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  • 14/10/2023
L'industrie face au réchauffement climatique : comment redoubler d'énergie ?
4è étape du Climat Libé Tour à Dunkerque du 13 au 15 octobre.

En 2023, Libé fête ses 50 ans et lance son "Climat Libé Tour" pour témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires.

5 villes sont choisies, parmi les cent villes labellisées par l’Europe comme « villes climatiquement neutres et intelligentes » d’ici à 2030. Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes, et Dunkerque !

Au programme ? De l’intelligence, de l’inventivité, de l’énergie, de l’ambition pour mettre en synergie la collectivité, les industriels, la jeunesse, les citoyens pour esquisser et même trouver des solutions. Fresques, tables rondes de haut niveau, expo-live, forum des solutions, parlement génération transition...

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00:00:00 -Peut-être l'avez-vous regardé, cette semaine a été diffusée sur France 2, le documentaire
00:00:15 "Nous les ouvriers".
00:00:16 Et l'une des originalités du documentaire est que la voix off incarne les voix des ouvriers
00:00:22 en utilisant le "nous", "nous les ouvriers", "nous les ouvrières d'hier et d'aujourd'hui".
00:00:26 Et nous suivons cette voix qui est le lien, le liant entre les histoires individuelles
00:00:31 et collectives de ces travailleuses, de ces travailleurs.
00:00:34 Cette voix qui est le lien et le liant ensuite pour nous plonger dans la création des usines.
00:00:38 On y découvre ou redécouvre sous le regard des Frères Lumière la création des usines,
00:00:43 ces usines pleines qui fourmillent de monde.
00:00:45 On nous raconte les combats pour les droits sociaux, on nous raconte les conséquences
00:00:49 de la productivité sur les corps, mais également le sentiment de fierté qui est ce lien et
00:00:54 ce liant de faire partie d'une famille, d'un groupe.
00:00:57 Puis on nous raconte les usines qui se vident, les colères, les luttes, les chants et la
00:01:02 nostalgie.
00:01:03 Mais ce qui est moins décrit dans le documentaire de Fabien Beza et Hugues Nancy, et c'était
00:01:09 certainement pas le travail qu'ils voulaient faire à ce moment-là, mais qui sera en tout
00:01:13 cas nous notre ligne sur le débat d'aujourd'hui, c'est la situation des usines, des travailleuses
00:01:18 et des travailleurs aujourd'hui et demain dans l'industrie et l'énergie face aux
00:01:22 enjeux de transformation écologique et de souveraineté industrielle nationale.
00:01:25 Dans les usines d'aujourd'hui, de demain et d'après-demain, que deviendront les
00:01:29 ouvriers d'hier, d'aujourd'hui, face au bouleversement de production ? Seront-ils
00:01:34 reformés, accompagnés tout au long de leur carrière ? Et les nouveaux entrants, ceux
00:01:37 qui sont formés aujourd'hui depuis les lycées jusqu'à l'université, les techniciens,
00:01:42 chefs de projet, ingénieurs, comment les forme-t-on ? Comment les forme-t-on face à
00:01:46 une ambition de souveraineté industrielle de la France ? Qui les forme ? Quelle est
00:01:50 la place du public, de l'entreprise dans les choix de formation ? Et comment les protège-t-on
00:01:54 ? Bonjour à toutes et à tous. Merci de vous être déplacés ce samedi matin autour
00:01:59 de la quatrième étape du Climat Libretour à Dunkerque, qui a déjà fait étape à
00:02:03 Paris, Bordeaux et Lyon précédemment et qui sera à Nantes et Marseille d'ici à
00:02:07 la fin de l'année. Je suis Maude Benakchat, je suis journaliste à Libération et autour
00:02:11 de moi, autour de cette table, j'ai quatre invités pour qu'ils partagent des décisions,
00:02:17 des changements, des négociations qu'ils alertent et pour débattre. Marie-Lise Léon,
00:02:21 vous êtes la secrétaire générale de la CFDT, bonjour, et vous êtes chimiste de
00:02:25 formation. Vous pouvez appuyer sur le bouton si vous voulez. Bonjour. Vous m'entendez ? Oui.
00:02:32 Donc bonjour et oui, je suis chimiste. Ça peut avoir son intérêt. On verra. Chimie
00:02:38 mène à tout. Exactement. Rémi Vanel, vous êtes ingénieur et depuis deux ans, vous
00:02:43 êtes aussi membre de Pour un Réveil écologique. Vous êtes en charge des problématiques d'enseignement
00:02:48 supérieur et je le précise parce que peut-être que ça aura un intérêt tout au long de
00:02:53 l'échange. Vous avez été formé aux arts et métiers. Bonjour. Xavier Piedchazik, vous
00:02:59 êtes président du directoire de RTE, le gestionnaire de réseaux de transport d'électricité
00:03:03 français. Bonjour. Et Martine Assard, vous êtes responsable de l'observatoire des métiers
00:03:08 et des compétences à l'Institut Mines Télécom. Bonjour. Bonjour. Avant de commencer, parce
00:03:15 qu'on est quand même sur des enjeux de chiffres de besoin de formation qui sont assez importants,
00:03:20 on va faire rapidement un petit focus sur les chiffres pour ensuite détailler les stratégies
00:03:24 qui sont mises en place sur tous les aspects. Martine Assard, c'est quoi les chiffres dans
00:03:30 vos objectifs de formation à la fois à l'IMT, donc l'Institut Mines Télécom, et à la
00:03:35 fois à l'échelle nationale de formation ? Alors déjà pour vous rappeler, pardon, voilà,
00:03:42 c'était bon. Alors pour simplement rappeler ce qu'est l'Institut Mines Télécom, nous
00:03:46 sommes le premier groupe public d'écoles d'ingénieurs et de management en France,
00:03:52 puisque nous formons plus de 13 300 étudiants par an, et nous dépendons du ministère de
00:04:00 l'économie des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Ce sera un sujet
00:04:05 d'ailleurs un peu plus tard dans la table. Donc ce n'est pas anodin comme tutelle, puisque
00:04:09 nous sommes directement en lien dans l'accompagnement au développement de tous nos partenaires
00:04:16 économiques. Donc nous avons véritablement un enjeu à adresser un maximum de nos étudiants,
00:04:23 de nos futurs ingénieurs diplômés vers le secteur industriel. Oui, c'est vraiment la
00:04:28 raison d'être de l'entreprise. Tout à fait. On le détaillera un petit peu plus tard,
00:04:31 vraiment cette distinction quand on est financé par le ministère de l'enseignement supérieur
00:04:35 ou financé par le ministère de l'économie et de l'industrie, ce n'est pas exactement
00:04:38 la même chose. Et donc là, vous me disiez qu'il y a 45 000 ingénieurs à peu près
00:04:44 qui sont formés en France. Même 46 000, plus de 46 000 actuellement. Et on en aurait besoin
00:04:48 de combien en plus ? Alors normalement à l'échelle nationale, à l'heure actuelle, il faudrait
00:04:52 former plus de 10 000 ingénieurs en plus. Et d'ailleurs dans le plan industrie verte
00:04:57 qui vient juste d'être voté, il y a un objectif de former d'ici 2030 plus de 54 000 ingénieurs.
00:05:06 Mais même ce chiffre-là semble-t-il déjà, on va dire un petit peu sous-estimé parce
00:05:13 que les besoins sont tels, surtout dans une démarche volontariste de réindustrialisation
00:05:18 et de relocalisation, les besoins sont énormes. Et justement, Xavier Pieschasik, à RTE, vous
00:05:25 allez intégrer entre 300 et 400 nouveaux emplois dans l'année ?
00:05:28 Oui, on va en 2023, si on ajoute à ça les départs naturels, on va embaucher entre 700
00:05:38 et 800 personnes. RTE, c'est une entreprise qui fait 10 000 salariés, dont beaucoup d'alternants.
00:05:44 Je pense qu'on en parlera. Oui, on en parlera. Et c'est une boîte qui est en forte croissance
00:05:49 puisque la décarbonation, ça passe par l'électrification des usages. Et donc cette électricité, c'est
00:05:55 une énergétique, il faut l'amener au bon endroit. Et donc ça veut dire des dispatchings,
00:06:01 des postes électriques, des lignes. Donc effectivement, on embauche beaucoup.
00:06:04 Et vous les trouvez où, ces personnes ?
00:06:07 Alors, c'est une entreprise qui a plus de cadres aujourd'hui que de personnes d'exécution
00:06:16 et d'agents de maîtrise. C'est une entreprise qui devient de plus en plus de col blanc,
00:06:20 mais il faut des cols bleus parce qu'on est une industrie. Donc cette industrie, elle
00:06:25 est aussi manuelle. Le symbole du lignard qui monte sur son pylône à 60 mètres de
00:06:31 haut pour faire une réparation, c'est ça aussi chez nous.
00:06:35 Historiquement, on embauchait beaucoup d'ingénieurs. D'ailleurs, les Bac+5 techniques, c'était
00:06:43 quasiment que des ingénieurs, probablement pour une question de reproduction. Et depuis
00:06:48 un an, lorsqu'on ouvre un poste, c'est plus un poste d'ingénieur, c'est un poste de Bac+5
00:06:55 scientifique et technique. Et moi, je voudrais insister là-dessus. Une des grandes manières
00:07:01 d'élargir les visiers, de mélanger les parcours, accessoirement dans l'industrie, donc d'accueillir
00:07:09 plus de femmes, c'est de ne pas être scotché à l'idée d'employer des ingénieurs au
00:07:16 sens issu d'une école qui délivre le titre d'ingénieur. Chez RTE, il y a énormément
00:07:24 de métiers de cadre scientifique et technique qui sont et qui peuvent être tenus par des
00:07:28 gens qui sont diplômés d'un master de science. Et c'est très bien comme ça.
00:07:33 Et de toute façon, vous êtes obligés d'ouvrir, sinon vous ne trouvez pas suffisamment de
00:07:37 personnes.
00:07:38 Et c'est un ingénieur qui vous le dit. Alors oui, on est obligé d'ouvrir pour anticiper.
00:07:45 Aujourd'hui, chez RTE, on a beaucoup de candidatures parce que l'entreprise est attractive. Donc
00:07:51 on n'est pas encore en tension sur les cadres. On est en tension sur les agents de maîtrise.
00:07:56 Je crois qu'il faudra qu'on en parle. Il y a vraiment au milieu de nos problématiques
00:08:00 aujourd'hui industrielles, la revalorisation du geste technique, j'irais plus loin, du
00:08:05 geste manuel. Mais pour anticiper et aussi pour qu'on diversifie nos profils, oui, on
00:08:13 va chercher aussi de plus en plus à l'université. Et je trouve ça très bien.
00:08:18 Parce que Marie-Lise Léon, en effet, il y a un manque d'attractivité. Donc là, on
00:08:23 reste encore dans l'introduction, donc assez rapidement. Mais il y a un vrai manque d'attractivité
00:08:27 sur les enjeux d'industrie et d'emploi.
00:08:30 Oui, il y a un vrai sujet d'image de l'industrie en France. Il y a pour plusieurs raisons,
00:08:39 notamment des questions de rythme de travail, de conditions de travail. Il y a aussi une
00:08:47 difficulté d'attractivité de l'industrie, je pense, liée au fait que ça, pendant longtemps,
00:08:52 n'a pas été présenté comme une filière d'avenir.
00:08:56 Parce que ce n'était pas l'objectif de la France.
00:08:59 Comment ?
00:09:00 Ce n'était pas l'objectif de la France.
00:09:01 Et je pense que les gens ont bien compris ce que voulait faire, effectivement, quelle
00:09:03 était la stratégie politique et en tout cas la stratégie industrielle, ou l'absence
00:09:08 de stratégie industrielle plutôt. Et sur la question de l'attractivité, il y a un
00:09:14 enjeu, j'étais en termes de turnover, si on compare l'industrie métallurgique, par
00:09:24 exemple, et l'industrie du bâtiment, l'une a beaucoup de mal à recruter, le bâtiment
00:09:28 a beaucoup de mal à recruter. Quand ils recrutent, ils ont des difficultés de recrutement et
00:09:35 en plus, ils ont du mal à garder les gens. Par contre, dans l'industrie métallurgique,
00:09:40 une fois que les jeunes ou les personnes y rentrent, quel que soit leur âge, en général,
00:09:46 ils restent.
00:09:47 Est-ce que vous pensez que ça peut être lié à l'élimination ?
00:09:49 La question de l'attractivité, il y a un enjeu de rémunération. Beaucoup, beaucoup,
00:09:54 beaucoup la question des conditions de travail qui revient sur la table, à juste titre,
00:09:59 puisqu'il s'agit des horaires, il s'agit parfois, quand on est dans des industries
00:10:03 en continu, ce qu'on appelle en feu continu, il faut faire marcher la boutique en 3/8,
00:10:08 en 5/8, parfois des équipes de week-end. Et puis, la question des conditions de travail
00:10:14 et la vision de dangerosité qui est aussi un frein. L'une des clés, je pense que ça
00:10:20 a été évoqué, il y a un, l'industrie a été pendant très longtemps perçue comme
00:10:27 un secteur dans lequel il y avait un vrai ascenseur social. Je pense que c'est aussi
00:10:33 une façon de, et en Allemagne, on a des PDG, des grands capitaines d'industrie qui ont
00:10:38 commencé qu'apprentis et qui nous expliquent qu'ils ont commencé comme apprentis niveau
00:10:43 3 et qu'ils ont pu faire un parcours. Donc ça, je pense que cette histoire-là, on ne
00:10:48 peut plus difficilement la raconter en France. Et puis, alors, mille fois plus un sur la
00:10:54 question de l'enjeu de la mixité des métiers, puisqu'on sait que dans l'industrie, c'est
00:11:00 un sujet et que si on améliore les conditions de travail, ça sera bénéfique à la fois
00:11:06 aux hommes et aux femmes. On a vu que dans des secteurs d'activité qui avaient fait
00:11:09 des efforts justement pour améliorer les conditions de travail, ça avait permis aussi
00:11:15 à la fois d'avoir moins d'accidents de travail, moins de cas dramatiques et puis
00:11:21 d'avoir plus facilement aussi une ouverture à cette mixité.
00:11:25 Et on verra un peu plus tard dans la table ronde, mais sur l'évolution en interne dans
00:11:28 l'entreprise, sur les questions de formation et reformation. On est à fond dedans en ce
00:11:33 moment et sur les prochaines années. Donc peut-être qu'on y reviendra à cette évolution
00:11:37 en interne. On y reviendra un tout petit peu plus tard.
00:11:40 Je fais du teasing. Rémi Vanel, c'est marrant parce que vous êtes positionné comme ça
00:11:43 naturellement et c'était vraiment la liste des personnes que je voulais interviewer dans
00:11:50 cette liste, dans cet ordre. Rémi Vanel, peut-être que vous pouvez continuer ce que
00:11:53 Marie-Lys Léon disait sur l'attractivité. Vous travaillez justement à la fois avec
00:11:58 les entreprises et à la fois avec les formations pour parler d'attractivité et vous travaillez
00:12:05 vraiment sur ce que les jeunes en enseignement supérieur attendent avant de rentrer dans
00:12:12 le marché du travail. Oui, c'est ça. Nous, on se questionne pas mal sur...
00:12:15 Pour un réveil écologique, je le reprécise. Pour un réveil écologique, oui, pardon.
00:12:19 Au collectif pour un réveil écologique, on se questionne pas mal sur qu'est-ce qui fait
00:12:22 qu'un emploi est attractif du point de vue des jeunes en général. Et pour objectiver
00:12:27 ça, on a réalisé un sondage qui a été réalisé en juin dernier, de fin de cette
00:12:31 année. Et on voulait savoir justement quel était le regard des jeunes sur l'emploi,
00:12:36 donc de 18 à 30 ans, toutes classes sociales confondues et dans quelle mesure les enjeux
00:12:41 environnementaux étaient importants pour ces jeunes-là. Et on voit que pour nombreux
00:12:45 d'entre eux, donc à 60% on a posé une question qui était "Est-ce que vous êtes prêts à
00:12:49 refuser une offre d'emploi qui ne prend pas suffisamment en compte les enjeux environnementaux ?"
00:12:53 et on voit qu'à 70% d'entre eux, les jeunes se disent prêts à renoncer à ce type d'emploi.
00:12:58 On avait déjà posé la question en mars 2022, cette même question. On avait eu 65%
00:13:03 de répondants qui disaient qu'ils étaient prêts à refuser une offre d'emploi. Et on
00:13:06 voit que un an et quelques plus tard, on a toujours ce critère qui est important pour
00:13:14 les jeunes et qui l'est de plus en plus parce qu'on a gagné 5 points dans cette question.
00:13:18 Et donc on voit qu'en plus des conditions matérielles dont vous parliez, il y a les
00:13:23 conditions environnementales et l'utilité de l'emploi à la société. Et donc ça,
00:13:28 c'est deux critères qui sont de plus en plus importants. Et on voit aussi que les
00:13:32 jeunes sont de plus en plus critiques de l'activité des employeurs en général, donc public comme
00:13:36 privé. Et aujourd'hui, on voit aussi qu'il y a seulement un jeune sur trois, donc dans
00:13:40 ce même sondage, on voit qu'il y a seulement un jeune sur trois qui trouve que son emploi
00:13:44 aujourd'hui prend bien en compte les enjeux environnementaux et n'est vraiment pas nocif
00:13:50 pour l'environnement. Et donc ça, ça montre une tension d'autant plus importante sur
00:13:56 l'importance de ce critère dans le recrutement. Et un autre apportage de ce sondage, ça a
00:14:02 été de voir qu'à peu près un jeune sur deux se dit aussi prêt à sortir de son
00:14:08 emploi si l'entreprise ou l'employeur en général ne prend pas suffisamment en compte
00:14:12 les enjeux environnementaux. Et ça, en fait, ça ne se traduit pas forcément par une démission,
00:14:16 mais ça peut se traduire aussi par une baisse de la productivité et de l'engagement, une
00:14:21 baisse d'engagement dans le cadre de l'entreprise. Et donc, on voit que les enjeux environnementaux
00:14:25 et le sens qu'on donne à son emploi et à son travail, c'est très important aujourd'hui.
00:14:30 Et pour rebondir rapidement, Martine Assa, je crois que vous avez vu la même chose avec
00:14:34 après la période du Covid et notamment dans les choix de filières.
00:14:38 Complètement. Alors nous, on réalise une enquête d'insertion qui fait la synthèse
00:14:43 du parcours professionnel de nos jeunes diplômés dans les entreprises, donc chaque année.
00:14:48 Et on réalise aussi un baromètre sur l'évolution des métiers du numérique et de l'industrie.
00:14:52 Et donc là, on va interroger sur les forums école-entreprise toutes les entreprises partenaires
00:14:58 de nos écoles pour justement mesurer un petit peu ces nouvelles tendances. Et effectivement,
00:15:03 après la crise sanitaire, on a vu ces chiffres complètement bouger, alors pas dans des proportions
00:15:09 extravagantes, mais néanmoins, c'était autant de signaux faibles vers une tendance
00:15:14 donc de nos jeunes diplômés à ne plus vouloir aller vers ces grandes métropoles, plutôt
00:15:19 vers des plus petites villes et aussi plutôt vers des PME plutôt que des ETI ou des grands
00:15:24 groupes. Pourquoi ? Parce qu'il y avait ce critère de pouvoir être peut-être plus
00:15:30 acteur des transformations dans une PME et donc avoir une évolution professionnelle
00:15:35 plus rapide que quand on est dans des grands groupes et aussi peut-être bénéficier de
00:15:41 plus de confiance, de plus d'initiatives et de responsabilités et d'autonomie aussi
00:15:47 dans son travail, dans la maîtrise un petit peu des différentes phases de ces activités.
00:15:52 Et en tant qu'ingénieur, surtout dans la jeune génération, ils ont forcément envie
00:15:57 de pouvoir maîtriser l'ensemble de la chaîne de valeur, de la conception à la livraison
00:16:02 au client final et d'avoir un rôle vraiment proactif dans la manière dont ils travaillent.
00:16:08 C'est en ce sens que je rejoins complètement le sondage dont on nous parlait à l'instant.
00:16:14 Xavier Piachazic, je crois que vous vouliez rebondir sur l'engagement ou le désengagement
00:16:19 de certains jeunes qui rentrent dans l'emploi.
00:16:22 Non, ce n'est pas l'engagement, ce n'est pas le désengagement.
00:16:29 Je partage avec monsieur le fait que les critères pour qu'un jeune choisisse une entreprise,
00:16:34 ils ont bougé, ils ont beaucoup changé.
00:16:36 Et bien sûr, il y a des critères sur le package social, les conditions de travail,
00:16:42 est-ce que ce sont des entreprises qui sont capables de bien équilibrer vie pro, vie
00:16:46 privée, la souplesse ? Tout ça, c'est vrai.
00:16:50 Je suis d'accord avec vous sur le fait que les critères RSE deviennent de plus en plus
00:16:54 déterminants pour des jeunes.
00:16:57 Vous parliez du sens, moi j'utilise le mot cause.
00:17:01 En fait, nos salariés, surtout les plus jeunes d'entre eux, ils ont besoin d'être dans
00:17:07 une organisation qui a une cause, qui se bat pour quelque chose.
00:17:12 En tout cas, qu'ils comprennent à quoi ça sert de venir travailler à tel ou tel endroit.
00:17:18 Et ça, c'est des choses qui se construisent.
00:17:20 Or, bien sûr, chez nous, c'est la transition énergétique.
00:17:25 C'est une cause d'actualité, en plus noble, et on la permet.
00:17:31 Donc, c'est peut-être un peu plus facile, mais je crois que c'est important.
00:17:34 On arrive à détourer ce qu'est la cause de chaque organisation, puisque moi, je trouve
00:17:41 que ça fait partie des grandes motivations de ceux qui nous rejoignent.
00:17:46 Finalement, pourquoi je me bats ?
00:17:48 Donc ça, c'était une première chose.
00:17:50 La deuxième chose, c'est qu'on parle des jeunes.
00:17:53 Il faut aussi qu'on parle des parents.
00:17:54 Parce que le sujet de l'embauche de demain dans l'industrie, c'est la question des viviers.
00:18:01 Est-ce que finalement, il y a assez de personnes sur le marché du travail ?
00:18:06 Après, on pourra discuter de notre assiette.
00:18:11 Est-ce qu'il y a assez de personnes qui, soit sont formées, soit ont envie de venir ?
00:18:16 Et dans ces choix-là, quand on est jeune, un des grands déterminants, c'est les parents,
00:18:21 parce que ça se joue au moment de l'orientation scolaire.
00:18:24 Et donc, il y a une question de désirabilité des secteurs industriels.
00:18:30 Et ça, ça passe par des questions de notoriété générale, parce qu'on sait très bien que
00:18:35 c'est les parents qui jouent un rôle absolument déterminant lorsqu'il s'agit de faire des
00:18:40 choix très importants pour leurs enfants, de rester en filière générale ou d'aller
00:18:47 dans une filière technique.
00:18:49 Justement, s'il y a des parents, peut-être à Lyon, vous lancez une expérimentation
00:18:55 avec Lyon 1 ou Lyon 3 ?
00:18:59 C'est Lyon 1.
00:19:00 Avec Lyon 1 sur la formation.
00:19:02 Est-ce que vous pouvez nous parler de cette expérimentation ?
00:19:05 Alors, nous, on sait qu'il y aura des problèmes de tension sur le marché du travail pour
00:19:11 ce qui nous concerne.
00:19:12 Chez RTE, il y a du monde.
00:19:14 Quand on ouvre un job de cadre, il y a des candidats.
00:19:18 On a d'ailleurs largement plus de 10 candidats pour un poste offert.
00:19:22 Donc, finalement, on peut se dire que vu de l'employeur, ça va.
00:19:27 En revanche, il y a des métiers qui sont en tension, et c'est les techniciens.
00:19:32 C'est les techniciens, c'est les BAC+2, c'est ceux qui ont un BTS.
00:19:38 Chez nous, c'est déjà difficile.
00:19:39 Ça dépend des lieux, mais un technicien à embaucher en Ile-de-France avec le coût
00:19:47 du logement, c'est compliqué.
00:19:49 Et à Nice, c'est très compliqué.
00:19:53 Donc, en fait, ce qu'on essaye de faire, on en parlera peut-être plus dans le détail,
00:20:00 mais une des initiatives qu'on prend, c'est qu'on s'est fabriqué un campus.
00:20:07 On avait déjà un campus de formation continue.
00:20:10 On est en train de le transformer en campus de formation initiale et continue.
00:20:14 Et on monte des partenariats avec des institutions d'enseignement.
00:20:19 Ça peut être des CFA, ça peut être l'université.
00:20:23 Là, en l'occurrence, c'est Lyon 1.
00:20:25 Pour monter des formations avec eux, on ne se substitue pas complètement à ces formations
00:20:32 d'enseignement.
00:20:34 En l'occurrence, là, on expérimente un BUT, donc un BAC+3, avec des cours théoriques
00:20:43 à l'université, des cours théoriques chez nous.
00:20:45 Et comme ils sont déjà chez nous dans notre campus de formation, ils peuvent être alternants
00:20:50 dans nos équipes opérationnelles.
00:20:52 Et donc, ça veut dire qu'on a construit des formations diplômantes hybrides.
00:20:56 C'est vrai que ça nous conduit à mettre beaucoup d'investissements sur la table.
00:21:01 On a des formateurs à nous, etc.
00:21:03 Mais on pense que créer des flux et des filières comme ça, c'est une des solutions à ce
00:21:09 qui nous arrive demain.
00:21:11 C'est juste une des solutions parce qu'on ne va pas se substituer à nous seuls à toutes
00:21:16 les difficultés.
00:21:17 Mais en tout cas, on ouvre des portes comme ça.
00:21:22 - Mais du coup, ce n'est pas de l'alternance, ce n'est pas non plus des professionnels de
00:21:26 votre entreprise qui viennent donner des cours, c'est au-delà.
00:21:29 Pourquoi est-ce que vous avez besoin à ce point-là de rentrer au-delà de la formation
00:21:35 initiale qui était donnée par l'enseignement supérieur si vous prenez juste le cas de
00:21:39 Lyon 1 ? Ce n'était pas suffisant pour vous d'avoir cette formation et ensuite que vous
00:21:46 reformiez en interne, soit par l'alternance, soit par une formation en interne ?
00:21:51 - Ce n'est pas du tout exclusif.
00:21:53 On est dans une autre initiative qui a été lancée par nos collègues d'Enedis, de monter
00:21:59 ce qu'on a appelé l'école des réseaux.
00:22:00 Et là, le concept, c'est que des salariés de nos entreprises produisent du contenu pédagogique
00:22:08 et vont devenir des enseignants dans les lycées professionnels.
00:22:12 Voilà, donc ça, c'est la première solution.
00:22:15 Les entreprises fournissent du contenu pédagogique et fournissent des enseignants et fournissent
00:22:20 des mentors pour aller dans les lieux d'enseignement de l'éducation nationale dans la plupart
00:22:27 du temps pour teinter un certain nombre de formations qui existent déjà et pour rendre
00:22:34 ces futurs jeunes prêts à ce qu'on les embauche.
00:22:38 Donc ça, c'est une première démarche et on le fait et ça marche.
00:22:42 - Ça marche pour qui ?
00:22:44 - Mais il faut qu'on fasse feu de tout bois, donc on teste d'autres choses.
00:22:48 Projeter des enseignants de RTE ou d'ENEDIS dans des lycées professionnels, fournir du
00:22:56 contenu pédagogique, c'est bien, mais il faut des jeunes dans les classes.
00:23:00 C'est-à-dire que si la filière électrotechnique est suffisamment peu attractive pour que ceux
00:23:08 qui choisissent ces voies ne soient pas assez nombreux, oui, on va projeter des profs, enfin
00:23:16 des enseignants.
00:23:17 Oui, on va produire du contenu pédagogique, mais il y a quand même un problème de nombre.
00:23:21 Donc on cherche d'autres solutions.
00:23:24 Elles sont cumulatives pour proposer finalement une forme d'internalisation de l'enseignement
00:23:30 théorique et de construire notre propre école ou nos propres écoles chez nous pour bien
00:23:38 assurer d'ailleurs de la bonne articulation entre les contenus théoriques et les alternances
00:23:43 parce que ça, c'est aussi...
00:23:44 C'est un sujet, on y reviendra.
00:23:47 Marie-Lise Léon, si vous, enfin tout le monde voit la formation, la reformation des professionnels
00:23:55 tout au long de leur vie, ça ne questionne pas un peu justement cette internalisation
00:24:01 de la formation par certaines entreprises ? Est-ce que ça ne questionne pas ? Je reprends
00:24:05 le terme de teinter, teinter la formation, ça questionne ?
00:24:08 Oui, tout dépend après de la nuance de la teinte.
00:24:12 Je pense que c'est... et qu'est-ce qui est propre à une formation spécifique à DOC
00:24:16 et RTE, si je prends l'exemple ici, ou si c'est quelque chose de plus global, de teinter
00:24:21 en termes de performance énergétique, de transition...
00:24:25 Je pense qu'il y a un besoin extrêmement important d'aller beaucoup plus vite sur les
00:24:34 enjeux de transition écologique, de faire en sorte que ce soit une transition écologique
00:24:37 juste, c'est-à-dire que, socialement, on embarque tous les travailleurs qui sont aujourd'hui
00:24:44 en emploi et à qui on va devoir dire à un moment, ton métier va changer, ton emploi
00:24:51 va peut-être être supprimé et tu vas pouvoir aller travailler dans un autre cadre, dans
00:24:58 un autre secteur.
00:24:59 Le défi est tellement énorme que je pense qu'il y a un besoin de mettre vraiment le
00:25:05 paquet sur la formation et on est dans un pays où, quand même, il faut se le dire,
00:25:11 l'alpha et l'oméga de la formation, c'est la formation initiale.
00:25:14 C'est-à-dire que si à un moment on arrive sur le marché de l'emploi avec une formation,
00:25:19 c'est extrêmement difficile d'avoir des passerelles, de pouvoir évoluer, de pouvoir se reconvertir.
00:25:24 Nous, on est extrêmement impatients de pouvoir ouvrir la négociation dans le cadre de l'agenda
00:25:30 avec le gouvernement et les organisations patronales.
00:25:33 On a un chantier carrière professionnelle et reconversion.
00:25:36 Aujourd'hui, nous ne sommes pas équipés en France pour faire face à des reconversions
00:25:40 massives, passer d'un métier A à un métier B, pour des personnes qui sont déjà en activité,
00:25:46 qui ont 30, 40, 50 ans.
00:25:49 On est vraiment dans une vraie difficulté et comme les dispositifs n'existent pas, les
00:25:57 salariés n'ont pas confiance et ont du mal à se projeter et à anticiper.
00:26:00 Que des entreprises, quelles qu'elles soient, ouvrent et permettent d'accéder à de la
00:26:08 formation continue ou initiale, très bien.
00:26:11 Il ne faut pas non plus qu'on soit uniquement dans une logique adéquationniste, c'est-à-dire
00:26:14 qu'on soit sur des savoirs et des connaissances un peu transverses, qui permettent de ne pas
00:26:20 être complètement captifs d'une entreprise et de pouvoir avoir un bagage de compétences.
00:26:25 Moi, je n'ai aucun sujet entre le dialogue qui me semble nécessaire et indispensable
00:26:32 entre le monde de l'éducation, qu'il soit supérieur ou pas, et le milieu économique.
00:26:39 La question c'est de trouver la bonne articulation et le juste équilibre pour pouvoir ne pas
00:26:45 justement être uniquement dans cette politique adéquationniste.
00:26:48 Et puis, on a un besoin impératif de beaucoup plus développer la formation continue, la
00:26:56 formation tout au long de la vie.
00:27:02 Culturellement, on n'est pas du tout comme ça.
00:27:04 Les personnes qui ont fait, en général, les travailleurs et les travailleuses qui
00:27:07 aujourd'hui ont fait peu d'études, ont très peu accès à la formation continue.
00:27:13 On est dans un paradoxe où ce sont les cadres qui aujourd'hui ont accès le plus à la formation
00:27:18 tout au long de la vie.
00:27:19 Il faut réussir à déconstruire un peu cette...
00:27:23 Je pense qu'il y a des appréhensions des salariés aujourd'hui, des ouvriers qui disent
00:27:28 "L'école, ce n'était pas un bon souvenir, je n'ai pas forcément envie d'y retourner".
00:27:33 Il faut réussir.
00:27:35 Et puis, au-delà, on va y revenir peut-être tout à l'heure, la formation n'est pas l'alpha
00:27:41 et l'oméga de l'adaptation nécessaire des compétences à cette transition juste.
00:27:49 On parle d'énergie.
00:27:52 Nous, on a mené une étude avec la Fondation pour la Nature et l'Homme sur la filière
00:27:59 automobile.
00:28:00 On passe du thermique à l'électrique.
00:28:01 On est dans un rapport aujourd'hui pour 10 emplois dans le thermique.
00:28:05 Ça sera 4 demain.
00:28:06 Aujourd'hui, on fait encore un peu de thermique.
00:28:09 Il y a encore des sous-traitants qui travaillent sur les réservoirs, les pots d'échappement.
00:28:13 Mais quel discours on leur tient à ces salariés aujourd'hui qui fabriquent des réservoirs,
00:28:19 qui savent qu'à court terme, les voitures...
00:28:23 Ils ne vont pas y pouvoir en faire leur carrière.
00:28:24 Un réservoir dans une voiture électrique, c'est quand même compliqué d'en trouver
00:28:29 un.
00:28:30 Et moi, ce qui aujourd'hui est notre bataille, aujourd'hui, c'est FDT, sur cette question
00:28:37 de la transition écologique.
00:28:38 On ne peut pas attendre d'être au pied du mur pour dire à ces personnes que l'usine
00:28:43 va fermer ou qu'il faut qu'elles soient sur une ligne de production.
00:28:48 On te propose d'aller travailler dans la rénovation thermique des bâtiments parce qu'on a besoin
00:28:52 de maintenance en pompe à chaleur.
00:28:54 Je pense qu'on a besoin d'avoir beaucoup plus de clarté et d'anticipation pour toutes
00:29:00 ces personnes et pour embarquer tout le monde.
00:29:02 Et le débat a vraiment beaucoup pris au moment de la réforme des retraites.
00:29:06 La question des retraites, là, c'est concrètement...
00:29:10 Quand on parlait de retraite, on parlait de sens au travail.
00:29:17 Pendant six mois, on n'a parlé que du travail.
00:29:20 Et au prétexte de dire vous allez bosser deux ans de plus, pour la plupart, la question
00:29:27 était soit je ne tiens pas physiquement, soit je ne peux plus ou je ne veux pas parce
00:29:33 que pour plein de raisons, chacun trouve ou pas son compte au travail.
00:29:39 Et je pense que les six mois qu'on a pu connaître sont d'abord un besoin de rendre visible ce
00:29:46 qu'elle travaille et de tout ce qui va avec.
00:29:51 Je voudrais juste continuer sur la question de la formation initiale avant de continuer.
00:29:56 Rémi Vanel, quelle limite est-ce qu'on met de votre point de vue sur l'internalisation
00:30:03 de l'enseignement supérieur par l'entreprise ?
00:30:06 Je suis assez d'accord que quand on parle de formation, il faut englober tout, la formation
00:30:11 technique et à tous les niveaux.
00:30:14 Ce n'est pas que la formation des REBAC +5, c'est plus large que ça.
00:30:18 Et je pense que les discussions qu'on vient d'avoir sont symptomatiques du fait qu'aujourd'hui,
00:30:23 le gouvernement et l'État sont incapables de montrer ce que c'est une transition en
00:30:27 matière d'emploi et de compétences.
00:30:29 On voit aujourd'hui qu'avec la planification écologique, on commence à se mettre d'accord
00:30:35 sur des grandes lignes de transition de l'économie très globale, mais on est incapable de traduire
00:30:40 ça en qu'est-ce que ça veut dire en termes d'emploi, en termes de métier derrière et
00:30:44 en termes de compétences.
00:30:45 Aujourd'hui, on voit des entreprises, peut-être quand même RTE, qui sont obligées d'initier
00:30:51 et de mettre en place leur propre formation parce qu'il manque de personnes pour travailler
00:30:56 dans leurs industries.
00:30:57 Et aujourd'hui, on n'a pas de réponse de l'État alors qu'il y a tout un système
00:31:00 de formation, il y a tout un réseau d'écoles qui existe, d'universités, de centres de
00:31:05 formation divers et variés.
00:31:06 Et aujourd'hui, parce qu'il n'y a pas de lignes bien définies sur ce que c'est la
00:31:12 transition écologique et son impact sur l'emploi et sur les compétences, sur les métiers,
00:31:17 aujourd'hui on est incapable de dire aux écoles "transformez-vous", les établissements
00:31:23 d'enseignement, de formation en général, "transformez-vous" parce qu'aujourd'hui,
00:31:27 on n'est pas capable de définir les lignes et ce que ça veut dire la transition écologique
00:31:31 pour ces établissements-là.
00:31:33 Et je pense que c'est le premier enjeu sur lequel il faudrait absolument accélérer
00:31:37 parce que sinon on va avoir un manque d'attrait pour ces métiers-là assez rapidement, avec
00:31:42 la transition aussi pour les personnes qui sont en emploi actuellement, pour les salariés
00:31:47 de différents secteurs, si la transition est trop abrupte pour eux et qu'ils n'ont
00:31:51 pas le temps de se reformer et que leurs compétences ne sont plus en adéquation avec la transition
00:31:56 du secteur, en fait juste ces gens vont se retrouver au chômage et ils vont être remplacés
00:32:00 par d'autres qui viendront de d'autres formations construites un peu au dernier moment parce
00:32:04 qu'on aura absolument besoin de personnes, par exemple pour l'automobile et pour la
00:32:08 construction de véhicules électriques, etc.
00:32:11 Et ça aujourd'hui c'est très problématique et on voit le même au niveau des entreprises
00:32:14 aujourd'hui quand on voit les discours de Stellantis sur la voiture électrique, alors
00:32:18 qu'il y a un cap à 2035 qui a été mis en place, on voit qu'aujourd'hui il n'y a
00:32:21 pas forcément de volonté extrême d'aller vraiment à cet objectif-là alors que c'est
00:32:26 assez essentiel.
00:32:27 Vous présentez des dynamiques justement sur le fond pour former, est-ce que vous avez
00:32:31 deux ou trois exemples avant de donner la parole à Martine Assar ?
00:32:35 Oui complètement, donc nous on a identifié cet enjeu-là de dire, on est parti de notre
00:32:40 problématique en tant que jeunes entre guillemets sur, voilà on veut avoir un emploi utile
00:32:44 à la société qui soit cohérent par rapport aux enjeux environnementaux donc où est-ce
00:32:47 qu'on peut aller travailler ? Donc on sait qu'il y a des enjeux autour du développement
00:32:50 des ONR, par exemple développer du panneau photovoltaïque et de l'éolien c'est très
00:32:54 important mais qu'est-ce que ça veut dire autre que ça ? Et du coup nous on a sorti
00:32:58 un outil qui s'appelle le guide pour l'emploi de demain qui se matérialise dans un site
00:33:05 web où on présente 16 chantiers de la transition écologique et sociale et on voit qu'en
00:33:09 fait les activités en phase avec la transition c'est assez large, on parle de développement
00:33:13 des ONR mais par exemple on parle aussi de formation et de sensibilisation, on parle
00:33:17 de débats démocratiques, de gouvernance, on parle de transition agroécologique et
00:33:21 d'alimentation durable donc on voit que la transition écologique en fait ça va impacter
00:33:26 énormément de secteurs et d'activités et donc pour nous l'enjeu c'est ce qu'on
00:33:31 essaie de faire maintenant avec cet outil c'est de dire aux établissements de formation
00:33:35 et aux entreprises maintenant il va falloir faire votre transition, qu'est-ce que ça
00:33:39 veut dire encore une fois aller travailler dans la transition c'est aller travailler
00:33:42 dans les 16 chantiers qu'on présente parce qu'il va y avoir un besoin de compétences
00:33:45 nouvelles, parce qu'il va y avoir un besoin de main d'oeuvre en croissance et donc aujourd'hui
00:33:50 une fois qu'on a défini ces objectifs là et ces grands chantiers là, maintenant comment
00:33:56 on transforme notre système de formation, comment on adapte les formations et comment
00:33:58 on en profite pour aussi faire évoluer les méthodes et ajouter plus de transversalité
00:34:04 et aussi on pense que c'est important de politiser les jeunes qui passent par l'enseignement
00:34:11 pour qu'ils aient un regard critique sur l'activité qu'ils vont avoir et pas juste
00:34:15 les former à un emploi donné et qu'ils n'aient pas le temps de pouvoir faire un
00:34:18 pas de côté pour comprendre vraiment le sens de leur activité et pourquoi c'est
00:34:22 important de travailler dans ce secteur là et essayer vraiment de développer un esprit
00:34:28 critique chez les jeunes et on peut penser à la formation continue aussi où on peut
00:34:32 se dire que c'est le moment aussi de mettre un pied de côté par rapport au monde économique
00:34:35 et de se dire voilà pourquoi c'est important de me former à différentes problématiques
00:34:39 et on parle aussi d'intégrer des enjeux, par exemple dans les formations d'ingénieurs
00:34:43 que je connais bien, il y a un enjeu particulier à intégrer les sciences humaines et sociales
00:34:47 et ça on pense qu'il faut que ça se fasse à travers une refonte globale de la maquette
00:34:52 pédagogique et pas seulement un ajout par ci par là de quelques cours ou de blocs.
00:34:57 Justement je crois que c'est l'un des sujets Martine Assar, je crois que vous, vous avez
00:35:02 intégré ça justement dans les formations d'ingénieurs sur les sciences.
00:35:06 Je voulais juste tout à fait avant d'aborder ce point là compléter un petit peu sur la
00:35:08 démarche de formation de RTE qui en fait a été rendue possible par la loi du 5 septembre
00:35:14 2018 qui est la loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel et qui ouvre le droit
00:35:20 nouvellement parce que c'était une demande récurrente des entreprises voyant effectivement
00:35:24 le problème déjà de tension sur les emplois et du manque d'effectifs donc d'ouvrir ce
00:35:29 droit qu'elles ont à présent de pouvoir s'associer avec des partenaires différents,
00:35:35 des opérateurs de formation, la possibilité aussi de pouvoir créer en propre des CFA
00:35:41 donc de pouvoir former elles-mêmes finalement leurs mains d'œuvre pour pouvoir répondre
00:35:46 à cette problématique de défectifs qu'elles connaissent.
00:35:50 Donc c'est vrai que nous en tant qu'établissement public d'enseignement supérieur et de recherche,
00:35:55 c'est vrai que ça nous donne dans le paysage de la formation de nouveaux acteurs alors
00:35:59 qu'ils ne sont pas sur les mêmes niveaux de formation mais qui viennent aussi en complément
00:36:04 former des effectifs.
00:36:06 Mais du coup c'est quand même pas un échec de l'éducation nationale et de l'enseignement
00:36:11 supérieur ?
00:36:12 Alors en tout cas c'est sûr que c'est la manifestation qu'on n'a pas anticipé les
00:36:13 besoins dans une vision à long terme sur le développement finalement de notre économie.
00:36:19 Alors à décharge aussi de cette manque de vision c'est qu'on vient de passer aussi
00:36:26 40 années de désindustrialisation.
00:36:28 Donc quelque part on a effacé de notre périmètre de réflexion le fait qu'un jour notre industrie
00:36:35 allait renaître et que derrière il fallait reprendre des savoir-faire qu'on avait ou
00:36:40 délocalisé et qui était perdu au sein de notre territoire national.
00:36:45 Donc si vous voulez, quelque part on a été le seul pays européen à partir dans une
00:36:50 hérésie de se débarrasser de l'industrie au lieu que l'industrie évolue en fonction
00:36:57 de l'évolution de la société.
00:36:59 On a voulu s'en débarrasser.
00:37:00 Donc voilà, maintenant effectivement avec le choc de la crise sanitaire où on s'est
00:37:06 rendu compte que finalement on était plus souverain sur des productions stratégiques,
00:37:10 on s'est dit "oh là là, il faut revenir à une démarche volontariste de réindustrialisation
00:37:16 et de relocalisation".
00:37:17 Mais il ne suffit pas de le dire parce que là on est dans l'urgence.
00:37:20 Vous voyez bien qu'on est en train massivement même sur ce territoire d'Inquerquois de
00:37:27 remettre des gigafactories que ce soit sur les batteries mais on est aussi en train
00:37:34 de relancer aussi sur ce même territoire la filière textile parce que le textile est
00:37:39 la deuxième industrie la plus polluante au monde.
00:37:41 Bref, on est dans ces problématiques finalement où on se réveille mais c'est sûr que derrière
00:37:47 tout l'appareil de formation qui est indispensable doit aussi quelque part se mettre au diapason
00:37:54 et d'où l'ouverture aux entreprises parce que pour réussir à se mettre à l'échelle
00:37:59 des besoins...
00:38:00 Vous n'avez pas le temps en fait Xavier Pichazic, je vais revenir sur la maguerre pédagogique
00:38:05 mais en fait vous n'avez pas le temps d'attendre.
00:38:06 Vous n'avez pas le temps d'attendre l'enseignement supérieur et l'éducation nationale.
00:38:11 On est un peu pressés mais avant je voulais vous dire que je n'étais pas d'accord avec
00:38:14 ce qu'a dit M.
00:38:15 Vanel pour faire vivre ce débat enfin.
00:38:17 Alors je ne suis pas d'accord du tout avec vous sur "l'État est incapable de planifier
00:38:23 l'ensemble, l'ensemble il n'y a pas la bonté d'eux".
00:38:26 Je ne suis pas d'accord du tout.
00:38:27 N'hésitez pas à prendre la parole, n'attendez pas que je vous donne la parole si vous voulez
00:38:32 rebondir tous.
00:38:33 Ah bah si on peut se couper les uns les autres ça va rendre le débat vivant.
00:38:37 Déjà les entreprises elles peuvent se prendre en main aussi.
00:38:41 Voilà.
00:38:42 Ne pas passer son temps à dire que fait l'État.
00:38:45 Deux, ceux qui savent de quelles compétences on a besoin ce sont les entreprises.
00:38:50 Ce sont les entreprises.
00:38:52 C'est des compétences très fines, c'est des compétences de niche, c'est de la technologie
00:38:56 haut de gamme.
00:38:57 C'est les entreprises qui savent.
00:38:58 On ne peut pas se gargariser de RSE dans les entreprises et démissionner sur le rôle
00:39:05 social des entreprises qu'elles ont au moins à formaliser leurs besoins.
00:39:10 Donc moi cette espèce de réflexe de dire il faudrait que l'État fasse tout, je trouve
00:39:18 que c'est une manière de...
00:39:19 Allez-y, allez-y, rentrez dans le débat.
00:39:20 C'est une manière, non mais je force un peu le trait partant, mais c'est aussi une manière
00:39:31 d'oublier de dire aux entreprises qu'elles ont à formaliser précisément des besoins
00:39:38 et qu'il faut qu'elles participent à trouver des chemins avec des partenaires.
00:39:43 Et moi je suis très à l'aise avec ce concept-là.
00:39:46 Après je voulais dire que j'étais tout à fait d'accord avec ce qu'a dit Madame Léon
00:39:50 sur la question de l'adéquationnisme, dès lors que chaque entreprise ferait sa petite
00:40:00 formation privée.
00:40:01 Ce n'est pas du tout ça ce qu'on fait, ce n'est pas du tout ça ce qu'on veut faire.
00:40:05 Juste un chiffre.
00:40:06 Dans la transition énergétique, le monde des réseaux, c'est des grands opérateurs
00:40:14 de réseaux dont nous sommes, dont Enendis, etc.
00:40:17 Mais c'est aussi beaucoup de prestataires et de fournisseurs.
00:40:20 Besoin d'embauche par an, juste dans ce monde des réseaux, si on compte nos fournisseurs,
00:40:27 c'est le secteur, 8000 par an.
00:40:29 Où sont-ils ? En fait, je ne sais pas.
00:40:33 Donc on se prend par la main et effectivement on participe à ce qu'on puisse finalement
00:40:40 mettre sur le marché de l'embauche.
00:40:42 8000 nouveaux salariés par an parce qu'il va bien falloir qu'on les trouve.
00:40:47 Moi, mon problème n'est pas que d'embaucher des gens chez nous.
00:40:50 Jusqu'à présent, j'ai plus de candidats que de postes offerts.
00:40:56 Mon problème, c'est que nous, on dépense 2 milliards d'euros par an sur le réseau
00:41:04 de transport d'électricité auprès de fournisseurs.
00:41:07 Moi, j'ai besoin que les fournisseurs et les salariés.
00:41:09 Et donc le problème d'embauche de mes fournisseurs est le même que le mien.
00:41:15 Moi, je le prends globalement.
00:41:16 Je suis assez à l'aise avec une forme d'adéquationnisme de secteur parce qu'on a des grands nombres
00:41:22 et on sait que dans le secteur des réseaux de main, c'est de l'ordre de 8000 par an
00:41:26 et peut-être demain 10 000, je ne sais pas, mais c'est un ordre de grandeur.
00:41:30 Prenons nos dispositions pour que ces 8000 personnes environ arrivent dans les meilleures
00:41:39 conditions possibles sur le marché du travail, que ce soit des gens issus de la formation
00:41:45 initiale, donc des primo embauchés, ou que ce soit des gens, je pense qu'on en parlera,
00:41:49 qu'on arrive à reconvertir parce qu'ils sont éloignés de l'emploi.
00:41:53 - Mais du coup, le changement, il doit arriver maintenant sur les maquettes...
00:41:56 - Je n'ai pas répondu à votre question, je suis désolé.
00:41:58 - Sur les maquettes pédagogiques, concrètement, en deux ou trois exemples,
00:42:01 c'est quoi les changements fondamentaux que vous avez apportés et qui restent à apporter sur l'écologie ?
00:42:07 - Alors, juste pour vous dire que ce n'est pas maintenant que notre groupe d'école s'est réveillé
00:42:12 sur la question de la transition écologique.
00:42:15 Ça fait bien longtemps que nos écoles d'ingénieurs et de management s'en sont emparées.
00:42:20 C'est vrai que là, il y a une urgence, donc on est allé plus sur la formalisation et l'homogénéisation
00:42:27 des contenus pédagogiques à adresser à nos étudiants aussi parce que les étudiants,
00:42:31 ils se sont manifestés en 2019, comme dans toutes les écoles d'ingénieurs,
00:42:37 avec un manifeste où ils ont interpellé finalement notre conseil d'administration,
00:42:42 nos enseignants-chercheurs pour leur dire "qu'est-ce que vous faites de concret
00:42:47 pour qu'on aille beaucoup plus vite et beaucoup plus loin sur ce champ de la transition écologique ?"
00:42:51 Ce qui nous a amenés à pouvoir recenser quelque part toutes les initiatives à l'échelle de nos écoles
00:42:57 sur ce qui a été fait concrètement, d'homogénéiser ces pratiques et de les formaliser.
00:43:03 Donc ce qui veut dire que dans notre réseau de huit écoles,
00:43:06 je prends l'exemple par exemple de notre école des mines de Saint-Étienne,
00:43:09 ça fait depuis 1996 qu'elle est sur ce terrain-là et qu'elle implique également enseignants-chercheurs
00:43:16 et étudiants dans la création de contenus pédagogiques où la question du développement durable
00:43:25 est beaucoup plus, on va dire, accentuée et ça s'est traduit effectivement
00:43:30 par un référentiel compétences en 2021 que nous avons produits
00:43:36 et qui n'est pas juste, on va dire, un accessoire ou un gadget pour dire qu'on fait quelque chose sur ce terrain-là,
00:43:43 c'est maintenant obligatoirement inclus dans toutes les formations de nos jeunes étudiants,
00:43:50 c'est-à-dire que quelle que soit leur spécialité, quel que soit leur parcours,
00:43:54 dans chacun des enseignements qu'ils reçoivent, il y a un socle qui n'est pas que de la sensibilisation,
00:44:02 quand ils rentrent dans nos écoles, ils sont acculturés à ces problématiques-là,
00:44:06 mais tout au long de leur parcours, ils ont plusieurs contenus qui leur sont adressés
00:44:13 pour vraiment les former de la phase de la conception à la production et au recyclage
00:44:20 de manière à ce qu'ils soient eux-mêmes prêts lorsqu'ils sortent de nos écoles
00:44:24 à rentrer dans des entreprises et à être eux-mêmes acteurs, forces de proposition
00:44:30 pour mettre en place ce qu'ils ont appris.
00:44:33 - Et pour ça, les enseignants, ils ont été reformés ?
00:44:36 - Absolument, les enseignements de toute manière passent par nos enseignants-chercheurs,
00:44:42 ce qui veut dire que même nos enseignants-chercheurs sont formés,
00:44:46 on a des écoles d'été, on a des groupes de travail dédiés,
00:44:50 nous avons un groupe qui s'appelle Confortes qui s'occupe de la transition écologique et sociale
00:44:56 et qui contribue aussi à les faire monter en qualification et en compétence sur ces sujets-là.
00:45:03 Mais je vous dirais que quelque part, naturellement...
00:45:05 - Il n'y a pas de réticence ?
00:45:07 - Très honnêtement, quand vous êtes ingénieur, je pense qu'il y a une sensibilité.
00:45:10 Alors moi, je ne suis pas ingénieur, mais pour les côtoyer quand même assez régulièrement,
00:45:16 il y a cette appétence de garder un regard critique sur cette accélération technologique,
00:45:23 parce qu'on pourrait être très facilement euphorique,
00:45:26 quand vous voyez la maturité actuelle de l'intelligence artificielle,
00:45:30 on pourrait être tout à fait épaté et euphorique.
00:45:33 Et en fait, nous, plutôt, ce qu'on essaye d'apporter,
00:45:36 on va dire en termes d'enseignement à nos jeunes diplômés,
00:45:41 c'est plutôt d'avoir cet esprit critique, d'avoir une vision systémique,
00:45:46 un petit peu de l'approche des problèmes,
00:45:48 et aussi d'avoir quelque part toute cette approche aussi de tout ce qui est économie circulaire,
00:45:56 de tout ce qui est low-tech.
00:45:57 Bref, on essaye vraiment de leur donner la plus riche exposition vers ces problématiques-là
00:46:03 pour qu'ils puissent s'en inspirer et être des ingénieurs responsables,
00:46:08 même éco-responsables quand ils vont intégrer leur entreprise.
00:46:12 - Marie-Lise Léon, pendant votre discours d'intégration au poste de secrétaire générale à la CFDT,
00:46:18 vous avez parlé, l'un de vos premiers mots, c'était de ne plus être dans la transition,
00:46:23 mais dans la transformation.
00:46:25 La transformation, si on vient sur nos sujets de formation, reformation, formation continue,
00:46:30 elle se fait dans le calme ?
00:46:32 Il n'y a pas de réticence ? Les personnes sont contentes de se reformer ?
00:46:35 - Non, en fait, non.
00:46:38 Alors, quand je parle de transformation, ça répond à la discussion qu'on a eue entre...
00:46:45 Est-ce qu'on passe juste un petit coup de peinture sur les programmes
00:46:50 ou est-ce qu'on les revoit en profondeur ?
00:46:51 Je pense que quand le gouvernement décide d'un secrétariat général à la planification écologique,
00:46:59 on se dit que c'est un des indicateurs qu'il y a vraiment une transformation à l'œuvre,
00:47:03 et de se dire qu'on place sous les services de la Première ministre l'enjeu écologique.
00:47:08 Après, je pense qu'on a un petit problème quand même à changer de lunettes.
00:47:12 On est bien habitués à voir un peu flou, si on est bien.
00:47:17 Parce que quand je dis transformation, c'est qu'il faut...
00:47:22 La question est de trouver le bon chemin, mais de dire que je pense qu'on est face à un défi monumental,
00:47:29 dont la rapidité du changement climatique fait qu'on va devoir revoir intégralement nos modes de production,
00:47:40 de consommation, de vie, en tant que citoyen, en tant qu'étudiant, en tant que parent, en tant que travailleur.
00:47:48 Et moi, je sens dans les échanges qu'on a pu avoir avec le secrétariat général aussi à la planification écologique
00:47:55 que la question sociale, on a quand même du mal à voir où sont les indicateurs.
00:48:02 Donc les lunettes ne sont pas encore complètement ajustées, je pense.
00:48:06 Et quand on parle, y compris de croissance, qu'est-ce qu'on met dans cette croissance ?
00:48:11 Comment on intègre des éléments bien plus qualitatifs ?
00:48:14 Tout n'est pas statistique, il faut pouvoir regarder de façon un peu plus fine.
00:48:20 Et donc je pense que si des grandes écoles se sont emparées de ces enjeux
00:48:26 et n'ont pas juste rajouté un module pour pouvoir dire qu'on prépare les ingénieurs de demain aux enjeux écologiques,
00:48:34 très bien. Je pense que du côté de la formation continue, c'est beaucoup plus compliqué.
00:48:39 Si aujourd'hui on est autant en difficulté sur la rénovation thermique des bâtiments,
00:48:44 c'est qu'on ne trouve pas de personnel qualifié, formé sur ces nouveaux enjeux d'isolation thermique,
00:48:51 sur ces maintenances de nouveaux appareils, sur ces qualités.
00:48:54 Et moi, la petite musique que j'entends plutôt professionnelle, c'est que les normes sont trop compliquées ou trop strictes.
00:49:01 Et donc comme on n'arrive pas à suivre, plutôt que de dire on met le paquet sur la formation continue,
00:49:07 on dit peut-être qu'on est trop exigeant, on transpose trop des directives européennes, etc.
00:49:12 Je pense que ce n'est pas du tout la bonne option.
00:49:16 Vous, ce serait quoi la bonne option ?
00:49:18 La bonne option, c'est mettre les moyens clairement sur la formation.
00:49:23 Et quand je parle du bâtiment, on a des difficultés.
00:49:28 La formation, tout au long de la vie, passe par notamment pas mal de structures paritaires.
00:49:35 Je vais vous épargner les acronymes absolument abominables de la formation professionnelle.
00:49:40 Et l'un des premiers sujets en ce moment, c'est une querelle entre deux organisations patronales
00:49:46 qui n'arrivent pas à se mettre d'accord et qui pénalisent et mettent en difficulté un certain nombre de déblocages de fonds
00:49:54 pour pouvoir accompagner les salariés.
00:49:56 Et puis, voilà.
00:49:58 Donc je pense qu'il y a des leviers d'action.
00:50:02 Je pense qu'il y a encore du travail côté politique pour avoir bien conscience d'un certain nombre de...
00:50:08 de l'ensemble des choses qui doivent changer.
00:50:13 Et quand on parle d'industrie, je trouve encore...
00:50:18 je trouve que c'est encore un peu chacun dans son couloir.
00:50:23 Côté industrie, on va dire réindustrialisation.
00:50:27 Moi, ce que je veux entendre, c'est une réindustrialisation au service de quoi ?
00:50:31 Ça doit être au service de la transition écologique.
00:50:34 Et voilà. Donc ça, c'est un...
00:50:36 Et une transition écologique juste.
00:50:38 Ça veut dire que sur ces questions de réindustrialisation, on devrait autant entendre le ministère de l'Industrie,
00:50:46 merci, que le ministère du Travail, des compétences, que le ministère de la Transition énergétique et écologique.
00:50:54 - Et sur les enjeux de personnes qui vont former les personnes,
00:51:00 Rémi Vanel et Xavier Piéchazic, vous me disiez tous les deux qu'il y avait des réticences,
00:51:04 à la fois dans les écoles, par exemple, vous me parliez, Rémi Vanel, des groupes d'anciens élèves
00:51:10 qui bloquaient souvent, enfin en tout cas dans votre cas, aux arts et métiers,
00:51:13 qui bloquaient les transformations dans l'école. Xavier Piéchazic, vous me disiez que c'était difficile aussi parfois
00:51:18 de faire comprendre la vision de l'entreprise et d'avoir des personnes qui suivent cette vision en disant
00:51:24 "C'était mieux avant". Dans les deux cas, c'était mieux avant, même sur l'industrie.
00:51:29 - Alors juste pour reprendre ce qu'on a dit tout à l'heure, je ne disais pas du tout que l'État devait tout faire tout seul.
00:51:35 L'enjeu pour moi, l'État et le gouvernement, ils doivent définir des grands objectifs et une ambition
00:51:40 pour le système de formation pour qu'il puisse se transformer. Parce qu'aujourd'hui, on dit aux établissements d'enseignement supérieur
00:51:47 "Accueillez plus d'étudiants chez vous, on ne vous donne pas plus de moyens par étudiant"
00:51:52 et donc on voit que depuis, je crois, 20 à 30 ans, le budget de l'État par étudiant dans l'enseignement supérieur
00:51:59 ne fait que décroître. Et en même temps, on ne leur dit pas que leur principal objectif demain,
00:52:04 ça va être de transformer les maquettes pédagogiques pour l'adapter aux enjeux de la transition écologique.
00:52:08 Et même une fois qu'on a dit ça, encore une fois, ça veut dire quoi ?
00:52:11 Adapter les maquettes pédagogiques à la transition écologique en termes de métiers et de compétences.
00:52:17 Et aujourd'hui, c'est encore flou. Même pour les établissements d'enseignement supérieur, c'est un sujet nouveau.
00:52:21 On voit qu'on l'a à peine vraiment à peu près défini avec le VGPE aujourd'hui, le Secrétariat général de la planification écologique.
00:52:28 Et donc il faut traduire ça en "Qu'est-ce que ça veut dire pour les formations ?"
00:52:31 Et ensuite, sur le rôle des entreprises, je ne dis pas du tout qu'il faut que les entreprises soient attentistes
00:52:37 et voient l'évolution venir et subissent peut-être l'évolution des compétences,
00:52:42 mais il faut qu'il y ait des partenariats qui se fassent, sans échanges financiers,
00:52:46 parce que ça entraîne des conflits d'intérêts divers et variés.
00:52:50 Et je pense que ces entreprises-là doivent montrer vers où elles veulent aller.
00:52:55 Encore une fois, j'ai parlé de Stellar & Stellar, par exemple, pour l'électrification de l'automobile.
00:52:59 C'est un enjeu particulier que, par exemple, une entreprise comme Stellantis s'engage dans la transition de la formation,
00:53:05 montre ses besoins en compétences et nouveaux métiers au système de formation globalement,
00:53:10 à tous les niveaux, pour qu'on puisse accélérer.
00:53:13 Ensuite, sur la question des réticences en interne,
00:53:17 encore une fois, je pense que vu qu'il n'y a pas un objectif et des ambitions claires et précises
00:53:23 qui sont mises pour les établissements d'enseignement supérieur,
00:53:25 et aussi qu'on n'a pas les compétences en interne dans toutes les écoles
00:53:28 ou dans tous les établissements d'enseignement supérieur, pour comprendre ce que c'est la transition écologique
00:53:32 et ce que ça veut dire de, par exemple,
00:53:34 aujourd'hui, je suis en formation à l'Institut français du pétrole,
00:53:38 donc il y a une école d'ingénieurs qui, historiquement, a été construite pour répondre aux besoins de l'industrie pétrolière et gazière.
00:53:43 Aujourd'hui, on voit concrètement que parce que l'ensemble de la direction,
00:53:49 du corps enseignant et des échanges avec les industriels,
00:53:52 tous ces échanges-là se font avec des personnes qui ont fait leur carrière dans le pétrole et le gaz,
00:53:57 qui aujourd'hui ont très peu de vision sur ce que c'est la transition énergétique,
00:54:02 parce qu'eux aussi sont un peu biaisés par leur expérience professionnelle
00:54:05 et les années qu'ils ont passées, par exemple, dans des industries comme Total Energy ou Engie, etc.,
00:54:10 et qui ont une vision peut-être pas tout à fait la même que des électriciens,
00:54:14 et donc on voit qu'ici, on se confronte à un des intérêts divergents.
00:54:19 Par exemple, sur la question du gaz, je pense que la vision de RTE n'est pas tout à fait la même que la vision de Engie au total, ou Total Energy.
00:54:25 Et donc, comme ces entreprises-là ont un lien direct avec l'école,
00:54:28 les maquettes pédagogiques, les enseignants et intervenants qu'on fait venir en cours
00:54:33 ont une vision certaine de la transition énergétique,
00:54:37 qui n'est pas forcément quelque chose qui est enviable pour la société globalement.
00:54:41 Xavier Piachazik ?
00:54:43 Cette fois-ci, je serais plutôt d'accord avec vous.
00:54:48 En même temps, vous avez le plus beau rôle, là !
00:54:51 Je veux dire qu'effectivement, une fois qu'on trouve des salariés, il faut les garder.
00:54:58 Il faut les garder parce qu'ils peuvent prendre la poudre d'escampettes.
00:55:03 Une des manières de les garder, c'est les former, déjà, pour qu'ils n'aient pas l'impression d'être en décalage
00:55:11 entre leur métier et leur savoir ou leur savoir-faire.
00:55:15 Et ça, ça peut arriver surtout dans des mondes technologiques qui évoluent rapidement.
00:55:21 Donc ça nécessite de mettre le paquet sur la formation continue.
00:55:26 C'est ce qu'on fait.
00:55:27 Et puis moi, j'aime bien, chez ARTE, j'ai dit et j'ai assumé qu'on était l'entreprise des choix.
00:55:34 C'est-à-dire que chez nous, on peut changer de métier.
00:55:36 Et je pense que c'est facile à lire quand on est une grosse entreprise de 10 000 personnes
00:55:43 plutôt que quand on est une PME, bien évidemment.
00:55:46 Mais une manière de garder les salariés, c'est de leur permettre de se reconvertir.
00:55:51 Et c'est ce qu'on fait.
00:55:53 Voilà, on peut changer de métier, on peut le demander.
00:55:55 On peut être formé à un nouveau métier en restant dans l'entreprise.
00:55:59 L'ensemble de cet effort chez ARTE, c'est que la formation continue, c'est 6,5% de la masse salariale,
00:56:08 ce qui est largement, largement, largement au-dessus de la moyenne.
00:56:13 Donc c'est vrai que c'est un effort.
00:56:16 Et donc pour couvrir toute cette formation, vous avez raison, il y a un corps enseignant.
00:56:21 Chez nous, il y a 70 formateurs payés à temps plein.
00:56:24 Et je rejoins ce que disait monsieur, la sociologie de ce corps enseignant, elle est absolument capitale.
00:56:32 Et ça, c'est quelque chose qui est très sensible.
00:56:34 Chez nous, ce n'est pas des...
00:56:35 Ce sont des salariés qui décident pour un bout de leur vie d'être enseignants.
00:56:40 L'idée, c'est qu'ils ne soient pas définitivement des enseignants.
00:56:43 Ils aient appris nos métiers, ils aient travaillé de manière particulière,
00:56:49 puis ils vont devenir enseignants pendant 5 ou 10 ans, puis après, ils repartent.
00:56:54 Et c'est important pour nous de bien équilibrer ceux qui ont de l'expérience professionnelle,
00:56:58 ou qui sont plutôt âgés, avec des générations plus jeunes,
00:57:03 parce qu'il peut aussi y avoir plus de feeling avec les plus jeunes de nos...
00:57:12 - De nos salariés. - De nos salariés.
00:57:14 Et ce qui est important, vous aviez raison de dire,
00:57:17 il ne faut pas que ce corps enseignant porte le message que c'était mieux avant.
00:57:22 Et ça, c'est un défi un peu sociologique.
00:57:24 Et je crois que c'est aussi un défi pour le management de l'entreprise,
00:57:30 et en fait, pour moi, c'est-à-dire qu'il faut aller voir ce corps enseignant régulièrement,
00:57:35 parce que je pense qu'il y a un truc qui est absolument capital,
00:57:39 c'est que le corps enseignant, qui voit passer tous nos salariés, ou presque tous les ans,
00:57:44 ils aient compris les stratégies de la boîte, ils aient compris pourquoi est-ce qu'on fait ça,
00:57:48 et qu'ils soient connectés aux enjeux stratégiques de la transition du secteur et de l'entreprise.
00:57:56 Et si on ne va pas les voir de manière un peu privilégiée, ils n'arrivent pas à porter ces messages.
00:58:01 - Et sinon, après, c'est le serpent qui se mord l'arc.
00:58:03 - Et bien, si vous ne portez pas le message à l'occasion de vos cours,
00:58:07 vous n'avez pas l'occasion de faire partager la cause, le pourquoi,
00:58:10 une forme de projection.
00:58:13 Et donc, je ne dis pas qu'il faut les chouchouter,
00:58:16 mais en tout cas, il faut porter une attention particulière à cette population d'enseignants,
00:58:24 et c'est probablement une chose à travailler avec le corps enseignant de l'éducation nationale,
00:58:29 c'est qu'ils soient le plus souvent possible connectés aux défis des secteurs industriels,
00:58:37 pour qu'ils arrivent à en parler à leurs étudiants.
00:58:40 - Vous voulez rebondir ou pas, spécialement ?
00:58:46 Je vais faire passer le micro dans le public, si vous avez des questions.
00:58:50 - Bonjour, merci beaucoup pour vos interventions.
00:59:12 Alors moi, je suis consultante en sociologie du travail,
00:59:14 spécialisée sur la transition écologique et la mixité des métiers.
00:59:17 Donc, heureuse de vous avoir entendu sur cette thématique.
00:59:21 J'ai une petite question, à un moment, Marie-Dix Léon,
00:59:24 dans le débat, vous avez dit "tout n'est pas statistique".
00:59:27 Et moi, j'ai quand même le sentiment que quand on aborde le sujet de la transition écologique,
00:59:31 on parle beaucoup d'emploi.
00:59:32 Donc, on dit toujours "ça va créer tant d'emplois,
00:59:35 au contraire, ça va détruire tant d'emplois, etc."
00:59:38 Et j'entends assez peu l'acception du mot "travail" et ce qu'on met derrière,
00:59:43 et surtout sur les sujets de la formation.
00:59:45 Je m'explique, quand on parle de reconversion,
00:59:49 notamment, par exemple, ici, sur le territoire d'Angharquois,
00:59:51 il y a effectivement des gens qui vont devoir quitter l'industrie métallurgique
00:59:55 pour potentiellement aller vers l'industrie électrique ou les ENR.
01:00:00 Et en fait, ça pose des ressorts psychosociaux.
01:00:04 Le fait de se reconvertir, ce n'est pas juste "est-ce que je dispose des compétences",
01:00:08 c'est aussi "comment je me projette dans une autre...
01:00:12 même si je garde le même métier, je vais dans un autre secteur qui n'a rien à voir."
01:00:17 Et j'entends assez peu parler de ces questions d'identité professionnelle,
01:00:21 de logique d'appartenance.
01:00:22 Être ouvrier ou agent de maîtrise dans l'industrie métallurgique,
01:00:25 ce n'est pas du tout la même chose que d'être ouvrier ou agent technique.
01:00:28 Chez Vercors, ce ne sont pas les mêmes récits, ce ne sont pas les mêmes imaginaires.
01:00:32 Et je me demande comment vous travaillez cette question-là,
01:00:35 c'est-à-dire comment on va encourager les gens à se reconvertir,
01:00:39 mais surtout comment on va leur donner confiance dans le fait que ce qu'on raconte autour de ça,
01:00:44 ils vont réussir à se projeter dedans.
01:00:47 Parce que quand on se reconvertit, mais qu'on est jeune diplômé...
01:00:51 Enfin, reconverti, quand on va dans ces filières-là,
01:00:54 et qu'on est jeune diplômé d'école d'ingénieur,
01:00:56 déjà très conscientisé sur les questions écologiques,
01:00:58 c'est assez facile de se projeter positivement dans ces industries-là.
01:01:02 Quand on vient des industries brunes, il y a toute une histoire qui est très différente.
01:01:07 Je m'interroge sur ces logiques de ressorts psychosociaux du travail.
01:01:11 Merci beaucoup.
01:01:13 Merci beaucoup de cette question,
01:01:19 parce qu'en fait, ça balaye un certain nombre d'éléments.
01:01:24 La question de l'identité professionnelle, elle est fondamentale.
01:01:28 Et aujourd'hui, il y a plusieurs clés de réussite,
01:01:36 en tout cas pour réussir, quand je dis qu'il faut embarquer tout le monde,
01:01:40 c'est qu'il faut raconter une histoire crédible.
01:01:45 Donc, avoir le choix des mots est extrêmement important.
01:01:50 D'autant que, si on prend en plus l'exemple de la région,
01:01:54 on a vu disparaître des industries, des pans d'industries entiers,
01:01:59 qui sont extrêmement diverses, d'ailleurs,
01:02:02 on parle beaucoup du textile, des mines, etc.
01:02:05 Et de dire qu'on embarque tout le monde dans une transition écologique juste,
01:02:09 avec ce passif et cette histoire, c'est un vrai handicap.
01:02:15 Je pense qu'il faut faire attention aux mots que l'on utilise.
01:02:18 L'industrie verte suppose qu'il y a de l'industrie noire, ou brune,
01:02:25 vous avez été plus délicate.
01:02:27 Je pense qu'il y a la question du choix des mots qui est extrêmement importante.
01:02:33 Et je pense que, vous avez évoqué le mot "désirabilité"
01:02:38 qui a été prononcé ici autour de cette table.
01:02:40 Avoir un récit positif, c'est essentiel.
01:02:44 Et on parle beaucoup de statistiques,
01:02:48 on parle beaucoup d'emplois,
01:02:50 un rapport de 10 à 4 entre le thermique et l'électrique.
01:02:54 Il faut qu'on puisse, quand je dis que les éléments statistiques
01:02:59 ne prennent pas de critères sociaux,
01:03:03 il faut qu'on regarde à un niveau de granularité plus fin,
01:03:08 à hauteur d'hommes et de femmes.
01:03:10 On a beaucoup parlé de formation,
01:03:12 on sait aujourd'hui que ce n'est pas l'alpha et l'oméga
01:03:16 pour réussir cette transition écologique.
01:03:18 Il y a la question de sécuriser les parcours,
01:03:23 dans une grande entreprise de 10 000 personnes,
01:03:26 je peux passer d'un métier A à un métier B.
01:03:28 Quand je suis dans une boîte de 30,
01:03:30 le passage du métier A à B,
01:03:34 ça veut dire que je change de boîte.
01:03:36 Comment je passe de l'une à l'autre ?
01:03:38 On a été partie prenante dans un accord
01:03:42 qui permet à des salariés de chez Peugeot,
01:03:46 d'aller chez ACC,
01:03:48 de Batterie.
01:03:52 Il faut qu'on multiplie ce type d'initiatives,
01:03:58 et une des façons de ne pas être statistique,
01:04:02 c'est de regarder à des échelles très locales.
01:04:04 Je pense que l'une des solutions,
01:04:06 c'est le dialogue social local, territorial,
01:04:08 parce que l'immense majorité des salariés
01:04:12 qui vont être impactés par la transition écologique,
01:04:14 ne vont pas traverser la France.
01:04:16 Le cercle, le périmètre de mobilité,
01:04:20 c'est autour de 30 km en France.
01:04:22 Donc il faut des choses extrêmement locales,
01:04:24 du sur-mesure,
01:04:26 qui permettent de répondre aux enjeux sociaux,
01:04:32 mais au-delà du travail et de l'emploi.
01:04:34 Ma mobilité, mon type de contrat de travail,
01:04:38 tout ça doit être regardé finement.
01:04:42 Et quand on aborde la question des compétences,
01:04:48 c'est quoi le travail ?
01:04:50 Quelles sont les conditions d'exercice de mon travail ?
01:04:52 Nous, on est beaucoup demandeurs
01:04:56 pour la transition écologique juste,
01:04:58 mais pour d'autres enjeux liés au travail,
01:05:00 d'attractivité,
01:05:02 d'exercice même du travail.
01:05:04 C'est la question du dialogue professionnel.
01:05:06 Comment je permets,
01:05:08 dans des collectifs de travail,
01:05:12 dans des entreprises,
01:05:14 de remettre un peu sur le devant de la scène
01:05:16 et de mettre en débat dans l'entreprise,
01:05:20 non pas à des fins polémiques,
01:05:22 mais de pouvoir dire comment on parle du travail,
01:05:24 comment on rend visible ce travail.
01:05:26 C'est exactement ce qui a été au cœur
01:05:32 des suites de la crise du Covid et du confinement.
01:05:36 Quand on a parlé des travailleurs,
01:05:38 et notamment des travailleuses essentielles,
01:05:40 la question n'était pas une question d'emploi,
01:05:42 de savoir quel était leur statut,
01:05:44 de savoir quel était leur travail au quotidien,
01:05:48 et la façon dont ils ont pu être exposés,
01:05:52 et comment on les reconnaît ou pas.
01:05:56 Pour beaucoup, ils attendent encore.
01:05:58 C'est un des axes de travail forts pour mon organisation.
01:06:02 - Xavier Piéchazik, je commençais mon introduction
01:06:04 avec l'idée du "nous",
01:06:06 "nous ouvriers, nous ouvrières d'aujourd'hui et demain".
01:06:08 La question de l'unité revient du collectif.
01:06:10 Comment on intègre des personnes
01:06:12 qui n'étaient pas forcément dans les mêmes industries ?
01:06:16 - Oui, je voulais rebondir là-dessus.
01:06:18 On a besoin de récits dans les récits.
01:06:20 J'utilise le mot "récit" parce que "histoire",
01:06:22 des fois, c'est mal compris.
01:06:24 Ça fait un peu "belle histoire".
01:06:26 Le récit dans le récit, je prends un exemple.
01:06:30 Un ouvrier ou un agent de maîtrise
01:06:32 qui faisait des culasses,
01:06:36 qui a la culture du métallo,
01:06:38 si on lui dit "demain, tu vas voir, c'est chouette,
01:06:40 tu vas poser des panneaux photovoltaïques
01:06:42 sur les toits des pavillons",
01:06:44 je ne suis pas sûr qu'il ait envie.
01:06:46 Ce n'est pas sa culture,
01:06:48 ce n'est pas ce qu'il a envie.
01:06:50 Ce n'est pas son savoir-faire manuel.
01:06:52 J'aimerais qu'on reparle des mains
01:06:54 parce que c'est très important
01:06:56 dans les enjeux qui arrivent à la transition écolo
01:06:58 et à la transition énergétique.
01:07:00 Ce n'est pas que des diplômés
01:07:04 des écoles des mines.
01:07:08 - Ne vous inquiétez pas,
01:07:10 nos ingénieurs ont une appétence aussi
01:07:12 pour revenir au fer.
01:07:14 - C'était une blague de la part d'un ingénieur des ponts.
01:07:16 Il y a le récit de la transition écologique
01:07:22 qui est lié à la collision du climat.
01:07:24 Dedans, il y a la récit de ce qu'on fait
01:07:26 dans le monde de l'énergie,
01:07:28 c'est quoi la transition énergétique.
01:07:30 Dedans, il y a comment il faut s'électrifier.
01:07:34 Mais s'électrifier, ce n'est pas que poser
01:07:36 des panneaux photovoltaïques.
01:07:38 C'est aussi de la grosse industrie.
01:07:40 C'est du nucléaire,
01:07:42 besoin de plus de 10 000 à 15 000 salariés par an
01:07:44 pendant 10 ans.
01:07:46 Dans le nucléaire,
01:07:48 c'est beaucoup de chaudronnerie.
01:07:50 - Des soudeurs.
01:07:52 - Des soudeurs.
01:07:54 - Des ponciers.
01:07:56 - Il y a des réseaux.
01:07:58 Les réseaux, c'est quoi ?
01:08:00 Ça peut être des télécoms,
01:08:02 mais c'est aussi de la construction métallique.
01:08:04 - Ah bon ?
01:08:06 - Oui, ça peut être de la construction métallique.
01:08:08 Il faut qu'on arrive à emboîter les récits
01:08:12 pour qu'à un moment donné,
01:08:14 il y ait des salariés qui, oui,
01:08:16 viennent d'industries brunes
01:08:20 dans lesquelles les besoins vont décroître,
01:08:24 pour qu'ils arrivent à se reconnaître
01:08:28 dans un autre type d'industrie
01:08:32 et dans lequel
01:08:34 il puisse falloir leur savoir-faire.
01:08:40 Leur savoir-faire, c'est leur connaissance technique
01:08:42 dans leur cerveau,
01:08:44 mais aussi c'est leur geste.
01:08:46 - Est-ce qu'il y a d'autres questions dans le public ?
01:08:50 - Bonjour.
01:08:52 Il y a 40 ans,
01:08:54 j'étais simplement diplômé en sciences économiques,
01:08:58 quand j'ai pu bénéficier d'une reconversion
01:09:00 en analyse programmation à Lille.
01:09:02 Si je me souviens bien,
01:09:04 c'était financé par des fonds européens
01:09:06 aux régions en reconversion.
01:09:08 Hier, j'étais là,
01:09:10 on a beaucoup entendu parler d'Europe,
01:09:12 aujourd'hui un peu moins.
01:09:14 J'aimerais savoir,
01:09:16 puisqu'on peut aussi parler financement,
01:09:18 s'il y a articulation
01:09:20 avec des interventions européennes.
01:09:24 - Peut-être Martine Assar ?
01:09:26 - Justement, nous sommes en 2023,
01:09:28 c'est l'année des compétences
01:09:30 au niveau de l'Europe.
01:09:32 L'Europe est moteur aussi,
01:09:34 dans cette prise de conscience,
01:09:36 d'embarquer les écoles,
01:09:38 les universités,
01:09:40 le monde de l'enseignement,
01:09:42 mais de l'éducation aussi,
01:09:44 vers cette transition écologique.
01:09:46 Elle a même chiffré le besoin
01:09:48 de nouveaux emplois
01:09:50 à l'échéance de 2030.
01:09:52 C'est 700 000 emplois,
01:09:54 qui vont devoir être créés.
01:09:56 En amont,
01:09:58 il faut aussi pouvoir identifier
01:10:00 les différents secteurs.
01:10:02 Quand on parle des différents secteurs,
01:10:04 c'est aussi connaître les besoins métiers.
01:10:06 Les besoins métiers, ça va de l'opérateur,
01:10:08 technicien, ingénieur.
01:10:10 Il faut pouvoir savoir quels sont les besoins
01:10:12 à adresser pour chacun
01:10:14 de ces niveaux de qualification.
01:10:16 Pour ça, ça demande aussi
01:10:18 à tous les acteurs
01:10:20 de pouvoir communiquer ensemble.
01:10:22 Nous, à l'Institut Humaine Télécom,
01:10:24 on est toujours en lien
01:10:26 avec notre réseau
01:10:28 d'entreprises partenaires.
01:10:30 Nous, par exemple,
01:10:32 à l'Observatoire,
01:10:34 on a un groupe de travail
01:10:36 sur la formation professionnelle,
01:10:38 suite à un appel à projet que nous avons
01:10:40 remporté, et nous faisons des focus group
01:10:42 sur différentes familles métiers,
01:10:44 supply chain, maintenance,
01:10:46 logistique, etc., de manière
01:10:48 à bien identifier les besoins
01:10:50 en compétences
01:10:52 par rapport à des activités qui évoluent.
01:10:54 Mais oui, nous sommes tous embarqués
01:10:56 et à l'échelle européenne,
01:10:58 il y a des fonds qui sont aussi destinés
01:11:00 à pouvoir alimenter
01:11:02 tous les opérateurs de formation
01:11:04 des différents pays au sein de l'Union Européenne
01:11:06 pour participer finalement
01:11:08 à l'élan, parce que
01:11:10 Rémi en a parlé, c'est vrai que la formation,
01:11:12 ça coûte, et que
01:11:14 les différents ministères, je parle
01:11:16 pour les écoles d'ingénieurs,
01:11:18 nous donnent des subventions,
01:11:20 mais la part de subvention,
01:11:22 elle n'a pas vocation
01:11:24 à s'agrandir
01:11:26 d'année en année,
01:11:28 donc ce qui veut dire que chaque opérateur
01:11:30 de formation, comme nous,
01:11:32 nous cherchons aussi à participer
01:11:34 à des appels à projet, qu'ils soient
01:11:36 nationaux, européens ou autres, de manière
01:11:38 à capter des fonds, pour
01:11:40 pouvoir nous donner les ambitions de pouvoir répondre
01:11:42 à ce défi de la formation, parce que
01:11:44 on en a parlé tous
01:11:46 depuis tout à l'heure, la réindustrialisation,
01:11:48 la renaissance, reconquête
01:11:50 industrielle, quelle que soit la
01:11:52 terminologie qu'on emploie,
01:11:54 elle va passer d'abord par la formation,
01:11:56 c'est-à-dire anticiper les besoins,
01:11:58 les identifier, et ensuite
01:12:00 préparer les effectifs.
01:12:02 Et là, dans le plan
01:12:04 industrie verte qui vient juste d'être
01:12:06 voté, nous particulièrement,
01:12:08 comme nous sommes un établissement public,
01:12:10 le gouvernement nous a
01:12:12 clairement identifiés dans la mesure
01:12:14 14 et 15, où nous
01:12:16 devons produire
01:12:18 plus d'effectifs
01:12:20 d'ingénieurs, de l'ordre
01:12:22 de plus de 22%.
01:12:24 C'est un coût.
01:12:26 On ne va pas augmenter non plus
01:12:28 nos tarifs, nous sommes un
01:12:30 établissement public,
01:12:32 donc nous avons des tarifs qui sont
01:12:34 normalement accessibles et qui doivent
01:12:36 le rester pour le plus grand nombre.
01:12:38 - C'est quoi "accessible" ? - Quand vous voyez
01:12:40 les tarifs des écoles privées, vous en avez
01:12:42 pour parfois des dizaines de milliers d'euros,
01:12:44 en tout cas c'est une charge. - C'est combien ?
01:12:46 - Nous avons des tarifs qui sont, après ça
01:12:48 dépend un petit peu des écoles, mais vous êtes
01:12:50 à des tarifs qui sont entre 1900
01:12:52 ou 2005, tout dépend du type
01:12:54 de diplôme aussi. - Par an ? - Oui, tout à fait.
01:12:56 Donc ça reste tout de même accessible.
01:12:58 Notre marge
01:13:00 de manœuvre, on ne va pas la rebasculer
01:13:02 forcément sur les étudiants,
01:13:04 donc il nous faut aussi, nous, nous prendre en main
01:13:06 et aller chercher des financements
01:13:08 là où ils sont. Je vous parlais
01:13:10 de cet appel à projet qu'on a
01:13:12 appelé chez nous "parcours",
01:13:14 qui est simplement de développer
01:13:16 un catalogue de formation professionnelle
01:13:18 innovante à destination
01:13:20 des petites et moyennes entreprises.
01:13:22 Pourquoi ? Parce que c'est le tissu, quand même,
01:13:24 c'est un poumon économique
01:13:26 fort en France, qui adresse
01:13:28 plus de 2 millions d'emplois
01:13:30 industriels, et qu'il faut
01:13:32 pouvoir aider,
01:13:34 accompagner au développement
01:13:36 de leurs compétences, pour pouvoir
01:13:38 justement
01:13:40 passer à l'échelle et répondre aux commandes.
01:13:42 On l'a vu, juste après
01:13:44 la crise sanitaire, les entreprises,
01:13:46 elles ont gardé le rythme,
01:13:48 elles ont continué à investir,
01:13:50 leurs carnets de commandes sont pleins.
01:13:52 Par contre, pour beaucoup, il y a plus de 60%
01:13:54 dans un dernier sondage,
01:13:56 qui affirment devoir finalement
01:13:58 freiner leur développement et leur croissance,
01:14:00 parce qu'elles ne le trouvent
01:14:02 pas défectif en nombre.
01:14:04 - Xavier Piachazzi, est-ce que vous voulez
01:14:06 rebondir sur cette question ?
01:14:08 On passe à la question suivante.
01:14:10 - Non, je n'ai pas besoin, madame.
01:14:12 - Juste, moi, sur la partie investissement,
01:14:14 je n'ai pas trop de regard sur d'où doit venir
01:14:16 l'investissement, si ça doit être au niveau de l'Europe
01:14:18 ou à l'échelle nationale, mais je pense que ce qui est
01:14:20 important, c'est de ne pas voir
01:14:22 globalement, de ne pas voir
01:14:24 la formation,
01:14:26 et l'enseignement supérieur en général,
01:14:28 comme un coût, mais plutôt comme un investissement.
01:14:30 - Ah, c'est clair. - Et ça,
01:14:32 c'est essentiel. Et nous, au collectif,
01:14:34 on ne pense pas qu'on va transformer
01:14:36 notre système de formation au global,
01:14:38 en enseignement supérieur ou
01:14:40 en télétravaillement de formation en général,
01:14:42 par des appels à projets
01:14:44 où on va, pendant
01:14:46 quelques années, financer une formation
01:14:48 donnée ou un master, ce qu'on peut voir par exemple
01:14:50 à l'échelle de certaines écoles de commerce, où on a
01:14:52 par exemple des écoles
01:14:54 qui investissent sur une share,
01:14:56 un master spécifique, et qui ne
01:14:58 se préoccupent pas du tout des autres
01:15:00 formations, donc ça, c'est à l'échelle
01:15:02 de l'enseignement supérieur, mais c'est la même chose
01:15:04 au niveau des différents
01:15:06 établissements de formation, et ça, c'est assez essentiel.
01:15:08 Et donc, je pense qu'il faut avoir
01:15:10 aussi dans l'investissement, il faut avoir un investissement pérenne
01:15:12 sur plusieurs années, pour engager
01:15:14 les établissements, parce qu'ils ont besoin
01:15:16 de moyens aussi, humains et financiers,
01:15:18 pour faire cette transformation-là.
01:15:20 Et il faut
01:15:22 que ce soit une vision systémique, donc que ça touche
01:15:24 toutes les formations.
01:15:26 Ça ne sert à rien de rajouter une formation dite "verte"
01:15:28 si à côté, on continue de
01:15:30 donner des formations brunes pour fournir
01:15:32 l'industrie
01:15:34 ou l'économie telle qu'elle est aujourd'hui.
01:15:36 - Juste
01:15:38 un témoignage pour monsieur,
01:15:40 il y a des lieux d'être optimiste sur la manière
01:15:42 dont les institutions communautaires prennent
01:15:44 les choses en main. Si vous lisez le Green Deal
01:15:46 et le Net Zero Industrial Act
01:15:48 qui vient de sortir, ça montre
01:15:50 qu'il y a vraiment une...
01:15:52 Et ça, je trouve que c'est finalement assez
01:15:54 nouveau, une préoccupation
01:15:56 de la réindustrialisation
01:15:58 de l'Europe, tournée
01:16:00 vers la transition, y compris
01:16:02 en intégrant des problématiques amonts
01:16:04 et dans ces problématiques amonts,
01:16:06 il y a, comme disait madame, la formation.
01:16:08 - Ah bah oui.
01:16:10 - Allez-y, allez-y.
01:16:12 - Bonjour, merci pour vos interventions.
01:16:14 Justement, j'ai une question
01:16:16 autour du Green Deal qui a été voté
01:16:18 en 2020 au niveau de l'Europe
01:16:20 et qui impose
01:16:22 une réduction des
01:16:24 émissions de gaz à effet de serre
01:16:26 de -55%
01:16:28 en 2030 et viser une neutralité
01:16:30 carbone en 2050.
01:16:32 Aujourd'hui, on a la sixième
01:16:34 limite planétaire qui est dépassée.
01:16:36 Quand j'entends que dans le meilleur des cas,
01:16:38 on arrive à transformer
01:16:40 la formation dans des entreprises
01:16:42 avec un budget de 6,5%,
01:16:44 2030,
01:16:46 c'est dans 6 ans,
01:16:48 -50%
01:16:50 divisé par 6, ça fait à peu près
01:16:52 10% d'investissement
01:16:54 dans la formation tous les ans.
01:16:56 Comment on fait ?
01:16:58 - Je change de casquette.
01:17:00 Vous êtes d'accord une seconde ?
01:17:02 Le "fit for 55"
01:17:04 c'est -55% d'émissions
01:17:06 par rapport à 1990
01:17:08 et on est à 50% du chemin en France.
01:17:10 C'est sûr que faire
01:17:12 le reste du chemin,
01:17:14 c'est-à-dire la moitié du chemin en 7 ans,
01:17:16 ça va être beaucoup plus dur
01:17:18 que ce qu'on a fait depuis 1990.
01:17:20 Ça passe beaucoup
01:17:22 par les transferts d'usages,
01:17:24 c'est-à-dire
01:17:26 nombre de chaudières au fuel,
01:17:28 nombre de chaudières au gaz fossiles,
01:17:30 trafic routier de marchandises,
01:17:32 etc.
01:17:34 D'abord.
01:17:36 Mais ça passe aussi
01:17:38 par l'infrastructure énergétique
01:17:40 nouvelle,
01:17:42 les bio-énergies.
01:17:44 Trouver des entreprises
01:17:46 qui savent construire
01:17:48 des méthaniseurs en France,
01:17:50 faire en sorte
01:17:52 que les méthaniseurs
01:17:54 construits en France
01:17:56 ne soient pas uniquement
01:17:58 des méthaniseurs
01:18:00 construits par des entreprises
01:18:02 allemandes.
01:18:04 C'est un sujet.
01:18:06 Dans notre publication
01:18:08 récente de la mise à jour
01:18:10 de FuturEnergétique, on a montré
01:18:12 qu'il y avait un chemin qui permettait
01:18:14 à la France de se réindustrialiser
01:18:16 et d'être au rendez-vous du "fit for 55"
01:18:18 en 2030.
01:18:20 C'est difficile,
01:18:22 mais il y a des chemins.
01:18:24 Les implications de ça
01:18:26 en matière de formation,
01:18:28 c'est ce dont on a parlé en volume.
01:18:30 Les volumes qu'on met sur la table
01:18:32 et qu'on a mis devant vous,
01:18:34 c'est des volumes de formation
01:18:36 et d'embauche qui permettraient
01:18:38 d'atteindre ces objectifs.
01:18:40 Mais si la France prend le taureau
01:18:42 par les cornes, parce que 2030,
01:18:44 c'est dans 7 ans, il ne reste plus
01:18:46 beaucoup de temps.
01:18:48 - Est-ce qu'il y a une dernière question ?
01:18:50 - Ah ben...
01:18:52 [Rires]
01:18:54 - Justement,
01:18:56 du fait qu'on dépasse
01:18:58 6 limites planétaires, comment on fait
01:19:00 pour passer en dessous ?
01:19:02 Est-ce qu'on met en place de l'économie
01:19:04 régénérative dans les industries
01:19:06 pour pouvoir atteindre
01:19:08 ces objectifs ? Et comment on forme
01:19:10 les gens pour
01:19:12 arriver à ne plus
01:19:14 dépasser ces limites planétaires ?
01:19:16 - Moi,
01:19:18 sur ce sujet, je pense qu'une des solutions
01:19:20 sur lesquelles le gouvernement
01:19:22 français n'est pas du tout prêt à s'engager,
01:19:24 c'est d'avoir des mesures plus coercitives
01:19:26 pour pouvoir vraiment engager la transition
01:19:28 à la manière
01:19:30 de l'industrie automobile. On dit
01:19:32 qu'en 2035, il n'y a plus de
01:19:34 véhicules thermiques qui doivent être produits neufs.
01:19:36 Par exemple,
01:19:38 quelque chose sur lequel on a beaucoup travaillé
01:19:40 pendant plusieurs mois avec le ministère de la Transition énergétique,
01:19:42 c'est l'interdiction des chaudières à gaz.
01:19:44 En se disant qu'il faut un horizon
01:19:46 de temps pour l'industrie
01:19:48 du bâtiment et du chauffage en général,
01:19:50 il va falloir un horizon
01:19:52 de temps donné, dire qu'on arrête de
01:19:54 remplacer des chaudières à gaz par d'autres
01:19:56 chaudières à gaz,
01:19:58 assez rapidement, parce que ça nous
01:20:00 oblige à consommer du gaz
01:20:02 pendant encore 15 ans, une fois qu'on remet une nouvelle chaudière à gaz.
01:20:04 Dès aujourd'hui, il faut
01:20:06 avancer là-dessus de façon coercitive
01:20:08 pour dire à l'industrie que dans tous les cas,
01:20:10 il n'y aura plus de chaudières à gaz très rapidement.
01:20:12 Demain, il va falloir adapter l'outil industriel.
01:20:14 Au lieu de produire des chaudières à gaz,
01:20:16 on va devoir produire des pompes à chaleur beaucoup plus.
01:20:18 Et donc, derrière, faire changer
01:20:20 les métiers, les compétences,
01:20:22 adapter les formations à cet enjeu-là.
01:20:24 Au moins, c'est clair, parce que demain,
01:20:26 pour les formations qui formaient des gens
01:20:28 à construire des chaudières à gaz,
01:20:30 maintenant, il va falloir construire des pompes à chaleur.
01:20:32 Comme ça,
01:20:34 on a un objectif
01:20:36 et une ambition très clairement identifiés.
01:20:38 On avance concrètement
01:20:40 sur l'objectif. Je pense que c'est à travers
01:20:42 des mesures de ce type-là qui sont mises
01:20:44 le plus tôt possible, parce que si on le fait
01:20:46 au dernier moment, on n'y arrivera pas.
01:20:48 Et qui permettent d'anticiper
01:20:50 aussi les besoins, derrière,
01:20:52 encore une fois, de formation et de transformation
01:20:54 des établissements de formation.
01:20:56 C'est comme ça, je pense qu'on peut y arriver aussi.
01:20:58 - Marie-Lise Léon, vous parliez de dialogue
01:21:00 un peu plus tôt, plus de coercition, dit Rémi Vanel.
01:21:02 - Moi, je parlerais
01:21:04 de fermeté dans les décisions prises.
01:21:06 Je ne sais pas si c'est...
01:21:08 Parce que
01:21:10 je pense qu'on a...
01:21:12 Et là encore,
01:21:14 c'est des vieilles lunettes.
01:21:16 Je vais faire mon ancienne combattante, mais quand j'étais dans la chimie,
01:21:18 j'ai connu des industriels
01:21:20 de la chimie et de la pétrochimie
01:21:22 qui avaient des systèmes
01:21:24 polluants, d'électrode à mercure,
01:21:26 et qui
01:21:28 avaient
01:21:30 la volonté d'exploiter
01:21:32 l'outil de production
01:21:34 ancienne technologique, jusqu'au bout,
01:21:36 au bout, au bout, et puis tenter d'essayer
01:21:38 de faire ces dérogations, encore,
01:21:40 la veille, quasiment,
01:21:42 ou l'année d'avant, où ils étaient censés
01:21:44 faire le changement de technologie.
01:21:46 Les vieilles lunettes,
01:21:48 je pense, en tout cas,
01:21:50 la façon dont résonnent
01:21:52 encore beaucoup d'industriels, et là, pour le coup,
01:21:54 je ne fais pas de généralité, parce que ce n'est pas le cas de tous,
01:21:56 mais c'est quand même aussi la volonté d'aller
01:21:58 au bout du bout de l'exploitation
01:22:00 du système, voilà, du modèle
01:22:02 économique de l'entreprise, et de pouvoir
01:22:04 se dire, bon, il sera temps de changer
01:22:06 quand on sera vraiment contraint.
01:22:08 Ça, je pense que, et c'est pour ça
01:22:10 que je parle de fermeté de décision politique,
01:22:12 c'est qu'il y a un moment, il faut être au clair
01:22:14 sur le fait qu'il y a un moment où plus rien n'est négociable,
01:22:16 et qu'il faut pouvoir enclencher.
01:22:18 Et quand je dis ça,
01:22:20 je sais que c'est
01:22:22 difficile, parce que la question
01:22:24 des chaudières, ça a été
01:22:26 réévoqué, et
01:22:28 quand un foyer n'a pas les moyens
01:22:30 concrètement, économiquement,
01:22:32 de changer de chaudière,
01:22:34 la question de l'acceptabilité sociale,
01:22:36 elle est fondamentale.
01:22:38 Côté salarié, nous,
01:22:40 l'idée, c'est de dire l'acceptation
01:22:42 du monde du travail,
01:22:44 l'adhésion du monde du travail à cette
01:22:46 transformation écologique, elle ne peut se faire
01:22:48 qu'avec eux, et on sait,
01:22:50 on a tous en tête
01:22:52 les Gilets jaunes, on sait qu'une décision
01:22:54 qui peut être en lien avec les enjeux
01:22:56 écologiques, s'il n'y a pas d'acceptabilité
01:22:58 sociale, elle sera
01:23:00 refusée
01:23:02 et contestée. Et donc, politiquement,
01:23:04 de dire "ferme sur la décision",
01:23:06 ça veut dire comment je me donne les conditions
01:23:08 et la capacité
01:23:10 vraiment, et comment
01:23:12 je pose cette acceptabilité
01:23:14 sociale, et ça c'est fondamental.
01:23:16 Je comprends, moi, les foyers qui me disent,
01:23:18 les personnes, les consommateurs qui disent
01:23:20 "mais j'ai changé ma chaudière
01:23:22 il y a quelques années, on va me dire qu'à telle
01:23:24 date, je ne peux plus l'utiliser",
01:23:26 le réflexe va être de dire "donnez-moi
01:23:28 encore plus de temps",
01:23:30 sauf qu'on n'en a pas.
01:23:32 On n'a pas de temps, donc il faut être extrêmement
01:23:34 vigilant
01:23:36 et faire un peu
01:23:38 preuve aussi de créativité,
01:23:40 qu'est-ce qu'on peut imaginer pour pouvoir
01:23:42 faire en sorte qu'on ait cette acceptabilité.
01:23:44 Et là, pour le coup,
01:23:46 je pense
01:23:48 que c'est fondamental et que c'est
01:23:50 l'un des risques qui est devant nous, aujourd'hui.
01:23:52 Cette question
01:23:54 de l'acceptabilité, si elle n'est pas prise en compte
01:23:56 et travaillée dès maintenant,
01:23:58 on va avoir
01:24:00 des forces politiques qui vont
01:24:02 jouer sur le climato-sceptisme,
01:24:04 et qui vont surfer
01:24:06 sur cette difficulté d'acceptation
01:24:08 sociale
01:24:10 pour que rien ne bouge. Et ça, je pense que
01:24:12 c'est dramatique pour la
01:24:14 planète, mais c'est dramatique pour notre démocratie.
01:24:16 Et ça, c'est valable à l'échelle
01:24:18 européenne. On le voit, nous,
01:24:20 on est affilié à la
01:24:22 Confédération européenne des syndicats,
01:24:24 à peu près
01:24:26 195 affiliés,
01:24:28 45 millions de personnes couvertes
01:24:30 travailleurs et travailleuses
01:24:32 en Europe.
01:24:34 On voit qu'il y a, quand il y a des pays
01:24:36 qui ont donné accès au pouvoir
01:24:38 à certaines forces
01:24:40 obscures, tout est ralenti,
01:24:42 et le discours social
01:24:44 est complètement...
01:24:46 C'est cette tonalité
01:24:48 qui est donnée,
01:24:50 et c'est un vrai danger.
01:24:52 Et donc,
01:24:54 les élections
01:24:56 au Parlement européen, elles seront
01:24:58 fondamentales l'année prochaine.
01:25:00 - Le 9 juin. Xavier Piéchazic,
01:25:02 vous êtes plutôt fermeté, coercition,
01:25:04 dialogue,
01:25:06 acceptation, concertation, dans les tours.
01:25:08 - Je voulais exactement dire ce qu'a dit
01:25:10 Mme Léon, elle l'a dit beaucoup mieux que moi,
01:25:12 donc je partage à 100% de ce qu'elle a dit.
01:25:14 - On va pouvoir
01:25:18 s'arrêter ici. Je vous remercie
01:25:20 pour votre venue.
01:25:22 Merci Nassar, Xavier Piéchazic, Marie-Lise Léon,
01:25:24 Rémi Vanel, merci pour votre présence.
01:25:26 Je me permets juste un petit mot,
01:25:30 parce que le climat LibéTour, ce sont des tables rondes,
01:25:32 mais ce sont aussi beaucoup de choses à côté.
01:25:34 Hier, on a eu un parlement génération transition,
01:25:36 avec une centaine de lycéens et collégiens
01:25:38 qui sont venus débattre
01:25:40 autour des enjeux
01:25:42 de biodiversité et de climat,
01:25:44 mais là aussi, il y a un vote pour des affiches
01:25:46 pour le court-circuit, une librairie,
01:25:48 un labo des solutions, des fresques,
01:25:50 deux expositions au R+2,
01:25:52 une démonstration des kawats jusqu'à 14h,
01:25:54 et une expo en live,
01:25:56 donc n'hésitez pas à profiter de tout ça.
01:25:58 Je vous souhaite une bonne journée et à très vite.
01:26:00 (Applaudissements)
01:26:02 (...)
01:26:04 (...)
01:26:06 (...)
01:26:08 (...)
01:26:10 (...)
01:26:12 (...)
01:26:14 (...)
01:26:16 >>
01:26:19 >>
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01:27:01 Merci à tous !
01:27:03 Merci à tous !

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