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  • 26/05/2023
Vendredi 26 mai 2023, BE SMART reçoit Inès Mergny (directrice générale opérationnelle, Ubi Bene) , Alexis Karklins-Marchay (Directeur général délégué, Eight advisory) , Antoine Hubert (Président & CEO, Ÿnsect) et Christiane Bertoncini (DG, Maison Thiriet)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonsoir à tous, bienvenue dans Bismarck. L'émission ravie de vous retrouver aujourd'hui.
00:13 Alors peut-être est-ce que vous avez la chance d'avoir un week-end de trois jours en perspective.
00:17 Dans ce cas, je vous propose un petit peu de lecture pour commencer cette émission
00:21 puisqu'on sera avec Alexis Karklin-Marchais qui publie "Pour un libéralisme humaniste, la voie ordo-libérale".
00:29 On en discutera dans quelques instants.
00:32 On parlera ensuite du marché des surgelés français en compagnie d'une maison française centenaire
00:38 puisque la directrice générale de Maison Thirier sera avec nous.
00:42 Et puis peut-être avez-vous une passion ou une détestation pour la dictée, en tout cas la plus grande dictée au monde.
00:49 Elle aura lieu la semaine prochaine sur les Champs-Elysées.
00:52 On en parlera avec les organisateurs et puis on terminera cette émission
00:57 en compagnie de l'une des scale-up industrielles françaises les plus importantes aujourd'hui.
01:02 Elle vient de lever 160 millions d'euros et dans le contexte actuel, on sait que c'est une performance.
01:09 On sera avec le patron d'Insecte en fin d'émission. C'est Bismarck l'émission. C'est parti.
01:14 Et pour commencer cette émission, on va faire un truc qu'on ne fait pas souvent.
01:24 On va s'intéresser à des courants économiques, à des courants de pensée en compagnie d'Alexis Karklins-Marchais. Bonjour.
01:31 Bonjour.
01:32 Vous êtes directeur général délégué Data Advisory et vous publiez ceci pour un libéralisme humaniste, la Voix ordo-libérale.
01:40 C'est aux presses de la Cité.
01:42 Alors avant qu'on détaille tout, ce que c'est que l'ordo-libéralisme que j'ai découvert en lisant votre livre,
01:49 vous commencez le bouquin en disant voilà le libéralisme aujourd'hui est en accusation.
01:53 Moi, je me suis dit oui et en même temps ne l'a-t-il pas toujours été, notamment en France ?
01:58 La France a ce paradoxe d'être le pays ou un des deux grands pays qui a vu naître le libéralisme avec le Royaume-Uni à la fin du 17e siècle.
02:07 Les premiers textes qui critiquent l'absolutisme, l'étatisme, la planification, le colbertisme.
02:12 Tout le long du 18e siècle, beaucoup d'écrivains français sont influencés par cette pensée d'obédience libérale
02:19 et même le libéralisme économique se développe en France jusqu'à des grands auteurs comme Jean-Baptiste Cé.
02:24 Et puis au 19e siècle, on aura ensuite Frédéric Bastiat et quelques autres en parallèle de ce qui se passe en Écosse et en Angleterre bien sûr.
02:30 C'est vrai que la France a toujours eu un rapport complexe avec le libéralisme, mais il y a une réalité.
02:35 C'est que ce libéralisme, il est devenu depuis les années 70, il est redevenu le corpus idéologique principal de la gestion économique mondiale.
02:47 Ça va au-delà de la France. La France est probablement le pays le moins libéral ou un des moins libéraux du monde occidental.
02:53 Mais le libéralisme, c'est une certaine façon, en tout cas telle qu'on le conçoit, celui qui est revenu dans les années 70 très fortement
03:00 au moment de l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher puis de Ronald Reagan.
03:04 Un peu le corpus idéologique principal. On le voit dans le consensus de Washington, il est mis en accusation.
03:10 Il est mis en accusation en France et il est mis en accusation dans le monde entier.
03:13 Et pourtant il a obtenu des résultats.
03:14 Oui, c'est ce que j'allais vous dire, c'est un modèle qui fait ses preuves.
03:17 Il a fait ses preuves. Les 50 dernières années ont vu des pays sortir de crises profondes.
03:23 Ce fut le cas du Royaume-Uni. Pas parfait, mais le Royaume-Uni, avec Margaret Thatcher, qu'on peut critiquer sur bien les aspects,
03:28 a retrouvé une dynamique économique alors que le pays est au bord de la faillite.
03:32 Et puis si on se place au niveau mondial, la libéralisation des échanges et la dérégulation, cela a conduit à un enrichissement sans précédent de la planète.
03:41 Je ne parle pas que du PIB mondial, je parle même du revenu par habitant.
03:45 On sait qu'y compris dans les pays qu'on appelait autrefois du tiers monde, on parle maintenant plutôt des pays émergents,
03:51 quand on regarde le niveau de population sortie de la misère, on a atteint objectivement presque le plus grand enrichissement du monde.
03:59 Alors il y a bien sûr la Chine, l'Asie en général, quelques autres pays sur différents continents.
04:04 Il y a un enrichissement général de la population.
04:06 Donc on pourrait dire que ça marche, sauf que dans les faits, le libéralisme est critiqué.
04:11 Il est critiqué par les intellectuels, mais aussi par des acteurs politiques et économiques qui considèrent qu'il a certaines dérives.
04:19 Et c'est ce que j'ai appelé le libéralisme du laisser-faire.
04:22 Alors en clivant volontairement pour bien l'opposer l'ordre au libéralisme, le libéralisme du laisser-faire,
04:28 mais très concrètement le libéralisme de la déréglementation, de la dérégulation, il est aujourd'hui critiqué.
04:34 Il est critiqué parce qu'on dit que ça favorise l'individualisme, parce qu'on dit qu'il a une logique très financière,
04:39 que seuls les critères de performance financière comptent.
04:42 Vous voyez une corrélation avec la montée des inquiétudes sur le plan climatique et les transitions ?
04:46 Eh bien justement, ça fait partie effectivement, et vous avez raison, ça fait partie de ces critiques.
04:49 Parce qu'on met en accusation le libéralisme sur les inégalités, et je crois qu'on a plus ou moins raison,
04:54 dans certains pays en tout cas, où des inégalités...
04:57 Nous sommes, nous en France, dans un pays très redistributif, mais dans certains pays, notamment aux Etats-Unis,
05:02 il y a eu un pléthore d'études, y compris par des économistes qui sont plutôt d'obédience libérale,
05:07 constatant qu'il y a bien des inégalités de patrimoine, et puis il y a l'accusation sur le climat.
05:12 Et le libéralisme serait antinomique de la protection de l'environnement,
05:17 et quelque part presque le responsable du réchauffement climatique
05:21 et des problèmes environnementaux que nous connaissons et qui sont bien réels.
05:24 Donc c'est une réalité, et j'ai voulu partir de cette forme de lucidité,
05:28 plutôt que de dire "mais non, c'est absolument pas vrai, la mise en accusation n'est pas justifiée".
05:32 Je crois qu'elle est très exagérée, je crois qu'on a trop tendance à critiquer le libéralisme pour beaucoup de choses,
05:37 mais il y a une réalité, c'est qu'aujourd'hui, dans beaucoup de pays, pas seulement en France,
05:41 il y a une forme de critique de ce libéralisme-là, et la réponse à ça, vous voyez,
05:46 on les voit, on les connaît toujours, c'est "alors soit il faut sortir du capitalisme,
05:50 donc voilà, ça va être la décroissance..."
05:54 - "C'est pas trop ma crèmerie personnellement !"
05:56 - Mais on le voit, c'est minoritaire, mais dans les médias, c'est assez présent,
06:00 la théorie de la décroissance, il y a beaucoup de gens qui parlent de la décroissance,
06:03 qu'il faut sortir du capitalisme, à peu près toutes les semaines, vous avez des nouveaux "intellectuels"
06:08 qui viennent expliquer que le capitalisme, c'est le mal absolu, il faut en sortir.
06:12 Quand vous dites, ce qui a toujours été ma thèse, qu'il est critiquable, il faut le critiquer,
06:17 mais de là à en sortir, on a vu ce que ça pouvait donner dans l'histoire.
06:20 Donc cette forme de réponse-là, elle n'est évidemment pas appropriée,
06:23 il faudrait encore plus d'Etat, alors oui on veut bien garder les communes de marché,
06:26 mais il faudrait encore plus d'interventionnisme.
06:29 J'ai envie de dire, quand on est en France, comment on peut faire pour aller encore plus loin ?
06:33 - Oui, c'est ce que j'allais vous dire.
06:35 - Donc c'est pour ça que cette thèse-là, elle est quand même un peu baroque,
06:38 et puis il y a une thèse opposée qui est le retour du souverainisme,
06:41 en disant "le libéralisme, c'est le libre-échange, c'est le mondialisme, et c'est Bruxelles,
06:45 il faut sortir de cela, il faut remettre les frontières, il faut remettre la nation au cœur."
06:50 Alors, encore une fois, on est à chaque fois sur des positions assez dures, assez tranchées, sans nuances.
06:59 J'ai préféré m'intéresser à, plutôt que de sortir du libéralisme, comment on peut le faire évoluer.
07:05 Et c'est là que j'ai rencontré l'ordolibéralisme, je l'avais déjà étudié dans des précédents ouvrages,
07:10 là ça a été vraiment une étude en profondeur, les grands textes de l'ordolibéralisme,
07:15 et voilà, est-ce que ça peut être une référence, un socle pour réfléchir à comment faire évoluer ce libéralisme
07:22 avec ce qu'il a de bien, mais aussi d'en corriger les dérives.
07:26 Et c'est là où ça m'a beaucoup étonnée, parce que je me suis dit, voilà, pour un libéralisme humaniste,
07:31 ok, il va me parler de raison d'être, d'entrepreneuriat, d'impact, de partage de valeurs,
07:37 et en fait, vous n'êtes pas allé chercher des nouvelles recettes ou des choses qui ont émergé récemment,
07:42 vous êtes allé chercher un courant qui existe déjà depuis les années 30, quelque chose comme ça.
07:47 C'est ça, l'ordolibéralisme est né au début des années 30 en Allemagne, comme une réponse,
07:53 après la terrible crise de 1929 et les conséquences économiques qu'elle a eues dans beaucoup de pays,
07:59 notamment en Allemagne, qui a été très profondément frappée par le chômage après la crise de 1929,
08:04 notamment au début des années 30, comme une réponse à ceux qui prétendaient que le libéralisme
08:09 était la principale cause, la principale raison de cet effondrement, mais en voulant garder une certaine forme de libéralisme,
08:18 en protégeant, en défendant l'idée d'un certain libéralisme, en acceptant aussi les limites de ce libéralisme du laissé-faire
08:26 qui a été rendu responsable, mais en excluant la montée de l'interventionnisme avec un risque totalitaire.
08:34 Et les ordolibéraux, certains ordolibéraux ont été très tôt, dès les années 30, avant même l'arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne,
08:41 ont presque une vision prémonitoire parce que Robke, qui est peut-être le penseur ordolibéral le plus connu,
08:48 écrit dans un texte très fort, lors d'une conférence, "Ceux qui vont voter pour les nationaux socialistes pensent qu'ils vont avoir l'ordre,
08:57 ils auront le désordre, le chaos, la guerre à l'intérieur et la guerre à l'extérieur."
09:02 Donc il naît à ce moment-là comme une forme de réponse, comme une recherche de troisième voie entre un libéralisme du laissé-faire et un interventionnisme massif.
09:11 C'est quoi, quand on analyse le mot "ordolibéralisme", c'est un libéralisme ordonné ?
09:18 Alors, le mot "ordo" fait référence à une conception chez Saint-Augustin de la société, effectivement, ordonnée, comme un ordre,
09:26 qui n'est pas que spontané, qu'il faut organiser. La grande différence entre le libéralisme, on va dire, de Hayek et l'ordolibéralisme,
09:33 chez Hayek, on a la conviction qu'une société spontanément, qui s'organise de façon spontanée, est la meilleure.
09:43 Chez les ordolibéraux, on a la conviction que la liberté pour s'exprimer doit être encadrée.
09:49 Et elle doit être encadrée au sens légal du terme, c'est-à-dire qu'il faut une organisation, ça se décide,
09:54 parce que si vous laissez la liberté faire toute seule, il y a des risques de dérive. Je vais prendre un exemple très concret.
10:00 Lorsque vous êtes sur un secteur particulier, vous avez une entreprise très puissante.
10:04 Si vous n'encadrez pas l'économie, vous avez un risque que cette entreprise très puissante devienne un jour un monopole.
10:10 Et un monopole, ça veut dire des rentes de situation, ça veut dire des situations défavorables pour le consommateur,
10:15 potentiellement des entreprises si importantes qu'elles peuvent même faire pression sur le politique.
10:20 Et donc la crainte de ces dérives vers des situations monopolistiques est un enjeu majeur pour les ordolibéraux
10:29 qui vont justement combattre cette idée qu'il faut laisser faire dans toutes les situations, au contraire, il faut que l'État soit présent.
10:35 Et donc il y a toute une pensée chez les ordolibéraux, contrairement aux libéraux classiques,
10:40 qui cherchait à réhabiliter l'État dans certaines fonctions et sous certaines conditions,
10:46 et lui retrouver un rôle dans l'économie qui aille au-delà du régalien justice police armée.
10:51 Donc c'est vraiment ça le cœur de la pensée ordolibérale.
10:54 Je le résume souvent en une phrase, qui est une phrase de Robke.
10:57 L'ordolibéralisme, au fond, c'est l'économie de marché est nécessaire, mais non suffisante,
11:03 pour établir une société juste, libre et ordonnée.
11:07 Et bien c'est cette idée que l'économie de marché, il n'y a pas mieux.
11:10 Et donc c'est bien un libéralisme, la propriété privée, la liberté des prix, la défense de l'entrepreneuriat,
11:16 la méfiance à l'égard de l'État-providence, la méfiance à l'égard du keynésianisme,
11:19 donc tout le corpus classique de libéralisme, mais remettre l'État avec un certain rôle
11:25 pour accompagner les transformations de la société.
11:27 Donc c'est un État interventionniste, raisonnable et raisonné ?
11:30 Exactement.
11:31 Mais est-ce que ce n'est pas un peu utopique ?
11:33 Bien, d'abord ça a été mis en œuvre.
11:35 Où ça par exemple ? En Allemagne ?
11:37 En Allemagne en 1948, en Italie dans la reconstruction de l'après-guerre.
11:41 1958 en France, le général de Gaulle revient au pouvoir.
11:44 Il nomme une commission, la commission Piner-Hueff, Jacques Hueff,
11:48 grand économiste libéral français de la deuxième partie du XXe siècle,
11:51 très ami des ordo-libéraux, met en place, conçoit un plan économique
11:55 qui est vraiment d'obédience ordo-libérale, même si lui-même n'était pas au sens strict du terme ordo-libéral,
12:01 il était très proche des ordo-libéraux, très proche notamment de Ludwig Erhard,
12:04 le grand ministre de l'économie qui a participé à la reconstruction de l'Allemagne dans l'après-guerre
12:08 et qui ensuite a été chancelier après Conrad Adenauer.
12:11 La France a connu des années qui ressemblent à des années ordo-libérales de 1958 jusqu'à la fin des années 60.
12:18 Donc ça a été mis en œuvre.
12:20 Et ce n'est pas pour dire que l'économie a beaucoup changé depuis.
12:22 Je n'ai pas fait ce livre pour dire que toutes les solutions sont dans l'ordo-libéralisme.
12:27 C'est plutôt de repenser dans le monde d'aujourd'hui à ce qu'on peut conserver du libéralisme,
12:34 comment on peut le réinventer, comment on peut aussi le diffuser dans la société.
12:38 Parce que comme je le disais, il y a une telle critique à l'égard du libéralisme,
12:41 il ne faudrait pas qu'on se prive d'une philosophie qui, dans l'application économique, a montré ses atouts
12:48 et qui a su participer à la reconstruction d'un certain nombre de pays.
12:52 Donc voilà, c'est plutôt une source de stimulation.
12:56 Et je ne suis pas le seul. Patrick Artus, économiste que vous connaissez bien,
12:59 a écrit dans "La dernière chance du capitalisme" qu'il a écrit avec Mme Virard.
13:03 Il parle à la fin du livre de l'ordo-libéralisme comme d'une philosophie féconde et stimulante pour penser le monde d'aujourd'hui.
13:10 Et je m'inscris complètement dans cette logique-là.
13:13 Alexia, on a parlé de la place de l'État, mais quelle serait la place de l'entreprise dans un système comme celui-ci ?
13:18 Elle est essentielle puisqu'il y a une défense dans l'ordo-libéralisme de l'économie de marché.
13:24 Et évidemment, l'entreprise est le principal acteur, la principale actrice de l'économie de marché.
13:30 Robke, là encore, a des mots très forts sur l'entreprise et notamment sur la figure de l'entrepreneur.
13:34 Il dit que l'entrepreneur, c'est le capitaine du navire dans la tempête, parce que l'économie est en permanente transformation.
13:41 Et donc, elle doit s'adapter avec son bateau à conduire à travers les tempêtes.
13:48 Et donc, il faut justement créer un cadre qui soit favorable à l'entreprise.
13:52 Il y a une telle conviction que l'entreprise est la réponse essentielle à la stabilité et au développement de l'économie
13:59 qu'il y a justement la volonté d'avoir une concurrence en permanence protégée.
14:03 Parce qu'il y a toujours cette crainte que sans concurrence, il y ait des rentes de situation.
14:08 Et que sans concurrence, l'économie perde sa stimulation.
14:11 En fait, la concurrence, vision des ordo-libéraux, est tellement importante, elle remplit deux rôles.
14:15 Elle a un rôle de ressort de l'économie parce qu'elle favorise la stimulation, l'innovation et l'encouragement au développement.
14:23 Et en même temps, elle a aussi un rôle de régulation parce que si vous n'avez pas de concurrence, vous risquez d'avoir des rentes de situation, des monopoles.
14:30 Et ça veut dire baisse de qualité des services, baisse des prestations, baisse de qualité des produits.
14:34 Et un risque, en plus comme je le disais, de lobbying et de puissance tellement acquise que vous devenez incontournable.
14:40 Donc cette obsession de la concurrence, elle n'est pas purement théorique, elle est au service d'une économie qui tourne et qui fonctionne.
14:48 Vous avez commencé tout à l'heure en parlant de décroissance et que c'était surtout pas ça.
14:52 Quel impact ça aurait sur une autre croissance d'adopter cette philosophie-là ?
14:58 C'est toujours cet exercice bien sûr théorique, mais je crois que si on essaye de se projeter sur un modèle ordo-libéral, d'abord, il existe aujourd'hui.
15:07 La Suisse, même d'aujourd'hui, ressemble à une forme d'ordo-libéralisme. C'était d'ailleurs un modèle pour les ordo-libéraux dans les années 50 et 60.
15:14 J'ai envie de vous dire, quand je regarde les Pays-Bas et peut-être plus encore les Pays nordiques, même si l'État provident s'est passé par là,
15:20 ce sont des pays où l'État est probablement beaucoup plus développé que ce que n'auraient pu imaginer les ordo-libéraux,
15:26 mais ça tourne et ça fonctionne avec à la fois un État qui est présent et qui est capable d'évoluer,
15:32 qui est capable de se transformer dans un consensus et dans une vision très décentralisée, qui là encore est un principe ordo-libéral,
15:38 et en même temps d'avoir des économies compétitives au service d'entreprises qui fonctionnent bien et qui participent au développement de la société.
15:46 Donc on a des exemples concrets de nations, de sociétés qui sont d'inspiration ordo-libérale,
15:52 ou en tout cas dont les modèles économiques et sociétaux sont assez proches de l'ordo-libéralisme.
15:56 On n'est pas dans l'utopie encore une fois. Je crois que pour la France, le grand défi, c'est d'arriver à accepter l'économie de marché vraiment dans les mots,
16:03 accepter d'arrêter de croire à des utopies dévastatrices, ou des idéologies qui seraient de nature à... qui font croire que l'avenir sera radieux,
16:12 qu'il y a une forme d'humilité, une forme de raison, vous l'avez dit très justement, un libéralisme bien tempéré, un libéralisme assez européen finalement.
16:20 Oui, c'était ma question suivante, c'est-à-dire est-ce que ça doit se décider au niveau d'un État ou est-ce qu'il faut avoir une vision européenne aujourd'hui ?
16:27 La vision ordo-libérale est une vision très décentralisée et presque une vision inversée, tout part au niveau de vous et de moi, au niveau du citoyen.
16:36 Il y a d'abord une éthique personnelle. Et une éthique c'est très fort, il y a toute une réflexion, ça va bien au-delà de l'économie.
16:40 L'ordo-libéralisme a pour finalité la dignité et l'émancipation de chaque être humain. Je vais dire comme le libéralisme en général, mais c'est bien un élément important dans l'ordo-libéralisme.
16:49 Ça passe par la culture, ça passe par le spirituel. Donc s'il y a d'abord un travail sur soi-même, une économie de marché ne peut pas fonctionner si vous n'avez pas des citoyens qui ont des comportements éthiques.
16:58 Alors évidemment, on va être dupe, on va pas transformer tout le monde en gens éthiques, il y aura toujours des excès, des dérives, il y a les lois pour ça.
17:05 Il y a un encadrement justement pour corriger cela. Mais ça commence à ce niveau-là. Et puis ça remonte. Très grand attachement à la famille, très grand attachement à l'implication dans la vie de la cité.
17:16 Nous sommes aujourd'hui trop souvent déconnectés de la vie politique au premier niveau. On va voter pour les grandes élections, encore on vote de moins en moins, parce qu'on a l'impression que...
17:25 Bon, la politique ne change plus vraiment la réalité, sauf que la proximité est un élément important. Donc la politique, une politique économique, elle doit commencer presque au niveau de la proximité, de la commune, du canton, de la région.
17:37 Et puis ensuite au niveau de l'État, des nations, et puis potentiellement au niveau européen. Mais vous voyez, on est bien dans une logique de... On part du bas et on remonte vers le haut.
17:46 Mais c'est un peu ce qui se passe dans les entreprises aujourd'hui, où de plus en plus on parle de co-construction, d'inverser la pyramide des relations.
17:52 Absolument, alors faut toujours se méfier des concepts un peu nouveaux, qui en réalité ne le sont pas.
17:57 Mais oui, il y a cette idée, de toute façon, dans une société aussi complexe que la nôtre, où l'individualisme, avec ses côtés positifs et ses côtés négatifs, est devenu une valeur centrale,
18:06 compte tenu de la complexité, encore une fois j'insiste sur ce terme, de la situation de nos sociétés, vouloir faire des constructions qui partent de tout en haut, imaginer que ça puisse fonctionner partout, c'est complètement dérisoire.
18:18 Donc il y a une réalité, cette réalité, il faut partir de, alors, une expression encore, partir du terrain, mais c'est bien là. Pourquoi les Français notamment, pour le politique, restent encore attachés à leur maire ?
18:28 Voilà, c'est le post-politique qu'on préfère. C'est parce qu'il y a la proximité, parce qu'ils voient l'action.
18:32 Oui, c'est concret.
18:34 C'est concret. Donc tout ce qui peut être décentralisé et ramené à des niveaux de proximité est susceptible de plutôt bien fonctionner et de réimpliquer les citoyens dans la société.
18:42 Vous voyez, on va assez loin, on dépasse complètement le contexte économique, mais je crois que cette réflexion-là, c'est une réflexion qui est profonde, qui est philosophique, qui est quel type de société nous voulons.
18:50 Nous sommes dans un État très centralisateur, nous le savons, tout passe par Paris, en France. Il y a des choses qui sont parfois positives, mais il y a aussi beaucoup de dérives et beaucoup de défauts.
19:00 Revenir à des choses simples, encore une fois, il y a des démocraties qui sont vivantes autour de nous, qui sont souvent des plus petits États.
19:07 Oui, c'est ce que je veux dire.
19:08 Et il y a une croyance qui, pour moi, est presque trop systématique chez les ordos libéraux. C'est un peu le "small is beautiful". Ce qui est petit marche mieux.
19:16 Alors c'est vrai, quand vous regardez les pays qui sont aujourd'hui les plus équilibrés d'un point de vue démocratique, économique, on va retrouver effectivement la Suisse, le Danemark, la Suède, la Finlande, les Pays-Bas, l'Irlande, l'Islande.
19:26 On est plutôt des petits pays, quand je dis petits en termes de population, par rapport au Royaume-Uni, l'Espagne, la France ou l'Italie ou l'Allemagne, bien sûr, sans parler des États-Unis.
19:35 Il faut penser la démocratie dans ces grands pays, comme le nôtre, avec nos 67 millions d'habitants, justement, dans une logique de décentralisation.
19:43 Mais attention, si la décentralisation, ça consiste à rajouter des couches intermédiaires, vous perdez le bénéfice, vous complexifiez l'organisation de la société.
19:52 Et en plus, il y a un coût de fonctionnement qui vient peser sur la santé de l'économie.
19:56 Est-ce que vous voyez quand même des limites à cette doctrine de l'ordre du libéralisme ?
20:00 Il y en a quelques-unes. D'abord, ce que j'évoquais il y a quelques instants, cette obsession du "smallest beautiful", la crainte que quand ça devient trop grand, trop gros, ça puisse pas fonctionner.
20:10 Très bien, mais dans la réalité, il y a aujourd'hui des nations qui sont très peuplées.
20:14 Il va falloir faire avec.
20:15 Il va falloir faire avec et repenser la politique de façon plus décentralisée, c'est certain.
20:19 On peut critiquer aussi cette logique de la concurrence à tout prix.
20:23 On peut, par exemple, s'interroger au nom de cette idéologie de la concurrence.
20:30 Est-ce que nous nous sommes privés en Europe de construire des géants dans certains secteurs qui puissent rivaliser avec des géants chinois ou des géants américains ?
20:40 Je crois que c'est une question légitime.
20:41 Il y a aussi, sur la fin de l'ordre du libéralisme, parce qu'il a été marginalisé à partir des années 60, au moment où vraiment le courant haïen et fridmanien reprennent le dessus,
20:52 il a été marginalisé, mais il y avait une forme de conservatisme assez fort qu'on voit à la fin de ce mouvement dans les années 60.
20:59 Et ce conservatisme, il a certains bienfaits, mais il est parfois un peu trop critique des évolutions de la société.
21:05 Il y a presque un refus du progrès.
21:07 On a pu presque voir dans l'ordre du libéralisme une espèce de rétro-utopie, comme si avant c'était mieux.
21:12 C'est vrai que chez certains auteurs, il y a une valorisation permanente de la nature, de la vie à la campagne.
21:18 C'est intéressant d'ailleurs dans notre réflexion actuelle.
21:21 Ça fait écho à beaucoup de choses.
21:23 J'ai trouvé ça intéressant qu'il y ait une pensée libérale qui dise que nous détruisons la nature et que nous devons en prendre soin,
21:29 et que nous devons reconnecter avec la vie à la campagne.
21:33 Mais parfois, ça tourne un peu à l'idéalisme et à l'idéalisation.
21:36 C'est pour ça qu'il faut le corriger.
21:39 Il y a sans doute des choses à prendre, c'est ce que je crois.
21:41 Il y a aussi des choses à réinventer.
21:43 Tout n'a pas été écrit, mais le fait de penser un libéralisme tempéré, raisonné, décentralisé, avec la culture au cœur d'un projet et la liberté au cœur d'un projet,
21:55 ça me paraît être une voie intéressante qu'on entend finalement assez peu dans le débat public,
21:59 et qui, je crois, est susceptible de fédérer beaucoup d'énergie dans une nation comme la nôtre.
22:04 Merci beaucoup Alexis Karklin.
22:06 Smartchage rappelle votre livre "Pour un libéralisme humaniste".
22:09 C'est aux éditions des presses de la Cité.
22:11 On poursuit cette émission en compagnie d'une entreprise familiale française spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits alimentaires surgelés.
22:26 C'est une marque qui vient de fêter ses 120 ans.
22:29 J'accueille sur ce plateau Christiane Bertoncini.
22:31 Bonjour.
22:32 Bonjour.
22:33 Vous êtes la directrice générale de Maison Thirier.
22:35 Je le disais, c'est une maison qui a plus d'un siècle, une entreprise familiale.
22:38 Quelle est son histoire exactement, puisqu'on ne la connaît pas vraiment finalement ?
22:42 Alors effectivement, cette maison a plus de 120 ans.
22:44 Elle a été créée en 1902 par le grand-père de M. Claude Thirier, qui est actuellement président encore actif de l'entreprise.
22:50 C'est une entreprise qui a toujours développé tout son savoir-faire en France, à travers le surgelé,
22:55 mais plus anciennement à travers une boulangerie familiale qui est basée à Éloa, dans les Vosges,
22:59 et donc qui a toujours employé tous ses salariés en France, qui paye 100% de ses impôts en France,
23:03 et qui a vraiment une volonté de développer la souveraineté française alimentaire.
23:07 Je m'explique, c'est-à-dire que plus de 85% de nos produits sont français, d'origine France,
23:12 et 100% globalement de toutes nos matières premières fabriquées dans nos ateliers sont d'origine France.
23:17 Donc on a vraiment un ancrage français local très fort.
23:21 Alors je disais en préparant cette interview que vous êtes une enseigne qui est complètement intégrée,
23:25 de la fabrication à la logistique, en passant aussi par la livraison à domicile et en magasin.
23:30 Pourquoi cette volonté de maîtriser comme ça toute la chaîne ?
23:32 Écoutez, je crois qu'on est toujours meilleur quand on maîtrise son process de fabrication.
23:36 Donc effectivement on est totalement intégrés à la fois sur nos plateformes logistiques,
23:40 qui sont des plateformes propres à la maison terrier, nos outils de fabrication.
23:44 Nous avons trois outils de fabrication. Nous fumons notre saumon, nous fabriquons nos glaces artisanales,
23:49 nos viennoiseries, nos pâtisseries. Prochainement nous allons brasser nos bières artisanales.
23:54 Donc on a vraiment cet ADN de fabriquer.
23:56 Mais la bière, alors attendez, stop stop, je vous arrête, la bière ce n'est pas un produit surgelé ?
23:59 Oui, alors on a développé une cinquantaine, une soixantaine de références
24:03 qui sont complémentaires à l'activité surgelée.
24:06 Et effectivement on a un ADN extrêmement fort sur la fabrication.
24:10 Mais je pense que la passion de la filière elle est là.
24:13 C'est-à-dire cette création de valeur, elle est beaucoup plus importante
24:16 quand on maîtrise toute la chaîne de valeur que quand on se contente de distribuer des produits.
24:20 Vous voyez un peu comme un artisan en fait ?
24:22 Alors juridiquement on ne peut pas l'exprimer mais on est complètement des artisans.
24:25 Si vous étiez amené à visiter nos différents ateliers, vous verriez qu'on fabrique de façon très artisanale.
24:30 Nos gâteaux sont pochés à la main, les sceaux sont déposés à la main.
24:34 Donc il y a vraiment une culture de savoir-faire qui est extrêmement forte et marquée
24:38 et qu'on souhaite vraiment préserver.
24:40 J'entends que ce marché des surgelés aujourd'hui est beaucoup challengé par l'innovation.
24:47 Parce qu'effectivement pour aller appâter le client, lui faire changer parfois ses habitudes alimentaires,
24:51 il faut sans cesse renouveler les recettes.
24:53 Comment est-ce que vous travaillez sur ces sujets-là ?
24:56 Alors écoutez, on a cette volonté d'incarner l'innovation et d'être le leader de l'innovation et de la créativité dans le domaine des surgelés.
25:03 Et donc on a notre directeur du développement, un des meilleurs ouvriers de France.
25:07 Il pilote 20 ingénieurs qualité qui travaillent d'art HP pour toujours aller chercher des unités de besoin
25:13 ou des produits qui sortent vraiment de l'ordinaire.
25:16 Avec nos créations dans le cadre des collections de fin d'année ou dans le cadre des collections quotidiennes,
25:22 on a vraiment toujours ce besoin d'aller marquer la différence.
25:26 Et aujourd'hui la Maison Thierry est vraiment reconnue pour des produits qui sont totalement singuliers,
25:31 parfois même très étonnants.
25:33 Par exemple ?
25:34 Par exemple, quand on a sorti le calendrier de l'avant-glacé ou la boîte à aimer pour la Saint-Valentin ou la boîte anniversaire.
25:41 Je vous donne un exemple, pour la Saint-Valentin, vous êtes en quête d'une idée,
25:44 vous avez une boîte dans laquelle vous avez absolument tout,
25:47 de l'apéritif au dessert qui s'appelle la boîte à aimer,
25:50 dans laquelle vous avez aussi plein de goodies qui vous permettent de décorer, d'agrémenter votre table,
25:54 le tout pour moins de 40 euros.
25:56 Donc ça veut dire que si le soir de la Saint-Valentin, un homme, une femme n'ont pas eu le temps d'anticiper les choses,
26:02 ils viennent au sein de la Maison Thierry, ils prennent leur boîte et ils arrivent à faire un repas de fête
26:06 pour moins de 20 euros par personne en ayant en plus la décoration de la table.
26:10 On va toujours chercher l'idée qui n'existe pas pour faciliter la vie de nos clients
26:15 et puis leur amener vraiment une touche d'innovation que d'autres concurrents ne proposent pas.
26:20 Comment justement vous cultivez cette relation avec vos clients aujourd'hui ?
26:24 Alors la Maison Thierry, elle a un savoir-faire qui est un peu inégalé
26:27 et qui revient complètement à Monsieur Thierry qui a développé un concept en livraison à domicile
26:32 extrêmement singulier là aussi puisque la personne, si vous étiez cliente de la Maison Thierry, peut-être l'êtes vous,
26:38 mais vous auriez un seul livreur, téléprospecteur qui vous appellerait pour prendre votre commande,
26:43 ce serait exactement la même personne qui vous livrerait à domicile
26:47 et ce serait la même personne qui collecterait dans votre rue.
26:50 Donc on a une relation avec nos clients qui est extrêmement forte
26:54 et qui est liée au fait qu'on a un seul interlocuteur dans toute la vie de la relation entre la Maison Thierry et ce client
27:00 et qui est un interlocuteur unique, qui est capable à la fois de conseiller, de livrer et de prospecter.
27:04 Vous avez aussi des magasins en propre ?
27:07 Oui, nous avons 180 magasins et nous avons 1600 livreurs qui oeuvrent dans toute la France
27:12 et qui permettent de livrer et de couvrir nos 4 millions de clients actuellement en France.
27:16 Alors puisque vous parlez de vos livreurs et de vos salariés,
27:20 j'ai lu qu'en janvier vous aviez proposé d'intégrer 150 salariés de Place de Marché qui est ex-Toupargel,
27:27 qui avait été mis en liquidation judiciaire.
27:29 Pourquoi ce geste ? C'est de la solidarité ou c'est parce que comme beaucoup d'entreprises,
27:34 vous êtes confrontés à des problèmes de recrutement et vous vous êtes dit finalement ceux-là ils ont le savoir-faire, ça va aller plus vite ?
27:38 Quand un acteur aussi important que Place du Marché a rencontré les difficultés qu'ils ont rencontrées,
27:44 on n'a pas vécu ça comme quelque chose de positif.
27:46 On ne peut pas se réjouir qu'un acteur aussi important que Place du Marché disparaisse du spectre du business.
27:53 Donc inévitablement on est touché.
27:55 Et on est touché parce que ça fragilise la profession quand un gros acteur disparaît.
28:00 Et on est touché aussi parce que nous aussi, mon rôle de dirigeant c'est de protéger 3000 salariés au sein de la Maison Thirier
28:06 et de faire en sorte qu'ils puissent évoluer confortablement et dans le temps au sein de la Maison Thirier.
28:12 Et quand on voit tous ces collaborateurs qui étaient en difficulté, on s'est dit qu'on pouvait rapprocher l'offre et la demande
28:19 et faire un geste envers ces collaborateurs en leur garantissant un processus de recrutement qui se trouvait être du coup privilégié.
28:25 Il faut savoir que la ligne qu'on a mise en place, elle était rattachée directement à notre directeur des ressources humaines.
28:30 C'est donc notre directeur des ressources humaines qui était directement en contact et qui a permis à date, il y a eu 130 candidatures directes
28:39 qui sont intervenues assez tardivement parce qu'on comprend, c'est assez légitime que les collaborateurs de place du marché
28:45 aient attendu d'aller au bout du licenciement économique. Il fallait qu'ils attendent ce processus-là.
28:51 Donc 130 candidatures sont ouvertes, nous avons déjà 20 recrutements qui sont réalisés en CDI et d'autres entretiens de recrutement qui poursuivent.
28:59 C'est un geste social et ça correspond aux valeurs de la maison Thierry, cette démarche d'ailleurs.
29:05 Elle a été, et ça nous a fait plaisir, elle a été plébiscitée par le plus grand nombre, par les organisations syndicales,
29:10 par les acteurs du marché, par les collaborateurs et par les nôtres aussi parce que ça fait toujours plaisir de voir qu'une entreprise
29:16 dans laquelle on travaille a des valeurs qui sont importantes.
29:19 Vous parlez des difficultés de votre concurrent. Quelle est la situation du marché des surgelés français aujourd'hui ?
29:25 Écoutez, depuis, ça a toujours été le cas, mais depuis le Covid, les surgelés ont trouvé encore un essor supplémentaire
29:32 qui est lié à la praticité, à la facilité, avec des modes de distribution simples.
29:37 Nous développons le click and collect une heure dans tous nos magasins, la livraison à domicile, la livraison express.
29:42 Donc il y a beaucoup de facilité derrière les surgelés. Et puis surtout, à l'heure où on parle d'empreintes carbone,
29:48 les surgelés ont un avantage extraordinaire, c'est qu'il n'y a zéro gaspillage dans les surgelés,
29:54 contrairement aux produits frais où on estime à 20-25% de gaspillage dans les réfrigérateurs.
29:59 Les surgelés, on ne gaspille rien.
30:01 Parce que c'est portionnable plus facilement ?
30:03 Déjà c'est portionnable et ensuite, effectivement, sous forme de galets souvent.
30:07 Et puis ensuite, vous avez un avantage avec le surgelé, c'est que absolument tous les produits de la Maison Thierry,
30:13 les 1 800 produits, mais plus largement de la profession, vous pouvez les consommer très largement au-delà de la date limite d'utilisation optimale.
30:19 La seule chose qui puisse vous arriver, non pas sur le plan de la santé, mais sur le plan gustatif,
30:24 c'est d'éventuellement avoir un produit qui est peut-être moins goûteux, moins bon qu'il ne l'aurait été.
30:30 Mais donc ce qui explique que les surgelés, en termes d'empreintes carbone, finalement, contrairement à ce qu'on peut penser nativement,
30:36 présentent une équation extrêmement intéressante et bénéfique pour le client.
30:40 Donc pour répondre à votre question, un essor qui est lié à la facilité d'accès et puis un essor qui est lié à la fonction même du produit.
30:47 Donc on est très serein sur le modèle économique des surgelés.
30:50 Néanmoins, j'imagine que vous avez dû faire face à la flambée des prix de l'énergie,
30:54 parce qu'effectivement, qui dit surgelé dit congélateur et donc évidemment une prise sur laquelle on branche tout ça.
30:59 Je crois que la hausse des prix, c'est quelque chose de l'ordre de 20% dans les surgelés, c'est ça ?
31:02 Exactement, 22% pour être plus précis, tout au moins sur la partie des MDD, nous sommes une marque distributeur,
31:07 plus 22%, donc c'est effectivement une équation qui a été complexe à mener et qui a mis la profession en difficulté,
31:14 au même titre que tout l'alimentaire en France, parce que l'alimentaire se situe aux alentours de +18%.
31:18 Donc là-dessus, il y a un travail de fond qui est fait au sein de la maison Thirier et on a pris un parti pris très fort.
31:23 Et qui là, pour le coup, je prends un petit peu de temps pour en parler, parce que ce n'est pas la solution qui a retenu la profession.
31:31 On a pris le parti de ne pas modifier nos recettes. Aucune recette a été modifiée, voire même nous avons prolongé, poursuivi, renforcé
31:40 notre travail qui consiste à avoir le maximum de produits origine France avec des approvisionnements extrêmement locaux.
31:46 Et donc, cette équation-là, elle est très très importante et elle nous a permis, elle nous permet aujourd'hui d'avoir une inflation qui est contenue.
31:54 D'une part parce qu'on a nos ateliers de fabrication, donc on est toujours plus agile quand on maîtrise ces process.
31:59 D'autre part parce que nous avons engagé un travail de fond sur nos achats.
32:03 Et puis troisièmement, parce que nous maintenons cette équation qualité en ayant pris une décision là toute récente qui est de baisser significativement nos prix.
32:12 - Et comment vous tenez ça, baisser les prix dans un contexte d'inflation à 22% ?
32:16 - Alors écoutez, on a pris un choix qui est assez simple, qui est de dire on va prendre sur nos marges.
32:20 Alors vous pourriez, seriez légitime de me dire pourquoi ne pas le faire en janvier déjà.
32:24 En janvier, on n'était pas en mesure de maîtriser complètement l'environnement économique, étant entendu qu'on partait dans des inflations incroyablement inhabituelles.
32:32 Et qu'il nous fallait vraiment avoir davantage de visibilité.
32:35 Maintenant, l'inflation de mon point de vue sur beaucoup de matières premières, elle est contenue.
32:40 On sent même des petits signaux à la baisse, même si ça frissonne, ça frissonne.
32:47 Ça reste des signes aux femmes, mais des signaux à la baisse. On voit que la viande, la volaille, commence à avoir atteint un plafond haut.
32:53 Et voir comment ça baisse légèrement.
32:55 Donc on a pris le parti d'anticiper et de faire un pari sur cette baisse.
32:58 Et en tout état de cause, de prendre la totalité de ces baisses sur nos marges.
33:02 En baissant les 50 produits préférés des clients au sein de la maison Thierry.
33:06 Pour vous expliquer comment on les a choisis, c'est assez simple.
33:08 On a pris nos 50 plus grosses ventes en volume, qui représentent à elles seules 15% de notre chiffre d'affaires.
33:14 Et ça correspond à 15% de baisse sur ces 15% de chiffre d'affaires.
33:18 Ce qui dans l'équation économique est quand même extrêmement impactant pour nous.
33:22 Mais le choix a été fait en tenant compte du pouvoir d'achat de nos clients.
33:26 Et en se disant, il faut qu'on aide nos clients à garantir un équilibre alimentaire sain.
33:31 Parce qu'on est aussi très centré sur le bien manger et donc sur l'idée qu'une alimentation heureuse fait une société heureuse.
33:37 Et donc en attaquant ces 50 produits qui sont des produits de consommation quotidienne courante.
33:43 On y retrouve des légumes bruts, des poissons bruts, de la viande brute.
33:47 On y retrouve aussi en numéro 1, notre fameuse brioche parisienne qui est le produit emblématique de la maison Thierry.
33:55 Pour votre information, ils s'en mangent une toutes les 4 secondes en France.
33:59 Une toutes les 4 secondes ?
34:01 Une toutes les 4 secondes.
34:02 Alors ça ?
34:03 Je vous prends un exemple et je m'arrêterai là sur les prix.
34:05 Elle était, de par l'inflation, positionnée à 4,50€.
34:09 Elle est repositionnée à 3,50€.
34:12 C'est à dire que sur les 50 produits, on a mis les mêmes prix qui étaient pratiqués en janvier 2023.
34:18 Ce n'est pas une baisse qu'on a convenu comme ça.
34:20 On a dit, ces 50 produits, on les repositionne au prix qu'on a pratiqué en janvier 2023.
34:24 Soit pour la brioche parisienne, une baisse de plus de 22%.
34:27 Quand bien même, on continue à avoir des oeufs qui commencent à flamber, à être à la hausse.
34:32 Donc, ce que je veux vous faire toucher du doigt là, c'est que ces baisses là, on les prend sur nos marges.
34:37 Pour permettre à nos clients de continuer à manger des produits du quotidien,
34:42 de façon équilibrée avec des bons produits d'origine France.
34:45 Merci beaucoup Christiane Bertoncini. Je rappelle que vous êtes directrice générale de la Maison Thierry.
34:49 On va parler événementiel, mais alors événementiel de grande ampleur avec Inès Merny. Bonjour.
35:01 Bonjour.
35:02 Vous êtes directrice générale opérationnelle de l'agence événementielle Ouby-Bénet.
35:05 Alors pour ceux qui ne connaîtraient pas Ouby-Bénet, parmi vos faits d'armes,
35:08 vous avez la tyrolienne installée au deuxième étage de la tour Eiffel par exemple.
35:13 Le premier défilé démocratique de l'Oréal sur la Seine.
35:16 La création d'un terrain de rugby au sommet d'un volcan d'Auvergne.
35:19 La sieste Ikea qui a été des cabines de sieste qui débarquaient au pied des bureaux des parisiens.
35:24 Ou encore l'organisation du championnat de plongeon de haut vol dans la Seine pour Red Bull.
35:29 Ma première question c'est, comment faites-vous pour aller chercher des idées pareilles ?
35:34 En effet c'est le travail d'une équipe évidemment.
35:40 Et on essaye systématiquement d'aller chercher des idées nouvelles,
35:43 des choses qui n'ont jamais été faites, qui sortent de l'ordinaire
35:48 et qui amusent le grand public principalement et nous aussi en premier.
35:52 C'est quoi l'idée ? C'est de faire le plus spectaculaire possible ?
35:55 Pas toujours. En tout cas d'être super pertinent par rapport au sujet qui nous est posé
35:59 par les marques pour lesquelles on travaille.
36:01 Donc il y a des envergures différentes, il y a des très grands projets
36:04 avec énormément de grands publics réunis.
36:07 Parfois il y a des projets de plus petite ampleur,
36:10 mais tout aussi impactant par leur image et leur pertinence.
36:14 Ce qu'on cherche surtout c'est d'être vraiment pertinent du début à la fin.
36:18 Alors là le prochain événement c'est la semaine prochaine, dimanche 4 juin,
36:21 la grande dictée des champs qui sera la plus grande dictée au monde sur les Champs-Elysées.
36:26 D'abord, quel est l'esprit de cet événement Inès ?
36:29 Alors ça c'est important parce que évidemment ce projet est vraiment très atypique.
36:35 Il est né avec le comité Champs-Elysées avec lequel on collabore
36:39 sur les événements qui ont lieu sur les Champs-Elysées.
36:42 Et on a eu envie de chercher un sujet qui puisse réunir les tout petits
36:47 et les plus grands, voire les très très seniors, donc sans limite d'âge.
36:51 Et c'est vrai que la dictée peut faire un peu polémique,
36:55 elle fait très régulièrement débat dans l'actualité.
36:58 Elle a pu être un peu traumatisante pour certains, elle est moins quand on vieillit.
37:04 Et on s'est dit que s'attaquer à ce sujet pourrait être un exercice assez marrant.
37:09 Et on voit un engouement assez dingue autour de ce projet,
37:13 puisqu'aujourd'hui on a plus de 35 000 inscrits déjà pour la semaine prochaine.
37:17 35 000 ?
37:18 35 000 inscrits, exactement.
37:20 Mais la capacité c'est combien ?
37:21 Donc c'est 1700 fois 3, puisqu'on aura 3 dictées au cours de l'après-midi.
37:25 Il va falloir sélectionner là.
37:27 Et on va faire des tirages au sort, évidemment.
37:29 C'est déjà des événements de grande ampleur, 35 000 ce serait énorme.
37:33 En tout cas, oui, sur les 35 000 inscrits, on a 3 tirages au sort
37:37 qui permettent d'élire les chanceux qui pourront participer.
37:41 Et comment ça va se passer concrètement en termes logistique sur place ?
37:46 Alors logistique sur place, les 1700 fois 3 dictées qui auront été tirées au sort
37:50 reçoivent déjà certains des billets leur donnant accès au dispositif.
37:55 On est sur un dispositif plein air, c'est ce qui fait un petit peu aussi le charme de cette opération.
38:02 Puisqu'on est sur une salle à ciel ouvert au milieu de l'avenue des Champs-Elysées,
38:06 en plein milieu de la chaussée.
38:08 Et donc on les accueillera dimanche 4 juin à partir de 13h pour la première dictée,
38:14 16h pour la deuxième et 18h pour la troisième.
38:17 Et du coup ça veut dire que vous allez installer combien de tables et chaises sur les champs ?
38:20 1700 tables et chaises individuelles.
38:23 En fait c'est le vrai challenge de ces opérations grand public qui sont opérées sur l'avenue.
38:29 C'est que bien sûr l'avenue est habituellement circulante.
38:32 Et donc tous les premiers dimanches de chaque mois, elle est piétonne.
38:35 Et c'est au cours de ces dimanches là qu'on essaye de monter une à deux fois dans l'année
38:40 des très gros projets pour le grand public, les parisiens.
38:43 Et effectivement des montages très courts, nocturnes,
38:46 qui nous permettent de monter des set-up aussi importants.
38:50 Votre métier je le disais c'est l'événementalisation.
38:53 Donc j'ai donné tout à l'heure quelques exemples.
38:55 Mais quelle est l'opération dont vous êtes la plus fière ou qui vous a demandé le plus de travail ?
39:00 Alors on est plutôt fière de toutes nos opérations.
39:04 On les revendique plutôt toutes puisqu'elles sont très différentes les unes des autres.
39:09 Ça c'est évidemment une chance.
39:11 Je dois dire que les événements qui ont lieu sur les champs ont une saveur toute particulière.
39:17 On se sent quand même privilégié et aussi très responsable d'une certaine manière
39:23 de pouvoir opérer des événements de ce type là sur une avenue aussi emblématique
39:28 qui appartient à tout le monde.
39:30 Donc une grande responsabilité, une grande fierté quand ces projets se montent
39:36 en l'espace de 12 heures, puisqu'on arrive sur la chaussée à 4 heures du matin
39:41 et puis on est reparti le soir même à 23 heures.
39:44 Donc oui ça a une saveur particulière d'opérer sur les Champs-Elysées.
39:47 Qu'est-ce que vous avez mené d'autres comme opérations sur les champs ?
39:50 Sur les Champs-Elysées on a organisé un dimanche au cinéma qui était une grande projection plénière.
39:56 En début d'été on l'a fait 3 éditions.
39:59 On a fait donc un défilé démocratique il y a quelques années également en pleine Fashion Week.
40:05 Donc le premier défilé qui était ouvert au grand public.
40:08 Et on a fait un festival de drones.
40:11 Ah oui donc avec en plus des problématiques à gérer en vol.
40:15 C'est ça, mais ça date un petit peu, c'est 2016.
40:18 D'accord. J'imagine que ce sont des projets qui nécessitent des budgets considérables.
40:26 Est-ce que les annonceurs ont encore beaucoup d'appétence aujourd'hui
40:30 pour ces projets-là dans des budgets qu'on sait de plus en plus contraints ?
40:34 Alors les projets Champs-Elysées en tout cas sont un peu atypiques
40:38 puisqu'ils sont conçus et produits par le comité Champs-Elysées et nous-mêmes.
40:43 Donc pour ces projets-là nous allons chercher des partenaires et des sponsors pour les financer.
40:48 Ce qui est une logique un peu différente du reste des opérations.
40:52 C'est quand tu nous parlais de Perrier ou Red Bull.
40:54 Exactement, puisque là on a des annonceurs qui viennent nous rencontrer, nous demander de travailler autour de budget.
40:59 Oui c'est vrai que les budgets peuvent se resserrer d'année en année.
41:04 Toutefois on a de la chance d'avoir des clients plutôt fidèles à l'agence et on arrive encore à s'amuser beaucoup.
41:11 Et puis ce n'est pas forcément toujours l'enveloppe qui fait la pertinence du résultat.
41:17 Merci beaucoup Inès Merny. Je rappelle que c'est la directrice générale opérationnelle de l'agence Ouby-Bénet.
41:21 On termine cette émission en parlant de protéines et d'engrais naturels à base d'insectes
41:32 puisque je suis en compagnie d'Antoine Hubert. Bonjour.
41:34 Bonjour.
41:35 Vous êtes président et CEO d'Insectes.
41:37 Vous venez d'être sélectionné parmi les finalistes du prix de l'inventeur européen de l'Office européen des brevets.
41:43 Qu'est-ce qui vous vaut cette sélection ?
41:46 Parce que quand on se dit qu'ils produisent de la protéine à base d'insectes,
41:49 on ne voit pas bien forcément, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, même si ça fait 12 ans que vous existez,
41:54 où se trouve la technologie derrière ?
41:57 Oui en effet ce qu'on fait depuis 12 ans c'est très technique.
42:00 Il y a beaucoup de science derrière, ce que font tous nos chercheurs, nos scientifiques, nos ingénieurs.
42:04 C'est développer des technologies. Il y a beaucoup de science, de génie de la mécanique par exemple,
42:08 de génie des procédés, mais il y a beaucoup de travail sur la biologie,
42:12 sur la compréhension de comment un insecte grandit, comment il se transforme, ce qu'est sa génétique.
42:16 Et tout ça, ça amène à beaucoup d'innovations sur comment ils doivent grandir, être nourris,
42:20 être transformés à une échelle pour être compétitifs.
42:22 Et c'est plus de 380 brevets et on a de loin le premier portefeuille mondial.
42:26 380 brevets ?
42:28 Oui, qui ont été déposés dans le monde.
42:30 On a plus de la moitié du portefeuille mondial à nous seuls du secteur.
42:34 Et c'est pour ça, je pense, une des raisons pour laquelle on a été sélectionné dans ce prix très sélectif.
42:39 On est vraiment très honoré de ce prix européen, cette nomination, en tout cas la phase finale.
42:43 On en est très heureux, ça souligne les efforts de notre équipe dans ce domaine.
42:47 Aujourd'hui, vous travaillez sur quel insecte et pour en faire quoi exactement ?
42:52 Alors, nos fermes verticales, elles s'organisent sur la reproduction de scarabées, qu'on appelle les moliteurs,
42:58 qui se reproduisent comme tout animal et qui font des œufs et des petites larves deviennent des grandes larves.
43:03 C'est des petites chenilles à peu près de 2 cm qui sont transformées à ce moment-là,
43:07 parce qu'ils sont très riches en protéines ou en bonnes huiles, en ingrédients,
43:10 pour nourrir les animaux d'élevage, les animaux, les chiens, les chats, jusqu'à l'alimentation humaine.
43:14 Et on collecte leurs déjections qui sont des engrais organiques super compétitifs et performants
43:20 pour faire grandir les plantes à la place d'engrais chimiques.
43:22 Pour l'alimentation humaine, c'est dans quel cadre ?
43:25 Alors, c'est déjà assez récent, la réglementation européenne s'est ouverte l'année dernière,
43:30 donc c'est très frais comparé aux autres filiales qui étaient ouvertes de manière un peu plus longue.
43:35 Et donc, nos clients, parce que nous on ne fait que des ingrédients,
43:38 nous consommons des poudres, des liquides, des granulés qui sortent de nos installations, de nos fermes verticales,
43:43 et bien nos clients vont mélanger ça, ces poudres, ces liquides, avec d'autres matières végétales, souvent,
43:49 pour en faire des substituts de viande, comme du viande hachée, des saucisses,
43:54 ou dans d'autres cas, des pâtes, mélangées avec du blé, des céréales du matin,
43:58 des barres énergétiques pour le sport, des boissons aussi pour les sportifs.
44:01 Donc, en fait, on peut rentrer dans à peu près la plupart des produits transformés qu'on peut faire aujourd'hui,
44:06 qu'on trouve au quotidien au supermarché.
44:09 Donc, en fait, vous êtes en B2B2C, vous revendez, c'est ça ?
44:12 C'est ça, et c'est vraiment notre focus, en plus, aujourd'hui, avec les récents financements,
44:16 c'est se concentrer sur le marché un peu du foyer, de la famille,
44:21 où on vend à des marques qui sont B2C, elles, et nous, on est donc B2B2C,
44:25 et ces marques-là vendent pour les personnes, les parents, les enfants,
44:30 mais aussi pour les chiens et les chats qui composent la famille.
44:32 Oui, justement, vous avez lancé une marque de pet food à destination des animaux de compagnie.
44:37 Ce n'était pas votre marché initial ?
44:40 En fait, le pet food, si, ça fait depuis longtemps qu'on est dedans, mais là, on a accédé à un problème.
44:43 Mais c'était plus sur l'élevage, non ?
44:44 Alors, on était, depuis le début, beaucoup sur les poissons.
44:47 Oui, c'est ça, c'est ce que j'avais en tête.
44:48 Et aussi, sur les chiens et les chats.
44:49 C'est les deux qui ont été nos piliers depuis longtemps, mais là, on accélère beaucoup,
44:51 parce que la demande est très forte, et c'est la plus ancienne,
44:54 c'est la première autorisée en Europe, celle des chiens et des chats.
44:56 C'est-à-dire qu'on a le plus de maturité commerciale,
44:58 et donc, pour accélérer encore plus notre image sur la notion de qualité, de nutrition, de durabilité,
45:05 on a créé cette marque B2B2C, qui s'appelle Spring, avec un Y très main, justement,
45:09 qui reste associé à Insect, mais pour mieux parler aux clients,
45:13 parce qu'Insect est une marque corporelle, comme on dit,
45:15 qui parle au grand public, à des talents qui veulent nous rejoindre, à des investisseurs.
45:19 Par contre, être capable de parler vraiment, beaucoup plus spécifiquement, à des clients, c'est important.
45:25 Et donc, c'est pour ça qu'on a créé cette marque Spring,
45:27 qui a été lancée au plus grand congrès, là, salon européen, il y a quelques jours, en Italie.
45:33 Je sais que vous attachez beaucoup d'importance à l'impact environnemental.
45:37 Par rapport à, on va dire, des produits alimentaires pour chien et chat classiques,
45:42 est-ce que vous avez mesuré l'économie en termes d'impact carbone ?
45:45 Tout à fait. En fait, c'est un peu pareil pour l'alimentation humaine,
45:47 parce que des produits qui sont assez similaires,
45:49 ce sont des produits ou des coproduits, la production de viande, de bœuf, d'agneau, de porc ou de volaille.
45:54 Et donc, on a fait ce qu'on appelle les analyses de cycle de vie,
45:57 qui vous permettent de mesurer tout votre impact, vraiment de l'amont de la chaîne jusqu'à l'utilisation finale.
46:02 Et sur le carbone, on a à peu près 40 fois moins d'émissions que la viande rouge ou des coproduits de viande rouge.
46:08 On va être sur à peu près 40 fois moins aussi de consommation d'eau que la viande porcine
46:12 et à peu près 10 fois moins d'utilisation de terre aussi que la volaille.
46:16 Donc, on a vraiment beaucoup d'arguments qui sont positifs et qui viennent compléter.
46:20 Mais jusqu'à présent, c'était vraiment les arguments techniques, l'aspect nutritionnel, digestibilité,
46:25 ce qu'on appelle la palatabilité, qui est l'intérêt pour le chien ou le chat de manger ou pas la croquette.
46:30 Et l'argument durable vient après. Mais aujourd'hui, il devient contournable.
46:34 Il n'était pas le cas il y a 2 ans, 3 ans. Mais aujourd'hui, il devient contournable, mais après les éléments techniques.
46:39 Vous avez mentionné tout à l'heure une levée de fonds, levée de fonds de 160 millions d'euros, c'est ça ?
46:44 Qui s'est accompagnée en même temps d'un plan de restructuration avec des licenciements, je crois, aux Pays-Bas,
46:48 un plan de départ volontaire en France, ce qui peut sembler contradictoire de prime abord.
46:52 Donc, quelle est la situation d'Insect aujourd'hui ?
46:55 En fait, on sait qu'aujourd'hui, on a une situation sur les marchés, sur le financement qui sont très difficiles,
47:01 qui sont aussi dures. Je pense qu'en 2008, on n'existait pas encore, mais on est sur une crise financière importante.
47:05 Mais on a réussi à montrer que très peu d'entreprises aujourd'hui se font financer. Et 160 millions, c'est énorme.
47:10 C'est énorme, 160 millions aujourd'hui.
47:11 Donc, ça souligne les fondamentaux très forts. Mais aussi, c'est qu'on a pu démontrer aux investisseurs
47:15 qu'on avait un chemin à la profitabilité qui va arriver relativement rapidement, qui est très clair.
47:19 Mais pour ça, il fallait faire des choix, se focaliser plus sur les métiers à plus haute valeur ajoutée en commercial,
47:24 comme l'échéanéchat, l'alimentation humaine, le foyer, et moins sur les animaux d'élevage à court terme.
47:29 Ça veut dire qu'on va arrêter. On va peut-être faire ça dans une deuxième phase, investir plus de temps sur les animaux d'élevage.
47:35 C'est aussi des partenariats en joint venture pour les prochains sites de production.
47:39 C'est qu'on ne fait plus tout seul. Et c'est plusieurs projets qui sont hors de l'Europe.
47:42 Donc, on aura plutôt des équipes d'ingénierie ou d'automatisme qui seront beaucoup dans les prochaines sociétés.
47:47 Donc, avec moins de besoins, effectivement, en France, sur ces fonctions-là de corporate techniques.
47:52 Et puis, on avait un autre insecte, un cousin de notre scarabée qu'on faisait aux Pays-Bas.
47:57 Et simplement, on a décidé de mettre en pause aussi le scale-up de cet insecte qui était moins avancé que notre insecte en France
48:03 pour une question de focus et d'investissement, se concentrer sur la R&D aux Pays-Bas.
48:07 On a toujours un centre de recherche là-bas. Mais plus investir dans le site de production,
48:10 effectivement, on l'a arrêté aujourd'hui pour être concentré, pour atteindre la profitabilité plus rapidement.
48:14 Vous aviez un site de production aux États-Unis aussi, non ?
48:17 On a un petit site de production qui tourne toujours dans ce marché du pet food.
48:20 Mais pour les oiseaux de compagnie. Donc, on a les oiseaux, les oiseaux exotiques chez les particuliers,
48:25 mais aussi beaucoup la volaille aux États-Unis. Les particuliers ont énormément de volaille, de poulet, de poules
48:29 pour avoir des œufs le matin avec leur bacon. C'est plus de 10 millions de foyers qui ont des poules chez eux.
48:36 Et donc, pour les nourrir, c'est justement un marché très intéressant.
48:38 Et vous avez d'autres projets à l'international ? J'ai vu passer un truc sur le Mexique, non ?
48:42 Exactement. Donc, dans ce cas de ces projets-là qui seront en partenariat industriel, c'est qu'on partage les investissements.
48:47 Donc, c'est aussi, ça réduit notre investissement et donc, ça nous rapproche plus vite de la profitabilité.
48:51 On a un des partenariats aujourd'hui le plus avancé qui a été publié, c'est celui au Mexique.
48:56 Voilà, on est tout proche de la dernière ligne droite parce qu'on a déjà signé des term sheets,
49:00 c'est-à-dire des accords, des pré-accords de comment on travaille, comment on se répartit la valeur entre les partenaires
49:05 et le marché notamment tourné vers l'export aux États-Unis.
49:08 Quelle est votre capacité de production aujourd'hui ?
49:11 La capacité de production, on va l'accumuler sur plusieurs sites. Là, on a le site d'Amiens qui a démarré.
49:17 Il doit atteindre assez rapidement 100 000 tonnes d'ingrédients, c'est-à-dire des engrais et des protéines pour l'alimentation des animaux
49:23 jusqu'à 200 000 tonnes, effectivement, dans une deuxième phase.
49:25 Vous pourriez, vous m'avez dit que vous marquiez une pause sur votre deuxième insecte cousin du premier,
49:31 mais vous pourriez envisager, je sais qu'il y a d'autres dans le secteur qui misent plutôt sur les mouches,
49:36 vous pourriez diversifier ou finalement ce que vous faites est tellement spécifique que ça demande trop de temps,
49:42 trop de R&D d'aller sur d'autres insectes qui n'ont pas forcément les mêmes propriétés ?
49:46 Non, je pense que notre plateforme à la fois technologique, mécanique, mais à la fois sur la biologie, ce qu'on a appris,
49:52 peut être appliquée à d'autres espèces d'insectes. Ce qu'on a démontré sur l'autre petite espèce,
49:55 simplement c'est une question de focus à court terme, mais ça ne veut pas dire que cette espèce continuera
50:00 et pourra être sur le marché à un moment plus tard.
50:02 On s'appelle Insect, on a vocation à regarder s'il n'y a pas d'autres biologies qui peuvent s'intégrer dans notre plateforme.
50:07 Aujourd'hui, on est focalisé effectivement sur notre insecte le molito, mais ce n'est pas du tout impossible
50:11 qu'on puisse s'étendre dans le futur sur d'autres espèces d'insectes.
50:14 Si elles apportent quelque chose de vraiment de qualité, notamment cette notion de premium,
50:18 des durabilités aux clients, on sera intéressé.
50:21 J'ai lu que l'ambition de l'entreprise, c'était de réinventer la chaîne alimentaire.
50:26 Comment ça se traduit dans votre quotidien aujourd'hui ?
50:28 Réinventer, c'était un peu se dire d'avoir une agriculture, une chaîne alimentaire qui soit en adéquation
50:34 avec ce qu'on appelle les limites planétaires.
50:36 Les limites planétaires, c'est le climat, c'est la biodiversité, c'est l'eau.
50:39 On sait que l'agriculture est au croisement de tous ces grands enjeux de sécheresse,
50:43 d'impact sur la biodiversité, déforestation importée d'autres pays,
50:46 qu'on mange des produits d'Amérique du Sud, tous les enjeux climatiques, émissions de méthane.
50:50 On a ça et puis c'est aussi le côté santé qui est important.
50:54 Ça c'est la santé des écosystèmes et c'est notre santé.
50:56 Bien manger, c'est la première cause aussi d'une bonne santé.
50:59 Et à l'inverse, le coût financier mondial des maladies liées à la mauvaise alimentation,
51:06 qui peut être à la fois depuis des quarts d'an jusqu'à tous les problèmes de surconsommation,
51:10 d'obésité, maladies cardiovasculaires, c'est à peu près 11 000 milliards, 11 trillions d'impact et de coûts.
51:18 Alors que le marché de l'alimentation au global, c'est 9 trillions.
51:21 C'est-à-dire que le coût santé de l'alimentation est plus grand que le marché de l'alimentation.
51:26 Le coût santé de l'alimentation est plus grand que le coût de marché de l'alimentation lui-même.
51:31 La santé est le premier marché au monde, l'alimentation derrière,
51:34 mais dans la santé, le premier poste de coût de marché, c'est traiter toutes les maladies liées à une mauvaise alimentation.
51:42 Donc c'est pour ça qu'on a inventé l'achat alimentaire, c'est retrouver un meilleur équilibre
51:46 avec les limites planétaires, mais aussi avec notre propre santé.
51:50 Donc on travaille, on contribue en tout cas à notre modeste échelle dans ce sens-là.
51:55 Vous aviez parlé tout à l'heure d'accélérer votre chemin vers la rentabilité.
52:00 Vous la fixez à quelle échéance si tout va bien ?
52:03 Je ne dirai pas, ce n'est pas dans trop longtemps, mais je ne me rends que sur un chiffre à très court terme.
52:08 Mais le site d'Amiens est en plein démarrage, c'est ce site-là qui va nous permettre la rentabilité.
52:12 Il va monter en capacité rapidement dans les prochains mois.
52:14 Donc oui, on le voit, l'horizon est relativement proche, mais il y a du travail.
52:18 Les équipes sont hyper concentrées là-dessus, monter la capacité du cheptel, qu'on appelle,
52:23 qui doit monter dans les prochains mois et vraiment accélérer la livraison de nos clients.
52:27 Il nous reste un peu de temps, donc on va prendre le temps juste de détailler ce site,
52:31 parce que c'est vrai que c'est encore assez peu connu les fermes verticales.
52:34 Comment ça fonctionne concrètement ?
52:36 Alors une ferme verticale, ça peut produire différentes choses.
52:40 Il y a d'autres projets en France et à l'étranger qui font des fermes verticales de végétaux.
52:43 C'est vrai.
52:44 Comme il y a une boîte qui s'appelle Jungle en France, ou Futura Gaia qui font des super projets.
52:47 Nous, on est sur la même chose.
52:49 Ferme verticale veut dire qu'on verticalise la production.
52:51 Souvent, c'est sur des bacs, donc on peut avoir ces plantes qui poussent avec des lumières à l'intérieur.
52:56 Nous, c'est des bacs à l'intérieur où il y a des insectes.
52:58 Donc on va superposer ces bacs.
53:00 Et la différence avec les autres types de fermes, c'est que comme les insectes sont tout petits,
53:04 qu'ils sont dans des bacs, qu'ils ne peuvent pas bouger tout seuls,
53:06 c'est des machines qui vont les déplacer pour les amener à des endroits où on va les apporter à manger.
53:11 On va regarder s'ils sont en bonne santé, s'ils ont bien grandi.
53:13 C'est beaucoup d'analyse d'image, mais c'est aussi de l'analyse par nos chercheurs,
53:16 enfin nos scientifiques, nos ingénieurs sur le terrain.
53:18 Et puis à un moment, on va aussi récolter régulièrement les déjections qui sont dans ce bac,
53:22 parce que les insectes vivent dedans, donc ils produisent leurs déjections quand ils mangent.
53:25 On va séparer ça régulièrement pour faire un englais qui va se stériliser sous forme de granulés,
53:30 vendu pour la croissance des plantes.
53:32 Et au bout d'un moment, les larves auront suffisamment grandi, suffisamment mangé,
53:35 et elles sont transformées dans un atelier agroalimentaire,
53:38 qui est toujours dans le même site, mais dans un autre bâtiment dédié,
53:40 où là vous avez une unité qui ressemble beaucoup à ce qu'on transforme des végétaux,
53:45 notamment du colza par exemple, ou de l'olive,
53:49 où vous écrasez finalement un produit fini pour faire de l'huile,
53:53 et de l'autre côté une pulpe, et nous c'est cette pulpe-là qui est transformée en protéines,
53:56 enfin en poudre sèche pour nourrir les animaux.
53:59 Mais j'imagine que ça représente des milliers et des milliers de larves.
54:02 Comment vous faites pour regarder si, parce que je veux dire, une vache qui va mal,
54:06 ok on le voit, mais une larve parmi je ne sais pas combien ?
54:09 Eh bien on a fait beaucoup, nos chercheurs ont développé en interne avec des partenaires,
54:13 par exemple des systèmes d'analyse d'images, qui vous permettent d'avoir en haut une fraction de seconde
54:17 la prise de photo, de voir s'ils sont en bonne santé.
54:19 Simplement, dans tout élevage il y a une mortalité qui est faible, de quelques pourcents,
54:23 vous avez tous les matins un éleveur, il peut trouver, il fait la volaille, un poulet mort,
54:26 ça arrive un poisson qui est mort dans son bassin,
54:29 c'est pas un souci, c'est normal, c'est la réalité d'un élevage,
54:33 et bien nous on le voit, ça change de couleur notamment, il ne devient plus foncé,
54:36 donc on arrive à le voir, et en plus on peut facilement le séparer après,
54:40 parce que ça prend notamment le même poids, la même densité.
54:43 Donc on va pouvoir le séparer par des techniques à la fois physiques,
54:46 par la taille, par la densité, par le poids,
54:49 on va pouvoir séparer ces différentes fractions pour maintenir justement un élevage dans un bac
54:53 qui soit toujours à peu près homogène, à peu près toujours le même âge,
54:56 toujours vivant, toujours en bonne santé.
54:58 Et en termes d'énergie, cette usine est alimentée comment ?
55:01 Alors c'est par l'électricité, essentiellement un petit peu de gaz naturel,
55:05 et on a justement notre projet pour nos prochaines fermes,
55:08 et voire même pour le site d'Amiens, de convertir tous nos sites en électricité.
55:11 C'est qu'on peut, avec des pompes à chaleur, vous avez pour votre maison,
55:14 votre appartement, vous pouvez acheter des pompes à chaleur,
55:16 et bien on peut le faire aussi à grande échelle pour des sites agricoles ou industriels,
55:20 et donc c'est ce qu'on est en train de travailler, comme d'autres solutions,
55:23 pour être 100% électriques, qui nous permet effectivement d'être moins dépendants
55:26 des sujets de gaz qui sont aujourd'hui, on le sait, encore en tension,
55:29 même s'ils le sont moins que l'année dernière, ils le seront structurellement sûrement
55:32 toujours dans le futur.
55:33 L'électricité, c'est plus intéressant aussi,
55:35 parce que vous avez plus d'options d'être 100% renouvelables,
55:38 vous avez plusieurs options et pas qu'une seule, qui est le biogaz dans le cas du gaz.
55:41 Là vous avez le solaire, le géothermal, vous avez l'éolien,
55:45 donc il faut avoir plusieurs options.
55:47 Évidemment, toute l'énergie nucléaire décarbonée qu'on a en France,
55:51 mais demain être capable de signer des accords long terme avec le producteur EDF
55:55 pour de l'énergie renouvelable garantie sur 20-25 ans,
55:57 ce qu'on appelle les PPA, c'est des choses qui sont intéressantes,
55:59 effectivement, pour réduire encore plus notre empreinte environnementale.
56:02 Un dernier mot, vos ambitions pour Insect à horizon 5 ans ?
56:06 À horizon 5 ans, on a un site d'Amiens qui sera évidemment
56:11 vraiment un fer de lance dans le secteur, dans le monde.
56:14 On aura d'autres sites qui auront démarré, qui tourneront, plusieurs,
56:17 ce sera 2, 3, 4, 5, mais c'est à peu près l'ambition dans les prochaines années,
56:20 sur plusieurs continents. On a sur l'Europe, il y aura donc,
56:23 est-ce que ça va l'amener au Mexique, potentiellement d'autres dans d'autres régions
56:26 on en annoncera dans les prochains mois sur lesquels on travaille.
56:29 Et puis, voilà, un leadership en termes de revenus, en termes de profitabilité,
56:33 toujours en termes de science derrière, peut-être des nouveaux produits, probablement,
56:36 des nouveaux produits à la fois chez les animaux, chez l'homme,
56:39 mais aussi chez les plantes, sur lesquelles la recherche travaille aujourd'hui
56:43 pour plus d'impact nutritionnel et environnemental.
56:46 Merci beaucoup Antoine Hubert, je rappelle que vous êtes président et CEO de Insect.
56:49 C'est la fin de cette édition, merci de nous avoir suivis, bien évidemment.
56:52 On se retrouve vendredi prochain, passez un très bon week-end sur Vismart.
56:56 [Musique]

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