump
00:09:48qui aurait dit au moment du rassemblement de Charlottesville en 2020,
00:09:51il aurait dit, il y a des bonnes personnes des deux côtés,
00:09:54donc d'un côté, il y avait l'extrême gauche,
00:09:56et de l'autre côté, dans le récit médiatique,
00:09:58il y avait les néonazis et les suprémacistes blancs.
00:10:00Donc il aurait dit, il y a des bonnes personnes des deux côtés,
00:10:03notamment des néonazis et des suprémacistes blancs.
00:10:05Et Kamala Harris répète cela hier.
00:10:09Est-ce que c'est conforme aux faits historiques?
00:10:11Oups, non.
00:10:12Si on prend en compte la déclaration de Trump en 2020,
00:10:15je me permets d'y revenir parce que ça nous montre la clémence
00:10:17des modérateurs à l'endroit de ce qu'on pourrait aussi appeler
00:10:20les mensonges de Kamala Harris.
00:10:22Qu'est-ce qu'il dit, Trump, à l'époque?
00:10:23Il dit, évidemment, dans ce rassemblement,
00:10:25il y avait des nazis et des suprémacistes blancs,
00:10:27ces gens-là doivent être condamnés,
00:10:29sans la moindre nuance, il faut les condamner.
00:10:32Par ailleurs, dans ce rassemblement,
00:10:34il n'y avait pas que cette racaille idéologique,
00:10:37il y avait aussi des gens qui s'opposaient
00:10:39au fait d'enlever une statue, de changer le nom d'un parc,
00:10:42c'était la référence au général Lee, le général confédéré.
00:10:46Il dit, ces gens-là n'étaient pas tous des néonazis,
00:10:48n'étaient pas tous des suprémacistes blancs.
00:10:50Donc ça, c'est une nuance plutôt importante.
00:10:53Hier, lorsque Kamala Harris reconduit la fake news à ce sujet,
00:10:57les fameux modérateurs, les journalistes,
00:11:00décident de se faire très silencieux.
00:11:02Et on voit de ce point de vue que ce n'était pas hier
00:11:04un débat un contre un avec deux juges,
00:11:07c'était un débat un contre trois.
00:11:09Un contre trois, donc d'un côté,
00:11:11des modérateurs militants qui plaidaient
00:11:14à travers leurs exemples pour une candidate,
00:11:17au final, cela dit, puisqu'il faut noter
00:11:19les choses telles qu'elles sont,
00:11:20il ne s'en est pas mal tiré.
00:11:23Est-ce que c'est le tourment de la campagne?
00:11:26Je ne crois pas.
00:11:27Je ne crois certainement pas pour l'instant.
00:11:29Il y a encore plusieurs semaines de campagne.
00:11:31Bon, alors, venons-y.
00:11:32Quels sont les enjeux de fond au-delà des polémiques électorales de surface?
00:11:36Alors voilà, et ça, c'est une chose importante.
00:11:38On a analysé le débat, les termes du débat,
00:11:40la manière d'emmener le débat.
00:11:41Mais imaginons qu'on prenne au sérieux
00:11:43les enjeux de cette élection américaine.
00:11:45Quels sont les enjeux de fond?
00:11:46Je pense que le premier élément, et ça, on le voit vraiment,
00:11:48c'est ce que j'appelle le dévoilement de la nature oligarchique du système américain.
00:11:52Traduction, on a vu dans le passage de pouvoir,
00:11:55j'y reviens souvent, de Joe Biden à Kamala Harris,
00:11:59on a vu que finalement, il y a une structure de pouvoir
00:12:01plus importante que le jeu des appareils et des candidats de surface.
00:12:06Et cette question du vrai pouvoir dans l'État américain,
00:12:09elle est centrale aujourd'hui.
00:12:11On parle de l'État administratif.
00:12:13Autrement dit, toutes ces agences qui se sont substituées aux élus
00:12:17et qui gouvernent un pays sur le mode d'une ingénierie sociale,
00:12:20pendant que les élus, eux, peuvent débattre comme ils le souhaitent,
00:12:23le vrai pouvoir est dans l'administration
00:12:25plutôt que dans la politique.
00:12:28C'est tout le débat autour du fameux État profond dont on a souvent parlé.
00:12:32Le concept est souvent traité de conspirationniste,
00:12:34mais vous le noterez de plus en plus.
00:12:36Chaque fois qu'on est devant une réalité dérangeante,
00:12:39qui est assez embêtante,
00:12:41on préfère la dire conspirationniste.
00:12:43Ça évite d'avoir à réfléchir à la part de réalité qu'il y a dans tout cela.
00:12:47Deuxième élément, et je pense que c'est très important,
00:12:50c'est un État fédéral américain de plus en plus autoritaire.
00:12:53Rappelez-vous, on en a parlé ici la première semaine de Face à l'info,
00:12:56en retour, lorsque Mark Zuckerberg a révélé
00:13:00que le FBI avait fait une intervention,
00:13:03Facebook, une intervention pour être capable d'orienter
00:13:06la joute électorale en 2020 aux États-Unis.
00:13:10En inventant l'idée, c'est toute la question de l'ordinateur de Hunter Biden.
00:13:13En fait, non, c'est les Russes qui ont organisé ça.
00:13:15Mais l'idée que c'étaient les Russes, c'est un mensonge du FBI.
00:13:18Donc la rumeur de l'ingérence russe sur cette question-là,
00:13:21c'est un coup du FBI, le service de sécurité intérieure,
00:13:24pour orienter un candidat.
00:13:26Il faut rappeler, en contexte démocratique,
00:13:28on appelle ça une sortie du contexte démocratique
00:13:31où l'État choisit son candidat.
00:13:33De la même manière, le contrôle de l'opposition
00:13:36et le contrôle de la liberté d'expression.
00:13:38La politisation de la justice aux États-Unis est devenue très avancée.
00:13:41On l'a vu ces derniers temps.
00:13:43Et la volonté de contrôle des réseaux sociaux,
00:13:45c'est pas pour rien qu'on parle autant d'Elon Musk aujourd'hui.
00:13:48C'est parce qu'il résiste un peu, presque seul contre tous,
00:13:51contre la tentation d'encadrer, réguler, censurer,
00:13:55comme jamais les réseaux sociaux.
00:13:57Et je me permets de dire que le Parti démocrate
00:13:59s'est réjoui de l'interdiction de Twitter au Brésil
00:14:02il y a quelques semaines à peine.
00:14:04Donc là, on est devant un parti qui...
00:14:07On célèbre la censure de Twitter
00:14:10parce qu'on se dit que c'est assez dangereux.
00:14:12Autre chose dans cette campagne qui me semble essentielle,
00:14:15le rôle de ce qu'on appelle l'EDI.
00:14:17Équité, diversité, inclusion.
00:14:19Donc la gestion multiculturaliste, néo-féministe,
00:14:22racialiste des rapports sociaux
00:14:24qui domine vraiment aujourd'hui la classe dirigeante américaine.
00:14:27Il faut comprendre, c'est-à-dire que
00:14:29c'est pas porté par une université perdue au Dakota du Nord.
00:14:33C'est au coeur du système.
00:14:35C'est au coeur du grand capital américain.
00:14:37C'est au coeur des universités américaines.
00:14:39Une forme de gestion, une forme de néo-socialisme diversitaire
00:14:42qui est poussée très, très loin aujourd'hui,
00:14:44qui est fondée sur une forme de racisme anti-blanc.
00:14:47Ça aussi, c'est au coeur de cette campagne,
00:14:49bien qu'on le nomme moins sur le mode du racisme anti-blanc
00:14:52que de la fameuse question de l'EDI,
00:14:54une forme de multiculturalisme extrême devenu fou.
00:14:56Mais déjà que le multiculturalisme,
00:14:58c'était à la base extrême et devenu fou,
00:15:00imaginez quand c'est encore plus fou.
00:15:02Étape de plus, dont on a peu parlé hier,
00:15:04et pourtant c'est important, la crise de la dette publique.
00:15:07Il faut simplement comprendre que toutes nos sociétés,
00:15:09quels qu'elles soient en Occident,
00:15:11courent vers ce moment où l'État social d'abord
00:15:14et l'État ensuite peut déclarer faillite,
00:15:16peut avoir une crise de la dette telle
00:15:18que l'ensemble des institutions s'effondrent devant nous.
00:15:21Hier, ce n'était pas au programme.
00:15:24Je note que, quand on lit les journaux américains,
00:15:26on dit que l'une des stratégies de Mme Harris hier,
00:15:28c'était notamment de ne pas trop répondre aux questions
00:15:31et de plutôt attaquer Donald Trump.
00:15:34Comme ça, ça évitait de justifier ses positions
00:15:36sur son bilan, sa vision de l'économie.
00:15:38Dans la défense de ses propres positions,
00:15:40ce n'est peut-être pas là où elle était la plus forte.
00:15:43Deux derniers éléments qu'il me semble important de mentionner,
00:15:45la modification des règles électorales aux États-Unis.
00:15:48Alors, ça ne se fait pas directement,
00:15:50mais comment on voit ça?
00:15:52Est-ce qu'il faut, par exemple, en France,
00:15:54peut-on imaginer, ou ailleurs dans le monde occidental,
00:15:56se présenter pour voter sans carte d'identité,
00:15:58pour vous identifier comme électeur?
00:16:00Ça peut être plutôt utile, normalement.
00:16:02Aux États-Unis, ce n'est pas obligatoire.
00:16:04C'est le moins qu'on puisse dire.
00:16:05Donc, en tant que tel, ce qu'on voit aujourd'hui,
00:16:07c'est une volonté de modifier durablement le corps électoral,
00:16:11en passant par l'immigration massive,
00:16:13pour faire en sorte que, quelle que soit l'élection,
00:16:16les démocrates l'emportent.
00:16:18C'est particulier.
00:16:19Donc, on va miser sur une forme de politique
00:16:21très consciente de transformation démographique
00:16:23pour effet politique.
00:16:25Ça fait aussi partie du jeu aux États-Unis en ce moment.
00:16:28Politique étrangère, ne l'oublions pas,
00:16:30la question ukrainienne, c'est assez important.
00:16:32C'est-à-dire, les deux Trump comme Harris
00:16:35condamnent, évidemment, l'invasion de l'Ukraine,
00:16:37mais n'ont pas le même rapport, ensuite,
00:16:40à la fonction des États-Unis en Europe.
00:16:42Est-ce que les Américains doivent encore
00:16:44avoir une posture impériale en Europe?
00:16:46Ou est-ce que les Américains doivent se replier
00:16:48sur une logique, je ne dirais pas isolationniste,
00:16:50mais davantage centrer sur leurs intérêts,
00:16:53en renonçant au rôle impérial
00:16:55qu'ils ont eu au XXe siècle en Europe?
00:16:57Ça aussi, ça fait partie
00:16:59des enjeux de fond de l'élection.
00:17:01Je note, soit dit en passant, que Mme Harris,
00:17:03de son point de vue, a beaucoup évolué
00:17:05dans ses positions.
00:17:07Entre ce qu'elle disait en 2019
00:17:09et ce qu'elle dit aujourd'hui, on ne la reconnaît plus.
00:17:11Peut-être a-t-elle eu une révélation,
00:17:13peut-être s'est-elle reniée, peut-être a-t-elle changé.
00:17:15C'est original, on ne sait pas exactement.
00:17:17Mais sur toutes les questions que j'ai évoquées,
00:17:19elle représentait, avec Joe Biden,
00:17:21l'aile gauche du Parti démocrate.
00:17:23Joe Biden, c'était la continuité du Parti démocrate
00:17:25à l'époque historique.
00:17:27Elle représentait le gage pour les militants,
00:17:29une forme de Sarah Palin, mais de gauche,
00:17:31pour les militants démocrates.
00:17:33Aujourd'hui, on l'a transformée en centriste
00:17:35par un coup de baguette magique,
00:17:37comme on l'a transformée, soit dit en passant,
00:17:39de vice-présidente catastrophique
00:17:41à candidate à la présidentielle remarquable
00:17:43par un coup de baguette magique.
00:17:45Il y a tous ces enjeux-là qu'il faut avoir à l'esprit,
00:17:47au-delà du fait qui est le plus doué
00:17:49dans la joute télévisuelle du débat.
00:17:51En quoi cette élection peut-elle avoir
00:17:53un impact direct sur nous,
00:17:55les pays européens?
00:17:57Je pense que si on prend en sérieux
00:17:59l'idée qu'il y a aux États-Unis aujourd'hui,
00:18:01une forme de révolution,
00:18:03ou à tout le moins d'accélération de l'histoire,
00:18:05qui est sur deux plans essentiellement.
00:18:07L'immigration.
00:18:09Aux États-Unis aussi.
00:18:11L'immigration, là-bas, ne veut pas dire
00:18:13nécessairement islamisme, mais changement démographique.
00:18:15La question de l'immigration ne se réduit pas
00:18:17à l'islamisme, ayons ça à l'esprit.
00:18:19Les Américains en font l'expérience aujourd'hui.
00:18:21Tout ce qui était responsable de la frontière
00:18:23a échoué à être capable
00:18:25d'assurer la protection de la frontière.
00:18:27Mais plus encore, je me permets d'y revenir,
00:18:29parce que c'est une question souvent négligée,
00:18:31la régression accélérée
00:18:33des libertés dans le monde occidental aujourd'hui.
00:18:35Liberté d'expression, liberté d'association,
00:18:37mais bien au-delà du simple fait de dire
00:18:39ce qu'on veut sur Twitter et Facebook,
00:18:41les libertés sont en régression,
00:18:43et on peut se demander si cette élection
00:18:45n'est pas un moment central, un moment capital
00:18:47où va se jouer la bataille des libertés.
00:18:49On peut penser ce qu'on veut de Trump,
00:18:51le trouver exagéré, caricatural, grossier,
00:18:53et tout ça est à peu près vrai,
00:18:55n'en doutons pas,
00:18:57mais il incarne par ailleurs,
00:18:59ne l'oublions pas, une forme de résistance
00:19:01aujourd'hui aux États-Unis
00:19:03à cette marche forcée
00:19:05vers un nouveau régime
00:19:07qui est collectiviste assurément,
00:19:09mais surtout assez autoritaire
00:19:11et qui est autoritaire
00:19:13en prétendant accomplir
00:19:15les valeurs de la démocratie.
00:19:17On peut aimer un, on peut aimer l'autre,
00:19:19il ne s'agit pas de trancher dans une élection étrangère,
00:19:21mais comprenons, je pense que c'est la seule chose
00:19:23qu'on doit garder à l'esprit, les partisans de Trump,
00:19:25on peut trouver que le personnage est loufoque,
00:19:27mais ce ne sont quand même pas des dizaines de millions
00:19:29de fous furieux et de fascistes,
00:19:31il faut peut-être chercher à comprendre
00:19:33pourquoi en ce moment, ils ne participent pas
00:19:35à l'enthousiasme autour de Mme Harris.
00:19:37Très, très, très intéressant
00:19:39toute cette analyse.
00:19:41On voit que vous avez bossé,
00:19:43vous, des Américains, cet été, ça se sent.
00:19:45Régis Le Soumier, on va aussi
00:19:47voir avec vous quelque chose
00:19:49que l'on ressent, mais qu'on ne voit pas
00:19:51forcément comme ça de premier abord,
00:19:53c'est une certaine inversion de valeurs
00:19:55entre les Républicains et les Démocrates.
00:19:57Les Démocrates sont soutenus
00:19:59par les Républicains,
00:20:01les Républicains par les Démocrates,
00:20:03au point qu'on peut se demander si les vocations
00:20:05et les dynamiques de ces deux partis ne se sont pas inversées.
00:20:07Comment expliquer
00:20:09ce phénomène ?
00:20:11Phénomène très intéressant, d'ailleurs, qui a été rappelé
00:20:13dans le débat hier par Kamala Harris
00:20:15qui a déclaré que près de 200 figures
00:20:17d'importance républicains
00:20:19ont rejoint sa candidature, dont
00:20:21Dick Cheney, l'ancien vice-président,
00:20:23sa fille, Liz Cheney.
00:20:25Alors, c'est intéressant
00:20:27de constater que, effectivement,
00:20:29chez Trump, on a
00:20:31Robert Kennedy Jr. qui, de façon spectaculaire,
00:20:33a rejoint Trump, Kennedy
00:20:35a rejoint Trump, je vais y revenir, mais
00:20:37chacun des deux camps a mis en avant
00:20:39des prises de guerre qu'il avait eues
00:20:41dans le camp d'en face.
00:20:43Mais que Kamala Harris,
00:20:45qui est quand même, on l'a dit, personnage de gauche,
00:20:47se vante
00:20:49d'être soutenue par
00:20:51Dick Cheney, pour moi, c'est un véritable choc.
00:20:53Cheney, on le rappelle,
00:20:55c'est le Dark Vador de la politique américaine.
00:20:57C'est l'architecte de la guerre en Irak,
00:20:59le président, le vice-président
00:21:01dont le surnom est justement
00:21:03vice.
00:21:05Surpuissant au point qu'on se demandait
00:21:07si, dans le fond, il n'était pas le vrai président
00:21:09et responsable d'un désastre
00:21:11qui coûta, à l'Amérique, 3 trillions
00:21:13de dollars, mille feux au Moyen-Orient
00:21:15et, comme cadeau pour le monde entier,
00:21:17Daesh, en gros. Tout de même,
00:21:19c'est pas rien. Ce n'est
00:21:21pas quelqu'un dont, normalement,
00:21:23on peut se réjouir de compter parmi
00:21:25les siens. Alors, on peut se demander si Kamala
00:21:27Harris n'a pas perdu la tête. On rajoutera
00:21:29ses ralliements, parce qu'il n'est pas le seul
00:21:31affreux à avoir rallié
00:21:33Kamala Harris. Il y a également John Bolton,
00:21:35figure néo-conservatrice.
00:21:37Vous savez, ces gens dont
00:21:39George Bush père appelait les cinglés du
00:21:41sous-sol à la Maison-Blanche,
00:21:43et qui passent leur vie entière à vouloir déclencher
00:21:45des guerres un peu partout sur la planète.
00:21:47Donc, ce John Bolton, là, qui a
00:21:49été avec Trump, eh bien,
00:21:51a rejoint Kamala Harris.
00:21:53Alors, c'est quand même assez surprenant
00:21:55ce phénomène, parce que, de toute façon,
00:21:57dans le même temps, chez Donald Trump également,
00:21:59il récupère des démocrates. Comment expliquer ça ?
00:22:01Tout à fait. Alors, curieux ou logique,
00:22:03on va le voir. Pour Donald Trump,
00:22:05donc, j'ai évoqué la figure de
00:22:07Robert Kennedy Jr.
00:22:09Son ralliement a fait sensation.
00:22:11Un Kennedy, pour les Américains,
00:22:13c'est un membre de la
00:22:15famille démocrate par excellence.
00:22:17Alors, même si
00:22:19les démocrates, parce que les Kennedy
00:22:21sont toujours démocrates, ont rappelé
00:22:23la famille immédiatement pour leur dire
00:22:25attention, mais Robert Kennedy
00:22:27Jr. ça a été toujours le
00:22:29rejeton un peu marginal
00:22:31de la famille. Ça reste quand même
00:22:33le neveu de John, le président,
00:22:35le fils de Robert,
00:22:37procureur général, donc ministre de la justice,
00:22:39tous les deux assassinés
00:22:41dans le paysage politique américain.
00:22:43Évidemment, ça compte. Alors, ce qui est
00:22:45très intéressant, je vous refais un petit laïus
00:22:47sur Robert Kennedy Jr.
00:22:49On se souvient, il était rentré dans la course
00:22:51à la présidentielle en avril 2023.
00:22:53Au départ, les démocrates avaient vu
00:22:55d'un bon oeil son arrivée dans la course.
00:22:57Ils pensaient qu'il prendrait des voix
00:22:59à Trump. Et puis, rapidement,
00:23:01au vu des performances
00:23:03assez médiocres de Joe Biden,
00:23:05il en a pris aux démocrates.
00:23:07Les démocrates ont alors tout fait
00:23:09juridiquement, et c'est cette machine
00:23:11qu'évoquait Mathieu tout de suite,
00:23:13pour l'empêcher que
00:23:15son nom soit sur les bulletins de vote
00:23:17dans les États,
00:23:19en lui menant une véritable guerre juridique.
00:23:21Très intéressant, maintenant qu'il est
00:23:23chez Trump, il ne veut plus être
00:23:25sur certains États, sur les bulletins.
00:23:27Les démocrates lui font
00:23:29un procès pour qu'il reste.
00:23:31On va marquer une pause.
00:23:33Je ne vous ai pas dit, mais vous êtes interrompu par Alain Pub.
00:23:35Mais c'est passionnant.
00:23:37On marque une pause quelques instants,
00:23:39on revient tout de suite. C'est très intéressant à analyser.
00:23:41...
00:23:43...
00:23:45...
00:23:47...
00:23:49...
00:23:51...
00:23:53...
00:23:55...
00:23:57Oui, alors, effectivement,
00:23:59il a été fondé, ce parti républicain, en 1854.
00:24:01C'était le parti d'Abraham Lincoln.
00:24:03C'était un parti
00:24:05nordiste, anglo-saxon,
00:24:07protestant, anti-esclavagiste,
00:24:09de manière à resituer les choses,
00:24:11plutôt pour des raisons économiques plutôt que morales.
00:24:13Il était globalement en faveur d'un État
00:24:15fédéral plus fort que des
00:24:17États fédérés. Vous savez, il y a toutes ces
00:24:19nuances. Il y a eu énormément de
00:24:21discussions et d'affrontements. Alors, la guerre de
00:24:23sécession, évidemment, qui a fait affronter le Sud et le Nord,
00:24:25en avait fait le parti naturel
00:24:27du gouvernement pendant plusieurs décennies.
00:24:29Et, pour résumer,
00:24:31les démocrates en face, c'était plutôt
00:24:33le parti du Sud,
00:24:35le parti du Sud
00:24:37raciste, autant le dire clairement,
00:24:39qui est devenu, aujourd'hui,
00:24:41celui des minorités,
00:24:43quand les républicains, globalement,
00:24:45sont devenus celui des
00:24:47classes supérieures et des classes moyennes.
00:24:49Il y a eu une véritable inversion
00:24:51des valeurs, déjà,
00:24:53au cours du XXe siècle.
00:24:55Alors, avec Donald Trump,
00:24:57c'est complètement différent.
00:24:59Enfin, on est
00:25:01dans un bouleversement.
00:25:03C'est-à-dire que Donald Trump a fait
00:25:05du parti républicain
00:25:07un parti qui est le sien. En fait, il a
00:25:09pris le contrôle de ce parti.
00:25:11Alors, c'est un...
00:25:13C'est très intéressant. Il faut vraiment revenir
00:25:15sur le fait que Trump,
00:25:17au départ, n'est pas
00:25:19un républicain dans l'âme. Comme
00:25:21Kennedy, il hérite d'une famille
00:25:23influente dans l'aristocratie
00:25:25de l'argent de la côte Est des
00:25:27États-Unis. On peut dire que, pendant leur jeunesse,
00:25:29Trump et Kennedy sont un peu les rois de New York.
00:25:31À l'époque, Trump
00:25:33ne fait pas du tout de politique. C'est un peu
00:25:35à la manière d'un Bernard Tapie
00:25:37chez nous. Il incarne le riche
00:25:39décomplexé. Il ouvre des casinos dans
00:25:41tout le pays, dont le fameux Taj Mahal
00:25:43à Atlantic City, qui le mènera
00:25:45au bord de la faillite. Il sort avec des top
00:25:47models qu'il finit par épouser,
00:25:49qu'il divorce, en laissant
00:25:51au passage une partie de sa fortune
00:25:53et en faisant celle, évidemment, de la presse à sensation.
00:25:55Trump mène la grande vie à l'américaine.
00:25:57C'est-à-dire, quand on est milliardaire, c'est toujours bigger,
00:25:59better, faster. Il accumule
00:26:01des dettes, mais il s'en sort toujours,
00:26:03notamment avec une idée géniale, c'est-à-dire
00:26:05des idées marketing,
00:26:07de mettre son nom comme une marque déposée.
00:26:09En fait,
00:26:11ce qui est très intéressant, c'est qu'à cette époque-là,
00:26:13tous ces écarts de vie
00:26:15ne lui sont absolument pas reprochés. C'est un personnage
00:26:17qui fait partie de l'Amérique.
00:26:19Il y a bien quelques scandales, mais ça ne transgresse
00:26:21pas l'ordre établi. Tant qu'il ne fait pas de politique.
00:26:23Et, très
00:26:25intéressant, il en fait quand même. Il donne
00:26:27aux deux partis. Il donne
00:26:29aux républicains. Il arrose un peu tout le monde,
00:26:31d'ailleurs, à un des débats qu'il avait eu. Il avait
00:26:33dit, autour de la table,
00:26:35« Je vous ai tous financés ».
00:26:37Donc, je vous connais, parce que
00:26:39je vous ai tous financés. Très intéressant
00:26:41aussi, Trump, à l'époque, est très ami
00:26:43avec le couple Clinton,
00:26:45qu'il invite à son troisième mariage
00:26:47avec Melania. Et,
00:26:49souvenez-vous, après l'affaire Levinsky,
00:26:51Bill Clinton est un véritable pestiféré
00:26:53national. Plus personne
00:26:55ne veut le fréquenter. On lui refuse
00:26:57tous les clubs de golf
00:26:59de l'État de New York. Le seul
00:27:01qui lui offre un casier dans son
00:27:03club de golf, c'est Donald Trump.
00:27:05Il a
00:27:07aussi financé la campagne
00:27:09d'Hillary Clinton, quand elle devient
00:27:11sénatrice de l'État de New York.
00:27:13Il est même allé jusqu'à proposer
00:27:15au couple Clinton, au moment où ils étaient, justement, dans
00:27:17cette période post-Levinsky,
00:27:19de s'installer dans un de ses appartements
00:27:21et dans une de ses tours à Manhattan. Et, en
00:27:232007, alors là, accrochez-vous,
00:27:25Donald Trump, qui avait encore des affinités démocrates,
00:27:27dit qu'il espère qu'Hillary Clinton,
00:27:29une femme fantastique,
00:27:31sera candidate à la présidentielle.
00:27:33Vous voyez ?
00:27:35Laissez-moi respirer deux secondes.
00:27:37Donc, en 2007, Donald Trump disait qu'il espérait...
00:27:39Oui, tout à fait. Énorme. Alors, on va
00:27:41continuer là-dessus.
00:27:43Alors, dernière question. Alors, ces ralliements,
00:27:45donc, contre Nathien Depardieu et d'autres,
00:27:47est-ce qu'ils sont une question
00:27:49de personne, ou bien est-ce que c'est le signe
00:27:51d'un changement plus profond
00:27:53du paysage politique
00:27:55américain ? Alors, pour
00:27:57tout vous expliquer, pour que nos téléspectateurs
00:27:59comprennent vraiment ce qui se passe,
00:28:01je vais reprendre, en fait, les mots de Robert Kennedy
00:28:03Junior, dans son discours magnifique,
00:28:05lorsqu'il annonce son ralliement
00:28:07à Donald Trump. Il dit
00:28:09« J'ai commencé cette aventure de la présidentielle
00:28:11en tant que démocrate. Le parti
00:28:13de mon père, de mon oncle,
00:28:15à qui j'avais juré fidélité bien
00:28:17avant d'avoir l'âge de voter.
00:28:19J'ai assisté à ma première convention des démocrates
00:28:21à l'âge de six ans, en 1960.
00:28:23À l'époque, les démocrates
00:28:25étaient les champions de la constitution et des
00:28:27droits civiques. Ils s'élevaient contre
00:28:29l'autoritarisme, la censure, le
00:28:31colonialisme, l'impérialisme et les
00:28:33guerres injustes. Nous étions le
00:28:35parti du travail, celui de la classe
00:28:37ouvrière. Nous étions le parti de la transparence
00:28:39du gouvernement et le champion
00:28:41de l'environnement. Notre parti était le
00:28:43rempart contre les intérêts d'argent
00:28:45et les corporations. Fidèle à son
00:28:47nom, c'était le parti de la démocratie.
00:28:49Et il conclut,
00:28:51comme vous le savez, j'ai quitté ce parti au mois d'octobre
00:28:53car il s'était tellement écarté
00:28:55des valeurs fondamentales dans lesquelles j'avais grandi.
00:28:57Il était devenu le parti de la guerre,
00:28:59de la censure, de la corruption,
00:29:01du Big Pharma, vous savez, avec
00:29:03le Covid et voilà, tout ce qui se traîne
00:29:05derrière, du Big Tech, on évoquait
00:29:07Elon Musk qui résiste,
00:29:09mais les autres se sont tous couchés,
00:29:11des multinationales et de l'argent.
00:29:13Voilà, on peut se demander si aujourd'hui
00:29:15finalement, aux yeux de ces démocrates,
00:29:17les enjeux
00:29:19que défend Trump ne sont pas finalement plus proches
00:29:21des fondements du parti
00:29:23de John Kennedy, en fait.
00:29:25Alors, ce qui est très intéressant,
00:29:27c'est que
00:29:29on est en phase,
00:29:31vous savez, l'Amérique est capable
00:29:33dans son histoire, et c'est toujours ce pays
00:29:35fascinant, de puiser au fond
00:29:37d'elle-même et de se régénérer.
00:29:39Je vais terminer là-dessus parce qu'on a
00:29:41qui ? On a Donald Trump, on a Elon Musk
00:29:43qui a eu des accointances,
00:29:45mais qui est plutôt un libertarien.
00:29:47On a Robert Kennedy Jr.
00:29:49qui alerte sur le problème de santé des
00:29:51Américains, le problème de toxicomanie
00:29:53terrible. Tulsi Gabbard aussi,
00:29:55une autre démocrate qui a rejoint le camp
00:29:57de Trump. Également,
00:29:59vous avez Brad Weinstein,
00:30:01un biologiste longtemps
00:30:03avec les démocrates qui a
00:30:05également. Est-ce que
00:30:07finalement, on n'est pas aujourd'hui
00:30:09avec Musk, le bonhomme qui
00:30:11envoie des fusées dans l'espace
00:30:13qui va même. D'ailleurs,
00:30:15voilà, Kennedy pour la santé.
00:30:17Finalement, avec cette Amérique qui se régénère
00:30:19et dans cette équation, je crains
00:30:21que les démocrates restent
00:30:23un attelage un peu fourre-tout
00:30:25entre les walkies à cheveux bleus,
00:30:27Soros, Cheney. Finalement,
00:30:29on a presque l'impression qu'ils appartiennent
00:30:31au passé, un peu comme
00:30:33Joe Biden à la maison de retraite.
00:30:35Voilà.
00:30:37Très intéressant. Merci beaucoup, Régis
00:30:39Osmier. Peut-être une réaction ?
00:30:41Un ami qui a bien potassé ses dossiers.
00:30:43C'est tout à fait juste. On voit
00:30:45une espèce de basculement aujourd'hui dans la classe politique
00:30:47américaine. Même dans le parcours
00:30:49de Trump lui-même, au début des années
00:30:512000, lorsqu'il avait pensé se présenter
00:30:53à la présidentielle pour
00:30:55le parti réformiste, qui est une espèce de
00:30:57tiers parti aux États-Unis. Il disait à l'époque
00:30:59que ceux qui veulent limiter l'immigration sont en effet
00:31:01des racistes. Comme quoi, aujourd'hui,
00:31:03il lui-même a évolué dans ses convictions
00:31:05dans la gestion de l'immigration. Il place
00:31:07la question au cœur de sa campagne.
00:31:09Vous l'avez compris, ici, dans Face à l'Info,
00:31:11on vous dit tout, avec le recul
00:31:13nécessaire, sans parti pris.
00:31:15Alors, j'ai
00:31:17envie de vous
00:31:19montrer la vidéo où vous étiez avec
00:31:21Didier Roustan. Parce qu'on va parler de Didier Roustan.
00:31:23On va parler d'un gros
00:31:25chapitre, quand même, sur l'actualité du
00:31:27football. Didier Roustan,
00:31:29mais aussi ce qui s'est
00:31:31passé avec le club de football de Troyes.
00:31:33D'abord, Didier Roustan,
00:31:35parlons de lui. Comment vous l'aviez rencontré ?
00:31:37Voilà, c'est
00:31:39un petit clin d'œil.
00:31:41Georges Decaune était le patron des sports
00:31:43de TF1. Cette année-là,
00:31:45j'étais sur
00:31:47cette chaîne, je faisais le cyclisme.
00:31:49Et Didier est arrivé dans le service
00:31:51et c'est la première fois
00:31:53qu'il passe sur un plateau
00:31:55de télévision, présenté par Georges Decaune
00:31:57et qui lui dit, c'est votre examen
00:31:59mon cher Didier, on est certain de votre
00:32:01talent. Et depuis quelques jours,
00:32:03il était là, dans un recoin.
00:32:05Didier, apparemment, c'était un garçon
00:32:07qui était
00:32:09introverti. Quand on le connaissait,
00:32:11il passait tout de suite
00:32:13au stade de l'humour. C'était un
00:32:15passionné de football.
00:32:17Un garçon qui ne pensait
00:32:19que football. Il avait envisagé
00:32:21de mener un jour la grande carrière
00:32:23style
00:32:25Copa, parce que c'était plutôt ça
00:32:27son idole en ce
00:32:29jeune temps. Et c'était à Cannes
00:32:31qu'il jouait. Et
00:32:33je me souviens le jour, quelques semaines
00:32:35après être passé pour la première fois
00:32:37sur ce plateau parler
00:32:39football, Georges Decaune lui dit
00:32:41mon cher Didier, j'aimerais bien que vous fassiez
00:32:43un petit sujet sur
00:32:45un grand prix de Formule 1.
00:32:47Et Didier, jeune
00:32:49journaliste, lui dit, ah non monsieur,
00:32:51je ne peux pas, je ne m'intéresse
00:32:53qu'au football. Et ça, ça montre
00:32:55tout à fait sa personnalité.
00:32:57Il participera à la création
00:32:59avec Pierre Cangioni
00:33:01des émissions de football
00:33:03sur TF1. Il a
00:33:05connu une période un peu dure
00:33:07et je l'avais retrouvé à ce moment-là,
00:33:09c'est dans les années 2000,
00:33:11et il s'était engagé, il avait
00:33:13rêvé de fonder un syndicat
00:33:15de footballeurs avec Maradona
00:33:17et il a créé
00:33:19Foot Citoyens. Et ça va nous
00:33:21ouvrir le sujet
00:33:23qui nous intéresse aujourd'hui dans l'actualité.
00:33:25Oui, parce qu'on parlait dans un instant
00:33:27de la religion dans le football,
00:33:29de l'actualité assez surprenante
00:33:31qui a eu lieu. Et vous disiez, pour lui,
00:33:33le sport était considéré comme un principe d'assimilation.
00:33:35Oui, c'est pour ça qu'il crée
00:33:37Foot Citoyens, avec
00:33:39Arsène Wenger qui avait été
00:33:41un grand entraîneur d'abord de Monaco
00:33:43puis de Liverpool. Et
00:33:45il crée un journal, il va dans
00:33:47les clubs, il sert
00:33:49je dirais cette cause,
00:33:51comment les gamins peuvent trouver
00:33:53l'étincelle, comment ils peuvent être
00:33:55portés par une passion et se
00:33:57ressentir français, qu'il n'y ait surtout pas
00:33:59de racisme, il n'y a pas de couleur, il n'y a pas de noir,
00:34:01il y a des gamins qui sont en
00:34:03fraternité et qui jouent
00:34:05au ballon. Alors c'est intéressant
00:34:07quand on voit ce qui s'est passé
00:34:09aujourd'hui. Alors on va voir ce qui s'est passé
00:34:11aujourd'hui, d'abord juste un extrait de vous
00:34:13Didier Roustan et vous, en
00:34:151978.
00:34:17Je dois dire que la victoire de l'équipe de France hier
00:34:19a fait plaisir à Didier
00:34:21Roustan, qui était lui aussi un anonyme
00:34:23perdu parmi ses 50 000
00:34:25et qui fait ses débuts sur les écrans
00:34:27de télévision. Il est dans notre service depuis longtemps
00:34:29et il est une illustration de ce que le talent
00:34:31et le travail peuvent faire.
00:34:33C'est un garçon qui nous est arrivé,
00:34:35à qui il a donné sa chance, qu'il a prise et qu'il a
00:34:37bien prise.
00:34:39T'étais juste à côté de Georges Decaux,
00:34:41un grand personnage emblématique de la télévision
00:34:43et il y avait Pierre Fulla aussi
00:34:45qu'on aperçoit. Voilà, le petit Didier.
00:34:47Ah oui, alors grand hommage
00:34:49tout le monde, le monde politique, tout le monde
00:34:51est très ému.
00:34:53C'est vraiment l'humanisme.
00:34:55Alors, cette deuxième partie
00:34:57nous intéresse, cette deuxième actualité
00:34:59au niveau du football.
00:35:01Le club de Troyes a
00:35:03partagé une photo, on va la voir,
00:35:05de l'un de ses joueurs
00:35:07de confession musulmane, en prenant
00:35:09soin de flouter ses genoux afin de respecter
00:35:11la pudeur islamique, je cite.
00:35:13Ensuite, elle a supprimé
00:35:15cette photo face au toulet.
00:35:17Le football est-il encore
00:35:19ce qu'il était ?
00:35:21Alors, ça a déclenché forcément
00:35:23un tolet sur les réseaux sociaux
00:35:25et le club,
00:35:27quelques heures plus tard, a retiré
00:35:29cette photo. Alors,
00:35:31il paraît qu'on appelle ça l'Avra
00:35:33dans la religion musulmane,
00:35:35c'est-à-dire ce sens de la pudeur
00:35:37et on ne doit pas
00:35:39chez un garçon apercevoir
00:35:41une partie de son corps
00:35:43entre le nombril et le genou.
00:35:45Or, il se trouve que quand on joue
00:35:47avec un short, eh bien on voit
00:35:49la cuisse. Et il semblerait
00:35:51que ce jeune garçon, qui apparemment est très
00:35:53très doué, il n'est pas question de remettre en
00:35:55cause son talent, il s'appelle
00:35:57Anis Oudzenadji,
00:35:59il a 17 ans
00:36:01et il aurait souhaité, alors là
00:36:03il faudrait vérifier, je n'ai pas
00:36:05pu le faire, que ce soit
00:36:07flouté pour être en correspondance
00:36:09avec ses convictions
00:36:11religieuses. Et c'est
00:36:13là où, malheureusement, il faut
00:36:15ouvrir ce dossier qui, depuis
00:36:17des années, occupe le sport
00:36:19en France et le football
00:36:21en particulier. N'oublions pas
00:36:23que, dès 2014,
00:36:25la FIFA a accordé
00:36:27au plan international
00:36:29que les jeunes filles puissent être
00:36:31voilées. Et ce qui est extraordinaire,
00:36:33c'est qu'en France, on a résisté. Au nom
00:36:35de la laïcité. Au nom
00:36:37de l'article 51
00:36:39de la charte olympique. C'est quoi ?
00:36:41Eh bien, quand on est sur un terrain de football,
00:36:43ce que disait Didier,
00:36:45il n'y a pas de couleur, il n'y a pas
00:36:47d'appartenance religieuse, politique,
00:36:49etc. On est dans la fraternité.
00:36:51On est sous
00:36:53l'aiguillon de la passion,
00:36:55de l'exaltation.
00:36:57Et par conséquent, on n'est
00:36:59pas dans la différence
00:37:01sur ces signes extérieurs
00:37:03qui font qu'on entre dans
00:37:05un séparatisme de fait.
00:37:07Le contraire du sport. Le sport, c'est quand
00:37:09même ce principe de
00:37:11fraternité. Et il y avait
00:37:13en 2014,
00:37:15Frédéric Thiriez qui était le président
00:37:17de la ligue française
00:37:19du football pro.
00:37:21Et qui s'alertait déjà. Il disait
00:37:23c'est terrible parce que dans
00:37:25les clubs, on voit des clubs
00:37:27amateurs qui essaient de se créer
00:37:29et qui se revendiquent musulmans.
00:37:31Il ne faut pas qu'il y ait ça. On voit
00:37:33les jeunes filles vouloir porter
00:37:35le voile. Mais alors on oublie ce qui se
00:37:37passe à l'étranger. Il y a par exemple
00:37:39en Algérie,
00:37:41en Tunisie, en Égypte, au Maroc,
00:37:43des femmes qui se battent pour
00:37:45pouvoir être dans cette liberté
00:37:47de courir
00:37:49sur un terrain avec les
00:37:51cheveux au vent comme les autres
00:37:53sans tenue particulière.
00:37:55Car si on accorde une tenue particulière,
00:37:57dans une équipe, tout le monde devant
00:37:59avoir le même
00:38:01uniforme, si je puis dire.
00:38:03Si une porte le voile, il faut que les autres portent
00:38:05le voile. Avec le préjudice de ne pas pouvoir
00:38:07bien jouer. Et puis après,
00:38:09il y a ce que l'on voit maintenant dans les vestiaires
00:38:11où les gamins ne veulent plus.
00:38:13Quand j'étais môme,
00:38:15on était là, on se déshabillait,
00:38:17on prenait la douche.
00:38:19On n'aurait jamais pensé
00:38:21à la sexualité.
00:38:23Vous ne me voyez pas, mais je fais un mas.
00:38:25Déshabillé,
00:38:27il est toujours...
00:38:29Mais on ne pensait même pas
00:38:31à quoi que ce soit. Et aujourd'hui,
00:38:33non, on se cache.
00:38:35Voilà le drame dans lequel
00:38:37nous vivons. Et hier,
00:38:39eh bien oui, il était bien
00:38:41de rappeler à l'ordre, entre guillemets,
00:38:43le club de trois qui dit
00:38:45« Mais nous, nous sommes neutres ». La question
00:38:47à se poser, c'est si on est neutre,
00:38:49on est laïc, et par conséquent,
00:38:51il ne peut pas y avoir ce type de
00:38:53trucage de photo. – Alors Arsène Wenger, il était
00:38:55Arsenal, pas Liverpool. – Ah pardon. – C'est pas grave.
00:38:57– Oui, oui, pardon, excusez-moi. – On l'aime tellement
00:38:59en plus, un grand héros.
00:39:01Alors, vous disiez « au nom de la laïcité ».
00:39:03Ça fait le lien avec la connexion de Charlotte.
00:39:05Au nom de la laïcité, on va voir ce qui se passe
00:39:07à Metz. Alors, l'union des familles laïques
00:39:09de Metz
00:39:11vient de déposer une requête auprès du tribunal
00:39:13administratif de Strasbourg, Charlotte,
00:39:15pour invalider une subvention
00:39:17de 490 000 euros,
00:39:19subvention octroyée
00:39:21par des conseillers municipaux
00:39:23à la future Grande Mosquée.
00:39:25Sur quelle base
00:39:27convoque-t-il ainsi la justice
00:39:29et pour quelles raisons ?
00:39:31– Alors, l'histoire, elle commence en 2013,
00:39:33voire même avant. Alors, je suis pas remontée
00:39:35avant, parce que 2013, c'est le moment de la
00:39:37cession d'un terrain
00:39:39par la municipalité, moyennant quelques euros,
00:39:41vous savez, par mois, donc ça, c'est des choses qui se font
00:39:43assez régulièrement. C'est déjà
00:39:45un vieux dossier, et ce qui est invoqué,
00:39:47c'est que les lieux de culte sont
00:39:49insuffisants. Il l'était en 2013,
00:39:51il le sont encore plus aujourd'hui. On va
00:39:53y revenir. Donc, en termes de place,
00:39:55et déjà à l'époque, ça provoque
00:39:57une discussion pour savoir à quel
00:39:59moment la mairie doit s'engager ou non
00:40:01dans cette affaire.
00:40:032020, donc vous voyez, 7 ans plus tard,
00:40:05il y a le début des travaux, le projet coûte
00:40:0715 millions d'euros, vous avez plus de
00:40:095000 mètres carrés, et vous avez
00:40:11non seulement un lieu de prière, donc la mosquée
00:40:13stricto sensu, et un restaurant,
00:40:15une salle de conférence, une librairie,
00:40:17un hammam, des salles de sport et de cours.
00:40:19Vous voyez, c'est tout un complexe énorme
00:40:21autour de la mosquée. En février
00:40:23dernier, donc entre temps,
00:40:25la première pierre est posée.
00:40:27– Cultuelle et culturelle. – Voilà.
00:40:29En février dernier, le maire annonce
00:40:31une possible subvention, sa volonté
00:40:33d'apporter une subvention de la
00:40:35mairie, et plusieurs associations
00:40:37s'insurgent à ce moment-là et promettent
00:40:39de pousser le maire devant la
00:40:41justice. Le maire, la mairie,
00:40:43l'éventuelle subvention. En mars
00:40:45dernier, vous avez l'association
00:40:47que vous évoquiez, donc l'union des familles
00:40:49laïques de Metz, qui demande
00:40:51une publication des
00:40:53comptes de l'association
00:40:55qui gère la future grande
00:40:57mosquée, puisqu'ils disent en gros
00:40:592021-2022, voire
00:41:012023, les comptes ne sont pas
00:41:03publiés. Il n'y a pas de réponse
00:41:05de l'association, donc ils saisissent le tribunal
00:41:07judiciaire. La préfecture
00:41:09restant silencieuse sur est-ce qu'elle a eu
00:41:11accès aux comptes ou pas,
00:41:13le sujet revient au tribunal judiciaire.
00:41:15Ce sera examiné pour la troisième fois
00:41:17le 17 septembre, c'est pour ça qu'on en a parlé.
00:41:19Pourquoi le tribunal judiciaire ?
00:41:21Parce qu'en fonction de la réponse du tribunal judiciaire,
00:41:23l'association pourrait saisir
00:41:25le tribunal administratif cette fois-ci
00:41:27et éventuellement annuler
00:41:29la subvention.
00:41:31Tout ça pour dire, l'association
00:41:33elle, elle assume de lutter contre le
00:41:35financement public, et elle précise
00:41:37à chaque fois qu'elle ne lutte pas contre l'existence
00:41:39des mosquées, si elles sont financées par des
00:41:41fonds privés, mais contre le financement
00:41:43public éventuel des mosquées.
00:41:45Le maire, qui s'appelle François Gros-Didier,
00:41:47qui est un ancien LR qui est aujourd'hui
00:41:49centriste, lui a toujours
00:41:51été favorable au financement
00:41:53de la mosquée, c'était déjà
00:41:55vrai précédemment, et il
00:41:57rappelle à l'association que seules deux
00:41:59instances sont légitimes à demander
00:42:01des comptes. La ville, s'il y a éventuellement
00:42:03une subvention, et le ministère de l'Intérieur
00:42:05dont c'est la responsabilité.
00:42:07Mais là, je me suis un peu
00:42:09attardée sur le pataquès, on va dire,
00:42:11qu'il y a autour de cette mosquée, parce que c'est
00:42:13systématiquement la même chose. Il y a quelques années,
00:42:15à Metz, on avait par exemple le centre culturel
00:42:17turc, qui avait été fermé
00:42:19pour défaut d'autorisation
00:42:21d'accueil des mineurs. Et puis en fait,
00:42:23au moment de communiquer, la préfecture,
00:42:25elle, elle explique qu'elle remercie
00:42:27la cellule de lutte contre l'islamisme.
00:42:29Qu'on se dit, mais attendez, le sujet c'est l'islamisme
00:42:31ou le défaut d'accueil des mineurs ? C'est un sujet
00:42:33juridique, ou c'est l'islamisme le sujet ?
00:42:35Et vous voyez, c'est ces écoles qui ferment parce que les
00:42:37robinets n'étaient pas aux normes. Donc on a
00:42:39en permanence un pataquès administratif
00:42:41et judiciaire pas possible pour ne
00:42:43pas aborder le vrai sujet de fond parce que
00:42:45juridiquement, on a du mal à l'aborder. On va y
00:42:47revenir. Et le maire,
00:42:49d'ailleurs, dans la foulée, il voit, je le cite,
00:42:51une suspicion détestable.
00:42:53Donc la demande des comptes qui doivent
00:42:55être publiés, il y voit une suspicion détestable
00:42:57et il dit, personne ne demande les
00:42:59comptes de l'Evêché ou de la communauté israélite.
00:43:01En effet.
00:43:03L'association répond en disant,
00:43:05nous invoquons nous notre droit du
00:43:07contribuable, et c'est légitime
00:43:09également, donc de savoir où va
00:43:11l'argent de la mairie et donc on veut savoir
00:43:13quels sont les comptes de cette mairie.
00:43:15Donc le débat administratif
00:43:17et fiscal est passionnant sur ce sujet
00:43:19comme sur d'autres. Enfin, en tout cas, il passionne des gens.
00:43:21Pas tous. Mais je pense
00:43:23qu'il ne révèle pas exactement la
00:43:25nature du débat de fond qui s'oppose
00:43:27sur ce dossier
00:43:29comme sur d'autres, et surtout à l'échelle
00:43:31nationale, évidemment, et ce n'est pas d'ailleurs
00:43:33essentiellement le débat qu'il y a
00:43:35dans les joutes politiques,
00:43:37au sein, par exemple, des débats du Conseil municipal
00:43:39pour accorder la subvention,
00:43:41où là vous avez la question de la
00:43:43fraternité, la question du vivre ensemble,
00:43:45la question de la haine, qui s'invite
00:43:47évidemment dans ces débats, la question de qui fait
00:43:49le jeu du Front national, la question
00:43:51de l'opacité, la question du
00:43:53concordat, qui s'invite évidemment à Metz et pas partout
00:43:55ailleurs en France. Vous voyez que tous les sujets qui sont
00:43:57abordés, la question de l'immigration, la question de
00:43:59l'islamisation, elles agitent les débats politiques
00:44:01et tout à coup, les recours se font
00:44:03devant le tribunal administratif. Il y a
00:44:05un gap, a priori, qu'on n'a pas très bien
00:44:07compris. Qu'est-ce que vous voulez dire
00:44:09en l'occurrence, Charlotte ? Metz,
00:44:11c'est une ville concordataire
00:44:13et le financement des lieux de culte est
00:44:15donc une tradition. Qu'est-ce qu'il y aurait donc
00:44:17de scandaleux ? Alors, en effet,
00:44:19le cas est particulier. Particulier, pas seulement
00:44:21à Metz. On avait déjà, la question s'était déjà posée
00:44:23à Strasbourg il y a quelques années.
00:44:25La loi de 1905, qui régit
00:44:27la France, interdit le financement
00:44:29des cultes. La question ne se pose pas
00:44:31ailleurs. Mais le concordat
00:44:33qui, donc,
00:44:35concerne Metz, impose aux
00:44:37communes, à l'inverse, de soutenir
00:44:39l'entretien des édifices religieux.
00:44:41Oui, mais voilà, le concordat, il est signé il y a quelques
00:44:43années maintenant. Et donc,
00:44:45les religions concordataires, c'est d'ailleurs
00:44:47un abus de langage, parce que le concordat, normalement, c'est entre
00:44:49le Saint-Siège et un État. Mais bon,
00:44:51en abus de langage, les religions concernées
00:44:53par le concordat, ce sont les catholiques,
00:44:55les juifs et certains cultes
00:44:57protestants. Même pas toutes les mouvances
00:44:59du protestantisme. Donc,
00:45:01évidemment, le culte musulman n'est pas
00:45:03concerné, puisqu'il n'était pas concerné à
00:45:05l'époque, il n'était pas existant à l'époque,
00:45:07en réalité. Donc, c'est finalement
00:45:09le droit local qui gère le culte musulman,
00:45:11le droit des associations, et c'est
00:45:13là où il y a des failles juridiques dans lesquelles tout le monde
00:45:15se glisse. Alors, la gauche, c'est très
00:45:17intéressant de voir comment ça fonctionne. La gauche,
00:45:19globalement, est opposée au concordat,
00:45:21localement. Mais elle est divisée
00:45:23sur ces dossiers-là. Il y en a certains qui disent
00:45:25« Nous, on est opposés au concordat, donc quoi qu'il arrive, les subventions,
00:45:27on les refuse. » Et il y a l'autre gauche qui dit
00:45:29« Oui, mais les subventions, elles sont accordées aux autres cultes
00:45:31concordataires, donc, par souci d'égalité
00:45:33et de justice sociale, disent-ils,
00:45:35il faut l'accorder aussi. » Le maire, lui,
00:45:37il invoque l'égalité des citoyens,
00:45:39puisque certains ont des subventions,
00:45:41tous doivent les avoir. Et l'opposition
00:45:43RN, et à l'époque, l'opposition LR même,
00:45:45au moment de la césation du terrain,
00:45:47elle répond que les citoyens sont
00:45:49tous égaux de croire
00:45:51et de pratiquer,
00:45:53mais que là, la question concerne le financement
00:45:55d'un édifice, et que l'islam
00:45:57ne fait pas partie du concordat,
00:45:59je les cite, pour des raisons historiques.
00:46:01Oui, mais voilà, là s'invite
00:46:03le débat de la lecture historique
00:46:05de la France, de manière plus générale,
00:46:07vous allez voir, on retrouve des débats qui ne sont pas très...
00:46:09qui ne sont pas
00:46:11propres à la ville de Metz.
00:46:13Le président de l'union des associations culturelles
00:46:15et cultuelles des musulmans de Metz,
00:46:17lui, a contredit
00:46:19la chose lors de la pose de la première
00:46:21pierre de cette mosquée, en présence de tous les
00:46:23partis politiques. Je le cite.
00:46:25« Faut-il rappeler à tous les citoyens français
00:46:27que la présence musulmane
00:46:29ne date pas d'aujourd'hui. » Alors, au moment où
00:46:31il pose la première pierre, c'est vrai que ça date pas d'aujourd'hui,
00:46:33je comprends bien qu'il parle un peu plus largement
00:46:35que ça. Il parle notamment de l'engagement
00:46:37de musulmans au service de la France.
00:46:39Ça a été vrai dans l'histoire,
00:46:41ça a été vrai particulièrement, si on
00:46:43prend un exemple dans le dossier algérien,
00:46:45et ce sont précisément les musulmans que la France a lâchés.
00:46:47C'est très original, et ça pourrait
00:46:49ouvrir à l'occasion d'autres
00:46:51chroniques, mais aujourd'hui, je prends
00:46:53cet exemple à dessein, parce que vous avez
00:46:55aujourd'hui même des musulmans qui choisissent la France
00:46:57qui sont aujourd'hui traités de harkis.
00:46:59Donc on a un petit problème précisément
00:47:01au sein même, dans la manière de
00:47:03considérer le rapport à la France.
00:47:05Mais ce n'est pas ce qui est évoqué ici.
00:47:07Mais collectivement, la question
00:47:09de l'islam en France
00:47:11est évidemment nouvelle.
00:47:13Et il y a deux choses extrêmement
00:47:15factuelles qui prouvent que
00:47:17quand on dit que la présence
00:47:19des musulmans ne date pas d'aujourd'hui, c'est vrai,
00:47:21mais la présence de l'islam comme question
00:47:23politique, comme question d'organisation de la cité,
00:47:25beaucoup plus. La première chose,
00:47:27c'est son absence du Concordat. Et d'ailleurs,
00:47:29le maire le sait mieux que personne, il s'est battu
00:47:31depuis 2006 pour faire
00:47:33introduire l'islam dans les religions
00:47:35concordataires. Donc ça n'a
00:47:37jamais abouti,
00:47:39mais il se trouve que s'il y avait absence du
00:47:41Concordat, c'est qu'a priori il y avait absence de la question
00:47:43de l'islam en France à l'époque.
00:47:45La deuxième chose, c'est l'existence
00:47:47au sein de ce futur complexe, je vous ai cité
00:47:49tout ce qui existait, mais il y aura également un musée
00:47:51dédié, je cite,
00:47:53à l'histoire de la civilisation musulmane
00:47:55et à l'apport de l'immigration.
00:47:57Ce n'est pas moi qui fais le lien, c'est le
00:47:59futur complexe précisément
00:48:01de cette mosquée. Il y a donc un musée
00:48:03qui nous explique que l'histoire de la civilisation musulmane
00:48:05s'est imposée en France
00:48:07par le biais de l'immigration extra-européenne
00:48:09qui est donc récente.
00:48:11Auquel on pourrait ajouter
00:48:13justement l'engagement du maire.
00:48:15Le maire, c'est très intéressant. Il y a quelques
00:48:17années, Dalil Boubaker, qui était à l'époque
00:48:19à la tête du CFCM,
00:48:21avait demandé que l'on double le nombre
00:48:23de mosquées en France, disant il y a désormais
00:48:257 millions de musulmans, alors lui c'était son chiffre
00:48:27qui est discuté partout, peu importe. Il disait
00:48:29il y a désormais beaucoup de musulmans, il faut
00:48:31doubler, le nombre de mosquées ne suffit
00:48:33plus puisqu'il y a plus de musulmans qu'avant.
00:48:35C'est donc bien qu'il y ait une évolution.
00:48:37Et le maire, plus récemment
00:48:39cette fois-ci, fustigeait
00:48:41la théorie paranoïaque, c'est un nouveau mot
00:48:43à ajouter aux chroniques de Mathieu,
00:48:45la théorie paranoïaque du grand remplacement
00:48:47et la montée de l'islamophobie,
00:48:49mot qu'il reprenait à son compte,
00:48:51pour expliquer l'opposition à la construction de
00:48:53cette grande mosquée. Mais précédemment
00:48:55il était maire d'une petite commune,
00:48:57non loin de Metz, qui comptait
00:48:5914 000 habitants. A l'époque, il avait
00:49:01déjà subventionné la construction de la mosquée,
00:49:03comment l'avait-il expliqué ?
00:49:05En disant, ma ville compte désormais
00:49:0745% des
00:49:0914 000 habitants sont désormais des fidèles
00:49:11musulmans, il est donc normal
00:49:13qu'il y ait des édifices religieux.
00:49:15Je pense que s'il revoit l'histoire
00:49:17de sa petite commune, non loin de Metz,
00:49:19de 14 000 habitants, 45%
00:49:21des habitants qui sont musulmans, c'est probablement
00:49:23assez récent. C'est donc bien que
00:49:25la question est nouvelle, et qu'elle mérite
00:49:27d'être étudiée comme une question nouvelle
00:49:29et non pas balayée, comme si on avait
00:49:31toujours fait comme ça, ce qui est évidemment faux.
00:49:33Mais qu'est-ce qu'il faut en conclure,
00:49:35Charlotte Dornelas ? Les musulmans
00:49:37ont le droit de pratiquer
00:49:39leur culte exactement comme les autres français,
00:49:41alors, qu'est-ce qu'il faut répondre ? Ils ont aussi
00:49:43leur droit. Eh bien, c'est exactement la question
00:49:45qui n'a pas été prudemment
00:49:47étudiée au moment de
00:49:49mettre en place une politique d'immigration.
00:49:51D'abord, elle n'a pas été étudiée parce qu'on n'a pas
00:49:53voulu voir que l'importation
00:49:55de populations entraînait
00:49:57une importation éventuellement de cultures,
00:49:59de pratiques, d'us et
00:50:01de coutumes qui étaient différentes.
00:50:03On a voulu croire que tout le monde était interchangeable,
00:50:05que ça allait bien se passer par principe.
00:50:07Non seulement on n'a pas voulu le croire, mais comme on savait
00:50:09que ça allait être plus compliqué dans la population,
00:50:11on ne lui a pas demandé son avis. Sauf que la
00:50:13digestion de culture extérieure, elle ne se
00:50:15fait que par la population.
00:50:17Donc quand vous ne lui demandez pas son avis,
00:50:19que vous niez même le
00:50:21fait de voir ce qu'il voyait, que vous
00:50:23niez l'inquiétude que ça peut générer, vous n'êtes pas
00:50:25obligés d'être d'accord, mais le fait est que ça génère
00:50:27de l'inquiétude, eh bien forcément au bout
00:50:29de quelques années, la question se pose de manière un peu
00:50:31plus éruptive.
00:50:33Et il existe
00:50:35chez certains la crainte du
00:50:37pédigré de cette mosquée. Certains ont soulevé
00:50:39qu'il y avait une proximité avec
00:50:41Milligorus, vous savez le mouvement turc, qui sont
00:50:43très présents évidemment dans cette région-là.
00:50:45Le soutien il y a quelques années au CCIF
00:50:47qui depuis a été dissous, donc
00:50:49il y a la question de l'islamisme qui
00:50:51en inquiète certains. L'islamisme
00:50:53juste à des sens, ça inquiète aussi
00:50:55dans les pays musulmans, donc il y a quand même des bonnes raisons
00:50:57a priori de s'inquiéter de l'islamisme. Mais
00:50:59en l'occurrence, c'est beaucoup plus large que ça.
00:51:01La question c'est toujours, on en revient
00:51:03toujours à ce sentiment de dépossession
00:51:05culturelle, et évidemment en ce qui concerne
00:51:07la mosquée, le refus de
00:51:09financer cette dépossession.
00:51:11Il y a un échange révélateur entre une des
00:51:13associations qui s'opposent et le maire
00:51:15de Metz. La première s'inquiète
00:51:17par exemple de l'apprentissage de la langue arabe
00:51:19au sein de ce complexe, et le maire de répondre
00:51:21l'arabe doit être appris pour ce qu'elle est
00:51:23une langue étrangère, et cela
00:51:25s'adresse aux nombreux mécins dont la famille
00:51:27est originaire d'un pays où il s'agit
00:51:29de la langue maternelle. Donc il nous dit
00:51:31l'arabe doit être, donc on va subventionner
00:51:33un endroit où on apprend l'arabe, mais c'est
00:51:35une langue étrangère, mais qui ne concerne pas
00:51:37l'apprentissage d'une langue étrangère, mais l'apprentissage
00:51:39d'une langue qui est celle de vos parents.
00:51:41Donc vous prolongez finalement
00:51:43l'importation linguistique.
00:51:45Une langue dans l'harmonie d'un peuple
00:51:47c'est pas rien, et en plus
00:51:49là en l'occurrence il s'agit d'une langue religieuse.
00:51:51La deuxième chose, pareil, l'association évoque
00:51:53une immense mosquée. C'est pas
00:51:55le fait de la taille de la mosquée, c'est
00:51:57qu'une immense mosquée ça change un paysage
00:51:59par exemple. Quand on a une expression qui dit on va remettre
00:52:01l'église au milieu du village, c'est précisément
00:52:03parce que ça fait partie d'un paysage culturel.
00:52:05Donc vous voyez que la question
00:52:07c'est la question évidemment de
00:52:09l'appartenance culturelle. Question par ailleurs
00:52:11qui ne fait pas hurler les mêmes en général quand elle est
00:52:13invoquée pour les Kanaks, les Comoriens,
00:52:15les Palestiniens, les Algériens.
00:52:17Là ça ne pose pas la question.
00:52:19La question ça n'est pas la foi des personnes.
00:52:21C'est la question du basculement
00:52:23culturel. C'était évidemment une
00:52:25question qu'il fallait se poser au moment
00:52:27du basculement on va dire sur
00:52:29l'immigration. Une question qu'il faut se poser aujourd'hui
00:52:31parce qu'en effet une des conséquences c'est que
00:52:33la possibilité du culte est due
00:52:35aux musulmans. Ça c'est vrai. Mais le
00:52:37problème c'est que la question c'est est-ce que
00:52:39les populations arrivent à
00:52:41s'entendre sur le terrain culturel ?
00:52:43Là il y a une véritable question de
00:52:45de plus en plus pressante
00:52:47et qui à mon avis devrait inquiéter
00:52:49politiquement.
00:52:51Merci beaucoup pour ce dossier
00:52:53analysé juridiquement, administrativement
00:52:55à tout point de vue
00:52:57et au travers de la laïcité aussi
00:52:59qui prolongeait aussi le sujet
00:53:01de Marc Menand.
00:53:03Dernière analyse, Louis
00:53:05Alliot, maire de Perpignan,
00:53:07Mathieu Bocoté a rappelé que l'humanité,
00:53:09le quotidien communiste avait pactisé
00:53:11avec les autorités d'occupation nazie
00:53:13en 1940. Alors la gauche
00:53:15conteste et jute
00:53:17cette affirmation scandaleuse.
00:53:19Nous on va s'intéresser un petit peu
00:53:21à tout ça pour bien comprendre. Personne
00:53:23ne peut nier ou remettre en cause, Mathieu
00:53:25le fait que les communistes ont été
00:53:27résistants pendant
00:53:29la guerre. Alors comment
00:53:31comprendre ce pass d'armes
00:53:33qu'il y a entre le RN et l'humanité?
00:53:35Alors, nul ne conteste
00:53:37que les communistes ont été résistants.
00:53:39Reste à savoir à partir de quand.
00:53:41Est-ce que c'est lorsque la France a été
00:53:43attaquée qu'ils sont devenus résistants?
00:53:45Ou c'est lorsque l'Union soviétique a été
00:53:47attaquée qu'ils sont devenus résistants?
00:53:49Ça change un peu. C'est une forme de patriotisme
00:53:51dans les deux cas. Mais c'est pas un patriotisme français,
00:53:53c'est un patriotisme soviétique. J'y reviens.
00:53:55Je ne dis pas qu'il n'y a pas des communistes qui ont résisté dès 40.
00:53:57Je dis que le grand mouvement arrive en 40e.
00:53:59Mais revenons sur la passe d'armes.
00:54:01C'est une querelle entre des journalistes
00:54:03autour de Brice Toussaint et
00:54:05Louis Alliot. On parle d'une enquête
00:54:07de libération à propos de Jordan Bardella.
00:54:09Et Louis Alliot
00:54:11dit un instant ce type d'enquête
00:54:13qui vient
00:54:15de cet univers.
00:54:17La presse est libre.
00:54:19Il dit
00:54:21« Je suis libre de dire ce que je veux, ce que je pense.
00:54:23C'est la véritable liberté d'expression et de pensée.
00:54:25C'est la démocratie, le pluralisme des opinions. »
00:54:27C'était ça?
00:54:29On tombe assez rapidement sur la question de l'humanité.
00:54:31Et là, il évoque justement la presse politique.
00:54:33Il dit l'humanité, oui, ce journal
00:54:35qui, effectivement, au moment
00:54:37où l'armée allemande arrive,
00:54:39les six semaines se passent, l'armée allemande arrive,
00:54:41il y a la capitulation, enfin l'armistice de 22
00:54:43juin, et bien il y a l'humanité
00:54:45qui est le journal, globalement, du Parti
00:54:47communiste. Et l'humanité,
00:54:49qu'est-ce qu'elle va faire? C'est le journal aujourd'hui financé,
00:54:51il ne faut pas l'oublier, financé par
00:54:53les aides à la presse. D'ailleurs, ce sont les aides à la presse
00:54:55sur un journal sans lecteur et qui n'existerait plus.
00:54:57Gardons-le à l'esprit, ça n'existe
00:54:59que par l'argent des électeurs du
00:55:01RN, à bien des égards, et de
00:55:03la Macronie. Fin de la parenthèse,
00:55:05ce journal,
00:55:07en 40, va demander
00:55:09aux autorités allemandes, nazies,
00:55:11d'occupation, le droit de reparaître,
00:55:13de paraître à nouveau.
00:55:15Le 27 juin, deux membres du comité
00:55:17central du Parti communiste vont
00:55:19faire cette demande à Otto Abetz, qui est
00:55:21un peu l'ambassadeur, en quelque sorte,
00:55:23du Troisième Reich à Paris.
00:55:25Ils vont demander la permission
00:55:27de reparaître. Donc, ça, c'est
00:55:29factuel. Ce n'est pas une
00:55:31opinion. Le Parti communiste
00:55:33à travers l'humanité
00:55:35va chercher à s'entendre avec
00:55:37les autorités d'occupation.
00:55:39Donc, c'est ce que dit Louis Alliaud.
00:55:41Il ne dit pas autre chose, mais il dit quand même quelque chose
00:55:43de gros. Que répond
00:55:45l'humanité devant cela?
00:55:47Est-ce que l'humanité répond en disant « Aïe, aïe, aïe,
00:55:49oui, c'est vrai, on a une page noire dans notre histoire,
00:55:51mais pour le reste, on est quand même des gens très
00:55:53respectables? » Non. — Peut-être qu'il peut dire que c'est
00:55:55ponctuel, effectivement. — C'est ponctuel,
00:55:57comme ça, les Allemands étaient là. On a voulu s'entendre avec eux
00:55:59de ce point de vue. C'est ponctuel.
00:56:01François Mitterrand a reçu la Francisque,
00:56:03a fait don de sa personne au maréchal Pétain,
00:56:05puis c'est le fondateur du Parti socialiste, mais on ne le rappelle pas aujourd'hui.
00:56:07Il y a plein de choses qui sont ponctuelles dans la vie.
00:56:09Mais dans ce cas-là,
00:56:11ce qui est assez original, c'est qu'on
00:56:13est devant un événement historique reconnu.
00:56:15Que répondent les gens de l'humanité?
00:56:17Non, c'est faux. À partir de
00:56:191941 jusqu'à 1945,
00:56:21plusieurs des nôtres de l'humanité
00:56:23ont été fusillés, ont été
00:56:25victimes de l'occupant.
00:56:27Et de ce point de vue, nous sommes
00:56:29du camp de la résistance. Mais c'est tout
00:56:31à fait vrai à partir de 1941.
00:56:33Donc à partir du moment où
00:56:35les nazis envahissent l'URSS,
00:56:37l'humanité change
00:56:39de camp, à tout le moins, ou à tout le moins,
00:56:41entre clairement en résistance. Mais la petite partie
00:56:43qui est antérieure, qui nous rappelle évidemment
00:56:45l'entente entre les communistes, l'URSS
00:56:47et l'Allemagne nazie dans le
00:56:49Pacte Molotov-Ribbentrop, qui est
00:56:51l'alliance des totalitarismes qui a permis
00:56:53de dépasser notamment la Pologne et tant d'autres choses.
00:56:55Mais ça, c'est la partie honteuse
00:56:57et cachée de l'histoire du
00:56:59communisme. Je note, soit dit en
00:57:01passant, qu'une partie des hommes politiques ou des
00:57:03femmes politiques de gauche ont aussi répondu
00:57:05en disant non, non, non, on s'intéresse à partir de 1941.
00:57:07La Deuxième Guerre mondiale, c'est 1941-1945.
00:57:09Avant, ça compte pas.
00:57:11Par exemple, Mme Sophie Taillé-Polliam,
00:57:13qui lutte
00:57:15de manière acharnée contre CNews,
00:57:17si je me permets de le mentionner,
00:57:19dit que la liberté de presse et la défense des droits
00:57:21des journalistes est consubstantielle
00:57:23à un régime démocratique, n'en déplaise
00:57:25ORN, qui relaie des mensonges ignobles.
00:57:27Premièrement, j'aimerais savoir à quel moment
00:57:29Louis Alliot s'est opposé à la liberté de presse.
00:57:31Il a dit que ce sont des techniques
00:57:33illégitimes. Ensuite, devenant
00:57:35cette dame, c'est original. Et par ailleurs, peut-elle
00:57:37nous dire ce qui est faux et ce qui est un mensonge
00:57:39ignoble? Est-ce qu'elle va nous dire?
00:57:41Est-ce qu'elle nous dit, Mme
00:57:43Taillé-Polliam, est-ce qu'elle nous dit
00:57:45que l'humanité n'a pas demandé
00:57:47la permission de paraître aux
00:57:49autorités d'occupation nazies?
00:57:51Si tel est le cas, je serais heureux
00:57:53de m'amender. Si ce n'est pas le cas,
00:57:55c'est étonnant. Mais ça nous rappelle toute l'histoire
00:57:57du rapport trouble au communisme en France
00:57:59qui va jusqu'à aujourd'hui. Rappelez-vous
00:58:01quand, en 1997, le livre noir
00:58:03du communisme paraît,
00:58:05dirigé par Stéphane Courtois,
00:58:07100 millions de morts, c'est le chiffre qui est donné,
00:58:09Lionel Jospin dit
00:58:11« Je suis fier d'avoir des communistes dans mon gouvernement. »
00:58:13La fierté qu'on peut.
00:58:15Et pourquoi
00:58:17ce que vous appelez cette manipulation
00:58:19historique est-elle aussi importante
00:58:21aujourd'hui, en 2024?
00:58:23Parce que la gauche a toujours la même méthode
00:58:25qui est celle de l'invisibilisation.
00:58:27C'est-à-dire là, qu'est-ce qu'on dit? On ne répond pas aux arguments.
00:58:29On ne répond pas à l'argument jusqu'à 1941.
00:58:31On ne répond pas, tout simplement. Donc, ne répondant pas,
00:58:33on laisse le réel de côté.
00:58:35On crie presque à la fake news.
00:58:37Rappelez-vous quand Solzhenitsyn a eu son rôle
00:58:39immense dans la révélation de l'archipel du Goulag,
00:58:41c'est le titre de son livre, évidemment,
00:58:43on a dit « En fait, c'est faux. C'est faux et en fait, vous faites le jeu
00:58:45du capitalisme et des Américains. »
00:58:47On perd le jeu de l'extrême droite aujourd'hui.
00:58:49« Et vous êtes un agent de la CIA. »
00:58:51On allait jusque-là. Donc, c'est toujours la même technique
00:58:53du déni. Et j'aimerais dire que l'histoire de la gauche
00:58:55est une histoire complexe avec des figures
00:58:57quelquefois iconiques qui mériteraient d'être révisées.
00:58:59Je ne mentionnerai pas l'appui de Michel Foucault
00:59:01à la révolution islamiste en Iran.
00:59:03Je ne le mentionnerai pas.
00:59:05Mais je vais mentionner
00:59:07cette même phrase en un mot
00:59:09de Jean-Paul Sartre,
00:59:11grand humaniste. 1973.
00:59:13« Dans un pays révolutionnaire
00:59:15où la bourgeoisie aurait été chassée du pouvoir,
00:59:17les bourgeois qui fomenteraient une émeute
00:59:19ou un complot mériteraient la peine de mort.
00:59:21Non que j'aurais la moindre colère contre eux.
00:59:23Il est naturel que les réactionnaires agissent
00:59:25dans leur propre intérêt. Mais un régime révolutionnaire
00:59:27doit se débarrasser d'un certain nombre
00:59:29d'individus qu'il menace. Et je ne vois pas là
00:59:31d'autres moyens que la mort. On peut toujours
00:59:33sortir d'une prison. »
00:59:35Ça, c'est Jean-Paul Sartre. Vous savez, on nous le présente encore
00:59:37comme un philosophe de référence. Admirable.
00:59:39Il est au cœur de l'imaginaire gauche française.
00:59:41Partisan de la peine de mort pour raisons politiques.
00:59:43Est-ce qu'on doit encore l'admirer?
00:59:45En matière de dérapage, c'est quand même pas mal.
00:59:49Bien travaillé, disons.
00:59:51Merci beaucoup.
00:59:53On est presque énervés, ce soir.
00:59:55Excellente suite de Poral. Merci beaucoup, Irégis. Merci, Charlotte. Merci, Marc.
00:59:57L'heure des pros 2.