La diaspora arménienne assiste impuissante à l’exode de l’Artsakh - On décrypte le monde

Sud Radio

30/09/2023

Avec Hovhannes Guévorkian, représentant de la République d’Artsakh en France.

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2023-09-30##

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00:00 en 2023 et dans quelques jours il n'y aura probablement plus un seul Arménien dans la région de l'Artsakh.

00:05 Cette région qui était arménienne depuis des millénaires.

00:07 On en parle avec notre invité Ovanes Gevorgian. Bonjour à vous.

00:11 Bonjour monsieur.

00:13 Soyez le bienvenu sur Sud Radio.

00:15 Vous êtes, ou vous étiez, vous me le direz dans un instant, le représentant en France de la République de l'Artsakh.

00:20 L'Artsakh c'était cette région indépendante, de facto depuis le début des années 90, enclavée dans l'Azerbaïdjan.

00:26 Région fuie par ses habitants arméniens qui étaient plus de 120 000 il y a encore quelques semaines.

00:32 Et aujourd'hui on sait que près de 100 000 d'entre eux au moins en ont fui, l'ont fui et sont arrivés en Arménie.

00:39 Question, est-ce qu'il y aura encore des Arméniens en Artsakh dans deux semaines ?

00:41 Pratiquement plus parce que des 120 000 personnes, vous venez de le dire monsieur,

00:49 en cinq jours 100 000 sont arrivés en Arménie pour y trouver refuge et un peu de sécurité.

00:58 Sur 120 000, il y a à peine 20 000 qui restent et encore au moment où je vous parle,

01:05 ce chiffre va changer aussi parce que le flux est incessant.

01:11 Cet exil résulte de l'agression de l'Azerbaïdjan vis-à-vis de la République du Haut-Karabakh

01:21 et de l'annexion par l'Azerbaïdjan de la République d'Artsakh.

01:25 Sa population, vous l'avez dit, est jetée sur le chemin de l'exil.

01:30 Ses autorités, les autorités du Haut-Karabakh sont actuellement arrêtées un par un par l'Azerbaïdjan et mises en prison.

01:40 Est-ce qu'il y a une chance de retour en Azerbaïdjan, en tout cas dans cette région qui fait partie de facto aujourd'hui de l'Azerbaïdjan,

01:49 de cette population ? Le régime azerbaïdjanais dit que les Arméniens peuvent y être intégrés.

01:58 Monsieur, on peut tout dire mais ce sont les actes qui comptent.

02:04 Quand vous annexez un pays, une région, quand vous jetez sa population sur le chemin de l'exil,

02:13 quand pendant neuf mois vous mettez cette même population sous un blocus parce qu'Arménien,

02:22 après il est difficile de faire croire qu'il y a une volonté de cohabitation ensemble.

02:30 Les Arméniens ne fuient pas le Haut-Karabakh, les Arméniens fuient l'Azerbaïdjan qui a annexé le Haut-Karabakh.

02:38 Et donc ce Haut-Karabakh, annexé, devenu azerbaïdjanais, que les Arméniens fuient de peur et de fait qu'ils vont être tout simplement supprimés physiquement.

02:50 S'il n'y a pas de protection internationale, si on laisse les Arméniens face à leurs bourreaux, c'est-à-dire les azerbaïdjanais,

02:58 le pouvoir azerbaïdjanais, il est impensable qu'il y ait un retour, parce que la sécurité physique de ces Arméniens n'est garantie en aucun cas.

03:07 Cette sécurité était garantie par nos maigres forces d'autodéfense.

03:11 Une fois nos maigres forces d'autodéfense anéanties, et ça a été le cas le 20 septembre dernier, cette population est démunie.

03:21 En tout cas il n'y avait plus d'armée pour défendre le Haut-Karabakh.

03:28 Quels sont les témoignages de ceux qui fuient le Haut-Karabakh, ceux qui arrivent en Arménie en ce moment ?

03:34 Est-ce qu'ils ont été chassés, maintenu militari par l'armée azerbaïdjanaise, ou est-ce qu'ils sont partis par peur de l'arrivée de cette armée,

03:41 comme les Français l'avaient fait pendant l'Exode en 1940 par exemple ?

03:44 Alors, ils ont été chassés. Beaucoup disent que ce sont les Azerbaïdjanais qui les ont poussés à partir.

03:53 Les Azerbaïdjanais leur ont dit de partir. Les soldats azerbaïdjanais ont dit que ces Arméniens devraient partir.

04:00 Ça ce sont les premiers témoignages qui sortent. Ensuite quand vous leur posez comment ils vont, tout le monde à peu près répond "nous sommes vivants".

04:08 Donc la peur et le fait d'être tué physiquement, d'être supprimé, est très présente chez les Arméniens.

04:17 Et ce n'est pas quelque chose qui est infondé, qui est juste un sentiment.

04:21 Ces Arméniens ont été tués pendant, je parle de la population civile, pendant l'agression azerbaïdjanaise, même si elle a duré cette fois-ci presque 48 heures.

04:35 Exactement, pendant 48 heures les combats avaient repris, offensive menée par l'Azerbaïdjan, il y a eu plus de 200 morts.

04:40 Ce qui est considérable d'ailleurs pour deux jours. C'est important de le rappeler.

04:43 Dernière question, je me dois de vous la poser également au Vanes Gevorkian, représentant je le rappelle de la République d'Artsakh en France, ou de FEU, la République d'Artsakh.

04:52 Est-ce que la France doit accueillir les réfugiés arméniens du Haut-Karabagh ?

04:58 J'aimerais beaucoup que les réfugiés arméniens du Haut-Karabagh restent en Arménie.

05:04 Ce que nous attendions de la France, c'était une aide, un soutien au Haut-Karabagh, pas aux réfugiés du Haut-Karabagh.

05:11 Ces réfugiés sont aujourd'hui accueillis en Arménie. J'espère de tout cœur qu'ils resteront en Arménie, où ils ont un milieu naturel, où ils peuvent être intégrés.

05:23 Pardonnez-moi la dureté de la dernière question que je vais vous poser.

05:26 Représentant de la République d'Artsakh en France, c'était votre titre. Est-ce que cette République d'Artsakh existe toujours à l'heure actuelle ?

05:34 Vous savez, nous venons de dire que le territoire de cette République est annexé par l'Azerbaïdjan.

05:41 La population jetée sur le chemin de l'exode, les pouvoirs publics arrêtés. Il est difficile de parler aujourd'hui de l'existence de la République d'Artsakh.

05:50 Prenez soin de vous. C'est tout ce qu'on pourra vous dire sur Sud Radio.

05:55 Vanes Ghevorkian, merci beaucoup d'avoir pris la parole sur Sud Radio.

05:58 On va continuer évidemment à suivre cette actualité assez dramatique, et notamment à recueillir des témoignages de ceux qui fuient le Haut-Karabagh,

06:05 et qui arrivent en ce moment même par dizaines, centaines de milliers en Arménie.

06:10 Merci à vous. Sud Radio, il est 8h22.