00:00A Awengecité, dans la commune de Libreville, l'eau ne coule pas des robinets.
00:06Ici, les habitants vivent au rythme de la pénurie. Les sceaux et les bidons sont devenus le quotidien.
00:12Parmi eux, un jeune homme fait la différence. A 28 ans, Herman Dominique Moussavou Muiti est devenu une figure familière du quartier.
00:21Chaque jour, il se lève tôt pour aller chercher de l'eau là où elle est encore accessible et la redistribue à ceux qui en ont besoin.
00:28L'activité aujourd'hui se résume au remplissage d'eau. Je lève tant bien que mal l'eau à tous les ménages.
00:36Toutes les personnes qui se retrouvent dans le besoin et qui n'ont pas de personnes pour les aider.
00:41Voilà, parce qu'il y a certaines personnes qui vont au travail, les autres sont des personnes âgées. Il y en a encore, il y a les paralétypes.
00:48Regardez-vous même déjà tout ce qui fait mes journées chaque jour.
00:53Donc on m'appelle, j'ai pu tisser des relations avec certains clients. Donc chaque jour, ils m'appellent parce qu'on sait que l'usage de l'eau est impératif chaque jour.
01:03Herman ne travaille pas seul. Autour de lui, une petite équipe de jeunes s'est formée.
01:09On contient un peu le deuxième groupe là.
01:11Il semble qu'ils ne se contentent pas de porter les bidons. Ils partagent des valeurs, respect, entraide, responsabilité.
01:23Car pour Herman, ce n'est pas juste une question d'eau, c'est une mission.
01:27Ce sont mes petits frères, je voudrais leur enseigner la valeur de chercher l'argent à l'assureur de 100 francs.
01:33Il ne faudrait pas qu'ils aient recours à la facilité, parce qu'on sait tous sur la facilité conduite.
01:37Voilà, je ne voudrais pas qu'un jour, ils fassent les mêmes erreurs que leurs frères.
01:40Surtout, leur apprendre que le complexe n'en mène nulle part.
01:44L'argent n'a pas de couleur. Vraiment, c'est ce que j'aimerais leur récolter.
01:47Dans un quartier trop souvent oublié par les services publics, ce jeune homme incarne une réponse citoyenne.
02:01Là où l'Etat échoue, il agit et transforme l'absence en opportunité.
02:06Voilà, les profins diront que ce n'est que du muscle, ce n'est que du muscle.
02:09Mais après, il y a toute une logistique derrière.
02:12Il faut d'abord enregistrer les commandes.
02:16Il faut ensuite veiller à ce que les commandes soient livrées à bon port,
02:19et que le nombre soit toujours intact.
02:23Du coup, je me sers de ce carnet.
02:26Là où j'enregistre toutes les commandes, les zones, tout ça.
02:30Ça me facilite vraiment le travail.
02:43Je suis le président de la transition.
02:45En tant que carboneurs, pas seulement en tant que carboneurs, en tant qu'humains, nous avons besoin de votre aide.
02:52Vous savez, il n'est pas toujours facile pour tout le monde d'être avitaillé en nous.
02:56Il y en a qui n'ont pas d'argent pour se procurer mes services.
02:59Il y en a qui n'ont pas d'énergie pour aller dans les pompes.
03:02Voilà, donc c'est vraiment pas facile.
03:04Au quotidien, je vois des personnes, et parfois, je suis obligé de faire une mine de compassion.
03:09Lorsque je vois des personnes âgées, par exemple, qui n'arrivent pas à transporter leurs cheveux,
03:12je suis obligé de me faire un peu l'enfant de tout le monde.
03:15Vous qui êtes le père de tout le monde, vous qui avez le pouvoir de changer les choses,
03:19je vous en prie, ayez un regard de compassion pour cela.
03:22Même si pour nous, les jeunes, on ne sent pas encore le poids, mais regardez les personnes âgées,
03:26ceux qui nous ont donné la vie.
03:27À Aouindje cité, Herman ne fait pas couler l'eau à volonté, mais il fait circuler quelque chose de bien plus précieux,
03:33la solidarité.
03:35Une solidarité qui ne devrait jamais remplacer les services publics.
03:39Aujourd'hui, c'est à l'état de prendre le relais.
