Intervention tribune congrès IVG

Marie-Noëlle Battistel

22/03/2024

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00:00 La parole est à présent à Madame Marie-Noëlle Battistel pour le groupe socialiste de l'Assemblée Nationale.

00:05 (Applaudissements)

00:09 Madame la Présidente du Congrès du Parlement,

00:27 Monsieur le Président du Sénat, Monsieur le Premier ministre,

00:30 Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,

00:33 Chers collègues parlementaires,

00:36 Je ressens avec une plébiscité jamais connue à ce jour,

00:39 un parfait accord entre ma fonction de législateur et ma condition de femme.

00:44 Il nous appartient aujourd'hui de dire que l'ère d'un monde fini commence.

00:48 Ces mots de Gisèle Halimi résonnent puissamment à cette tribune cet après-midi et je les fais miens.

00:55 Ils résonnent d'autant plus fort pour moi qu'il est l'honneur de représenter la quatrième circonscription de l'ISER

01:01 comme elle l'a fait en son temps et que ses combats ont influé les miens.

01:06 C'est ainsi, avec une immense émotion, honneur et fierté que je porte la voix des députés socialistes devant le Parlement,

01:16 réunis en congrès en ce jour historique du 4 mars 2024.

01:21 Un jour historique en ce qu'il est une victoire pour les femmes,

01:24 pour leurs droits si souvent discutés, ballotés et mis à mal,

01:28 dépendant des changements politiques, jamais à l'abri de les voir reculer.

01:33 C'est la victoire de Simone de Beauvoir qui nous a appelés à la vigilance notre vie durant,

01:40 mais aussi de Simone Weim qui a ouvert la voie, de Gisèle Halimi, des 343 du manifeste et de tant d'autres.

01:48 C'est la victoire des féministes, des associations et des professionnels

01:52 qui agissent au quotidien, loin des dorures de nos tribunes,

01:56 pour que les lois et les grands principes soient des réalités concrètes qui protègent

02:00 et libèrent les femmes dans la revendication et l'exercice de leurs droits à disposer librement de leur corps.

02:06 C'est notre victoire à toutes, oui, face à ceux qui doutent encore que l'avortement mérite d'être défendu.

02:13 Car comment fermer les yeux sur la décision des sept Etats américains

02:17 ayant depuis l'arrêt de la Cour suprême interdit l'IVG, même en cas de viol ou d'inceste ?

02:23 Comment ne pas faire le parallèle quand certains de nos voisins européens,

02:26 comme la Pologne, la Hongrie, mais aussi le Portugal, en conditionnent et en réduisent l'accès ?

02:31 Comment ne pas s'inquiéter que dans notre pays, les entraves à l'IVG

02:35 prennent des formes de plus en plus pernicieuses de la part des mouvements anti-choix jusque dans certains médias ?

02:41 Qui peut alors, dans cette époque de doute et d'instabilité, préjuger de ce qu'il pourrait advenir demain en France ?

02:48 Ainsi, dans ce contexte global de remise en question du droit à l'avortement,

02:52 ce jour du 4 mars 2024 est historique aussi pour la France.

02:56 Nous serons le premier pays au monde à inscrire le droit à l'avortement dans notre Constitution.

03:02 En érigeant le droit à l'IVG parmi les droits humains fondamentaux,

03:08 par les mille valeurs intangibles et tout ce qui fait la force d'une république indivisible, laïque, démocratique et sociale.

03:17 La France perpétue l'inspiration qui a été son histoire constitutionnelle pour de nombreux pays.

03:23 Fidèle à son image humaniste, notre nation s'érige en vigie des droits des femmes et montre le chemin.

03:29 Toutefois, si ce jour est historique, la constitutionnalisation, ce n'est pas une panthéonisation.

03:36 Il ne s'agit pas de saluer un droit acquis et solide et de graver sur le fronton de notre temple républicain,

03:42 aux grandes femmes, la patrie reconnaissante.

03:45 La constitutionnalisation telle que nous la réclamons, nous socialistes, implique une réelle protection.

03:51 Il ne s'agit pas uniquement d'inscrire notre droit, mais bien de nous donner le moyen de le rendre effectif.

03:56 Il serait bien malvenu de tous se réunir aujourd'hui pour consacrer un droit sans pour autant en garantir l'applicabilité.

04:06 Ainsi, ce vote nous engage.

04:09 Il nous engage pour les prochaines lois de financement de la sécurité sociale,

04:13 à donner plus de moyens à l'hôpital public, à la médecine de ville, à lutter contre les déserts médicaux,

04:18 à renforcer le soutien public aux associations, au planning familial, à la santé scolaire,

04:24 pour accompagner toutes celles qui en ont besoin.

04:27 En ce sens, nous aurions préféré voter aujourd'hui un texte plus ambitieux, incluant la contraception.

04:33 Mais nous savons que les vectoires féministes ont toujours été le fruit de compromis.

04:38 Dès lors que l'on peut obtenir l'essentiel.

04:41 En 1975, l'opposition de gauche avait choisi la conviction plutôt que la posture pour faire adopter la loi Veil.

04:48 50 ans plus tard, nous continuons donc à adopter cette ligne constructive pour faire primer l'intérêt des femmes.

04:55 Je veux ici saluer la responsabilité de la quasi-totalité des forces politiques

05:00 qui montrent que notre pays peut se rassembler dans le sens de l'histoire.

05:04 Parce qu'aujourd'hui, nous votons pour des milliers de femmes, pour leurs droits, pour leurs libertés, pour leur corps et pour leur vie.

05:10 Parce que par ce vote, nous contribuons à fonder une communauté politique de citoyennes et de citoyens égaux.

05:17 Parce que là où le droit est bien souvent en retard sur la société, il s'agit dès aujourd'hui de se prémunir.

05:23 Parce qu'il est de la responsabilité de la France, pays des droits humains,

05:27 d'envoyer un signal fort qui transcende ses frontières,

05:30 les députés socialistes sont fiers de voter aujourd'hui pour graver l'inscription de l'IVG dans la norme suprême de la République.

05:38 Je vous remercie.

05:39 Je vous remercie. Merci beaucoup.

05:41 (Applaudissements)

05:49 La parole est à M. Président.

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