L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais
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00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans La Parole au français, l'émission dans laquelle on vous donne la parole en cette neuvième journée d'action contre la réforme des retraites.
00:00:08 Et vous le vivez depuis le début de la journée. Nous sommes en direct grâce à nos reporters qui sont sur place.
00:00:13 Nous serons donc à Paris, à Marseille, à Paris d'ailleurs où la manifestation vient de commencer, à Marseille je le disais, et bien sûr à Rennes où on était en duplex il y a quelques instants avec Mickaël Chahyou sur place car il y a eu quelques tensions.
00:00:26 On va commencer par le journal comme d'habitude avec Mickaël Dorian. Bonjour Mickaël.
00:00:31 Bonjour à tous et vous venez de le suivre en direct sur CNews. Premier coup de chaud à Rennes pour cette neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
00:00:40 Plusieurs manifestants ont chargé les forces de l'ordre en jetant des projectiles et des fumigènes. La police a ensuite tenté de disperser les manifestants en utilisant notamment un camion à eau.
00:00:49 Rennes où la mobilisation est massive aujourd'hui. Les syndicats annoncent 35 000 personnes dans les rues, 22 000 selon la préfecture.
00:00:57 Forte mobilisation également à Marseille. Il serait 280 000 à défiler dans les rues selon la CGT, 16 000 selon la préfecture pour demander le retrait de la réforme des retraites.
00:01:08 Écoutez ces manifestants interrogés tout à l'heure.
00:01:10 De 60 à 62 ans, les années où on travaille sont beaucoup plus dures. C'est-à-dire que si vous travaillez jusqu'à 64 ans, c'est tout bénéfice pour le patronat.
00:01:20 Parce que ça veut dire que non seulement vous ne touchez pas votre retraite, mais en plus vous bourrez plus tôt donc votre retraite vous la toucherez moins longtemps. Ils sont gagnants sur toute la ligne.
00:01:32 La colère continue à s'embraser. Le pays est quasiment au bord de l'éruption. Il faut continuer à se mobiliser, à se battre. En tout cas, la détermination et la colère sont encore plus grandes aujourd'hui après la déclaration d'Emmanuel Macron.
00:01:46 Les manifestants qui ne se sont pas concentrés uniquement sur les centres-villes. Cette fois, le terminal 1 de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle a également été pris pour cible ce matin.
00:01:56 Un barrage filtrant a été mis en place pour empêcher les voyageurs de rejoindre les abords de l'aérogare. Plusieurs voyageurs ont été contraints de terminer leur trajet à pied sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute A1.
00:02:10 La grève qui rime souvent aussi avec galère pour les parents. Certains ont dû garder leurs enfants à la maison.
00:02:16 Aujourd'hui, 21,41% des enseignants sont en grève ce jeudi, dont plus de 23% dans le primaire et près de 20% dans le secondaire, annonce faite par le ministère de l'Éducation nationale.
00:02:28 Et la colère des jeunes. Les élèves du prestigieux lycée Louis-le-Grand à Paris se mobilisent depuis ce matin contre le projet du gouvernement.
00:02:37 Plusieurs d'entre eux se sont rassemblés devant leur établissement avec des pancartes demandant la démission d'Emmanuel Macron et dénonçant l'usage du 49.3.
00:02:45 Écoutez cette lycéenne interrogée devant le lycée Louis-le-Grand.
00:02:50 En fait, il y a une grosse réflexion autour du fait que la jeunesse aurait pas, que je vois moi, que j'entends, autour du fait que la jeunesse aurait pas à s'engager parce qu'on n'en est pas encore à la période des retraites.
00:02:59 C'est faux, on veut pas arriver dans un monde de travailleurs où on se fera marcher dessus comme ça.
00:03:06 On veut pas arriver dans un monde où on a pas de droit, où on pense qu'on peut écraser les droits des travailleurs de manière totalement antidémocratique comme ça.
00:03:12 Donc c'est maintenant qu'il faut s'y prendre et c'est ce qu'on fait.
00:03:15 On vire aussi à l'affrontement à Lorient. Des tensions ont éclaté en tête de cortège lorsque des manifestants ont mis le feu à des poubelles et s'en sont pris aux forces de l'ordre.
00:03:26 Ils ont également pris pour cible le commissariat dont des vitres ont été brisées. Un feu a également été allumé devant le portail du bâtiment.
00:03:33 Voilà, c'est la fin de ce journal. L'actualité continue bien sûr en cette journée spéciale dans La Parole au Français avec Lélie Mathias et ses invités.
00:03:41 Merci beaucoup, Mickaël. On se retrouve à 15h. Mes invités, justement, Gauthier Lebray du service politique de CNews, Yves-Henri Uffold, bonjour, soyez le bienvenu,
00:03:50 Eric Leray de la matinée du service économique de CNews et puis bien sûr dans La Parole au Français, on vous donne la parole.
00:03:56 Et donc on vous entendra au sujet bien sûr de cette neuvième journée d'action contre la réforme des retraites.
00:04:02 Mais juste avant, on va partir à Rennes. On va retrouver Mickaël Chahyou qui est sur place parce que la manifestation, qui a rassemblé d'ailleurs de nombreuses personnes,
00:04:10 22 000 selon la préfecture, 35 000 selon les manifestants, Mickaël, eh bien il y a eu quelques tensions jusqu'à cette action que vous avez pu nous commenter en direct,
00:04:18 cette action de la CFDT notamment.
00:04:22 Oui, tout à fait. On a vu, alors qu'on est depuis une heure maintenant ici, place de la République, avec ces échanges assez tendus entre quelques centaines de manifestants radicaux
00:04:34 et les forces de l'ordre. Il y a eu tout à l'heure en effet ce mouvement très fort de l'intersyndicale qui est passé avec la banderole pour rappeler
00:04:41 qu'on est là pour combattre cette loi contre les retraites et pour dire non évidemment à ces violences auxquelles on assiste depuis tout à l'heure.
00:04:50 Ils sont passés, donc les responsables de l'intersyndicale ici à Rennes, entre les manifestants et les forces de l'ordre alors qu'on était en pleine tension.
00:05:00 C'est quelque chose de très courageux, évidemment symbolique, très fort évidemment sur le message pour rappeler qu'on est là pour se battre contre la réforme des retraites,
00:05:09 mais pas dans un climat de violences, des tensions qui persistent encore maintenant.
00:05:15 Vous le voyez à l'image avec des jets même de pavés. Et puis de l'autre côté, les forces de l'ordre qui utilisent de canons et eaux à eau, pardon,
00:05:25 de part et d'autre de la place de la République, canons à eau et des grenades de désencerclement et d'acrymogènes.
00:05:34 Ce qu'il faut retenir au-delà de ces tensions, c'est la très forte mobilisation ici à Rennes.
00:05:40 Vous l'avez dit, Clély, plus de 22 200 manifestants comptés par les services de la préfecture.
00:05:46 C'est l'une des plus fortes mobilisations depuis le début de ce mouvement contre la réforme des retraites ici à Rennes.
00:05:54 Et puis, on a senti, on sent en tout cas, et c'est ce qui a été dit beaucoup en début de manifestation avant que le cortège ne s'ébranle.
00:06:04 On sent cette tension, cette cristallisation, j'ai envie de dire, du mouvement autour de la personne du président de la République,
00:06:12 qui, après son passage à la télévision, cette interview télévisée n'a pas du tout calmé les choses.
00:06:20 Et quand on discute avec les manifestants, avec les responsables syndicaux de comment sortir de ce mouvement,
00:06:26 il n'y a pas 50 possibilités de ces grenades de désencerclement que vous entendez juste à côté de nous.
00:06:32 Il y a deux possibilités pour sortir de ce mouvement, nous disent les responsables syndicaux.
00:06:37 C'est de continuer les blocages. Ils ne nous parlent évidemment pas. Ils condamnent ces actions violentes que l'on voit.
00:06:43 Mais ils disent qu'il faut insister. Il faut plus de blocages de l'économie pour que le MEDEF appelle le président de la République
00:06:49 et qu'il lui dise qu'il faut retirer ce texte et qu'elle met les choses au plus vite.
00:06:53 Et puis certains d'autres espèrent que le Conseil constitutionnel va rejeter ce texte pour que l'on ne puisse pas être promulgué.
00:07:04 Merci beaucoup, Miquel Chahyou, avec les images de Thibault Marcheteau.
00:07:08 Évidemment, vous n'hésitez pas à revenir vers nous s'il se passe quoi que ce soit dans ces cortèges à Rennes.
00:07:13 Un mot peut-être Gauthier Lebrecht, puisque Miquel Chahyou nous a raconté que la CFDT était allée appeler au calme,
00:07:19 mais finalement ils suivent le mot d'ordre de Laurent Berger.
00:07:21 Oui, effectivement, quelques minutes avant que ces membres de la CGT à Rennes aillent faire quelque part barrage
00:07:27 entre ceux que Emmanuel Macron appelle les factieux et les forces de l'ordre, ceux qui commettent des violences et les forces de l'ordre.
00:07:33 Effectivement, Laurent Berger avait appelé au calme.
00:07:36 D'ailleurs, on a vu un des membres de la CGT faire comme la CFDT à Rennes, parce que Laurent Berger, il est très préoccupé par l'opinion.
00:07:42 Il ne veut surtout pas perdre l'opinion.
00:07:44 On sait que les Français sont très défavorables à cette réforme des retraites, 7 sur 10,
00:07:48 mais le pari un peu cynique de l'exécutif, c'est qu'au bout d'un moment, l'opinion puisse se retourner,
00:07:52 fatigué par les blocages, fatigué par les violences.
00:07:55 Donc Laurent Berger, il ne veut surtout pas perdre l'opinion.
00:07:58 C'est aussi pour cette raison qu'il est plutôt défavorable au blocage, notamment des raffineries.
00:08:02 Jusqu'au bout, il va falloir garder l'opinion, c'est notre pépite, dit-il.
00:08:06 Il faut des actions non-violentes qui n'handicapent pas le quotidien des citoyens.
00:08:10 Voilà ce qu'il a dit.
00:08:11 On va partir à Paris, dans le cortège parisien qui ne va pas tarder à s'élancer.
00:08:15 Retrouvez Augustin Donadieu, vous êtes au début de ce cortège.
00:08:18 Est-ce qu'à Paris aussi, vous ressentez la même détermination en cette 9e journée d'action
00:08:23 que ce que Mickaël Chahut nous a raconté pour Oren ?
00:08:26 Oui, c'est exactement ça, une 9e journée d'action, de mobilisation,
00:08:32 au lendemain d'une allocution présidentielle vécue comme une provocation par les syndicats
00:08:38 et par plusieurs manifestants.
00:08:40 Ils sont très nombreux à avoir fait le déplacement pour cette manifestation
00:08:46 qui va partir de la place de la Bastille d'ici quelques minutes jusqu'à Opéra.
00:08:50 Les services des renseignements en attendent jusqu'à 70 000 ici à Paris.
00:08:55 Alors la question est de savoir si le nombre de manifestants va dépasser le pic enregistré
00:08:59 le 11 février dernier, qui, je vous le rappelle, était de 93 000 manifestants.
00:09:03 En tous les cas, les forces de l'ordre, elles fatiguées, épuisées, redoutent des violences.
00:09:08 Les services de renseignement attendent jusqu'à 600 éléments radicaux ici dans ce cortège parisien.
00:09:15 Ces forces de l'ordre, dont je vous le rappelle, 300 d'entre elles ont été blessées
00:09:19 depuis le début de la mobilisation contre cette réforme des retraites.
00:09:22 Alors pour le moment, ici dans les rues de la Capitale, tout est sous contrôle.
00:09:26 Le cortège, comme je vous le disais, va partir d'une minute à l'autre en direction d'Opéra.
00:09:32 Et on voit effectivement à l'avant de ce cortège une petite nébuleuse commencer à se mettre en place
00:09:38 avec pour le moment aucune tension particulière à déclarer ici à Paris.
00:09:42 Donne adieu avec Olivier Gangloff pour les images et de même,
00:09:48 vous n'hésitez pas à revenir vers nous une fois que le cortège se sera élancé.
00:09:52 La parole aux Français. Nous sommes en ligne avec 4 voire 5 personnes même.
00:09:56 Réda Bellage, bonjour. Vous êtes porte-parole de l'île-de-France, unité SGP Police.
00:10:00 On va parler bien sûr des actions violentes qu'il y a pu y avoir et qu'on a pu voir ces derniers jours
00:10:06 en espérant qu'il n'y en ait pas trop aujourd'hui.
00:10:08 Antoine Gisquet, bonjour. Là, vous êtes propriétaire de Whatmob à Lyon.
00:10:11 C'est dans le 3e arrondissement, avenue Félix-Fort.
00:10:14 Vous vendez des véhicules électriques. On parlera de l'impact des grèves, des manifestations, des actions pour vous.
00:10:21 Nous sommes en ligne en direct du cortège aussi marseillais avec Anne Audiber qui représente FODF Marseille.
00:10:27 Et je crois que vous êtes avec Serge Gianorsi à côté de vous.
00:10:31 C'est pour ça que je disais que vous étiez 4 ou 5. Bonjour à tous les deux.
00:10:34 Vous êtes évidemment tous les deux les bienvenus.
00:10:37 Et puis Francis Palombi, bonjour. Vous êtes président de la Confédération des commerçants de France.
00:10:42 Voilà, soyez les bienvenus tous les 5.
00:10:45 Donc, je vais commencer avec vous, Réda Bellage.
00:10:48 Est-ce que c'est cette 9e journée d'action où on sent qu'il y a un regain de mobilisation quand même,
00:10:54 à la fois du côté des grèves et des manifestants ?
00:10:57 Est-ce qu'elle est redoutée aussi, cette 9e journée d'action, parce qu'on craint des actions plus radicales ?
00:11:03 Oui, elle est très redoutée depuis le 49.3, puis depuis la censure de lundi,
00:11:10 la montée de censure qui n'est pas passée. Il y a vraiment ces montées crescendo.
00:11:14 Et donc là, on a un peu peur qui est justement, et on le voit à Rennes,
00:11:19 que des ultra-gauches sont entrées dans ces manifs.
00:11:23 Et on a vu tout de suite, on essaie de brûler les commissariats, notamment à Lorient.
00:11:28 Et puis sur Rennes, on voit que les individus s'attaquent directement aux policiers.
00:11:33 On a beaucoup de collègues qui sont blessés.
00:11:35 Et donc, que ce soit la préfecture de police qui a mobilisé 5 000 policiers pour aujourd'hui,
00:11:39 ou le ministère de l'Intérieur au niveau de la province qui en a à peu près mobilisé 7 000, 8 000, pardon.
00:11:47 Oui, donc on a mis tout ce qu'on pouvait pour aujourd'hui en tout cas.
00:11:50 René Bellache, vous restez évidemment avec nous et on reviendra vers vous.
00:11:54 Je vous donne la parole à Anne Audiber et Serge Iannorci.
00:11:57 Vous allez nous dire d'ailleurs, il en est où le cortège marseillais là aujourd'hui,
00:12:02 donc à 14h15 maintenant ?
00:12:04 Écoutez, le cortège marseillais est parti du Vieux-Port il y a une heure ou deux après.
00:12:11 Il avance tranquillement. Il y a beaucoup de monde.
00:12:14 Donc ça prend de temps. Ça démontre bien que les salariés et les électriciens et gaziers
00:12:20 sont encore très déterminés pour demander le retrait de ce projet de réforme.
00:12:25 Et vous sentez...
00:12:26 Je n'ai pas la main à prendre.
00:12:27 Oui, pardon, excusez-moi.
00:12:28 Il y a la moitié du cortège à peu près qui est passé.
00:12:31 Et les gens sont très déterminés. Aujourd'hui, c'est le début d'autre chose.
00:12:36 Donc c'est ce qu'on sentait. C'est ce qu'on était en duplex avec nos reporters,
00:12:39 que ce soit Paris-Arène.
00:12:40 Il semble qu'il y ait une détermination qui soit plus forte que lors des précédentes journées.
00:12:45 À Marseille, quelques chiffres. Il y a 280 000 manifestants selon la CGT,
00:12:49 16 000 selon la police. Vous connaissez évidemment les écarts.
00:12:54 Mais même selon la CGT, elle comptabilisait 160 000 le 15 mars dernier.
00:12:58 C'était la semaine dernière. Ce qui prouve quand même qu'il y a eu un peu plus de monde aujourd'hui.
00:13:03 Et je vous pose une question en rapport aussi à celle que j'ai posée à Reda Bellache, qui est avec nous.
00:13:07 Est-ce que vous avez senti plus de violence dans les cortèges ou est-ce que c'était une manifestation pacifique ?
00:13:14 Il n'y a pas de violence, mais il y a une détermination qui s'est accrue,
00:13:21 notamment suite à l'utilisation du 49.3, mais également par rapport à l'intervention du président de la République
00:13:27 qui a été catastrophique. On peut quelque part presque remercier de son intervention,
00:13:32 parce qu'il a contribué à ce qu'il y ait plus de monde encore dans les rues de Marseille et de toute la France.
00:13:40 Ce n'est pas la CGT, vous d'être d'EFO, mais Philippe Martinez a dit exactement ce que vous avez dit.
00:13:45 Il a jeté un bidon d'essence sur le feu. Ce sont les mots de Philippe Martinez. Oui, Anne Audybert ?
00:13:51 Absolument. Et aujourd'hui, il y a vraiment un tournant, comme je le disais tout à l'heure,
00:13:57 parce qu'aujourd'hui, ce n'est plus la réforme des retraites ou l'attendement du retrait,
00:14:02 mais c'est un retour à la démocratie et à l'écoute des besoins de chacun.
00:14:09 Ce qu'on sent, c'est qu'il y a quand même le message qui dépasse même la réforme des retraites dans vos revendications
00:14:15 et dans votre mobilisation, en tout cas.
00:14:18 Disons que le message principal qui est porté depuis plusieurs semaines maintenant, c'est le retrait de cette réforme.
00:14:27 Un point, c'est tout. Toutes les organisations syndicales et EFO, l'ONU, l'ARM, on ne veut pas que les deux en servent.
00:14:38 Clairement, l'ensemble des salariés, les électriciens et casiers ne veulent pas travailler deux ans de plus.
00:14:46 Ce projet de réforme est un recul social et sociétal et ce n'est pas notre vision de la société.
00:14:53 C'est partagé par plus de 70% des Français.
00:14:56 On estime que le gouvernement et le président de la République devraient écouter enfin les Français.
00:15:02 Anne et Serge, vous restez évidemment avec nous. On est ensemble jusqu'à 15h.
00:15:06 Je donne la parole à Antoine et Francis Pallombier.
00:15:08 Antoine Gisquet, vous, vous êtes commerçant.
00:15:10 On a parlé de la radicalisation et des actions violentes qui ont pu y avoir.
00:15:13 Vous êtes à Lyon. On sait qu'il y a eu quelques tensions aussi ces derniers jours à Lyon.
00:15:17 Est-ce que vous, votre magasin de véhicules électriques, est-ce que vous avez eu des soucis par des personnes qui sont venues casser votre magasin ou le taguer, par exemple ?
00:15:27 Oui, nous avons été tagués. Malgré le fait que nous soyons présents sur place, il y a eu des dégradations aussi de la casse, toujours à l'extérieur du magasin.
00:15:41 Donc c'est vrai que leur message au final, qui à la base est la réforme des retraites, il n'y a aucun intérêt à venir casser ou dégrader des commerces.
00:15:53 Sauf que le problème, c'est qu'à l'heure d'aujourd'hui, le message n'est plus le même.
00:15:58 On s'en prend au patron, on s'en prend au capitalisme, on s'en prend aux travailleurs.
00:16:04 Et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, il y a beaucoup, beaucoup de dégradations sur les commerçants comme nous.
00:16:10 Vous, par exemple, ce type de dégradation que vous avez pu voir, et quand on vous en parlait aux commerçants qui sont autour de vous,
00:16:16 est-ce que ce serait susceptible d'éloigner pour vous de ne plus avoir de sympathie envers ces manifestants ?
00:16:24 Non, on n'en arrive pas là encore, étant donné que c'est toujours une minorité de manifestants qui cassent, qui dégradent.
00:16:33 Ce n'est pas la majorité. D'ailleurs, on sait très bien que dans les manifestations, il y a des casseurs qui viennent jus pour justement casser et dégrader des biens.
00:16:42 Mais aujourd'hui, ça présente peut-être une part de 10% sur la totalité des manifestants.
00:16:48 Mais c'est depuis janvier que ça manifeste quand même aussi. Est-ce qu'il n'y a pas un ras-le-bol de votre part ?
00:16:53 Si.
00:16:56 Justement, je vais poser la même question à Francis Pallomby, puisque vous représentez les commerçants de France.
00:17:00 Quel impact sur les commerçants ? Qu'est-ce qu'ils vous disent finalement ? Est-ce qu'ils commencent à en avoir marre ?
00:17:06 Est-ce qu'ils sont eux aussi susceptibles de s'éloigner de ce mouvement ?
00:17:11 Ce que nous disent les commerçants, Madame, les commerçants indépendants TPE que je représente, 450 000, 23 fédérations professionnelles,
00:17:21 c'est une inquiétude profonde parce qu'avec la situation actuelle, l'inflation, l'explosion du coût de l'énergie,
00:17:32 et en plus cette situation de la réforme des retraites, il y a des commerçants qui vont fermer la porte.
00:17:40 Il y a des commerçants qui vont ne pas pouvoir continuer.
00:17:44 Je ne suis pas d'accord avec l'État d'avoir organisé, d'avoir mis en place cette réforme des retraites
00:17:54 à un moment déjà difficile au niveau de la France, au niveau de l'Europe, au niveau de tout ce qui se passe.
00:18:02 Alors je pense que la méthode n'a pas été la bonne.
00:18:06 On aurait pu se passer de cette réforme des retraites actuellement,
00:18:11 et peut-être qu'on aurait pu se passer de provocation, de mettre de l'huile sur le feu,
00:18:18 avec des réflexions de l'État sur la foule et le peuple, enfin, ne pas recevoir les syndicats.
00:18:26 Ça n'a rien apporté pour apaiser.
00:18:29 À l'heure d'aujourd'hui, je lance un appel au président de la République, je lance un appel au gouvernement,
00:18:35 l'apaisement, le retour au calme et le retour à une activité économique normale.
00:18:42 Sinon, les plus petits que je représente, les TPE du commerce, vont finir par baisser le rideau.
00:18:50 Oui, donc si je comprends bien, Francis Malombi, vous allez nous le dire, et puis Éric de Ritmaten va nous donner un chiffre.
00:18:54 Mais finalement, il y a deux choses, selon vous.
00:18:56 Il y a à la fois le timing, qui est mauvais, parce que ça s'accumule avec l'inflation, avec la hausse des prix,
00:19:01 les factures, les difficultés que rencontrent les commerçants.
00:19:03 Et en plus, vous ne rejetez pas la faute forcément sur les manifestants, sur ceux qui revendiquent,
00:19:08 mais plutôt sur le gouvernement, que vous accusez d'avoir jeté l'huile sur le feu.
00:19:11 Éric, je crois que vous aviez un chiffre à nous donner.
00:19:14 Oui, j'avais Dominique Restino, qui est le président de la Chambre de commerce, île de France, que vous connaissez bien,
00:19:19 M. Palombier, il me donnait le chiffre suivant.
00:19:22 12,5% des commerces aujourd'hui en île de France sont fermés.
00:19:28 12,6%, c'est considérable.
00:19:31 Alors, ce n'est pas uniquement lié à la crise actuelle, ça remonte déjà avec l'affaire des PGE, la hausse des factures,
00:19:37 donc on remonte sur les trois derniers mois, mais c'est considérable, ça fait 22 000 points de vente,
00:19:42 22 000 commerces qui ont le rideau fermé, parce qu'ils ne tiennent plus.
00:19:45 Et j'ajouterai aussi les problèmes de circulation qui perdurent à Paris,
00:19:50 vous savez, l'accès bien sûr aux zones commerciales qui devient impossible.
00:19:53 Yvan Réufold ?
00:19:54 Un commentaire sur ce que vient de dire M. Palombier.
00:19:56 Je suis tout à fait d'accord avec lui, je remarque également qu'à travers le discours prétendument d'apaisement du président de la République,
00:20:02 c'est en réalité un discours, dans le fond, de provocation, d'abord de provocation à vouloir dire que la foule était semblable
00:20:10 à celle qui avait pris le capitole aux Etats-Unis ou celle qui avait pris au Brésil le Parlement brésilien, etc.,
00:20:17 donc avec une sorte de rejet de ce que pourrait représenter cette protestation.
00:20:21 Et il me semble que la stratégie qui est suivie aujourd'hui par le président de la République est toujours la même,
00:20:26 c'est de fabriquer une peur artificielle, alors ça avait été la peur du Covid, etc.
00:20:30 Aujourd'hui, c'est la peur du populisme, c'est la peur de l'extrémisme.
00:20:33 Et il me semble que toute la stratégie du gouvernement est de s'installer comme partie de l'ordre en jetant de l'huile sur le feu
00:20:39 afin de déstabiliser ces grands mouvements à travers des violences qui, naturellement, seraient insupportables à beaucoup.
00:20:45 On reste tous ensemble, évidemment, on vous donne la parole dans la parole aux Français.
00:20:49 Nous sommes en direct avec vous, que vous soyez dans les cortèges ou que vous soyez mécontents de ces cortèges.
00:20:55 On sera dans un instant en direct de la manifestation parisienne qui vient de se lancer, Place de la Bastille.
00:21:00 Vous voyez ici les images et puis on ira également à Rennes où le cortège a été maillé de tensions.
00:21:06 Restez bien avec nous. A tout de suite sur CNews pour vivre cette 9e journée d'action contre la réforme des retraites.
00:21:16 9h30 sur CNews, journée spéciale, 9e journée d'action contre la réforme des retraites.
00:21:20 Nous sommes en direct des cortèges, que ce soit à Paris où le cortège vient de se lancer depuis la Place de la Bastille, direction Opéra.
00:21:27 Nous sommes également en direct à Rennes où on va retrouver tout de suite Mickaël Chahyou où quelques tensions ont émaillé le cortège.
00:21:34 Le calme semble être revenu mais vous avez quand même assisté à une interpellation, Mickaël.
00:21:41 Oui, c'est un peu plus calme maintenant. Évidemment, il y a eu plusieurs interpellations, dont une à laquelle nous avons assisté assez costaud, j'ai envie de vous dire.
00:21:51 Et puis là, vous voyez, en fait, les forces de l'ordre ont évacué cette place de la République où pendant une heure, il y a eu des tensions assez fortes entre les forces de l'ordre et les militants les plus radicaux
00:22:04 qui sont repoussés tout au fond de cette avenue. On va vous le montrer à l'image où une barricade a été montée et où elle est en feu d'ailleurs actuellement.
00:22:13 Et puis, il y a eu évidemment sur cette place de la République des dégâts. Une agence immobilière pas très loin de nous, là, qui a été, dont la vitrine a été complètement exposée.
00:22:24 Il faut bien le dire. Et des éléments de bureaux, des chaises, etc. Des tables ont été sorties de cette agence immobilière.
00:22:33 Plusieurs commerces ont été touchés cet après-midi. Difficile de vous dire ce qui se passe vraiment précisément en ce moment même.
00:22:41 Voilà, si ce n'est que cette place où il y a eu ces tensions pendant une heure a été aujourd'hui, a été maintenant vidée de ces éléments les plus radicaux qui se retrouvent tout au bout de l'avenue.
00:22:51 Là que vous voyez au fond, sur les images où une barricade a été dressée. Ce que je voulais vous dire, c'est que sur le fond, le défilé officiel, j'ai envie de dire avec l'intersyndical,
00:23:00 eh bien s'est poursuivi, lui, tranquillement avec un itinéraire bis. Et on a assisté à cette scène assez surréaliste où, à un certain moment, en plein cœur des tensions, j'ai envie de dire,
00:23:13 l'intersyndical, derrière sa banderole, est venu s'imposer, j'ai envie de dire, entre les forces de l'ordre et les militants qui échangeaient divers projectiles,
00:23:24 un message pour dire clairement « on est opposé à cette violence, on est là pour manifester contre cette réforme des retraites ». Donc on a vu passer, c'était assez surréaliste,
00:23:34 alors qu'il y avait des tensions fortes, on a vu passer des représentants de la CFDT et de la CGT. La CFDT était en tête, suivie par des représentants de la CGT,
00:23:44 en plein cœur des tensions, avec la banderole de l'intersyndical pour faire passer ce message. Le cœur de la mobilisation, c'est évidemment l'opposition à la réforme des retraites
00:23:55 et d'énoncer ces violences. Vous voyez, ils sont d'ailleurs encore là, certains membres de la CFDT. Vous les avez vus traverser l'image en ce moment même,
00:24:04 pour tenter de s'interposer. Sur le fond, dernier élément à vous dire, la mobilisation est très forte aujourd'hui à Rennes. 22 000 manifestants, plus de 22 000 manifestants
00:24:14 comptés par la préfecture, 35 000 par les syndicats. C'est une des plus fortes mobilisations depuis le début de ce mouvement ici à Rennes.
00:24:24 Merci beaucoup, Michael Chahut, avec Thibault Marcheteau, et vous l'avez dit, donc regain de mobilisation. On va aller à Paris, où le cortège s'était lancé depuis
00:24:32 la place de la Bastille, direction l'Opéra. Augustin Donadieu, avec quelques mots d'ordre qui visent les forces de l'ordre.
00:24:38 Oui, effectivement, un départ de cortège sur les chapeaux de roue. Il y a maintenant une dizaine de minutes, des forces de l'ordre qui n'étaient pas casquées
00:24:46 au départ de ce cortège, mais très rapidement, les éléments radicaux qui se trouvent à l'avant de celui-ci ont commencé à proférer des insultes
00:24:53 à l'encontre des forces de l'ordre, des insultes, effectivement, des chants anti-forces de l'ordre. Alors ces forces de l'ordre, eh bien, ont rapidement mis
00:25:03 leur casque, mais c'est une stratégie un petit peu différente des dernières mobilisations, puisqu'auparavant, effectivement, tous ces gendarmes, tous ces policiers
00:25:11 étaient en retrait du cortège, se positionnaient dans les rues adjacentes du parcours qu'emprunte ce cortège. Et là, aujourd'hui, est-ce dû aux dernières dégradations
00:25:22 ces derniers jours dans les rues de la capitale, mais ces forces de l'ordre sont positionnées très proches de ce cortège, de part et d'autre de ce dernier.
00:25:31 Ils sont maintenant dorénavant casqués et on sent qu'effectivement, cette situation pourrait éventuellement dégénérer dans les prochaines heures, puisque, je les cite,
00:25:41 ces éléments radicaux qui se trouvent à l'avant de ce cortège ont dit "ça va péter, ça va péter" à plusieurs reprises. En tous les cas, on sent véritablement une colère
00:25:49 qui monte ici dans le cortège parisien.
00:25:52 Merci beaucoup, Augustin Donadieu, avec les images d'Olivier Gangloff. Et on va se rendre également à Marseille, retrouver Stéphanie Rouquier.
00:25:58 Oui, il y a quelques feux.
00:26:00 Oui, effectivement, la manifestation s'est déroulée vraiment dans le calme, dans une bonne ambiance, mais arrivée à Porte d'Aix, à la dispersion de la manifestation,
00:26:11 plusieurs petits groupes sont partis dans la ville et là, à droite et à gauche, ils mettent le feu à des containers, ils mettent des containers au milieu de la route
00:26:20 et ils mettent le feu. Mais pour l'instant, on essaie de suivre ces petits groupes, mais bien sûr, ils se déplacent extrêmement rapidement.
00:26:28 Et donc les pompiers, les marins-pompiers de Marseille, suivent un peu chaque poubelle, chaque container brûlé pour éteindre rapidement ça et pouvoir dégager la route.
00:26:37 Stéphanie Rouquier, vous n'hésitez pas à revenir vers nous. La parole aux Français, on vous donne la parole.
00:26:41 Nous sommes toujours en ligne, justement, à Marseille, avec Anne Audibert, FOODF Marseille et Serge Gianorsi.
00:26:47 Alors, je sais que vous avez un petit problème de batterie, on espère que votre téléphone va tenir le coup.
00:26:51 En tout cas, on vous a retrouvés et on est heureux de vous entendre.
00:26:54 Antoine Gisquet, qui est propriétaire d'un magasin à Lyon. Francis Pallombi, président de la Confédération des commerçants de France.
00:27:00 Et Reda Bellah, porte-parole, Ile-de-France, Unité-GP Police.
00:27:04 Une question pour vous d'Yvan Riofolle, Reda Bellah, en rapport avec ce qu'on a pu entendre dans le début de cortège parisien.
00:27:12 Oui, bonjour, monsieur Bellah. Oui, on s'aperçoit que les forces de l'ordre deviennent l'ultime rempart, dans le fond,
00:27:18 à une colère qui pourrait s'en prendre à des lieux de pouvoir.
00:27:23 Et ma question était, sachant que une grande majorité des policiers partagent, dans le fond, les convictions des manifestants eux-mêmes,
00:27:29 c'est-à-dire que les policiers, eux aussi, sont en train de manifester contre les retraites.
00:27:33 Je voulais savoir quelle pouvait être la solidité des convictions des policiers.
00:27:37 Et si, à un moment donné, ils n'avaient pas eu tendance à vouloir rejoindre, dans le fond, les protestataires.
00:27:41 C'était ma première question. Et la deuxième question, on voit que dans la stratégie, en tout cas,
00:27:45 des mouvements les plus radicaux qui multiplient les petites guérillas afin d'éparpiller les forces de l'ordre,
00:27:51 est-ce que cette stratégie-là, qui se voit à Paris et peut-être dans d'autres grandes agglomérations,
00:27:56 ne risque-t-elle pas non plus d'affaiblir physiquement, cette fois-ci, les forces de l'ordre
00:28:01 et voire de les rendre vulnérables à force de ne plus être suffisamment nombreuses
00:28:05 pour répondre à cette stratégie d'éparpillement ?
00:28:09 Alors, à la première question, écoutez, oui, mes collègues des SGP, je suis là avec vous,
00:28:17 donc je ne peux pas être à la manifestation, mais eux sont à la manifestation,
00:28:20 et comme à chaque fois, manifestation pacifique.
00:28:23 Parce que, oui, à 59 ans, on n'a pas envie de faire des patrouilles de 12 heures dans des véhicules,
00:28:29 on n'a pas envie, dans certains quartiers, de continuer à se faire insulter,
00:28:34 on ne sera peut-être pas en état de courir après des cambres-voleurs,
00:28:37 donc oui, on va continuer à se battre parce qu'on est contre cette réforme,
00:28:40 et on ne veut pas qu'on touche à nos régimes spéciaux.
00:28:43 Sur le point de rejoindre, non, vous savez qu'on est rentré en tant que policiers par conviction,
00:28:50 et on a signé un contrat avec l'État, et comme vous l'avez dit, oui,
00:28:54 alors on représente l'État républicain, on est le dernier rempart,
00:28:58 alors oui, on est entre deux feux, mais quand on est en service,
00:29:01 on est à 100% dans notre travail, on est là pour faire régner la paix,
00:29:05 on sera fidèles à la société.
00:29:07 Mais quand vous entendez, par exemple, les slogans qui sont prononcés,
00:29:10 ce que Augustin Nodalien-Dieu nous a dit, "contre la police", comment le vivez-vous ?
00:29:17 Écoutez, malheureusement, j'ai envie de vous dire, ça a toujours existé,
00:29:25 excusez-moi, ça n'a pas grand-chose à voir, mais quand il y a eu les attentats terroristes,
00:29:29 on était des héros, pour faire simple, et depuis Charlie Hebdo, c'est comme ça,
00:29:33 et après les Gilets jaunes, là, on a eu une autre image,
00:29:37 parce qu'il y a des images par-ci, par-là, où il y a une violence dite légitime,
00:29:42 sous réserve d'enquête, bien sûr, mais on utilise toujours les images,
00:29:46 on utilise à des fins certains partis politiques, sans faire de populisme,
00:29:50 on utilise cette image-là aussi, ils tiennent des propos très graves,
00:29:54 d'ailleurs, on vient de faire un tract par rapport au positionnement de la demande de LFI
00:29:59 de la suppression des braves, pour laquelle on a condamné ces propos,
00:30:03 parce que ces braves-là, on en a besoin, on le prouve aujourd'hui,
00:30:06 avec ces petits groupuscules qui se positionnent dans des ruelles,
00:30:09 ça nous permet d'avoir une force de frappe, justement, pour protéger les parisiens,
00:30:13 en tout cas pour Paris.
00:30:15 Vous comprenez que certaines images, justement, qu'on a pu voir, choquent l'opinion ?
00:30:21 Bien sûr, mais est-ce que l'opinion a les images d'avant ? Je ne pense pas.
00:30:27 Et je pense qu'il est important de rappeler aussi, c'est mon rôle de le savoir,
00:30:31 parce que j'ai eu la chance de faire du maintien de l'ordre aussi,
00:30:34 et de défendre la paix publique, on va dire.
00:30:38 C'est très difficile quand vous faites une vacation de 8h à 12h, toute la nuit,
00:30:45 où on vous demande de rien faire, vous prenez des pavés, vous faites caillasser,
00:30:51 vous vous faites insulter, et des fois, au moment de la charge,
00:30:54 quand vous faites une sommation verbale une fois, deux fois, vous perdez patience.
00:30:58 Voilà, maintenant, pour ces faits-là, en tout cas,
00:31:01 là où il y a des vidéos, il y aura des enquêtes, forcément.
00:31:04 Alors, on reste ensemble, évidemment, on va donner la parole aussi, également,
00:31:07 aux autres qui sont avec nous.
00:31:09 Juste un mot, Gautier Lebrès, sur le regain, j'allais dire, du mouvement aujourd'hui,
00:31:14 en ce 23 mars, c'est la 9e journée d'action, ça avait commencé très fort,
00:31:19 puis ça s'était un petit peu essoufflé, et là, on le voit quand même,
00:31:22 aussi bien du côté des grévistes que des manifestants,
00:31:24 alors, évidemment, on n'a pas encore les chiffres de toutes les manifestations,
00:31:28 notamment pas parisiennes, mais il semble quand même qu'il y a un regain dans le mouvement.
00:31:32 Oui, les renseignements avaient prévenu, en cas d'utilisation du 49.3,
00:31:36 il y avait une chance ou un risque, c'est selon que la mobilisation se renforce et se radicalise.
00:31:42 Et puis, il y a eu les petites phrases du président de la République ces dernières heures,
00:31:46 il a parlé de victoire après le rejet d'émotions de censure,
00:31:49 il a fait une différence entre foule et peuple, il a parlé de foule illégitime,
00:31:54 et puis, il y a les exemples, effectivement, il va en parler en début d'émission,
00:31:57 qu'il a pris hier, le Capitole aux États-Unis, ce qui s'est passé au Brésil,
00:32:02 et donc, ça a pu, effectivement, attiser des colères.
00:32:05 En tout cas, Emmanuel Macron n'a pas voulu calmer le jeu, ça, c'est très clair.
00:32:08 Et puis, au-delà de ceux qu'il appelle les factieux,
00:32:11 parce qu'il fait quand même une différence entre ceux qui sont, selon lui, des factieux,
00:32:14 qui commettent des violences, et les manifestants qui manifestent, justement, dans le calme.
00:32:18 Il s'en est quand même pris aussi aux syndicats.
00:32:20 Donc, si vous voulez, ça a monté d'un cran également, en termes d'échange verbal avec les syndicats,
00:32:26 puisqu'il a reproché à Laurent Berger de ne pas avoir fait de proposition,
00:32:29 ce qui est faux, puisque Laurent Berger, on se rappelle, soutenait la réforme à points sous Édouard Philippe.
00:32:34 Et donc, on a entendu Laurent Berger parler de déni et de mensonge,
00:32:37 et Philippe Martinez dire que c'était du foutage de gueule.
00:32:40 Et en plus, dans la même interview, Emmanuel Macron leur demande de revenir autour de la table.
00:32:43 Donc, on voit bien que ça ne va pas se faire d'ici demain,
00:32:46 et que la tension est montée d'un cran avec l'interview d'Emmanuel Macron hier,
00:32:49 avec aussi les syndicats, au-delà de ceux qui commettent des violences et qui sont minoritaires.
00:32:54 On va retrouver Anne Audiber et Serge Iannorsi, justement, de Force Ouvrière.
00:32:59 Ah mince, on vient d'apprendre qu'ils n'étaient plus là, qu'ils s'étaient déconnectés à l'instant.
00:33:04 Je crois qu'ils avaient un petit problème de batterie.
00:33:06 Je voulais leur poser la question, mais du coup, je vous pose la question aussi, Gauthier.
00:33:09 On a l'impression qu'il y a de plus en plus de jeunes aussi dans les cortèges.
00:33:13 Oui, c'était un échec pour l'instant de la France Insoumise,
00:33:15 qui n'avait pas réussi à faire rentrer la jeunesse dans les cortèges.
00:33:18 On se souvient de Louis Boyard, qui allait de fac en fac ou de lycée en lycée
00:33:22 pour essayer d'attiser les colères du côté de la jeunesse.
00:33:25 Et c'était un échec jusqu'ici.
00:33:26 Et là, effectivement, si on en croit nos reporters sur place, si on en croit les syndicats,
00:33:30 il y a plus de jeunes qu'avant qui entrent dans le mouvement.
00:33:33 Et c'est un enjeu très clair pour, évidemment, les syndicats et pour les partis de gauche,
00:33:38 parce qu'ils prennent cet exemple du CPE, le contrat premier embauche.
00:33:42 Et c'était la jeunesse qui avait fait reculer à l'époque le gouvernement de Dominique de Villepin.
00:33:47 Et c'est Jacques Chirac qui avait pris la décision de reculer.
00:33:49 À quel moment ? Au moment où la loi avait été votée, mais pas promulguée.
00:33:53 Et on est pile à ce moment-là, en ce moment, sur la réforme des retraites,
00:33:56 puisque la loi a été votée à travers des motions de censure et pas à travers un vote direct.
00:34:01 Mais elle n'a pas encore été promulguée par Emmanuel Macron,
00:34:03 parce que pour le moment, elle est au Conseil constitutionnel.
00:34:06 Oui, Antoine Gisquet, puisque vous êtes toujours avec nous,
00:34:08 que vous êtes jeune, que vous les avez vus, ces manifestants,
00:34:10 est-ce que vous êtes d'accord avec Gauthier Lebret ?
00:34:12 Est-ce que vous avez l'impression quand même qu'il y a plus de jeunes dans les cortèges ?
00:34:16 Plus qu'avant, ça c'est sûr et certain.
00:34:20 Maintenant, pour quelle raison ? Est-ce que c'est effectivement parce que le gouvernement,
00:34:25 le parti de M. Mélenchon a réussi à les faire venir ? Je ne sais pas.
00:34:29 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y en a beaucoup, beaucoup plus qu'avant.
00:34:33 Et c'est plutôt une réflexion pour essayer de comprendre
00:34:37 pourquoi il y a plus de jeunes d'un côté et pas de l'autre.
00:34:39 Parce que je crois qu'il faut faire la différence aujourd'hui
00:34:41 entre les grandes manifestations des grandes métropoles,
00:34:44 qui en effet mobilisent beaucoup la jeunesse
00:34:46 sous la directive de la France insoumise et de l'extrême-gauche.
00:34:50 Mais il me semble, peut-être est-ce que je me trompe,
00:34:52 mais de voir que les autres manifestations dans des villes de la France périphérique,
00:34:56 de la France rurale, dans les petites villes,
00:34:58 il me semble que les jeunes y sont moins présents,
00:35:01 également d'ailleurs moins présentes l'extrême-gauche,
00:35:03 et que là-bas se rejoue un petit peu le phénomène que l'on avait vu
00:35:07 des Gilets jaunes de la première période, si je puis dire,
00:35:11 avec toute cette France un peu plus aux cheveux blancs,
00:35:15 plutôt que la France des jeunes,
00:35:18 qui se retrouve, elle, non seulement dans la défense,
00:35:21 dans la contestation de la réforme des retraites,
00:35:29 mais plutôt encore par cette sorte de mauvaise manière
00:35:32 qui a été faite à la démocratie.
00:35:34 C'est-à-dire qu'à la crise sociale s'est jointe une crise de la démocratie
00:35:36 qui rassemble davantage, me semble-t-il,
00:35:38 et ce qui pourrait expliquer le fait qu'il y ait plus de monde dans les rues aujourd'hui.
00:35:41 Francis Pallombi, je vous vois approuver ce que dit Yvan Rioufol.
00:35:45 Absolument. Moi, je demande, ma petite parole ne suffira pas
00:35:52 à convaincre le président de la République,
00:35:55 mais maintenant le président de la République,
00:35:57 puisqu'il parle d'intérêt général,
00:35:59 qu'il a fait hier une énumération à l'après-vers
00:36:03 de toutes les mesures à faire,
00:36:05 j'ai l'impression qu'il est hors-sol.
00:36:07 Il faut voir la situation présente avant de gérer l'avenir
00:36:11 et les prochaines réformes à faire, la santé, etc.
00:36:15 C'est la situation aujourd'hui,
00:36:17 et ce n'est pas une grève, ce n'est pas une manifestation sectorielle,
00:36:22 c'est toute la France.
00:36:24 Alors, il n'y avait pas lieu de railler la foule,
00:36:27 alors que c'est les citoyens, dans leur totalité, dans leur globalité,
00:36:32 la majorité silencieuse.
00:36:34 70% des Français ne veulent pas cette réforme,
00:36:39 sous la forme où elle se trouve être,
00:36:41 de la façon dont elle a été préparée, mise en avant.
00:36:45 Eh bien là, je crois que je lance un appel
00:36:48 à monsieur le président de la République,
00:36:50 avec tout le respect que je lui dois,
00:36:52 c'est lui le président de la République.
00:36:54 Ce n'est pas une honte d'avouer que ça n'a pas marché,
00:36:58 que ça n'est pas voulu par le peuple,
00:37:02 et on ne peut pas gouverner contre tout un peuple.
00:37:07 Ça ne s'est jamais vu, et ça ne marchera pas.
00:37:10 Voilà ce que je demande, et je demande à monsieur le président de la République
00:37:15 de penser à l'ensemble des entreprises, à l'économie, au commerce,
00:37:20 parce que le commerce c'est la vie, c'est le lien social.
00:37:24 Eh bien, il faut, l'intérêt général pour le président de la République,
00:37:28 d'arrêter cette loi, et de revenir autour de la table,
00:37:33 certes comme il le souhaite, après ne pas avoir reçu les syndicats.
00:37:37 Alors, ça se mêle de mensonges, quelque part.
00:37:41 C'est pour cette raison que la population est exacerbée.
00:37:45 Le message est transmis.
00:37:48 Le message est transmis, Eric de Rietmaaten.
00:37:50 Ne pensez-vous pas que s'il recule, ou s'il gèle ce projet,
00:37:54 il apparaîtra comme faible vis-à-vis de l'Europe,
00:37:57 et on verra la France comme un pays irréformable ?
00:38:00 Je ne le pense pas vraiment, parce que là, c'est une crise de fond.
00:38:05 Ce n'est pas une mesure en soi, c'est une crise démocratique.
00:38:10 C'est certes, l'Europe, les autres pays regardent la situation en France,
00:38:16 ce n'est pas réjouissant, c'est une situation de chaos,
00:38:20 mais la situation économique ne va que plus se dégrader
00:38:24 si les présidents persistent avec cette réforme
00:38:28 contre la vie normale de la majorité du peuple.
00:38:32 Je ne dis rien du peuple, je ne dis pas de la France.
00:38:35 Avant qu'on retourne dans le cortège.
00:38:37 Ce qu'a bien voulu faire Emmanuel Macron hier,
00:38:39 c'est de reconnaître qu'il n'a pas réussi à convaincre,
00:38:41 c'est un euphémisme, sur la nécessité de cette réforme.
00:38:44 Quasiment responsable, les Français,
00:38:46 de ne pas avoir voulu bien comprendre la nécessité de cette réforme.
00:38:49 Parce qu'effectivement, il y a eu toute une série d'erreurs sur la pédagogie.
00:38:53 Les 1200 euros pour tous, qui ne sont absolument pas pour tous,
00:38:55 qui vont concerner entre 10 et 40 000 nouveaux retraités chaque année.
00:39:00 Les carrières longues, on se retrouve avec une grille de bingo,
00:39:03 où si vous commencez à un âge impair, vous allez cotiser une année de moins
00:39:06 que si vous commencez à un âge pair.
00:39:08 Et puis il y a eu aussi les erreurs de communication sur les carrières des femmes.
00:39:12 Donc évidemment, tout ça a brouillé le message.
00:39:15 Et Emmanuel Macron, s'il a repris la main aussi hier
00:39:18 pour faire l'exercice de pédagogie sans doute mieux que ses ministres,
00:39:21 c'est parce qu'il jugeait assez durement l'exercice fait par ses ministres,
00:39:25 qui ont parfois pêché et empêché la bonne compréhension de la réforme des retraites.
00:39:30 Et d'ailleurs, les Français qui sont dans la rue répondront certainement
00:39:33 au président de la République qu'ils ont très bien compris les enjeux de cette réforme
00:39:37 et qu'ils n'en veulent pas et qu'ils ne veulent pas travailler tout simplement deux ans de plus.
00:39:40 On va leur poser la question, ces Français dans la rue.
00:39:42 Anne-Audy Berthier, Serge Giannorsi de Marseille, qu'on a retrouvés,
00:39:45 on est heureux de vous retrouver.
00:39:46 On avait deux questions à vous poser.
00:39:48 La première, elle concerne ce que Gauthier vient de dire,
00:39:50 le message du président de la République.
00:39:52 Et puis la deuxième, surtout, c'est là où le téléphone a coupé malheureusement.
00:39:57 Je voulais vous demander, vous, si vous avez l'impression que la jeunesse est un peu plus présente.
00:40:01 Oui, effectivement, déjà depuis la dernière journée de mobilisation,
00:40:07 mais aujourd'hui, plus précisément, effectivement, la jeunesse est plus présente.
00:40:12 Il y a les organisations syndicales de jeunesse qui sont là.
00:40:17 Et puis on sent bien que les jeunes ont bien compris les enjeux de cette réforme
00:40:23 et les conséquences pour leur avenir et pour leur future retraite,
00:40:27 même si pour eux, c'est un événement qui est assez long terme.
00:40:31 Mais néanmoins, ils refusent ce projet sociétal qui est proposé par le gouvernement
00:40:36 et par le président de la République.
00:40:38 Voilà, alors en se mettant un peu à l'écart pour s'éloigner des bruits de la manifestation,
00:40:43 on est passé devant quelques bâtiments qui ont été fermés.
00:40:47 On sait qu'il y a quelques amphithéâtres de fac à Aix-Marseille qui sont occupés.
00:40:51 Donc, clairement, les étudiants aujourd'hui sont bien plus motivés que jamais.
00:40:55 Une question pour vous de Gauthier Lebray.
00:40:57 Oui, je voulais vous demander, qu'est-ce que vous avez pensé de l'interview d'Emmanuel Macron
00:41:00 et surtout de ses petites phrases sur la foule illégitime la veille de cette interview,
00:41:05 sur sa comparaison avec le Capitole aux Etats-Unis, avec le Brésil, quand il parle de factieux.
00:41:11 Alors, il jure évidemment qu'il ne parle pas de vous, mais de ceux qui commettent des violences.
00:41:15 Mais qu'est-ce que vous en avez pensé ?
00:41:17 Écoutez, nous nous interrogeons sur l'objectif réel de cette interview
00:41:25 et sur les propos tenus par le président de la République et par le ton également et la posture.
00:41:33 Nous nous interrogeons encore une fois.
00:41:35 Nous ne pouvons que le remercier de son intervention parce qu'il nous a facilité la mobilisation pour cette journée.
00:41:43 Et je pense qu'il y a des manifestants qui nous ont rejoints aujourd'hui grâce à son intervention.
00:41:49 Donc, voilà, maintenant, nous estimons que ce n'est pas responsable pour un président de la République,
00:41:54 vu le contexte actuel, de mettre de l'huile sous le feu.
00:41:57 Voilà, je pense que ce qui serait responsable, c'est que le président de la République retire son projet,
00:42:04 et qu'ensuite invite les organisations syndicales à se remettre autour de la table
00:42:10 pour enfin et réellement négocier, ce qui n'a pas été le cas lors des conservations,
00:42:14 où il n'y a eu aucune prise en compte des propositions des différentes organisations syndicales.
00:42:20 On a parlé d'Yvan Rioufol pour vous, peut-être à Nodiber d'ailleurs.
00:42:24 Oui, quand vous parlez de la jeunesse qui a rejoint les manifestations,
00:42:28 est-ce que vous êtes tout de même d'accord avec moi pour reconnaître que c'est une jeunesse, malgré tout,
00:42:32 qui est très politisée, c'est une jeunesse qui est une jeunesse qui répond à des motivations qui sont celles de la gauche ?
00:42:39 Je pense qu'il ne faudrait peut-être pas faire d'amalgame.
00:42:41 Mais mon autre question...
00:42:42 Non mais attendez, vous pouvez reposer une question après, on va déjà attendre la...
00:42:45 Je regroupe ma question, et mon autre question était, est-ce que vous avez observé dans ces manifestations
00:42:49 un élargissement du public, ou est-ce que c'est toujours un public qui répond aux seuls mots d'ordre des syndicats
00:42:53 et des parties de gauche ?
00:42:55 A Nodiber ?
00:42:57 En fait, les étudiants, il y en a de toutes parts.
00:43:01 L'élargissement, alors là c'est très clair qu'il y a un élargissement des personnes qui aujourd'hui n'ont jamais encore manifesté une seule fois,
00:43:08 des anciens militaires, des personnes qu'on ne va pas nommer, mais qui jamais de la vie ne seraient venues dans la rue,
00:43:14 qui aujourd'hui sentent que, non, notre régime spécial, mais la retraite, la vie ensemble, notre vie en commun,
00:43:22 est en danger, et aujourd'hui, sans surprise, on était capable de faire un petit sketch à l'avance de ce qu'allait dire M. Macron,
00:43:31 donc on n'a pas du tout été surpris.
00:43:33 Tout le monde est aujourd'hui, fait bien un bloc contre sa façon de gouverner,
00:43:39 et il y a presque 95% aujourd'hui des personnes qui sont contre lui.
00:43:43 Et les jeunes, il y a forcément des jeunes qui sont politisés, c'est peut-être eux qui ont mené la danse en tout premier,
00:43:49 mais aujourd'hui, les jeunes que je peux côtoyer, ils se surprennent eux-mêmes à être là.
00:43:54 Merci, Derrick de Rimatin. Sachant que je vous rappelle que nous sommes toujours en ligne avec Reda Bella,
00:43:58 Jean-Antoine Gisquet, Francis Pallombi, Al-Odhiber et Serge Gagnorci. Alors, choisissez votre interlocuteur.
00:44:03 Ce qui m'intéresse, c'est de savoir un peu de la part des syndicats, si ce mouvement dure,
00:44:07 est-ce que vous n'avez pas conscience quand même de mettre à genoux l'économie,
00:44:10 et que tant de commerçants se plaignent, ont peur de fermer un jour leurs rideaux ?
00:44:14 Je pense à EDF, madame, que vous représentez pour Force Ouvrière. Je lis par exemple que l'entreprise achète
00:44:20 de plus en plus d'énergie à l'étranger pour faire face aux baisses de production.
00:44:24 Je crois que ça chiffre en centaines de millions d'euros. Jusqu'où ça peut aller ?
00:44:28 Alors, Anne, c'est une question pour vous, clairement, Serge et Anne.
00:44:31 Mais, enfin, monsieur, moi j'ai envie de vous dire, interroger le président de la République,
00:44:38 je veux dire, le premier responsable de la situation, c'est lui, et c'est son entêtement à vouloir mener
00:44:44 une réforme des retraites qui est rejetée par plus de 70% des Français.
00:44:48 Après, l'impact sur l'économie, oui, les organisations syndicales et les chefs de file
00:44:53 des organisations syndicales n'ont eu de cesse de l'allerger sur son isolement et son entêtement
00:45:01 à ne pas vouloir entendre le peuple français et les organisations syndicales et les conséquences
00:45:08 qu'il y aurait sur l'économie. Après, vous avez cité EDF, alors oui, sur EDF, effectivement,
00:45:13 il y a des risques sur EDF comme sur l'ensemble des économies.
00:45:19 Mais en tant qu'actionnaire principal de cette entreprise, il devrait être également sur ce point aussi.
00:45:25 Il faudrait penser aussi aux salariés qui perdent beaucoup plus. EDF, moi, ça fait 30 ans que j'y suis,
00:45:32 je peux vous dire que si on en est là aujourd'hui, ce n'est pas à cause des manifestations,
00:45:35 c'est à cause des politiques publiques qui ont été menées à partir de l'an 2000
00:45:39 avec l'optimisation de la maintenance fiabilisée, comme on dit.
00:45:42 Pour entendre Gisquette, vous êtes propriétaire d'un magasin à Lyon, Boîte-Mob,
00:45:47 qui vous vendait des véhicules électriques. Est-ce que vous estimez que vous avez perdu du chiffre d'affaires
00:45:51 ou que cela a un impact, en tout cas, sur ces actions contre la réforme des retraites ?
00:45:55 Pour vous, est-ce que vous êtes en difficulté ?
00:45:59 Alors, en difficulté, non, heureusement. Par contre, à chaque journée de manifestation,
00:46:06 c'est une perte quasi totale du chiffre d'affaires sur ce jour-là.
00:46:11 Parce que les gens ne peuvent plus se déplacer pour venir chez nous, la circulation se fait très difficile,
00:46:16 les rues sont bloquées aux alentours du magasin, les personnes qui ne sont pas dans la manifestation
00:46:22 n'ont pas envie de sortir, par peur de se retrouver pris dans la manifestation.
00:46:26 Donc pour nous, c'est un chiffre d'affaires qui est quasi nul
00:46:30 et ça se vérifie encore aujourd'hui, jour de manifestation, où les encaissements sont proches de zéro.
00:46:38 Oui, effectivement, on peut le comprendre.
00:46:41 Et ça vient se rajouter à ce que Francis Pallombi, qui représente les commerçants de France,
00:46:44 parlait finalement d'un moment difficile pour les commerçants,
00:46:48 parce qu'il y a ces journées qui, vous nous l'avez dit clairement,
00:46:51 ont un impact, une conséquence sur votre chiffre d'affaires.
00:46:54 Mais on a beaucoup parlé de l'inflation, des hausses des factures.
00:46:58 Donc j'imagine que pour vous aussi, tout ça se cumule.
00:47:00 C'est un début d'année, ou alors une fin d'année 2022, un début d'année 2023, qui est plus dur.
00:47:05 Vous avez raison.
00:47:07 Alors, attendez, on continue ce qu'il y a et puis je vous redonne la parole après, Francis Pallombi.
00:47:11 Antoine déjà ?
00:47:14 Auprès de nos fournisseurs, les prix ont drastiquement augmenté.
00:47:18 Du coup, forcément, sur certains produits, on est obligé d'augmenter les prix publics.
00:47:25 Alors, on a fait le choix, malgré l'inflation qu'on a subie auprès de nos fournisseurs,
00:47:30 d'augmenter très peu les prix, ou pas du tout sur la plupart de nos produits.
00:47:34 Mais du coup, au final, on se retrouve où on augmente avec une perte, dans ce cas,
00:47:39 du chiffre d'affaires et une perte de présentation parce que les personnes ne veulent pas venir acheter
00:47:43 parce que c'est plus cher, ou alors, du coup, on décide de ne pas augmenter.
00:47:46 Et dans ce cas, on perd drastiquement notre marge, ce qui fait que malgré tout,
00:47:50 on se retrouve avec une perte de notre valeur et de notre résultat.
00:47:55 Une question pour vous, Antoine, de la part d'Yvan Rioufol.
00:47:59 Oui, monsieur Giscette, que je comprenne bien vos ressentiments.
00:48:03 Vous désignez comme responsable de vos difficultés les manifestants, les syndicats
00:48:08 ou le président de la République ?
00:48:11 Alors, aujourd'hui, les manifestants, on va dire, n'y sont pour rien,
00:48:16 hormis les jours de manifestation, puisque forcément, le fait qu'ils soient dans les rues,
00:48:20 il nous bloque. Mais sinon, aujourd'hui, le combat, il se fait plus au niveau du gouvernement
00:48:27 qui ne gère pas cette inflation, qui peut-être n'anticipe pas,
00:48:33 qui nous cause vraiment du tort et une vraie perte de chiffre d'affaires.
00:48:36 Mais aujourd'hui, ce n'est pas les manifestants, donc le peuple,
00:48:39 qui nous font perdre le plus de chiffre d'affaires. Ils nous en font perdre
00:48:42 dû aux manifestations, mais au final, on en est au 9e jour de manifestation depuis janvier.
00:48:47 On va dire qu'on a perdu 9 jours de chiffre d'affaires, mais l'inflation nous fait perdre
00:48:51 beaucoup plus de chiffre d'affaires que ce que nous font perdre les manifestants.
00:48:54 Dans un instant, nous allons repartir dans les cortèges parisiens.
00:48:57 Une question pour Réda Bélage. Est-ce que vous avez des informations
00:48:59 sur des tensions dans certains cortèges, en région notamment, peut-être ?
00:49:04 Je sais que sur Paris, je n'ai pas pu le placer tout à l'heure,
00:49:07 mais mes collègues ont fait une reconnaissance du parcours.
00:49:12 Ils ont retrouvé beaucoup de bottes de baseball, ils ont retrouvé
00:49:15 beaucoup d'objets contendants également, destinés aux casseurs.
00:49:18 Donc, ça confirme ce qu'on disait tout à l'heure.
00:49:21 Oui, effectivement, on en reparlera. Oui, Gauthier ?
00:49:23 Oui, peut-être une question aux représentants des syndicats.
00:49:26 Est-ce que vous pensez que, comme on parlait à l'instant des casseurs,
00:49:29 que les casseurs peuvent pourrir le mouvement ?
00:49:32 Et au final, comme certains le disent, ce sont les idiots utiles du gouvernement
00:49:36 qui pourrant incarner l'ordre si, justement, le désordre
00:49:40 et les blocages durent trop longtemps ?
00:49:42 Anne Audybert, Serge Giannorsi ?
00:49:44 Écoutez, je comprends que les casseurs sont d'une problématique.
00:49:51 Et pour Force Ouvrière, nous avons fait un communiqué là-dessus.
00:49:56 On ne cautionne pas les atteintes aux biens aux personnes.
00:50:00 Par contre, ce qu'il faut souligner, c'est que c'est une infime minorité qui casse.
00:50:08 Et ce ne sont pas des manifestants. Ce sont des casseurs.
00:50:11 Tout à l'heure, je n'ai pas voulu rebondir, mais ce ne sont pas les manifestants qui cassent.
00:50:17 Ce sont des casseurs. Voilà.
00:50:19 Maintenant, effectivement, ça nous déserve.
00:50:22 Mais c'est pour ça que dans les manifestations qui ont été organisées
00:50:26 par les organisations syndicales, les services d'ordre de nos syndicats
00:50:30 ont permis de limiter.
00:50:32 Après, on ne peut pas empêcher qu'il y ait quelques individus
00:50:36 qui viennent pour nuire et pour casser.
00:50:41 À la mi-journée, là, aujourd'hui, Laurent Berger de la CFDT qui dit
00:50:46 « Il faut des actions non violentes qui n'handicapent pas le quotidien des citoyens. »
00:50:50 L'opinion, c'est notre Pépite, Yvan Rioufol.
00:50:53 Une question à M. Bellache. Parfois, revient dans les constatations
00:50:56 le fait que le gouvernement, en tout cas le ministère de l'Intérieur,
00:50:59 laisserait faire, dans le fond, une partie des Black Blocs
00:51:02 dans leur violence afin d'instrumentaliser ces peurs
00:51:06 et précisément d'asseoir le parti de l'ordre.
00:51:08 Est-ce qu'il est vrai que vous recevez des ordres
00:51:10 afin d'être plus clément, dans le fond, vis-à-vis de ces casseurs d'extrême gauche
00:51:16 qui sont les antifas ou les Black Blocs ?
00:51:19 Non, pas du tout. On ne reçoit pas du tout d'instructions dans ce sens-là,
00:51:22 je vous assure. Maintenant, vous avez, comme ça a été le cas,
00:51:25 les cinq dernières nuits, des effectifs qui sont placés en réserve,
00:51:29 notamment celles des banlieues, pour renforcer les collègues de Paris
00:51:32 s'il y a une grande difficulté, comme ça a été le cas lundi soir et samedi soir.
00:51:35 Mais sinon, non, on continue à faire notre job parce qu'on est policiers,
00:51:39 on aime notre métier.
00:51:41 Un observateur tel que moi ne comprend pas très bien
00:51:44 comment la police, par exemple, arrive préventivement à arrêter,
00:51:48 par exemple, des militants d'extrême droite.
00:51:50 Ça avait été le cas très récemment, ou avant même d'aller manifester,
00:51:53 ils avaient été arrêtés à la sortie d'un bistrot.
00:51:55 Et pourquoi ces genres d'arrestations préventives
00:51:58 semblent impossibles vis-à-vis des Black Blocs ou des antifas ?
00:52:02 Alors là, pour le coup, il faut poser la question au préfet de police.
00:52:06 Moi, je ne peux pas vous répondre parce qu'au niveau opérationnel,
00:52:09 non mais c'est vrai, au niveau opérationnel,
00:52:11 on est placé sous l'autorité du préfet de police.
00:52:13 C'est vrai qu'à une période, pendant les Gilets jaunes,
00:52:15 on prenait les effectifs de toute la petite couronne,
00:52:18 de la grande couronne, et dès les stations de RER,
00:52:22 on commençait à faire des contrôles d'identité
00:52:24 avec des réquisitions du parquet, parce qu'il ne faut pas oublier la justice aussi,
00:52:27 on a peut-être besoin d'aide dans ces cas-là pour légaliser les choses.
00:52:31 Et on palpait et on filtrait, donc ça évitait à beaucoup de Black Blocs
00:52:36 ou d'ultra-gauches de venir sur les manifestations.
00:52:39 Maintenant, nous, on est sous les ordres du ministre de l'Intérieur
00:52:43 et du préfet de police. On suit les ordres.
00:52:46 – Merci à vous, René Abélage, merci également à Antoine Gisquet,
00:52:48 Anne Audibert, Serge Ayanci et Francis Pallombi, on va les rejoindre.
00:52:52 Merci à vous d'avoir témoigné.
00:52:53 On va tout de suite aller dans le cortège parisien,
00:52:55 milieu de cortège retrouvé, Régine Delfour,
00:52:58 pour nous décrire la situation et cette manifestation
00:53:00 qui s'est élancée depuis la place de la Bastille à 14h.
00:53:03 – Oui, Cléli, le cortège a pris un petit peu de retard,
00:53:09 il s'est élancé vers les 14h25.
00:53:12 Nous sommes plutôt en tête de cortège, on arrive en fait place de la République.
00:53:18 Alors c'est assez épars, il y a quand même énormément de monde,
00:53:22 des profils donc très hétéroclites, puisqu'il y a énormément de salariés,
00:53:26 beaucoup de retraités aussi, des jeunes.
00:53:31 On a fait un arrêt devant la Bourse du Travail,
00:53:34 puisque la CGT attendait pour déplier une grande banderole
00:53:39 où il était inscrit, jusqu'au retrait.
00:53:42 Et c'est ce qu'on entend pendant toute cette manifestation,
00:53:46 c'est la revendication d'aller de toute façon jusqu'au bout du retrait de cette réforme,
00:53:52 puisqu'il y a une semaine, jour pour jour, le 49.3 a été enclenché
00:53:58 pour que la réforme des retraites soit adoptée par le Parlement,
00:54:01 un premier affront pour les manifestants.
00:54:05 Et puis hier, l'intervention du président de la République
00:54:09 au journal télévisé de 13h a été aussi vécue comme un affront,
00:54:14 puisqu'il avait choisi 13h et non 20h, et puis il n'a pas écouté la foule.
00:54:20 Il a fait des comparaisons notamment avec le Capitole, qui ne sont pas du tout passées.
00:54:24 Après il disait qu'il avait été élu avec une grande majorité,
00:54:27 et ce ne sont pas ce que disent les gens ici dans la rue.
00:54:32 Et on se dirige jusqu'à la place de l'Opéra, l'arrivée est prévue à 19h.
00:54:38 - Régine Delfour avec les images de Charles Poussin en direct du cortège parisien.
00:54:46 Il y avait aussi, Mickaël, une forte mobilisation contre la réforme des retraites ce jeudi en Rennes.
00:54:51 - Absolument, 35 000 personnes selon les syndicats,
00:54:54 plus de 22 000 selon la police.
00:54:56 Manifestation entachée encore une fois par des heurts entre manifestants et forces de l'ordre.
00:55:00 Mickaël Chahut, vous êtes sur place avec Thibaut Marcheteau.
00:55:03 Bonjour Mickaël, la situation s'est-elle apaisée pour le moment ?
00:55:06 - Ça s'est apaisée quelques minutes, et puis là ça reprend un petit peu.
00:55:13 On est maintenant du côté de la place de Bretagne, qui était en fait le point de départ du cortège.
00:55:18 Et puis à l'instant il y a eu un petit moment de tension supplémentaire
00:55:21 parce que les manifestants ont réussi à mettre la main sur ces grands containers
00:55:26 où on peut déposer des bouteilles vides en verre,
00:55:29 des bouteilles qui sont maintenant jetées sur les forces de l'ordre depuis quelques minutes,
00:55:34 forces de l'ordre qui répliquent par des jets de cases lacrymogènes en ombre.
00:55:38 Donc ça continue ce moment de tension à Rennes avec les éléments les plus radicaux.
00:55:44 Le cortège officiel de l'intersyndical, lui, a trouvé un itinéraire bis, j'ai envie de vous dire,
00:55:50 pour essayer de finir la manifestation avec un moment qui a été très fort
00:55:55 quand on a vu la banderole de l'intersyndical s'interposer, j'ai envie de dire,
00:56:00 entre les forces de l'ordre et les manifestants, dans une volonté évidemment de dire
00:56:05 qu'on n'était pas là pour défendre la violence ou commettre des actes de violence,
00:56:09 mais qu'on était bien là pour dire non à cette réforme des retraites.
00:56:13 Ça y est, avec Thibault Marcheteau, des tensions également à Lorient,
00:56:16 en tête de cortège des manifestations qui ont mis le feu à des poubelles,
00:56:20 s'en sont pris aux forces de l'ordre, ils ont également pris pour cible le commissariat,
00:56:23 des vitres ont été brisées, le feu a également été allumé devant le portail du bâtiment.
00:56:27 Une attaque qualifiée d'inacceptable par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
00:56:32 qui a réagi sur Twitter, comme vous voyez ici.
00:56:36 Eric Dupond-Moretti demande au parquet d'apporter une réponse pénale,
00:56:40 systématique et rapide en cas de débordement dans les manifestations,
00:56:44 et on voit ça avec Noémie Schultz du service Police-Justice.
00:56:47 Bonjour Noémie, quelques précisions concernant cette demande du garde des Sceaux.
00:56:52 Oui, face au rassemblement sauvage, parfois les violences, les dégradations
00:56:56 des dernières semaines, Eric Dupond-Moretti a écrit à tous les procureurs de la République,
00:57:00 tous les procureurs généraux, c'est-à-dire ceux qui décident des poursuites pénales,
00:57:04 ceux qui requièrent les peines aussi lors des audiences,
00:57:07 pour les appeler à faire preuve de fermeté.
00:57:09 Alors il leur avait déjà demandé dans les semaines passées,
00:57:12 dès le mois de janvier aussi, au début du mouvement contre la réforme des retraites,
00:57:16 mais dans cette dépêche qui date du 18 mars, le garde des Sceaux demande effectivement
00:57:19 une réponse pénale, systématique et rapide à l'encontre des personnes
00:57:23 interpellées pour troubles graves à l'ordre public, atteintes aux personnes et aux biens,
00:57:27 et actes d'intimidation et menaces contre les élus.
00:57:30 Il précise que les auteurs des faits les plus graves, notamment les violences
00:57:33 à l'encontre des élus ou des membres des forces de l'ordre,
00:57:36 devront être renvoyés devant la justice, notamment dans le cadre de comparutions immédiates.
00:57:40 Il invite par ailleurs les procureurs à requérir des peines complémentaires
00:57:43 permettant d'éviter une réitération des faits, par exemple d'ajouter
00:57:47 l'interdiction de paraître dans un lieu précis pour éviter par exemple
00:57:51 qu'un manifestant condamné puisse retourner manifester au même endroit
00:57:55 quelques jours plus tard. Alors dans l'entourage du ministre,
00:57:58 on précise que ce ne sont pas les manifestants qui sont visés,
00:58:01 mais bien les casseurs qui s'en prennent aux forces de l'ordre et aux élus.
00:58:04 Mais cette dépêche, on le note, est envoyée deux jours seulement
00:58:07 après le communiqué du syndicat de la magistrature qui avait exigé
00:58:10 que l'autorité judiciaire ne soit pas au service de la répression du mouvement.
00:58:14 Alors ça ce sont les consignes qui ont été envoyées aux procureurs.
00:58:16 Dans les faits, les poursuites et condamnations ne sont finalement pas aussi fréquentes ou évidentes.
00:58:21 Oui, on a vu que de très nombreuses gardes à vue étaient levées à l'issue des 48 heures
00:58:27 et parfois sans poursuite. Si je reprends les chiffres de la manifestation du 16 mars à Paris,
00:58:32 seules 9 des 292 gardes à vue ont fait l'objet d'un déferment,
00:58:36 c'est-à-dire de présentation à un magistrat, et la plupart se sont ensuite soldés.
00:58:39 Par un rappel à la loi, les dossiers qui arrivent en comparution immédiate
00:58:44 se terminent eux souvent par une relaxe.
00:58:47 C'est le cas d'une affaire que j'ai suivie hier et qu'on a racontée.
00:58:50 Un homme de 25 ans contre lequel avait été requis 8 mois de prison avec sursis.
00:58:57 Il était soupçonné d'avoir construit et mis le feu à une barricade.
00:59:02 Mais il a été relaxé car le tribunal a estimé que la preuve de sa participation
00:59:07 à l'incendie de la barricade n'avait pas été apportée.
00:59:10 Il n'y avait pas de vidéosurveillance. C'est la limite de ces consignes envoyées.
00:59:15 A l'inverse, on voit aussi des condamnations beaucoup plus lourdes dans certains cas.
00:59:18 Un homme de 30 ans a été condamné hier à 3 ans de prison pour avoir porté des coups
00:59:21 de skateboard sur la tête d'un policier.
00:59:23 Merci beaucoup Noémie Schultz. C'est news en plein cœur des manifestations.
00:59:27 Cette 9e journée de mobilisation à Paris, la manifestation s'était lancée
00:59:31 il y a un peu moins d'une heure de la place de la Bastille, direction Opéra.
00:59:35 Augustin Donatieux, bonjour. Vous êtes dans le cortège parisien avec Olivier Gangloff.
00:59:39 La manifestation se déroule dans le calme pour le moment.
00:59:43 Oui, elle se déroule dans le calme pour le moment puisque la tête de cortège
00:59:49 vient d'arriver ici à la place de la République.
00:59:52 Mais cette tête de cortège vient de faire demi-tour il y a quelques instants
00:59:55 pour se resserrer avec le cortège parisien qui continue d'arriver.
00:59:59 Et les premières provocations qui commencent à apparaître à l'encontre des forces de l'ordre
01:00:03 qui sont visibles dans les rues adjacentes de cette place de la République.
01:00:07 Vous le voyez sur ces images en direct d'Olivier Gangloff.
01:00:10 Une nébuleuse qui s'est maintenant bien mise en place à l'avant de ce cortège parisien
01:00:14 avec plusieurs centaines d'éléments radicaux, des casseurs très concrètement.
01:00:19 Et voilà un premier tir de mortier en direction des forces de l'ordre ici place de la République.
01:00:25 Visiblement les tensions auxquelles craignaient les services de renseignement
01:00:31 commencent à avoir lieu ici puisque je vous le rappelle
01:00:34 on attend de 400 à 600 éléments radicaux.
01:00:37 Nous les avons entendus, nous étions à côté d'eux il y a quelques instants
01:00:40 et certains effectivement étaient en train de fomenter une attaque
01:00:44 ou du moins les premières provocations avec des premiers jets de bouteilles
01:00:48 ici place de la République en direction des forces de l'ordre.
01:00:51 Merci Augustin Donatieux avec Olivier Gangloff.
01:00:54 Et puis les réactions de l'intersyndical au lendemain de l'interview d'Emmanuel Macron.
01:00:58 Vous avez pu suivre à la mi-journée leur prise de parole.
01:01:02 On écoute Philippe Martinez et Laurent Berger.
01:01:05 Quand il y a un tel conflit, le rôle du président de la République c'est de calmer le jeu.
01:01:09 Hier il a eu la volonté, peut-être que c'est de la maladresse, peut-être,
01:01:16 mais il a jeté un bidon d'essence sur le feu, pas de l'huile, un bidon d'essence.
01:01:22 Je crois que c'est l'expression, y compris après le 49.3 et après l'expression du président de la République,
01:01:27 une contestation qui persiste, qui s'ancre aujourd'hui dans le monde du travail, durablement,
01:01:32 et le besoin d'exprimer ça dans la rue de façon pacifique.
01:01:36 Donc on décidera ensemble ce qu'on fera ce soir.
01:01:39 Mais voilà, ça fait depuis le début, on nous dit qu'on n'allait pas rester ensemble dans l'unité syndicale.
01:01:44 On nous dit que peut-être il y a un déclin de la mobilisation.
01:01:47 Je peux vous dire aujourd'hui, il y a un regain de la mobilisation par rapport à la dernière fois.
01:01:50 Nouvelle journée de mobilisation dans le pays.
01:01:54 Des manifestations, mais aussi des blocages.
01:01:57 Tour d'horizon des différentes actions menées avec ce sujet signé Corentin Brilhaud.
01:02:00 Ce matin à Pantin en Seine-Saint-Denis, plus aucun bus ne sortait de ce dépôt RATP.
01:02:08 Les manifestants bloquent les accès, avant de finalement laisser passer au compte-gouttes.
01:02:14 Depuis plusieurs jours, des blocages s'improvisent un peu partout en France.
01:02:19 La retraite à 64 ans, ça va être long.
01:02:21 On voit que Borne nous a dit, j'ai entendu Mme Borne dire qu'elle allait gagner.
01:02:25 Non, avec 9 mois on ne gagne pas.
01:02:27 On sait qu'elle a perdu.
01:02:29 C'est pour ça qu'aujourd'hui la rue lui répond par des blocages et des manifestations de tous les jours.
01:02:33 À Amiens par exemple, où un rond-point est bloqué et filtre le passage des véhicules depuis 4h ce matin.
01:02:39 À Toulouse, c'est le périphérique qui est bloqué par des feux de poubelle.
01:02:44 L'ambiance était également à la contestation à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle à Paris.
01:02:50 L'autoroute menant aux différents terminaux a été bloquée par les manifestants.
01:02:54 Résultat, les voyageurs ont été obligés de rejoindre l'aéroport à pied.
01:02:58 Les lycéens veulent également se faire entendre.
01:03:01 Au lycée Louis-le-Grand dans le 5ème arrondissement de Paris,
01:03:04 seuls les élèves en classe préparatoire étaient autorisés par les manifestants à rentrer dans le lycée.
01:03:09 En fait, il y a une grosse réflexion autour du fait que la jeunesse n'aurait pas,
01:03:13 que je vois, que j'entends, autour du fait que la jeunesse n'aurait pas à s'engager
01:03:16 parce qu'on n'en est pas encore à la période des retraites.
01:03:18 C'est faux, on ne veut pas arriver dans un monde de travailleurs
01:03:21 où on se fera marcher dessus comme ça.
01:03:25 On ne veut pas arriver dans un monde où on n'a pas de droit.
01:03:27 Des raffineries et des ports bloqués, des coupures d'électricité ciblées,
01:03:31 un trafic ferroviaire très perturbé.
01:03:33 Les actions de contestation sont plus présentes que jamais en cette 9ème journée de mobilisation.
01:03:38 Et parmi les autres actions, la mairie du 5ème arrondissement de Paris qui a été privée d'électricité,
01:03:43 action revendiquée par la CGT Énergie d'Ouest-Île-de-France pour dénoncer la position de la maire Florence Berthier,
01:03:49 favorable à la réforme des retraites.
01:03:52 A Paris, la gare de Lyon a été envahie en fin de matinée.
01:03:55 Plus d'une centaine de manifestants sont descendus sur les voies ferrées.
01:03:59 Vous les voyez sur ces images fumigènes à la main et banderoles à l'effigie de la CGT.
01:04:03 Le trafic a dû être interrompu. L'opération a pris fin peu avant 13h.
01:04:07 Écoutez le représentant Sud Rail Fabien Vildieu.
01:04:11 Parce que oui, vous êtes déterminés ! Bravo à vous !
01:04:15 Et je voulais dire merci à Emmanuel Macron quand même.
01:04:21 Parce que c'est vrai que, quelques fois lorsqu'on a des doutes, il suffit d'écouter Emmanuel Macron.
01:04:28 Et ce mec-là, il est tellement arrogant, il est tellement à côté de ses pompes,
01:04:33 qu'à chaque fois qu'il parle, t'as qu'une seule envie,
01:04:37 c'est de prendre ton drapeau et de partir direct en manif !
01:04:41 Et on passe à notre chronique éco.
01:04:44 Éric, les grèves et les manifestations commencent à impacter l'économie,
01:04:56 à commencer par le tourisme forcément. Quel chiffre avez-vous ?
01:04:59 Oui c'est vrai, grève, manifestations, blocage, ça impacte l'économie.
01:05:02 Alors si on regarde la restauration d'abord, parce que ce sont les premiers touchés.
01:05:05 Chaque jour de grève, c'est 20 à 30% de fréquentation en moins dans les restaurants.
01:05:09 C'est ce que dit le GNI, le groupement des indépendants, qui représente l'hôtellerie et la restauration.
01:05:13 S'ils vont regarder les commerces, là aussi bien sûr ils sont impactés,
01:05:16 surtout les quartiers qui sont traversés par des manifestations.
01:05:19 Alors ça s'ajoute bien sûr à d'autres problèmes précédents, les factures, les PGE à rembourser.
01:05:24 Et là on touche du doigt la fermeture des magasins.
01:05:26 La chambre de commerce donne un chiffre, 12,6% de magasins fermés.
01:05:31 C'est un chiffre record et qui ne va que progresser.
01:05:34 Tourisme, là c'est l'annulation des trains bien sûr, des vols dans les aéroports.
01:05:38 Et bien tout cela, ça décourage bien sûr les touristes de venir en France et on le paiera plus tard.
01:05:44 Et c'est ça qui va coûter très cher à l'État, c'est l'image de la France qui va en pâtir.
01:05:49 Le coût aussi pour la SNCF, je redonne un chiffre, 2 jours de grève à la SNCF, c'est 100 millions d'euros de perdus.
01:05:56 Si vous regardez EDF, l'impact est énorme puisque selon les experts,
01:06:00 400 millions d'euros ont été dépensés en 3 mois pour acheter de l'énergie à l'étranger.
01:06:05 Je termine par un point, tout cela donc à coût global.
01:06:08 Vous savez que la France génère chaque jour 10 milliards de richesses.
01:06:12 C'est ce qu'on appelle le PIB, on perd 10 à 15%, le calcul est vite fait.
01:06:16 1,5 milliard perdus chaque jour à cause de ces grèves.
01:06:19 Et c'est vrai que pour la France, cette nouvelle crise pourrait bien remettre en cause
01:06:22 toutes les prévisions qui étaient juste là plutôt positives
01:06:25 puisque la croissance restait quand même encore positive en France.
01:06:30 [Générique]
01:06:36 C'est News en plein cœur des manifestations pour cette 9e journée de mobilisation intersyndicale
01:06:41 et direction à présent Marseille où l'on retrouve Stéphanie Rouquier et Laure Parra.
01:06:45 Bonjour Stéphanie, la manifestation à Marseille est maintenant terminée.
01:06:49 Elle a réuni 280 000 personnes selon la CGT et 16 000 selon la préfecture.
01:06:55 [Musique]
01:06:57 Effectivement, la manifestation qui s'était lancée du vieux port de Marseille aux alentours de 11h
01:07:02 est arrivée à son point final à la porte d'Aix dans une très bonne ambiance,
01:07:07 dans une ambiance extrêmement calme tout au long du parcours
01:07:10 avec des manifestants encore plus remontés, remontés bien sûr après le passage du 49.3
01:07:15 mais aussi bien sûr après l'interview hier d'Emmanuel Macron
01:07:19 où ces manifestants nous ont expliqué qu'ils n'ont ressenti que du mépris de la part du président.
01:07:24 A savoir que à la fin de cette manifestation, lors de la dispersion,
01:07:28 plusieurs petits groupes se sont répartis dans la ville.
01:07:31 Ils poussaient quelques containers au centre des routes et là ils y mettaient le feu.
01:07:36 Et c'est pour ça que vous entendez les marins pompiers qui agissent rapidement
01:07:40 pour éteindre ces feux et pour dégager la route.
01:07:42 Mais il est très important de noter qu'il n'y a pas eu de tensions contre les forces de l'ordre.
01:07:46 Il n'y a pas de tensions à Marseille actuellement.
01:07:48 Stéphanie Rouquier avec Laure Parra et on va la parole aux manifestants d'ailleurs, aux manifestants marseillais.
01:07:53 Écoutez cette manifestante, pour elle, cette réforme profite uniquement au patronat.
01:07:58 De 60 à 62 ans, les années où on travaille sont beaucoup plus dures.
01:08:03 C'est-à-dire que si vous travaillez jusqu'à 64 ans, c'est tout bénéfice pour le patronat.
01:08:08 Parce que ça veut dire que non seulement vous ne touchez pas votre retraite,
01:08:14 mais en plus vous bourrez plus tôt donc votre retraite vous la toucherez moins longtemps.
01:08:19 Ils sont gagnants sur toute la ligne.
01:08:21 La colère continue à s'embraser.
01:08:23 Le pays est quasiment au bord de l'éruption.
01:08:27 Je crois qu'il faut continuer à se mobiliser, à se battre.
01:08:30 En tout cas, la détermination et la colère sont encore plus grandes aujourd'hui
01:08:33 après la déclaration d'Emmanuel Macron.
01:08:35 Et on va rejoindre le cortège parisien cette fois.
01:08:37 On va retrouver Régine Delfour avec quelques tensions déjà.
01:08:41 Vous voyez, Cléli, en fait quand on est arrivé au place de la République,
01:08:46 qui est un lieu assez stratégique et donc compliqué aussi pour les forces de l'ordre,
01:08:52 il y avait des forces de l'ordre qui étaient massées dans la rue du Temple.
01:08:56 Donc des manifestants se sont précipités vers eux, ont voulu les provoquer.
01:09:02 Ils ont lancé plusieurs tirs de mortier.
01:09:05 Il y a eu une sommation et donc il y a eu des tirs de gaz lacrymogènes.
01:09:09 Alors plusieurs feux de poubelle ici sur la place de la République.
01:09:12 Certaines trottinettes sont aussi mises pour essayer de brûler.
01:09:17 En fait, tout est question de faire des barricades et de brûler les choses dans Paris.
01:09:22 On a vu qu'on est partis il y a à peine une heure et les tensions commencent déjà à éclater, Cléli.
01:09:29 Macron au bûcher !
01:09:31 Pousso, évidemment, vous revenez vers nous dès que possible.
01:09:36 Amaury Beaucoup, on a déjà quelques chiffres d'ailleurs.
01:09:38 Amoury Exactement. Alors ce qu'on avait déjà comme chiffre, c'était 600 à 800 000 participants.
01:09:42 Ça, c'était les services de renseignement qui avaient établi sur ce chiffre de participation.
01:09:47 On sait qu'à Paris, 2000 contrôles ont été effectués en amont de la manifestation
01:09:52 pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'objet de projectiles qui aient été transportés sur les manifestants
01:09:56 et qu'il y a déjà eu cinq interpellations à cette heure, c'est-à-dire 15h15.
01:10:01 Et la manifestation a en fait démarré à 14h25 au lieu de 14h.
01:10:06 Elle a donc pris un peu de retard.
01:10:08 Cléli Si vous avez d'autres chiffres, n'hésitez pas.
01:10:11 En Valais, à Rennes, vous retrouvez Mickaël Chahou, vous parliez des tensions.
01:10:14 Il y en a eu, bien sûr, à Rennes, Mickaël Chahou. Est-ce qu'on en est maintenant ?
01:10:22 Et puis des policiers qui interpellent des individus, comme vous le voyez sur les images en ce moment,
01:10:27 sous une pluie de gaz lacrymogène, grenades de désencerclement et puis les canons à eau qui rentrent en action.
01:10:36 Vous voyez là, les interpellations pour essayer de mettre fin à cette manifestation
01:10:42 qui n'en finit plus maintenant à Rennes puisque ça fait facilement une heure, un peu plus,
01:10:47 même que l'on est du côté de cette place de la République et place Bretagne
01:10:52 où les tensions se concentrent entre quelques centaines de manifestants radicaux et les forces de l'ordre.
01:10:57 Vous voyez là qu'ils sont sortis de cette rue pour interpeller les individus les plus virulents.
01:11:04 À nos terres, une très forte mobilisation.
01:11:07 Aujourd'hui, plus de 22 000 manifestants dans les rues selon les chiffres de la préfecture.
01:11:12 C'est quasiment le record.
01:11:14 En tout cas, on est dans le top 3 de la mobilisation depuis le début du mouvement à Rennes.
01:11:19 À noter beaucoup de tensions et de casse du mobilier urbain.
01:11:24 Et puis quelques vitrines de commerce aussi qui, sur le chemin du cortège, ont été dévastées,
01:11:31 il faut bien le dire, par les militants les plus radicaux.
01:11:33 Alors que l'intersyndicale, elle a choisi de prendre un itinéraire bis pour continuer à porter le message principal
01:11:41 qui est de dire non à cette réforme des retraites.
01:11:46 Et l'intersyndicale qui est allée plus loin puisqu'elle s'est interposée à un moment
01:11:50 avec la banderole de tête entre forces de l'ordre et manifestants
01:11:54 pour redire qu'on n'était pas là pour commettre des actes de violence
01:11:57 mais bien sûr pour lutter contre cette loi de réforme des retraites.
01:12:02 Voilà ce qu'on peut dire pour le moment alors que vous voyez les tensions continuent ici.
01:12:07 Place de Bretagne à Rennes.
01:12:10 - El Chayou avec les images de Thibault Marcheteau et de cette manifestation qui se poursuit à Rennes
01:12:15 avec ces tensions entre les forces de l'ordre et les manifestants.
01:12:18 Yvan Rioufol, malgré le mot d'ordre des syndicats qui, on le rappelle, ont appelé au calme,
01:12:22 ils ne veulent pas de divorce avec l'opinion finalement, ils appellent à des actions non violentes.
01:12:27 On voit que les cortèges ont été un peu plus émaillés de tensions
01:12:30 que lors des précédentes grandes journées nationales de mobilisation en tout cas.
01:12:34 - Oui peut-être mais il faut peut-être bien choisir ces mots parce que j'entends parler d'embrasement,
01:12:39 il ne semble pas que ce soit malgré tout un embrasement général.
01:12:42 Certes il y a des feux de poubelles disséminés mais on a bien vu par exemple qu'à Marseille,
01:12:47 il n'y a pas eu d'embrasement et que la foule était calme.
01:12:49 Et donc je pense qu'on peut parler naturellement de colère et à ce point de vue,
01:12:53 je trouve que la position du président de la République constante est de ne pas voir cette colère-là.
01:12:59 C'est-à-dire que je l'ai entendu lors de son émission télévisée nous dire qu'il n'y avait pas de colère
01:13:05 puisque lui-même avait été élu. Je l'ai entendu au Salon de l'Agriculture dire "je ne vois pas la colère".
01:13:11 Je l'avais entendu six mois avant les Gilets jaunes nous dire "je ne vois pas la colère"
01:13:15 alors que la colère avait déboulé six mois après avec les Gilets jaunes.
01:13:18 Là de la même manière, je ne voyais pas la colère au Salon de l'Agriculture, elle tombe sous son nez.
01:13:22 Donc je voudrais savoir à quel moment le président de la République va descendre de son aventin,
01:13:27 va essayer de descendre de son petit nuage, de sa tour d'ivoire et de se confronter à l'état d'exaspération de la société.
01:13:32 Alors certes, il fait le pari d'une lassitude de l'opinion, certes il fait le pari de représenter le parti de l'ordre,
01:13:39 mais j'ai l'impression que beaucoup de gens aujourd'hui ne sont plus dupes de cette instrumentalisation des peurs
01:13:44 et que actuellement le président de la République joue avec le feu.
01:13:48 Merci Yvan Yoffel. On reste ensemble, on va aller dans le cortège parisien.
01:13:51 Retrouver cette fois-ci Thomas Bonnet et Jules Bedot dans le milieu de cortège.
01:14:00 Oui, on est au milieu de ce cortège parisien, un cortège qui a été scindé en deux au niveau de la place de la République.
01:14:06 Il y a un peu un no man's land, pardon, en quelque sorte ici.
01:14:10 Et vous voyez, une poubelle vient d'être incendiée.
01:14:12 Il y a les forces de l'ordre, les forces de l'ordre sont disposées à proximité très immédiate de cet incendie.
01:14:18 Vous voyez la fumée qui se dégage et juste derrière, c'est le cortège de l'intersyndical,
01:14:22 le front commun affiché aujourd'hui par les principaux leaders syndicaux.
01:14:26 Notamment Laurent Berger ou encore Philippe Martinez qui sont présents dans ce cortège,
01:14:31 entourés d'un très important service d'ordre autour d'eux.
01:14:35 Ambiance plutôt pacifique à cet endroit-là du cortège.
01:14:37 Quelques tensions donc, vraisemblablement avec ces poubelles qui ont été incendiées il y a quelques instants.
01:14:41 Avec Jules Bedot, Gauthier Lebray, on le voit quand même, au-delà des tensions qu'il y a pu y avoir et dont on parlait,
01:14:50 qu'il y a un regain de mobilisation en cette 9e journée d'action.
01:14:53 J'ai envie de vous dire qu'Emmanuel Macron n'a rien fait pour l'empêcher.
01:14:56 Effectivement, depuis l'utilisation du 49.3, les renseignements avaient prévenu qu'il pourrait y avoir un regain
01:15:01 et une radicalisation du mouvement.
01:15:03 Et au-delà du mouvement d'aujourd'hui, on voit tous les soirs les scènes auxquelles on peut assister,
01:15:07 de violences, de voitures brûlées, de poubelles brûlées, etc.
01:15:10 Et puis il y a eu les petites phrases d'Emmanuel Macron devant déjà les parlementaires ou les chefs de la majorité
01:15:15 sur la victoire, selon lui, obtenue au Parlement, puisque les motions de censure ont été rejetées,
01:15:19 sur la foule illégitime, cette différenciation qu'il fait entre foule et peuple.
01:15:24 Et puis, évidemment, les exemples qu'il a pris hier à l'Elysée.
01:15:27 Nos reporters sur place nous expliquent que ça a énormément énervé les manifestants,
01:15:32 les parallèles qu'il a faits avec ce qui s'est passé aux Etats-Unis,
01:15:34 la prise du capital, ce qui s'est passé au Brésil après la défaite de Jair Bolsonaro.
01:15:39 Donc effectivement, Emmanuel Macron n'a pas réussi et n'a pas voulu sûrement trouver les mots
01:15:43 pour apaiser hier lors de cette interview.
01:15:46 Et quand vous discutez avec l'entourage du président de la République,
01:15:49 vous comprenez bien que le président de l'Elysée table sur un pourrissement du mouvement
01:15:53 pour espérer que l'opinion, non pas se rallie à la réforme de la retraite,
01:15:57 ça c'est clair que ça n'arrivera jamais, mais se lasse des grèves, des blocages et des violences.
01:16:03 Yvan ?
01:16:04 Oui, je crois que ce qui alimente également la colère de l'opinion, c'est de voir que le président de la République
01:16:07 est incapable d'exercer le moindre méa culpa.
01:16:10 C'est-à-dire que là encore, hier, il a fait comprendre que ce n'était pas de sa faute,
01:16:14 ce n'est jamais de sa faute avec Emmanuel Macron,
01:16:16 ça a été de la faute des Français qui ont mal compris sa réforme
01:16:19 parce qu'il n'y a pas eu suffisamment de pédagogie,
01:16:21 il prend vraiment les gens pour des imbéciles,
01:16:23 ça a été de la faute des syndicats qui ont refusé son compromis,
01:16:26 et il accumule les maladresses, et même les maladresses de classe,
01:16:29 parce qu'il y a eu une autre phrase très maladroite et qui m'a choqué,
01:16:32 quand il dit dans le fond "les smicards n'ont pas à se plaindre"
01:16:35 puisqu'ils ont eu 8% d'augmentation.
01:16:37 C'est-à-dire qu'on voit bien qu'il est enfermé dans un monde à part
01:16:40 où il ne voit pas que la difficulté qu'ont à vivre les Français de la classe moyenne,
01:16:44 les Françaises ordinaires, ne comprennent pas cette manière très désagréable
01:16:50 qu'a eue le président de la République de parler de smicards
01:16:52 qui devraient se contenter de ce qu'ils ont.
01:16:54 Et donc, encore une fois, je pense que le président de la République
01:16:56 s'est enfermé dans une certitude d'avoir raison,
01:16:59 dans une certitude de penser que les Français vont le rejoindre
01:17:02 à force de voir ces images-là,
01:17:03 mais je ne suis pas certain que les Français, aujourd'hui,
01:17:06 pris qu'ils sont par le slogan du "tôt sauf Macron",
01:17:11 aient envie à chaque fois de lever le pouce.
01:17:14 Il a même dit que sur les smicards, Yvan, pour compléter ce que vous dites,
01:17:17 qu'ils n'ont jamais aussi bien vécu que depuis qu'il est à l'Elysée.
01:17:19 Évidemment, en pleine période inflationniste,
01:17:21 ce n'est pas du tout le ressenti qu'ont ceux qui gagnent le smic dans notre pays.
01:17:26 Et pour rebondir sur "ce n'est jamais de sa faute",
01:17:28 effectivement, même sur le 49.3, il a dit que c'était Elisabeth Borne
01:17:31 qui avait fait le choix du 49.3 d'engager la volonté de son gouvernement.
01:17:34 On sait très bien qu'il y a eu trois réunions à l'Elysée autour de lui
01:17:37 et que le mot final, c'est bien sûr lui qui l'a eu.
01:17:41 Mais quelle est la stratégie derrière ?
01:17:42 C'est de faire d'Elisabeth Borne un fusible,
01:17:44 puisqu'on sait comment ça se passe sous la Ve République en période de crise.
01:17:47 C'est le ou la Première Ministre qui saute,
01:17:49 même si pour le moment, il lui a réaffirmé sa confiance,
01:17:52 mais pour un temps limité, il lui a laissé trois semaines, un mois,
01:17:54 pour essayer d'élargir la majorité.
01:17:56 On sait bien que c'est une mission impossible d'élargir cette majorité.
01:18:00 On a bien vu ce qui s'est passé avec la réforme des retraites.
01:18:02 Même une partie des Républicains ne voulait pas la voter
01:18:05 et justement faire partir de cette majorité.
01:18:07 C'est pour ça qu'il y a eu un 49.3.
01:18:08 Vous parlez de trois semaines, un mois.
01:18:10 C'est aussi le délai que le Conseil constitutionnel a
01:18:13 pour donner son avis sur cette réforme.
01:18:14 C'est le délai qu'il a quand il est saisi par les oppositions.
01:18:17 Mais vu que le gouvernement a fait le choix également de le saisir,
01:18:20 on est sous une procédure accélérée.
01:18:22 Les choses pourraient aller plus vite.
01:18:24 Le Conseil constitutionnel pourrait retoquer un ou deux articles.
01:18:28 L'ensemble du texte apparaît quand même très peu probable.
01:18:30 Je rappelle qu'il n'y a pas que Laurent Fabius qui sèche au Conseil constitutionnel.
01:18:33 Il y a aussi d'anciens ministres d'Emmanuel Macron, à commencer par Jacqueline Gourault.
01:18:37 Le Conseil constitutionnel pourrait retoquer les articles
01:18:40 qui ne sont pas des articles budgétaires.
01:18:41 On rappelle qu'Emmanuel Macron a fait le choix de passer par un texte budgétaire,
01:18:45 un projet de loi rectificatif de la Sécurité sociale.
01:18:47 Car sur les textes budgétaires, le 49.3 est illimité,
01:18:50 contrairement aux autres textes où c'est un seul 49.3 par session.
01:18:54 Par exemple, le Conseil constitutionnel pourrait retoquer l'index senior
01:18:57 qui vise à contraindre les entreprises à révéler leurs données sur l'emploi des seniors en leur sein.
01:19:02 Ce n'est pas très grave sur le papier pour le gouvernement,
01:19:04 qui pourra remettre cet index senior dans les textes qui suivront, notamment sur le travail.
01:19:09 On rappelle qu'Emmanuel Macron a appelé les partenaires sociaux à revenir autour de la table
01:19:12 pour justement débattre de cette nouvelle réforme du travail.
01:19:15 On en est très loin, puisque dans la même interview,
01:19:17 il s'en est pris aux partenaires sociaux, aux syndicats,
01:19:20 et plus particulièrement à la CFDT et à Laurent Berger.
01:19:23 Ils ont été très véhéments aujourd'hui contre Emmanuel Macron.
01:19:25 Très vexé, effectivement, Laurent Berger, qui avait parlé de déni et de mensonge hier sur Twitter.
01:19:29 On retourne dans les cortèges, dans la manifestation parisienne.
01:19:32 On va retrouver Augustin Donatdieu et Olivier Gangloff avec quelques tensions, Augustin.
01:19:37 Oui, effectivement, et pour le moment, c'est véritablement cette nébuleuse,
01:19:43 composée d'éléments radicaux, de Black Blocs, d'Antifa,
01:19:46 qui mène la danse, qui bat le tempo de cette manifestation ici à Paris,
01:19:50 puisqu'ils se trouvent à l'avant du cortège.
01:19:52 Et ces derniers ont décidé, il y a quelques minutes, de le stopper, tout simplement.
01:19:56 Ce qui fait que, voilà, ça fait maintenant une bonne dizaine de minutes que...