- 22/06/2025
Changement climatique, déchets nucléaires, alternatives à la voiture, consommation de viande, intelligence artificielle…
Face à l’urgence écologique, les questions se multiplient.
Pour y répondre, nous avons reçu Jean-Marc Jancovici, ingénieur et expert reconnu des enjeux climatiques.
Il s’est prêté au jeu du Q&A et a abordé, sans détour, vos préoccupations, vos doutes et les grands défis de l’écologie de demain.
Face à l’urgence écologique, les questions se multiplient.
Pour y répondre, nous avons reçu Jean-Marc Jancovici, ingénieur et expert reconnu des enjeux climatiques.
Il s’est prêté au jeu du Q&A et a abordé, sans détour, vos préoccupations, vos doutes et les grands défis de l’écologie de demain.
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ÉducationTranscription
00:00Changement climatique, alternatives à la voiture,
00:02réduction de la consommation de viande, déchets nucléaires,
00:05mais aussi impact de l'intelligence artificielle.
00:07J'ai le droit de répondre n'importe quoi ?
00:08Ou vous faites ce que vous voulez.
00:10Le président du Shift Project, Jean-Marc Jancovici,
00:13est venu à Combini parler des projections pour un futur décarboné,
00:17pour répondre aux questions de nos trois invités, et aussi aux vôtres.
00:21C'est l'inconnu.
00:24C'est bon, on a été mis suffisamment loin pour ne pas pouvoir en venir aux mains, c'est bien.
00:30J'ai des super pouvoirs.
00:32Bonjour, je suis venue aujourd'hui avec mon permis de conduire.
00:36Il m'a permis d'aller librement, partout, où je voulais, quand je voulais.
00:40Il sert non seulement de passeport de liberté,
00:43mais également d'autonomie et d'indépendance,
00:47en particulier quand on est très loin des transports en commun et quand on veut circuler.
00:51Alors, moins dépendre de la voiture, ok,
00:54mais qu'est-ce qu'on dit aux Français qui ont besoin de leur voiture au quotidien,
00:58qu'est-ce qu'on leur donne comme alternative satisfaisante,
01:01et pas dans 50 ans, pas dans 100 ans, aujourd'hui ?
01:04Ce qui est sûr, c'est que les gens, à l'avenir, vont continuer à se déplacer,
01:06parce que c'est un besoin biologique, on est des animaux, on bouge.
01:09Et par ailleurs, on a organisé la société aujourd'hui en ayant le travail pas au même endroit que l'école,
01:13l'école pas au même endroit que les courses, les courses pas au même endroit que les loisirs, etc.
01:17Au G-Project, on ne veut pas du tout le malheur du monde, on veut plutôt son bonheur.
01:20C'est plutôt à ça qu'on essaye de travailler.
01:21Et la réponse ne tient pas en une seule chose.
01:24Le cocktail qu'on regarde, il mélange plusieurs choses.
01:28Il mélange le fait qu'on s'organise avec moins de voitures,
01:30parce qu'il y a quand même beaucoup d'endroits où c'est facile de s'organiser avec moins de voitures,
01:34les zones urbaines, une partie des zones périurbaines, etc.
01:36Avec des voitures plus légères.
01:38Dans ce pays, on a souvent tendance à voir toutes les choses en blanc et noir.
01:41C'est-à-dire que tout le monde va prendre les transports en commun,
01:43tout le monde va se mettre au vélo.
01:44Évidemment que non.
01:45Donc ce qu'il faut, c'est marier toutes ces marges de manœuvre.
01:47Donc si on met tout ça bout à bout, on peut s'organiser en France avec,
01:51allez, je vais vous faire sauter en l'air, mais en gros deux fois moins de voitures.
01:53Mais on n'est pas pour la suppression de la voiture.
01:55Je voudrais revenir sur les voitures électriques, pourquoi pas.
01:59Mais on voit bien qu'en France en particulier,
02:01la clientèle n'est pas aussi au rendez-vous qu'on aurait pu penser,
02:05et en particulier au point de menacer notre filière industrielle automobile.
02:10En fait, ce qu'on voit, c'est que ces véhicules sont trop chers,
02:12pèsent trop lourd, leur autonomie n'est pas satisfaisante.
02:16Et finalement, ces véhicules ne répondent pas à tous les besoins de tous les conducteurs français.
02:21Alors ma question, ce serait, est-ce qu'imposer dès 2023
02:25l'interdiction de vente de véhicules neufs thermiques en 2035
02:29et obligé à uniquement rouler, acheter des voitures neuves électriques,
02:33est-ce que ce n'était pas un petit peu mettre la charrue avant les bœufs ?
02:35Est-ce qu'on sera au rendez-vous en 2035 ?
02:37J'en sais rien.
02:38Est-ce que c'est la bonne direction ?
02:39Ça, je pense que oui.
02:40Parce que, comme je le disais tout à l'heure,
02:43du pétrole, on va en avoir de moins en moins,
02:45indépendamment de toute question climatique.
02:47Au Schiproject, on a fait un travail
02:49montrant que la quantité de pétrole
02:51qui pourrait rentrer en Europe d'ici 25 ans,
02:53alors 25 ans, c'est dans pas longtemps,
02:55c'est d'ici à ce que vos enfants aient votre âge,
02:57en ordre de grandeur,
02:57donc c'est vraiment dans pas longtemps,
03:00la quantité de pétrole qui sera disponible en Europe
03:02sera divisée par 2 à 20.
03:04D'accord ?
03:05La France comprise, la France importe 99% de son pétrole.
03:08Donc, si on veut, si on se préoccupe
03:10de la mobilité des gens,
03:12justement, il faut absolument
03:13les débarrasser de la voiture à pétrole.
03:15C'est leur rendre service
03:16que d'aller dans cette direction.
03:18Je pense pas que ce soit des révolutions.
03:20C'est des petits efforts,
03:22mais vous savez, l'avenir, malheureusement,
03:23risque de nous demander aussi des gros efforts.
03:25Moi, je préfère des petits efforts consentis
03:27plutôt que des gros efforts
03:28qui vont nous tomber dessus
03:29sans trop qu'on ait notre mot à dire.
03:31Il y a un dernier point important
03:33qui est celui de la filière automobile française,
03:35qui est une filière industrielle
03:36historiquement très importante,
03:37et on travaille aussi au Chief Project
03:39sur des propositions
03:40pour faire en sorte
03:40qu'elle ne pâtisse pas de cette transition
03:42et au contraire, qu'elle en bénéficie.
03:44Dans la construction de véhicules électriques,
03:45le gros investissement capitalistique,
03:47il est dans la fabrication des batteries.
03:49Et au niveau de la construction,
03:50on peut au contraire imaginer
03:51que vous allez avoir l'émergence
03:53d'un certain nombre de PME
03:54parce que quand vous avez la batterie,
03:56faire le véhicule électrique,
03:57c'est pas une opération d'assemblage très compliquée.
04:00Donc, c'est pas dit
04:01qu'industriellement, on y perde.
04:03Il faut par contre s'organiser de telle sorte,
04:05justement, il faut le vouloir quelque part.
04:07Êtes-vous végétarien ?
04:08La réponse est non,
04:09je ne suis pas végétarien.
04:10Par contre, je mange très peu de viande rouge.
04:12Et la colonisation de Mars,
04:14une des solutions ?
04:14Alors là, je vais faire la réponse
04:15la plus courte de ma carrière, non.
04:16Si on envoie un astronaute ennemi sur Mars
04:20dans quelques années
04:21qui va s'ennuyer à mourir
04:23et qui, du reste, va avoir qu'une seule idée,
04:25c'est de repartir le plus vite possible,
04:26à supposer qu'il y arrive,
04:27ça sera le bout du monde.
04:28Il est évidemment totalement hors de question
04:30de transposer quelques milliards d'individus
04:33sur une planète qui n'a pas d'atmosphère,
04:34pas d'océan, pas de sol cultivable, etc.
04:37C'est une chimère.
04:38Si on vous appelle pour être ministre de l'écologie,
04:40vous dites quoi ?
04:41Je décline poliment
04:41parce que l'écologie,
04:43c'est une préoccupation tellement transverse
04:44que c'est une préoccupation
04:45de président de la République
04:46ou de premier ministre.
04:48Ce n'est pas une préoccupation
04:48de ministre de l'écologie.
04:50Candidature aux présidentielles,
04:51j'ai déjà dit 25 fois
04:52que je ne me présenterai pas.
04:53OK, bonjour.
04:54Donc, je vous ai amené
04:55une belle côte de bœuf.
04:56Alors, elle vient de nos territoires,
04:58de nos modèles herbagés.
05:00Alors, la France,
05:00c'est 13 millions d'hectares de prairies.
05:03Alors, des prairies
05:03qui ont la grande vertu
05:05de stocker du carbone.
05:06Aussi, la biodiversité qui va avec,
05:09mais également une ressource
05:10en matière de fertilisants,
05:12de matière organique dans les sols.
05:15Donc, comment pérenniser cet élevage
05:17et puis de faire en sorte
05:20qu'il ne baisse pas ?
05:21Dans le rapport du Chifproject,
05:22ce qu'on s'est dit,
05:23c'est qu'il y a quand même
05:24un inconvénient à l'élevage,
05:26parce que rien n'est parfait
05:27dans ce bas-monde,
05:28c'est que les bovins,
05:29ça contribue au changement climatique
05:31au travers des émissions de méthane.
05:32Alors, la conclusion
05:33à laquelle on est arrivé,
05:34c'est que ce qui serait souhaitable,
05:35c'est de faire baisser doucement
05:36le cheptel français.
05:38En fait, le premier cheptel
05:39qu'il faut baisser,
05:40c'est plutôt celui qui est
05:41entre guillemets hors sol
05:42et pas du tout celui
05:44qui est au pâturage.
05:45Donc, en fait,
05:46l'élevage qu'il faut préserver,
05:47c'est justement celui
05:47qui va avec les pâturages.
05:49Et puis, il y a un vrai sujet également
05:50qui est de se protéger
05:51contre les importations,
05:52parce qu'il faut savoir
05:52que dès à présent, aujourd'hui,
05:54on importe une partie significative
05:55de la viande qu'on mange
05:56dans la volaille.
05:58On en est quasiment à 50% maintenant
05:59et si mes chiffres sont corrects
06:01dans le boeuf,
06:02je crois qu'on doit être
06:02à pas loin de 20%.
06:03En gros, la baisse de la consommation,
06:06elle doit d'abord
06:06mordre sur les importations.
06:10Le problème, c'est qu'on a déjà perdu
06:11un million de vaches
06:12depuis à peu près 10 ans.
06:14En revanche, nos concurrents,
06:16l'Amérique du Sud notamment,
06:17qui est sur des modèles
06:18complètement différents,
06:19le Brésil et l'Argentine,
06:20ont mis 10 millions de bêtes en plus,
06:22de bovins en plus,
06:24en l'espace de 10 ans.
06:26C'est l'équivalent du chapetel total
06:27au reproducteur français.
06:29Donc, comment on fait
06:30pour faire en sorte
06:31que ce soit bien ces modèles-là
06:34qui finissent dans nos assiettes,
06:36cette gotte de bœuf notamment,
06:38et pas celle qui vient
06:40d'Amérique du Sud,
06:41du Brésil,
06:42et qui ne respecte aucun standard
06:44environnementaux et réglementaires
06:47que nous avons en Europe ?
06:48Alors, la réponse,
06:49vous la connaissez déjà pour partie.
06:51Il y a les clauses miroirs,
06:52il y a le règlement
06:54sur la déforestation importée
06:56et toute la difficulté,
06:57alors pour les gens
06:58qui ne connaissent pas bien,
06:58donc le règlement
06:59sur la déforestation importée,
07:01c'est un règlement européen,
07:02donc d'application immédiate,
07:03qui interdit l'importation en Europe
07:05de denrées agricoles
07:07qui ont nécessité de la déforestation
07:09sur les années qui viennent de s'écouler
07:11pour être produites.
07:12Et les clauses miroirs,
07:14c'est des clauses
07:14qui demandent
07:15à ce que les produits
07:16qu'on importe en Europe
07:18et en particulier en France
07:19aient été produites
07:21dans des conditions
07:21qui sont comparables
07:22aux exigences
07:24qu'on demande
07:25aux agriculteurs
07:26et aux éleveurs français.
07:26La difficulté maintenant,
07:27c'est d'arriver
07:28à faire en sorte
07:29que ça soit vraiment
07:29mis en œuvre,
07:31j'ai envie de dire.
07:31Et du reste,
07:32l'Europe en ce moment,
07:33elle est prise
07:33dans une incohérence
07:35qui est l'antagoniste
07:36entre le libre-échange
07:37qu'on pourrait avoir
07:38avec la zone Amérique du Sud
07:40et le règlement
07:42des forestations importées.
07:43On ne peut pas avoir les deux.
07:44Si on ne veut pas
07:44de déforestation importée,
07:46on ne dit pas
07:46qu'on va faire
07:46avec l'Amérique du Sud
07:47sans regarder
07:48ce qui rentre chez nous.
07:49Et par ailleurs,
07:49il y a un autre sujet
07:50sur lequel il faut arriver
07:51à se battre,
07:51c'est que si les conditions
07:52d'élevage en France
07:53ont des exigences
07:57plus importantes
07:57et que ça fait monter les coûts,
07:59il faut accepter
08:00que ce coût soit payé
08:01aux éleveurs.
08:01Alors, il faut savoir
08:02que ça ne demanderait pas
08:03un effort considérable
08:04au consommateur final.
08:05En fait, les Français
08:05ne payent que 1%
08:07de ce qu'ils gagnent
08:08pour la production agricole
08:09qui les nourrit.
08:10Alors, les gens
08:11qui nous écoutent
08:12vont me dire
08:12ils racontent n'importe quoi.
08:13Au magasin,
08:14je paye 15%
08:15de ce que je gagne.
08:15Au magasin, oui.
08:16Mais sauf que le magasin,
08:17lui, il va payer 7%
08:18du ticket de caisse
08:19aux agriculteurs initiaux.
08:21Tout le reste,
08:21c'est du transport,
08:22de la transformation,
08:23des emballages,
08:24les employés du magasin,
08:25de la publicité,
08:26les frais bancaires
08:28de tout le monde, etc.
08:29Donc, c'est tout
08:29sauf de la nourriture.
08:30En fait, si on arrive
08:31à faire en sorte
08:31que les surcoûts
08:33soient passés
08:34à l'identique
08:35au consommateur final
08:35sans être amplifiés
08:37par les étapes intermédiaires,
08:39en fait, ça ne coûterait
08:39pas beaucoup plus cher
08:40au consommateur final
08:41de payer le prix
08:43de la qualité
08:43et le prix
08:44de sa demande environnementale,
08:46puisque le consommateur,
08:47il a cette demande aussi,
08:50auprès de l'agriculteur
08:51ou de l'éleveur.
08:51Les modes vertueux
08:52de l'élevage,
08:53horizon 2050,
08:54ça ressemblera à quoi ?
08:55C'est ceux qui sont
08:56les modes anciens,
08:57j'ai envie de dire.
08:57C'est l'élevage en pâturage,
08:59en prairie,
09:00et c'est l'élevage
09:01dans lequel on évite
09:02de donner aux bétails
09:03des aliments
09:04qui ont poussé
09:04à des milliers
09:05de kilomètres de là.
09:06C'est un élevage
09:07dans lequel la partie
09:09protéine végétale,
09:10elle est issue
09:11de culture française.
09:12Moi, si j'étais à votre place,
09:14j'inverserais le dialogue
09:15avec la société civile.
09:17C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
09:18ce qu'on entend souvent,
09:19alors, je ne parle pas
09:20des gens pris un par un,
09:21mais au niveau
09:21des syndicats représentatifs,
09:25c'est de nous faire sale
09:25parce que c'est la seule condition
09:27dans laquelle on peut rivaliser
09:28avec le marché mondial.
09:30Et moi, j'ai envie de dire,
09:30ça vaudrait peut-être le coup
09:31de renverser le raisonnement
09:32en disant,
09:34la société nous demande
09:34d'avoir tel mode de production,
09:36parfait, on va le faire,
09:37c'est temps, payez.
09:39Et les industriels
09:40sont très bons à faire ça.
09:42C'est-à-dire,
09:42quand les producteurs d'acier,
09:44les producteurs de ciment,
09:45les producteurs de plastique,
09:45etc., on leur dit
09:46vous allez faire plus propre,
09:47il n'y a pas de problème,
09:48ça vaut 5 milliards,
09:497 milliards, 8 milliards,
09:50si vous nous les donnez,
09:51on fait plus propre.
09:51Et comme je disais tout à l'heure,
09:53on va se rendre compte
09:54que rapporter à ce qu'on dépense
09:55pour manger,
09:56c'est en fait pas énorme.
09:58Alors, 4 vols max dans une vie,
09:59c'est sérieux.
10:00Ça dépend de ce qu'on appelle sérieux,
10:02c'est un calcul sérieux.
10:03Le calcul a été fait
10:03de la manière suivante.
10:05Pour limiter le réchauffement
10:06climatique planétaire
10:07à 2 degrés de hausse
10:09par rapport à ce qu'on appelle
10:10l'ère pré-industrielle,
10:12il faut que les émissions
10:13de gaz à effet de serre planétaire
10:14baissent de 5% par an.
10:15Et par ailleurs,
10:16je tiens pour négligeable
10:18les carburants de substitution,
10:19l'huile de friture usagée,
10:21l'hydrogène,
10:22qu'est-ce que je sais ?
10:23Parce que quand on regarde
10:24d'un peu près
10:24ce que ça pourrait fournir
10:26comme carburant
10:27au secteur aérien,
10:27on se rend compte
10:28que c'est vraiment
10:28pas grand-chose.
10:30Donc, baisser les émissions
10:31de 5% par an
10:32à l'efficacité énergétique
10:33des moteurs près,
10:34c'est baisser les vols
10:35de 5% par an,
10:36globalement.
10:37Et je me suis dit,
10:38en 2050,
10:39après avoir baissé
10:40les vols de 5% par an,
10:42qu'est-ce qui reste
10:42et qu'est-ce que ça donne
10:43si je répartis ça équitablement
10:45sur la population mondiale ?
10:46Et je considère
10:47qu'un Somalien,
10:48un Brésilien,
10:49un Chinois et un Français
10:50ont le même droit
10:51à voler dans leur vie.
10:52Et le résultat de mon calcul,
10:53c'est qu'à ce moment,
10:54ça donne 4 vols par vie.
10:55Voilà.
10:55Donc, c'est pas une proposition,
10:57c'est le résultat d'un calcul.
10:59Tout à fait sérieux.
11:03Pourquoi c'est à nous
11:04de faire des efforts
11:04si les riches
11:05voyagent encore en jet privé ?
11:07Alors, c'est une excellente question.
11:09Et de mémoire,
11:10à un moment,
11:11il y avait un sondage
11:12qui avait été fait
11:12sur le transport aérien
11:13où on avait demandé
11:14aux Français
11:15est-ce que vous êtes d'accord
11:16pour qu'on limite
11:17les vols en avion ?
11:18Et je crois que 40%
11:19des Français ont dit oui.
11:21Et on avait reposé
11:22la même question
11:22en mettant virgule
11:23et on interdit
11:24les jets privés.
11:25Et à ce moment,
11:25il y a 60% des gens
11:26qui ont dit oui.
11:28Alors, qu'est-ce que ça veut dire
11:29cette histoire ?
11:29Ça veut dire qu'en matière
11:30d'efforts,
11:31il y a quelque chose
11:32qui est extrêmement important
11:33dans notre pays,
11:33c'est l'exemplarité
11:34et ce qu'on pourrait appeler
11:36une forme de justice sociale.
11:37Moi, à titre personnel,
11:39ça ne me dérange pas du tout
11:40qu'on restreigne
11:42très fortement
11:42l'utilisation des jets privés
11:44dans un monde
11:44dans lequel on demanderait
11:46par ailleurs
11:46un effort sur le transport aérien
11:48pour tout le monde.
11:50Je trouve que ça serait légitime.
11:52Maintenant,
11:53ça ne dépend pas que de moi,
11:54cette histoire.
11:55Mais oui,
11:55c'est une préoccupation normale
11:57que de considérer
11:58que les comportements
12:00ostentatoires
12:00ne sont plus acceptés
12:03à partir du moment
12:04où on demande
12:05à des gens
12:05qui font beaucoup moins
12:06de faire des efforts.
12:07Donc voici un faux bidon
12:11de déchets nucléaires.
12:13On connaît notre difficulté
12:14à gérer ces déchets nucléaires
12:15que ce soit
12:16d'un point de vue
12:16du stockage,
12:18du coût
12:18ou de la gestion des risques.
12:20On sait également
12:20que construire
12:21des réacteurs nucléaires,
12:22ça prend énormément,
12:23énormément de temps
12:24et d'argent.
12:25En parallèle,
12:26l'énergie solaire en 2024,
12:28en Europe,
12:29elle a dépassé
12:29la production
12:30des centrales à charbon.
12:32Pourquoi pensez-vous
12:33qu'il faut continuer
12:33à construire
12:34de nouveaux réacteurs nucléaires
12:35plutôt que d'aller
12:35vers le 100% renouvelable ?
12:37Alors,
12:37toute activité
12:38fait des déchets.
12:38Donc la question
12:39est toujours
12:40de comparer
12:40les nuisances
12:41entre elles
12:42et de savoir
12:42si en faisant ceci
12:43plutôt que cela,
12:44on va moins impacter
12:45l'environnement
12:46pour un résultat
12:47qui est à peu près identique.
12:48Donc le nucléaire,
12:48il a l'avantage
12:49d'utiliser
12:50des très petites quantités
12:51de matière
12:51pour produire
12:52énormément d'énergie.
12:54Du coup,
12:54il a aussi l'avantage
12:55de produire
12:55des très petites quantités
12:56de déchets,
12:57même si ces déchets
12:58sont extrêmement délicats
12:59à gérer ensuite.
13:01Il utilise
13:02extrêmement peu d'espace.
13:03Par contre,
13:04comme on a affaire
13:04à une réaction
13:05qui est extrêmement dense
13:06énergétiquement,
13:07il faut très bien
13:07s'en protéger
13:08et donc ça demande
13:09des installations
13:09qui sont très complexes
13:10et donc très coûteuses.
13:12Le soleil et le vent,
13:14on va dire,
13:14c'est l'inverse.
13:16C'est des installations
13:17qui sont raisonnablement
13:18faciles à construire,
13:19par contre,
13:20qui exploitent
13:20une énergie qui est diffuse.
13:22Donc pour avoir
13:22des quantités significatives,
13:23il faut construire
13:24beaucoup d'éoliennes
13:25ou installer
13:26beaucoup de panneaux solaires.
13:27Donc ça demande
13:28beaucoup d'espace
13:28et ça crée un système
13:30qui est plus compliqué
13:30à gérer.
13:31Si on veut un avenir
13:32débarrasser
13:32des combustibles fossiles
13:33dans la production électrique,
13:35en fait,
13:36il va falloir arbitrer
13:37entre les avantages
13:38et les inconvénients
13:38de chaque mode.
13:39Ça va beaucoup dépendre
13:40des pays.
13:41Un pays comme la Norvège
13:42n'a aucun problème
13:43à être 100% renouvelable
13:44dans son électricité
13:45parce qu'ils ont des barrages.
13:46Les barrages,
13:48c'est simple à opérer.
13:49C'est de l'énergie stockable
13:50puisqu'on arrive
13:51à stocker l'eau
13:51et on a l'électricité
13:53fournie à la demande.
13:55Dans les endroits
13:56qui sont, par contre,
13:58dépourvus de montagne,
13:59prenons l'exemple
13:59du Danemark,
14:00avoir un système
14:01qui est 100% renouvelable,
14:03c'est très compliqué.
14:04En fait,
14:04le Danemark
14:04n'arrive à fonctionner
14:05que parce qu'il est
14:07en échange
14:07avec ses voisins du Nord
14:09qui lui fournissent
14:10de l'électricité
14:11des barrages
14:12quand il n'y a pas de vent
14:12et acceptent
14:14son surplus d'électricité
14:15quand il y a du vent.
14:16Et en fait,
14:17je pense qu'à l'avenir,
14:18se débarrasser
14:18des combustibles fossiles
14:19est un tel challenge
14:20qu'on va avoir besoin
14:21de tout.
14:22Sur la question
14:22du stockage de l'électricité,
14:24justement,
14:24on sait faire depuis
14:25des décennies
14:26avec les barrages
14:26hydroélectriques.
14:28Depuis plusieurs années,
14:29il y a les batteries stationnaires
14:30qui se développent.
14:31Par exemple,
14:31en Californie,
14:32il y a des grandes quantités
14:34de batteries stationnaires
14:34qui permettent chaque jour
14:35de déplacer la production solaire
14:37autour de midi au soir.
14:39On voit que dans les scénarios
14:40100% renouvelables
14:41comme ceux faits
14:42par les gestionnaires
14:43du transport d'électricité RTE
14:44qu'on pourrait atteindre
14:45uniquement avec éoliens,
14:47solaires,
14:47les batteries et d'autres technologies
14:49déjà existantes,
14:50presque 98% d'énergie renouvelable.
14:52Il resterait quelques incertitudes
14:54sur le stockage intersaisonnier.
14:56Pour vous,
14:57ce n'est pas une piste
14:58qui paraît crédible
14:59quand on voit,
15:00encore une fois,
15:01les difficultés
15:02que connaissent
15:03les filières nucléaires ?
15:04RTE lui-même dit
15:06que toutes les inconnues
15:07ne sont pas levées
15:08dans cette affaire.
15:09Le solaire et la batterie,
15:11ça peut être
15:11une très bonne solution
15:12quand vous avez
15:13des usages quotidiens,
15:14j'ai envie de dire,
15:15et la batterie permet
15:16de déplacer l'usage
15:17dans la journée.
15:18Le solaire, par exemple,
15:19est un très bon complément
15:20de la climatisation.
15:21Donc, imaginez alimenter
15:22les climatiseurs
15:23par des panneaux solaires,
15:24ça, c'est une très bonne idée
15:24parce que là,
15:25vous n'avez pas besoin
15:26de stockage.
15:26Le gros problème
15:27dans les scénarios
15:28dans lesquels
15:29il n'y a que des énergies
15:30renouvelables,
15:31enfin, que du solaire,
15:32de l'éolien
15:32et un peu d'hydraulique,
15:34c'est le stockage
15:35intersaisonnier,
15:36c'est-à-dire le fait,
15:36en France, aujourd'hui,
15:37on consomme plus
15:38d'électricité l'hiver
15:38que l'été,
15:39et c'est le fait
15:40de pouvoir transférer
15:41une partie de la production
15:42de l'été sur l'hiver.
15:44Et le dernier point,
15:45c'est que quand vous regardez
15:45les puissances installées
15:46qui sont nécessaires
15:47pour se débarrasser
15:48des combustibles fossiles,
15:49vous vous rendez compte
15:50que ça demande
15:51une quantité d'emplacement
15:52qui me fait dire, moi,
15:53que ça va être compliqué
15:54d'y arriver
15:55parce que ça demande
15:56d'enquiquiner beaucoup de gens.
15:57L'idée qu'il y a un monde
15:58dans lequel les choses
15:58vont être très faciles
15:59et un monde dans lequel
16:00les choses vont être très difficiles,
16:01moi, je pense que,
16:01malheureusement,
16:02ce n'est pas comme ça
16:02que ça va se présenter.
16:03Je pense que ça va être difficile
16:04dans tous les cas de figure.
16:10Pour le moment,
16:14la réponse n'est pas encore publique.
16:18Donc, on va sortir du bois
16:19dans les mois qui viennent,
16:21mais pour le moment,
16:22on n'a pas encore la réponse.
16:24Alors, pourquoi vous demandez
16:25de l'argent à nous sur Ulule ?
16:27Ça ne devrait pas être
16:27le rôle de l'État.
16:28Tout simplement parce que
16:30si vous voulez demander
16:31de l'argent à l'État
16:31pour faire tourner une association,
16:33c'est un mécanisme
16:33qui est extrêmement long,
16:35extrêmement compliqué,
16:36à l'issue, pas du tout garantie.
16:38Et par ailleurs,
16:39il y a une vertu,
16:40au fait de demander
16:41de l'argent aux particuliers
16:43pour faire avancer une cause,
16:44c'est que le nombre de gens
16:45qu'ils vont nous donner
16:46en fait est révélateur
16:47de la cote d'amour,
16:48j'ai envie de dire,
16:49de la cause en question.
16:50Ce qu'on pense,
16:52au travers du succès
16:53de cette campagne,
16:54c'est qu'il y a
16:54un certain nombre de gens
16:55qui ne pensent pas du tout
16:56que l'environnement,
16:56ça suffit et qu'au contraire,
16:57il faudrait s'en occuper
16:58plus sérieusement
16:59que ce qu'on fait aujourd'hui.
17:00Elle va servir à quoi,
17:00cet argent ?
17:01Il va servir à payer des gens
17:02qui vont réfléchir
17:04à ce qu'on peut faire
17:05d'intelligent
17:05pour décarboner le pays
17:06dans la joie et la bonne humeur.
17:08Les combustibles fossiles
17:08nous ont amené
17:09la fin de la pénibilité
17:10du travail pour beaucoup
17:11puisque les machines
17:11travaillent à notre place,
17:13nous ont amené
17:13la facilité de déplacement,
17:14nous ont amené
17:15des matériaux nouveaux,
17:16tout ce qui est fibres synthétiques,
17:17plastiques, etc.
17:18Enfin bref,
17:18je pourrais énumérer
17:19très longuement
17:20tous les avantages
17:20que ça nous a amenés.
17:22Et donc,
17:23si on veut se passer
17:24des combustibles fossiles
17:25en essayant de conserver
17:26tout ce que ça nous a amenés,
17:28en fait,
17:28on se rend compte
17:28qu'il faut regarder
17:29absolument tout,
17:30partout et tout le temps.
17:31Donc ça demande un peu de monde.
17:35Comment faire ?
17:36Si juste la France le fait,
17:38ça ne sert à rien.
17:40Alors,
17:40l'IA aujourd'hui
17:41s'inscrit dans le système digital
17:43qui est un système
17:44qui engendre
17:454% des émissions
17:46de gaz à effet de serre
17:47sur la planète.
17:484% c'est à peu près
17:484 fois la France,
17:49c'est à peu près
17:50le trafic aérien,
17:51c'est 2 fois la marine marchande,
17:52c'est 2 tiers des émissions
17:53des voitures.
17:53Donc on est en train de parler
17:54dans le monde.
17:55Donc on est en train quand même
17:56de parler de quelque chose
17:57qui est très significatif.
17:59Et l'IA c'est,
18:00on va dire,
18:01le dernier élément
18:02d'accélération
18:03sur l'utilisation
18:05de ce système digital.
18:06L'IA par ailleurs aujourd'hui
18:07est une forme
18:08de débat domestique américain.
18:10Alors maintenant,
18:10les Chinois s'y sont mis.
18:11Est-ce que la France
18:12peut rester en dehors
18:13de ce mouvement ?
18:14Alors,
18:15oui et non.
18:15On ne peut pas totalement
18:16rester en dehors.
18:17C'est le drame
18:18des développements technologiques.
18:19C'est qu'une fois
18:19que quelqu'un s'y est mis
18:20et que ça lui procure
18:21un avantage,
18:22c'est toujours très difficile
18:23aux autres de dire
18:23moi je ne m'en occupe pas,
18:25je ne vais pas le faire
18:25parce que dans une compétition mondiale,
18:28du coup,
18:28vous pouvez vous retrouver
18:29désavantagé.
18:30Et si la France
18:31veut en faire moins
18:31que les autres
18:32ou si l'Europe
18:33veut en faire moins
18:33que les autres,
18:34ça ira nécessairement
18:35avec des protections
18:36que nous nous mettrons
18:37aux frontières
18:38sur l'utilisation
18:39de ce qui est fait
18:39par les autres.
18:41Voilà,
18:41il va falloir qu'à ce moment
18:42on décide des restrictions
18:44et que ces restrictions
18:46soient décidées
18:47probablement à l'échelle européenne
18:49avec la capacité technique
18:52de les mettre en œuvre,
18:53ce qui n'est pas non plus
18:54toujours très évident.
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