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00:00 maintenant, vous savez, on ne lit plus comme avant.
00:02 La télé nous a tués.
00:05 Le soir, on écoute le zinzin là, et puis on ne lit plus.
00:09 D'ailleurs, j'avoue que je le fais aussi.
00:12 En 1985, le doyen des bouquinistes de Paris
00:15 s'apprête à prendre sa retraite à 89 ans.
00:17 Il raconte alors les souvenirs et les dessous de son métier.
00:20 Un métier atypique de Paris qui remonte au 16e siècle, selon lui.
00:25 Ça date de l'histoire du Pont-Neuf, parce que tous les ponts,
00:29 il est conçusé pour mettre des maisons de chaque côté.
00:31 Alors là, il venait de temps en temps des petits marchands à la sauvette,
00:36 des petits trucs comme ça.
00:37 Et puis surtout, les bouquinistes, ils installaient.
00:40 Alors, il reste des fois un mois, on ne leur disait rien.
00:43 Puis un beau jour, il fallait qu'ils disparaissent,
00:45 puis ils revenaient, puis ainsi de suite.
00:47 Alors à ce moment-là, ils avaient des toutes petites boîtes,
00:50 parce que tous les soirs, il fallait qu'ils enlèvent leurs livres et les boîtes.
00:54 On nous a fait des grands espaces,
00:57 mais ces espaces-là maintenant n'existent plus,
00:59 parce que les bouquinistes, quand ils viennent,
01:01 ils se placent pas où ils veulent.
01:03 On n'a pas le droit de fixer les boîtes sur les palapés.
01:05 On a le droit de les mettre.
01:07 Elles tiennent simplement de chaque côté du mur,
01:10 mais on n'a pas le droit de laisser les.
01:12 Louis est devenu bouquiniste en 1936 après avoir acheté un stock de livres
01:16 à un estropié de la Grande Guerre.
01:17 Il apprend alors le métier auprès des anciens.
01:19 Ceux qui arrivent généralement vont du côté du quai de Montebello.
01:23 Avec Notre-Dame, ils travaillent autant que nous, peut-être un petit peu moins.
01:28 On paye quand même une dime, mais enfin, on n'est pas très embêté.
01:31 Malgré une place de choix au cœur de la capitale et une certaine liberté,
01:35 le métier a beaucoup évolué au 20e siècle.
01:37 Il disparaîtra pas, mais il viendra très, très dur.
01:41 Pour la bonne raison que maintenant, vous savez, on lit plus comme avant.
01:46 La télé nous a tués.
01:48 Le soir, on écoute nos zinzins là, et puis on lit plus.
01:52 Et je suis persuadé que si 100 jeunes gens, jusqu'à 20 ans,
01:56 même 25 ans, il n'y en a pas 10 qui rentrent en petite bibliothèque
02:01 avec quelques rayons, tandis que dans le temps,
02:04 il y avait quand même des bibliophiles parmi les jeunes.
02:06 Maintenant, il n'y en a presque plus.
02:08 Mais pour se fournir, le bouquiniste peut compter sur des habitués
02:11 aussi atypiques que lui.
02:13 J'achète les livres à domicile, comme par exemple deux, trois fois
02:18 des dames dont le mari était mort ou alors une que j'ai acheté beaucoup.
02:25 C'est une dame qui avait son mari professeur d'histoire et de géographie.
02:28 Alors il avait rassemblé toutes sortes de choses.
02:31 Et comme elle disait, c'est ni à poussière, qu'est-ce que je les ai balayés, tout ça.
02:36 Venez d'en débarrasser, vous savez, votre prix, ça le mien.
02:40 Alors j'y suis allé. Et en effet,
02:43 je suis revenu, je sais pas moi, deux, trois fois pour remporter tout.
02:47 J'ai payé un prix raisonnable quand même.
02:50 Et puis pendant, je sais pas, deux, trois ans, j'ai vendu des livres d'histoire, de géographie.
02:55 Quand je suis arrivé, on avait encore des merveilles.
02:58 Ça arrivait. Pas des grandes, parce qu'il a des beaux livres.
03:02 C'est qu'il aime les livres et il sait qu'il y a un marché.
03:05 Inscrit au patrimoine immatériel français, un peu plus de 200 bouquinistes
03:09 occupent encore l'équipe en 2023.
03:11 [Musique]