«Nous vivons à crédit, nous sommes obligés de faire la réforme des retraites», assure l'économiste Alain Minc

Europe 1

21/02/2023

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00:00 Il a dit quelque chose qui est une évidence mais qui n'est pas dite assez souvent.

00:05 Et il y a dans cette affaire beaucoup d'évidences qui ne sont pas dites.

00:08 La France travaille moins que ses principaux concurrents.

00:13 C'est une vérité.

00:14 Si elle travaillait autant que les plus actifs de nos concurrents, notre produit intérieur

00:20 serait supérieur.

00:21 Premier élément.

00:22 Et il a raison.

00:23 Deuxièmement, en réalité, nous savons que l'espérance de vie augmente.

00:29 Tant mieux.

00:30 Et que la démographie se dégrade malheureusement.

00:33 A partir de ce moment-là, la question des retraites se résout de trois manières.

00:38 Première manière, on baisse les pensions.

00:40 Exclus.

00:41 Deuxième manière, on augmente les impôts sur les particuliers.

00:47 Difficile.

00:48 Ou sur les entreprises, c'est aller au rebours de la politique qui a été efficace et qui

00:54 fait que le chômage est quand même tombé à un niveau incroyablement faible pour la

00:59 France.

01:00 Donc plus que difficile et contre-productif.

01:02 Ou on retarde l'âge de départ en retraite.

01:05 Ce sont des choses simples.

01:06 Et puis il y a une troisième chose qui n'est pas dite, que les responsables politiques

01:11 ne peuvent pas dire dans une France aussi émotive et populiste.

01:15 Mais qui est tout simplement, nous avons 3000 milliards de dettes.

01:20 Nous vivons à crédit.

01:22 Nous vivons en payant des taux d'intérêt incroyablement bas, c'est-à-dire très proche

01:28 de ceux de l'Allemagne.

01:30 Et le monde entier nous regarde.

01:33 Et pour le monde entier, la réforme des retraites est un symbole d'une capacité d'adaptation.

01:38 A tort ou à raison, dans la vision qu'ils ont, ils n'entrent pas dans les tailles,

01:42 mais c'est comme ça.

01:43 Si on ne fait pas cette réforme, notre taux d'emprunt augmente par exemple de 1%.

01:49 1%, je vais vous faire le calcul.

01:51 C'est 2,5 milliards la première année, 5 milliards la deuxième, 7,5 la troisième,

01:56 10 la quatrième.

01:57 Là c'est vertigineux.

01:58 C'est vertigineux.

01:59 Oui mais ce que vous êtes en train de dire, c'est qu'on l'a fait parce que le monde

02:02 nous regarde et aussi les marchés financiers.

02:04 Mais c'est les marchés financiers.

02:05 Ah bon ? C'est eux qui disent que c'est la nécessité de la réforme des retraites.

02:08 Mais vous, vous vous préoccupez de ce que pense de vous la banque qui finance votre

02:13 achat d'appartement.

02:14 Eh bien nous, nous vivons dans cette situation-là.

02:16 Alors évidemment avec l'atmosphère ambiante, le mélangeonisme régnant, l'absurdité

02:22 vis-à-vis de l'incompréhension économique qui est propre à ce pays, c'est très difficile

02:27 de dire "les marchés nous regardent, cette réforme est un geste extrêmement fort à

02:32 leurs yeux et nous sommes obligés de le faire parce que nous portons nos 3 000 milliards

02:37 de dettes".

02:38 Donc ça, à la main, c'est le véritable argument qui justifie, qui porte aujourd'hui

02:43 cette réforme des retraites.

02:44 C'est un argument majeur mais je comprends très bien que dans l'atmosphère éruptive

02:49 qui est la nôtre, il ne soit pas facile pour les responsables politiques de dire ce qu'un

02:54 observateur peut dire en toute ingénuité.

02:56 Pourquoi ce n'est pas facile ? Parce qu'on est en train de dire que rassurer les marchés

02:59 financiers est au fond plus important que l'avis d'une majorité de Français et de

03:03 mobilisation conséquente dans la rue.

03:05 Non, alors la manière de dire aux Français, c'est leur dire "si on ne rassure pas les

03:08 marchés financiers, nous serons dans une situation qui voudra dire moins d'infirmières,

03:14 moins de policiers, moins d'enseignants, moins d'aides-soignants, c'est-à-dire dans

03:18 une vraie rigueur telle que nous n'en avons pas connue depuis les plans de rigueur d'il

03:24 y a 30 ans".

03:25 Bon, ça c'est la vérité.

03:27 Mais c'est vrai que le climat politique actuel, dont la mascarade parlementaire a bien été

03:33 l'illustration, rend très difficile à un pouvoir politique de dire paisiblement des

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