Guillaume Bigot : "Le gouvernement hésite et n'assume pas l'uniforme"

Sud Radio

16/02/2024

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##L_EDITO_POLITIQUE-2024-02-16##

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Transcription

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00:00 - Il est 7h43, Guillaume Bigot avec nous, comme chaque vendredi matin. Bonjour Guillaume.

00:06 - Bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:07 - Une tenue unique à l'école, donc l'uniforme. Pourquoi faire ?

00:12 - Alors d'abord il y a une méthode. La méthode c'est la méthode d'expérimentation sur deux ans.

00:18 Le gouvernement va choisir, il a choisi une centaine, non il a pas choisi, il a demandé des volontaires.

00:23 Une soixantaine de collèges et de lycées et une quarantaine d'écoles primaires et maternelles.

00:28 C'est la grande mode gouvernementale de prendre son temps, de consulter les experts,

00:32 vous savez comme après les émeutes ou sur les écrans.

00:35 C'est jamais mauvais d'ailleurs Patrick de réfléchir avant d'agir, c'est même conseillé en général.

00:40 C'est pas mauvais d'avoir des échantillons, ça permet de fignoler, d'ajuster le tir avant de passer à la grande échelle.

00:45 Mais ici je pense que c'est assez inutile en fait. Pourquoi ?

00:48 D'abord parce que l'uniforme scolaire ça existe déjà à l'étranger, ça existe en Grande-Bretagne,

00:51 ça existe dans beaucoup de pays d'Afrique qui sont d'ex-colonies britanniques.

00:54 En Asie ça existe dans les Dom-Tom chez nous, aux Antilles, en Polynésie, en Nouvelle-Calédonie.

00:59 Ça existe dans certains établissements, même en métropole, dans les lycées militaires,

01:03 à l'Allégion d'honneur par exemple. Donc on a déjà cette expérimentation.

01:06 Donc l'expérimentation je crois que ça donne déjà l'impression d'une hésitation.

01:09 Et le terme d'uniforme c'est pas celui-là qui a été choisi, il n'est pas assumé.

01:14 Le gouvernement préfère parler de tenue unique. Déjà un peu un euphémisme si vous voulez.

01:19 Est-ce que c'était une bonne idée de demander aux parties prenantes, c'est-à-dire aux profs, aux élèves et aux parents ?

01:24 Alors là c'est déjà même pas obligatoire. La possibilité de "concerter" comme on dit dans le jargon,

01:28 elle appartient aux établissements. La consultation des élèves d'ailleurs n'est possible que dans le secondaire.

01:33 En primaire et en maternelle c'est les parents qui pouvaient être consultés.

01:36 Moi je pense que c'était doublement une erreur.

01:38 Première erreur parce que le gouvernement a suffisamment de légitimité pour ça, ça s'appelle la démocratie.

01:43 Deuxième erreur parce que c'était quand même se placer dans une situation

01:46 où les personnes consultées peuvent refuser. Et c'est ce qui n'a pas manqué de se produire.

01:51 On a vu des lycées déjà, lycée Truffaut à Beauvais dans l'Oise, des lycées en Sarthe, à Plouisy en Bretagne.

01:57 Les parents de primaire et de maternelle, il y a eu une levée de boucliers.

02:00 Donc dans ces établissements-là, il n'y aura pas de test de l'uniforme à la rentrée.

02:05 Et d'ailleurs Patrick, au total sur la centaine d'établissements volontaires, il y en a déjà une quinzaine qui ont calé.

02:10 Alors qu'est-ce que va faire le gouvernement si les refus se multiplient ?

02:13 Il a déjà été obligé de reculer jusqu'au mois de mai, la date qui tombait maintenant pour se porter volontaire.

02:19 Surtout que l'uniforme était censé être une marque de rétablissement de l'autorité dans le cadre de son réarmement civique.

02:25 L'autorité du prof sur l'élève, est-ce que demain on va demander aux élèves s'ils veulent faire leur devoir ?

02:29 L'autorité du système scolaire sur les parents, ce que nous a expliqué M. Attal sur le redoublement.

02:33 Et on sent bien une espèce de contradiction du système qui veut rétablir l'autorité,

02:37 mais à condition que ce soit consensuel.

02:39 Alors finalement, quel est le sens de ce que veut donner le gouvernement à ce projet ?

02:43 C'est toute la question.

02:44 Sont-ils en uniforme ? Il y a uniformité, donc une idée d'appartenance, d'égalité.

02:49 Celui qui le porte s'efface derrière le groupe et le sens symbolique que revêt l'uniforme.

02:53 Mais justement Patrick, vous avez raison, quel est le "ce sens" ?

02:56 Moi je pense qu'il y a plusieurs idées.

02:58 Il y a gommer les discriminations, c'est-à-dire il faut tout tenter, a dit Nicole Bellobet,

03:02 qui était avant contre cette mesure, la nouvelle ministre.

03:05 Sauf que les différences sociales, elles existent surtout entre établissements finalement.

03:08 Deuxièmement, il y a contrer, c'est pas dit comme ça, mais c'est sous-entendu,

03:12 l'offensive des abayas qui révèle en creux un besoin d'autorité chez certains élèves

03:17 et une autorité justement pour le coup non négociée, non individualiste qui s'impose.

03:22 Et puis il y a le président de la République, et ça me paraît plus inquiétant,

03:25 il a dit "c'est pour faire anglo-saxon, comme dans les séries,

03:27 pour avoir une remise de diplôme comme dans les écoles de commerce".

03:30 Moi, entre nous, je suis pas contre cette histoire d'uniforme,

03:32 mais il faudrait que l'uniforme justement symbolise un retour

03:35 à une exigence française, républicaine, d'intérêt général.

03:38 Sinon, ça va surtout servir de cache-misère, un peu de gadget

03:41 qui est plus facile à déployer, il faut dire, que de relever le niveau en maths ou en français

03:45 ou de recruter des profs en quantité et en qualité suffisante.

03:47 - Oui, et c'est la question qu'on pose sur les réseaux sociaux,

03:49 est-ce que vous y êtes favorable ?

03:51 Comme Nicole Belloubet qui dit "on peut lutter contre les discriminations",

03:55 est-ce que c'est une bonne chose à expérimenter ?

03:57 Ça n'a aucun sens ou une entrave à la liberté ?

03:59 Vous dites quand même que c'est une bonne chose à 46%

04:01 et après des avis divers, vous pouvez continuer de voter

04:04 sur les réseaux sociaux et sur notre réseau Twitter X.

04:08 [Musique]

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