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  • 26/09/2023
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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 -M. Kheritjams, on va avoir l'occasion de parler
00:01 tout au long de notre entretien de tout ce que vous avez mis
00:03 dans ce film et dans votre carrière en général,
00:05 mais il y a une chose que je voulais aborder avec vous,
00:07 c'est l'actualité.
00:09 Et je sais que c'est un sujet qui vous tient beaucoup à cœur,
00:11 c'est la précarité des jeunes, la précarité des étudiants.
00:13 On va en parler, parce que vous aussi, vous avez une association.
00:16 Et on a vu beaucoup, ces derniers temps,
00:17 des étudiants faire la queue devant des magasins.
00:19 On a vu aussi de plus en plus attendre de l'aide pour se nourrir.
00:24 On les a vus dans des situations toujours plus fréquentes,
00:26 toujours de détresse, des images qui inquiètent, qui choquent.
00:28 Mais selon une enquête menée par l'IFOP et l'association COP1,
00:31 on va recevoir son président,
00:33 et des chiffres qui viennent d'être publiés,
00:35 36 % des étudiants sautent régulièrement un repas
00:38 par manque d'argent.
00:40 39 % d'entre eux renoncent à se chauffer l'hiver
00:43 par manque de moyens.
00:44 Et là, on est presque à la moitié, 43 % des étudiants
00:47 se privent d'acheter certains produits d'hygiène.
00:50 Quand on lit ces choses-là, on est quand même accablés.
00:52 Et c'est pour ça que je voulais qu'on reçoive Maël,
00:54 l'année dernière, dans une vidéo qui a été vue plus de 10 millions de fois,
00:58 qui a ému toute la France.
00:59 On l'a découverte, on la regarde.
01:01 -J'ai 20 ans, je suis étudiante à Sciences Po et je suis boursière.
01:05 Ça fait 4 ans que chaque année, ils diminuent ma bourse.
01:08 Et j'ai 100 euros de bourse par mois, et avec ça, je suis censée vivre,
01:12 payer mes courses, payer mon loyer, qui est de 400 euros.
01:15 Je travaille vraiment...
01:17 Ça fait 2 ans que je travaille au moins 20 heures par semaine.
01:19 C'est énorme à côté de ces études.
01:21 Mes études, elles s'en prennent un coup, mais je bosse et je dis rien.
01:23 Je suis censée payer ma vie.
01:25 Comment je travaille ? Je galère à faire des études.
01:28 Et je suis pas censée autant galérer, juste parce que mes parents ont pas de moyens.
01:32 J'en peux plus.
01:33 Je suis désolée, mais il faut que ça sorte.
01:35 C'est hyper injuste, ces systèmes de bourse.
01:37 Et ils veulent jamais gérer de cas personnels.
01:40 Et si tu veux un truc particulier, il faut faire des centaines de papiers,
01:43 ce qui prend surtout tant d'études.
01:45 Enfin, juste...
01:46 J'en peux plus.
01:47 -Bonsoir, Maël.
01:48 -Bonsoir. -Merci beaucoup d'être avec nous.
01:50 Vous avez 21 ans, vous êtes étudiante en sciences politiques.
01:53 Aujourd'hui, vous êtes heureusement sortie de cette situation.
01:55 Vous allez nous le raconter, nous dire comment.
01:57 Cette vidéo, elle date de novembre 2022.
02:00 Et on va parler de tout ça.
02:01 Bonsoir, Gilles, Aaron. -Bonsoir.
02:03 -Bonjour. Vous êtes directeur général de l'association COPIN,
02:05 dont je parlais tout à l'heure, Solidarité étudiante.
02:07 C'est une association de distribution d'aides alimentaires de première nécessité
02:10 pour les jeunes et pour les étudiants.
02:12 Elle est présente dans neuf villes.
02:13 Et c'est bénévole aussi.
02:15 Et ce sont tous des étudiants.
02:18 Vous, vous avez 24 ans et vous êtes, comme elle, étudiante en sciences politiques.
02:20 -Exactement.
02:22 -Cette association, vous l'avez créée suite à la crise sanitaire.
02:25 C'était un état d'urgence.
02:26 On se rend compte que l'urgence dure.
02:28 Comment vous faites face à cette situation ?
02:30 -Nous, on fait face grâce à un grand engagement de la jeunesse,
02:34 comme vous disiez.
02:35 C'est super de voir autant de jeunes se bouger
02:38 et faire des distributions, faire des repas solidaires,
02:42 un accès au sport, un accès à la culture.
02:43 On a un festival qui arrive, on a beaucoup d'actions
02:45 qui sont menées grâce à pas mal d'étudiants.
02:47 Mais effectivement, c'est de plus en plus catastrophique, la situation.
02:50 C'est de plus en plus difficile pour les jeunes, pour les étudiants.
02:53 C'est l'inflation, c'est le prix des loyers, c'est le prix des études.
02:57 Tout n'arrête pas de monter.
02:58 Tout est bon pour aller taxer les jeunes qui connaissent pas forcément les lois,
03:02 les compléments de loyer, des choses comme ça
03:04 qui permettent de s'enrichir personnellement.
03:07 Et donc, nous, on fait face à ça.
03:09 Là, on vient de sortir une étude avec l'IFOP.
03:12 C'est un étudiant sur deux en France qui saute des repas.
03:15 C'est assez difficile comme chiffre.
03:18 -Vous disiez la situation en pire.
03:20 -Oui, mais c'est des expériences qu'on voit,
03:22 des gens avec qui on discute chaque semaine, et c'est très difficile.
03:26 Et puis, je vous laisse imaginer, quand on saute des repas,
03:28 les repas qu'on prend, ils sont pas formidables.
03:30 C'est pour ça qu'on distribue beaucoup de fruits et de légumes,
03:32 beaucoup de viande, beaucoup de poissons,
03:34 tout ce qui est impossible à se procurer actuellement.
03:36 -Maëlle, on vous a vue sur cette vidéo, je le disais, c'était en novembre 2022.
03:41 Aujourd'hui, ça va bien mieux.
03:43 Qu'est-ce qui se passe dans votre tête au moment où vous craquez ?
03:47 Quel a été le déclic ?
03:48 -Au moment de la vidéo, ça fait 2 ans et demi
03:50 que je travaille entre 20 à 25 heures par semaine,
03:52 des emplois payés 8 euros de l'heure.
03:54 Donc, avec autant de travail, je m'en sortais à peine.
03:57 C'est-à-dire que je faisais mes courses, je payais mon loyer,
03:59 mais par contre, je pouvais pas aller chez le médecin,
04:01 je pouvais pas...
04:02 Enfin, l'électricité, si elle augmentait, c'était aussi compliqué.
04:05 En fait, tout ce qui était dépenses d'argent,
04:07 c'était une énorme raison de stress qui m'a aussi rendue très malade.
04:10 J'ai eu trois infections d'aphylée aux amygdales qui sont liées au stress,
04:13 j'ai eu une infection à l'estomac,
04:15 et je pouvais difficilement payer le médecin, donc en fait, c'était un peu...
04:19 Je pense que c'était un trop-plein.
04:20 Et dès que j'ai essayé de contacter le CROUS, on me disait...
04:24 En fait, là, il faut écrire une lettre au président,
04:25 c'est pas nous qui décidons qui reçoit quoi,
04:28 et vous avez fait les recours, on peut pas vous donner plus.
04:31 Et donc, j'ai un peu fait cette vidéo,
04:32 je me suis dit que c'est trop parce que je sais que je suis pas seule,
04:35 j'en suis sûre.
04:36 Moi, j'étais loin, j'étais isolée, j'étais en Allemagne.
04:38 Je me suis dit que je suis sûre que je suis pas seule,
04:39 et en fait, il y a eu un énorme écho,
04:41 et même jusqu'à aujourd'hui, j'ai encore des témoignages de personnes
04:44 qui viennent me dire "Je m'en sors pas, est-ce que tu peux me donner des conseils ?"
04:47 Et j'ai essayé... En fait, je pense que quand j'ai fait ça,
04:48 c'était parce que le manque de dialogue qu'il y avait
04:51 entre les étudiants et le gouvernement.
04:52 -Qu'est-ce que vous leur répondez aujourd'hui, justement,
04:54 à ces jeunes qui vous demandent des conseils ?
04:55 -J'essaie de les diriger vers les aides ponctuelles.
04:58 Moi aussi, il y avait des personnes qui avaient proposé de m'aider,
05:01 mais comme moi, j'ai eu une aide à ce moment-là,
05:03 j'ai mis en contact des personnes, mais c'est...
05:06 -Il y a une cagnotte qui a été ouverte pour vous aider.
05:08 -Il y a une cagnotte qui a été ouverte,
05:09 donc moi, j'ai eu un énorme élan de solidarité,
05:10 et c'est vraiment top, parce que je peux faire mes études
05:14 beaucoup plus tranquillement.
05:16 -Toujours en Allemagne ?
05:17 -Non, maintenant, je suis à Paris en stage.
05:20 -Khéry, justement, quand vous écoutez le témoignage de Maël,
05:23 l'investissement de JR, qu'est-ce que ça vous évoque ?
05:25 Vous qui vous investissez, je rappelle,
05:27 vous avez créé une association en 2007, l'ACES,
05:30 ACES pour apprendre, comprendre...
05:33 -Entreprendre et servir.
05:35 -C'est une association qui existe depuis 2008,
05:40 et depuis 2012, à peu près,
05:42 on fait principalement du financement d'études supérieures.
05:48 C'est-à-dire on permet à des jeunes qui sont titulaires du baccalauréat
05:52 de poursuivre leurs études dans des meilleures conditions.
05:57 Et d'ailleurs, là, on lance encore une nouvelle session,
06:01 comme ça, je peux faire un appel, si ça vous dérange pas.
06:05 Pour tous les habitants de Moselle et Morte-et-Moselle.
06:09 -D'accord.
06:10 -Donc l'inscription, elle va s'ouvrir demain.
06:12 -D'accord.
06:13 -Et il y a une bourse de 8 000 euros pour les jeunes qui habitent
06:17 cette région-là.
06:19 -Très bien.
06:20 -Que je finance pas tout seul.
06:22 Là, sur cette partie-là, je suis avec Jean-Pascal Zaddy
06:26 et deux autres entrepreneurs.
06:28 Mais voilà, on essaie d'apporter notre pierre à l'édifice,
06:32 comme le colibri, quoi.
06:33 -Et aujourd'hui, comment vous fonctionnez ?
06:36 Est-ce que c'est pas difficile, justement ?
06:38 Vous êtes aidés ?
06:40 Comment vous arrivez à venir en aide à ces étudiants ?
06:42 -On est aidés, on vient en aide sur plein de questions de la vie,
06:46 tout ce qui disparaît quand on est en situation de précarité.
06:49 Nous, on est aidés, on fait appel au public,
06:52 aux gens, de venir faire des dons, de faire des dons de vêtements.
06:55 Ça marche très bien.
06:56 Les gens ont beaucoup de vêtements à donner.
06:58 Des dons financiers, des dons de nourriture,
07:02 de participer à Neuropa Solidaire, des choses comme ça.
07:04 Mais c'est formidable d'apporter des soutiens financiers,
07:08 on pousse pour ça,
07:09 mais il y a aussi des questions plus larges auxquelles il faut répondre.
07:12 Le gouvernement a entrepris une réforme des bourses,
07:16 mais ça change pas grand-chose dans le budget d'un étudiant
07:19 d'avoir 30 euros en plus par mois par rapport à l'année précédente.
07:22 Il faut apporter des réponses plus larges.
07:24 -Alors, Elisabeth Born a proposé l'ouverture de nouveaux logements,
07:26 de 12 000 à 30 000 logements supplémentaires du CROSS.
07:29 -Je pense que c'est assez nécessaire.
07:31 Il y a beaucoup de difficultés à se loger.
07:33 Mais il y a une tribune qui a été signée par beaucoup de présidents d'universités
07:36 de peut-être repenser à la question des revenus étudiants,
07:41 d'un revenu universel pour les étudiants.
07:43 Il y a beaucoup de questions comme ça
07:44 qui, je pense, il faut réfléchir.
07:46 Quand on sort du bac, quand on a 18 ans,
07:48 comment on entre dans la vie, comment la société accompagne nos jeunes.
07:52 Et effectivement, beaucoup de réflexions à porter à ça.
07:55 -Après, quand ils auront fini de mesurer les tailles des jupes
07:59 à la sortie des collèges, peut-être qu'ils s'y mettront.
08:01 -Justement, Kiri James,
08:02 si vous aviez quelque chose à dire à cette jeunesse-là,
08:05 qu'est-ce que vous leur diriez ?
08:07 -Malgré les déceptions et les dépressions,
08:09 suite à la pression que chacun d'entre nous ressent,
08:11 malgré la répression et les oppressions,
08:13 les discriminations puis les arrestations,
08:16 malgré les provocations, les incarcérations,
08:18 le manque de compréhension, les peurs et les pulsions,
08:21 leur désir de nous maintenir la tête sous l'eau,
08:23 transcende ma motivation, nourrit mon ambition.
08:27 On n'est pas condamné à l'échec.
08:29 -Merci beaucoup. -Le combat continue.
08:31 -Merci, en tout cas, Maël.
08:32 Merci, JR, d'être venu en parler avec nous.
08:34 C'était important pour nous de vous réunir
08:36 et de pouvoir dialoguer autour de ça.
08:38 Merci beaucoup à tous les deux.
08:40 Avec l'association Copins,
08:42 JR vous a organisé votre premier festival.
08:44 Ce sera le 6 octobre au Zénith de Paris,
08:46 avec la présence de Joker, de Sosomanès,
08:48 Suzanne ou encore Rimka.
08:49 Les fonds récoltés vont vous permettre de venir en aide
08:51 à d'autres étudiants, évidemment.
08:53 Et on peut aussi faire des dons sur copins.fr.
08:56 Ça s'affiche ici. Merci beaucoup à tous les deux.
08:59 Sous-titrage ST' 501
09:02 Merci à tous !

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