Pour décrire les fleurs d'amandier, l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire ne me sont d'aucune aide... Les mots m'emporteront vers les ficelles de la rhétorique et la rhétorique blesse le sens puis flatte sa blessure, comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments. Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles dans ma langue, moi l'écho ? Transparentes comme un rire aquatique, elles perlent de la pudeur de la rosée sur les branches... Légères, telle une phrase blanche mélodieuse... Fragiles, telle une pensée fugace ouverte sur nos doigts et que nous consignons pour rien... Denses, tel un vers que les lettres ne peuvent transcrire. Pour décrire les fleurs d'amandier, j'ai besoin de visites à l'inconscient qui me guident aux noms d'un sentiment suspendu aux arbres. Comment s'appellent-elles ? Quel est le nom de cette chose dans la poétique du rien ? Pour ressentir la légèreté des mots, j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots lorsqu'ils deviennent ombre murmurante, que je deviens eux et que, transparents blancs, ils deviennent moi. Ni patrie ni exil que les mots, mais passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier. Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc dans leur dédain des choses et des noms ? Si quelqu'un parvenait à une brève description des fleurs d'amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l'unisson : Les voici, les paroles de notre hymne national !
Illustration : Almond flowers, photo : Inger Klekacz, 22 février 2009. Sous licence BY-NC-SA 2.0 https://www.flickr.com/photos/ingernet/3320663570/
Pour une écoute plurielle : par Mahmoud Darwich https://www.youtube.com/watch?v=hbakewdaIoM
par Didier Sandre. https://www.youtube.com/watch?v=K4qffxNMcCk