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"J'ai eu beaucoup d'emmerdes parce que j'ai accueilli beaucoup de monde" | Le Speech de Cédric Herrou
Konbini
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09/11/2023
"J'ai eu beaucoup d'emmerdes parce que j'ai accueilli beaucoup de monde"
Connu pour avoir aidé plus de 2 500 migrants à traverser sa vallée de la Roya, Cédric Herrou raconte son combat et comment celui-ci l'a mené face à la justice.
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Tout est de la faute de ma mère.
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Si ma mère avait su que j'avais laissé des gamins en bord de route sans les mettre
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dans ma voiture et sans les protéger, elle m'aurait défoncé.
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Combien de personnes j'ai aidé ? Dans les 2500, je pense.
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Je suis Cédric Ayrou, je suis paysan dans la vallée de la Roya et j'ai eu beaucoup
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d'emmerdes parce que j'ai accueilli beaucoup de monde.
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Ce qu'il faut comprendre c'est que personne n'a envie de partager sa maison, personne
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n'a envie d'échanger parce que ça emmène forcément des emmerdes.
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Mais aussi tu vas avoir des super trucs.
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Ma première arrivée, la première fois, il devait être minuit, une heure du mat' et
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je conduis sur une route des Alpes et il fait nuit, il n'y a pas de lampadaire, il n'y
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a pas de trottoir, tout ça.
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Et là en fait je vois des ombres, je fais demi-tour et je vois là des gens noirs avec
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une famille, avec des gamins en bas âge et ils me demandent de les emmener au train,
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je leur explique qu'il n'y a pas de train la nuit, etc.
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Et je les emmène chez moi.
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Et ça part comme ça.
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Et à partir de là, le lendemain matin, je les emmène à la gare et on s'échange
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les numéros de téléphone et la famille se fait choper à la gare d'après et se
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retrouve en Italie.
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Et là donc dans une église, l'église de Sant'Antonio, je vais les voir et là
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je découvre pas mal de gamins, de familles, tout ça un peu stocké dans un sous-sol
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de l'église.
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Parce que ce qu'il faut comprendre c'est qu'à cette époque-là, en 2016, il y a
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l'État français qui a rétabli le contrôle aux frontières.
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Mais c'est pas la ligne frontière entre l'Italie et la France qui est bloquée,
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c'est toute une bande sur le côté français.
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Et les gens qui arrivent dans la Roya se retrouvent complètement bloqués dans cette
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vallée.
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Il y a des gamins qui disparaissent, il y a des femmes qui disparaissent, il y a des
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familles qui disparaissent.
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Il se crée des réseaux de passeurs, des réseaux de prostitution, des réseaux de
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pédophilie.
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Et en fait, petit à petit, je comprends que l'État français est complètement dans
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l'illégalité et que le trouble hors de public qu'il y a dans la vallée de la Roya,
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parce que c'est un trouble hors de public, c'était le bordel dans la vallée de la
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Roya.
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Il faut savoir qu'il y avait des centaines de personnes qui hébergaient, il y avait
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une chasse au noir qui était opérée pendant la nuit, on entendait des cris, on voyait
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des flashes lumineux.
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En fait, c'était vraiment une chasse au noir dans la vallée de la Roya.
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Et du coup, j'ai un sentiment de responsabilité.
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Par la suite, après, je vais rendre visite à cette église là tous les jeudis après
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mes livraisons.
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Et quand il y a des gamins qui me demandaient "tu peux m'aider ?" et tout, on est obligé
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de dire non.
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Mais après, tu dis "bon, vas-y, vas-y, viens dans la bagnole".
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Et je me prends là-dedans et je commence à avoir peur pour eux.
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Une fois, ce qui m'est arrivé, c'est que j'avais beaucoup de monde à la maison
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et il y a des gamines qui me demandent de les aider et je n'ai pas pu les aider.
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Et les gamines sont mortes sur l'autoroute le soir même.
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Et on se retrouve face à du néant, en fait.
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Petit à petit, ça devient presque maladif de ma part.
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Le mot passe et les gamins, au lieu d'attendre dans l'église que je ne les ai aidés,
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ils prennent la route à pied et ils viennent tout seuls.
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Ils me trouvent clairement débordés.
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Je dis "ma maison, elle doit faire 25 mètres carrés".
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C'est une cabane, ce n'est pas une maison.
02:40
Je dis maison parce que j'exagère toujours un peu.
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C'est une cabane, il y a du terrain, mais on fait à manger dans la maison.
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Et c'est un peu le bordel.
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Ce qui était étonnant, c'est que d'un côté, c'est grave.
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Des gamins qui sont là tout seuls.
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J'ai eu un gamin de 12 ans qui est arrivé en afghan.
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Il est arrivé, il était en slip.
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Tu le vois débarquer, ça te fait rire.
02:58
Il n'y a rien de drôle, mais tout le monde en rit.
03:00
Le gamin est gêné, il roule un peu des mécaniques.
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Il y a une espèce de normalité qui s'opère.
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Et un espèce d'autre monde dans le monde.
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Où malgré tout, les gens s'efforcent à être heureux.
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C'était quand même une belle expérience.
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Ça a été dur à certains moments parce qu'on ne dort pas beaucoup.
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Il y a des arrivées le jour, la nuit, etc.
03:17
Il y a une logistique à faire.
03:18
Mais de l'autre côté, ça a été quand même assez exceptionnel.
03:21
La police est vraiment dans le game quand elle me voit avec des petits noirs dans la voiture.
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Et première à la station, j'ai eu beaucoup, beaucoup peur.
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Après, je me suis retrouvé avec un flingue sur la tempe.
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Et j'avais pris des mamans avec des gamins en bas âge dans mon coffre.
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Ce que j'avais peur, c'est que les mères sortent de la voiture en courant.
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Qu'il y ait des coups de feu, en fait.
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J'ai fait une première garde à vue avec première perquisition, etc.
03:41
Mais ce qui m'a rassuré, c'est que j'ai bénéficié d'une immunité humanitaire.
03:44
Et après, je prends un peu trop la confiance.
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Je me dis, du coup, on est couvert par une immunité humanitaire.
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Et je continue mon action comme ça.
03:50
Et même, je le développe parce que j'achète un minibus.
03:54
Et là, je me fais gauler, regoler, etc.
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Petit à petit, ça se construit dans ma tête.
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Au début, j'avais des doutes de ce que je faisais.
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Et je me dis, ce que je fais, c'est juste.
04:01
C'est peut-être pas légal.
04:02
Et j'ai bien fait, quoi.
04:03
Je me suis fait arrêter souvent.
04:03
J'ai eu 11 gardes à vue avec 5 perquisitions.
04:06
Avec une mise en examen de 4 ans.
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Ils se sont pris à ma famille.
04:10
C'est qu'il y a eu pas mal d'interrogatoires chez des proches.
04:12
Des balises GPS mises sur les voitures de mes parents.
04:14
On y a mis sous écoute.
04:15
Et voilà, ça a duré 4 ans.
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Il y a un procès.
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Et le procès, on va en première instance, on va en cours d'appel.
04:20
Et là, on me condamne à 8 mois de prison avec sursis.
04:23
Et on va en cassation.
04:25
J'ai été relaxé.
04:27
Et ce qui a fait évoluer le droit, etc.
04:29
On a créé une communauté avec Marion.
04:31
Marion Gachet.
04:32
C'est la première communauté qui fait,
04:33
Emmaüs, qui fait uniquement de l'agriculture.
04:35
J'ai donné mon exploitation agricole à cette association.
04:40
Ce qui nous permet de mettre des gens à l'abri
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sur du moyen terme et du long terme.
04:44
Ce nouveau lieu, c'est plus chez moi.
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C'est dans le cœur du village.
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On a acheté une bâtisse.
04:49
Et là, on a 9 adultes et 3 enfants.
04:50
Donc, on a 2 familles.
04:51
La faim en soi, ce n'est pas forcément de faire du légume
04:54
ou de l'agriculture ou de vendre nos produits.
04:55
Ce n'est pas ça.
04:56
Les personnes ne sont pas salariées.
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Elles touchent un PQ.
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Elles sont nourries, logées.
05:01
Et on ne regarde pas la rentabilité des gens.
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Donc, c'est la queue incontinente.
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On garde les gens juste parce qu'elles sont là.
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Là, on parle de la loi asile-immigration, etc.
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Et on voit des gens avec des cravates
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qui n'ont aucune inventivité.
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Il faudrait peut-être un peu regarder
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les paysans Bac-4 et les associations
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qui font du travail sur le terrain
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pour un peu s'inspirer.
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On a envie d'être contagieux.
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Moi, je suis un utopiste, c'est évident.
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J'ai des valeurs profondes qui sont plus importantes,
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je pense, que certaines lois.
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Il y a plein de gens comme moi.
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On pense que la France, c'est un peuple de gens
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repliés sur eux-mêmes, racistes, etc.
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Mais ce n'est pas vrai.
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C'est plus les personnalités politiques,
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je trouve, qui sont complètement aigris,
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érongés par le racisme.
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C'est l'impression d'éduquer des gamins de 3 ans.
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C'est-à-dire, tu vas partager ton goûter,
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tu vas arrêter de frapper ton voisin
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parce qu'il est noir.
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Tu vois, il faut arrêter de déconner.
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Avec la gestion des arrivées des personnes ukrainiennes,
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on a tous vu que la France était capable
05:55
d'accueillir des gens.
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Enfin, moi, ce qui me pousse peut-être à agir,
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c'est ça, c'est de voir débarquer des gens
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qui n'ont rien et de me dire,
06:01
nous, on a quand même la chance,
06:02
une putain de chance de fou,
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même si moi, je suis un précaire aussi.
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Il faut travailler.
06:06
Ce n'est pas facile de s'ouvrir aux gens,
06:08
aux problèmes, de dire, tiens, un problème,
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on va y aller le résoudre.
06:11
C'est chiant, c'est sûr que c'est chiant.
06:12
Mais c'est nécessaire, quoi.
06:13
*BIP*
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