40ème café « vivre l'entreprise » du 2 octobre 2019 : « Amour... & Vivre en entreprise »

  • il y a 4 ans
« Amour... & Vivre en entreprise » animé par Hubert Landier consultant et universitaire en relations sociales, et Annick Schott, enseignant-chercheur de l'Université Bordeaux-Montaigne
Comment considérer l’amour dans l’entreprise dans un contexte libéral et individualiste ? C’est une question qui est très peu traitée dans la littérature de l’entreprise et cela est étonnant car elle est omniprésente dans le fonctionnement même de l’entreprise (organisation, prise de décisions importantes).
En effet, pour ce sujet, les participants s’en sont remis à un sens qui surpasse la vie économique : un sens humain, éthique, moral qui ne s’apprend pas en économie. L’amour dans ce sujet est à entendre comme vertu éthique qui agit dans la vie de l’entreprise, un « amour civique » qui infuse la notion de RSE. Cette notion d’amour peut cependant être à double tranchants : elle est à la fois nécessaire au fonctionnement de l’entreprise mais peut faire l’objet d’un usage excessif et dévié de l’amour. Serait- ce une vertu à manier avec précaution ? L’excès d’amour peut aboutir à pervertir les relations et amener à adopter une attitude flexible : « Lorsque l’émotionnel intègre le monde de l’entreprise, certaines personnes peuvent devenir complétement irrationnelles » selon un participant au débat. « Par exemple, lorsqu’on veut remplacer quelqu’un, le problème du management se déporte vers les sentiments que l’on peut éprouver envers cette personne : elle est si chère à notre cœur qu’il est difficile de vouloir la remplacer ».
Mais faut-il donc privilégier l’intérêt des personnes que l’on aime au détriment de celui de la collectivité ? Le trop plein d’attachement peut compliquer une prise de décision importante. L’amour peut être aussi utilisé comme objet de manipulation : les entreprises en usent pour se faire de la publicité, profitent de la RSE pour se faire une bonne image. Par exemple : le président de « Cheops technologie » présentait lors d’un congrès la manière dont il essayait d’attirer les compétences dans les entreprises (avec des salles de repos, restaurants avec nourriture biologique). L’amour de ses salariés divise donc entre émotion et professionnalisme.
Après avoir souligné les failles du sujet et nuancé les propos, le groupe a essayé de dégager une notion claire de « vertu » : cette vertu évite les dérives des chantages affectifs, relève d’une éthique humaniste vraie, elle a pour valeur principale le souci des autres (elle renvoie par exemple à la sagesse telle que le bouddhisme). En effet, étymologiquement, la vertu signifie se débarrasser d’un intérêt personnel, s’interdire tout chantage affectif. C’est donc de façon cynique et parfois absurde que la manipulation utilise la vertu pour attirer des salariés.
Les intervenants ont souligné plusieurs sens à cette notion d’amour :
- Un sens d’ordre écologique
- Un sens de l’amour entre des partenaires de travail
- L’amour du métier
- Zoom sur des notions de responsabilité et confiance

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