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L'éloge funèbre d'Emmanuel Macron lors de l'hommage national au général Georgelin
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25/08/2023
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Le silence, seul, aujourd'hui, accompagne le départ du général
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Georges Lain. Et comme en écho, sa voix nous revient, cette voix qui le
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précédait toujours de quelques mètres. Dans le chantier de la reconstruction
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de Notre-Dame de Paris, elle claquait, saluait, encourageait.
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Elle couvrait le bruit des outils et le vacarme des artisans. À l'Elysée, sa voix
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s'échappait dans la cour d'honneur. Quand l'été venu, le général ouvrait sa
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fenêtre. Elle concurrençait à elle seule l'orchestre de la garde républicaine,
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trompettes et tambours, montait aux étages, faisait sourire d'avance ceux qui
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travaillaient avec lui. Voix rocailleuse des Pyrénées, abruptes ou chaleureuses,
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sévérité militaire et bonhomie un peu rude, accent théâtral qui lui faisait
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allonger des voyelles, sa voix. Sa voix semblait toujours être prolongée par
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quelques cots, comme si le général conversait dans une crypte, dans une
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chapelle, dans les abbayes ou les églises qu'il aimait tant. Cette voix était
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l'expression de son caractère exceptionnel, autant que le moyen de
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convaincre, d'impressionner, quelquefois de réduire au silence tout ce qui
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entravait ses dessins. Le général, c'était cette voix. Une force qui va, un
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mouvement qui venait de loin, de son pays natal, du Cominge, d'Aspey, des brumes du
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Pic de Cagir. Moi qui fus un soldat quand j'étais enfant, comme disait Victor Hugo.
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Né en 1948, Jean-Louis Georgelin fut un enfant de l'après-guerre et à coup sûr
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déjà un soldat. Un enfant élevé dont le souvenir est bientôt la rumeur des
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guerres. Son père, sous-officier, combattait à des milliers de kilomètres en
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Indochine puis en Algérie. Sa mère, Marcel, fut pour toujours le pilier de sa vie.
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Ils attendaient avec son frère et sa sœur les nouvelles des combats. Il
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resta peut-être à Jean-Louis Georgelin cette douleur et cette pudeur des gens
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qui attendent, qui marchent et qui espèrent. Mais comme il le répétait sans cesse
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dans un emprunt peu orthodoxe, là où il y a une volonté, il y a un chemin. Et Jean-Louis
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Georgelin n'était que volonté. Alors de ses rêveries de promeneurs
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solitaires, de cette connaissance intime du service de la patrie, le jeune homme
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fit sa vocation. Il devint fantassin. Entré à Saint-Cyr, il y devint élève
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officier de 1967 à 1969 dans la promotion Brunet de Sérigny.
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Puis ce furent le 9e régiment de chasseurs parachutistes, l'école
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d'application de l'infanterie à Montpellier, l'état-major de l'armée de
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terre. Après un séjour aux Etats-Unis, Jean-Louis Georgelin intégra l'école de
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guerre. En 1985, il revint à Saint-Cyr, cette fois-ci pour commander une
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promotion. Instructeur exceptionnel, professant et prouvant par ses actes la
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grandeur du métier d'officier. Ce chef savait que diriger était d'abord
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montrer l'exemple. Alors, avec ses élèves officiers de la
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promotion cadet de la France libre, il accomplissait chaque mois une marche
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au commando. Encore aujourd'hui, ces derniers n'ont rien oublié de la
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malice de leur commandant, de son détachement bourru qui masquait la
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tension affectueuse. Jean-Louis Georgelin voulait pour eux le meilleur, la liberté
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dans la discipline et l'entraide. Là où il y a une volonté, il y a un chemin.
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Et ce chemin s'éleva sans cesse. Après un retour dans son cher 153e régiment
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d'infanterie de Mutzik, où il avait aussi servi jadis, il s'affirma comme un
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officier d'exception. Bourreau de travail, meneur d'hommes, délégante avec confiance
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mais toujours obsédé des détails. Cet officier savait trancher, ne jamais
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s'embarrasser des fausses contraintes. Son charisme tenait aussi à son érudition.
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La culture générale est la véritable école de commandement,
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aimait-il la répéter. En 1997, envoyé en mission en ex-Yougoslavie,
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Jean-Louis Georgelin fut nommé général de brigade. Une force qui va toujours
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plus haut. Elle était chez lui un élan irrésistible.
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Elle impressionnait et séduisait. Mais elle cachait aussi un art du dialogue,
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de la négociation. Ainsi Jean-Louis Georgelin savait être diplomate.
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Un très bon diplomate, selon le président Jacques Chirac, que le général servit
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comme chef d'état-major particulier à l'Elysée, à Comté de 2002, lors de crises
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majeures. L'entrée en guerre en Afghanistan, les opérations de nos
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forces dans les Balkans, au Liban, en Côte d'Ivoire. Cette force surtout
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voulait servir. Servir un chef de l'Etat exige toujours de dire la vérité, pour
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inconfortable qu'elle soit. Parfois servir suppose de convaincre, en menant
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auprès des administrations, selon ses mots, un combat mobile d'usure. Enfin
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d'assumer toute décision politique avec loyauté et esprit de devoir. Chef d'état-
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major des armées sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Georgelin fut
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un serviteur exemplaire. Cette force n'était pas non plus dénuée de finesse.
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En 2010, le général Georgelin accéda à la grande chancellerie de la Légion
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d'honneur. À ses pattes éluriques qui faisaient trembler les médailles et les
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porcelaines de l'hôtel de Salm, certains prirent crainte. Mais pendant six ans,
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avec une subtilité et une profondeur attentive, le général rénova
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l'institution comme ses bâtiments et ses collections.
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Cet amoureux du patrimoine s'avait redonné du lustre en posant la lumière
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du jour sur les merveilles du passé, dont la grille du frère Denis de
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l'ancienne abbaye royale. Car cette force était aussi celle de la foi.
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Jean-Louis Georgelin était catholique, comme il était soldat de la France,
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serviteur de l'État et de la République, sans rien d'incompatible entre ces trois
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aspirations. Avec l'agencement entre le spirituel et le temporel qui permet la
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vie en commun dans une République laïque. Sa foi se décelait à chacun de ses
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gestes, dans son dévouement pour des causes plus grandes que lui, dans cette
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charité qu'il pratiquait toujours dans l'ombre, dans sa joie quand installé à
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l'Elysée comme représentant spécial du président de la République, il apprit
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qu'il aurait pour bureau une ancienne chapelle. Dans sa distance paradoxale
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aux hommes et aux choses, le général Georgelin ne se considérait pas comme un
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intellectuel. Son humilité le retenait de s'attribuer le titre. Il avait pourtant
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tant lu et retenu de Blaise Pascal la différence entre les grandeurs
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naturelles et les grandeurs d'établissement. Les premières naissent
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des vertus physiques et morales qui doivent être admirées et reconnues. Les
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secondes sont l'expression de l'ordre social auquel l'on doit se conformer
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loyalement. Cette distance critique n'était jamais chez lui du cynisme. Il
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était chef, installé dans la vie et cachait sans doute toujours secrètement
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ce petit chose et ses fragilités. Avec une forme de liberté de jugement, de
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sagacité amusée, une distance qui faisait sa valeur de conseiller et son
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autorité de chef, son humanité. Oui, sa force était aussi une foi.
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Il était un soldat pénétré d'espérance, celui qui croyait au ciel et celui qui
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marchait au pas. Là étaient les deux nœuds du même bois.
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En avril 2019, au lendemain de l'incendie de Notre-Dame de Paris, de là où je suis,
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j'ai appelé le général Georges Lain. Il avait passé la nuit incrédule et
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meurtri. Il avait pensé, soulagé, que l'homme qui dirigeait l'intervention des
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sapeurs-pompiers, le général Gallet, était l'un de ses anciens élèves de Saint-Cyr
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dont il connaissait la valeur au feu et au front. Mais enfin, rien ne pouvait
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tellement le consoler. Notre-Dame de Paris était bien l'âme de la France.
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C'était même son enfance quand, avec son père, ils avaient accompli un grand
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tour de nos monuments nationaux. C'était l'orgue, jouant la musique de liturgie
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qui lui faisait monter les larmes et dont l'idée du silence désormais dans la
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cathédrale ravagée les lui faisait monter plus encore.
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Lorsque ce jour d'avril 2019, je lui ai confié le destin de ce chantier
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colossal, presque impossible. Le général Georges Lain n'exprima qu'une chose.
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Sa volonté de servir.
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Il ne broncha pas à l'exposé de sa mission. Reconstruire en cinq ans.
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Lorsqu'il y a une volonté, il y a un chemin. Et aussitôt, dans son regard, dans
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ses mots soigneusement choisis comme toujours, j'ai vu le général convoquer
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chacune des qualités éprouvées lors de sa carrière. L'ancien responsable de la
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planification et des finances à l'état-major mettrait en oeuvre un
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calendrier que d'aucuns jugeaient déraisonnable. L'officier d'exception
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garantirait l'unité d'action entre tous les corps de métier. L'homme de volonté
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ne se laisserait pas impressionner par les experts mais deviendrait lui-même
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le plus grand expert du sujet et les embarquerait. L'amateur secret de
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patrimoine veillerait à ce que le chantier fasse appel à des savoir-faire
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disséminés partout en France. Le diplomate paradoxal unirait les bonnes
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volontés de toutes les autorités temporelles et spirituelles. Pendant quatre
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années, le général Georges Lain accomplit tout cela. Pour nos compatriotes
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comme pour le monde entier, il devint une figure familière. Le général de la
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cathédrale. Le 8 décembre 2024, nous retrouverons Notre-Dame de Paris, parce
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que c'est le vœu de la nation entière et ce fut mon serment au peuple français.
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Et ce serment fut servi par sa volonté. Jean-Louis Georges Lain ne vivait pas
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d'honneur mais d'espérance. Il avait un but.
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Sa vie a connu son terme avant de l'atteindre. Mais toutes les grandes
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oeuvres nécessitent cette part d'effort qui n'attend pas forcément de récompense.
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Le 8 décembre 2024, les portes de Notre-Dame s'ouvriront. Les murs de la
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Nef seront blanchis, les vitraux plus clairs, la splendeur du lieu plus pur
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encore. La cathédrale retrouvera le culte. Seront là les catholiques. Vous serez là,
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Monseigneur, et autour de vous, vos évêques, vos prêtres et tant d'autres.
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Seront là tous ceux qui travaillaient avec lui et ne perdront plus jamais le
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goût de son exigence qui, quand elle était brusque, se rattrapait ensuite par
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mille attentions. Seront là les femmes et les hommes du chantier, celles et ceux
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du général, comme on dit ceux de Saint-Cyr ou de l'infanterie, ses adjoints, ses
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architectes, ses compagnons du Grand-Oeuvre. Seront là les anonymes,
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charpentiers et maçons, vigiles et hors-fèvres, venant de la France entière
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qui samedi, à l'annonce de sa mort, ont tous pleuré. Mon général, le 8 décembre 2024,
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ces femmes et ces hommes penseront à vous, à votre silhouette manquante parmi ces
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piliers, à la fierté que vous auriez éprouvée face à ce succès assurant à
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votre nom sa place dans la longue chaîne des temps.
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Nous penserons à vous, je penserai à vous, à la manière que vous auriez eu de
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marcher un peu à part de la foule, dans la nef, prenant ce moment pour vous, rien
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qu'à vous, dans le secret et l'ombre de votre foi. Et vous serez là, mon général,
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dans le carillon, à travers les coups de l'angélus,
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perçant le son des cloches de Notre-Dame de Paris. Toute la nation vous entendra
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encore. Nous entendrons votre voix rire, gronder, déclamer.
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Nous entendrons vos silences aussi, qui disaient la solitude et les blessures
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pourtant tues. Nous entendrons votre voix, forte, déterminée, revenue d'outre-tombe,
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mais toujours là. Voix patriote, voix de la France, cantique des cantiques.
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Alors nous pourrons vous dire merci.
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Adieu, mon général. Vive la République, vive la France.
17:02
[Musique]
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[SILENCE]
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