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  • 11/08/2023
[#LeCanapéRouge] Spécial Présidentiel, Raymond Ndong Sima

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Transcription
00:00 Mesdemoiselles, Monsieur, bonsoir. Nous recevons sur le canapé Rouy spécial présidentiel 2023
00:06 Monsieur Raymond Doncima. Monsieur Raymond Doncima est né le 23 janvier 1955 à Oyem,
00:12 dans la province du Valentin. Il obtient son baccalauréat série B en 1974 à Bécieux.
00:18 En 1981, il décroche sa maîtrise en économie à l'université Paris 13. Un an après, il obtient
00:27 un diplôme d'études approfondie en économie, mathématiques et économétrie à l'université
00:33 Paris 9. De retour au Gabon, il intègre le ministère de l'économie, du budget, des finances
00:42 comme chargé d'études à la direction générale de l'économie. Nous sommes en 1983. L'année
00:49 suivante, il est promu directeur des systèmes économiques. Directeur des synthèses économiques,
00:56 très bien. Conseiller du ministre de la planification et de l'économie en 1987.
01:00 Vous avez entre autres été directeur général des Végab de 1994 à 1999, puis directeur général
01:09 de la compagnie d'exploitation du chemin de fer transgabonais. Président et directeur général.
01:16 PDG, voilà c'est ça. De 1999 à 2001. Quelques années plus tard, vous êtes nommé ministre de
01:23 l'agriculture, de l'élévage et de la pêche, du développement rural. Nous sommes en 2009. Le 20
01:29 décembre 2011, vous êtes élu député du troisième siège des départements du Wole, du canton Kiey,
01:38 pour le compte du parti démocratique gabonais. Le 27 février 2012, vous êtes nommé premier
01:46 ministre, chef du gouvernement, le deuxième de l'ère Ali Bongo Ndimba et le premier qui n'est
01:53 pas ici de la province de l'Est, Juillet. En juillet 2015, vous quittez le PDG. Une année plus
01:59 tard, vous êtes pour la première fois candidat à l'élection présidentielle. Vous sollicitez
02:05 cette année, une nouvelle fois, les suffrages de vos compatriotes à l'occasion de l'élection
02:11 présidentielle du 26 août prochain.
02:14 Monsieur Raymond Ndancima, bienvenue sur le canapé rouge.
02:29 Merci de m'inviter.
02:30 Alors, notre interview va s'articuler autour de cinq grands thèmes que sont la société,
02:38 l'environnement, la défense, l'économie et la politique. Nous allons tout de suite
02:41 commencer sur les questions d'ordre social. Depuis deux années, le Gabon fait face à
02:48 une récrédescence de mouvements sociaux et de fonctionnaires, des retraités civils et militaires,
02:53 avec pour conséquence un ralentissement du fonctionnement de l'administration. Quelles
02:58 sont selon vous les causes et comment le pur produit de l'administration gabonaise que vous
03:03 êtes compte-t-il apaiser le climat social s'il est porté à la magistrature suprême ?
03:08 Oui, l'observation que vous faites est pertinente. Il y a de façon très continue de la contestation
03:17 et de l'agitation dans l'administration. J'ai eu moi-même affaire face à des grèves
03:21 très importantes en 2012, etc. Je crois que le problème vient de ce que, en premier lieu,
03:30 les situations administratives des agents publics ont été déconnectées de leur évolution
03:35 pendant le temps. Des agents se sont retrouvés avec des situations administratives bloquées
03:41 alors même que les années passaient et que les avancements auxquels ils avaient droit
03:46 n'étaient pas en place. Mais le mal est plus profond. Je pense que nous avons un problème
03:53 d'adaptation ou de synchronisation entre les compétences des agents et les promotions
04:01 auxquelles ces agents ont accès. Vous savez que le mode de nomination dans l'administration
04:06 est un mode de nomination à la discrétion du chef de l'État sur les propositions parfois
04:12 des ministres et autres personnalités qui interviennent dans la chaîne. Très souvent,
04:18 je pense que beaucoup de gens sont promus à des postes sur la base de la proximité
04:26 qu'ils ont avec les ministres ou avec le président de la République et moins sur la
04:31 base de leurs compétences. La première façon de régler le problème, je crois, c'est
04:37 de faire un rapprochement entre les compétences et les promotions. La façon la plus simple
04:45 de faire cela, c'est de remettre en route les notations des agents publics, éventuellement
04:51 les concours à l'intérieur de la fonction publique, éventuellement des appels à candidature
04:57 pour que les postes de base, même jusqu'à un certain point, soient des postes attribués
05:04 non pas sur la base du côté partisan ou du côté militant du fonctionnaire, mais
05:13 sur la base de ses compétences professionnelles. Je pense qu'au moins jusqu'au poste de
05:19 directeur, c'est-à-dire de chef de service et directeur, on devrait faire appel à candidature
05:26 et faire apprécier par un cabinet spécialisé les gens qui sont les mieux placés pour obtenir
05:32 la promotion qui convient. Si j'étais élu demain, je sais ce que je ferais. C'est
05:36 normal que les postes les plus élevés, c'est-à-dire directeur général adjoint,
05:40 directeur général, soient du ressort de l'autorité de nomination parce qu'il s'agit
05:45 maintenant d'être en face de quelqu'un qui applique, qui transmet, qui sert de couloir
05:51 de transmission entre les politiques qui ont été choisies, qui ont été retenues
05:56 par le candidat qui veut mettre en œuvre une politique économique et sociale et les
06:01 agents qui sont les grands capitaines chargés d'exécuter, de conduire et de surveiller
06:06 la mise en œuvre au quotidien.
06:08 En dépit d'un produit intérieur brut par additant estimé à 8.859 dollars en 2022,
06:18 le taux de pauvreté au Gabon est estimé à près de 34% selon la Banque mondiale.
06:22 Quelles sont selon vous les grandes reformes à initier pour améliorer les conditions
06:28 de vie des Gabonais ?
06:29 C'est une question qui me renvoie aux définitions de base.
06:37 Je n'aime pas beaucoup les références au point de vue de l'analyse que l'on fait
06:42 à partir du PIB.
06:43 Qu'est-ce que le PIB ? C'est le produit intérieur brut.
06:47 Une autre façon de dire ce qu'est le PIB, c'est la somme des valeurs ajoutées qui
06:53 sont produites par les entreprises et les opérateurs économiques.
06:56 Mais qui produit ces valeurs ajoutées ? Le capital qui travaille à des propriétaires.
07:02 Et le ratio que l'on établit est un ratio malsain.
07:07 En ce sens que l'on prend la richesse totale produite au Gabon, on la rapporte au nom de
07:15 la population totale du Gabon, comme si tous les Gabonais étaient propriétaires du capital
07:18 qui a servi à produire cette richesse.
07:20 Je pense qu'autrefois il y avait une notion de PNB, produit national brut, qui était
07:27 beaucoup plus juste.
07:28 Mais aujourd'hui on dit PIB.
07:32 Une société arrive, prenons Commilog, mais on peut prendre une autre société.
07:38 Elle investit.
07:39 Le conseil d'administration de cette société décide d'investir des milliards et des milliards,
07:45 des centaines de milliards.
07:46 Mais ce sont les actionnaires qui ont investi, qui sont les propriétaires de la valeur ajoutée
07:53 qui a été produite une fois que le travail a été fait.
07:58 Donc est-ce qu'il est juste de faire un rapprochement entre celle des richesses totales produites
08:05 par un capital qui a été réuni par un opérateur particulier, et de rapporter ça à la totalité
08:12 de la population ? C'est non.
08:14 Donc cette notion-là nous place dans une situation qui n'est pas très correcte.
08:19 Je pense qu'on devrait trouver des indicateurs qui sont plus performants et qui traitent
08:26 de la part de la production qui appartient aux gabonais et qui pourrait être rapportée
08:33 au nombre de gabonais qui sont là physiquement.
08:35 Et non pas de rapporter la part de la richesse totale qui a été produite au nombre de gabonais
08:40 dont certains ne sont concernés ni de près ni de loin avec cette production.
08:46 Et c'est une critique que le monde entier nous fait.
08:50 Et je suis surpris que les officiels ne rejettent pas cette critique qui est malsaine.
08:55 Parce que c'est ça qui conduit à dire oui mais le niveau de pauvreté est tellement
08:59 élevé que la répartition est malsaine.
09:01 La répartition est malsaine parce que les investissements directs étrangers sont là.
09:06 La contrepartie des investissements directs étrangers c'est le répartiment des bénéfices
09:10 que ces investissements directs étrangers produisent.
09:13 Et si nous ne sommes pas les propriétaires, les bénéfices s'en vont chez qui ? Chez
09:16 les propriétaires.
09:17 Donc il faut se poser une autre question.
09:20 Quel est le niveau de vie auquel on peut prétendre globalement dans le pays pour que l'écart
09:28 entre ceux qui travaillent et qui ont accès à un salaire ne soit pas trop important par
09:33 rapport à l'écart entre ceux qui ne travaillent pas et qui n'ont pas de salaire.
09:37 C'est à cet écart là qu'il faut s'attaquer, notamment par la mise à disposition des infrastructures
09:43 publiques collectives.
09:44 Parce que quand on parle d'infrastructures, à quoi ça sert le salaire, le revenu ? Il
09:52 sert à payer le logement, il sert à payer l'hôpital, il sert à payer le transport,
09:58 il sert à payer l'électricité, il sert à payer un certain nombre de choses de cette
10:01 nature.
10:02 Si la collectivité peut prendre en charge d'une façon ou d'une autre ces dépenses
10:08 collectives qui ont vocation à être des dépenses collectives, alors le ménage peut
10:15 avoir sa propre facture allégée en raison de l'existence de charges qui ont été
10:22 prises en compte par la totalité de la collectivité.
10:25 Je prends un exemple encore.
10:27 Dans mon projet de société, pour moi, aucun enfant ne doit aller à l'école à plus
10:34 de 30 minutes à pied de sa maison, entendu que l'école doit être obligatoire de 0
10:38 à 17 ans et qu'elle doit être totalement gratuite de 0 à 17 ans.
10:43 Puisque la contrepartie de l'obligation d'aller à l'école, c'est l'obligation
10:47 pour l'État de payer ça.
10:49 Si on est cohérent là-dessus, dire que les enfants ne doivent pas aller à l'école,
10:53 ne doivent pas aller à plus de 30 minutes à pied, ce n'est pas une mesure.
10:56 C'est une mesure qui a une incidence d'abord et avant tout économique.
11:00 Pourquoi ? Parce que c'est autant d'argent en moins que les ménages vont consacrer
11:06 au transport de leurs enfants.
11:08 Si vous habitez le Pékin et que votre enfant est au lycée, tous les matins, il faut lui
11:12 payer le taxi pour aller et revenir.
11:14 Alors que si cet enfant habite le Pékin 9 et qu'il peut aller au lycée au Pékin
11:21 10 ou au Pékin 8, il va à pied et il revient.
11:25 Donc les parents ont ça en moins à payer.
11:27 Cela veut dire que par cette mesure-là, vous augmentez le pouvoir d'achat des ménages
11:33 et dès lors que vous augmentez le pouvoir d'achat, vous profitez par la même occasion
11:39 des infrastructures collectives publiques, c'est-à-dire des écoles, qui sont mises
11:42 à disposition dans les zones où les gens se trouvent.
11:44 Et ce qui est vrai pour les écoles doit être vrai pour les dispensaires, les centres de
11:47 soins.
11:48 Comment nous allons y arriver au Gabon ?
11:51 L'offre de santé se résume à la construction des CHU à Libreville et quelques centres
11:58 médicaux fonctionnels dans quelques localités.
12:00 Ces structures souvent manquent pour la plupart du strict nécessaire de consommables et autres,
12:08 au point que les patients sont souvent obligés d'être évacués à l'étranger lorsqu'ils
12:13 sont atteints de pathologies lourdes.
12:15 Quelle offre de santé publique proposez-vous à vos concitoyens si vous êtes porté à
12:20 la magistrature ?
12:21 Je suis partisan d'une politique sanitaire préventive.
12:30 Si je suis président demain, la première chose que je vais faire, c'est d'obtenir
12:36 que un certain nombre d'infirmiers et d'infirmières qui ont une expérience professionnelle d'un
12:40 certain temps, par exemple 10 ans d'expérience professionnelle, fassent l'objet d'une
12:45 formation complémentaire et soient affectés systématiquement dans tous les dispensaires
12:50 à l'intérieur du pays, à raison d'un infirmier par dispensaire dans chacun des
12:55 cantons.
12:56 En général, dans tous les cantons, il y a un, deux dispensaires qui ont été créés,
12:59 parfois même il y en a trois ou quatre, et parfois il n'y a pas d'infirmiers dedans.
13:02 Il faut commencer par affecter les gens là-bas, mais il ne suffit pas d'affecter les infirmiers
13:07 là-bas.
13:08 Il faut ensuite qu'on affecte par canton un médecin de campagne.
13:11 Un médecin de campagne par canton.
13:15 Et à défaut d'en avoir un par canton au départ, il faut au moins que l'on puisse
13:20 dire qu'un, deux, trois cantons vont se partager un médecin.
13:24 Et de mon point de vue, les infirmiers devraient commencer par tenir à disposition la carte
13:32 sanitaire de leur village, des villages sur leurs responsabilités.
13:36 Et c'est cette carte sanitaire que les médecins qui seraient en charge de la supervision
13:43 des cantons auraient sous leurs yeux pour aller toujours dans le salle de prévention,
13:48 savoir que dès le départ, nous avons tel cas qui nécessite un rapprochement avec l'hôpital
13:55 central de la ville ou de la région.
13:57 Au lieu que les gens partent des villages sous les dispensaires et se jettent et aillent
14:03 faire des demandes de prise en charge dans les hôpitaux régionaux ou de la ville, il
14:10 faut commencer par élaguer cela, mais élaguer correctement.
14:14 C'est-à-dire qu'il faut vraiment que les infirmiers soient là, sachent qu'ils sont
14:18 tels malades.
14:19 Mais qu'est-ce que ça coûte dans un village d'avoir les ordinateurs aujourd'hui ? Chacun
14:23 des infirmiers devrait avoir la capacité dans un village, s'il a cinq villages sur
14:26 sa responsabilité ou dix villages, d'avoir la carte sanitaire de tous les habitants
14:30 de son village.
14:31 Un à un, et les visiter une fois pour faire des visites préventives, etc.
14:36 Ça aussi, ça nous diminuerait les problèmes.
14:38 Parce qu'au lieu d'attendre que ces gens tombent malades, c'est par là-bas qu'il
14:41 faut commencer.
14:42 Ensuite, le problème que vous avez soulevé des évacuations, il est lié, à mon avis,
14:47 à la disponibilité des spécialistes.
14:48 Disponibilité des plateaux techniques, disponibilité des spécialistes.
14:53 Vous savez, la formation des spécialistes ne se décrète pas.
14:56 Elle vient progressivement.
14:58 Ça prend du temps de les former.
15:01 Ça nécessite une certaine régularité dans le cycle de formation.
15:05 Je crois que de plus en plus, on voit les spécialistes arriver, mais on n'est pas
15:10 encore arrivé au stade où on a le nombre de médecins suffisant dans la totalité des
15:17 plateformes techniques.
15:18 Donc, oui, il faut faire en sorte que le niveau d'encadrement des médecins, parce
15:23 que si vous avez des médecins dans les cantons, etc., il faut les encadrer, il ne faut pas
15:27 se contenter de les envoyer, il faut qu'ils soient encadrés par des médecins qui font
15:32 la supervision, qui ont la capacité de relever les pathologies qui sont les plus habituelles,
15:38 encore plus souvent, etc., de telle sorte que même la formation de ces médecins de
15:44 campagne, elle progresse de cet appétit.
15:47 Et de mon point de vue, aucun médecin ne devrait être affecté dans un hôpital en
15:50 ville, etc., avant d'avoir été fait les 3-4 ans dans les villages.
15:54 Ce qui paraîtrait être une contrainte, mais ça lui augmenterait le potentiel d'information
16:01 à récolter dans le cadre d'études supérieures de spécialisation, etc., etc., car il ne
16:05 faut pas garder les médecins à la base, il faut les encourager à entreprendre les
16:10 études suivantes, une fois le diplôme de médecin obtenu, pour qu'ils arrivent au
16:14 stade de la spécialité.
16:16 Je crois que c'est en améliorant, en augmentant le nombre de personnes qui ont une spécialité,
16:22 qu'on obtiendra que le nombre de... d'un côté, et en augmentant le plateau technique
16:28 sur lequel les spécialistes peuvent opérer, peuvent travailler, d'autre part, qu'on obtiendra
16:33 que le nombre d'évacuations sanitaires diminue.
16:36 Très bien.
16:37 Abordons maintenant les questions environnementales.
16:41 Le conflit Homme-faune est au cœur des débats depuis plusieurs années.
16:45 Malgré le nombre de décès enregistrés, aucune solution pérenne n'a été trouvée
16:51 par le gouvernement sortant.
16:53 Pire, les populations fustigent un abandon de la part des autorités au profit de la
16:58 préservation de la faune et de la flore.
17:01 Si vous êtes élu le 26 août prochain, comment comptez-vous régler de façon pérenne ce
17:06 phénomène ?
17:07 Je ne sais pas si on peut régler la question d'une façon pérenne, mais ce que je sais,
17:13 c'est qu'il faut mettre en cohérence la politique d'exploitation forestière et la
17:18 politique de conservation et de préservation des écosystèmes.
17:24 Et il n'est pas cohérent de donner des permis forestiers de plus en plus en profondeur sur
17:31 l'ensemble du territoire et de ne pas s'attendre à ce que les animaux qui sont en profondeur
17:38 dans la forêt ne remontent.
17:40 Parce que finalement, dans les villages, plus près des villages, c'est plus silencieux
17:44 et c'est plus calme, alors que les engins qui rentrent à 50 à 100 km à l'intérieur
17:49 des terres, ces engins-là font de plus en plus de bruit là-bas, qui effraient les animaux
17:53 et etc., qui sont soit effrayés par le bruit, soit qui rencontrent directement des engins,
18:02 des gens etc., qui font que ces animaux fuient et viennent vers la ville.
18:05 Il faut qu'on arrive à se mettre d'accord sur les zones.
18:09 On a décidé d'avoir 13 parcs nationaux.
18:11 Si on veut, on n'a qu'à ajouter de l'espace pour pouvoir laisser aux animaux la possibilité
18:17 de se replier pendant 15-20 ans dans ces zones.
18:21 Et puis une fois qu'on a fait les 10 ans, les 15 ans ou les 20 ans, on décide qu'à
18:26 partir de maintenant, telle zone est laissée en repos et c'est telle zone qui avait été
18:30 en repos, c'est telle dans laquelle on va maintenant exporter et les animaux qui ne
18:33 sont pas bêtes migreront vers les zones qui sont laissées en jachère en quelque sorte
18:42 et sur lesquelles on ne travaille pas.
18:43 Mais je ne vois pas comment on peut obtenir de solutions durables sur cette question en
18:48 donnant des permis forestiers aux gens qui vont couper le bois de plus en plus, qui coupent
18:52 de plus en plus de quantités importantes, qui font du bruit de plus en plus, en allant
18:55 chercher les animaux de plus en plus loin et en venant dire aux populations non, n'abattez
18:59 pas les animaux.
19:00 Je crois que ce n'est pas raisonnable.
19:02 Donc de mon point de vue, voilà la meilleure façon d'aborder le problème, c'est de
19:07 dire on réserve des espaces, on a une politique de limitation des espaces que l'on exploite
19:14 pendant un certain temps qui est en cohérence avec la politique permettant de préserver
19:20 les espaces animaux et dans le périmètre des populations, on veut à ce que rien ne
19:25 vienne.
19:26 La vente des crédits carbone s'avère être un échec au regard du fait que le Gabon n'ait
19:31 à ce jour perçu aucun radis, tandis que les autorités sortantes vantent les mérites
19:37 et le leadership environnemental du pays.
19:40 Quelle politique climatique mettrez-vous en place pour rentabiliser les efforts du Gabon
19:45 en matière de protection à l'environnement ?
19:47 Vous savez, moi je me méfie toujours des phénomènes nouveaux parce qu'on a vanté
19:57 il y a 5 ans, 10 ans, 15 ans les questions du carbone, du marché, de ce marché du carbone
20:07 qui allait se mettre en place etc.
20:08 Mais au fait, combien de pays ont touché quelque chose là-dedans ? Il faut consacrer
20:12 combien de pays ont touché ça ? Moi je voudrais vous rappeler ceci, je suis allé en 1992
20:18 au premier sommet de la terre à Rio, j'étais dans la délégation qui accompagnait le président
20:23 Omar Bongo à Rio, quand on a commencé à poser ces questions sur l'environnement et
20:27 tout, en 1992, nous sommes 30 ans plus tard, personne n'a vu le premier centime sortir
20:32 de ça.
20:33 En ce temps, nous augmentons les contraintes dans notre façon de travailler et ça ne
20:38 vient pas.
20:39 Moi je considère que ces affaires d'environnement, telles que c'est posées à l'heure actuelle,
20:43 relèvent de la concurrence des loyales.
20:45 Et l'économiste que je suis dit, nous avons une fonction de production qu'on est en
20:49 train de lourdir inutilement par des contraintes que personne ne prend en charge.
20:54 Donc on n'a pas les moyens de faire ça.
20:57 Il faut faire la politique de ces moyens.
20:59 Je suis tout à fait d'accord pour que l'on fasse un effort sur l'environnement, mais
21:05 il faut qu'on parle de choses qui sont factuelles au même moment et en même temps.
21:09 Il faut qu'on voit les crédits carbone et qu'en compte de partie de ces crédits qu'on
21:13 voit, que l'on fasse des efforts qui correspondent à ça.
21:15 Autrement, on doit libérer notre façon de produire, c'est tout.
21:19 C'est dans le même ordre d'idée.
21:20 Le Gabon concentre depuis presque 30 ans des efforts en matière de protection de l'environnement,
21:29 à travers la création de parcs nationaux, des aires marines, parfois au détriment de
21:36 son développement économique.
21:37 Comment entendez-vous allier développement et préservation de la nature ?
21:42 Ça c'est une escroquerie cette affaire-là.
21:45 Pourquoi ?
21:46 Parce qu'on ne peut pas renoncer aux deux bords de la chose.
21:51 On renonce à l'exploitation de la forêt ou de certains sites en disant qu'on conserve
21:58 au nom de l'environnement, etc.
22:00 Et en même temps, on n'a pas les recettes qui devraient venir de ça.
22:06 Et ces recettes c'est quoi ?
22:07 On devrait voir venir ici, dans notre pays, des touristes qui se développent une certaine
22:15 forme de tourisme, qui devraient se développer dans les réserves, dans les parcs nationaux
22:20 que nous avons faits.
22:21 On en a 13.
22:22 On a été félicité au monde entier.
22:24 Mais combien de touristes sont partis du monde pour venir se promener et voir ces parcs ?
22:30 S'il n'y en a pas, ça veut dire qu'il y a un problème.
22:33 Ça peut être que nous faisons mal la promotion de ces parcs, ou bien en réalité il n'y
22:40 a pas un marché pour ça.
22:42 Et donc c'était une belle idée sur le papier, mais c'est un marché qui ne produit pas de
22:47 l'argent.
22:48 Il faut qu'on attaque clairement la question et qu'on sache quel est le problème qui
22:53 est posé avec ça.
22:54 Est-ce que c'est le marché qui n'existe pas ? Ou bien c'est nous qui faisons une
22:59 mauvaise promotion de notre secteur ?
23:00 Mais si vous prenez déjà l'interligament, on a 13 parcs, faites le tour des établissements
23:05 scolaires, universitaires.
23:08 Vous ne verrez aucune photo de ces fameux parcs qui sont de très beaux parcs.
23:13 Vous ne les verrez nulle part dans les endroits où on forme nos enfants.
23:16 Comment vont-ils savoir quelle est la beauté intérieure du pays ? Mais si eux ne savent
23:21 pas, qui va savoir ?
23:22 Alors c'est un patrimoine qui est gardé jalousement par un petit noyau de personnes
23:29 qui sont dans les parcs.
23:31 Mais l'intérêt d'avoir des parcs, c'est oui de préserver pour que les zones qui sont
23:37 particulièrement belles ne soient pas altérées.
23:40 Mais la contrepartie, ça devrait être qu'on montre ces parcs aux gens, au monde entier,
23:46 en contrepartie d'un petit quelque chose.
23:48 C'est-à-dire d'un tourisme lié à cela.
23:52 Mais on ne peut pas à la fois dire qu'on ne visite pas, qu'on n'exploite pas, qu'on
23:59 n'a pas de tourisme, mais les parcs restent là, ils sont gelés, on ne fait rien.
24:02 Ça, ce n'est pas possible.
24:03 Donc il faut régler la question de l'adéquation entre l'existence de ces parcs et l'information
24:10 commerciale, l'information que l'on donne au monde entier sur l'existence des parcs
24:15 pour attirer les gens, pour que les gens viennent voir ce merveilleux que nous avons.
24:19 Si on n'arrive pas à attirer les gens, alors il faut attirer la conséquence et dire que
24:23 ça ne rapporte rien.
24:24 On va faire un autre usage de ça.
24:25 Très bien.
24:29 Abordons maintenant les questions de défense.
24:31 La relation entre les populations et les forces de sécurité et de défense s'est considérablement
24:36 dégradée au point que les Gabonais ne leur font plus confiance.
24:40 Comment comptez-vous réconcilier ces deux composants de la société si vous êtes élu
24:45 président de la République ?
24:46 Il faut d'abord se demander pourquoi la relation s'est brisée.
24:54 Pourquoi il y a ce rejet qui se produit ?
24:57 Je pense que les forces de défense sont exclusivement mises en valeur dans le cadre de la répression
25:04 des populations.
25:05 En fait, on les met en valeur à deux échelles.
25:08 Soit pour faire des contrôles de police dans lesquels on prend de l'argent sur la route
25:15 entre gendarmes et policiers.
25:16 C'est le premier cas de figure.
25:18 Le deuxième cas de figure, dans les opérations de répression, parce qu'il y a une manifestation,
25:23 il y a une élection, etc.
25:25 Les deux choses conduisent à un rejet.
25:28 Or, un pays, tout pays au monde, a besoin de forces de défense et de sécurité, d'une
25:35 bonne police, d'une bonne gendarmerie, d'une bonne armée qui sont les garants d'une certaine
25:40 rigueur, d'une certaine moralité.
25:44 Et la question est, est-ce qu'aujourd'hui, quand on regarde bien les agissements dans
25:51 la rue, les agissements des agents des services d'ordre qui sont mis dans la rue, est-ce
25:57 que ces agissements reflètent, renvoient, suscitent, donnent envie de respecter ?
26:03 Si ce n'est pas le cas, je pense qu'il faut commencer par soigner cette image.
26:10 Je pense que c'est l'usage qui est fait à l'heure actuelle des forces de défense
26:15 qui fait aujourd'hui, qui crée leurs problèmes.
26:17 Il faut que l'on fasse un autre usage, c'est-à-dire qu'on utilise l'armée, la gendarmerie,
26:23 la police pour des opérations qui valorisent leur formation d'une part, mais surtout
26:32 qui valorisent leur moralité, leur comportement, et non pas qui les placent en position d'oppresseurs
26:39 vis-à-vis de la population ou de prédateurs vis-à-vis de la population.
26:42 Il y a des gens de très grande valeur dans les forces de police, dans les forces de gendarmerie,
26:46 dans tous les pays du monde.
26:49 Ce sont les meilleurs, normalement, parce que ce sont des gens qui sont capables de
26:53 supporter des efforts très importants qui vont dans les écoles d'officiers, d'officiers
26:58 des armées, d'officiers de gendarmerie, d'officiers de police, etc.
27:00 Ce sont des gens, parce qu'ils ont l'endurance physique, ils ont aussi la moralité et la
27:04 capacité de tennis.
27:05 Mais si ces gens-là sont tirés vers le bas, le résultat est que l'impact qu'ils ont
27:12 sur la population est désastreux.
27:14 Il faut donc revenir, ramener la balle au centre du terrain et utiliser policiers, gendarmes,
27:19 militaires pour ce qui est en réalité leur première mission, et non pas des missions
27:25 de répression, de prédation, etc.
27:28 Le Gabon a fait l'objet ces dernières années de plusieurs attaques pirates.
27:34 La dernière en date a eu lieu dans la nuit du 1er au 2 mai 2023.
27:40 Comment comptez-vous mieux défendre nos côtes et épargner le pays de tels événements ?
27:45 J'ai dit à plusieurs reprises ce qui était mon avis sur cette question-là.
27:52 D'abord, j'ai pensé que c'était une bonne opportunité pour prendre la mer comme
27:58 une opportunité de redéploiement des marins.
28:01 Nous avons un corps de marins, des gens qui ont appris à naviguer, qui connaissent son
28:09 contente de la mer, c'est là-dedans qu'on devrait prendre des gens qui ont 15-20 ans
28:14 d'armée déjà, pour les envoyer à des formations complémentaires pour devenir des
28:18 pêcheurs.
28:19 Pour moi, il faut acheter une dizaine, une quinzaine, une vingtaine de bateaux de 8 à
28:29 12 places pour pouvoir faire la pêche sur nos 800 km de côte et partager les 800 km
28:34 de côte en segments de 50 à 100 km, balayés par ces bateaux et qui devraient être suffisamment
28:42 bien équipés pour donner l'information à des navires, cette fois-ci vraiment militaires,
28:49 sur les opérations et les mouvements suspects qu'ils envoient.
28:51 On ne peut pas avoir 800 km de côte et puis il n'y a pas les gens dessus en permanence.
28:57 Donc, le plus simple c'est de prendre des gens, et j'ai toujours indiqué qu'il
29:01 faudrait créer une ou deux compagnies qui deviennent des pêcheurs.
29:06 C'est d'abord une occasion de récupérer un corps de métier pour le donner aux gabonais.
29:09 Quand les gens ont déjà, ceux qui sont entrés dans l'armée à 20 ans, quand ils
29:13 arrivent à 35-40 ans, ils ont déjà 15-20 ans d'armée, on peut dire bon, c'est là,
29:17 vous partez.
29:18 Ils font faire une formation, ils savent déjà naviguer, on leur fait une formation
29:21 à l'utilisation du matériel de pêche.
29:24 Et ensuite, ces gens-là, on les aide à occuper des bateaux, comme je viens d'indiquer,
29:29 sur une chaîne, qui doit avoir 8 bateaux dans un sens et 8 dans un autre, ça en fait
29:33 16 ou bien un peu plus ou un peu moins, etc.
29:36 Et ils vont pêcher en limite de frontière, de telle sorte qu'ils ont la capacité de
29:40 surveiller.
29:41 C'est, de mon point de vue, la façon la plus simple de procéder.
29:45 Après, on peut ajouter des moyens de surveillance complémentaires, qui sont des moyens de surveillance
29:49 radar, des moyens de surveillance, etc.
29:51 Mais rien ne vaut le contexte sur le terrain, des gens qui se croisent, qui y voient, et
29:55 puis c'est tout.
29:56 Le naufrage du mini-ferry Esther Miracle, survenu en mars dernier, a démontré à
30:03 l'opinion l'incapacité de nos forces de défense à assurer avec efficacité une mission
30:08 de sauvetage, malgré les près de 5% du budget de l'État, qui lui sont consacrés
30:16 quasiment chaque année.
30:17 Comment comptez-vous faire de l'armée gabonaise une armée républicaine ?
30:21 Je ne sais pas si c'est comme ça qu'il faut aborder le problème.
30:28 Il y a des questions qui me sont venues lorsque ce drame est arrivé, et je n'ai toujours
30:34 pas de réponse à ces questions aujourd'hui.
30:35 Par exemple, les navires normalement ont un transpondeur qui doit être allumé quand
30:42 ils se mettent à la mer.
30:44 Et donc normalement, quand ils sont en mer, cet appareil indique la position exacte du
30:53 lieu où se trouve le bateau.
30:54 Que s'est-il passé ? Cet appareil existait-il ? Oui ou non sur l'Esther Miracle ? S'il
30:59 n'existait pas, pourquoi n'existait-il pas ? Et s'il existait, quelle est en réalité
31:05 la célérité dont on fait preuve les secours de notre pays ? Il faut s'interroger.
31:11 Quand un drame est survenu, il est déjà là.
31:14 Maintenant, il faut le disséquer et l'analyser complètement pour se faire une opinion de
31:19 ce qui s'est passé et colmater les brèches pour que ça ne se reproduise pas.
31:24 Aujourd'hui, je ne suis pas sûr, mais peut-être que c'est le cas, mais je ne suis pas sûr
31:29 que ça ne pourrait pas se reproduire.
31:31 Et ça, ça m'inquiète.
31:33 Je pense qu'il faut que les corps qui sont en charge de ces opérations procèdent régulièrement
31:43 à des exercices de répétition de telles manœuvres.
31:46 On ne peut pas avoir un pays comme le nôtre, on devrait avoir au moins une, sinon deux
31:50 fois par an, une manœuvre de ce type-là dans les corps, au minimum.
31:55 Je me rappelle que je suis allé à Chicago dans les années 2002, dans une petite université
32:02 à Dominican University.
32:03 Et j'étais là, et un jour, il y a eu une alerte.
32:08 J'étais là, je regardais un peu en l'air.
32:11 On m'a dit « attention, il faut sortir, vous ne touchez rien, vous ne prenez pas votre
32:15 sac, vous sortez, c'est tout.
32:17 Et si vous ne sortez pas, vous avez un manteau de 500 dollars.
32:19 » J'ai dit « mais on dit non, il faut sortir, c'est comme ça que ça se passe.
32:24 » C'était un exercice de répétition.
32:26 Alerte, incendie dans l'université.
32:28 Et après, les pompiers ont vérifié les portes, les ascenseurs, tout ça, et mis des
32:35 tickets pour dire « ça, ça a été vérifié, ça n'a pas été vérifié.
32:38 » Dans notre pays, à quel moment fait-on des exercices de simulation ? On n'en fait
32:43 jamais.
32:44 S'il y a un incendie qui se déclenche, et qu'une station puis une deuxième explose,
32:48 etc., quelle est la réaction qu'on va avoir ? Qui fait quoi dans ce cadre-là ? Je pense
32:55 que nous devons essayer de regarder les choses d'une façon logique et nous entraîner
33:01 pour que, si jamais il y a un problème, on le fasse.
33:04 Demain, si je suis élu, oui, je veillerai à ce que les exercices de répétition, d'entraînement,
33:08 de prévention soient réguliers et que les gens soient préparés à intervenir lorsque
33:15 malheureusement l'occasion se présentera.
33:16 Très bien.
33:17 Abordons maintenant les questions économiques.
33:22 Avec un taux de chômage estimé à 32% et qui avoisine les 40% chez les jeunes selon
33:30 les données de la Banque mondiale, la problématique de la création d'emplois constitue un point
33:35 douté, l'un des principaux défis du futur président de la République.
33:40 Comment le président Doncima entend juguler ce phénomène qui obère au bon fonctionnement
33:45 du pays ?
33:46 Je crois que pour créer de l'emploi, il faut distinguer plusieurs cas de figure.
33:55 Il faut compter sur la création d'emplois du fait de l'implantation de nouvelles entreprises
34:02 sur notre territoire pour pousser d'autres activités.
34:05 Mais il faut également compter sur la possibilité pour que des jeunes ou des moins jeunes, des
34:11 seniors qui ont pris leur retraite et qui veulent, qui ont encore une certaine expérience,
34:16 puissent la mettre au service des autres et pour créer de petites entreprises.
34:20 Je le dis depuis le départ, le problème de la création des entreprises, ce n'est pas
34:24 la mise à disposition de l'argent au promoteur, c'est la mise à disposition au promoteur
34:30 de garanties crédibles dont ils peuvent se prévaloir auprès du système bancaire.
34:35 Si je suis président demain, un des objectifs que j'ai déjà annoncés, c'est que je mettrai
34:40 en place un fonds d'investissement permettant de servir de caution à ceux qui ont besoin
34:48 de créer des entreprises, des cautions crédibles.
34:51 Parce que si vous allez faire un atelier de menagerie et que vous avez des matériaux
34:55 qui coûtent 30 millions, si la caution que vous avez est de 10 millions, aucune banque
35:01 ne vous prêtera les 30.
35:02 Parce que là-bas on va dire, si vous faites un faillite de majeure, il y a un trou de
35:06 20 millions que personne n'a couvert.
35:08 Il faut donc aller vers des cautions et des garanties qui sont beaucoup plus importantes.
35:13 Ce qui ne veut pas dire qu'on va financer tout et n'importe quoi.
35:15 Parce qu'il faut bien s'assurer que le projet qui est présenté est un projet qui
35:21 a la capacité de survivre.
35:22 Avec un taux d'importation alimentaire estimé à environ 70%, soit près de 600 milliards
35:31 de francs CFA par an, le Gabon peine depuis des décennies à atteindre ses objectifs en
35:36 matière d'autosuffisance alimentaire.
35:38 Quelle solution suggérez-vous pour répondre à la question de la dépendance alimentaire
35:43 de notre pays ?
35:44 Je crois que dans la dépendance alimentaire, si vous regardez la totalité de ce qui constitue
35:51 ces importations, il y a des produits sur lesquels nous ne pouvons absolument rien là-dedans.
35:55 Je veux dire que les gens qui boivent du vin, les gens qui consomment du fromage et du caviar,
36:03 ces choses-là, quoi que nous fassions pour l'instant, ce n'est pas de même la
36:06 faire qu'on va les produire.
36:07 Mais ça fait partie des 600 milliards.
36:09 Donc regardons la partie qui est accessible.
36:12 Je continue à dire, je l'ai dit et je continue à dire, que l'un des plus gros réservoirs
36:17 d'emploi que nous avons, c'est l'agriculture.
36:19 Si je suis président demain, je veillerai à mettre en place un programme de création
36:25 de fermes modernes dans les provinces.
36:27 Des fermes modernes dans les provinces.
36:29 Ce sont des fermes qui auront au départ une dizaine d'hectares, 10 à 15 hectares,
36:34 qui seront des fermes mécanisées et qui seront des petites entreprises.
36:38 C'est-à-dire des fermes où l'usage du matériel mécanique sera important de façon
36:46 que, puisque nous avons un problème de coût de la main d'œuvre, c'est dans ces conditions
36:50 que nous pourrons améliorer notre production dans un certain nombre de cultures, dans
36:56 un certain nombre de productions.
36:57 C'est connu, vous avez cité tout à l'heure, le diététiste Jean Desveigles.
37:02 Oui, on peut avoir quelques petites plantations de verre comme ça.
37:05 Mais nous n'avons pas un avenir industriel très important dedans parce que nous n'avons
37:08 pas la main d'œuvre pour ça.
37:10 Par contre, nous pouvons devenir demain de gros producteurs de maïs, de riz, etc.
37:16 Parce que d'une part, nous avons des plaines qui sont considérables, dans lesquelles on
37:19 peut planter, dans lesquelles il faut tout faire pour planter.
37:22 Nous avons de l'eau en quantité qui sert à arroser, etc.
37:26 Donc c'est dedans qu'il faut évidemment déverser cela.
37:30 Mais nous avons aussi des zones de forêt qui peuvent être utilisées en partie pour
37:34 faire soit de la forêt pour planter des espaces bien déterminés, ou alors pour faire de
37:40 l'agroforesterie parce que c'est un monde qui est de plus en plus à la mode.
37:43 C'est un monde d'exploitation qui est de plus en plus à la mode.
37:45 Mais j'insiste sur le fait que si l'on veut envoyer des gens dans l'agriculture,
37:51 il faut s'assurer qu'il faut partir d'un modèle économique sérieux.
37:55 Il ne faut pas partir d'un idéal, que voilà on va faire de l'agriculture, c'est bien.
38:00 Non, non, non.
38:01 Il faut partir d'un modèle économique.
38:02 C'est-à-dire qu'on doit savoir que le jeune homme ou la jeune fille qui prend une
38:06 ferme, elle va avoir un niveau de revenu de 500 000 francs par mois, ou de 700 000 francs
38:11 par mois.
38:12 Et puis ses ouvriers vont avoir 200 000 francs de revenu par mois.
38:15 Et donc si on prend l'un dans l'autre, entre les revenus de l'exploitant et ceux
38:20 de ses employés, on est parti pour 2 millions, 3 millions de charges salariales par mois.
38:27 Et donc il faut caler la production attendue de cette exploitation agricole sur ces charges-là,
38:36 y compris les autres frais complémentaires qui servent au fonctionnement des machines,
38:41 etc.
38:42 Il faut partir d'un modèle économique sérieux pour inciter les jeunes à aller dans l'agriculture
38:48 et passer le stade de l'agriculture ordinaire à une agriculture qui va se transformer.
38:52 Nous ne pouvons pas nous permettre de simplement couper.
38:54 Nous allons devoir couper, planter et transformer ce que nous allons produire.
38:58 Très bien.
39:01 Contrairement à leur forte mobilisation dans le domaine politique, particulièrement en
39:07 France et aux États-Unis, les Gabonais de l'étranger ne contribuent en rien au PIB
39:12 de leur pays d'origine.
39:13 On témoigne des chiffres de la Banque africaine de développement qui indiquent que cette
39:18 contribution n'atteint même pas les 5 000 dollars.
39:21 Comment comptez-vous tirer parti de l'expérience de cette diaspora pour redynamiser l'économie
39:28 nationale ?
39:29 D'abord, il faut savoir que lorsque la diaspora est dans une zone rapatrie de l'argent,
39:39 par exemple si on prend les pays d'Afrique de l'Ouest, souvent ça correspond à un
39:43 comportement très ancien dans ces zones-là, où on a quelqu'un qu'on a envoyé et qui
39:48 travaille et qui pense au village, qui renvoie quelque chose.
39:50 Les chiffres qu'on donne me paraissent un peu faibles parce que je sais que les gens
39:56 ne signalent pas nécessairement ce qu'ils envoient.
39:59 5 000 dollars, ça me paraît tout à fait faible.
40:02 Je pense que les gens ont une contribution un peu plus forte, mais elle est insignifiante
40:06 en comparaison de ce qu'on voit les autres faire.
40:09 Comment va-t-on faire pour les mettre en contribution ?
40:12 Je pense qu'il faut créer des opportunités et inciter ceux qui sont partis, qui sont
40:19 installés dehors, à venir prendre en charge ces opportunités, s'impliquer dans ces opportunités
40:26 pour pouvoir être soit en direct, soit en partenariat avec d'autres personnes qui sont
40:32 là-dedans et qui ont vocation à produire la même chose qu'eux.
40:36 Je ne pense pas qu'on puisse décréter quel va être le niveau de ce que la diaspora
40:43 va donner, mais je pense qu'on peut inciter la diaspora à revenir dans le jeu économique,
40:51 non pas seulement dans le jeu politique, mais à venir dans le jeu économique de telle
40:55 sorte que sa contribution soit beaucoup plus significative.
40:58 Très bien.
40:59 Abordons maintenant les questions politiques.
41:01 Selon un rapport d'AFO/Maitre, les populations n'auraient plus confiance en la justice
41:11 gabonaise qu'elles considèrent comme étant à la solde du plus offrant, donc corrompu.
41:18 Comment entendez-vous redonner confiance à la justice si vous êtes élu ?
41:25 C'est une question très importante.
41:27 J'ai moi-même un procès qui dure depuis 8-9 ans, il n'y a toujours pas de solution.
41:33 C'est une situation qui est terrible.
41:37 Et je me dis si moi qui ne suis quand même pas le dernier dans la collectivité, si je
41:44 peux avoir un procès qui ne se dénoue pas en 8-9 ans, qu'en est-il pour d'autres
41:48 personnes beaucoup abandonnent ? Comment va-t-on le faire ? Je pense qu'il faut faire une
41:53 réforme de la justice.
41:54 D'abord, il faut, comme je l'ai indiqué, créer un conseil supérieur de la justice.
42:00 Et ce conseil supérieur de la justice devrait être impliqué des magistrats et des non-magistrats.
42:07 Et devrait également obtenir un système de notation et d'évaluation, d'appréciation
42:16 des magistrats qui n'a rien à voir avec le système politique actuel.
42:20 Je pense que les magistrats sont dans un système, ils sont gérés dans le cadre d'un système
42:25 politique.
42:26 Et dans ce système politique, chacun ne veut pas mécontenter le président du conseil supérieur
42:32 de la justice qui n'est n'importe que le président de la République et en contrepartie
42:36 les gens obtiennent des applications dont ils ont besoin.
42:39 Il faut revenir à un système de notation, à un système d'évaluation qui va permettre
42:44 de se faire une opinion différente des résultats que les magistrats font.
42:48 Et avoir, bien sûr, à côté, dans le cadre de ce système d'évaluation, un système
42:53 d'une inspection qui permet de voir les jugements qui ont été prononcés par les magistrats
42:59 et de les confronter.
43:00 On dirait, bon voilà un exemple ou deux de jugements qui sont aberrants ou incohérents
43:05 et de telle sorte que tout cela soit revu et participe à l'appréciation de celui qui
43:13 est le seul à s'y aller, à des comportements qui ne sont pas forcément...
43:16 Je pense que tant qu'on n'aura pas fait cela, il sera très difficile de remettre de l'ordre
43:21 dans la maison de la justice.
43:22 Très bien.
43:23 Le renouvellement de la classe politique est une des demandes fortes des Gabonaises et
43:28 des Gabonais.
43:29 Pourtant la concertation politique n'a pu aboutir à la limitation des mandats électifs.
43:36 Entendez-vous revenir sur cette réforme si vous êtes élu président le 26 août prochain?
43:43 Je crois que nous nous posons parfois de mauvaises questions.
43:46 La bonne question c'est est-ce que les élections sont transparentes?
43:50 Est-ce qu'elles sont claires?
43:52 Est-ce qu'elles sont crédibles?
43:54 Je prends un exemple que nous avons tous vu.
43:57 Madame Angela Merkel a été chancelière en Allemagne plus de 15 ans.
44:02 On n'a pas entendu quelqu'un parler de cette durée au pouvoir.
44:07 Même en France où le mandat présidentiel était de 7 ans, 2 fois 2 ça fait 14, elle
44:14 a dépassé l'équivalent de deux mandats de président de la République en France.
44:18 Mais quelle est la différence?
44:20 C'est que le système d'élection en Allemagne n'est pas parfait mais est d'un niveau
44:29 tellement élevé en mécanisme de contrôle que les gens ne remettent pas en cause la
44:35 personne qui gagne une élection.
44:37 Je crois que le cœur de ce qu'on est en train de discuter se trouve là.
44:42 Il faut que le système électif soit beaucoup plus propre et s'il est propre, celui qui
44:47 gagne, gagne l'élection.
44:48 Maintenant, je ne veux pas faire de ça une question de mode.
44:53 Bien sûr que si on considère que quelqu'un a travaillé un certain temps, il doit partir.
44:59 Oui, il doit partir.
45:00 Parce que le risque c'est que celui qui a dépassé déjà un mandat, deux mandats,
45:05 commence à tirer les ficelles pour rester en place.
45:07 C'est la raison pour laquelle on se dit à tout prendre.
45:10 Il vaut mieux éviter que la possibilité de faire un troisième mandat ne soit pas
45:15 à l'heure du jour.
45:16 Je n'ai pas de problème à organiser les choses pour que l'on limite les mandats.
45:21 Mais je dis que même lorsqu'on limite les mandats, ce qui est le plus important, c'est
45:27 que vous pouvez avoir quelqu'un qui dure dix ans et qui vous perd dix années dans la
45:31 gestion du pays.
45:32 C'est le mécanisme de contrôle, le mécanisme d'évaluation qui est le facteur le plus
45:37 important pour savoir comment on procède en ce qui concerne la gestion de la collectivité
45:44 et l'évaluation de cette gestion.
45:45 Très bien.
45:46 L'un des plus gros chantiers auquel devra s'atteler le prochain chef d'État, c'est
45:52 sans aucun doute la réforme institutionnelle.
45:54 D'aucuns estiment qu'il faut nettoyer nos institutions de la cave aux greniers.
45:59 Quelle sera votre priorité en matière de réforme institutionnelle ?
46:03 Je suis personnellement favorable à un régime parlementaire.
46:06 Je ne m'en cache pas.
46:08 Je l'ai dit à plusieurs reprises.
46:09 Je suis favorable à un régime parlementaire.
46:12 Je pense que c'est celui qui gagne l'élection, c'est celui qui conduit la bataille de l'élection,
46:18 qui gagne l'élection, qui doit mettre en place sous sa propre responsabilité le projet
46:23 pour lequel il a convaincu les électeurs.
46:25 Et ça, c'est dans le régime parlementaire le chef du gouvernement.
46:28 Ensuite, il doit y avoir un président qui assure l'unité du pays, mais il est là pour
46:34 inaugurer les crises internes, pour recevoir les démissions, pour prendre acte des démissions
46:39 ou de l'impossibilité qu'il y a de trouver un accord entre les partis politiques et créer
46:44 un nouveau gouvernement.
46:45 Mais son rôle ne devrait pas être de gérer.
46:47 Et d'ailleurs, si vous regardez, la plupart des pays dans le monde sont dans un régime
46:51 parlementaire.
46:52 Donc, je suis personnellement favorable à un régime parlementaire.
46:57 Si je suis élu demain, oui, je vais mettre en route une assemblée constituante.
47:00 Ça, c'est évident que je mettais en route une assemblée constituante pour dire aux
47:04 gens, nous devons aller vers un régime parlementaire.
47:07 Et ce régime parlementaire doit régler la question.
47:10 D'ailleurs, il réglera la question de la durée des mandats.
47:12 Très bien.
47:13 Nous arrivons au terme de cette interview.
47:16 Après avoir pioché la question des internautes, vous aurez l'attitude de donner votre mot
47:23 de fin à ceux qui nous ont regardés.
47:26 Je prends une question ici.
47:27 Je vais vous donner une question et vous lisez.
47:28 Ensuite, vous répondez.
47:29 Ça l'est, venez.
47:30 Tu veux me la donner ou je l'ai ?
47:31 Non, vous lisez.
47:32 Les démocrates viennent d'adouber la présidence de l'Union nationale par les émissions
47:33 de vote.
47:34 Comportent-ils tendance à donner leur formation politique à l'élection présidentielle
47:35 2023 ? Vous, en tant que membre de la tendance 2023, pleine par laquelle appartiennent ces
47:36 deux formations politiques, êtes-vous convaincu qu'on aboutira à une candidature consensuelle
47:37 ?
47:38 Je pense que c'est une question qui est très importante.
47:39 Je pense que c'est une question qui est très importante.
47:40 Je pense que c'est une question qui est très importante.
47:41 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:09 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:16 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:17 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:18 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:19 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:20 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:21 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:22 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:23 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:24 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:25 Je pense que c'est une question qui est très importante.
48:26 Je pense que c'est une question qui est très importante.
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