Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 06/07/2023
Écoutez l'interview du ministre délégué à la Ville et au Logement, ancien maire de Clichy-sous-Bois.
Regardez L'invité de RTL du 06 juillet 2023 avec Stéphane Carpentier.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Merci à vous tous d'être là, il est 8h moins le quart, c'est donc le ministre délégué à la ville et au logement qui est en direct et en studio,
00:12 l'invité de RTL Matin, Olivier Eclin, ancien maire de Clichy-sous-Bois.
00:16 On va essayer de comprendre avec vous ce que vous allez faire pour les quartiers, pour les zones sensibles,
00:21 après ces émeutes et ces pillages qui ont marqué le pays.
00:24 D'abord, cette nuit a été plutôt calme sur le territoire, comme les trois précédentes,
00:28 après une fin de semaine dernière de haute intensité.
00:30 Vous croyez-vous à une accalmie réelle ou vous pensez que ça peut repartir ?
00:34 Bonjour, écoutez, on ne peut jamais prévoir, mais la priorité du gouvernement, c'était ce retour au calme, ce retour à l'ordre,
00:45 parce que les quartiers populaires, les habitants de ces quartiers, souhaitent ce retour au calme et ce retour à l'ordre.
00:52 C'est absolument nécessaire. On ne peut pas accepter cette violence,
00:55 cette violence qui se tourne contre son propre quartier, contre ses équipements publics, contre ses élus.
01:01 Et donc, on s'est donné les moyens de ce retour au calme. Il faut qu'il continue.
01:07 Je salue le travail, bien évidemment, des forces de police, des pompiers,
01:10 mais aussi des élus, des habitants, des militants associatifs, des parents qui ont contribué à ce retour au calme.
01:16 Il faudra qu'il continue et qu'on s'en donne les moyens aussi longtemps que nécessaire.
01:21 Vous nous dites que c'est difficile de prévoir, mais on peut imaginer que les 13, 14 juillet prochains, ça sera sans doute compliqué ?
01:27 Écoutez, c'est toujours des périodes qui peuvent l'être, mais je peux vous assurer que l'action du gouvernement
01:33 prévoit ces moments particuliers, avec des feux d'artifice, un moment populaire.
01:39 Le 14 juillet, c'est une belle fête dans laquelle il faut être fier, se réunir, faire des pique-niques,
01:46 des choses qu'on a l'habitude de voir, participer pour ce qu'il souhaite à ces événements et le faire dans le calme et dans l'ordre.
01:53 Alors Olivier Klein, et maintenant, qu'est-ce qu'on fait pour repenser les plaies, pour reconstruire,
01:57 avant de tenter d'améliorer enfin les choses dans ces banlieues souvent délaissées ?
02:01 Emmanuel Macron a annoncé une loi d'urgence pour la reconstruction après les émeutes. C'est quoi cette loi ?
02:06 Bien évidemment, il y a des équipements publics qui ont été abîmés, donc il faut les réparer.
02:10 Il faut accompagner les collectivités locales à se donner les moyens de réparer vite.
02:14 Quand une bibliothèque n'a pas pu rouvrir ses portes, quand une mairie ne peut plus accueillir ses concitoyens
02:20 pour faire des passeports de l'action sociale, un conservatoire, il faut aider les collectivités à réparer plus vite.
02:28 Donc il y a le travail des assurances, bien sûr, il y a le travail financier.
02:32 Le ministre de l'Intérieur a annoncé 20 millions d'euros pour remettre en route les caméras de vidéoprotection.
02:37 Et puis il y a des règles d'urbanisme, et donc il y a des circulaires qui disent
02:41 "dans ce cadre-là, on peut aller plus vite si on reconstruit à l'identique, pas besoin de permis".
02:46 Enfin tout ce qui permet d'aller plus vite pour que nos concitoyens puissent retrouver l'accès à leurs services publics
02:50 si importants dans les quartiers populaires.
02:52 Et là ils vous écoutent et quand ils entendent "plus vite", ça veut dire quoi concrètement ?
02:55 A l'impossible d'une étonnue. Vous savez, la bibliothèque de Clichy-sous-Bois, que je connais bien, a été très abîmée.
03:01 Il va falloir des analyses. Aujourd'hui, l'expert de l'assurance passe, donc ça dépendra du niveau de dégradation.
03:10 Mais parfois il y aura aussi des modulaires pour rouvrir plus vite l'accès aux services publics.
03:15 J'étais à Persan samedi matin, le maire ne pourra pas réouvrir sa mairie comme ça en claquant des doigts.
03:21 Il y a beaucoup de travaux à faire malheureusement, mais on l'accompagnera d'abord dans une dimension provisoire,
03:26 et c'est le travail que mène le préfet, et puis ensuite pour réouvrir complètement sa belle mairie.
03:31 La mairie circulaire et la loi d'urgence, vous ne me répondez pas sur le calendrier.
03:34 Ça semble un peu flou.
03:35 Non, pas du tout. Il y a eu une première version qui a été montrée en Conseil des ministres hier.
03:41 Le président de la République a souhaité être encore plus efficace.
03:45 Les démarches sont déjà en cours.
03:49 Vous savez, les maires n'attendent pas le gouvernement pour aller voir leur assurance et leur préfet.
03:53 C'est maintenant.
03:54 C'est maintenant, et pour la loi d'urgence devant les parlementaires, c'est pour quand ?
03:58 Si la loi est nécessaire, elle passera pendant l'été bien évidemment.
04:02 Avant la pause estivale ?
04:04 C'est l'objectif, sinon il y aura des décrets, des ordonnances.
04:07 Tout ce qui peut être fait sera fait pour que les réparations démarrent le plus vite.
04:10 Mais je peux vous assurer que les maires et les préfets, à leur côté, sont déjà au travail.
04:14 Alors ça c'est reconstruire et c'est une première étape.
04:15 Qu'est-ce qu'on fait ensuite pour améliorer les choses sur le terrain, dans ces quartiers sensibles,
04:19 que vous connaissez si bien avec Clichy-Sous-Port.
04:21 Oui, bien sûr.
04:22 D'abord, il faut se dire qu'on a déjà fait beaucoup dans ces quartiers.
04:25 Oui, mais...
04:26 Oui, mais on ne peut pas expliquer ou excuser.
04:29 Il faut aussi le temps de la décantation et comprendre ce qui s'est passé, bien sûr.
04:32 Comment un drame, je le rappelle, comme la mort du jeune Nahel,
04:36 débouche sur un tel niveau de violence autodestructrice.
04:40 Donc ça, il faut le comprendre.
04:41 Mais en même temps, il ne faut pas oublier tout ce qui a été fait.
04:43 Le renouvellement urbain, des centaines de millions d'euros qui ont été investis dans ces quartiers.
04:49 Le premier programme de renouvellement urbain,
04:51 le deuxième que j'ai eu la chance de lancer comme président de l'ANRU.
04:54 Le gouvernement précédent est passé de 5 milliards à 12 milliards pour l'Agence nationale du renouvellement urbain.
04:59 Ça veut dire qu'on va dépenser 50 milliards pour renouveler ces quartiers,
05:02 les changer en profondeur et en même temps soutenir les associations.
05:05 Vous savez, à Marseille, lundi soir, le président a commencé à annoncer "quartier 2030"
05:09 avant ce drame et avant ces émeutes.
05:12 Il a dit qu'on allait continuer à amplifier l'effort dans l'école, notamment les cités éducatives.
05:17 Dans le gouvernement précédent, on a créé 200 cités éducatives.
05:20 Tout le monde me parle du plan Borloo.
05:22 La réalité, c'est que ça, c'était l'élément phare du rapport Borloo,
05:25 c'est ces cités éducatives, faire que tout le monde s'occupe des enfants.
05:28 Et on le sait et on le voit aujourd'hui, cette priorité pour l'enfance.
05:30 Eh bien, le président de la République a dit "à Marseille, on va généraliser ces cités éducatives".
05:34 On va accueillir les enfants encore plus jeunes à l'école.
05:37 Parce qu'on le voit, le dédoublement des classes préparatoires.
05:40 100% des classes préparatoires ont été doublées dans les quartiers populaires
05:44 lors du précédent quinquennat.
05:45 Personne ne l'avait fait avant le gouvernement d'Emmanuel Macron.
05:48 Et l'enseignant que j'étais voit à quel point ça marche.
05:53 Ça marche dans la rapidité de l'apprentissage de la lecture.
05:55 Donc ne disons pas que rien n'a été fait, au contraire, beaucoup a été fait.
05:59 Et ne disons pas parce qu'il s'est passé ça, d'un seul coup, on sait ce qu'il faut faire.
06:03 Parce que personne n'a la recette magique.
06:06 Il faut comprendre ce qui s'est passé, l'analyser et tirer des conclusions
06:09 là où il faut faire plus d'efforts.
06:11 Il y a des gens qui vont vous dire "on a dépensé tellement de milliards pour ces quartiers-là".
06:14 Heureusement qu'on a dépensé tellement de milliards pour ces quartiers.
06:18 Non, ce n'est pas ça.
06:19 C'est que ces quartiers, ils ont besoin d'être accompagnés,
06:22 ils ont besoin qu'on les aide, qu'on leur dise qu'on les aime et qu'on les accompagne.
06:27 Vous savez, une des difficultés dans ces quartiers, c'est quand les gens vont mieux,
06:31 ils quittent ces quartiers.
06:32 La réalité, c'est qu'on ne s'adresse pas toujours aux mêmes personnes.
06:35 J'ai été maire, vous l'avez dit, j'habite Lichy-sous-Bois depuis que je suis né,
06:38 donc je connais cette ville.
06:39 Quand on va mieux dans un quartier populaire,
06:41 souvent, parce que la politique d'émancipation marche, on le quitte.
06:45 Ce qu'il faut qu'on réussisse, c'est donner envie aux habitants de ces quartiers d'y rester.
06:49 Et je crois qu'à ce moment-là, on aura beaucoup progressé.
06:52 Et pour qu'ils aient envie d'y rester, ils ont besoin de beaux logements,
06:54 ils ont besoin de transports pour aller bosser le matin,
06:56 ils ont besoin de tranquillité.
06:58 La tranquillité est essentielle.
06:59 Les habitants des quartiers populaires, comme tout le monde,
07:01 et peut-être encore plus que d'autres, veulent vivre tranquillement dans leur ville.
07:04 Dans RTL Événement, je ne sais pas si vous l'avez entendu à 7h15 tout à l'heure,
07:07 on était à Nanterre, on entendait des associations, des mots assez durs,
07:11 parce qu'elles se demandent si elles n'ont pas participé à l'échec,
07:14 ces associations qui sont sur le terrain.
07:15 Qu'est-ce que vous leur dites ?
07:16 Les associations, je les ai vues en début de semaine.
07:19 Je vous quitte pour avoir une autre réunion avec beaucoup d'associations des quartiers populaires.
07:23 D'abord, il ne faut pas céder au découragement.
07:25 Dans un moment comme celui-là, une forme de sidération,
07:27 on a tous à se demander ce qu'on a fait de bien et ce qu'on aurait pu faire de mieux.
07:32 Mais les associations, elles sont essentielles.
07:33 Elles jouent un rôle de service public, elles jouent un rôle de lien social dans ces quartiers.
07:38 Donc, ma responsabilité comme ministre de la Ville et du Logement,
07:41 à travers les nouveaux contrats de ville qu'on va signer en janvier,
07:43 à travers la mission que j'ai confiée à Mohamed Meshmash,
07:46 c'est de mieux les écouter, de mieux construire avec eux du sur-mesure.
07:49 Chaque quartier, ce qu'on va faire à Nanterre,
07:51 ce n'est pas ce qu'on va faire à Clichy-sous-Bois, ce n'est pas ce qu'on va faire à Pisse-Vin-Animes.
07:54 C'est du sur-mesure avec les habitants de ces quartiers, avec les associations,
07:56 les petites notamment de ces quartiers.
07:58 On va rester sur cet espoir positif.
08:00 Merci à vous Olivier, d'avoir été l'invité.
08:02 [SILENCE]

Recommandations