Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la réponse de Vladimir Poutine à Emmanuel Macron à propos de sa volonté d'envoyer des troupes de l'OTAN sur le sol ukrainien. Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline
00:09 - Bonsoir Laurence. - Vincent Herouat qui vient d'arriver, éditorialiste politique étrangère, bonsoir Vincent.
00:13 - Pardon. - On a le plaisir de recevoir Aquilino Morel, bonsoir, ancien président, ancien conseiller, pardon, du président François Hollande.
00:20 - Ancien. - Mais vous n'êtes pas ancien président. - Merci de votre invitation.
00:22 Vous avez écrit ce livre "La parabole des aveugles", Marine Le Pen aux portes de l'Elysée, on va en parler,
00:26 parce qu'évidemment l'actualité nous amènera à parler de Marine Le Pen.
00:30 Geoffroy Lajeunet, la journaliste, ainsi qu'Eric Revelle. - Bonjour Laurence. - Nous sommes tous au complet.
00:34 On commence si vous le voulez bien, mon cher Vincent, par Vladimir Poutine, ce qu'il a dit aujourd'hui n'était pas très agréable pour le président français.
00:40 On va l'écouter, le maître du Kremlin, lors d'un entretien officiel à la télévision russe,
00:44 il estime que l'envoi de troupes éventuelles de l'OTAN ne changerait rien sur le plan militaire. On écoute.
00:51 Si nous parlons des contingents militaires officiels des pays étrangers,
00:55 je suis sûr que cela ne changera pas la situation sur le champ de bataille.
00:58 C'est le point le plus important.
00:59 Tout comme la fourniture d'armes ne change rien.
01:07 - Alors c'est assez laconique comme déclaration, Vincent. - Il n'est pas trop nétrigeant.
01:12 - Il y a d'autres moments où il est beaucoup plus désagréable avec Emmanuel Macron.
01:15 - Il prétend que le président aurait du ressentiment après l'action de Wagner au Sahel,
01:25 puisque les Russes nous ont chassés de notre précaré en Afrique pour l'essentiel, pour résumer.
01:30 Très résumé quand même.
01:32 Et c'est vrai qu'ils ont eu une action néfaste et qu'ils ont profité de notre absence.
01:36 Sur le fait de déployer des troupes, ce qui n'est absolument pas en projet,
01:42 il faut encore le rappeler, qu'il balaie ça d'un revers de la main, c'est normal.
01:48 C'est la moindre des choses.
01:49 Je ne trouve pas qu'il ait beaucoup insisté.
01:51 Je trouve qu'il aurait pu être plus cinglant.
01:53 Et après tout, il ne fait que répéter ce qu'on entend sur tous les plateaux
01:56 depuis que le président Macron a eu cette idée, a pris cette initiative,
02:02 sur tous les plateaux en France, mais aussi en Europe.
02:05 Personne ne pense qu'on puisse vaincre, que l'armée française puisse vaincre...
02:10 - Oui, l'armée russe. - ... si on l'engageait.
02:13 - Bien sûr. - Ce que personne n'imagine.
02:15 D'ailleurs, à vrai dire, pour aller jusqu'au fond de la pensée,
02:19 qui peut imaginer qu'on puisse vaincre l'armée russe ?
02:24 - Ah, oui, il y a une autre question. - Et ça voudrait dire quoi, vaincre la Russie ?
02:28 - Alors ? - C'est-à-dire lui faire payer des dommages de guerre,
02:31 juger ses dirigeants, lui faire rendre la Crimée,
02:36 lui faire lâcher le don Basse ?
02:38 Est-ce que quelqu'un croit sérieusement que les armées occidentales sont capables de le faire ?
02:42 - Donc vous, vous pensez que non. Achille No Morel, votre analyse de la situation,
02:45 ça va nous amener à parler de Marine Le Pen,
02:47 puisqu'on fait beaucoup le parallèle entre Vladimir Poutine et Marine Le Pen,
02:50 en tout cas ce que l'exécutif tente de faire en permanence.
02:52 Sur ces déclarations de Poutine, qu'est-ce qu'elles vous intéressent ?
02:54 - Je partage votre avis. Je trouve le peu d'images que vous nous avez diffusées
03:00 sont assez modérées compte tenu du ton habituel.
03:03 - Il est en campagne, en plus. - Oui, et alors, en revanche,
03:07 je vois bien votre point de vue, qui est un point de vue, je dirais, objectif, réaliste.
03:10 Quand vous posez la question, qui peut penser que...
03:12 Mais le problème, c'est qu'il y a des gens qui le pensent, en tout cas qui le disent.
03:15 Si vous écoutez les déclarations d'un certain nombre de responsables politiques
03:18 qui sont eux-mêmes en campagne, on ne cesse de vous instiller l'idée
03:21 qu'effectivement, non seulement cette guerre est inévitable,
03:24 mais qu'on pourrait probablement la remporter dans des conditions qui sont,
03:27 me semble-t-il, un petit peu absurdes, pour le dire simplement,
03:31 parce que ça ne renvoie pas seulement à la question, évidemment,
03:34 de la puissance nucléaire de la Russie, qui est un fait,
03:37 mais nous sommes nous-mêmes une puissance nucléaire.
03:39 Ça ne renvoie pas seulement à la doctrine de la dissuasion,
03:42 c'est-à-dire dans quelles circonstances on emploierait ça.
03:44 Mais vous vous rappelez peut-être qu'en Russie,
03:46 apparemment, il y a un petit jeu qui consiste à dire
03:49 quelle est la ville que nous vitrifierions en premier.
03:51 - La ville française qu'on veut vitrifier en premier.
03:52 - Mais ça renvoie à une donnée que je ne sais pas si nos responsables politiques
03:56 ont toujours ça à l'esprit, mais c'est le caractère absolument gigantesque
04:00 de la Russie. Nous, quand nous prenons l'avion pour aller à Moscou,
04:03 3 000 kilomètres, on a l'impression qu'on est loin.
04:05 Et quand vous êtes à Moscou, vous êtes au tout début de la Russie.
04:07 Il y a ensuite un énorme continent qui s'appelle la Sibérie.
04:10 - Il y a 12 fuseaux horaires. - Oui, et donc on peut très bien imaginer,
04:13 je n'en sais rien, je pars sous votre contrôle,
04:14 qui connaît ces questions bien mieux que moi, que pour le président Poutine,
04:19 la perspective de voir vitrifier Moscou serait certes pénible,
04:23 voire désagréable, odieuse, mais qu'en fin de compte,
04:25 il a probablement la capacité de se réfugier lui, son clan et ses troupes ailleurs.
04:30 Tandis que si Paris a été vitrifié,
04:33 si Paris était vitrifié, ça ne se poserait pas de la même façon pour la France.
04:37 Non, ça ne poserait pas la même question, effectivement.
04:39 Mais c'est ce que je disais, les démocrates ont un désavantage
04:42 par rapport aux dictateurs, c'est qu'ils restent moins longtemps au pouvoir.
04:45 Et effectivement...
04:46 Attendez, il y a plusieurs choses.
04:49 C'est que le bluff, les Russes font depuis deux ans la guerre
04:54 de manière claire, nette.
04:57 Tout le monde les condamne pour cela depuis l'invasion de l'Ukraine.
05:01 Mais il faut quand même réaliser que c'est difficile de bluffer avec des gens
05:06 qui ont déjà perdu des centaines de milliers d'hommes,