Etats-Unis : les "égarements" du président Joe Biden posent question

  • il y a 4 mois

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00:00Politique américaine maintenant. Il y a quelques mois, les médias auraient parlé de bourde à répétition.
00:05Mais aujourd'hui, le doute s'installe. Joe Biden a-t-il la mémoire qui flanche ?
00:09A-t-il les capacités de finir son mandat, mais surtout de rempiler pour quatre nouvelles années à la Maison Blanche ?
00:15Les séquences gênantes se multiplient. Vous allez voir Joe Biden un peu perdu au G7,
00:24au dernier G7 à Paris, dans les pouilles italiennes. On ne va peut-être pas le voir alors.
00:29Le président, qui est âgé aujourd'hui de 81 ans, voilà le président Joe Biden,
00:35qui regarde ailleurs alors que les autres dirigeants sont concentrés sur un seul point.
00:41Georgia Melanie va ensuite aller le chercher pour recentrer Joe Biden avec les autres dirigeants.
00:49Et puis on va écouter un autre extrait, un extrait de son discours.
00:52C'était cette semaine, Joe Biden s'exprimait sur les migrants.
00:59Merci beaucoup.
01:23Voilà, pour cet extrait vrai, Mathieu Mabin, on vous retrouve en direct de Washington comme chaque jour.
01:28Vous me disiez en préparant que ces bugs sont bien sûr à la une des médias américains et sont très commentés.
01:34Première question très simple, comment va Joe Biden officiellement ?
01:40Alors, il y a un vrai paradoxe autour de cette question.
01:44Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, on est obligé de parler du tabou
01:48qu'a longtemps représenté la question de la santé des présidents américains.
01:52Un tabou parce que ici aux Etats-Unis, le secret médical s'applique à tous les citoyens et y compris aux présidents des Etats-Unis.
01:58La Maison-Blanche publie, via le médecin du président, un communiqué chaque année
02:04qui, sans entrer dans le détail, rassure les citoyens sur la santé du commandant en chef, pour faire simple.
02:09Mais ce n'est pas une obligation constitutionnelle et il ne s'agit pas à proprement parler d'un bilan de santé, en tout cas pas public.
02:17D'abord, quand la question de la santé du président ne se pose pas,
02:21il arrive que le service de santé de la Maison-Blanche ne communique pas du tout et fasse l'impasse.
02:26C'était le cas sous Barack Obama plusieurs années consécutives, par exemple.
02:31Sous Donald Trump, il y avait bien une communication mais qui visait à mettre en valeur la forme exceptionnelle du président.
02:38Evidemment, ce qui est paradoxal avec Joe Biden, c'est qu'il est désormais devenu impossible
02:43et on vient de le voir, de ne pas admettre qu'il y a un problème.
02:47Mais plusieurs choses font que les bugs présidentiels ne sont pas encore le sujet central de la campagne.
02:55Donc comprenez par là que ça pourrait le devenir.
02:57D'abord, chez Joe Biden, les choses sont très progressives et surtout pas nouvelles.
03:03Le président en exercice est toujours passé pour un gaffeur dans son parcours politique.
03:08Même à 40 ans, il était déjà adepte des lapsus dans des discours et coutumier des maladresses autour du verbe autant que dans les gestes d'ailleurs.
03:21On le disait, trop tactile avec les femmes notamment.
03:24Et dans ce domaine, il n'a jamais vraiment réussi à se corriger malgré les rappels à l'ordre consécutif.
03:30Ensuite, Joe Biden n'en fait pas du tout mystère.
03:33Il l'a même en quelque sorte utilisé comme atout.
03:36L'expression orale n'a jamais été son fort.
03:39Le récit de son combat contre le bégaiement a même inspiré beaucoup de jeunes Américains qui traversaient les mêmes difficultés.
03:46Et donc, le public américain a fini par développer une forme d'indulgence au gré des dérapages présidentielles.
03:52Ensuite, durant la mandature Trump et à mesure que la candidature de Joe Biden à l'élection présidentielle de 2020 se confirmait,
04:00les supporters de Donald Trump ont tellement utilisé ces gaffes pour décrédibiliser le président que cela a fini par avoir l'effet inverse.
04:08Il devenait en tout cas ici à Washington quasiment trumpiste de remarquer les faiblesses de Joe Biden.
04:15Et en quelque sorte, il en reste quelque chose aujourd'hui.
04:18Mais ce qui coupe un peu l'herbe sous le pied des détracteurs de Joe Biden,
04:21et jusque dans son propre camp où la question de son âge et de son état de santé est aussi un sujet,
04:27c'est que ces gaffes, ces lapsus, ces chutes à répétition,
04:31et plus récemment le fait qu'ils se figent, comme on vient de le voir durant certaines prises de parole,
04:36cela ne s'est réellement jamais traduit en une quelconque forme concrète d'incapacité à gouverner en réalité.
04:43En tout cas, rien de visible.
04:44Personne n'est parvenu à démontrer que sa fragilité évidente a eu un impact sur une décision,
04:50l'a fait manquer un rendez-vous.
04:52Et on l'a clairement vu lors du dernier discours sur l'état de l'Union,
04:56une prestation sur laquelle il était évidemment attendu par la presse du monde entier
05:00et par tout ce qu'il compte d'adversaires politiques, étrangers ou domestiques, pour reprendre la célèbre formule.
05:06Seulement voilà, ça n'empêche pas les Américains de s'interroger,
05:09et notamment les électeurs démocrates, et encore plus dans une campagne qui offre comme perspective
05:14un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, évidemment.
05:17En clair, l'Amérique ne va pas mal.
05:19La Maison-Blanche n'est pas en train de gérer des dizaines d'émeutes sanglantes partout à travers le pays,
05:24comme cela a pu être le cas, par exemple, lors de l'affaire George Floyd.
05:27Mais à l'international, en revanche, la figure tutélaire du président des États-Unis s'oppose,
05:33par exemple, à celle de Vladimir Poutine,
05:36qui, tout au long de sa vie politique, n'a jamais cessé de se mettre en scène
05:40dans des postures viriles et guerrières que vous connaissez.
05:43Et donc, pour répondre directement à votre question,
05:45il y a une inquiétude qui n'est plus de savoir comment le président va bien pouvoir finir son mandat,
05:51mais tout simplement comment il va bien pouvoir d'abord assumer une campagne présidentielle,
05:55ce qui est tout simplement l'exercice politique le plus dur qui existe.
05:58Et clairement, quand on interroge les Américains,
06:02on ne rencontre pas grand monde qui envisage que Joe Biden puisse réaliser l'intégralité d'un second mandat.
06:10Vous parlez d'inquiétude, d'indulgence,
06:12mais pas question néanmoins de changer le candidat à cinq mois de la présidentielle ?
06:20Non, et d'ailleurs, ça nous permet de s'interroger sur ce que fabriquent les démocrates dans leurs coins.
06:27C'est une question à laquelle le Parti démocrate a tenté de répondre,
06:32et notamment au travers des déclarations de Kamala Harris, la vice-présidente,
06:36et au moment où, vous vous en souvenez,
06:38au moment de la sortie d'un rapport du procureur spécial Robert Ourre,
06:42qui considérait que Joe Biden montrait des faiblesses telles,
06:45et notamment en matière de mémoire,
06:48que le sujet de son aptitude à gouverner ne pouvait plus être éludé.
06:51Du pain béni évidemment pour l'opposition républicaine, on l'a dit,
06:54mais aussi et surtout cela avait renforcé l'obligation du camp démocrate à s'interroger sur le sujet,
07:00et surtout à le faire publiquement.
07:02Kamala Harris s'était globalement contentée de dénoncer les motivations politiques de l'auteur du rapport.
07:09Mais concrètement, ça n'a pas suffi.
07:11Si on exclut le parcours de Donald Trump,
07:15qui reste techniquement tout à fait exceptionnel dans l'histoire des présidentielles américaines,
07:19il est essentiel de comprendre qu'un candidat est d'abord désigné par un appareil.
07:24Pour Joe Biden, cet appareil, c'est le tout-puissant Parti démocrate
07:28sur lequel son influence est aujourd'hui décisive.
07:31Lors de sa candidature en 2020, le candidat Biden avait juré qu'il concourait pour un seul mandat.
07:37Il avait d'ailleurs sidéré un peu tout le monde en se contredisant
07:42et en annonçant qu'il serait probablement candidat à sa succession,
07:45mais sans provoquer de levée de bouclier réelle.
07:48Pour un candidat à l'élection présidentielle américaine,
07:50il est parfaitement normal de s'engager dans deux mandats, c'est le jeu.
07:53Et donc, il n'y a pas vraiment de primaire pour un président sortant.
07:58C'est concrètement ce qui a empêché un candidat démocrate alternatif d'émerger.
08:03On verra bien avec qui Joe Biden va décider de concourir.
08:06La Convention démocrate approche, Kamala Harris a annoncé qu'elle était disponible,
08:10mais strictement rien n'est inscrit dans le marbre.
08:13Son impopularité chronique à Kamala Harris dans le camp démocrate
08:17va nécessairement se révéler être un problème.
08:20Et l'idée que Joe Biden abdique en cours de mandat pour donner à l'Amérique
08:24la première femme présidente et afro-américaine de surcroît,
08:28cette idée semble réellement avoir du plomb dans l'aile.
08:31Alors, à quoi jouent les démocrates ?
08:33Eh bien, on a tout simplement l'impression ici qu'ils jouent selon les règles relativement rigides
08:38d'une élection présidentielle aux États-Unis,
08:41jusqu'à assumer le paradoxe selon lequel une écrasante majorité d'électeurs démocrates
08:47ne veulent tout simplement pas de Joe Biden comme candidat.
08:50Ce qui évidemment ravit Donald Trump et surtout consolide ses chances de l'emporter.
08:55Merci infiniment Mathieu Mabin pour ce commentaire.

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