Vidéo. "A bout de force", magistrats, avocats et greffiers réunis contre "une justice déshumanisée"
  • il y a 2 ans
Leurs pancartes alertent d'une "justice malade" ou "à bout de force": magistrats, avocats et greffiers se sont rassemblés mercredi partout en France pour réclamer des moyens "dignes" pour la justice, lors d'une journée d'appel à la grève. L'Humanité a rejoint la mobilisation parisienne.

Trois semaines après la publication dans le journal Le Monde d'une tribune qui a fait l'effet d'une déflagration, plusieurs centaines de magistrats, greffiers et avocats se sont rassemblées à partir de midi devant le ministère de l'Economie à Paris. "Misère judiciaire, mensonges du ministère", "Et ils sont où et ils sont où les recrutements?", proclamaient certaines pancartes.

"Il y a un incendie qui touche les fondations de l'institution et on a un Éric Dupond-Moretti qui arrive sur les plateaux télé pour faire de la com avec un seau d'eau", a lancé la secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, Sarah Massoud.
"On n'a jamais vu une telle mobilisation, une unanimité dans le constat d'une justice déshumanisée", a renchéri Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature.

Les deux principaux syndicats de magistrats ont déposé des préavis de grève - "une première" pour l'USM, majoritaire - et appelé avec les représentants des greffiers et des avocats à des "renvois massifs" des audiences.
Situation intenable"

À Paris, une délégation de l'intersyndicale sera reçue à 19H00 par le directeur de cabinet du ministre chargé des Comptes publics alors que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a fait valoir à l'issue du Conseil des ministres qu'il y aurait "une augmentation de 30% du budget de la justice" entre le début et la fin du quinquennat.

A Lille, où environ 400 personnes ont manifesté à la mi-journée, une minute de silence a été observée en hommage à Charlotte, une magistrate qui avait mis fin à ces jours fin août, point de départ de la tribune publiée le 23 novembre dans Le Monde.
Intitulé "Nous ne voulons plus d'une justice qui n'écoute pas, qui raisonne uniquement en chiffres, qui chronomètre et comptabilise tout" ce texte a obtenu un succès aussi fulgurant qu'inédit: en trois semaines, il avait été signé par 7.550 professionnels, dont 5.476 magistrats (sur 9.000) et 1.583 fonctionnaires de greffe.

Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a tenté de calmer la fronde, venue percuter les Etats généraux de la justice lancés mi-octobre par le gouvernement.
Mercredi, il a réaffirmé sur France Inter avoir "réparé l'urgence". "J'espère qu'il n'y a pas d'instrumentalisation (de la mobilisation) mais je ne peux l'exclure", a-t-il aussi glissé, à quelques mois de la présidentielle.

"Les magistrats ne roulent pour personne", a répliqué dans le cortège parisien, Christophe Bouvot, de l'association nationale des juges des contentieux et de la protection.
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