L'actualité vue par les témoins du quotidien dans #LaParoleAuxFrancaisWE
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00:00:00 Bonjour à toutes et à tous, ravie de vous retrouver pour la Parole au français Week-end.
00:00:04 Nous suivons en ce moment la marche blanche qui se déroule dans les Vosges à Rembert-Villers,
00:00:10 marche en hommage à la mémoire de la petite fillette de 5 ans, Rose, retrouvée morte mardi dernier dans un sac plastique.
00:00:18 On fera le point sur l'enquête. On va d'abord retrouver directement sur place notre journaliste Mathilde Ibanez.
00:00:24 Bonjour Mathilde, cette marche blanche qui est toute rose a-t-on dit, c'est ce que les parents ont décidé pour rendre hommage à cette fillette,
00:00:32 s'était lancée il y a à peu près une heure maintenant.
00:00:35 Eh bien écoutez, c'est une marche rose remplie d'émotions.
00:00:41 Ici, les rues de Rembert-Villiers sont plongées dans un silence pesant de recueillement.
00:00:47 Le seul bruit était le détresse de la famille ou encore la foule qui a scandé à plusieurs reprises "Rose, Rose, justice pour Rose".
00:00:55 Actuellement nous venons juste d'arriver devant le domicile de la famille.
00:00:59 Toute la foule a applaudi. Beaucoup de personnes se sont réunies ici en rose pour rendre hommage à l'enfant de 5 ans.
00:01:07 Ici, les habitants ont ce mélange de tristesse mais surtout de consternation face à cette violence.
00:01:14 Ils ne comprennent pas pourquoi cela a pu arriver.
00:01:17 Ici, chez eux, ils se sont en tout cas, je peux vous dire, réunis en nombre, beaucoup avec la photo de l'enfant sur le t-shirt,
00:01:26 des roses également dans les mains. Rose en tout cas a été décrite comme un enfant très solaire, joyeuse, pleine de vie, gentille.
00:01:34 Ici, l'émotion est très forte. La marche vient tout juste de s'éterminer ici au domicile des parents.
00:01:43 C'est 11 rue du Cheval Blanc.
00:01:45 Merci beaucoup Mathilde, Mathilde Limanès. Merci également à Jules Bedot qui vous accompagne en plateau avec nous.
00:01:51 Aujourd'hui, nous accueillons l'ancien ministre Pierre Lelouch. Bonjour.
00:01:54 Bonjour Barbara.
00:01:55 Merci d'être avec nous et Christian Proutot est avec nous également. Bonjour.
00:01:58 Bonjour.
00:01:59 Ce sera le fondateur du GIGN. On avait quelques sujets d'actualité évidemment prévus aujourd'hui mais celle de ce début d'après-midi,
00:02:05 c'est d'abord cette marche blanche qui vient de se terminer.
00:02:08 On va revenir donc sur ce qui s'est passé. C'est pour l'instant ce qu'on appelle un fait divers.
00:02:16 On va parler un peu plus tard de l'enquête avec Amande Buco, notre journaliste spécialiste justice.
00:02:21 Certains accusent de dysfonctionnement de la justice. La secrétaire d'État chargée de l'Enfance dit qu'il n'y a pas eu de faille dans ce dossier-là.
00:02:30 Quelles sont vos premières réactions ?
00:02:32 Je suis consterné de voir que dans notre pays on puisse avoir ce genre de drame à répétition parce qu'il n'y a pas si longtemps que ça,
00:02:46 il y a eu l'affaire Lola, encore une petite fille qui a été massacrée.
00:02:50 Et naturellement après il y a beaucoup d'émotions, il y a ces marches de gens qui ne comprennent pas, comme l'a dit votre journaliste.
00:02:58 Comment c'est possible de voir des choses pareilles ?
00:03:02 À chaque fois il y a une marche et à chaque fois on n'a jamais de réponse.
00:03:06 Tout va bien madame le marquise et on continue comme avant jusqu'au prochain meurtre.
00:03:10 Et ça c'est insupportable.
00:03:12 Des gens qui se livrent à ce genre de choses, qui peuvent avoir des dysfonctionnements psychiques et autres, ne doivent pas être dans la rue.
00:03:20 C'est aussi simple que ça.
00:03:22 Bien sûr qu'il y a une défaillance. Je suis tout à fait étonné pour dire les choses gentiment que la ministre en charge de ce dossier dise que tout s'est bien passé.
00:03:31 Évidemment que ça ne s'est pas bien passé. Il y a eu d'énormes trous dans la raquette,
00:03:35 d'autant qu'il semble que le jeune en question ait commis des agressions sexuelles lourdes contre deux autres petites enfants.
00:03:42 Il était connu des services.
00:03:43 Juste avant qu'il n'y ait été connu, tout ça est insupportable.
00:03:46 Je n'ose pas imaginer la souffrance et la colère des parents et des proches de cette petite fille qui, à mon avis, a été fauchée pour rien, parce qu'il y a un défaut de l'État.
00:03:58 On va peut-être écouter ce qui se passe sur place.
00:04:00 Tout le monde, vous êtes tous avec nous. Vous étiez à côté de nous. Ça nous fait mal au cœur.
00:04:10 Il n'y a pas de mots. On ne sait même pas comment on se fait exprimer. Mais on vous remercie à tous.
00:04:20 Merci à tous.
00:04:22 (Applaudissements)
00:04:49 (Bruits de la foule)
00:05:00 C'était une brève prise de parole de la famille de cette fille.
00:05:04 Christian Proutot, on le disait, ce qui est toujours inquiétant, c'est la répétition de ce genre de faits qui n'ont rien à voir les uns avec les autres.
00:05:12 Et le fait qu'on ait l'impression de rester impuissant face à des actes dont certains disent qu'on aurait pu les prévenir et qui, dans les faits, continuent de se produire.
00:05:20 Il y a un problème, Pierre soulignait, qu'effectivement, à chaque fois qu'on se dit qu'il faut se poser la question de pourquoi les choses qui ne devraient pas se passer se déroulent,
00:05:31 le problème de la psychiatrie en France n'est pas nouveau.
00:05:36 Effectivement, ça fait des années qu'on se pose ce problème, que ce soit par rapport au crime sexuel, que ce soit par rapport simplement au fait que...
00:05:47 Merci à vous.
00:05:49 On espère que ça n'arrive à plus personne, tout ce qui s'est passé ici.
00:05:53 Que ça n'arrive à personne. On est tous des humains et on ne voudrait plus que ça n'arrive à quelqu'un d'autre.
00:05:59 Parce que ça nous fait très mal. Notre vie est détruite.
00:06:03 Je vous remercie.
00:06:06 Je suis l'Anc de Rose.
00:06:12 Yon Rister.
00:06:20 Merci.
00:06:23 Voilà, image en direct. C'est un petit peu confus, mais c'est ce qu'on vous montre.
00:06:40 Notre équipe sur place, Mathilde Guimanez et Jules Bedot, qui ont suivi cette marche blanche.
00:06:44 Les parents avaient demandé à ce que les gens portent du rose.
00:06:50 Signes d'hommage à cette fillette de 5 ans qui a perdu la vie la semaine dernière.
00:06:53 Quelques mots de la famille qui n'a pas souhaité s'exprimer plus longuement.
00:06:57 Christian Poteau, je vous ai coupé pour qu'on puisse...
00:07:00 Non, non, non.
00:07:02 Je vous laisse reprendre, évidemment, votre propos.
00:07:04 Le plus important, ce sont ceux qui souffrent. Nous, les commentaires, on fait des commentaires.
00:07:08 On a même du mal à imaginer la douleur que peuvent ressentir ces gens.
00:07:12 Parce que ce n'est pas quantifiable. C'est une horreur d'avoir perdu un enfant.
00:07:16 Et je crois que, comme disait Pierre, si des moments comme cela ne permettent pas, justement,
00:07:24 à partir du moment où ça met en évidence un vide sidéral d'une profession,
00:07:30 qui est la psychiatrie, en France, eh bien, quand est-ce que ça se fera ?
00:07:34 Il faudra attendre le prochain événement.
00:07:36 Mais si on fait la liste, effectivement, de tous les événements que l'on a connus au cours des dernières années,
00:07:41 qui mettent en exergue, justement, ce problème de la psychiatrie en France...
00:07:45 Parce que la justice, c'est une chose, mais il ne faut pas oublier que la justice, dans des cas comme celle-là,
00:07:50 elle doit être accompagnée de la psychiatrie pour prendre les décisions.
00:07:53 Et les décisions d'enfermement, elles sont indispensables pour protéger la société
00:07:59 et se dire qu'on aurait pu réagir en amont.
00:08:02 Et pour réagir en amont, eh bien, il fallait avoir les structures.
00:08:06 Or, les structures, on ne les avait pas.
00:08:09 Cela dit, on sait tous qu'il y a, au niveau des services de l'État, partout des problèmes.
00:08:18 Il y en a au niveau de la santé, il y en a au niveau de la police, au niveau des effectifs.
00:08:24 Et former les gens, ça ne se fait pas en un jour.
00:08:27 Mais si on ne prend pas le problème à bras-le-corps tout de suite,
00:08:29 comment sait-on qu'on est face à une société qui a plutôt tendance à être d'abord malade dans sa tête
00:08:35 qu'agressive fondamentalement ?
00:08:39 Mais il y a malgré tout des cas qui existent, que l'on connaît, qui sont identifiables.
00:08:44 Alors, on va poser cette question à M. Nathalie Buquet, connectée avec nous.
00:08:48 Merci beaucoup de participer à notre émission.
00:08:50 Vous êtes avocate d'innocence en danger.
00:08:53 Vous vous portez d'ailleurs partie civile pour l'association dans le cadre de cette affaire.
00:08:59 Rose, quel regard vous portez-vous sur ce qui se passe ?
00:09:02 Il est parfois difficile de trouver des responsables.
00:09:05 Néanmoins, ce sont des faits divers révoltants pour l'ensemble de la population.
00:09:09 Oui, tout à fait.
00:09:11 A chaque fois qu'on a le crime d'un enfant, ça fait appel à une réprobation sociale extrêmement importante.
00:09:17 Ça envoie une douleur qui est quasiment viscérale.
00:09:20 On touche à la vie d'un enfant et ça suscite toujours beaucoup d'émotions.
00:09:24 Et c'est bien normal.
00:09:26 Pour autant, je vais rejoindre ce que disait M. Proutot.
00:09:29 Aujourd'hui, je crois que la vraie problématique est sur la psychiatrie,
00:09:33 l'état sinistré de la psychiatrie en France.
00:09:36 À mon sens, ce qui est aujourd'hui plus ce qu'on doit pointer dans ce dossier,
00:09:40 au-delà d'une défaillance judiciaire.
00:09:43 Ça a été pointé par un rapport qui a été rendu par la Cour des comptes au mois de mars de cette année,
00:09:50 qui vient pointer le fait qu'il serait nécessaire de doubler le nombre d'étudiants en pédoxychiatrie.
00:09:57 Aujourd'hui, ce rapport évalue à 1,6 million d'enfants et d'adolescents atteints de troubles,
00:10:05 et notamment entre 600 et 800 000 qui seraient atteints de troubles sévères.
00:10:09 Et pour autant, sur ces dix dernières années, on a un tiers de pédopsychiatres en moins qui exercent.
00:10:19 Donc aujourd'hui, je crois que s'il y a une prise de confiance à avoir,
00:10:23 c'est la nécessité de renforcer les moyens au niveau de la pédopsychiatrie,
00:10:27 de voir également comment corréler cette psychiatrie avec la justice,
00:10:31 comment elle peut accompagner la justice.
00:10:34 Parce que si on s'en tient stricto sensu au texte,
00:10:37 dans ce dossier, en tout cas au regard des éléments qui sont communiqués dans la presse,
00:10:41 puisque moi je n'ai pas encore accès au dossier,
00:10:43 les dispositions législatives ont toutes été utilisées.
00:10:47 Après, dans notre arsenal, nous n'avons pas de solution intermédiaire
00:10:51 entre le placement au sein du domicile familial,
00:10:55 une hospitalisation en pédopsychiatrie à plein temps, mais là on manque de place,
00:10:59 et la détention des mineurs qui est perçue comme l'ultime recours,
00:11:03 puisqu'on privilégie d'abord l'éducatif sur le répressif,
00:11:08 et surtout en matière de mineurs, ce qui est essentiel,
00:11:11 c'est comprendre un mineur avant même de pouvoir envisager une sanction.
00:11:16 Dans le cadre de ce dossier, on peut effectivement s'interroger
00:11:20 sur les garanties et ce qui était mis en place autour de ce jeune
00:11:24 au moment où il a réintégré son domicile familial.
00:11:28 Justement, je voulais vous apporter quelques précisions,
00:11:30 parce que sur ce jeune, dont on fera le point sur l'enquête dans un instant,
00:11:34 avec notre journaliste Amaury Bucaud,
00:11:36 on sait qu'il avait été placé dans un centre éducatif fermé,
00:11:39 ce jeune homme pendant un an, qui est la durée maximale possible,
00:11:43 c'était entre février 2022 et février 2023,
00:11:46 et depuis son retour en mars dernier,
00:11:49 il était soumis à une obligation de soins et de formation,
00:11:52 tout ça étant surveillé par la protection judiciaire de la jeunesse,
00:11:55 et que ce jeune homme apparemment respectait ses obligations,
00:11:58 il était même en stage de cuisine.
00:12:00 Donc effectivement, c'est là qu'on peut dire officiellement
00:12:02 qu'il n'y a pas de défaillance et que tout avait été mis en place,
00:12:05 et malgré tout, on ne peut pas empêcher le fait d'arriver.
00:12:09 Je voulais revenir sur le fait que vous partiez porté civil,
00:12:12 ça veut dire que vous espérez quoi en rejoignant les partis civils
00:12:15 dans le cadre de cette affaire ?
00:12:18 Dans le cadre de l'association Innocence en danger,
00:12:21 on se constitue dans ce type de dossier,
00:12:24 notamment pour justement pouvoir identifier les dysfonctionnements,
00:12:27 pour ensuite, lorsque les associations sont sollicitées,
00:12:30 en vue de l'élaboration par exemple d'une nouvelle loi,
00:12:32 c'est de pouvoir aussi apporter son expérience "de terrain",
00:12:35 pour voir comment effectivement ces défaillances
00:12:38 sont mises en exergue dans les procédures,
00:12:41 et puis ensuite de voir comment la justice va répondre
00:12:44 à toutes ces difficultés.
00:12:45 Et donc pour ça, il est nécessaire d'avoir accès au dossier.
00:12:48 Ensuite, la question va se poser de savoir,
00:12:50 est-ce qu'il y a une plus-value à se maintenir dans ce dossier,
00:12:52 à aller jusqu'au procès ?
00:12:53 Ça, en général, on voit avec nos autres confrères,
00:12:55 et puis aussi les avocats évidemment de la victime.
00:12:58 Merci beaucoup en tout cas d'avoir apporté votre éclairage à nos débats.
00:13:01 Maître Nathalie Buquet, je rappelle que vous êtes avocate Innocence en danger,
00:13:06 et que vous vous portez donc parti civil pour cette association
00:13:08 dans le cadre de l'affaire.
00:13:10 On va repartir sur place à Rambervilliers,
00:13:12 donner la parole à Mireille Marchal,
00:13:14 qui est une habitante de cette commune.
00:13:16 Merci beaucoup d'être en direct avec nous.
00:13:18 Vous participez à cette marche.
00:13:20 Dites-nous un petit peu quel est l'état d'esprit.
00:13:23 On a vu une famille qui s'est finalement retenue
00:13:26 de prononcer quelques mots.
00:13:28 Est-ce que vous m'entendez Mireille Marchal ?
00:13:40 Un petit peu, oui.
00:13:47 Oui, ça va.
00:13:49 Merci Mireille Marchal d'être en direct avec nous.
00:13:51 Vous participez donc à cette marche.
00:13:53 Je voulais vous demander ce qui vous avait motivé
00:13:57 à participer à ce rassemblement aujourd'hui.
00:14:00 Naturellement, je ne suis pas la seule.
00:14:06 Il y a énormément de monde, déjà pour les parents de la petite.
00:14:11 On n'arrive pas à trouver les mots pour décrire le drame qui s'est passé.
00:14:20 Ce n'est pas possible, c'est l'horreur.
00:14:24 Moi, je demande une chose,
00:14:28 que ce soit plus sévère au terme de la justice.
00:14:33 Pourquoi ? On voudrait rendre à la petite un hommage qui lui est digne.
00:14:38 Je ne comprends pas qu'on s'en prend à une enfant.
00:14:42 Non, on n'arrive pas à comprendre.
00:14:45 Qu'est-ce qui vous a motivé pour être là aujourd'hui ?
00:14:48 Disons que j'ai moi-même une petite fille.
00:14:52 Ma soeur a des petites filles aussi.
00:14:55 Donc ça peut très bien nous arriver à nous.
00:14:58 C'est vrai que c'est ce que tout le monde se dit.
00:15:03 Je vous dis, il n'y a pas de mots pour exprimer.
00:15:07 Il y a de la douleur, mais surtout de la colère.
00:15:12 Surtout de la colère envers l'individu qui a fait ces choses-là.
00:15:20 Merci beaucoup Mireille Marshall d'avoir participé à notre émission.
00:15:25 On va peut-être recueillir vos propos un peu plus tard.
00:15:30 Amaury Bucaud nous a rejoint sur ce plateau.
00:15:32 Bonjour Amaury, journaliste de Police Justice à la rédaction de CNews.
00:15:35 On voulait faire avec vous le point sur l'enquête et sur cet adolescent de 15 ans
00:15:39 qui est mis en examen et qui a été placé en détention provisoire.
00:15:43 Que sait-on de cette enquête ?
00:15:45 Le point crucial dans cette enquête, c'était hier,
00:15:48 avec le début de l'autopsie de la jeune victime de 5 ans.
00:15:52 Le parquet a très rapidement dévoilé les premiers résultats de cette autopsie.
00:15:56 Pourquoi cette autopsie est importante ?
00:15:58 C'est parce qu'on ne sait finalement pas ce qu'il s'est passé dans le logement du suspect.
00:16:02 On ne sait pas comment cette petite fille est morte.
00:16:04 Je rappelle que le suspect a décidé de garder le silence,
00:16:07 de ne pas répondre aux enquêteurs et donc a refusé de collaborer avec la justice
00:16:11 pour faire la lumière sur ces événements.
00:16:13 Ce qu'on sait seulement, grâce aux images de vidéosurveillance de la ville,
00:16:17 c'est que le principal suspect a pris attache avec cette petite fille dans la rue
00:16:21 et qu'il l'a ramenée chez lui.
00:16:23 Et après, silence total.
00:16:24 Le but de l'autopsie, c'est deux choses.
00:16:26 C'est d'abord de savoir comment cette petite fille est morte,
00:16:29 comment elle a été tuée,
00:16:32 notamment si elle a été tuée volontairement ou involontairement.
00:16:35 Et puis de savoir si, avant son décès, cette petite fille a subi des sévices.
00:16:39 Je rappelle que le principal suspect est déjà mis en cause
00:16:42 pour des affaires de viol et d'agression sexuelle.
00:16:44 Donc sur ce point précis, l'autopsie est très importante.
00:16:47 Et justement, les premiers résultats de l'autopsie indiquent
00:16:50 qu'il n'y a pas eu de viol.
00:16:52 A priori, c'est ce qui a été constaté par le médecin légiste.
00:16:55 Et donc, il va falloir en revanche attendre plusieurs jours
00:16:58 pour savoir comment elle est morte et dans quelles circonstances exactes.
00:17:01 Mais au moins, on a cette réponse-là.
00:17:02 Est-ce qu'à un moment donné, vous nous confirmez que
00:17:04 ce qui était prescrit à ce jeune homme pour d'autres faits commis
00:17:07 était totalement respecté et qu'il se soumettait aux obligations
00:17:10 qui lui avaient été demandées ?
00:17:12 Alors là, en l'occurrence, j'allais dire que la justice,
00:17:15 elle a pris tous les moyens qui étaient à sa hauteur dans cette affaire
00:17:19 puisque je rappelle que cet suspect, en février 2022,
00:17:23 il est suspecté d'avoir violé deux petits garçons,
00:17:27 qu'il est un mois plus tard, en mars, mis en examen,
00:17:30 qu'il est placé dans un centre éducatif fermé pendant six mois,
00:17:33 que c'est renouvelé pour six mois.
00:17:35 Donc il n'a pas, je vais dire, sa liberté à ce moment-là.
00:17:39 Mais cette mesure, elle a été limitée à un an.
00:17:42 Donc au bout d'un an, il est nécessairement sorti de ce centre éducatif fermé
00:17:45 et il a été effectivement placé dans sa famille avec un contrôle judiciaire,
00:17:48 dont des soins, des mesures éducatives.
00:17:51 Et à partir de ce moment-là, c'est là qu'il a récidivé.
00:17:54 Donc se pose évidemment la question de la récidive,
00:17:56 mais se pose aussi la question de la lenteur de la justice
00:17:58 puisque pour des faits qui étaient commis en février 2022,
00:18:01 il n'avait toujours pas été jugé et il ne pouvait plus être enfermé pour cela.
00:18:05 Là, la justice a pris du coup une mesure, j'allais dire, assez radicale
00:18:09 pour empêcher la récidive, c'est-à-dire la détention prévisoire.
00:18:12 Je rappelle que le principal suspect depuis deux jours est maintenant derrière les barreaux.
00:18:17 Que cette détention prévisoire, elle va durer six mois,
00:18:20 qui est renouvelable encore et puis qu'entre-temps,
00:18:22 elle va peut-être être jugée pour les faits qui remontent à février 2022.
00:18:24 Enfin, on l'espère en tous les cas.
00:18:26 – Merci beaucoup pour ces précisions à Montréal du Côte.
00:18:28 – Le fond du sujet, je reviens à ce que je disais là,
00:18:32 sur la secrétaire d'État en charge, il n'y a pas eu de dysfonctionnement.
00:18:37 Donc il est parfaitement normal qu'un ado qui se livre à des viols sur deux gamins de 10 ans
00:18:44 ne soit pas incarcéré, soit juste mis dans un système d'accueil pendant six mois renouvelable
00:18:51 et au bout d'un an, il ressort et il recommence.
00:18:54 Et cette dame qui est membre du gouvernement français nous explique que c'est normal,
00:18:58 qu'il n'y a pas eu de dysfonctionnement.
00:18:59 Eh bien moi je dis que c'est scandaleux.
00:19:01 – Elle dit que juridiquement, il n'y a pas de défaillance dans ce dossier.
00:19:04 – Oui, mais exactement, ils sont au gouvernement.
00:19:06 L'un des problèmes de ce gouvernement, et ça, ça va naturellement rajouter une pièce dans la machine,
00:19:13 c'est le sentiment qu'ont les gens que quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent,
00:19:18 il ne se passe rien pour les aider et qu'ils sont victimes du système.
00:19:22 Là on s'aperçoit que son gosse peut être massacré devant la maison,
00:19:28 qu'on connaît la personne qui a tué cet enfant depuis plus d'un an,
00:19:33 qu'il a été mis à l'écart, même pas en prison, pas en détention provisoire,
00:19:37 été mis en écart pendant un an, mais qu'au bout d'un an, on considère que c'est fini,
00:19:42 et qu'il peut continuer comme avant.
00:19:44 Parce que le viol de deux enfants de 10 ans, ça mérite au maximum un an de…
00:19:49 C'est juste pas acceptable.
00:19:50 – C'est toute la question aussi qui est de cette présentation.
00:19:52 – Mettez-vous à la place de ces images.
00:19:53 – Aussi, a priori, on ne condamne pas quelqu'un a priori.
00:19:55 – On montre l'impuissance publique.
00:19:57 – Et c'est vrai qu'on a des témoignages, on les a tous entendus,
00:19:59 d'habitants du village, d'autres jeunes qui disaient se méfier ouvertement
00:20:02 de ce jeune homme qui n'avait pas un comportement normal.
00:20:04 Et malgré ça, on ne peut rien l'empêcher.
00:20:06 C'est ça qui révèle tant.
00:20:07 – Non mais le problème, pour moi, c'est quand même aussi une histoire de lenteur de la justice,
00:20:10 c'est-à-dire que tant que la personne n'est pas condamnée,
00:20:12 elle est présumée innocente, et c'est assez difficile de prendre des mesures
00:20:15 pour la priver de liberté.
00:20:17 Donc il faut juger plus rapidement aussi, je pense, ce genre de profil,
00:20:21 pour pouvoir les condamner, et à ce moment-là, les mettre en détention
00:20:23 pour des faits, effectivement, extrêmement graves.
00:20:25 Et là-dessus, je vous rejoins tout à fait.
00:20:26 – Non mais je veux dire, je pense à Dupond-Moreti que je connais,
00:20:30 contre lequel je n'ai absolument rien,
00:20:32 mais quand on veut avoir ce poste éminent et servir de son pays,
00:20:37 celui-là ou un autre, on s'arrange pour que,
00:20:40 quand on observe des choses de ce genre, ça ne se reproduise pas.
00:20:44 Je mentionnais tout à l'heure l'affaire Lola,
00:20:47 qui nous avait tous bouleversés à l'époque.
00:20:49 Qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
00:20:51 La meurtrière, elle est quelque part dans une…
00:20:54 – Elle est incarcérée, sa soeur a été expulsée.
00:20:56 – Voilà, il y en a une qui est expulsée, l'autre, je pense qu'ils vont retenir
00:21:00 une altération du discernement, donc voilà.
00:21:04 Et quelques mois après, on retrouve exactement le même genre de choses.
00:21:07 Mais c'est juste pas possible, ça veut dire que ça ne sert à rien.
00:21:11 Et c'est ça qui accroît le malaise, si vous voulez.
00:21:14 C'est ça qui accroît le divorce entre les citoyens,
00:21:16 et leurs élus et leur gouvernement.
00:21:18 C'est pour ça qu'ils ne vont plus voter, c'est pour ça qu'ils sont dégoûtés.
00:21:21 Parce que tout le monde peut s'identifier à cette famille.
00:21:24 – On va poser la question à une nouvelle invitée, Marjorie Sueur.
00:21:30 Bonjour, merci de nous rejoindre.
00:21:32 Vous êtes, vous, psychologue et criminologue.
00:21:35 Vous avez suivi le début de cette affaire, comme nous tous.
00:21:39 Quel regard portez-vous sur toutes ces questions qu'on se pose
00:21:43 suite à la mort de cette fillette de 5 ans ?
00:21:46 – Les questions qu'on se pose, elles sont légitimes.
00:21:48 Effectivement, on est en droit de se demander
00:21:50 comment on aurait pu éviter ce drame.
00:21:52 On vient s'interroger la question de la personnalité.
00:21:56 Il a été effectivement pris en charge.
00:21:58 Il répond aux demandes qui lui ont été formulées.
00:22:02 Maintenant, c'est quelle est vraiment la prise en charge.
00:22:05 Ça nous interroge plus sur quelle est la prise en charge adéquate
00:22:08 que l'on devrait apporter à ce type de profil.
00:22:11 Il y a la dangerosité, ce qu'on appelle la dangerosité criminelle.
00:22:14 C'est-à-dire qu'il était déjà mis en examen
00:22:17 pour des faits d'agression sexuelle et de viol.
00:22:20 Cette fois-ci, on est sur une escalade puisqu'il s'agit d'un meurtre.
00:22:25 Donc, comment on aurait pu éviter ce drame ?
00:22:29 Tout simplement, comment on aurait pu l'aider, lui, le jeune,
00:22:33 à déterminer, à contrôler un peu plus ses émotions, ses impulsions,
00:22:38 arriver à comprendre aussi comment il s'est construit,
00:22:41 de façon à pouvoir l'aider dans un étayage
00:22:44 qui lui permettrait de rester ou au moins de s'intégrer dans la société.
00:22:48 Puisque, à l'heure actuelle, c'est un jeune, c'est un adolescent
00:22:51 et il a déjà un parcours de délinquant
00:22:54 qui nous amène quand même à nous interroger sur la transgression des lois,
00:22:57 ce que ça représente pour lui
00:22:59 et comment on peut éventuellement le faire rentrer dans la norme sociale.
00:23:03 C'est vrai que ce sont en général les missions
00:23:07 qui reviennent à tout cet encadrement psychologique.
00:23:10 Je ne vous pointe évidemment pas du doigt, vous, madame,
00:23:13 mais quel est, selon vous, le point crucial sur lequel on aurait dû insister ?
00:23:17 Est-ce qu'il faut modifier pour éviter ?
00:23:19 Vous dites "on n'en a pas fait assez", qu'est-ce qu'on pouvait faire de plus ?
00:23:23 Ce n'est pas qu'on n'en a pas fait assez, c'est la prise en charge psychologique,
00:23:27 c'est savoir aussi sur quel point on a pu travailler.
00:23:30 Ce qui est difficile, et on reste sûr de l'humain, malheureusement,
00:23:34 c'est connaître les dossiers, connaître l'infraction
00:23:37 pour laquelle la demande de prise en charge a été faite.
00:23:40 Après, c'est arriver à travailler, établir le lien avec l'individu,
00:23:44 le mettre en confiance, de façon à ce qu'on puisse vraiment déterminer
00:23:48 où sont les failles dans sa construction, dans sa structure de personnalité,
00:23:52 de façon à pouvoir voir quelle est la prise en charge qu'on peut vraiment lui apporter.
00:23:56 Et à votre avis, madame, les gens qui ont suivi ce jeune homme
00:24:01 depuis les premières agressions ont fait correctement leur travail ?
00:24:04 Le travail de suivi a été fait correctement ?
00:24:06 Comme l'indique la secrétaire d'Etat, elle dit qu'il n'y a pas eu de dysfonctionnements,
00:24:10 c'est votre avis aussi ?
00:24:12 Alors, je ne peux pas dire que ce n'est pas moi qui l'ai traité,
00:24:15 je pense qu'il y a eu un suivi qui a été mis en place
00:24:18 et qu'ils ont dû appuyer sur certains faits.
00:24:20 Maintenant, peut-être qu'il y a aussi une prise en charge psychiatrique
00:24:24 qui aurait dû avoir lieu.
00:24:26 Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est une prise en charge psychologique
00:24:29 ou pédopsychiatrique qui a eu lieu,
00:24:31 mais peut-être que les deux sont nécessaires aussi pour venir étayer
00:24:35 et venir compenser ce qui fait défaut chez cet individu.
00:24:38 Alors oui, c'est normal de le remettre en liberté, de renvoyer chez lui ?
00:24:42 Ne soyez pas trop contre la Madame, n'ayez pas à impliquer dans le dossier.
00:24:47 Non, par contre, la question qui se pose, et je voulais aussi vous poser,
00:24:49 c'est sur ce centre fermé.
00:24:51 On dit parfois que, surtout sur des plus jeunes sujets,
00:24:54 les mesures très radicales sont contre-productives.
00:24:58 Est-ce que vous pensez que là aussi, on pourrait peut-être aménager le dispositif ?
00:25:05 Je pense que c'est vraiment du cas par cas.
00:25:07 Vous avez des jeunes qui rentrent dans ces centres d'éducation éducatifs fermés
00:25:11 qui ont vraiment besoin que le cadre éducatif soit remis en place
00:25:15 et vous ne pouvez pas négocier quoi que ce soit
00:25:17 parce que la moindre marge de manœuvre que vous allez lui proposer,
00:25:20 il va s'en saisir et outrepasser et transgresser à nouveau les lois.
00:25:24 Et vous en avez d'autres qui ont peut-être une sensibilité,
00:25:28 ont un levier sur lequel on peut appuyer,
00:25:30 sur lequel on peut éventuellement laisser une petite marge de manœuvre
00:25:33 pour justement arriver à établir le contact et travailler avec eux.
00:25:37 Mais c'est du cas par cas.
00:25:39 Il y a plein d'individus, il y a plein de professionnels
00:25:41 qui interviennent dans ces centres-là.
00:25:43 Maintenant, de ce qui a été donné, de ce qui a été rendu,
00:25:46 le travail a été fait.
00:25:47 Donc comment aider, effectivement ?
00:25:49 Comment on aurait pu envisager le fait que cet individu
00:25:53 allait de nouveau passer à l'acte ?
00:25:55 Merci beaucoup, Marjorie, d'avoir apporté votre expertise.
00:25:59 Je rappelle que vous êtes psychologue criminologue.
00:26:02 On va s'arrêter là pour cette actualité.
00:26:04 Vous le voyez sur cette marche blanche qui s'est déroulée
00:26:06 en début d'après-midi à la mémoire de Rose Fiette de Saint-Corné,
00:26:09 cédée la semaine dernière.
00:26:11 Pub et on passe à une autre actualité,
00:26:13 la finale de la Coupe de France au Stade de France.
00:26:15 Bientôt 14h30 et Yohann Usaï nous a rejoint.
00:26:21 Bonjour Yohann, journaliste au service politique
00:26:23 de la rédaction de CNews.
00:26:25 Pour évoquer l'autre grande actualité du jour,
00:26:28 ou plutôt de la soirée, le volume sonore risque d'être élevé
00:26:31 au Stade de France, d'abord en raison de l'événement,
00:26:33 la finale inattendue de la Coupe de France,
00:26:35 qui opposera donc le FC Nantes et le Toulouse Football Club.
00:26:38 On y attend près de 80 000 spectateurs.
00:26:40 Ensuite, à cause du tour politique et social
00:26:42 qu'a pris cette soirée, les organisations syndicales
00:26:45 ayant prévu de distribuer des cartons rouges
00:26:47 et des sifflets aux spectateurs pour qu'ils manifestent
00:26:50 leur mécontentement vis-à-vis de la politique du chef de l'État.
00:26:53 On va revenir sur tous ces aspects.
00:26:56 On va d'abord aussi effleurer le dispositif de sécurité
00:26:59 qui est renforcé aux abords du Stade de France.
00:27:02 On écoute les précisions de Sarah Fenzary.
00:27:05 La soirée promet d'être bruyante dans l'enceinte du Stade de France,
00:27:09 mais aussi à l'extérieur.
00:27:11 La CGT avait prévu une distribution de sifflets
00:27:13 et de cartons rouges aux supporters pour protester
00:27:16 contre la réforme des retraites, objet qui seront interdits
00:27:19 par la préfecture de police de Paris,
00:27:21 comme le rassemblement prévu par l'intersyndicale de Saint-Denis.
00:27:24 Les contrôles commenceront en milieu d'après-midi sur le parvis
00:27:27 et dans les transports en commun.
00:27:29 Il y a ce phénomène de cartons rouges, de sifflets.
00:27:31 On est en marge de ça.
00:27:33 Comment gérer ça dans le Stade ?
00:27:35 Peut-être que le Stade de France, qui est concessionnaire,
00:27:37 va devoir rehausser son niveau de sécurité intérieure
00:27:40 avec des stadiers, avec de la sécurité privée.
00:27:42 Par crainte d'envahissement du terrain par les spectateurs,
00:27:45 des grilles ont été installées dans les virages du Stade de France
00:27:48 avec des pics.
00:27:50 Plus de 3000 forces de l'ordre sont mobilisées.
00:27:52 Un dispositif 50 fois plus important que celui de l'an dernier
00:27:55 pour la finale de la Ligue des champions,
00:27:57 qui avait tourné au fiasco sécuritaire.
00:27:59 De leur côté, les membres du gouvernement
00:28:01 regrettent une manifestation revendicative
00:28:04 en marge de cet événement sportif.
00:28:06 Dans son arrêté, le préfet de police de Paris
00:28:09 rappelle que tout type d'instrument de musique
00:28:11 est interdit par le règlement intérieur
00:28:13 de la Fédération française de football,
00:28:15 lorsque des rencontres sont organisées par cette fédération.
00:28:22 On évoquera l'aspect sportif qui reste important
00:28:24 pour tous ces supporters dans quelques minutes,
00:28:26 avec un supporter de Toulouse, un supporter de Nantes.
00:28:29 Mais on ne peut pas ne pas commencer
00:28:31 par cet aspect sécuritaire et politique, Yohann Nizaï.
00:28:33 On sait que la venue d'Emmanuel Macron est confirmée.
00:28:36 Ce n'est pas un homme qui recule, nous a-t-on dit.
00:28:39 Mais le protocole est un peu bousculé
00:28:41 pour prendre en compte ce mécontentement social.
00:28:44 Il est complètement bouleversé, même, le protocole.
00:28:47 La remise du trophée se fera dans la tribune présidentielle,
00:28:51 qui est de fait beaucoup plus facile à sécuriser.
00:28:54 Et le président de la République, au début de la rencontre,
00:28:57 contrairement à la tradition, n'ira pas sur la pelouse
00:29:00 pour saluer les joueurs.
00:29:02 Il le fera avant que ces joueurs n'entrent sur cette pelouse.
00:29:06 Pourquoi est-ce que le président ne va pas sur la pelouse ?
00:29:08 D'abord, en termes d'image, ça lui posait un problème
00:29:11 pour sa communication, parce qu'à l'évidence,
00:29:13 il aurait sans doute été accueilli sous les sifflets,
00:29:16 sous les huées, même peut-être d'une partie des supporters.
00:29:19 Et deuxième chose, pour une question de sécurité,
00:29:23 parce que les services de renseignement, notamment,
00:29:26 craignaient que la pelouse puisse être envahie
00:29:29 par une partie des supporters.
00:29:30 C'est pour ça, d'ailleurs, qu'on a renforcé
00:29:32 les dispositifs de sécurité.
00:29:33 Vous avez vu des barrières installées dans les virages.
00:29:35 Il y aura beaucoup plus de stadiais que d'habitude.
00:29:37 Et si la pelouse est envahie par quelques centaines
00:29:40 ou quelques milliers de supporters, évidemment,
00:29:42 à ce moment-là...
00:29:43 Comme ça arrive fréquemment, d'ailleurs, à la fin de certaines rencontres.
00:29:46 Et si c'est le cas, évidemment, la sécurité du président
00:29:48 de la République, là, n'est plus assurée.
00:29:50 Donc, il n'était pas question de prendre le moindre risque
00:29:52 en termes de sécurité et en termes de communication.
00:29:55 Donc, il n'ira pas sur la pelouse.
00:29:56 Est-ce que vous nous confirmez que dans l'entourage du président,
00:29:58 on nous dit qu'il ne recule pas, il ira, il affrontera
00:30:02 ce mécontentement populaire, comme on l'a vu faire dans la semaine.
00:30:05 Mais c'est difficile aussi.
00:30:06 C'est sa stratégie de communication.
00:30:07 Et ce sont les éléments de langage qui sont utilisés
00:30:09 depuis plusieurs jours maintenant.
00:30:10 Quand le président de la République se déplace,
00:30:12 alors c'est valable pour le Stade de France,
00:30:14 mais c'est valable pour les deux déplacements
00:30:15 qu'il effectue sur le terrain chaque semaine désormais.
00:30:18 L'objectif, c'est de montrer qu'il n'est pas, entre guillemets,
00:30:20 "bunkerisé" à l'Élysée, qu'il sort, qu'il se déplace
00:30:22 où il veut, qu'il va à la rencontre des Français,
00:30:25 qu'il ne recule pas.
00:30:27 Oui, c'est une manière de dire que désormais,
00:30:29 tout repose sur lui.
00:30:30 En quelque sorte, c'est lui qui va au devant de la crise.
00:30:34 C'est lui qui prend les choses en main.
00:30:36 Il le fait politiquement.
00:30:37 Il l'a moins fait durant la réforme des retraites.
00:30:39 Il était moins là pour expliquer la réforme.
00:30:41 Il était moins là pour prendre les coups.
00:30:43 Désormais, il le fait politiquement.
00:30:45 Il le fait également en matière de communication.
00:30:47 C'est lui qui est en première ligne désormais
00:30:49 sur ces deux aspects-là.
00:30:50 - Christian Proutot, vous comprenez qu'on renforce
00:30:53 ce système de sécurité plus que lors de la dernière finale
00:30:56 de la Ligue des champions dont on connaît le fiasco ?
00:30:58 - Je le comprends d'autant mieux qu'il ne faut pas oublier
00:31:02 qu'on aura un événement qui sont les Jeux olympiques
00:31:05 et que déjà, en matière de sécurité sur les grands événements,
00:31:09 on en a pris un coup avec ce qui s'était passé la dernière fois.
00:31:12 Donner une image qu'on ne maîtrise pas, un événement
00:31:17 comme un match de foot peut faire désordre
00:31:21 par rapport à cette projection sur 2024.
00:31:24 C'est la question que vous me posiez au niveau de la sécurité.
00:31:28 C'est sous cet angle-là que je le vois.
00:31:30 Mais il ne faut pas oublier non plus qu'un stade,
00:31:32 c'est une enceinte privée qui est également sous contrôle
00:31:35 de celui qui organise l'événement, qui l'encadre
00:31:38 et qui met à disposition.
00:31:40 Donc effectivement, il est évoqué un renforcement des stadiers.
00:31:43 Il ne faut pas oublier que ça a été une des grandes problématiques
00:31:46 des événements qu'il y avait eu la dernière fois.
00:31:50 - Charles Lelouch ?
00:31:52 - Il y a un élément de sécurisation et de montrer que la France
00:31:57 s'est sécurisée à un match comme ça après le fiasco de la Coupe d'Europe.
00:32:01 Clairement, c'est l'enjeu, d'où le renforcement,
00:32:04 d'où les 1500 stadiers, etc.
00:32:07 Parce que derrière, il y a le rugby, puis après, il y a les Jeux olympiques.
00:32:10 Il vaudrait mieux que ça se passe bien.
00:32:12 Mais il y a maintenant un élément politique qui est devenu central.
00:32:17 Hier, l'agence de notation Fitch a dégradé la note de la France,
00:32:24 en partie à raison des troubles sociaux qui décrédibilisent
00:32:28 la politique économique et la trajectoire financière du pays.
00:32:33 Aujourd'hui, ce match est en train de se transformer en un happening
00:32:37 entre le président et le peuple.
00:32:39 C'est exactement, pardonnez-moi, je vais être très franc,
00:32:42 c'est exactement l'inverse de ce qu'il aurait fallu faire.
00:32:45 Clairement, le pays s'installe depuis un certain nombre de semaines
00:32:49 dans une attitude où au moins 70% des Français,
00:32:54 et ça vient d'être confirmé à nouveau dans les sondages,
00:32:56 ce jour, après l'adoption du texte,
00:32:59 continuent à soutenir le mouvement de protestation.
00:33:02 Et sont contre la réforme.
00:33:04 Deuxièmement, deuxième élément, en plus de cette opposition
00:33:08 qui est très forte, puisque le président conserve son socle,
00:33:11 en gros de 30%, le reste est contre.
00:33:14 Mais ce qu'il y a de plus en plus ennuyeux, à mon sens,
00:33:16 outre le fait qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée,
00:33:18 qu'il est très difficile de passer à autre chose,
00:33:21 c'est que cette affaire est en train de se transformer
00:33:24 en un problème entre lui et le peuple français.
00:33:27 Beaucoup, beaucoup de Français lui en veulent personnellement.
00:33:31 Et il y a un aspect de détestation,
00:33:33 on tient rigueur, mépris,
00:33:35 enfin je vous passe le catalogue de reproches qu'on lui fait,
00:33:38 Jupiter, etc.
00:33:40 Toujours est-il qu'on est dans une situation que moi je ne connais pas.
00:33:43 Dans toute mon expérience politique, j'ai jamais vu quelque chose
00:33:47 qui ressemble à ce point au rejet personnel.
00:33:49 - À quel niveau vous voulez dire ?
00:33:50 En termes d'impopularité ou en termes de crispation aussi des sentiments ?
00:33:53 - L'impopularité ça a déjà existé.
00:33:55 Durable, moins.
00:33:57 Mais impopularité plus détestation personnelle,
00:34:00 c'est à mon sens nouveau.
00:34:02 Je n'ai jamais vu ça.
00:34:03 Même sous Sarkozy, qui n'est pas aimé par toute la gauche française,
00:34:06 c'est le moins qu'on puisse dire, je n'ai pas connu ça.
00:34:08 Sous Chirac, encore moins, même si Chirac aussi a eu des moments
00:34:11 de détestation avant son élection.
00:34:13 Je n'ai jamais connu ça.
00:34:15 Le président d'ailleurs, de façon assez courageuse,
00:34:17 personne ne peut lui faire l'affront de dire qu'il n'a pas le courage
00:34:21 d'aller se confronter.
00:34:23 Mais en se confrontant, il en rajoute,
00:34:26 il remet une pièce dans la machine.
00:34:28 Il montre qu'il n'a pas peur, et en montrant qu'il n'a pas peur,
00:34:31 il est dans une état de vulgarisation permanente.
00:34:34 - Alors que lui dit vouloir apaiser ses tensions et se réconcilier
00:34:35 avec les Français.
00:34:36 - Oui, mais je pense que ce n'est pas gagnant pour lui,
00:34:38 parce que ça prolonge.
00:34:40 Là-dessus, Mme Borne a raison.
00:34:42 La France a besoin d'apaisement et de convalescence
00:34:45 pendant quelques temps.
00:34:47 Je ne suis pas sûr que de transformer ce match de foot
00:34:51 en une sorte d'affrontement entre son, sa virilité à lui,
00:34:56 et puis les gens qui vont gueuler, qu'il traite d'ailleurs de démagogue,
00:35:00 parce que si j'ai bien entendu, il a dit il y a les progressistes
00:35:04 d'un côté, les démagogues de l'autre, les démagogues sur ceux
00:35:06 qui ne sont pas d'accord.
00:35:08 Je ne pense pas que ce soit la bonne façon d'approcher
00:35:10 le problème où nous sommes.
00:35:12 Parce que ce qui était au départ une crise sociale,
00:35:15 sur un texte centré sur la question des retraites,
00:35:19 qui a été raté, est en train de se transformer
00:35:22 en un problème politique.
00:35:24 Et comme le dit Pierre Rosenwallon, qui n'est quand même pas
00:35:27 un homme de droite, qui est un grand intellectuel,
00:35:29 on ne nous gouverne pas à coups de préfets et de policiers.
00:35:33 Et avec des arrêtés qui sont de plus en plus gaguesques.
00:35:36 Interdire les casseroles, interdire maintenant les sifflets,
00:35:41 je veux dire, où on est ?
00:35:43 En matière de liberté publique, ça repose sur rien.
00:35:45 Dans un stade, c'est interdit les sifflets.
00:35:47 Oui, dans un stade.
00:35:48 Sauf en l'arbitre.
00:35:49 Interdire les sifflets dans la poche des gens
00:35:52 à proximité du stade. Pardon !
00:35:54 Il faudrait y faire des palpations pour savoir s'ils ont un sifflet.
00:35:57 Mais où on est là ?
00:35:59 On est dans le ridicule le plus total.
00:36:01 Les forces de l'ordre sont sans place.
00:36:03 Regardez Pierre Lelouch, images en direct des abords du stade de France.
00:36:05 Ils vont les faire ces contrôles.
00:36:06 On ne doit pas utiliser des textes antiterroristes
00:36:08 pour empêcher les gens de porter un sifflet quand même.
00:36:11 Il est évident qu'il y a une détestation qui est flagrante
00:36:13 du président de la République de la part d'une partie des Français.
00:36:16 C'est vrai, Pierre Lelouch le dit, c'est quelque chose d'assez inédit.
00:36:18 Vous parliez de Jacques Chirac,
00:36:20 qui a mené la réforme du CPE.
00:36:23 A l'époque du CPE, les manifestants demandaient la démission
00:36:25 de Dominique De Villepin, pas celle de Jacques Chirac.
00:36:28 Aujourd'hui, dans les manifestations,
00:36:30 on réclame la démission du président de la République.
00:36:34 Et parfois, sa tête est posée sur un piqué.
00:36:36 On a quand même atteint quelque chose
00:36:38 qui n'est pas commun dans notre histoire récente.
00:36:42 Nicolas Sarkozy non plus,
00:36:44 qui pourtant lui aussi concentrait une part de détestation,
00:36:48 n'était pas arrivé à ce niveau-là de haine
00:36:51 de la part d'une partie du pays.
00:36:53 Parce que le fait qu'il ait gardé son socle
00:36:55 est quand même quelque chose de politiquement important.
00:36:57 Néanmoins, que se passe-t-il en ce moment ?
00:37:01 Il a les Français contre lui,
00:37:03 il a une très grande majorité.
00:37:04 Il a les syndicats contre lui.
00:37:06 Et il a le Parlement, en tout cas la majorité du Parlement,
00:37:08 contre lui.
00:37:10 Donc, nous sommes dans une situation
00:37:12 qui est bloquée politiquement et socialement.
00:37:14 Ce qui est quand même quelque chose d'assez inédit
00:37:17 dans notre histoire récente.
00:37:19 Comment va-t-il sortir de là ?
00:37:21 Il espère pouvoir tenir au moins jusqu'en septembre.
00:37:23 C'est, me semble-t-il, la mission qu'il a confiée à Elisabeth Borne.
00:37:26 Il va attendre peut-être les élections sénatoriales
00:37:28 qui seront importantes pour la droite,
00:37:30 pour éventuellement ensuite envisager un remaniement
00:37:32 et un changement de premier ministre.
00:37:34 Mais il faut tenir jusque-là
00:37:36 et ensuite pouvoir espérer faire passer des réformes.
00:37:39 Mais ayons bien conscience quand même
00:37:41 qu'on parle beaucoup de son impopularité, etc.
00:37:43 Il ne se représente pas en 2027.
00:37:45 Ça joue dans le match qu'il a engagé
00:37:47 avec les manifestants, avec les syndicats.
00:37:49 Bien sûr, il ne faut pas même tenir 4 ans jusqu'à la fin du mandat.
00:37:51 J'entends bien.
00:37:52 Et ça peut paraître long, vu d'ici.
00:37:53 Mais il ne se représentera pas.
00:37:55 Donc, la question de l'impopularité
00:37:57 ne se pose pas de la même manière pour lui
00:37:59 qu'elle ne se posait, par exemple,
00:38:01 lors de son premier mandat.
00:38:03 Et le fait qu'un président ne puisse pas se représenter,
00:38:05 ça aussi, c'est inédit.
00:38:06 Ça n'est jamais arrivé sous la Ve République.
00:38:08 Donc, il y a beaucoup de choses, en ce moment, inédites
00:38:11 que nous ne maîtrisons pas, franchement,
00:38:13 et que nous devons donner.
00:38:14 Et il devra affronter, du coup, l'ambiance, ce soir,
00:38:16 au Stade de France.
00:38:17 On va retrouver aux abords de cette enceinte
00:38:19 Marine Sabourin, avec Florian Paume,
00:38:21 notre équipe sur place.
00:38:23 Bonjour, Marine.
00:38:24 On a vu les CRS, grâce à vos images, arriver.
00:38:28 En tout cas, les contrôles ont commencé,
00:38:30 peut-être déjà, par rapport à cette soirée
00:38:32 qui s'annonce houleuse.
00:38:33 Oui, Barbara, tout à fait.
00:38:37 Juste derrière moi, il y a un premier contrôle
00:38:39 mené par les stadiers,
00:38:41 qui a été présent depuis midi, environ.
00:38:43 Donc, ces stadiers contrôlent les sacs.
00:38:46 C'est une brève vérification, donc, pour les supporters
00:38:50 qui commencent à arriver seulement.
00:38:52 Et donc, ensuite, il y a ces CRS, ces gendarmes
00:38:56 qui viennent d'arriver, il y a quelques instants,
00:38:58 comme vous l'avez dit, sur notre antenne.
00:39:00 Donc, ces policiers, ces gendarmes,
00:39:02 qui sont là, 3 000 forces de l'ordre mobilisées,
00:39:04 aujourd'hui.
00:39:05 C'est 1 000 de plus qu'en temps habituel,
00:39:07 donc, ces forces de l'ordre.
00:39:08 Et on discutait avec des supporters,
00:39:10 qu'ils avaient vus, notamment dans les médias,
00:39:12 les inquiétudes qui pesaient sur cette soirée,
00:39:15 et qu'ils se disaient, eh bien, rassurés,
00:39:17 en vue de la présence des forces de l'ordre, ce soir.
00:39:20 Et donc, vous le voyez également,
00:39:22 ces barrières qui sont installées aux abords du Stade de France,
00:39:24 puisqu'il n'est pas possible, pour l'instant,
00:39:26 d'y pénétrer pour les supporters.
00:39:27 Ces barrières, pour éviter les mouvements de foule
00:39:29 à l'entrée du stade.
00:39:31 Alors, pour rappel, eh bien, il y a Laurent Nunez,
00:39:34 qui dirigera un PC Sécurité, donc, dans ce Stade de France.
00:39:37 Et puis, Emmanuel Macron, eh bien, distribuera,
00:39:40 donnera, donc, ce trophée depuis la pelouse,
00:39:43 depuis, pardon, les tribunes.
00:39:44 Mais une question demeure, va-t-il rentrer sur le terrain ?
00:39:47 En tout cas, on aura la réponse dans quelques heures.
00:39:49 - Merci beaucoup, Marine.
00:39:51 On attend avec impatience, en ce que vous nous trouviez,
00:39:53 les supporters toulousains,
00:39:54 parce qu'on veut donner les paroles, justement,
00:39:56 à ceux qui viennent voir le match.
00:39:57 On est en contact avec David Tan, supporter, lui, de Nantais.
00:40:01 Bonjour, merci de participer à notre émission.
00:40:05 Alors, une finale, de nouveau, au Stade de France.
00:40:07 On le sait, c'est fabuleux.
00:40:08 Pour vous, ça fait espérer un nouveau doublé,
00:40:10 comme il y a 23 ans.
00:40:12 Est-ce que cette espérance sportive n'est pas un petit peu entachée,
00:40:16 dans votre cœur de supporter, par le tour politique
00:40:19 que prend ce match ?
00:40:22 - Bonjour à tous.
00:40:23 On n'a pas de chance.
00:40:24 C'est vrai que ça devait être un moment festif
00:40:26 pour regagner une deuxième fois une Coupe de France.
00:40:29 Et on fêtait aussi les 80 ans du FC Nantes.
00:40:32 Malheureusement, dans cette période de contestation,
00:40:34 pour la retraite, il va y avoir encore, je pense, des manifestants.
00:40:38 Puisque M. Macron est au-dessus.
00:40:42 Il veut quand même garder sa réforme.
00:40:44 Alors, personne n'en veut.
00:40:45 Donc, je pense que les sifflets rouges et les cartons rouges
00:40:48 seront les bienvenus ce soir.
00:40:50 - Est-ce que vous allez y aller ?
00:40:52 Vous participerez à cette montée de décibels
00:40:55 dans l'enceinte du Stade de France ?
00:40:58 - Alors, moi, je suis chauffeur, je suis à Nantes.
00:41:01 Il y a deux écrans géants installés.
00:41:03 J'ai des membres de ma famille qui sont au Stade de France.
00:41:05 Il y a tous les supporters de la Brigade Loire qui sont là-bas.
00:41:08 Et ils sont très enjoués à supporter nos Canaris.
00:41:13 On va la gagner, de toute façon, cette Coupe.
00:41:15 Il n'y a pas de souci avec ça.
00:41:16 On est tous derrière nos petits Canaris.
00:41:18 - Francisco Premier, vous soutenez quand même le mouvement.
00:41:20 Vous ne seriez pas étonné qu'on siffle,
00:41:23 qu'on hue le président de la République,
00:41:25 qu'on lui assigne quelques cartons rouges ce soir,
00:41:27 à la 49e minute, puisque c'est vrai qu'on ne l'a pas précisé.
00:41:30 C'est une opération qui doit se dérouler à la 49e minute,
00:41:32 en hommage au 49.3.
00:41:34 - Tout à fait.
00:41:36 Il est le président actuel de la République française.
00:41:38 Il se doit d'être présent au Stade de France, tout à fait normal.
00:41:41 Mais qu'il ne s'attende pas à ce qu'on l'applaudisse chaleureusement.
00:41:44 À la 49e minute, il va y avoir une action.
00:41:47 Et puis, dans toute manifestation sportive,
00:41:50 aux Jeux olympiques, dans le Coupe du monde de football,
00:41:53 il y a toujours eu des actions politiques.
00:41:55 Donc, il est sous les feux des projecteurs.
00:41:59 Il n'arrête pas de se faire moquer par le monde entier.
00:42:03 Moi, j'ai des clients VTC qui m'expliquent des Canadiens,
00:42:06 des Américains, des Latinos.
00:42:08 Il me dit "mais qu'est-ce qui se passe en France ?"
00:42:10 Ça rappelle les gilets jaunes fameux.
00:42:12 Il n'a pas appris la leçon d'il y a 3-4 ans.
00:42:15 - Et pourtant, le protocole de ce soir est bousculé.
00:42:17 Ça veut dire, quelque part, qu'il a bien conscience
00:42:21 de ce mécontentement et qu'il entend les remarques des uns et des autres.
00:42:27 - Oui, et sur votre antenne, le prophète Paris,
00:42:30 M. Nunez, qui était la bande à Castaner,
00:42:32 ils vont mettre des herbes sur les grilles.
00:42:34 Mais on est où, là ?
00:42:36 Ça, c'est aberrant.
00:42:37 On va encore attaquer ses propres Français, son propre peuple.
00:42:41 - C'est comme ça que vous le prenez ?
00:42:43 - Les casserolades.
00:42:44 Bien sûr, nous, à Nantes, on est une terre de révolutionnaires.
00:42:48 On a eu encore un jeune qui s'est fait émasculer
00:42:51 par un tir de LBD.
00:42:53 On a encore les manifestations où ils se font gazer.
00:42:56 Les syndicats se font gazer à Nantes.
00:42:58 Et là, on vient pour faire la fête, pour faire la Coupe de France.
00:43:02 M. Emmanuel Macron met 3 000 forces de l'ordre.
00:43:05 - Il ne les met pas, évidemment, contre les supporters
00:43:08 que vous êtes en grande majorité.
00:43:10 Il les met pour se prémunir d'actions violentes
00:43:13 et de bouleversements propagés par d'autres.
00:43:16 - Et donc ?
00:43:18 Mais moi, j'ai déjà écrit, j'écris dans le ministère et à l'Élysée,
00:43:23 il faut qu'il arrête ces réformes qui mettent à mal le pays.
00:43:26 Parce que nous, les commerçants, on a des problèmes.
00:43:29 Les gares ont des problèmes.
00:43:31 Les aéroports ont des problèmes.
00:43:33 Les usagers ont des problèmes.
00:43:34 Sachez, il y a la Coupe du monde de rugby, là, en septembre.
00:43:37 Il y a le Tour de France en juillet.
00:43:39 Il y a d'autres événements sportifs.
00:43:40 Il veut continuer comme ça ?
00:43:41 Là, je voulais être joyeux et festif pour vous parler.
00:43:44 Et tous les événements qui vont arriver
00:43:46 découlent de son obstination à ne pas enlever cette réforme.
00:43:50 Qu'il aille chercher l'argent chez les 4.40
00:43:53 et laisser les Français tranquilles.
00:43:54 Et qu'on ait du plaisir à aller au Stade de France
00:43:57 ou aller dans les stades, à Montrevoir et à manger.
00:44:00 Il y a des arrêtés préfectoraux, des arrêtés municipaux aberrants.
00:44:04 - Et on ne voulait pas vous mettre en colère, David Tann.
00:44:06 Merci beaucoup surtout d'avoir partagé votre point de vue
00:44:08 et surtout, belle finale de Coupe de France,
00:44:10 puisque c'est de ça dont il s'agit ce soir.
00:44:13 Allez les jaunes, merci beaucoup.
00:44:15 Il y a beaucoup de choses en réaction à ce qui s'est dit.
00:44:19 C'est vrai que c'est pourtant un point de vue partagé par certains Français.
00:44:22 - J'entends bien, mais si les CRS utilisent des gaz lacrymogènes
00:44:26 dans les manifestations, ça n'est pas par plaisir.
00:44:28 Voyez-vous, il ne me semble pas qu'ils éprouvent une joie particulière
00:44:31 en utilisant ces gaz lacrymogènes.
00:44:33 Si les CRS, les gendarmes mobiles ou les forces de l'ordre en général
00:44:36 sont obligés d'utiliser la force légitime,
00:44:39 c'est parce qu'eux-mêmes sont victimes de violences
00:44:41 et de violences qui sont dans ces manifestations
00:44:43 de plus en plus importantes.
00:44:44 Si cette fête au Stade de France est en partie gâchée,
00:44:47 c'est précisément parce que quelques centaines
00:44:50 ou quelques milliers de personnes ultra-violentes sont aussi attendues.
00:44:53 C'est parce que des personnes présentes dans le stade
00:44:56 peuvent éventuellement, de manière là aussi illégale,
00:44:59 descendre sur la pelouse.
00:45:00 Donc je crois quand même qu'il faut aussi remettre l'église
00:45:03 au milieu du village et que c'est précisément à cause
00:45:06 de phénomènes de violence que le Stade de France
00:45:09 est malheureusement sécurisé de cette manière.
00:45:12 Parce que voyez-vous, on peut être contre la réforme des retraites.
00:45:15 Il y a plein de choses qui ne vont pas dans cette réforme.
00:45:17 A l'évidence, on en a déjà beaucoup parlé.
00:45:18 Mais ceux qui sont contre cette réforme,
00:45:20 qu'ils aillent manifester, qu'ils aillent manifester
00:45:22 en nombre le 1er mai.
00:45:23 Ces manifestations sont autorisées,
00:45:25 elles sont encadrées par les syndicats,
00:45:27 par les forces de l'État.
00:45:28 Mais tout ce qui est illégal, les coupures de courant,
00:45:32 les choses comme ça, dans un pays comme le nôtre,
00:45:35 pardon de vous dire que ce n'est pas acceptable.
00:45:37 Parce que nous sommes dans une démocratie,
00:45:38 nous avons des règles.
00:45:39 Quand on n'est pas d'accord, il y a des manières
00:45:41 de le faire savoir.
00:45:42 Mais utiliser les arguments qu'on vient d'entendre,
00:45:44 moi, pardon, mais je ne peux pas y adhérer.
00:45:46 – Et Pierre Lelouch non plus apparemment.
00:45:48 – Non, non, mais moi je suis tout à fait étonné
00:45:51 de cette défense vigoureuse de l'argumentaire
00:45:54 gouvernemental actuel.
00:45:56 Je ne suis pas du tout d'accord.
00:45:57 Remettons l'Église au milieu du village.
00:45:59 Moi je suis choqué quand je vois des violences
00:46:01 contre des gilets jaunes ou des manifestants
00:46:04 qui se font émasculer.
00:46:05 – On peut être choqué par les deux, pardon.
00:46:07 – J'aimerais voir autant d'énergie
00:46:09 quand on va démanteler des points de deal,
00:46:11 ce qu'on ne fait jamais.
00:46:12 Je ne vois pas le même niveau de virilité
00:46:16 quand il s'agit d'aller remettre de l'ordre
00:46:18 dans les banlieues, je suis désolé de vous le dire.
00:46:20 J'ai l'impression, ce que ce monsieur disait tout à l'heure,
00:46:23 c'est ce que j'entends beaucoup autour de moi,
00:46:26 c'est que beaucoup de gens disent
00:46:27 "mais pourquoi est-ce qu'on n'aurait pas le droit
00:46:29 de faire ça ? Pourquoi est-ce que c'est si violent
00:46:31 contre nous ?"
00:46:32 – Non mais résumé, c'est aussi violent.
00:46:33 – Et moi j'ajoute, pourquoi est-ce que
00:46:35 ce même niveau de virilité et de répression,
00:46:38 je ne le vois pas face à la criminalité.
00:46:41 – Mais c'est un autre débat.
00:46:43 – Face à la drogue.
00:46:44 – Mais je souhaiterais à l'évidence
00:46:46 qu'on mette beaucoup d'énergie à lutter
00:46:48 contre les trafics en grotte.
00:46:51 Mais pardon, l'un n'empêche pas l'autre,
00:46:53 c'est un peu aberrant ce que vous dites,
00:46:54 excusez-moi, mais là vraiment…
00:46:56 – D'abord je ne vous autorise pas à dire
00:46:58 que je suis aberrant.
00:46:59 – Non, je trouve que vos propos sont un peu aberrants,
00:47:01 pardon, je n'ai pas personnalisé la chose.
00:47:03 – Alors, monsieur, je vous autorise à dire
00:47:04 que vous n'êtes pas d'accord.
00:47:05 – Non mais là, dire que je suis aberrant, non.
00:47:07 Moi je rejoins tout à fait ce que dit Johan
00:47:10 et je ne partage pas le point de vue de Pierre
00:47:12 qui d'ailleurs tout à l'heure nous rappelait
00:47:13 quelque chose d'important en disant
00:47:14 qu'on était déclassé par une agence internationale, Fitch,
00:47:18 mais pas pour ça, parce que justement c'est le bazar
00:47:21 et qu'on n'est pas capable de mettre en place
00:47:23 des mesures qui sont indispensables,
00:47:26 économiquement justement.
00:47:27 – Mais Christian, c'est le bazar
00:47:29 et je dis que le pouvoir remet une pièce
00:47:31 dans la machine à bazar en transformant ce match
00:47:34 en une épreuve de force autour des syndicats.
00:47:37 – Non, c'est les syndicats qui le transforment.
00:47:38 – Pourquoi ? Non mais franchement, quand on gère l'État,
00:47:41 je suis désolé, j'ai quand même une petite expérience de ces choses.
00:47:44 – C'est qu'une expérience.
00:47:45 – Pourquoi ? Pendant la crise des gilets jaunes,
00:47:49 voilà un président de la République
00:47:50 qui refuse de recevoir les syndicats,
00:47:52 qui la nuit où il y a le vote, fait la promulgation la nuit même.
00:48:01 – Ce n'était pas la nuit, c'est très bien qu'on s'associe.
00:48:04 – Et le lendemain on annonce que là la porte est à nouveau ouverte
00:48:07 et là ce soir, il y a naturellement, et c'était prévisible,
00:48:11 la CGT, l'intersyndical veut profiter de cet événement pour se faire entendre,
00:48:17 on va interdire la manifestation syndicale.
00:48:19 – Alors, un dernier avis pour alimenter nos discussions.
00:48:21 – Pour continuer comme ça, ce que j'essaye de dire,
00:48:23 c'est que ce n'est pas la bonne façon de calmer le jeu.
00:48:25 Dans l'intérêt même du gouvernement, ce n'est pas la bonne méthode
00:48:29 à chaque fois de monter sur le cocotier et de faire monter la pression.
00:48:33 – Je ne sais pas en allant dans le sens du sacrifice et de la mort.
00:48:35 – On va demander son avis à un supporter toulousain,
00:48:37 puisqu'on est connecté avec Jérémy et Kévin, je crois.
00:48:41 Jérémy, vous êtes vous un supporter de Toulouse
00:48:44 qui joue donc ce soir la finale de la Coupe de France
00:48:46 et qui espère un premier titre en 66 ans.
00:48:49 Comment vous prenez-vous cette actualité sociale et politique
00:48:53 greffée à ce qui devrait rester du sport ?
00:48:55 [Bruits de foule]
00:48:58 – Moi je le prends bien plutôt, après c'est vrai qu'il ne faudrait pas
00:49:01 mélanger la politique et le football.
00:49:03 On est là pour s'amuser, on est là pour supporter notre équipe.
00:49:06 Moi je suis là pour le foot, je suis là pour Toulouse, on va gagner.
00:49:11 La politique pour moi n'a rien à faire ici du tout.
00:49:14 – Comment ça se passe les contrôles de sécurité aux abords du stade ?
00:49:17 On sait qu'on ne veut pas de sifflet, on ne veut pas de carton rouge dans les gradins.
00:49:20 [Bruits de foule]
00:49:23 – On est là pour le moment, nous on n'a rien vu, ni de carton, ni de sifflet.
00:49:27 Après les groupes de supporters ne sont pas arrivés.
00:49:29 Mais je pense que ce soir ça sera une bonne ambiance.
00:49:32 Nous depuis tout à l'heure on se balade et on croise les supporters de Nantes.
00:49:36 Ils sont plutôt conviviales, on s'amuse bien avec eux, on rigole bien,
00:49:39 on boit une bière ensemble et puis que le meilleur gagne.
00:49:41 – Et comment vous réagirez si l'ambiance change à la 49ème minute
00:49:45 comme certains le pressentent ?
00:49:47 [Bruits de foule]
00:49:50 – On n'aura pas le choix, il faudra faire avec.
00:49:53 Après je peux comprendre que plein de personnes ne soient pas contents du tout
00:49:57 de tout ce qui se passe, c'est un moyen en plus de montrer son mécontentement.
00:50:03 Nous on restera ultra sportifs, on restera toujours là pour supporter notre équipe.
00:50:07 – Vous comprenez que le protocole du président de la République
00:50:09 soit un petit peu perturbé et bousculé, modifié en tout cas
00:50:13 pour éviter de mettre de l'huile sur le feu ?
00:50:16 [Bruits de foule]
00:50:19 – Non, moi je pense plutôt que c'est l'inverse,
00:50:21 du fait qu'ils ne viennent pas saluer les joueurs sur le terrain,
00:50:24 ça montre justement qu'il prend du recul envers tout le monde
00:50:28 et justement j'aurais plus préféré qu'ils viennent sur le terrain
00:50:31 et qu'ils soient présents et qu'ils montrent qu'il est là pour tout le monde
00:50:35 et pas juste dans les tribunes.
00:50:37 – Encore plus courageux, vous souhaiteriez le voir, encore plus courageux qu'il d'y être.
00:50:41 – Ah ben…
00:50:42 [Bruits de foule]
00:50:44 – Oui, oui.
00:50:45 – C'est ça, c'est ça, parce que quand on regarde toutes les infos,
00:50:48 c'est vrai qu'à la télé il fait un peu preuve de courage,
00:50:51 mais là il ne le fait pas du tout, alors qu'il va y avoir quand même du beau monde,
00:50:55 une belle ambiance et que c'est un événement sportif qui se passe au Stade de France,
00:50:59 donc c'est un public français qui est là et du coup ça permet d'être là
00:51:03 pour voir tout le monde et pas juste pour voir un match.
00:51:07 – Eh ben merci beaucoup Jérémie, on vous souhaite une belle finale à vous,
00:51:10 en espérant que ce ne soit que festif et joyeux.
00:51:13 Merci beaucoup d'avoir participé à notre émission.
00:51:16 Yoann Muzay, voilà les supporters,
00:51:17 attendent encore un plus de bravoure de la part du chef de l'État.
00:51:21 – Écoutez, Emmanuel Macron, je pense qu'il aurait envie d'y aller sincèrement,
00:51:25 moi je crois que le chef de l'État aimerait aller sur la pelouse.
00:51:28 – Surtout qu'il aime le foot, on le sait, on l'a vu, il n'allait pas y aller.
00:51:30 – Oui mais au-delà de ça, ça serait une manière pour lui de montrer,
00:51:33 comme il le fait dans ses déplacements, qu'il va au contact,
00:51:35 qu'il affronte les sifflets, qu'il affronte la colère des Français,
00:51:38 voilà, je ne suis pas sûr que d'un point de vue de la communauté…
00:51:40 – Il affronte en écartant les Français en question quand même,
00:51:44 parfois en hélicoptère.
00:51:45 – Non mais il va parfois à la rencontre de certains manifestants…
00:51:48 – Tout ça est certainement organisé pour que justement…
00:51:51 – À l'évidence, mais quand il va sur des marchés,
00:51:53 il rencontre des Français ordinaires, c'est quand même pas rien
00:51:55 pour un président de la République, enfin, qu'un président de la République
00:51:58 aille sur un marché, c'est normal, il ne peut pas aller qu'à la rencontre
00:52:02 des manifestants, quand il va sur un marché, il rencontre des Français
00:52:04 qui sont des "Français lambda", qui ont toutes les opinions,
00:52:08 qui défendent des points de vue différents, mais il va à leur rencontre,
00:52:11 il ne peut pas rencontrer que des personnes qui sont hostiles.
00:52:13 – On verra ça ce soir du coup.
00:52:15 – Le fait même d'évoquer cela comme quelque chose d'important
00:52:18 montre bien la crise où nous sommes.
00:52:19 – Mais à l'évidence, et ça je partage ce moment-là avec vous.
00:52:22 – On en a bien débattu sur nos plateaux.
00:52:23 – Absolument, absolument.
00:52:24 – On va s'arrêter là, on remercie Yoann…
00:52:26 – Maintenant, si il doit faire le match ce soir, à mon sens,
00:52:28 il doit aller jusqu'où ?
00:52:29 – Merci Yoann d'avoir participé à cette partie de l'émission,
00:52:31 on se retrouve juste après la pub pour évoquer les vols
00:52:34 sur les exploitations agricoles.
00:52:36 [Générique]
00:52:39 Bienvenue si vous nous rejoignez sur CNews,
00:52:41 il est 15h, l'heure de faire un point sur l'essentiel de l'actualité
00:52:44 avec Adrien Spiteri.
00:52:46 [Générique]
00:52:48 – Journée d'hommage à Rambertvilliers, dans les Vosges,
00:52:51 environ 600 personnes ont pris part à une marche.
00:52:54 Des dizaines de fleurs ont été déposées devant la maison de la famille de Rose.
00:52:58 La fillette de 5 ans a été tuée mardi.
00:53:01 Le principal suspect, âgé de 15 ans, a été arrêté et placé en détention provisoire.
00:53:07 Le niveau de risque de la grippe aviaire redescendra d'un cran en France,
00:53:10 ce dimanche, il passera d'élevé à modéré,
00:53:13 selon un arrêté publié au journal officiel aujourd'hui.
00:53:16 Depuis le 14 mars, aucun cas n'a été recensé dans les élevages français.
00:53:21 Le pays était en niveau de risque élevé depuis début novembre 2022.
00:53:26 Et puis le pape François appelle à retrouver l'âme européenne.
00:53:29 Il est arrivé hier en Hongrie pour une visite de trois jours.
00:53:32 Il a mis en garde contre la rigidité, les fermetures et la tendance au repli.
00:53:37 Ce samedi, il a plaidé pour « éradiquer les maux de l'indifférence »
00:53:41 lors d'une rencontre avec des réfugiés.
00:53:44 On reprend nos débats avec Pierre Lelouch et Christian Proutot.
00:53:49 Ce qu'on voyait dans les villes arrive chez nous.
00:53:52 C'est le triste constat fait par les agriculteurs français.
00:53:55 Les vols et les dégradations sont de plus en plus courants en milieu rural.
00:53:59 Les autorités ont recensé 16 000 atteintes aux biens dans les exploitations en 2022.
00:54:04 Cela fait un fait toutes les 30 minutes.
00:54:07 Dans quelques minutes, on sera en vidéo avec un entrepreneur en travaux agricoles
00:54:12 qui pourra nous raconter ce qu'il a lui-même vécu, de quoi il a été victime.
00:54:17 On fait d'abord un point avec ce reportage de Jean-Michel Decaze.
00:54:21 Le rendez-vous est donné en pleine campagne, au nord du département de la Vienne.
00:54:27 Le président de la FNSEA ne veut pas que sa ferme soit reconnue par d'éventuels voleurs.
00:54:33 Son antenne GPS a déjà disparu. Préjudice, 9 000 euros.
00:54:37 C'est gonflant, mais gonflant sérieux.
00:54:39 Ils sont venus à 40 mètres de ma fenêtre de chambre à 3h30 du matin.
00:54:42 Ils sont deux, on les voit à la caméra.
00:54:44 Alors ça, c'est stressant. Et puis j'ai un collègue carrément entre milliers d'eux.
00:54:48 Dans la région, les GPS agricoles ont fait l'objet d'une véritable rasia depuis novembre dernier.
00:54:54 Là, si on m'emmène tout, on m'en emmène pour 15 000 euros.
00:54:57 Je n'ai pas tous les GPS sur les six derniers mois, mais je suis certain qu'on passe les 40.
00:55:01 C'est sûrement le département de la Vienne.
00:55:03 40 vols.
00:55:04 Ah oui, sûr, sûr. On est déjà à 15, rien que ce mois de février déjà.
00:55:07 Ces GPS conduisent le tracteur avec une précision de 2 cm,
00:55:11 permettent l'épandage ultra précis des engrais et des phytosanitaires.
00:55:16 On vient parano, la moindre voiture, le moindre truc, on saute sur le téléphone derrière
00:55:20 pour faire des photos, des vidéos, des machins, on garde des traces.
00:55:22 Le bon déj' c'est qu'on a un lieu, une date, une heure, une marque de voiture et une plaque d'immatriculation.
00:55:26 Pour se protéger, les agriculteurs installent des caméras de surveillance dans les hangars.
00:55:31 Les retraités surveillent les cours de ferme et préviennent la gendarmerie
00:55:35 si une voiture inconnue circule dans le secteur.
00:55:38 La parole est donnée maintenant à Henri Hamon.
00:55:41 Bonjour, vous êtes entrepreneur en travaux agricoles.
00:55:44 Merci de participer à notre émission.
00:55:47 Vous avez été vous-même victime de plusieurs vols.
00:55:49 Est-ce que vous pouvez nous raconter ce qui vous est arrivé ?
00:55:53 Bonjour, effectivement j'ai été victime depuis maintenant deux ans.
00:55:57 On a été volé à quatre reprises.
00:55:59 La cinquième fois, maintenant on dort sur place quand il y a des périodes où ils sont présents pour les vols.
00:56:06 On se passe les messages entre collègues et on surveille.
00:56:09 Donc la cinquième fois on a réussi à leur faire peur.
00:56:12 Et en fait à chaque fois c'est la même opération, souvent c'est les soirs de pleine lune,
00:56:16 c'est-à-dire quand il n'y a pas besoin de lumière.
00:56:18 Ils viennent sur les machines voler les antennes et maintenant qu'on les démonte,
00:56:22 ils rentrent par effraction dans nos bâtiments, dans nos bureaux pour voler les antennes.
00:56:27 Alors d'abord, excusez-moi j'ai écorché votre nom, Pierre-Henri Hamon.
00:56:31 Voilà, c'est corrigé.
00:56:32 Est-ce que vous savez qui sont ces gens ? Est-ce qu'ils recherchent en commettant ces défaits ?
00:56:37 Alors en fait sur un des vols, ils ont été retrouvés par la gendarmerie
00:56:42 parce qu'en fait ils avaient une voiture Volkswagen de mémoire qui était épuissée GPS.
00:56:47 Donc ils ont pu retracer leur parcours et les trouver.
00:56:50 Et la dernière fois en fait, moi j'avais caché un traceur GPS dans une antenne
00:56:55 et on est arrivé sur un lieu en fait où c'était une organisation,
00:56:59 une mafia des pays de l'Est en fait, très organisée.
00:57:02 La gendarmerie est venue avec nous sur place pour récupérer les antennes
00:57:05 et on a retrouvé plus de 100 000 euros d'antennes qui étaient dans un des véhicules sur le parking,
00:57:10 mais qui apparemment appartenait à personne, donc il n'y a pas eu d'arrestation, il n'y a rien eu du tout.
00:57:14 Et pour tout vous dire, les antennes, moi j'en avais huit,
00:57:17 deux étaient à un de mes collègues qui se les aient fait revoler trois jours après.
00:57:20 Alors on comprend, ça veut dire que vous devez vous organiser,
00:57:24 que vous ne pouvez plus lasser un tracteur au bout d'un champ quelques heures.
00:57:29 Est-ce que vous travaillez en lien avec les forces de l'ordre
00:57:31 pour finalement mieux surveiller tous ces équipements au quotidien ?
00:57:34 Est-ce que c'est seulement possible ?
00:57:36 Alors en fait déjà ce qui est risqué c'est que tous les jours,
00:57:39 comme vous voyez sur les vidéos ici, on doit monter sur le toit des tracteurs,
00:57:41 démonter les antennes, donc c'est quand même assez risqué.
00:57:44 Maintenant qu'on les démonte, les voleurs arrivent quand même à venir dans les bureaux
00:57:47 ou dans les pièces fermées à double tour les chercher.
00:57:50 Et donc en termes d'organisation, c'est nous qui nous équipons de traceurs GPS,
00:57:54 alarmes, caméras, on a pas mal de frais à cause de ça.
00:57:58 Et avec les forces de l'ordre qui elles ne peuvent pas grand-chose contre ces bandes organisées,
00:58:03 on fait au maximum mais ça reste très limité en fait l'impact qu'on peut avoir.
00:58:07 Quel espoir vous reste-t-il alors pour tenter de ne pas vous faire piller comme ça ?
00:58:12 En fait il faudrait que les constructeurs de machines agricoles,
00:58:15 ces mêmes constructeurs-là, nous aident et tout simplement bloquent l'accès à ces machines, à ces GPS.
00:58:22 Parce qu'en fait aujourd'hui moi, ces GPS étant sur mon compte,
00:58:25 connecté à ma plateforme en ligne chez le constructeur,
00:58:29 à partir du moment où ils sont réactivés, je reçois un mail de notification de mise à jour
00:58:33 et ils sont très souvent réactivés aux Etats-Unis.
00:58:36 Je reçois des mails à chaque fois.
00:58:38 Et aujourd'hui ça me paraît fou qu'on ne puisse même pas résilier l'abonnement pour me le réattribuer.
00:58:43 Aujourd'hui je me fais voler mon smartphone, on me réattribue mon abonnement.
00:58:46 Là c'est pas possible, ils vous le refacturent encore une énième fois.
00:58:49 Donc ils vous refacturent les logiciels, les abonnements, les matériels, les équipements, tout.
00:58:53 Et les assurances ne jouent pas là-dessus ?
00:58:57 Les assurances commencent à voir la chose de manière très délicate et aujourd'hui c'est très compliqué.
00:59:04 En plus elles appliquent une vétusté sur la technologie.
00:59:07 Même si nous les systèmes fonctionnent encore au bout de cinq ans,
00:59:10 pour l'assurance au bout de cinq ans ça vaut plus grand chose.
00:59:12 Merci beaucoup en tout cas d'avoir témoigné sur notre antenne.
00:59:15 Pierre-Henri Hamon, entrepreneur en travaux agricoles, surtout bon courage.
00:59:19 On comprend que vous n'êtes pas le seul et que ces vols se multiplient.
00:59:22 Il y a encore, Pierre Lelouch, on est face à un phénomène qui est difficilement appréhendable,
00:59:25 même si on parle de filières de pays de l'Est.
00:59:28 Oui, c'est un phénomène qu'on connaît depuis de nombreuses années.
00:59:33 D'abord, c'est le résultat d'une agriculture qui devient de plus en plus pointue parce que productiviste.
00:59:41 On l'a expliqué, des tracteurs avec des dispositifs d'épandage, notamment de récolte,
00:59:48 qui travaillent au centimètre près.
00:59:50 Et c'est à peine s'il y a besoin de quelqu'un dans le tracteur.
00:59:53 Parce que tout est programmé à l'avance, c'est extrêmement précis, mais coûteux.
00:59:58 Et ce sont des investissements considérables.
01:00:00 Ça coûte plusieurs centaines de milliers d'euros.
01:00:02 Tout ça est accompagné d'électronique de plus en plus chère.
01:00:05 Donc c'est un modèle d'agriculture qui n'est pas le petit agriculteur du coin.
01:00:09 Ce qu'il visait, ce sont les très grosses exploitations.
01:00:12 Premier point.
01:00:13 Deuxième point, il y a quelque chose qui s'appelle l'Europe.
01:00:15 Quand j'étais en charge des affaires européennes, le ministre Roumain,
01:00:19 moi je me plaignais d'avoir beaucoup de vols, beaucoup de dépradations dans le pays.
01:00:22 Il m'a dit, mais c'est la libre circulation.
01:00:24 Effectivement, libre circulation, donc on vient se servir en France.
01:00:28 Alors dernier point quand même.
01:00:30 Pendant la guerre en Ukraine, on s'est aperçu que les Russes
01:00:32 avaient piqué pas mal de tracteurs appartenant à des Ukrainiens.
01:00:36 Des grands tracteurs comme ça, parce que là-bas aussi,
01:00:38 ils ont des grandes plaines pour une exploitation industrielle.
01:00:45 Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:00:47 Les Américains savaient où étaient passés les tracteurs
01:00:50 parce que les dispositifs électroniques sont gérés depuis les États-Unis.
01:00:54 Donc en fait, ce qu'il faut faire, c'est pucer l'ensemble de ces tracteurs,
01:00:58 de tous ces matériels, de faire en sorte que ces coûts supplémentaires
01:01:04 soient couverts par les assurances.
01:01:06 Et puis il faut qu'au niveau de la police, on passe du temps et de l'effort.
01:01:11 Parce que c'est fait qu'une unité de gendarmerie locale
01:01:15 ne peut pas faire toute la remontée jusqu'en Roumanie ou en Bulgarie,
01:01:20 ou pour citer deux pays, mais il y en a d'autres,
01:01:22 qui se livrent à ce genre d'activité ressortissante de ces pays.
01:01:26 Donc il faut probablement mettre des moyens là-dessus pour arrêter le massacre.
01:01:31 Mais il y a des solutions.
01:01:33 Les solutions, c'est la technologie, parce que de quoi on peut savoir
01:01:37 où partent ces matériels.
01:01:39 Visiblement, on les retrouve d'ailleurs assez facilement.
01:01:41 Je vais vous montrer ces chiffres.
01:01:43 Il y a 1 500 affaires de vol de carburant.
01:01:46 Il y a aussi de la destruction et des dégradations
01:01:48 qui représentent 20% des attaques au bien.
01:01:51 - Le carburant, ce n'est pas nécessairement des grandes baisses.
01:01:53 - Non, mais ça participe de ces actes de malveillance.
01:01:55 Et vous voyez 820 vols d'accessoires.
01:01:58 Christian Potot a dit que les agriculteurs et Forces de l'ordre
01:02:00 sont en lien direct pour tenter d'appréhender ça.
01:02:03 Mais encore une fois, on ne peut pas, et surtout sur des zones rurales
01:02:06 qui s'étendent, qui sont assez vastes, traquées, qui puissent être de nuit.
01:02:10 - On repose toujours le problème du service public.
01:02:14 Quand la Gendarmerie a perdu, par des décisions politiques,
01:02:18 pour le RGPD, pour savoir qu'il y avait trop de fonctionnaires,
01:02:23 et que la Gendarmerie a perdu 600 brigades sur 3 000,
01:02:27 il ne reste plus que 3 000, il ne faut pas s'étonner
01:02:30 que l'implantation n'étant plus suffisante,
01:02:33 les contrôles de nuit, puisque ces gens-là opèrent la nuit,
01:02:37 ne puissent pas être aussi efficaces qu'on le souhaiterait.
01:02:40 - C'est ça, c'est ça, c'est ça. - Article 1.
01:02:43 Article 2, la technologie, et Pierre le soulevé,
01:02:46 permet normalement de faire en sorte, et M. Hamon le rappelait,
01:02:50 que les fournisseurs d'accès, qui sont comme votre téléphone,
01:02:54 puissent couper les gens qui ont volé et qui tout d'un coup se reconnectent.
01:02:58 Parce qu'ils ne volent pas ça pour avoir Internet,
01:03:01 ils volent ça pour les vendre à d'autres agriculteurs,
01:03:04 dans l'Est peut-être de l'Europe, qui eux les utiliseront
01:03:08 pour les mêmes raisons que nos agriculteurs,
01:03:11 parce que même si c'est l'agriculture intensive,
01:03:15 ça permet au moins d'éviter d'utiliser trop d'engrais,
01:03:19 ça fait des économies et tout, et ça permet au centimètre près
01:03:24 de dire quelle est la quantité qu'il faut en mettre.
01:03:26 - Les moyens de lutter contre ces voleurs sont plutôt faciles ou accessibles.
01:03:29 - C'est ça. - Et dernier point, ce que disait
01:03:32 également M. Hamon, c'est que vous avez des trackers,
01:03:35 et ces trackers, sincèrement, ça ne coûte pas cher.
01:03:38 - Il faut traquer les GPS maintenant. - 10 euros un tracker,
01:03:42 auto-alimenté, donc un tracker, c'est embêtant de le mettre partout,
01:03:48 mais il se passe la même chose avec les voitures de luxe,
01:03:52 c'est-à-dire qu'avec de l'électronique, ils arrivent à les remettre en route.
01:03:56 - Merci beaucoup messieurs d'avoir participé à nos débats,
01:03:58 merci à vous, prochain programme à suivre sur Antenne de CNews,
01:04:01 90 minutes, Info Week-end, à partir de 15h30.
01:04:04 *Musique*