Avec Mathilde Gautry et Remy Barbet
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TVTranscription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Christine Bouillaud, Gilles Gansman.
00:04 - On est ravis de vous retrouver Sud Radio Média de ce mercredi 25 octobre.
00:10 Bonjour Gilles. - Bonjour.
00:11 - Ravis de vous retrouver. - De retour.
00:13 - Allez, Sud Radio Média consacrait un sujet ce matin, ce fléau de la prostitution
00:19 avec deux documents qui seront à la une de notre Sud Radio Média.
00:24 Il y aura un documentaire ce soir sur France 2 dans la case infrarouge
00:28 et cette enquête également à lire dans l'hebdomadaire La Croix.
00:31 On va présenter nos deux invités.
00:33 Magnie de Gautry, bonjour. - Bonjour.
00:35 - Vous êtes réalisatrice, je le disais, ce soir on verra donc un dans Infrarouge,
00:38 en France 2, votre enquête sur "En guerre contre le terrorisme au nom des femmes".
00:43 Vous avez suivi les policiers, je dirais même les policières
00:46 de l'Office central de répression de la traite des êtres humains
00:49 avec cette acronyme "Locrette", c'est ça qu'on dit ? - Locrette.
00:52 - Locrette. 25 millions de victimes dans le monde et 3 milliards 200 millions d'euros
00:58 de chiffre d'affaires en France, voilà quelques chiffres de la prostitution
01:02 mais vous, vous avez choisi de suivre ce travail d'enquête.
01:05 Et vous Rémi Barbé, bonjour. - Bonjour.
01:07 - Vous avez, vous depuis votre quotidien, enfin tous les cas avec votre passé d'éducateur spécialisé,
01:13 voulu comprendre aussi le fléau qui angoisse beaucoup de parents,
01:17 le fléau de la prostitution des mineurs en France.
01:20 Toujours cette prostitution 2.0, parce que ça, ça a tout changé.
01:24 - C'est ça, exactement. Dans le domaine de la croix et le dos du coup.
01:27 - D'accord, et d'ailleurs c'est ce qu'on voit dans le documentaire,
01:30 c'est-à-dire que la prostitution se fait à l'hôtel ou dans les appartements.
01:34 - 60% - Et c'est le vrai changement que la prostitution qu'on connaissait sur les trottoirs
01:40 est quelque chose qui n'existe plus.
01:43 Et ce qu'il faut dire, et on pourra le dire en deuxième partie,
01:46 c'est que surtout ces femmes sont à visage découvert,
01:50 et c'est ça vraiment le tour de force de Mathilde Gauthry,
01:54 c'est d'avoir réussi à avoir ces femmes à visage découvert et de les suivre.
01:59 Et l'autre chose qu'on peut préciser à nos auditeurs,
02:02 c'est que Mathilde les gérit, c'est-à-dire que c'est elle qui tient la caméra.
02:06 Donc, tout le travail de son, d'image... - On va la laisser l'expliquer, ça.
02:11 On va expliquer tout ça.
02:12 Mathilde, pourquoi dans, juste une précision, ce travail d'enquête autour de la prostitution,
02:18 c'est un sujet qui n'est pas facile de premier abord,
02:21 qu'est-ce qui vous a, en tant que journaliste et JRI,
02:24 ou là, aller chercher des images, les encore plus,
02:27 qu'est-ce qui vous a intéressé ?
02:28 - Alors, ce qui m'a intéressée, c'est le travail de ces enquêteurs,
02:32 et donc plus particulièrement de ces enquêtrices,
02:35 puisqu'elles représentaient, chacune d'entre elles finalement,
02:39 un stade différent de leur carrière.
02:41 Aurora, qui elle, venait d'arriver à l'office,
02:44 Delphine, qui avait un passé, notamment à l'antiterroriste,
02:47 donc qui avait des connaissances très profondes dans le milieu policier,
02:51 et elle vire cette grande chef,
02:53 et finalement, chacune d'entre elles, à leur mesure,
02:56 travaille de longues années sur le démantèlement de ces réseaux,
03:00 et ces réseaux finalement, internationaux.
03:02 C'est ça qui m'a intéressée, c'est l'angle que j'ai choisi,
03:06 c'est finalement de dire, aujourd'hui,
03:09 on n'interpelle pas seulement en France,
03:13 mais on fait tomber les réseaux,
03:15 jusque dans les pays d'origine des cibles en fait.
03:18 - Ouais, parce que ce que l'on comprend aujourd'hui,
03:20 on l'a bien vu arriver avec l'internet en tous les cas,
03:23 la prostitution 2.0, moi je l'appelle, mais ça va bien au-delà,
03:27 c'est qu'aujourd'hui ce sont des réseaux internationaux,
03:30 la prostitution a changé complètement de visage,
03:32 la loi a changé aussi, on y reviendra avec vous tous les deux,
03:35 longuement, ce documentaire ce soir sur France 2,
03:38 et cette enquête à lire dans La Croix avec nos deux invités.
03:40 On fait un petit zap ? Allez on y va !
03:42 - Hier, Christine... - Voilà, c'est fait ça, une fois !
03:50 - Eh ben oui, vous voulez voir ? - Faut prédire les lignes !
03:53 - Eh ben oui, mais c'est temps !
03:54 Qu'est-ce que vous voulez dire, ça marque, c'est temps ensemble !
03:57 Hier, le Hamas a libéré de nouvelles otages israéliennes,
04:01 dont une âgée de 85 ans, l'autre de 79 ans,
04:05 une libération qui a donné lieu à une communication,
04:08 et cette communication, elle semblait favorable au Hamas.
04:11 C'était dans "Quotidien" hier.
04:13 Ce sont donc deux femmes israéliennes de 85 et 79 ans,
04:16 vous les voyez sur ces images de la télévision égyptienne,
04:19 leur époux, eux, sont toujours détenus,
04:21 l'arrivée de leur hélicoptère militaire à l'hôpital de Tel Aviv
04:24 a été suivie en direct à la télévision israélienne.
04:27 On est loin, mais on parvient à voir ces belles images
04:30 de ces femmes kidnappées qui sont rentrées en sécurité.
04:33 Après deux semaines sans médicaments, elles doivent être examinées.
04:36 Ce sont des images émouvantes.
04:38 - Et ce matin, l'une des deux otages prenait la parole
04:40 lors d'une conférence de presse.
04:42 Elle dit avoir été battue lors de son enlèvement,
04:45 puis bien traitée en détention.
04:46 - Ils nous ont bien traitées.
04:48 Ils ont soigné tous les détails, ils ont été très aimables,
04:51 il faut le dire.
04:52 Ils nous gardaient propres, nous nourrissaient,
04:54 nous avions la même nourriture qu'eux.
04:56 Ils étaient très sympathiques.
04:59 - De dire qu'ils étaient très sympathiques,
05:01 ça a fait beaucoup réagir.
05:03 Et puis également, il y avait eu avant des images
05:05 où elles leur serraient la main,
05:07 où elles étaient en "complicité" avec le Hamas.
05:14 Et du coup, Israël a répliqué dans la journée,
05:21 car finalement on assiste à une guerre de communication.
05:24 Et ils ont contrebalancé les propos des otages.
05:28 - En face, l'armée israélienne compte bien peser
05:31 dans cette guerre de communication.
05:32 Hier, elle a invité 150 journalistes du monde entier
05:35 à visionner une compilation de vidéos du Hamas.
05:37 43 minutes d'images insoutenables
05:39 de l'attaque du 7 octobre dernier.
05:41 Et hier, ça a diffusé même ces images
05:43 des interrogatoires des terroristes du Hamas.
05:45 - Nous avons commencé à les attaquer,
05:48 pièce par pièce, l'un après l'autre.
05:51 - Quel était le but ?
05:53 - De tuer.
05:54 - Tuer qui ?
05:55 - Tous ceux qui étaient dans les maisons,
05:56 femmes, enfants, tout le monde.
05:58 - Oui, cette guerre de communication,
06:00 qu'on précise, chaque guerre donne lieu
06:02 à une guerre de communication.
06:04 Donc toujours sourcer, puis après que les faits.
06:06 - Exactement.
06:07 Mais là, évidemment, ça joue aussi sur les réseaux,
06:11 sur les influences qu'on peut avoir également.
06:14 - La vision du monde, la vision d'un conflit.
06:16 - Absolument.
06:17 Après, tout le monde prend un peu la parole sur les réseaux.
06:20 On va parler ensemble des réseaux organisés
06:22 sur la prostitution avec nos deux invités.
06:24 Hier, dans cet avou, on parlait d'un autre réseau
06:27 qui organise tout un tas de crimes,
06:29 dont désormais des catabans homophobes,
06:32 où ils pensent aller à un rendez-vous amoureux,
06:35 et là, ils se font tabasser et prendre leur argent.
06:38 Ça s'est multiplié en France de 300 %.
06:42 C'était dans cet avou, hier.
06:44 - Les services de police évoquent désormais
06:46 un problème coco en France.
06:47 Ce site, hébergé sur le territoire britannique à Guernesey,
06:50 appartient à une entreprise basée en Bulgarie
06:52 depuis sa radiation en France en août dernier.
06:55 Nous nous sommes connectés sur ce site, cet après-midi,
06:57 en quelques secondes.
06:58 Nous avons reçu des dizaines de messages,
07:00 la plupart sexuels, comme vous le voyez à l'écran.
07:02 Certaines catégories nous ont également interpellés,
07:05 comme exipta-femmes, esclaves gays,
07:07 ou même jeunes lycéennes.
07:08 C'est sur cette plateforme que certains organisent
07:11 des traquenards crapuleux,
07:12 un phénomène qui ne cesse d'augmenter.
07:14 - On a évalué qu'il y avait au moins 300 personnes,
07:18 des hommes, qui étaient tombés dans ces guet-apens
07:20 entre 2017 et 2021.
07:23 Et on s'est rendu compte pour 2022
07:26 que ce chiffre grimpait encore à 122,
07:28 ce qui fait à peu près une agression tous les trois jours.
07:31 C'est absolument énorme.
07:33 - Ce qu'on voit à la fois dans votre article
07:36 et à la fois dans votre documentaire,
07:37 c'est que ces organisations-là sont souvent à l'étranger
07:41 et pilotent tout depuis l'étranger.
07:43 Et ça, c'est aussi une nouveauté.
07:45 - Exactement. En fait, les têtes de réseau
07:47 se pensent à l'abri,
07:48 notamment lorsqu'elles sont réfugiées
07:50 dans des pays où il n'y a pas d'accord d'extradition
07:53 avec la France.
07:54 Et en fait, le réseau est extrêmement hiérarchisé.
07:58 Il y a les têtes de réseau,
08:00 il y a notamment les standardistes,
08:02 c'est-à-dire les personnes qui reçoivent
08:04 les appels des clients.
08:05 Il y a les personnes qui s'occupent du logement.
08:08 Et en fait, finalement, ces personnes-là,
08:11 dans le réseau, en tout cas,
08:13 dont j'ai pu suivre le démantèlement avec Locret,
08:16 étaient basées en Espagne.
08:18 Donc l'idée, c'est de morceler la présence
08:21 des proxénètes aussi sur le sol français,
08:23 de faire en sorte qu'ils fassent des allées et venues,
08:25 qu'ils n'aillent jamais au même endroit,
08:27 pour éviter, évidemment,
08:29 pour complexifier le travail de la police.
08:33 - C'est le cas chez les mineurs aussi ?
08:35 C'est basé à l'étranger ?
08:36 - Le processus est un peu différent chez les mineurs.
08:38 Dans le cadre de la prostitution,
08:40 enfin du proxénétisme,
08:42 qui est encore des adultes,
08:43 il y a cette tradition un petit peu
08:46 de la tête étrangère,
08:48 qui peut venir de régions qui sont nigériens,
08:50 colombiennes, comme on l'a montré au documentaire,
08:53 mais aussi d'Europe de l'Est.
08:54 Avec les mineurs, il y a quelque chose
08:56 d'un peu différent, c'est-à-dire que
08:58 Locret, justement, a identifié un nouveau mode opératoire,
09:00 qui se situe au milieu de la décennie 2010.
09:03 Alors, "eux", le terme qu'ils emploient
09:06 pour enquêter là-dessus, c'est du proxénétisme de cités,
09:08 c'est-à-dire que des délinquants français
09:11 de quartier sensible
09:13 vont changer de mode opératoire,
09:16 délaisser un petit peu le trafic de drogue,
09:18 qui peut être très risqué, avec une forte présence policière,
09:20 et tous les risques que ça encourt,
09:22 pour s'orienter vers du proxénétisme
09:24 et mettre en prostitution des mineurs.
09:27 Et ces mineurs, ils les trouvent très souvent
09:29 sur les réseaux sociaux, ça constitue un petit peu
09:31 leur vivier de recrutement, en fait.
09:32 - Christine, j'ai une bonne nouvelle !
09:34 Pour vous, rien que pour vous,
09:36 votre fils va enfin pouvoir rentrer dans une librairie !
09:38 - C'est vrai ?
09:40 - Oui, et il vous en a parlé un peu hier, Clément Barguin,
09:42 c'est la sortie de la biographie de Britney Spears !
09:45 - Ah bah oui !
09:46 - Voilà ce qui va motiver votre fils à rentrer...
09:48 - Oh, il écoute plus trop Britney Spears, le mien !
09:50 Il a changé de... Non, c'est pas trop, hein !
09:52 C'est pour maman, peut-être !
09:54 - Ah, vous écoutez Britney Spears ?
09:56 - Ah bah, ça fait partie de ma jeunesse, enfin...
09:58 de toute... Bah, Britney Spears, enfin...
10:00 - Vous êtes... - Pas ma jeunesse, mais disons que...
10:02 - Oui, donc, boomer ! - Plutôt boomer, oui !
10:04 - Elle parle pour la première fois
10:06 de tous les sévices qu'elle a subis,
10:08 et vous allez voir, il y a une libraire dans le 20h de France 2
10:10 qui était très heureuse !
10:12 - Depuis ce matin,
10:14 cette vitrine lui est entièrement consacrée.
10:16 L'autobiographie très attendue
10:18 d'une star mondiale, Britney.
10:20 - J'en mets partout !
10:22 C'est l'événement de la journée !
10:24 - Cette libraire est une fan inconditionnelle.
10:26 Elle s'est habillée pour l'occasion
10:28 et a même ramené ses objets personnels.
10:30 - C'est quand même la première fois
10:32 depuis plus de 15 ans
10:34 qu'on va entendre sa voix,
10:36 pas dans sa musique,
10:38 mais c'est la première fois qu'elle a voix au chapitre depuis très longtemps.
10:40 C'est émouvant pour son public.
10:42 - Le livre est tiré à 150 000 exemplaires en France,
10:44 et déjà,
10:46 suscite la curiosité.
10:48 - C'est quand même une icône mondiale, tout le monde la connaît,
10:50 tout le monde a quand même entendu ce qu'elle faisait.
10:52 - Moi, j'aimerais bien un peu découvrir
10:54 sa vie en quelques heures.
10:56 - Et pour finir, vous en avez parlé hier
11:00 avec le directeur de casting d'Incroyables Talents,
11:02 qui était votre invité.
11:04 - Les talents qui ne sont pas forcément incroyables
11:06 et qui ne sont pas forcément talentueux.
11:08 Hier, il y avait un spécialiste
11:10 de la chenille
11:12 et qui a créé une école pour apprendre
11:14 à faire de la chenille synchronisée.
11:16 Je suis très sérieux, il y a pas mal...
11:18 - Rien ne m'étonne.
11:20 Pourquoi pas ?
11:22 - Il était dans l'incroyable...
11:24 Bon, on ne va pas faire une chenille ici, on n'est pas assez nombreux.
11:26 Mais hier,
11:28 toute la salle d'Incroyables Talents a fait la chenille écoutée.
11:30 - C'est...
11:32 Chouchou sacro !
11:34 - Une cadence !
11:36 Gauche ! Gauche !
11:38 - On...
11:40 On est tout sacro !
11:42 - Standard !
11:44 - Vous voyez, je vous raconte la suite, là.
11:46 C'est que ça va cartonner dans les soirées, ça.
11:48 - Ah, mais c'est sûr ! C'est sûr !
11:50 - Voilà. Comme le Paquito.
11:52 - Comme Théo le Lavabo.
11:54 - C'est ça.
11:56 - Bon, il a quand même été buzzé, tout ça.
11:58 - Ah oui, le Québécois...
12:00 - On ne va pas parler de Daft Punk ?
12:02 Peut-être la cérémonie des JO, le retour ?
12:04 - Ah, je voulais le faire demain.
12:06 - On en parlera demain.
12:08 - Je vous mettrai un petit extrait de Daft Punk.
12:10 - On revient à un sujet, bon, qui est difficile,
12:12 mais il faut en parler parce qu'il y a un documentaire
12:14 et surtout une enquête.
12:16 Deux documents, finalement, qui vont plonger
12:18 téléspectateurs et lecteurs dans l'univers de la prostitution.
12:20 Comment ça fonctionne,
12:22 ces tentacules internationales ?
12:24 - Surtout sur le...
12:26 sur comment ils sont suivis et arrêtés.
12:28 - Oui, voilà.
12:30 Et donc, on va en revenir dans un instant sur Sud Radio.
12:32 À tout de suite.
12:34 - Sud Radio Média,
12:36 l'invité du jour.
12:38 - Alors, ce sont deux invités que nous avons avec nous,
12:40 avec Gilles Gansman-Maltil, de Gautry,
12:42 réalisatrice ce soir sur France 2,
12:44 "Infrarouge en guerre contre le proxénétisme
12:46 au nom des femmes", et Rémi Barbé,
12:48 journaliste également, et vous signez dans la croix
12:50 dans le numéro de cette enquête
12:52 sur le fléau de la prostitution des mineurs.
12:54 15 000 jeunes en France.
12:56 Ce qui a tout changé, vous dites, tous les deux,
12:58 c'est effectivement
13:00 l'internationalisation des réseaux,
13:02 mais aussi
13:04 Internet qui a complètement bouleversé
13:06 le monde de la prostitution.
13:08 60% Mathilde, je crois,
13:10 de la prostitution se fait
13:12 via le web, tout simplement.
13:14 Les réseaux sociaux et les sites Internet.
13:16 - C'est ça, en fait.
13:18 Il y a une ubérisation totale
13:20 de la commande d'une
13:22 prostituée, finalement. On voit même
13:24 des sites où le client
13:26 peut laisser un commentaire. - Ah oui, ça, c'est
13:28 terrifiant. - Ça, c'est terrifiant. - Comme un produit de consommation
13:30 courante, un resto, quoi. - Exactement. Donc, on
13:32 laisse un commentaire quand on n'a pas été content
13:34 du service. Et finalement,
13:36 ces annonces, elles sont faites aussi de façon
13:38 à faire croire aux clients qu'elles sont
13:40 postées par les femmes elles-mêmes. C'est-à-dire que
13:42 on donne, voilà, une sorte
13:44 de glamourisation, où la
13:46 femme dit, voilà, "adorer
13:48 le sexe".
13:50 Les photos, la plupart du temps
13:52 ne sont pas les photos des
13:54 prostituées qu'ils vont rencontrer.
13:56 Donc, on assiste, voilà,
13:58 à des échanges de commentaires entre
14:00 les clients. "Mais alors, vous
14:02 en avez pensé quoi d'elle ?
14:04 Elle a bien les mêmes fesses que sur la photo."
14:06 Etc. Donc, c'est la
14:08 marchandisation totale du corps
14:10 de la femme. Et finalement,
14:12 on commande aujourd'hui une
14:14 prostituée comme on commande un VTC.
14:16 Voilà.
14:18 Elles sont présentes sur l'ensemble
14:20 du territoire, dans des petites villes
14:22 de province. Il y a un accès qui est
14:24 facilité aussi parce qu'elles
14:26 sont dans des zones souvent un petit
14:28 peu plus reculées, pas seulement
14:30 en pleine ville. Nous, on est allés
14:32 avec Locrette, en planque, dans
14:34 des zones, voilà, complètement
14:36 reculées,
14:38 dans des toutes petites villes. Et finalement,
14:40 en plein après-midi, en semaine,
14:42 il y a un turnover de clients
14:44 qui est hallucinant.
14:46 - Ce qu'on voit également dans
14:48 votre documentaire, c'est qu'elles sont filmées.
14:50 À un moment, il y a une des
14:52 prostituées qui panique parce
14:54 que sa caméra ne marche
14:56 plus. Ça veut dire qu'ils sont
14:58 toujours fliqués sur chaque client qu'ils font ?
15:00 - Exactement. En fait, le réseau,
15:02 en tout cas celui dont
15:04 j'ai suivi le démantèlement,
15:06 a mis en place un système
15:08 qui fait que les prostituées ne sont dédiées
15:10 qu'à ça. C'est-à-dire qu'on leur fait leurs
15:12 courses, on les amène
15:14 à un point B lorsqu'elles ont besoin de se déplacer,
15:16 d'aller chez le médecin, etc.
15:18 Et donc, elles doivent être
15:20 totalement à la merci.
15:22 On peut parler
15:24 d'un phénomène d'esclavage. Elles travaillaient
15:26 de 6h à 23h.
15:28 Donc c'est des dizaines de passes par jour,
15:30 y compris pendant leur période de menstruation,
15:32 7 jours sur 7.
15:34 Et donc, les filmer, c'est un moyen,
15:36 on pourrait penser que c'est un moyen de les
15:38 protéger. En réalité, c'est un moyen
15:40 de contrôler.
15:42 C'est un réseau international,
15:44 donc vous avez tourné en France, en région
15:46 parisienne, vous avez tourné en Espagne,
15:48 il y a aussi la tête de réseau qui se retrouve en Espagne,
15:50 mais ça se passe aussi en Colombie.
15:52 Le travail de ces hommes et ces femmes
15:54 de l'Office Central de Répression de la Traite des
15:56 Êtres Humains, parce que c'en est une, Traite des
15:58 Êtres Humains, il est donc international.
16:00 J'avais envie de vous poser la question,
16:02 est-ce que vous ne vous semblez pas que, on va dire,
16:04 le combat est inégal ? C'est-à-dire que quand on va couper
16:06 une tête de réseau, c'est une hydre à plusieurs têtes,
16:08 et que ça va se reconstituer dans
16:10 la minute qui suit ailleurs qu'autrement
16:12 grâce à Internet ? - Alors,
16:14 on peut en effet penser ça,
16:16 mais les peines en termes
16:18 de trafic d'êtres humains sont extrêmement
16:20 lourdes, c'est-à-dire que vous passez aux assises.
16:22 En France,
16:24 en Colombie, on n'est plus sur un système
16:26 d'accumulation des peines.
16:28 Donc finalement, ces enquêtes
16:30 qui durent entre deux et trois ans,
16:32 elles servent aussi à montrer aux têtes de réseau
16:34 qui ne peuvent plus se réfugier, qui vont être
16:36 retrouvées. Notamment, il y a un moment
16:38 dans le film où la tête de réseau comprend qu'il y a
16:40 des policiers français et espagnols qui sont chez
16:42 elle en Colombie, et c'est à ce moment-là
16:44 qu'elle comprend que c'est grave.
16:46 Et donc c'est un signal aussi qui est envoyé,
16:48 évidemment, un réseau peut se reconstituer,
16:50 mais l'idée c'est de dire, vous allez
16:52 vraiment aller en prison et vous allez y aller
16:54 longtemps, et en France, vous allez être
16:56 jugé pour crime. C'est un crime.
16:58 - Moi j'ai eu
17:00 une petite déception sur le fait
17:02 sur la fin
17:04 de votre documentaire
17:06 qui s'appelle "Au nom des femmes",
17:08 et la chose la plus incroyable,
17:10 c'est qu'à la fin, cette tête de réseau
17:12 qui est arrêtée en Colombie,
17:14 c'est une femme. C'est une femme
17:16 qui prostitue les autres femmes.
17:18 Et je trouve ça dommage de ne pas avoir
17:20 continué à tirer ce fil-là,
17:22 c'est-à-dire d'avoir
17:24 toute... On sent bien quand vous
17:26 interrogez les femmes
17:28 flics, que c'est dans leur chair
17:30 qu'elles ressentent ce que racontent les prostituées,
17:32 de ce qu'elles vivent. - Oui, parce que ce qui est important,
17:34 Delphine, j'ai l'air de l'en reprendre, Elvire,
17:36 Delphine Aurore, dont une dirige
17:38 effectivement cet office. - C'est ça.
17:40 - Des femmes qui prostituent des femmes, et ce sont
17:42 des femmes qui vont démanteler
17:44 le réseau. - Ça ne vous a pas choqué que ce soit une femme
17:46 qui dirige tout ce
17:48 réseau-là ? Que ce soit une femme
17:50 qui mette les femmes sur... Pas sur le
17:52 trottoir, donc, mais... - Ouais,
17:54 il y en a eu dans l'histoire. - Oui, des mères Macrae, là.
17:56 - Oui, alors là, il faut imaginer,
17:58 donc on a en effet l'interpellation
18:00 de cette femme, maintenant le réseau,
18:02 il était constitué d'une
18:04 dizaine de personnes.
18:06 En fait, ça montre aussi
18:08 finalement cette criminalité
18:10 organisée dans le milieu prostitutionnel,
18:12 elle est différente de celle qu'on va pouvoir
18:14 rencontrer, et je pense que
18:16 mon collègue a aussi pu voir ça,
18:18 dans le milieu des stupéfiants. C'est-à-dire que
18:20 finalement, on n'est pas face à des gens
18:22 qui sont armés, on n'est pas face à
18:24 des gens qui
18:26 sont "aux
18:28 premiers abords dangereux", et
18:30 finalement, c'est vrai, quand on tombe sur cette tête de réseau
18:32 qui est chez elle, en Colombie, et qui est
18:34 une... - Elle fait quoi dans la vie,
18:36 cette femme ? - Alors, justement, ce sont des
18:38 gens qui ne font rien,
18:40 et c'est aussi comme ça qu'on les
18:42 retrouve, parce que finalement, ils ont des
18:44 revenus qui sont complètement décalés
18:46 par rapport à l'homme.
18:48 - Les femmes de l'Office
18:50 Central de Répression de la Traite des Êtres Humains,
18:52 j'y l'en parlais, elles ont vraiment à cœur
18:54 de sauver ces femmes, qui sont
18:56 dans la prostitution, et vous le disiez, qui
18:58 enchaînent les passes toute la journée,
19:00 de 6h à 23h, enfin, c'est
19:02 des conditions épouvantables.
19:04 Qu'est-ce qui vous a marquées
19:06 chez elles ? Parce qu'on sent
19:08 vraiment que c'est une mission
19:10 plus qu'un métier de
19:12 travailler dans ce service-là.
19:14 - Oui, je pense que...
19:16 C'est des femmes, et ça j'ai pu y assister,
19:18 qui comptent pas leurs heures.
19:20 Quand elles partent, elles savent pas forcément quand
19:22 elles vont rentrer, parce que le terrain
19:24 fait qu'on peut découvrir sur place
19:26 d'autres choses, qu'on peut tirer
19:28 un fil et finalement arriver
19:30 à suivre
19:32 des personnes du réseau
19:34 qui vont se déplacer. Moi, ce qui m'a marquée,
19:36 c'est évidemment leur investissement.
19:38 C'est des enquêtes qui durent longtemps.
19:40 - C'est deux ans.
19:42 - C'est deux ans. C'est
19:44 des enquêtes qui sont compliquées, parce que
19:46 les cibles bougent.
19:48 Les femmes bougent, elles sont
19:50 organisées en sex-tour, c'est-à-dire qu'on fait
19:52 en sorte qu'elles ne se fixent jamais dans une
19:54 ville pour ne pas nouer de contacts avec la population.
19:56 Et d'ailleurs,
19:58 sur les sites, on le voit très bien,
20:00 "Quand est-ce que tu reviens dans ma ville ?" etc.
20:02 Les clients, finalement, ça crée aussi
20:04 une offre et une demande.
20:06 C'est pour les proxénètes un cercle
20:08 vertueux. Et donc ces femmes,
20:10 finalement, elles courent après un système
20:12 qui est
20:14 issu du crime organisé, donc qui est
20:16 fondamentalement construit pour
20:18 échapper à la police. - Est-ce qu'elles sont sauvées ?
20:20 Juste, pardonne-moi Gilles,
20:22 qu'est-ce qu'elles deviennent ces femmes ?
20:24 - J'allais aller sur ce terrain-là,
20:26 pour appuyer le propos de Christine.
20:28 Est-ce que finalement, on les sauve
20:30 de la prostitution, mais peut-être finalement
20:32 pour leur donner
20:34 une autre vie qui ne sera pas
20:36 meilleure, c'est-à-dire de les mettre dans
20:38 une précarité
20:40 totale ? - Alors
20:42 la réalité, l'avenir
20:44 de ces femmes est assez triste, puisqu'en général
20:46 elles retournent statistiquement
20:48 dans les réseaux. Le système
20:50 d'emprise est tel que
20:52 souvent, elles ont un rapport à leur corps
20:54 qui est brisé,
20:56 qui est devenu différent. Les associations
20:58 que j'ai rencontrées
21:00 se donnent un mal fou
21:02 à essayer de les sortir,
21:04 parce qu'elles interviennent à la suite des auditions
21:06 avec les policiers.
21:08 Mais statistiquement,
21:10 la grande majorité de ces femmes
21:12 retournent dans un autre réseau
21:14 après le démantèlement du leur.
21:16 Donc il y a un travail à faire, et qui est fait
21:18 de façon assez brillante par les associations.
21:20 Et j'ai pu rencontrer des femmes
21:22 qui étaient parvenues à sortir
21:24 de la prostitution, et en tout cas
21:26 des réseaux, mais c'est extrêmement
21:28 dur. - C'est restreint, et surtout
21:30 rare. Vous bougez pas, Malthine Gaudry, Rémi Barbet,
21:32 on continue de parler de ce dossier.
21:34 - Vous voulez qu'ils aillent ? - Ou qu'ils aillent.
21:36 - Mais qu'ils bougent pas ! - Mais non, ils bougent pas,
21:38 je préviens mes auditeurs qu'ils ne bougent pas,
21:40 et qu'ils restent là. On se retrouve juste après
21:42 la pause sur Sud Radio, le supplément
21:44 média, avec ces deux enquêtes
21:46 autour de la prostitution, la prostitution
21:48 internationale et la prostitution des ménards. A tout de suite.
21:50 Sud Radio,
21:52 le supplément média.
21:54 - On est en compagnie toujours de Rémi Barbet,
21:56 journaliste à la Croix, Mathilde Gaudry,
21:58 réalisatrice, avec cet infrarouge
22:00 ce soir consacré à la prostitution,
22:02 avec le suivi des
22:04 hommes et des femmes, des policiers de l'Office Central
22:06 de la répression de la traite des êtres
22:08 humains. On a quand même le
22:10 sentiment à la fin du documentaire que
22:12 ce fléau,
22:14 je rappelle les chiffres, rien que pour la France,
22:16 c'est 3 milliards 200 millions d'euros,
22:18 le chiffre d'affaires de la prostitution,
22:20 c'est colossal, c'est 25 millions de personnes
22:22 qui sont exploitées dans le monde,
22:24 mais pourtant il y a toujours cette image
22:26 un peu d'épinal, que la prostitution
22:28 c'est romantique,
22:30 un peu quelque chose comme ça. Non,
22:32 pas du tout en fait. - Non,
22:34 la prostitution c'est glauque,
22:36 et d'autant
22:38 plus que désormais
22:40 elle est cachée, c'est-à-dire que
22:42 quand les prostituées
22:44 étaient dans la rue, elles avaient un contact
22:46 avec la police, parce qu'il y a
22:48 notamment à Paris des brigades
22:50 qui sont dédiées
22:52 à cela, et avec les
22:54 associations. Quand elles sont
22:56 parquées dans des appartements où on ne les voit
22:58 plus et où du coup, finalement
23:00 la quasi-totalité
23:02 de la population ignore totalement,
23:04 voilà, on passe à côté d'un
23:06 appartement sans
23:08 se douter qu'il puisse se passer ça
23:10 à l'intérieur. - Et elles sont séquestrées,
23:12 il faut le savoir. - Voilà, donc c'est
23:14 selon les réseaux, mais en tout cas
23:16 l'emprise est tellement forte
23:18 que de toute façon, on leur
23:20 fait rapidement comprendre qu'elles n'ont pas le choix,
23:22 elles n'ont pas de lien, elles ne parlent pas la langue du
23:24 pays, elles ont une peur presque
23:26 naturelle de la police,
23:28 donc on les brife,
23:30 on leur dit, et dès leur arrivée sur le
23:32 territoire français. Donc
23:34 c'est une prostitution
23:36 qui est cachée. - D'ailleurs, quand vous dites
23:38 qu'elles ont peur, quand le
23:40 réseau est démantelé, qu'il y a l'audition
23:42 de la prostituée par la policière
23:44 de votre documentaire,
23:46 elle ne répond à aucune question.
23:48 Tout est déjà formaté, elle ne sait rien, elle n'a rien vu,
23:50 elle ne connaît pas, elle ne sait même pas
23:52 pourquoi elle est là alors qu'elle est en position de victime
23:54 puisque depuis 2016, la loi
23:56 a changé. - Eh bien ça tombe bien parce qu'on a l'extrême.
23:58 - Allez, on y va.
24:00 - Alors, ça c'est un livre de
24:02 comptes, ça. Tu peux pas me dire autrement,
24:04 c'est pas possible.
24:06 Ça, c'est
24:08 des passes, c'est des clients.
24:10 C'était la maison, mais tu peux pas
24:14 me dire que c'est pas à toi. Quand on
24:16 loue une location, on fait le ménage,
24:18 on nettoie tout ça.
24:20 Tu vois, ça te fait rire.
24:22 Mais oui.
24:24 Tu vois, ça te fait rire. On fait le ménage,
24:26 on va pas t'accueillir dans
24:28 des poubelles déjà des autres.
24:30 - C'était un aile, il y avait des snacks.
24:32 - Mais il y avait la chose qui était déjà, je ne sais pas.
24:34 - Oui, c'était la chose,
24:36 c'était un aile. - Non, je ne savais pas
24:38 que c'était là.
24:40 - Ok.
24:42 Tu devrais mettre une mauvaise
24:44 note sur Booking.
24:46 - Oui, c'est terrible.
24:48 C'est livre de comptes aussi,
24:50 à l'ancienne. Alors, on est
24:52 sur Internet, c'est une réseau international, mais on tient
24:54 ce registre,
24:56 on va dire, de comptabilité
24:58 sur un cahier. Sur un cahier
25:00 24/29/7, comme on disait.
25:02 - Oui, à l'époque.
25:04 Moi, juste avant de partir sur
25:06 l'enquête sur les millards, je voulais juste
25:08 préciser, comme
25:10 je l'ai fait un peu au début,
25:12 que c'est Coverfilm
25:14 qui produit, c'est une petite boîte
25:16 artisanale, et je trouve ça bien que
25:18 France Télévisions, que ça ne soit pas
25:20 toujours des grosses boîtes. On a l'impression qu'on critique
25:22 beaucoup les journalistes ici
25:24 à Syd Radio. Là, c'est
25:26 vraiment une vraie enquête avec du
25:28 temps, avec vous qui êtes gérés,
25:30 vous tenez la caméra, vous occupez du son.
25:32 Et moi, j'aime bien rendre hommage
25:34 à des gens qui sont passionnés. Il y a un producteur
25:36 qui s'appelle Guillaume Meurisse, et lui,
25:38 il ne fait pas des docs pour faire
25:40 de l'audience, il fait de l'odoc, parce que
25:42 je l'ai lu au téléphone pour ce doc,
25:44 et il m'a dit, moi, ce qui m'intéresse, c'est
25:46 d'être d'utilité publique, et puis après,
25:48 si on fait de l'audience, on sera heureux.
25:50 Et moi, j'aime bien avoir des
25:52 boîtes qui sont encore, non pas dans
25:54 l'usinage,
25:56 et c'est bien que France 2
25:58 ou d'autres chaînes laissent des places à ce genre de bâtiments.
26:00 - Alors, c'est juste à 23h05,
26:02 mais bon, c'est sur Infrarouge, et c'est en replay
26:04 de toute façon sur le site de France TV.
26:06 Rémi, on est avec vous
26:08 de ce côté-là aussi, parce que
26:10 les Bredards l'accroient dans son
26:12 numéro qui paraît aujourd'hui,
26:14 aujourd'hui ? - Non, la semaine dernière.
26:16 - La semaine dernière, oui, qui est parue il y a deux semaines. - Mais qu'on peut retrouver
26:18 sur le site de l'Infrarouge, qu'on peut télécharger. - Voilà, exactement.
26:20 - Et il y a même un podcast que vous avez enregistré
26:22 qu'on peut écouter. - Tout à fait,
26:24 et où vous expliquez dans ce podcast
26:26 ce qui vous a marqué dans
26:28 cette enquête, et de ce suivi de Bao,
26:30 cette jeune femme, jeune adolescente,
26:32 et vous intéressez à la prostitution des mineurs.
26:34 Alors, quand on est parent d'adolescents
26:36 et d'adolescentes, c'est le cauchemar
26:38 absolu, ce sujet-là.
26:40 Est-ce que ça peut toucher absolument tout le monde ?
26:42 - Exactement. Cette enquête a
26:44 débuté avec un chiffre, en fait. Il y a un chiffre qui revient
26:46 souvent en France, c'était le fait qu'il y ait 15 000
26:48 mineurs qui se prostituent en France.
26:50 15 000 mineurs, on parle d'une estimation basse
26:52 par les associations. Et le choix qu'on a fait
26:54 à la Croix, c'est d'aller creuser plus loin
26:56 et de mettre un visage, une histoire sur qui sont
26:58 ces jeunes filles, comment on en arrive à 13,
27:00 14, 15 ans, à vendre son
27:02 corps à des inconnus, en fait. Et c'est comme ça
27:04 qu'on a rencontré dans les associations, j'ai pu rencontrer
27:06 Bao, qui s'est prostituée de ses 16
27:08 à ses 19 ans. Et ce que réveille surtout
27:10 cette enquête, en fait, c'est qu'il n'y a pas... On pourrait
27:12 penser qu'il y a des déterminismes sociaux qui sont
27:14 très forts, qui mènent à la prostitution.
27:16 Un niveau socio-économique
27:18 plutôt faible, une précarité des familles
27:20 monoparentales. Et en fait, ce que tous les sociologues
27:22 que j'ai rencontrés m'ont expliqué, c'est que ça peut
27:24 toucher absolument toutes les couches sociales.
27:26 Dans leurs consultations en sexologie
27:28 et en victimologie, ils peuvent avoir
27:30 une jeune fille d'un quartier très précaire,
27:32 dans les rues de Saint-Denis,
27:34 ou avec ce salle d'enfance, ou alors
27:36 une jeune fille de classe 13-UP qui habite dans
27:38 le 16e arrondissement. Et c'est vraiment ce côté
27:40 protéiforme, là, de la prostitution.
27:42 - Mais qu'est-ce qui se déclenche chez une mineure
27:44 pour se dire "je vais me prostituer". Déjà, comment
27:46 elles ont connaissance de ça ? Est-ce que c'est
27:48 à l'école ? Est-ce que c'est avec
27:50 d'autres copines ? - Les réseaux.
27:52 - Et comment
27:54 elles y vont ?
27:56 Est-ce que c'est l'argent leur moteur ?
27:58 - Alors, il y a
28:00 un accélérateur qui est
28:02 les réseaux sociaux, avec l'hypersexualisation
28:04 du corps, la mise en avant,
28:06 cette manière
28:08 de draguer, en fait, c'est clairement ce que nous dis Baoul
28:10 entre eux, de draguer sur Instagram, sur TikTok,
28:12 sur Snapchat, de se mettre un petit peu en avant
28:14 physiquement, et après, il y a un autre déterminisme
28:16 qui revient dans quasiment toutes les situations,
28:18 c'est le fait d'avoir eu une expérience
28:20 traumatique avec la sexualité.
28:22 Des attouchements sexuels,
28:24 une agression, un viol
28:26 qui peuvent apparaître dans la petite enfance,
28:28 un traumatisme qui ne va pas être traité, et il y aurait
28:30 une résurgence à l'adolescence, où en fait
28:32 le rapport aux hommes va être biaisé, et bien
28:34 souvent, ce sera un rapport de domination, donc en fait, c'est des
28:36 prédispositions qui facilitent
28:38 l'installation d'une emprise, en fait.
28:40 - Quels sont les moyens de lutte, aujourd'hui, en France
28:42 pour protéger ces mineurs de la prostitution ?
28:44 - Premièrement, les signalements
28:46 sur Internet, que ce soit avec la plateforme
28:48 Pharos, ou du coup,
28:50 qu'il y ait une plateforme du ministère de l'Intérieur,
28:52 parce que là, il y a une loi en 2001
28:54 qui protège les mineurs sur Internet, donc
28:56 par exemple, des sites comme
28:58 OnlyFans ou Mime, des choses comme ça, où il y a des mineurs
29:00 qui peuvent être présents sur ces sites-là,
29:02 et qui du coup ne respectent pas les règles de ces sites
29:04 et contournent les procédures de sécurité.
29:06 N'importe qui, n'importe quel citoyen peut
29:08 signaler la présence du mineur sur un site comme celui-ci.
29:10 Ensuite, il y a Gaucrète,
29:12 que Mathilde a pu suivre
29:14 pendant tout ce temps,
29:16 et qui a créé une série dédiée
29:18 à la prostitution des mineurs en France, parce que
29:20 depuis le milieu des années 2010, les chiffres
29:22 ont cessé d'augmenter, et là, encore une fois,
29:24 on parle de proxénétisme français,
29:26 c'est-à-dire des proxénètes français qui
29:28 prostituent des jeunes filles françaises, et qui bien souvent
29:30 vont les recruter sur les réseaux sociaux.
29:32 Et en fait, dans le cas d'un proxénète,
29:34 tel qu'il soit, qu'il soit colombien,
29:36 argentin, que sais-je, nigérian,
29:38 ou français, ils exploitent une vulnérabilité.
29:40 C'est toujours le même truc.
29:42 Dans le cas des attraites des êtres humains,
29:44 c'est le cas, des vulnérabilités socio-économiques,
29:46 fuir un contexte de guerre.
29:48 Quand une jeune fille a 15 ans, qu'elle fugue,
29:50 qu'elle se drogue, qu'on lui fait
29:52 fumer du cannabis ou prendre de la cocaïne,
29:54 à 15 ans, on n'a pas les moyens de s'acheter tout ça.
29:56 Ça crée une dépendance financière, et de fille en aiguille,
29:58 une emprise s'installe. - Mais les parents ne le voient pas ?
30:00 - Bien sûr. - La maîtresse à l'école ne le voit pas ?
30:02 - Quand tu fuges, Gilles ? - Oui, bien sûr.
30:04 Il y a eu un plan gouvernemental
30:06 qui a été initié en 2002,
30:08 en 2022, pardon,
30:10 pour justement coordonner tous ces partenaires sociaux,
30:12 les écoles, les associations,
30:14 les associations de parents, pour repérer les situations.
30:16 Il y a un travail qui est fait, mais disons que pendant
30:18 les 5-6 années auparavant,
30:20 le phénomène était nouveau, et les professionnels étaient démunis
30:22 face à ça. - Rémi, votre
30:24 adolescente, Baou,
30:26 que vous interrogez,
30:28 comment elle en sort
30:30 à 19 ans ? Quel a été le déclic ?
30:32 Racontez-nous. Vous avez des nouvelles
30:34 d'elle depuis ? - J'ai des nouvelles
30:36 d'elle. Elle a eu le papier,
30:38 elle est contente que cette histoire ait pu
30:40 être diffusée et alertée
30:42 sur le sujet. - Elle a besoin que d'autres lisent
30:44 et comprennent. - C'était une volonté de sa part.
30:46 Baou, alors, elle est anonymée
30:48 dans le dossier, et du coup,
30:50 tout ce qu'elle nous raconte,
30:52 elle a suivi deux ans de thérapie.
30:54 Baou s'est arrêté parce qu'il y a eu le point de non-retour.
30:56 À force d'être
30:58 dans un hôtel, et d'être maltraitée, d'être violentée
31:00 par ses proxénètes, elle est tombée dans le coma.
31:02 Pour ses proxénètes,
31:04 la marchandise n'était plus bonne à vendre,
31:06 tout simplement. Ils l'ont mise dans un VTC
31:08 et au revoir. Ça s'est passé comme ça.
31:10 Elle s'est réveillée à l'hôpital, traumatisée.
31:12 Et là, du coup, il y a des personnes de la brigade
31:14 des mineurs qui sont venues la voir, des infirmières,
31:16 et de fil en aiguille, ils sont parvenus
31:18 à la convaincre de témoigner.
31:20 Quelques mois plus tard, ses proxénètes sont tombées.
31:22 Donc il y a un jugement qui est en cours au tribunal de Paris.
31:24 Et du coup, Baou est
31:26 passé par une case en hôpital psychiatrique
31:28 pour se reconstruire psychiquement,
31:30 et par la suite, elle a été suivie par un psychologue pendant deux ans.
31:32 La thérapie a
31:34 fonctionné, on peut dire.
31:36 Baou fait preuve d'une très grande résilience,
31:38 et surtout aujourd'hui, elle a l'encapacité d'en parler avec du recul.
31:40 C'est ce qui donne suffisamment de matière à cette enquête,
31:42 parce que du coup, elle peut prendre du recul sur ses agissements,
31:44 sur les mécanismes qui l'ont menée
31:46 à sombrer à ce point-là. Et aujourd'hui,
31:48 elle s'est reconstruite, elle est
31:50 loin de tout ça. Elle travaille
31:52 dans un EHPAD, elle prend soin des gens,
31:54 elle a un animal de compagnie, un petit ami,
31:56 dans son appartement, elle se reconstruit comme une jeune femme
31:58 de 23 ans, avec un
32:00 passé très douloureux,
32:02 et elle tente de s'appuyer là-dessus.
32:04 - Oui, c'est important. On rappelle le chiffre
32:06 15 000 mineurs qui se prostituent
32:08 en France, chiffre
32:10 sans doute sous-estimé,
32:12 ou en tous les cas, c'est les estimations
32:14 basse des associations. Et il y a l'autre phénomène
32:16 aussi, à cause de la précarité
32:18 des étudiants et des étudiantes, la précarité
32:20 des étudiants
32:22 en France, qui fait qu'il y en a beaucoup qui tombent aussi
32:24 pour des questions
32:26 occasionnelles. Donc c'est un phénomène
32:28 grandissant. Est-ce que vous diriez
32:30 que vous deux,
32:32 on est assez puissant aujourd'hui,
32:34 l'État, on met des choses en place,
32:36 mais est-ce qu'il y a assez de policiers, assez de
32:38 travailleurs sociaux, assez de gens qui
32:40 puissent sortir tous ces jeunes de ces
32:42 questions de réseaux de prostitution ?
32:44 - Euh...
32:46 - On parle vrai, oui. - Il y a deux aspects,
32:48 d'un point de vue répressif, donc le travail
32:50 de Gaucrète, il y a davantage de moyens qui ont été engagés,
32:52 une équipe de cyber-enquêteurs,
32:54 des ressources humaines,
32:56 tout simplement, des gens qui se forment et qui vont travailler là-dessus,
32:58 donc on peut espérer qu'ils seront davantage
33:00 en capacité de démanteler ces réseaux,
33:02 comme l'a montré l'enquête de Mathilde,
33:04 et après, d'un point de vue de l'action sociale,
33:06 c'est un secret pour personne qui est aujourd'hui très affaibli,
33:08 que l'utilisation sociale est moindre, que les associations
33:10 n'ont pas suffisamment de moyens, et du coup
33:12 accompagner ces jeunes filles, faire de la prévention,
33:14 aller dans les lieux scolaires, les collèges, les lycées,
33:16 et là où ça commence, en fait, il y a un manque
33:18 qui est cruel aujourd'hui.
33:20 - Moi je pense qu'il faut surtout
33:22 alerter les clients, parce que
33:24 dès lors qu'on sait ce qui se passe,
33:26 et qu'on sait ce qu'on finance,
33:28 et ce qu'il y a derrière quand on va
33:30 consommer une passe,
33:32 et voir une prostituée,
33:34 qui se trouve dans les réseaux...
33:36 - Vous pensez que les clients
33:38 vont avoir conscience de ça, quand on voit qu'ils vont
33:40 avec une mineure de 14 ans,
33:42 ou de 15 ans, vous pensez qu'ils vont
33:44 se dire "oh là là, je ne donne pas mon argent
33:46 à une association" ?
33:48 - Je pense que ce sont eux les coupables,
33:50 on a inversé la charge.
33:52 - Je pense en tout cas
33:54 qu'il faut
33:56 prendre conscience de ce qu'il y a derrière,
33:58 qu'on ne fait
34:00 qu'une mineure de 14 ans, ne fait
34:02 jamais ça par plaisir, qu'il y a un système
34:04 d'emprise,
34:06 et il en va de même pour les
34:08 réseaux de traite d'êtres humains.
34:10 - Mais s'il y a 15 000 prostituées mineures,
34:12 ça veut dire qu'il y a 15 000 clients.
34:14 - Oui, mais justement, je pense qu'il faut
34:16 peut-être avoir un système
34:18 de prévention, en tout cas montrer
34:20 quelles sont les coulisses de cette
34:22 prostitution, parce que eux
34:24 ont accès, comme on le disait,
34:26 à la glamourisation
34:28 des annonces,
34:30 à leur passe évidemment,
34:32 qu'est-ce qu'il y a derrière ? La drogue,
34:34 l'emprise ? - Non, on ne se prostitue pas par plaisir.
34:36 Voilà, c'est terminé, Gilles.
34:38 - Et une dernière chose,
34:40 on est d'accord que
34:42 ce phénomène de
34:44 prostitution avec
34:46 des réseaux n'existe pas chez
34:48 les hommes ?
34:50 - Dans les réseaux sociaux,
34:52 oui, ça existe. Le phénomène est plus minoritaire
34:54 et ils sont plus difficiles à identifier,
34:56 ce n'est pas exactement les mêmes modes opératoires,
34:58 mais dans les 15 000 mineures qui se prostituent, il y a aussi des jeunes garçons.
35:00 - Moi, dans mon enquête,
35:04 je n'ai pas vu d'hommes.
35:06 Non, je n'ai pas vu d'hommes.
35:08 Ça serait l'objet d'une autre
35:10 enquête à faire. - En tous les cas, merci beaucoup
35:12 Mathilde Gautry, bravo pour ce travail
35:14 qu'on vous invite à regarder.
35:16 Soit ce soir sur France 2, dans Infrarouge,
35:18 23h05, en guerre
35:20 contre le proxéminitisme en nom des femmes,
35:22 et ça sera en libre accès ensuite sur la
35:24 plateforme de France Télé,
35:26 et puis l'hebdomadaire La Croix,
35:28 avec vous Rémi Barbé, cette enquête autour
35:30 de la prostitution des mineurs en France,
35:32 encore accessible, encore en kiosque,
35:34 c'est numéro là. - Accessible en kiosque,
35:36 et sur le site de lacroix.com.
35:38 - La croix.com, vraiment, deux
35:40 enquêtes à lire et à laisser traîner.
35:42 - J'étais content, moi, à la petite. - A demain ?
35:44 - Bah oui, j'étais content, ça m'a fait plaisir.
35:46 - Allez, on va se retrouver demain. - Demain, on va parler de la pègre.
35:48 On va parler des crimes
35:50 des années 70, vous allez voir.
35:52 - Allez, encore du sang et des larmes,
35:54 non, je plaisante. Allez, dans un instant, on va retrouver
35:56 nos débatteurs, on va tenter de se mettre d'accord avec les sujets
35:58 d'actualité. A tout de suite sur Sud Radio.