Sephora Pondi, invitée de "Nouvelles Têtes"

France Inter

24/01/2024

Elle s’apprête à incarner une série de femmes « Culottées » dans l’adaptation de la BD de Pénélope Bagieu à la Comédie Française ! Et, elle en est une elle-même ! D’une MJC du Val du Marne à la maison de Molière, la comédienne Sephora Pondi est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-mardi-23-janvier-2024-9827700

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00:00 place aux nouvelles têtes Mathilde, ce matin une pensionnaire culottée de la comédie

00:04 française, la comédienne Séphora Pondy est dans notre studio Portrait Sonore.

00:10 Bienvenue sur le réseau RER, ce train desservira tous les arrêts de Gennevilliers à Savigny

00:17 sur Orges.

00:18 Son enfance et son adolescence suivent un trajet de RER, elle déménage dans toutes

00:25 les banlieues populaires de Paris, dit-elle, ou presque.

00:28 Un jour dans une EMJC du Val-de-Marne, vers 6 ou 7 ans, elle connaît son premier choc

00:33 théâtral.

00:34 Une dizaine d'années plus tard, le choc se transforme en désir absolu dans des ateliers

00:39 organisés par sa surveillante de lycée.

00:41 Si vous marchez dehors à cette heure et en ce lieu, c'est que vous désirez quelque

00:47 chose que vous n'avez pas.

00:49 Et cette chose, moi, je peux vous la fournir.

00:52 Bernard-Marie Coltès ou encore Jean-Luc Lagarce, elle découvre des textes fondateurs et entame

00:59 une formation théâtrale avec le programme Premier Acte, destiné aux talents issus de

01:03 la diversité, comme on dit.

01:05 Progressivement, sa trajectoire, partie de nulle part, devient son super pouvoir.

01:09 Et oui, fan absolue de Buffy Somers, l'héroïne de la série Buffy contre les vampires, elle

01:25 se fascine pour l'univers des femmes rebelles, emprises avec des forces troubles.

01:29 Jeune diplômée, elle est mûre pour jouer pendant 4 ans la pièce "Désobéir" mise

01:33 en scène par Julie Berès.

01:35 C'est là que l'administrateur de la comédie française, Éric Ruff, la repère.

01:39 Sephora Grandi, bonsoir.

01:41 Et bienvenue.

01:42 Vous êtes depuis le 1er septembre la toute nouvelle pensionnaire de la troupe.

01:46 Nous les femmes, la bonne vie, une vie sans danger à la maison, les hommes sur les champs

01:55 de bataille, foutez-vous !

01:58 Jeune pensionnaire de la comédie française, depuis 2021, elle est déjà une inoubliable

02:03 m'aider, comme un formidable conte de Kent dans "Le Roi Lire".

02:07 A 32 ans, elle poursuit sa 3ème saison dans "La maison de Molière" en femme à barbe,

02:11 comme en Joséphine Baker, pour l'adaptation de "Quilotté", la BD à succès de Pénélope

02:15 Bagieu.

02:16 Sephora, on dit bonjour.

02:17 Bonjour.

02:18 Ça vous a fait plaisir Buffy contre les vampires ?

02:21 Ça m'a fait hyper plaisir.

02:22 Ça m'a rendu vraiment… j'étais en apnée, j'ai dû me retenir.

02:24 Il paraît que vous rêvez la nuit d'avoir de nouveaux épisodes, parce que la série

02:27 est close, c'est une oeuvre close.

02:29 Oui mais je ne veux pas lâcher le morceau.

02:30 Je continue de croire qu'il va y avoir une nouvelle saison qui va apparaître comme

02:32 par magie.

02:33 C'est très obsessionnel.

02:34 Vous pouvez les écrire si vous voulez les suites de Buffy contre les vampires.

02:37 Alors les représentations des "Quilottés" début de jeudi à la comédie française,

02:42 c'est déjà complet.

02:43 Donc on n'est pas sur un moment promo, je le dis, il n'y a plus de place.

02:46 Cette BD, c'est plus de 600 000 exemplaires, c'est un succès phénoménal, traduit dans

02:50 une vingtaine de langues.

02:51 Pénélope Bagieu, elle a mis en lumière toutes sortes de femmes qui ont abattu des barrières.

02:55 Vous avez le sentiment d'être vous-même une "quilottée" Sephora Pondy ?

02:58 Voilà, peut-être que dans 20 ans je vais pouvoir le dire.

03:01 Aujourd'hui, ça parait un peu tôt.

03:02 Mais en tout cas, c'est un désir de trajectoire.

03:05 La trajectoire, elle est d'une certaine manière, et je reprends un peu vos mots, du minoritaire

03:09 au majoritaire.

03:10 Chez vous, on ne va pas du tout au théâtre.

03:12 Vous le dites, vous avez fait le tour des cités HLM avec quand même un peu de théâtre

03:16 à la maison.

03:17 Il y avait une ambiance, vous dites, tragédie de Chatelain.

03:20 C'était quoi ?

03:21 Les familles, c'est toujours très complexe.

03:25 En disant qu'on était très très en vie.

03:28 Il y a beaucoup de vitalité, beaucoup de grands éclats.

03:31 On était 4 enfants, avec 2 parents très fantasques.

03:36 Donc c'était un petit peu haut en couleurs.

03:38 Et vous, dans cet univers fantasque, vous ne parlez pas, vous êtes discrète.

03:42 Donc ça va éclore beaucoup plus tard.

03:44 Finalement, ça va peut-être éclore en creux de ce que vous ne pouvez pas faire, ni être

03:48 chez vous.

03:49 Oui, complètement.

03:50 J'étais assez secrète, assez mutique.

03:52 Enfin, mutique.

03:53 Donc, toute proportion gardée.

03:55 Mais en tout cas, c'est clair que j'avais une vie intérieure très riche et très tue.

03:59 Dans la grande tradition de la politique culturelle, André Malraux, il croit au choc culturel.

04:04 Et puis, cette politique culturelle des MJC, elle en découle aussi.

04:08 Ça s'est vraiment passé pour vous, vers 6 ou 7 ans, quand vous allez voir cette représentation

04:12 de la sardine grillée ?

04:13 Ah oui, vraiment, tout a commencé dans les MJC de quartier.

04:18 Ce qui est assez fondamental.

04:20 En tout cas, pour moi, ça n'aurait pas pu se passer ailleurs.

04:22 Donc, j'ai vu, j'ai joué.

04:24 Puis, il y a eu un long moment sans jouer.

04:25 Et puis, au lycée, j'ai eu la chance d'avoir cette surveillante qui a décidé d'ouvrir

04:29 cette classe de théâtre.

04:30 Mais oui, ça s'est vraiment passé à des endroits très inattendus.

04:34 Et cette révélation, vous avez une vocation théâtrale, vous la vivez d'abord avec effroi.

04:39 Vous ne savez pas trop quoi faire de ce désir et de comment vous allez pouvoir l'accomplir,

04:43 de ce que ça implique aussi pour vos parents ?

04:45 Oui, oui.

04:46 J'avais un désir immense et en même temps énormément d'inquiétude par rapport à

04:50 des questions très matérielles, basiques, à savoir "Est-ce que je vais avoir un toit

04:54 sur la tête ?" Ce genre de choses-là.

04:56 Et vous allez la faire, cette formation théâtrale, cette trajectoire.

05:00 Votre parrain, c'est Denis Podalides, dans la formation 1er acte qui a été montée

05:03 par Stanislas Nordey, le metteur en scène.

05:05 Et vous allez aussi découvrir les autres, en fait.

05:08 Comment eux y vivent, vos collègues, votre camaraderie.

05:12 C'est des gens beaucoup plus aisés.

05:14 Vous dites, à ce moment-là, il y a une sorte de rage de classe, c'est ça, qui va grandir ?

05:17 Oui, quand même.

05:18 Oui, complètement.

05:22 Et en plus, ce qui était assez compliqué, c'est qu'il fallait quand même la gérer,

05:26 en faire quelque chose.

05:27 Pas simplement être une boule de nerf et trouver un moyen de gérer à la fois cette

05:34 forme de colère, d'envie, et en même temps être dans une forme de collaboration.

05:39 C'était quand même mes camarades.

05:40 Pour moi, c'était aussi des amis.

05:42 Il y avait beaucoup de choses très contradictoires qui se jouaient en même temps.

05:45 Et puis j'étais assez jeune.

05:46 Donc oui, c'était des moments complexes.

05:49 Et il paraît que vous écriviez un peu "Notre jour viendra".

05:52 C'est une correspondance d'avis avec un copain.

05:56 Un jour, je serai à la comédie française, je serai Buffy contre les vampires.

06:01 C'était votre mantra ?

06:02 Oui, c'était très Mégalo.

06:04 Donc on avait une correspondance de Mégalo.

06:07 Pendant très longtemps.

06:09 Objet "Notre jour viendra".

06:10 Ah oui, mais vraiment un objet avec, je te décris ce qui va se passer dans 5 ans, dans

06:14 10 ans, quand je serai là.

06:16 On rêvait très grand et on s'écrivait pour se stimuler.

06:19 Alors votre jour est presque venu, mais il y en a encore beaucoup d'autres devant vous.

06:24 Merci beaucoup, c'est fort apprendu.

06:25 Vous aviez préparé une petite chanson, Clara Luceani, pour nous, mais le temps nous manque.

06:29 Donc je propose qu'on l'enregistre, qu'on la découvrira sur les réseaux.

06:32 Les culottés d'après Pénélope Baggio.

06:33 Ça démarre ce jeudi à la Comédie-Française.

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