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Taxation des supers profits : "On ne réglera aucun des problèmes du pays en augmentant les impôts", selon France Industrie
franceinfo
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22/03/2024
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a remis ce vendredi sur la table la question de la taxation des superprofits. Mais pour Alexandre Saubot, le président de France Industrie, "les profits sont déjà taxés".
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00:00
L'invité éco, Camille Revel.
00:03
Bonsoir à toutes et à tous. Notre invité ce soir est le président de France Industrie.
00:08
Bonsoir Alexandre Sautin.
00:09
Bonsoir.
00:09
Vous rassemblez 50 grandes entreprises privées et publiques des secteurs industriels, 31 fédérations.
00:15
La présidente de l'Assemblée, Yael Braun-Pivet, a remis ce matin sur la table une question un peu éternelle.
00:20
La taxation des super-profits étant donné l'état des finances publiques.
00:24
Le ministre de l'économie Bruno Le Maire répond que le gouvernement taxera
00:28
comme prévu dans le prochain budget les énergéticiens mais pas plus que ça.
00:32
Et je voudrais votre position sur cette question-là.
00:35
Écoutez, je pense que la France a de nombreux défis à affronter.
00:38
Elle a le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé du monde dans une économie ouverte.
00:42
Donc je pense que ça devrait être une évidence pour tout le monde qu'on ne règlera aucun des problèmes du pays
00:46
en augmentant les impôts en plus.
00:47
On a la redistribution la plus forte avec la réduction des inégalités la plus forte.
00:52
Donc aujourd'hui l'enjeu du pays c'est comment est-ce qu'on crée plus de richesses,
00:55
comment est-ce qu'on mobilise notre tissu économique, nos collaborateurs,
00:58
comment est-ce que le gouvernement simplifie notre environnement
01:01
pour répondre aux défis du pays qui soient sur l'emploi, sur les finances publiques, sur la décarbonation.
01:05
Il y a quand même des entreprises de votre secteur qui réalisent en 2023
01:08
des bénéfices records qui viennent d'être publiés.
01:10
C'est une très bonne nouvelle. L'État prend 25% de ce que les entreprises françaises gagnent.
01:14
Je crois que l'impôt sur les sociétés a fortement augmenté ces dernières années.
01:18
Donc les profits sont déjà taxés.
01:19
Après je sais que dans l'énergie il y a des dispositions spécifiques.
01:22
Donc vous les comprenez ?
01:24
Je crois que l'idée des dispositions c'est que les énergétiens sont protégés
01:28
quand le cours d'électricité tombe très bas
01:30
pour éviter que les investissements, notamment dans le renouvelable qu'ils ont fait,
01:34
soient pas rentables et pour inciter les gens à investir.
01:37
Et la contrepartie c'est quand le prix de l'électricité monte,
01:39
il restitue tout ou partie de ce qui dépasse.
01:42
Et ces dispositifs je pense fonctionnent.
01:44
Après dans quelles conditions je ne suis pas le plus grand expert de cette question technique.
01:47
Les États membres de l'Union européenne sur un autre dossier
01:50
viennent de valider une législation sur le devoir de vigilance.
01:52
Concrètement elle prévoit que les grandes entreprises
01:55
que vous représentez notamment pour votre secteur, l'industrie,
01:58
soient juridiquement responsables des violations des droits humains, sociaux, dommages environnementaux,
02:03
y compris pour leurs fournisseurs et filiales.
02:05
La balaie dans le camp du Parlement européen qui doit voter sur le texte mi-avril.
02:09
Alors vous, vous ne le cachez pas, vous êtes contre, profondément contre même.
02:13
Pourquoi ? Parce qu'on parle quand même d'enjeux forts, l'environnement, les droits de l'homme.
02:17
Pourquoi dire non ?
02:18
Tout le monde est d'accord sur les objectifs.
02:20
La question c'est comment on veut les atteindre.
02:22
Demander à des entreprises, en plus on parle de grandes entreprises,
02:24
je rappelle que ça descend jusqu'à 1000.
02:26
J'ai la chance de diriger une entreprise de 2000 personnes,
02:28
je ne me suis jamais vu comme une grande entreprise.
02:30
Et ce qui va nous être demandé par ce texte,
02:32
pour la majorité des entreprises qui y sont soumises,
02:34
est juste inapplicable.
02:36
Des dizaines de milliers de références, des milliers de fournisseurs,
02:39
des chaînes de valeurs qui ne sont pas limitées dans la profondeur,
02:42
donc ça peut être le rang 2, le rang 3, le rang 4,
02:44
avec des responsabilités lourdes, des investigations profondes
02:48
que les entreprises ne seront pas capables de faire.
02:50
On ne peut pas le faire.
02:52
Encore une fois, le texte français qui préexistait,
02:55
qui posait déjà pas mal de problèmes,
02:56
se limitait au rang 1 et ne traitait que les entreprises de plus de 5000.
03:00
Et quand vous les interrogez, déjà elles avaient du mal.
03:02
Mais imaginez qu'une entreprise comme la nôtre,
03:04
qui a 500 fournisseurs,
03:06
qui achète plus de 17 000 composants différents,
03:08
des composants qui eux-mêmes sont constitués
03:10
de dizaines de fournisseurs de rang 2 puis de rang 3,
03:14
la capacité à les auditer dans des conditions raisonnables
03:17
et avec un niveau de sécurité et de confort suffisant
03:21
est juste totalement illusoire.
03:23
Ce n'est pas comme ça qu'il faut prendre le problème.
03:25
- Et alors qu'est-ce qu'on doit faire face à ces enjeux qui sont cruciaux ?
03:28
- Il faut continuer à réaffirmer les objectifs.
03:30
Les entreprises, chaque fois qu'elles le peuvent,
03:32
s'interrogent sur avec qui elles travaillent, sur quels fournisseurs.
03:35
Mais ce type de réglementation doit être,
03:38
un, vu à l'aune de ce que les entreprises savent faire,
03:41
et deuxièmement, on ne peut pas être la seule région du monde
03:44
qui va faire courir un risque juridique à ces entreprises
03:46
quand les entreprises américaines ou chinoises n'y sont pas exposées.
03:49
Alors que la souveraineté est un enjeu majeur
03:52
qui a été réaffirmé dans la déclaration d'Anvers
03:55
et avec le soutien de Mme van der Leyen,
03:57
prendre une disposition de ce type
03:58
quand l'objectif c'est de produire plus en Europe n'a aucun sens.
04:01
- Qu'est-ce que vous êtes prêts à faire ?
04:04
Que doit-on faire ?
04:05
- On fait déjà énormément de choses.
04:07
On choisit nos fournisseurs,
04:09
on fait un certain nombre de vérifications
04:11
mais l'idée qu'on peut aller dans l'intégralité de la profondeur
04:14
des chaînes de valeur
04:16
pour des entreprises de taille aussi faible,
04:18
c'est juste que ça ne marchera pas.
04:20
- Je vous entends parler d'autres régions du monde,
04:23
les États-Unis, la Chine, c'est quoi ?
04:24
C'est une question de compétitivité pour vous aussi ?
04:26
- C'est une question de risque juridique,
04:27
de compétitivité, de capacité à faire.
04:30
Encore une fois, on viendra peut-être sur les sujets environnement,
04:32
mais la meilleure façon de décarboner la planète
04:34
c'est de produire plus en Europe.
04:36
Et en Europe, c'est de produire le plus possible en France
04:38
puisqu'on a le point de PIB le plus décarboné du monde,
04:40
l'énergie la plus décarbonée de tous les grands pays européens.
04:43
Donc plus on fait en France, plus on protège la planète.
04:46
Donc prendre des dispositions qui, par leur complexité,
04:48
leur inapplicabilité, leur coût,
04:50
découragent des gens à faire à l'endroit où il faut faire
04:52
pour protéger la planète, ça n'a aucun sens.
04:55
- Est-ce que l'industrie française, justement, parlons-en,
04:57
arrive à se décarboner ?
04:58
- Mais bien sûr !
04:59
L'industrie française est maintenant, depuis 5 ans,
05:02
à travers les différentes filières,
05:04
les contrats stratégiques de filières,
05:06
engagée dans une trajectoire de décarbonation.
05:08
Elle a identifié les projets, elle a identifié les coûts,
05:10
elle travaille avec le gouvernement dans le cadre de France 2030
05:13
et avant de France Relance sur le niveau de soutien qui est nécessaire
05:16
pour que ces projets puissent voir le jour.
05:19
Et aujourd'hui, alors encore une fois, il y a des changements récents,
05:21
mais l'industrie était au rendez-vous de l'objectif précédent
05:24
qui était -35% sur nos émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030.
05:28
Et on continue à travailler pour aller au-delà,
05:30
pour essayer d'être au rendez-vous de Feed for 55.
05:33
- Il y a un mot qu'on entend beaucoup ces dernières années,
05:35
c'est celui de réindustrialisation.
05:37
Est-ce que la France peut se réindustrialiser ?
05:40
Et je vais aller plus loin.
05:41
Est-ce que vous avez senti, en tournant politique sur ces questions-là ?
05:45
- Je pense que depuis le milieu de la décennie précédente,
05:48
avec le rapport de Louis Gallois,
05:50
il y a eu une prise de conscience que si la France n'arrêtait pas sa désindustrialisation,
05:54
elle allait dans le mur.
05:55
Que collectivement, on allait se retrouver avec une balance commerciale,
05:58
une création de richesse et une situation fragile.
06:00
Et l'affaiblissement de la France, on ne peut pas toujours le financer
06:03
par un surcroît de dette.
06:05
Donc il y a eu un changement d'état d'esprit.
06:06
Après, comme toujours dans l'industrie, c'est le temps long.
06:08
Donc quand on prend des décisions, ça met du temps à produire des résultats.
06:12
Sur la période 2000-2015, on a détruit entre 50 et 100 000 emplois par an dans l'industrie.
06:18
Depuis 2017, en 5 ans, on en a créé 100 000.
06:21
Donc certes, 100 000 en 5 ans, ce n'est pas énorme,
06:23
mais par rapport à la trajectoire précédente, c'est une forte inflexion.
06:26
Et mon inquiétude aujourd'hui, c'est que dans l'environnement réglementaire,
06:30
les problèmes d'énergie, les enjeux de souveraineté,
06:33
c'est que cette dynamique s'enraye et que cette trajectoire,
06:35
qu'il faut poursuivre pendant les 15 prochaines années si on veut y arriver,
06:38
s'interrompe ou soit fragilisée.
06:40
Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour éviter ça ?
06:42
Il faut continuer à soutenir nos entreprises,
06:44
il faut continuer à leur simplifier la vie,
06:46
il faut continuer à les écouter quand ils disent qu'une réglementation n'est pas applicable,
06:49
il faut les écouter quand ils disent que le MACF fait courir plus de risques
06:52
qu'il règle davantage,
06:53
il faut les écouter quand ils disent que le zéro artificiation net
06:56
va faire peser un risque sur le développement de certaines entreprises
07:00
et dans certains sites,
07:01
et que si la priorité c'est la réindustrialisation,
07:03
il faut mettre tous nos actes en cohérence avec l'objectif stratégie
07:07
que je crois que tout le monde partage.
07:08
Il nous reste très peu de temps, une trentaine de secondes,
07:10
mais vous avez parlé emploi, est-ce que vous arrivez à recruter ?
07:13
Bien sûr, on arrive à recruter, après il faut faire plus,
07:16
avec la réindustrialisation,
07:17
on a des besoins exceptionnels de recrutement dans l'industrie française,
07:20
on parle de plus d'un million d'emplois dans les 10 prochaines années,
07:22
donc il faut être attractif,
07:24
il faut convaincre les jeunes, les jeunes femmes, les ingénieurs
07:26
de venir travailler chez nous.
07:27
On s'y attelle tous les jours, on essaye d'être attractif,
07:30
on travaille avec plein d'associations,
07:32
avec toutes nos fédérations professionnelles,
07:34
nos grandes entreprises, l'Opco 2i,
07:36
tous les acteurs de l'industrie,
07:37
pour essayer de réussir ce formidable défi,
07:39
et c'est sans doute le plus beau.
07:40
Merci beaucoup Alexandre Sobot, Président de France Industrie,
07:43
et invité Echo de France Info.
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