Céline Pina - L’extrême droite et les conséquences en Europe

Sud Radio

31/05/2024

L'édito de Céline Pina, chaque vendredi à 8h10

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##CELINE_PINA-2024-05-31##

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00:00 8h30, Patrick Roger.

00:02 Il est 8h13, Céline Pina. Bonjour.

00:05 Bonjour.

00:06 Vous vous êtes intéressée à ce qui pourrait éventuellement changer dans le fonctionnement de l'Europe

00:11 avec la dynamique électorale de la droite extrême et des populismes.

00:16 Oui, dans TELOS, un site que je vous recommande,

00:19 des chercheurs se sont intéressés à l'impact sur la politique en Europe

00:23 de deux phénomènes qui caractérisent aujourd'hui nos sociétés politiques.

00:27 Le premier, c'est la fragmentation de l'offre politique

00:30 et le second, c'est la montée des partis populistes, notamment à droite.

00:34 Pour mesurer cette montée, les auteurs de l'article utilisent un chiffre parlant.

00:38 Aujourd'hui, les partis populistes détiennent plus de 30% des sièges dans les parlements

00:42 contre à peine 10% dans les années 2000.

00:45 Dans le même temps, la fragmentation, c'est-à-dire le repli sur soi individuel et communautaire,

00:51 au détriment du sentiment d'appartenance à la nation,

00:53 a fait éclater le paysage politique.

00:56 La politique ne se joue plus entre deux blocs, mais est devenue quadripartite.

01:00 Centre-gauche et centre-droite s'affaiblissent et les populistes montent.

01:05 Entre gravitent quelques partis susceptibles de tirer un rôle de faiseur de roi,

01:09 d'une assise électorale réduite mais très engagée.

01:12 Ainsi, alors que dans les années 2000, les gouvernements composés de trois partis ou plus

01:17 tournaient autour des 30-40%, ils sont 60% aujourd'hui.

01:21 Cette dynamique concerne tous les pays d'Europe,

01:24 d'autant que dans certains, l'extrême-droite est devenue majoritaire.

01:27 C'est le cas en Italie, en Hongrie, en Croatie.

01:30 Et cette fragmentation oblige les anciens partis de gouvernement

01:34 à des coalitions larges, en mode UMPS si vous préférez,

01:38 dont le soutien populaire est souvent faible.

01:41 Le problème est que les faiseurs de roi, ceux qui sont aux extrémités du râteau,

01:45 chargés de rassembler les soutiens populaires,

01:47 ont un programme radical et qu'il faut bien leur donner des miettes à manger.

01:51 Du coup, on crispe la société, ce qui renforce de fait la fragmentation.

01:55 Le râteau finit donc par avoir du mal à récolter les feuilles.

01:58 Cela se traduit dans les intentions de vote aux européennes.

02:01 L'irrésistible ascension dans les sondages de Jordane Bardella

02:05 et la chute de Valérie Haillet l'illustrent.

02:07 - Et concrètement, qu'est-ce que ça va changer ? Qu'est-ce que ça peut changer ?

02:10 - Eh bien, le poids de la droite radicale peut en faire un partenaire potentiel

02:14 pour la droite traditionnelle.

02:15 Pour l'instant, ce n'est égale le cas.

02:17 Les parlementaires européens de la droite radicale

02:19 ne s'illustrent pas par leur travail législatif.

02:22 Ce qui est en cohérence avec leur stratégie électorale

02:25 qui consistait à se faire élire en se positionnant contre l'Europe.

02:28 La stratégie de respectabilité change la donne.

02:31 À partir du moment où l'extrême droite renonce au Frexit

02:34 et discute aujourd'hui de l'orientation de l'Europe,

02:37 elle ne peut plus refuser d'y jouer un rôle.

02:39 Le fait de pouvoir peser aussi joue un rôle dans cette motivation.

02:43 La droite radicale pourrait s'investir donc plus dans son rôle législatif

02:47 et gêner, voire à terme apparaître comme une alternative crédible

02:51 pour remettre en question la grosse coalition.

02:54 Cette alliance qui réunit une partie de la droite et de la gauche

02:57 et qui règle la politique européenne depuis une trentaine d'années.

03:01 En attendant, sur des questions concrètes,

03:03 des alliances de circonstances peuvent voir le jour.

03:06 - Et qu'est-ce que ça donnerait ?

03:07 - Eh bien, par exemple, un affléchissement notoire

03:09 de la politique de transition écologique,

03:11 notamment par rapport à l'agriculture.

03:13 La question des pesticides, par exemple.

03:15 La possibilité de faire évoluer des textes sur l'immigration

03:18 ou sur la question des frontières.

03:20 Le RN a donc le vent en poupe lors de ses élections,

03:23 à tel point que faire moins de 30% en France

03:25 serait quasiment vue comme une contre-performance.

03:28 S'il est vrai qu'il utilise avec succès ses Européennes

03:31 pour briser le plafond de verre qui l'empêche d'accéder au pouvoir,

03:34 il gagnerait donc à s'investir au Parlement européen

03:37 et à apprendre les joies du travail en coalition.

03:40 C'est aussi comme cela que le métier rentre.

03:43 Merci Céline Pinard.

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