Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Madi Seydi, Bruno Cautrès et Maximilien Nagy, journaliste franco-britannique qui suit la visite de Charles III pour la revue Conflits.
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00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04 Et donc ça devait être sa première visite à l'étranger en tant que roi, c'était il y a 6 mois.
00:15 Mais la crise sociale liée aux retraites en avait décidé autrement.
00:19 Cette fois-ci c'est la bonne, Charles III a bien atterri en France au début d'après-midi,
00:23 accueilli pour une visite de 3 jours au programme.
00:25 Un dîner somptueux, visiblement prévu à Versailles, un passage à l'Arc de Triomphe et à Notre-Dame.
00:32 Et au marché aux fleurs, Elisabeth II, Philippe.
00:35 Oui, Cécile, est-ce que cette visite du souverain britannique en France
00:39 peut resserrer le lien avec la France après le Brexit ?
00:42 Certains avaient dit que le Royaume-Uni avec le Brexit avait choisi de s'éloigner de l'Europe,
00:47 mais le pays le plus proche quand même, physiquement, c'est la France,
00:51 il y a à peine 30 kilomètres dans le Pas-de-Calais.
00:54 Est-ce que pour vous, Charles III, vient, tiens, puisque pour vous l'Angleterre c'est un pays ami,
00:58 ou est-ce que c'est la perfide Albion, ou est-ce que c'est cette relation d'amour-haine qu'on a entre Français et Anglais,
01:03 surtout en période de Coupe du monde de rugby, appelez-nous au 0826 300 300.
01:09 Avec ce très beau tweet de Ludovic qui nous dit "Au rugby, le rose-biffe doit être bien ficelé".
01:13 (Rires)
01:16 En vrai là, il n'oublie pas.
01:18 C'est un fan de rugby, on le sait, on le sait.
01:21 Ils sont chauds.
01:22 Pour en parler avec nous, Maxime Elia, Nagy, bonsoir, merci d'être avec nous.
01:26 - Alors on dit, pardon, on dit "Nagy", voilà, c'est pas facile à prononcer.
01:29 - Nagy.
01:30 - Et ce soir on dit "Good evening".
01:32 - Good evening, absolument, absolument.
01:34 - Nice to pee, to play, enfin bon, on s'en fout.
01:36 (Rires)
01:38 - On aura essayé, on essaye.
01:40 Nice to pee.
01:41 - Franck, journaliste franco-britannique, pardon, qui suit la visite de Charles III dans la revue,
01:47 conflit, Philippe Bilger, forcément cette visite, on va forcément chercher quelque chose derrière,
01:54 elle n'est pas gratuite, elle devait être là à deux reprises, finalement ça y est, elle est organisée.
01:59 On attend quoi de cette...
02:01 - Justement, Cécile, au risque de créer une petite dissidence dans ce débat passionnant,
02:07 à la limite, même si la France n'y trouve pas son compte,
02:11 et si derrière il n'y a pas une finalité politique de réconciliation liée au Brexit,
02:17 ou peut-être des mésententes qui ont été plus ou moins cordiales,
02:22 de toute manière, je trouve que la venue durant trois jours du roi Charles III avec la reine consort
02:30 va introduire dans notre monde démocratique une forme presque de légèreté, d'allure et de gratuité.
02:39 Je veux dire, de toute manière, ça va permettre sans doute aux Français d'oublier que la France va mal,
02:46 et nous détourner d'une hostilité majoritaire à l'égard d'Emmanuel Macron.
02:51 Je crois que ça va surtout avoir un usage interne.
02:55 - Maddy Seydi.
02:56 - Alors je sais pas, alors évidemment c'est beau, c'est une belle visite,
03:00 je trouve que ça rapproche les peuples, en revanche, sur la question de l'hostilité,
03:04 je suis pas sûre quand on a entendu l'accueil des quelques militants qui criaient "Macron démission".
03:11 Je suis pas sûre que ça rapproche...
03:13 - Bruno Cotteres, qui lui a des liens avec l'Angleterre.
03:15 - Ouais, clairement, en fait je pense qu'il y a beaucoup de sujets quand même,
03:20 il y a bien sûr le côté symbolique, ça c'est toujours important,
03:22 politique, le symbole c'est très important, les visites de chefs d'État,
03:25 il y a tout un protocole, un cérémonial qui est vraiment très très très important,
03:30 mais il y a quand même beaucoup de sujets sur la table.
03:32 Il y a les échanges économiques, post-Brexit,
03:35 autant que je m'en rappelle on est des partenaires économiques très importants l'un de l'autre,
03:40 il y a la question bien sûr du contrôle aux frontières également,
03:44 il y a beaucoup d'insatisfaction du côté français en particulier sur les conséquences du Brexit,
03:50 sur le contrôle aux frontières dans l'entrée au Royaume-Uni,
03:53 pourtant la France a recruté des douaniers, des policiers en nombre pour gérer cette situation,
03:58 mais il y a beaucoup de mécontentement,
04:00 il y a des gros sujets aussi qui sont des sujets de politique internationale,
04:04 sur lesquels les deux pays ont quand même pas mal d'accord,
04:06 qu'il s'agisse de la question de la Russie, de l'Ukraine,
04:09 ou d'autres questions géostratégiques sur lesquelles les deux pays partagent pas mal.
04:15 Donc voilà, en toile de fond, même si c'est le monarque et non pas le Premier ministre qui est reçu,
04:19 ou là directement ces sujets seraient sur la table,
04:22 ça contribue un petit peu à aller dans ce sens-là.
04:26 – Maximilien Nagy, pour réagir par rapport à ce qu'ont dit les vrais voix,
04:29 notamment le dissident Philippe Bilger, là il s'est pris pour Solzhenitsyn, mais c'est pas grave.
04:33 – Non mais c'est un équilibre, effectivement, une enthousiasme c'est important,
04:37 mais parfois il faut rappeler, il faut faire un retour à la réalité aussi.
04:41 Non, je crois que comme dans tout sommet diplomatique,
04:45 sur toute cette nature-là, entre un roi et un président,
04:48 il n'y aura pas de grandes décisions qui seront prises,
04:50 on ne va pas avoir un accord sur 480 millions de livres
04:55 de transférer la Grande-Bretagne à la France
04:57 pour la construction d'un centre de rétention de migrants dans le Nord-Pas-de-Calais,
05:01 pour le recrutement de douaniers supplémentaires, non.
05:05 Mais en revanche, c'est une occasion de communication remarquable,
05:10 et la communication en diplomatie c'est fondamental, premier point.
05:13 Et deuxième point, je crois que le roi qui a un rôle de conseil auprès du Premier ministre,
05:19 le Premier ministre vient le voir de manière hebdomadaire pour lui faire un compte-rendu,
05:23 et le roi lui donne, dans la mesure de ses prérogatives, quelques suggestions.
05:29 Eh bien, avec cette rencontre détendue, comme on l'a dit tout à l'heure avec Emmanuel Macron,
05:34 et le roi qui, il semblerait-il, s'entendent assez bien,
05:37 il y a des chances que d'autres, que des sujets qu'on a abordés,
05:41 la question migratoire, la question de l'éventuel rapprochement,
05:44 un nouveau rapprochement entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne,
05:47 puisse être abordé de manière peut-être plus paisible, plus apaisée.
05:51 - Justement, pour poursuivre ce que Bruno a évoqué,
05:55 est-ce que ça pose un problème au roi dans la structure de la Grande-Bretagne ?
06:01 Jusqu'où a-t-il le droit d'aller dans les discussions ?
06:05 J'allais dire, mais absurdement, puisque vous démontrez le contraire,
06:10 j'allais dire, il n'y aura rien de politique, puisque précisément, il n'a pas le droit d'en faire.
06:16 - Alors comment articule-t-il tout ça ?
06:19 - Je crois que les sujets de conversation,
06:22 on porteront sans doute sur les sujets sensibles,
06:25 l'immigration économique et autres.
06:27 Ensuite, le roi, il a ses sujets préférés aussi.
06:30 - L'écologie, par exemple ?
06:31 - L'écologie, si je ne me trompe pas, oui, c'est bien ce soir, c'est l'après-midi.
06:34 - Le jardinage.
06:35 - Voilà, où ils sont. Alors oui, il y a le jardinage, il y a aussi le colloque,
06:39 cette clôturation du colloque au milieu d'une histoire naturelle consacrée à l'environnement.
06:45 - Bon, ils ne vont pas passer les heures à discuter non plus,
06:48 enfin, ils se sont vus cet après-midi, c'est vrai,
06:51 mais ensuite, le roi Charles va à Bordeaux vendredi,
06:54 le banquet à Versailles, vous pensez bien que la conversation,
06:57 sans doute, se portera peut-être davantage sur les plantes et sur...
07:01 - La sauce aux chiens, ce sera plus légère.
07:02 - Et la sauce au champagne, on a entendu la composition d'Yannick Allénaud,
07:06 ça mettait en appétit.
07:08 - Oui, et les langoustes bleues.
07:09 (Rires)
07:10 - Omar !
07:11 - Pour revenir...
07:12 - Excusez-moi, merci.
07:13 - Pour revenir sur l'ère Lystreus, qui a un passage éclair en tant que Première Ministre,
07:20 qui ne savait pas répondre, si finalement le Royaume-Uni était un ami de la France,
07:26 aujourd'hui, le nouveau, en tout cas, Richard Sunak, a changé ça,
07:31 on sent que c'est plus facile et que les relations se sont moins tendues.
07:35 - Absolument, Richard Sunak est un profil assez proche de Emmanuel Macron,
07:40 on leur a suffisamment dit depuis le mois de mars où ils se sont vus,
07:44 deux hommes d'affaires, de banquiers d'affaires,
07:46 qui ont des parcours d'études assez semblables par conséquent,
07:50 et qui ont un âge rapproché, qui voient peut-être le monde de manière assez proche aussi.
07:54 Richard Sunak n'était pas un peu excité...
07:56 - Oui, mais qu'est-ce qui a changé en fait ?
07:58 - C'est-à-dire ?
07:58 - Entre le "pratiquement pas" et le "presque très bons amis", qu'est-ce qui a changé ?
08:03 - Bon, je crois que c'est les personnalités, et en diplomatie c'est fondamental,
08:08 pas tout n'est une question de grand raisonnement.
08:11 Richard Sunak est un homme qui est beaucoup plus pragmatique que son prédécesseur,
08:15 il est beaucoup moins dépendant de Boris Johnson au niveau de ses alliés politiques,
08:19 au niveau du disco qu'il doit tenir par rapport au Brexit,
08:22 il reste ferme sur la question, alors que son adversaire travailliste qui est venu à Paris hier,
08:26 c'est un peu culotté pour un adversaire travailliste,
08:28 il vient la veille du roi d'Angleterre, et c'est la une dans plusieurs journaux aujourd'hui,
08:34 en Grande-Bretagne c'était cette visite entre...
08:37 - Et ils en disaient quoi les médias britanniques ?
08:39 - En l'occurrence les deux grands journaux qui ont eu,
08:42 les deux parmi les deux plus grosses diffusions,
08:44 c'est les deux quotidiens, The Daily Telegraph et The Daily Mail,
08:47 n'ont pas été très positifs, et ont simplement expliqué que KSAM, le fameux leader travailliste,
08:54 se cherche bien sûr une stature internationale,
08:56 parce qu'il espère fortement gagner les prochaines élections,
08:59 qui ont lieu l'année prochaine, au plus tard au mois de décembre.
09:02 - Bruno ?
09:02 - Ça part pas mal pour le moment, pour les travaillistes.
09:06 Les britanniques c'est vrai, après une longue période de disette,
09:09 - 13 ans, 14 ans l'année prochaine.
09:10 - Voilà, électorale.
09:11 Oui j'avais une question qui était sur la question du Brexit,
09:18 dans une enquête que nous avons réalisée à Sciences Po, il y a un an à peu près,
09:21 en France, au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne,
09:25 pour les britanniques on leur a demandé la question s'ils avaient des regrets.
09:29 Et c'est vrai que l'opinion sur les regrets était quand même assez importante,
09:32 elles ne crèvent pas les plafonds non plus,
09:34 mais autant que je me rappelle, on était au moins la moitié,
09:38 ou un peu plus de la moitié des britanniques interrogés,
09:40 qui disaient "oui on a des regrets".
09:42 Est-ce que ces regrets c'est un peu superficiel,
09:45 puisqu'il y a un coût important,
09:47 ou est-ce qu'il y a vraiment un sentiment dans le public ?
09:50 - En fait, on a eu une discussion tout à l'heure sur l'appartenance à l'Union Européenne,
09:53 je crois que la même question s'est posée pour les britanniques,
09:56 et se pose depuis longtemps.
09:57 Quel est ce lien ?
09:59 On sait qu'ils sont rentrés dans l'Union Européenne beaucoup plus tardivement.
10:02 Je crois qu'il y a des regrets,
10:03 en particulier parce que la situation économique n'est pas très bonne.
10:06 Elle n'est pas très bonne ici non plus à cause de l'inflation,
10:08 je pense que c'est ça.
10:09 Donc évidemment on voit une situation économique qui ne va pas bien,
10:12 on voit que le coût du carburant est très élevé,
10:15 la vie quotidienne ne va pas très bien.
10:16 Donc bon, il faut un beau chemisser.
10:19 Le Brexit peut servir de beau chemisser.
10:22 Pour avoir été à Londres trois ou quatre fois,
10:25 pour des séjours plutôt longs cette année,
10:27 et avoir fait des courses quotidiennement,
10:29 je n'ai pas un sentiment que les prix soient excessivement élevés par rapport à ici.
10:33 Je ne suis pas sûr que la sortie de l'Union Européenne
10:36 ait été une cause d'explosion du coût de la vie.
10:40 Parce que c'est souvent ça qui, je crois, provoque des regrets.
10:44 Alors, je termine là-dessus très vite parce que je suis un peu long.
10:47 - Pas du tout.
10:49 - Je crois que...
10:51 - Non, non, non.
10:53 - Je crois que... Deuxième point.
10:54 Il est vrai que l'Union Européenne avait un nombre d'avantages
11:02 assez conséquent pour la Grande-Bretagne quand même.
11:04 Et que les promesses, et je crois que c'est là le point central,
11:08 que vous avez, je pense, en particulier les fameuses promesses de Boris Johnson
11:12 et de Michael Gove, qui est un ministre qui a été l'autre grand promoteur du Brexit.
11:18 Bon, les promesses d'une vie meilleure, d'une dette remboursée, enfin...
11:23 - D'une liberté retrouvée, peut-être.
11:25 - On voit que l'immigration ne baisse pas,
11:27 même si les entrées sur le territoire britannique sont beaucoup moins élevées que les entrées en France.
11:31 Elle a baissé un peu cette année à cause du mauvais temps qu'il a fait dans la Manche,
11:35 mais enfin, l'immigration ne baisse pas beaucoup, le coût de la vie non plus.
11:39 Le NHS, la Sécurité Sociale Locale vit une crise qui empire.
11:45 Bon, la situation, effectivement, n'est pas rose.
11:48 Est-ce que tout est lié à la sortie de l'Union Européenne ?
11:50 Je crois que c'est vraiment la question à poser.
11:52 - À mon sens, non. Ensuite, on ne peut pas nier qu'il y ait des facteurs qui y soient liés, bien sûr.
11:57 - 0826, 300, 300, une réaction d'Arnaud.
12:01 - Du Morbihan, donc on passe de la Grande Bretagne à la Bretagne.
12:04 - La Petite Bretagne.
12:06 - La Petite Bretagne.
12:08 Bah, vue de Bretagne, on peut dire que la visite du roi est une visite essentiellement culturelle,
12:19 parce que déjà le pouvoir politique du roi au niveau de l'Angleterre, de son pays,
12:26 est assez limité sur le plan diplomatique.
12:28 En revanche, sur le plan culturel, c'est des liens historiques extrêmement forts entre l'Angleterre et la France.
12:35 Il ne faut pas s'étonner qu'il aille dans le Bordelais,
12:38 où il y a toujours une présence anglaise historique depuis des siècles.
12:41 Donc, on apprécie que nos chers voisins anglais viennent nous rendre visite.
12:47 - Absolument Arnaud.
12:50 Bruno Cotteres, vous qui connaissez bien le Royaume-Uni,
12:52 qu'est-ce qu'on pourrait prendre d'eux finalement ?
12:55 Si on devait aller chercher le meilleur d'eux, ce serait quoi aujourd'hui ?
12:59 - Une Coupe du Monde de rugby, parce qu'ils l'ont gagnée.
13:01 (Rires)
13:03 - J'ai toujours trouvé quelque chose d'assez fascinant dans le Royaume-Uni,
13:07 c'est à la fois un peuple profondément patriote,
13:10 ils sont très cocardiers, très patriotes,
13:12 et en même temps incroyablement internationaux.
13:14 Londres est une capitale qui a une dimension internationale bien supérieure,
13:17 me semble-t-il, à Paris.
13:19 - Très cosmopolite.
13:21 - L'autre chose, c'est la relation fondamentale du Royaume-Uni à son Commonwealth.
13:27 Il ne faut pas non plus exagérer, mais c'est vrai qu'on voit beaucoup de jeunes britanniques
13:30 qui commencent leur vie professionnelle dans des pays du Commonwealth.
13:33 Je n'ai pas entendu beaucoup de jeunes français dire
13:36 "Mon rêve c'est de commencer ma vie professionnelle dans un pays de la francophonie"
13:42 par exemple, et ça je trouve que c'est un point faible en France.
13:45 - Et à votre avis Bruno, et bien sûr notre invité,
13:49 est-ce qu'on peut penser à une forme de courtoisie démocratique chez eux que nous n'aurions pas ?
13:56 Est-ce que ça pourrait représenter un modèle ?
13:59 - Alors la vie politique britannique, ça saigne quand même pas mal.
14:02 - Oui ça saigne pas mal.
14:02 Je crois qu'il y a moins de division.
14:05 C'est-à-dire qu'il y a deux parties, il y a trois parties.
14:07 Il y a un parti qui est un parti pivot,
14:09 qui fait parfois des coalitions, un parti pivot, les libéraux-démocrates, les BDEMS.
14:15 Je crois que malgré tout, il y a moins de violence
14:20 parce qu'il y a moins de division et moins de partis.
14:23 Ce qui ne veut pas dire qu'au sein des partis, et c'est là où c'est important,
14:26 on se rejoint, au sein des partis en revanche, ça peut frapper très fort.
14:32 Je crois qu'on l'a vu sur la question du Brexit, au sein du Parti conservateur,
14:37 les divisions étaient beaucoup plus fortes qu'au sein du Parti travailliste.
14:41 Le débat n'a pas cessé, et je termine là-dessus depuis 2016.
14:45 - J'ajoute un peu de ciel.
14:47 Qu'est-ce qu'on pourrait prendre aux Britanniques ?
14:49 C'est vrai que dans la vie politique britannique,
14:50 quand on perd aux élections, généralement on quitte la scène.
14:53 - Oui, absolument.
14:54 - Et ça c'est plutôt pas mal.
14:55 - Et ce qu'il faudrait faire chez nous, vous trouvez ?
14:58 - Bah oui.
14:58 - Mais pour ça il faut avoir des candidats.
15:01 - C'est quand même royal par exemple.
15:03 - C'est un message subliminal, je pense,
15:05 et pour Ségolène et pour Nicolas Sarkozy.
15:07 - Oui, absolument.
15:08 - Mais quand même, la monarchie britannique, il y a d'autres monarchies.
15:12 Le Royaume-Uni a dominé le monde un siècle après la France,
15:16 la France l'a dominé un siècle après l'Espagne,
15:19 et pourtant par exemple la monarchie espagnole,
15:21 ça fait absolument pas rêver le monde, contrairement à la monarchie britannique.
15:25 - Elle a été renversée.
15:26 - Oui, c'est vrai.
15:27 - Elle est revenue, effectivement.
15:29 - Pourquoi cette fascination planétaire pour la monarchie britannique ?
15:34 Ça c'est une question que je me pose.
15:35 - Je pense qu'on n'aurait pas eu cette fascination au XVIe siècle,
15:38 parce que la Grande-Bretagne c'était une île assez pauvre,
15:41 il y avait bien sûr du commerce avec la France, notamment, du vin,
15:46 mais il y a eu l'Empire.
15:47 Et ce qu'ils ont réussi à faire, je crois, par rapport à la France,
15:50 ensuite il y aura des divergences entre historiens,
15:53 c'est de conserver des liens plus que cordiaux
15:57 avec beaucoup de pays de leur empire.
16:00 Et donc on a tous les ans, au mois de mars, un Commonwealth Day,
16:04 avec une grande journée à Londres,
16:07 un office religieux à l'abbaye de Westminster,
16:10 un défilé des drapeaux,
16:11 pour le couronnement il y avait un défilé des drapeaux du Commonwealth,
16:14 et derrière le premier ministre qui est indien,
16:15 avec une épouse indienne d'origine, elle aussi.
16:19 Bon, on a une fascination qui, je crois, existe
16:23 parce qu'il y a tellement d'influences culturelles,
16:27 un "soft power" très important.
16:28 Ça, ça me paraît fondamental comme point.
16:31 - Et qu'est-ce qu'ils ont réussi à faire qu'on n'a pas su faire ?
16:36 - Eh bien, je crois que la monarchie a réussi à comprendre
16:40 ce que son rôle devait changer avec le temps.
16:42 Et que pour rester une monarchie contemporaine,
16:44 c'est pas facile,
16:46 et pour rester une monarchie en même temps qui rayonne,
16:48 il fallait allier la tradition, la pompe,
16:50 et en même temps l'accessibilité par rapport au public.
16:53 Vous imaginez un couronnement en France ?
16:56 Personne ne pourrait envisager ça.
16:58 Les Britanniques, eux, l'envisagent.
17:00 - Et petite dernière question sur l'héritage de Charles III
17:03 par rapport à Elisabeth II, aujourd'hui la transition.
17:08 Et là, quelle image on a aujourd'hui de Charles III ?
17:11 - En Grande-Bretagne ?
17:13 Elle est très bonne.
17:14 Évidemment, Elisabeth II avait un prestige
17:17 que Charles III ne peut pas avoir tout de suite,
17:20 et peut-être qu'il n'en aura jamais d'ailleurs.
17:22 Mais il a incarné la continuité dès son premier message,
17:26 auprès des Britanniques.
17:28 C'est quelqu'un qui est très affectueux.
17:30 On a vu les poignées de main,
17:32 en fait, il attire la sympathie, véritablement.
17:37 Les poignées de main devant le palais de Buckingham,
17:40 quand il revenait d'Ecosse,
17:42 c'était quelque chose de spontané,
17:44 qui n'était pas prévu, donc les gardes du corps sont toujours un peu tendus.
17:46 Mais c'est ça qui fait que le roi est apprécié,
17:50 et je crois qu'il parvient à trouver son rôle à lui,
17:54 sa personnalité,
17:56 qui fait que la transition entre Elisabeth II et lui
17:58 se passe assez bien.
18:00 Merci beaucoup d'avoir été avec nous,
18:02 Maximilien Nagy, journaliste franco-britannique,
18:04 qui suit les visites de Charles III pour la revue "Conflit".