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  • 30/01/2023
Dans son édito du 30/01/2023, Paul Sugy revient sur les réactions de Gérald Darmanin à propos de la réforme des retraites. 

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Transcription
00:00 La politique, Gérald Darmanin est monté au front pour défendre la réforme des retraites.
00:05 Dans un entretien hier aux Parisiens, il utilise un ton un peu cash
00:09 pour étrier les opposants au projet de loi.
00:12 Oui, alors on peut dire qu'il aborde le sujet avec la finesse d'un CRS
00:15 qui enfonce l'assaut sur un groupe de Black Bloc en tête de quartier syndical
00:19 parce que, effectivement, le ministre de l'Intérieur n'a pas peur des descriptions binaires.
00:22 Je vais le citer, selon lui, le président de la République défend le travail,
00:25 les valeurs, de l'effort du mérite et de l'émancipation.
00:28 Et puis en face, il y a ceux qui défendent la négation du travail,
00:30 un peu plus loin, ils fustigent le gauchisme paresse et bobo,
00:34 qui rêvent d'une société sans travail et sans effort, rien que ça.
00:37 Alors, Gérald Darmanin, effectivement, défend peut-être une parole cash,
00:40 c'est plutôt ici une parole trash, une parole qui ne se soucie pas
00:43 ni de la façon dont elle sera reçue ni dont elle sera comprise,
00:46 et surtout qui prend le risque, Romain,
00:48 eh bien peut-être d'apporter au mouvement de front de l'étincelle qui manquait
00:51 pour mettre définitivement le feu aux poudres.
00:53 Le gouvernement était, Emmanuel Macron, était guetté là-dessus,
00:57 ils étaient attendus au tournant, il suffisait d'une petite parole
00:59 qui sorte un petit peu de ses gonds, et derrière c'est la poudrière.
01:02 Alors je sais ce que vous allez me dire, Sandrine Rousseau et Jean-Luc Mélenchon
01:05 ont peut-être bien cherché, et peut-être même que Gérald Darmanin
01:07 n'a pas complètement tort.
01:09 Alors, c'est en effet un discours qu'on a entendu chez certains à gauche,
01:12 que le travail est une aliénation et qu'il faut rêver d'un droit à la paresse.
01:17 Oui, j'entends bien Romain, vous avez raison, mais croyez-moi sur parole,
01:19 d'ailleurs je suis le premier que ça fait bon dire,
01:21 le problème c'est que Sandrine Rousseau ne représente pas les trois quarts
01:26 des Français, à part peut-être dans ses rêves, et qu'elle occupe dans le débat public
01:30 une place qui est inversement proportionnelle au nombre de gens
01:32 qui se retrouvent réellement dans ses idées.
01:34 Donc quand Gérald Darmanin, qui ne peut pas l'ignorer,
01:37 réduit l'opposition à la réforme des retraites à son visage le plus caricatural,
01:40 il creuse lui-même les douves du Château-Fort dans lequel il est en train
01:43 de s'enfermer avec le gouvernement.
01:45 Elisabeth Borne ne fait pas autre chose aussi ce week-end,
01:47 ils sont en train de se mûrer pour soutenir un siège.
01:50 Dire que vous n'avez en face de vous que des bobos paresseux,
01:53 c'est oublier que dans la rue, vous avez énormément de fonctionnaires certes,
01:57 mais aussi de nombreux salariés du privé.
01:59 Vous avez aussi à droite des voix qui s'élèvent contre la réforme des retraites,
02:02 qui suggèrent par exemple de mieux prendre en compte la pénibilité au travail.
02:05 C'est oublier enfin que même Olivier Dussopt, il y a dix ans,
02:08 disait qu'il ne fallait surtout pas reporter l'âge légal de départ à la retraite.
02:12 Alors cela dit, ce n'est pas la première fois que Gérald Darmanin
02:14 se laisse aller à des petites phrases comme celle-ci.
02:16 Bah non, il est même assez coutumier du fait.
02:18 En 2018, il ne voyait dans les gilets jaunes qu'une bande de ploucs
02:23 qui roule au diesel et qui fume des clopes.
02:24 Le mépris était d'autant plus incompréhensible, peut-être même impardonnable,
02:27 que Gérald Darmanin n'a de cesse de rappeler les origines modestes et populaires qui sont les siennes.
02:32 Mais bon, il n'est pas le seul à avoir ces phrases malheureuses,
02:35 qui tapissent un petit peu de mépris le chemin du gouvernement sur la voie des réformes.
02:40 Gilles Le Gendre, lui, avait fait encore plus fort en disant que s'il n'était pas compris,
02:44 c'est qu'il était trop intelligent.
02:45 Et l'an dernier, Emmanuel Macron, évidemment, on s'en souvient, jurait d'emmerder les non-vaccinés.
02:49 Cette fois-ci, son fidèle ministre accuse la gauche de bordéliser le pays.
02:53 Peut-être qu'un jour, l'élève finira par dépasser le maître.
02:56 Merci beaucoup, Paul Sugil.
02:57 Je crois que les ploucs qui roulent au diesel et fument des clopes, c'était Benjamin Griveaux.
03:01 Hein ?
03:02 Alors, c'était Griveaux, effectivement.
03:04 Darmanin, il avait eu une autre phrase aussi, qui avait beaucoup d'éplu.
03:07 C'était quand il disait qu'on pouvait difficilement aller, je m'en souviens maintenant, au restaurant,
03:11 sans payer une ardoise de 100 balles.
03:12 Et encore, c'était sans compter le vin.
03:14 Il avait eu cette phrase malheureuse.
03:16 Merci beaucoup, Paul Sugil.
03:17 [Musique]
03:20 [SILENCE]

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