Interview de Jean-François VILOTTE, président de l'ARJEL (20 décembre 2013)

  • il y a 9 ans
Au printemps 2010, le législateur décidait d'ouvrir les jeux d'argent et de hasard et les paris sportifs en ligne à la concurrence, afin de satisfaire la demande des joueurs français tout en luttant contre les phénomènes d'addiction et contre l'offre illégale sur internet, représentant alors plus de 90 % du marché. Dans la foulée, il créait une autorité administrative indépendante, l'Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL), avec pour mission d'encadrer et de contrôler le secteur, en délivrant par exemple des agréments aux opérateurs. Trois ans et demi plus tard, ce sont 500 000 joueurs qui, chaque semaine, à partir de 2 millions de comptes ouverts auprès des opérateurs légaux, enregistrent des paris ou jouent en ligne, un secteur qui pèse 8 milliards d'euros de mises en 2012 et 700 millions de produit brut des jeux en France. " La libéralisation a permis un basculement de l'offre illégale vers l'offre légale, mais le risque de manipulation n'a pas disparu, ce qui représente un vrai danger pour l'éthique sportive ", commente Jean-François Vilotte, qui préside l'ARJEL depuis sa création, en mai 2010.

Non content de contrôler les opérateurs et de protéger les joueurs - une campagne de prévention a été lancée mercredi - , l'ARJEL doit non seulement s'assurer de la sécurité et de la sincérité des opérations de jeux, mais encore lutter contre les sites illégaux, la fraude et le blanchiment d'argent. Face aux risques de triche sur des paris enregistrés partout dans le monde via internet, des règles internationales et communautaires harmonisées font encore défaut. " Nous sommes encore loin d'un marché unique des jeux " souligne l'ancien directeur général de la Fédération française de tennis. " Eu égard à l'enjeu que représentent les activités criminelles et les problèmes d'addiction, donc de santé publique, il faut veiller à ce que les normes intracommunautaires ne soient pas des normes minimales ", plaide-t-il. L'ARJEL milite ainsi, auprès du Conseil de l'Europe, pour la mise en œuvre d'une convention européenne contre les matchs et paris truqués. A l'heure du bilan, Jean-François Vilotte - qui doit quitter l'ARJEL en janvier - n'aura pas travaillé en vain : une ultime séance plénière, programmée en janvier prochain, devrait aboutir à sa rédaction finale. Zoom sur le régulateur des jeux en ligne.