Imen Es : cyberharcèlement, body shaming, crises d’angoisse… elle nous parle de sa santé mentale

Konbini

Cyberharcèlement, body shaming, baby blues, crises d’angoisse… On a parlé santé mentale avec la chanteuse et rappeuse Imen Es : “J’étais tombée dans un trou et j’ai voulu tout arrêter”  Son nouvel album "Train de vie" est dispo partouuuuuut

Transcript

00:00 C'est là que j'ai commencé à voir le vrai côté sombre des réseaux.

00:02 J'avais peur de remonter sur scène,

00:04 alors que ça a été mon plus grand kiff, la scène.

00:06 C'était devenu ma phobie.

00:07 Oui, ça va très bien.

00:10 Alors qu'est-ce que ça veut dire pour moi, "ça va pas" ?

00:12 Déjà, je le dis pas.

00:13 Je vais regarder pour moi et puis ça va se voir sur mon visage.

00:16 Ça va se voir dans mon comportement, dans ma manière d'être,

00:19 ma manière de parler.

00:20 Mais tu ne m'entendras jamais dire "non, ça va pas".

00:22 Moi, je suis quelqu'un de très bavard, j'aime bien discuter,

00:24 j'aime bien poser des questions.

00:25 Et quand tu vois que je ne pose pas de questions,

00:27 je suis inexistante, c'est que ça va pas.

00:28 Il n'y a que les gens proches de...

00:30 Enfin, ma famille et mon équipe.

00:31 Non.

00:33 Si je veux voir un psy, il va voir un psy lui juste après, tu vois.

00:36 Il va me dire "la meuf va me raconter ses problèmes,

00:39 j'en ai trop dans la tête là".

00:40 Non, je n'ai pas besoin d'aller voir un psy

00:43 parce que j'ai de bonnes personnes autour de moi, je pense,

00:46 qui me conseillent pour le mieux.

00:47 Du coup, je ne pense pas avoir le besoin d'aller consulter.

00:50 J'ai besoin de me retrouver en famille avec mon fils,

00:55 chez moi, me couper un peu des réseaux,

00:57 vraiment avoir une vie normale.

00:59 J'ai toujours eu confiance en moi,

01:00 jusqu'à après ma grossesse,

01:03 où je suis tombée dans un baby blues de fou malade,

01:05 où je ne connaissais pas du tout ça.

01:07 Ça veut dire que je pleure pour tout,

01:09 je me regarde, je me trouve horrible,

01:10 je me trouve moche, je vois des défauts partout.

01:12 Des choses que les gens te disent "mais t'es malade ou quoi,

01:15 t'as toujours été comme ça ?"

01:15 Ah non, pas du tout.

01:16 Dès que j'ai accouché et que la prise de poids a été remarquée,

01:21 c'est là que ça a commencé les critiques un peu...

01:23 Un peu malsaines, on va dire.

01:24 C'est là que j'ai commencé à avoir le vrai côté sombre des réseaux.

01:26 Parce qu'avant ça, c'était que sur ma musique

01:29 et franchement, je m'en foutais

01:30 parce que les gens les écoutaient quand même.

01:32 Et donc le pic, c'était le Zénith de Paris.

01:33 J'imagine que tu t'attendais pas à ça ?

01:35 Ah non, pas du tout.

01:36 En fait, il y a eu deux parties dans le Zénith.

01:38 La première partie, j'étais super à l'aise,

01:39 je me sentais bien, tu vois.

01:40 Et la deuxième, en fait, t'as un chrono.

01:43 Tu vois, quand tu dois te changer, t'as un chrono.

01:45 Moi, je suis stressée, j'ai chaud, il fait noir.

01:47 Tu vois même pas qu'en fait, on est censé venir t'habiller.

01:50 Mais je vois, il y a personne.

01:51 Et là, je vois mes soeurs qui paniquent, qui viennent, qui m'habillent,

01:53 qui trouvent le premier truc venu et ils m'habillent.

01:54 Et puis, une fois que c'est monté jusqu'à là, je regarde et je dis mais...

01:58 C'est pas ma tenue ?

02:00 Mais sauf que là, il reste une.

02:01 Au moment où je mets les pieds sur scène,

02:04 déjà, je sais que ça va pas parce que je me sens pas bien.

02:06 Et quand tu te sens pas bien, tu vois, tu fais plein de...

02:09 Tu te rends ferme sur toi, ça se voit en fait

02:11 que tu te sens pas bien, que t'es pas à l'aise.

02:13 Du coup, je pense que les gens, ils ont remarqué qu'à ce moment-là,

02:15 j'avais plus de poids parce que dans la première tenue, personne m'a calculé.

02:18 J'étais à l'aise, je sautais, je courais.

02:20 Et puis là, j'essayais un peu plus de me cacher.

02:22 J'avais plus de mal à bouger.

02:25 J'étais vraiment pas à l'aise, tu vois.

02:28 Et j'appréhendais, j'appréhendais, j'appréhendais.

02:30 J'ai attendu la fin du concert et franchement, mon cœur, il bat de la sang.

02:33 En fait, j'ai même pas savouré mon zénith au final, tu vois.

02:36 J'ai savouré que les 30 premières minutes.

02:39 Et puis, les 40 dernières, les 50 dernières,

02:42 c'était un enfer pour moi.

02:44 Du coup, je savais que la foudre allait tomber.

02:46 Je m'y attendais, mais je ne m'attendais pas à autant d'acharnement, vraiment.

02:50 Je me suis dit, bon voilà, il y a des haters partout, ils vont critiquer.

02:52 Mais là, j'avais l'impression que c'était la terre entière.

02:54 Le soir même, le lendemain, ça a continué pendant presque une semaine.

02:57 Et moi, deux jours après, j'avais un concert encore.

03:01 C'était à Amiens, mais j'étais déjà tombée dans un trou,

03:04 mais tu ne peux pas t'imaginer.

03:05 J'avais peur de remonter sur scène,

03:07 alors que ça a été mon plus grand kiff, la scène.

03:09 C'était devenu ma phobie.

03:11 Je me suis dit, si je monte sur scène, ils vont m'attaquer encore

03:13 et je ne vais jamais ressortir de mon trou.

03:15 Donc, du coup, je suis partie en crise d'angoisse,

03:17 une grosse boule au ventre, un nul serre limite.

03:20 Où à peine je parle, je suis essoufflée, à peine j'ai les larmes qui coulent.

03:24 En fait, j'avais l'impression d'être dans une dépression,

03:27 mais intense, mais de fou malade.

03:29 Tu pouvais me parler, me dire, tu me dis non, je pleure.

03:32 Et c'est là que j'ai vu qu'en vrai de vrai, je n'acceptais pas la critique,

03:34 alors qu'avant, je m'en foutais.

03:36 Tu peux me critiquer sur tout ce que tu veux,

03:37 mais en vrai de vrai, le physique, c'est dur.

03:39 Je te jure que c'est dur, surtout quand tu ne te sens pas bien dans ta peau.

03:41 J'ai même voulu arrêter carrément.

03:43 J'ai dit, je ne veux plus qu'on me filme.

03:45 Je ne veux plus qu'on me voit.

03:47 Je ne ferai que des morceaux.

03:48 Je sortirai des albums, je ne ferai ni clip ni rien du tout.

03:50 Là, je veux que les gens, ils n'écoutent que ma voix.

03:52 Et ils me regardaient, ils me disaient, mais ils n'ont pas gagné en fait.

03:55 Tu es humaine, une femme, ça change, elle a un corps différent.

03:58 Tu vas encore avoir des enfants, tu vas ceci, tu vas cela.

04:01 Et après, quand j'ai appris pour ma grossesse, pour tout,

04:04 je me suis dit, mais en fait, c'est la vie, c'est la vie.

04:07 Je vais accoucher et puis je vais montrer aux gens qu'en vrai de vrai,

04:09 du poids, ça se perd, ça se gagne, ça se perd, ça se gagne.

04:12 Tu vois, il y en a qui ont des verditures,

04:13 il y en a qui ont de la cellulite, il y en a qui ont de la graisse,

04:16 il y en a qui ont des os, tu vois.

04:17 Mais chaque femme est comme elle est.

04:19 En vrai de vrai, il faudrait que je m'assume.

04:21 Si je ne m'assume pas moi, il n'y a personne qui va m'assumer.

04:23 En fait, les gens, quand tu parles de chirurgie,

04:25 déjà, ils aggravent le truc.

04:26 Il y en a, c'était pour perdre du poids.

04:28 Eux, dès que tu vas leur parler de chirurgie, c'était pour avoir l'air d'une bimbo

04:32 ou d'un truc comme ça.

04:33 Non, c'est déjà pour juste se sentir mieux dans sa peau, tu vois.

04:35 Moi, si je le fais, c'est pour moi.

04:37 C'est pas pour les gens parce que je m'en fous des gens en vrai.

04:39 Mais juste parce que je suis une personnalité publique,

04:41 ça va être genre, ça va être un truc de ouf.

04:44 J'ai eu tellement de conseils que franchement,

04:45 je pourrais pas t'en citer un en particulier, mais c'est plus

04:48 et confiance en toi.

04:50 Et cette période de difficulté que tu viens de vivre là,

04:53 est-ce qu'elle t'a fait douter sur la suite de ta carrière ?

04:55 Un petit peu, parce que je me suis dit, quoi qu'il arrive, même si je chante,

04:59 ça sera plus ça qui sera...

05:01 C'est plus ce qu'on va regarder.

05:03 Et c'est de là où je me suis dit, en fait, tu sais quoi ?

05:05 Je vais sortir un album.

05:05 Et dans cet album, j'ai fait des trucs de ouf pour moi, tu vois.

05:09 Là, c'est juste pour rappeler aux gens que je peux être

05:12 mannequin, ITI, CN, tout ce que tu veux.

05:15 Ma voix, ça restera ma voix.

05:17 Dominique !

05:19 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

05:22 Une vidéo par Nathalie Chaudière

05:25 [Musique]

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