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La tension est montée d'un cran ce week-end entre la Russie et les États-Unis. Donald Trump a annoncé avoir envoyé deux sous-marins dans les régions appropriées. Cette escalade est-elle inquiétante ? Risque-t-on une guerre nucléaire ? On en parle avec Emmanuelle Galichet, enseignant-chercheur en physique nucléaire. - Tous les matins à 6h40, l'actualité du point de vue des auditeurs de RMC. Chaque jour, trois questions autour d'un sujet d'actualité. Témoignages, réactions et débats : RMC est LA radio de l'interactivité.

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Transcription
00:00Apolline Matin, Sébastien Krebs.
00:03Il est 6h45 et vous êtes bien sur RMC et sur RMC Story.
00:07Jusqu'où peut aller l'escalade entre les Etats-Unis et la Russie ?
00:10Risque-t-on vraiment une guerre nucléaire ?
00:13Bonjour Emmanuel Gallichet, c'est le moment de vous poser les trois questions pour comprendre.
00:17Vous êtes enseignante, chercheuse en physique nucléaire au CNAM, spécialiste de la dissuasion nucléaire.
00:23La tension est montée d'un cran ce week-end entre les Etats-Unis et la Russie.
00:27Donald Trump a annoncé envoyer deux sous-marins nucléaires dans les régions appropriées, dit-il.
00:32En clair, ça veut dire au large de la Russie.
00:35Et cela à quelques jours de la fin de son ultimatum posé à Vladimir Poutine.
00:39Est-ce que c'est une escalade qui vous inquiète ?
00:42Alors évidemment, quand on a Trump et Poutine qui commencent à avoir des discours un petit peu...
00:52Où il y a du nucléaire qui est dedans, évidemment on est un petit peu inquiet.
00:56mais il faut quand même rester optimiste parce que très souvent on a vu avec Trump qu'il parlait beaucoup
01:09et qu'il avait moins d'actes dramatiques ensuite quand même.
01:15C'est une façon de... en gros c'est plus du bluff, une façon de montrer les muscles ?
01:20Alors oui, oui, vous avez raison.
01:22Vous espérez en tout cas que ce soit ça.
01:24Absolument. En fait, c'est quand même pas du bluff puisque de toute façon,
01:27les sous-marins nucléaires américains sont dans les mers, un petit peu partout dans les mers autour du monde.
01:33Et donc, il y en a deux, soi-disant, qu'il a lancé sur des régions appropriées à côté de la Russie.
01:41Mais donc, c'est pas totalement du bluff puisque, je vous dis, les sous-marins le sont quelque part.
01:46Mais ça veut pas dire qu'évidemment il y aura un feu nucléaire parce que des sous-marins sont dans les mers autour du monde.
01:53Depuis le début de la création des sous-marins, évidemment,
01:58quelles que soient les nations qui en ont, ils sont en mer.
02:02Donc ils sont quelque part, les sous-marins français le sont aussi.
02:06Et d'habitude, on ne sait jamais où ils sont.
02:09C'est ça aussi.
02:09Alors, effectivement, on ne sait jamais où ils sont.
02:12Et aujourd'hui, encore, nous ne savons pas où ces deux sous-marins, en plus, ont été lancés.
02:21Donc, pour l'instant, restons, je pense, optimistes.
02:26Quand on dit sous-marins nucléaires, on parle de quoi précisément ?
02:29C'est le niveau d'armement le plus élevé, le plus abouti ?
02:32Absolument.
02:33Les sous-marins, en fait, ça donne vraiment le symbole d'une puissance militaire.
02:38C'est vraiment, quand on parle de sous-marins nucléaires, évidemment.
02:42Mais par contre, il faut faire attention, vous en avez deux.
02:45Il y a les lanceurs d'engins, donc les lanceurs de missiles nucléaires,
02:49qui ont une propulsion nucléaire.
02:51Et puis, il y a les sous-marins qui sont simplement à propulsion nucléaire
02:56et qui n'emportent pas d'armement.
02:58Donc là, on n'a pas...
02:59Pareil, Donald Trump a été assez flou.
03:02Et donc, nous ne savons pas si ce sont ce que l'on appelle les SNLE ou les SNA.
03:07Alors, pour Trump, c'était une manière de réagir aux déclarations jugées incendiaires
03:13de l'ancien président russe, Dmitry Medvedev.
03:19Trump a posé un ultimatum à Poutine sur la guerre en Ukraine,
03:23en disant si le 8 août, les choses n'avancent pas, je prendrai des sanctions.
03:27Il rajoute une couche en envoyant ses sous-marins.
03:30Jusqu'où ça peut aller ?
03:32Poutine n'est quand même pas du genre à plier sur ce genre de menaces ?
03:35Non, effectivement, mais quand même, les menaces nucléaires sont différentes.
03:42Et il est probable, il est possible que ça fasse quand même réfléchir Poutine.
03:47Là, on est sur un degré qui...
03:51Tous les deux, que ce soit Trump ou Poutine, ils connaissent la menace nucléaire.
03:55Ils ont en tête, notamment Poutine aussi, même avec un accident comme Tchernobyl,
04:01la peur du nucléaire, ce qu'on appelle la dissuasion nucléaire,
04:07peut fonctionner finalement sur Poutine.
04:09Pour l'instant, on voit qu'il n'a pas réagi à l'envoi des deux sous-marins.
04:14C'est probable, encore une fois, que ça permette une désescalade, en fait.
04:19Pour vous, en tout cas, escalade à ce stade uniquement verbal.
04:22Alors, dans cette escalade verbale, Mitri Medvedev a fait allusion à la main morte.
04:28Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
04:31Alors, la main morte, c'est probablement un système qui permettait,
04:38lors de la guerre forne, dans les années 80, aux soviétiques, donc à l'époque,
04:43de permettre l'envoi de missiles, même si toutes les chaînes de commandement
04:49étaient détruites par une première frappe de leurs ennemis,
04:53qui étaient alors, évidemment, également les Etats-Unis.
04:55Et donc, il y aurait eu, parce que je parle au conditionnel,
04:59on n'est pas sûr que ce système a existé.
05:02Est-ce qu'il était automatique, semi-automatique ?
05:05Est-ce qu'il n'existait pas ?
05:06Mais en tout cas, c'était une menace que les soviétiques faisaient peser sur les Etats-Unis
05:13en disant, attention, si vous nous attaquez,
05:15même si nos chaînes de commandement sont totalement détruites,
05:18vous serez également totalement détruits,
05:20parce que nous avons un système qui était basé sur des capteurs sur le sol russe,
05:27des capteurs de séisme ou des capteurs de radioactivité
05:31et qui faisaient partir, du coup, la frappe nucléaire.
05:34Oui, donc menace contre menace, on l'a bien compris.
05:36Merci Emmanuel Gallichet pour ces précisions ce matin.
05:39Emmanuel Gallichet, spécialiste de la dissuasion nucléaire.
05:42Il est 6h51.

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