"Elle ne se souvenait que de ses mains"

  • il y a 12 ans
Kiss & Cry - NanoDanses
de Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael
http://2012-2013.theatredurondpoint.fr/saison/fiche_spectacle.cfm/127989-kiss-&-cry.html

19 juin - 6 juillet, 20h30

Une femme seule, assise sur un banc, attend. Temps gris, enneigé. Elle pense aux absents. Les disparus, les oubliés. Elle se souvient. Son premier amour de quelques secondes, à treize ans. Leurs mains s’étaient touchées. Les corps effleurés. Elle ne l’a jamais revu. Lui et tant d’autres, effacés, balayés par la vie, les fracas de l’Histoire et le temps assassin. La mémoire est un meuble à tiroirs qu’elle ouvre, tendre et décidée. Sur le plateau, la magie de l’amalgame des arts opère un fascinant ballet. Le théâtre et la danse, la vidéo et les arts plastiques, le cinéma et la manipulation d’objets minuscules. Tout contribue sur la scène immense à un ballet grandiose que seules deux mains dansent. Les doigts filmés, dansants, sont projetés sur un écran géant, en direct. Parmi les constructions miniatures, les mains des deux danseurs acteurs produisent des paysages, des images, des mouvements d’une poésie intense.
Kiss & Cry, c’est le nom donné à l’espace des embrassades et des larmes où les patineurs professionnels attendent les notes du jury après leur performance. Ici, après la vie vécue, c’est un arrêt de gare. Les êtres et leurs fantômes vacillent entre les pleurs et les rires, comme le spectateur chahuté par une forme inédite, spectaculaire, au service d’un sujet universel. La chorégraphe Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael, réalisateur de Mr Nobody, Toto le Héros ou Le Huitième Jour, ont reçu en mars 2011, lors de la création en Belgique, les honneurs d’une presse dithyrambique. « Un pur moment de bonheur », « un miracle de création collective », « une pleine réussite ».? Au final, un bijou cinématographique que seuls les artisans de théâtre peuvent fabriquer. Un rêve édifié par des génies du bricolage.