Petite lucarne

Je pourrais lire un livre
Mais j’ n’aim’ pas lire un livre
Je pourrais lire deux livres
Mais faudrait lire le premier livre

Je n’ai pas la rigueur
D’un militant trotskiste
La splendide splendeur
D’un petit moine bouddhiste

J’ me laisse embobiner
Par toutes ces séries B
Celles qu’on n’avoue jamais
Qu’on regarde en secret

J’ai toujours admiré
Tous les gens qui disaient
Je n’ connais pas tout ça
Je n’ai pas la télé chez moi

Je n’ai ni le courage
Ni l’envie de changer
Je suis mon propre esclave
Des programmes de télé

Et je traîne mes rituels
De routine branchée
Conditionnée par des
Réflexes télévisuels

Je regarde des conn’ries
Et ma semaine s’égraine
Au roulement de mes chaînes
Qui m’enchaînent à ma triste vie

Du lundi au dimanche
Je traîne mon existence
Couché sur le clic-clac
Je m’allonge comme un sac

Et la télé somnole
En me berçant les nuits
Où je passe des nuits folles
Avec mes insomnies