Le gouvernement attend la décision de Standard & Poor’s, qui doit dévoiler ce vendredi soir si la note de la France est dégradée. Cette note est suivie de près par les banques ou autres États qui nous prêtent de l'argent. La France est actuellement notée AA.
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00:00 Guillaume, il y a une décision ce soir que le gouvernement attend avec inquiétude, celle de Standard & Poor's en ce qui concerne la note de la France. De quoi parle-t-on ?
00:08 Vous savez que Standard & Poor's est une de ces trois grosses agences internationales de notation qui attribue des notes en fonction de la capacité des États...
00:17 Des notes avec des lettres.
00:18 Des notes avec des lettres, effectivement. Capacité des États à maîtriser leur dette, leur déficit ou à tenir des engagements qu'ils ont pris.
00:24 Et c'est très important parce que ces notes sont très regardées par tous ceux qui, à travers le monde, nous prêtent de l'argent au quotidien à nous, Français.
00:33 Que ce soit d'autres États, des banques, des assurances, des fonds de pension.
00:37 Et c'est important parce que selon le niveau de la note, tous ces prêteurs peuvent nous regarder d'une façon ou d'une autre.
00:41 Donc c'est vraiment très important ce qui pourrait advenir ce soir de ces décisions de l'agence Standard & Poor's.
00:47 Mais est-ce qu'on risque d'être dégradé ce soir ? Et qu'est-ce que ça implique ?
00:50 Est-ce qu'on va être dégradé ? On verra en fait. Ce qui est sûr, c'est que l'économie française, elle ne va pas bien.
00:55 Elle est en train de ralentir. Et puis vous savez qu'on a une dette qui a dépassé les 3 000 milliards d'euros.
00:59 Qu'on a des déficits qui sont en dessous, encore au-dessus des critères européens.
01:03 Donc sur le papier, ça justifierait une dégradation. Après, qu'est-ce qui se passe si on est dégradé ?
01:08 Si on est dégradé, le problème, c'est que tous ceux dont je vous ai parlé, qui nous prêtent de l'argent tous les jours,
01:12 pour financer nos dépenses de chômage, de retraite ou de santé,
01:16 ils risquent de nous dire "ben voilà, Standard & Poor's nous dit que vous êtes un petit peu moins "sécures" sur le plan financier".
01:22 Alors, nous on veut bien continuer à vous prêter, mais vous comprenez qu'on va se border un peu.
01:27 On va vous demander des taux d'intérêt un peu plus élevés. C'est normal, on se prémunit un petit peu.
01:32 Le problème, c'est que si tous nos prêteurs à travers le monde raisonnent comme ça,
01:35 nous qu'est-ce qui va se passer ? On va se retrouver à payer des milliards d'euros d'intérêt en plus.
01:39 Et donc ça va faire un trou supplémentaire à boucher pour le gouvernement, déjà que les caisses sont vides.
01:43 Peut-être qu'arrivera un moment où le gouvernement n'aura pas d'autre solution que de dire "ben voilà,
01:46 on sait que ça fait des mois, des années qu'on répète qu'on ne va pas augmenter les impôts,
01:50 malheureusement on n'aura pas d'autre choix, on va être obligés d'augmenter les impôts".
01:53 Et ça pour le gouvernement, ça serait catastrophique.
01:55 Donc c'est ça qui pousse le gouvernement à prendre des mesures parfois impropulaires.
01:58 Mais bien sûr. Pourquoi est-ce que vous croyez qu'on a fait passer la réforme des retraites au forceps ?
02:01 C'est pour envoyer un message aux agences de notation.
02:04 Pourquoi est-ce qu'Emmanuel Macron dit l'autre jour devant les patrons "réveillez-vous, on n'est pas encore au plein emploi" ?
02:08 Sous-entendu, il ne faut pas mollir sur les réformes. C'est pareil.
02:11 Pourquoi est-ce que le gouvernement explique ces jours-ci qu'il veut baisser l'indemnisation des seniors pour les remettre au travail ?
02:16 Pourquoi est-ce que Bruno Le Maire nous rappelle sans arrêt que le "quoi qu'il en coûte c'est fini" ?
02:19 Pourquoi est-ce qu'il dit "si la croissance est moins forte dans les prochains mois, on coupera encore dans les dépenses" ?
02:24 Nous ne voulerons pas, à chaque fois c'est pareil.
02:26 C'est pour faire passer le message en creux aux agences.
02:28 Vous voyez, on a du mal financièrement, on est mal, mais on fait tout pour rentrer dans le clou.
02:33 Bon ben on verra ce soir si Standard & Poor's a acheté notre petit message adopté.
02:36 un message adopté. Merci Guillaume.