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Marc Rochet, président d'Aérogestion, était l'invité d'Erwan Morice dans Good Morning Business, ce vendredi 1er août. Ils ont discuté de la décision de Ryanair de supprimer plusieurs dessertes régionales en France cet hiver, et de la décision du gouvernement de revenir sur la taxe de solidarité sur les billets d'avion, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Mécontent de la hausse de la taxe de solidarité sur les billets d'avion,
00:03Ryanair supprime plusieurs dessertes régionales en France pour cet hiver.
00:07Cela n'a pas laissé le gouvernement indifférent.
00:09Il envisage maintenant de revenir sur cette taxe, ou tout du moins de la mettre en pause.
00:14Bonjour Marc Rocher, merci d'être avec nous ce matin en ce 1er août sur BFM Business.
00:19Vous êtes le président d'Aérogestion, ancien patron d'Air Caraïbe et de French Bee.
00:23On a du mal à suivre quand même avec ces va-et-vient sur les taxes,
00:28sur les mesures, sur des choses qui sont mises en place, qui sont détricotées.
00:33Avec cette dernière actualité dont je parlais, Ryanair, qui va suspendre certains vols cet hiver.
00:39Il y a un manque de visibilité sur le secteur ?
00:43En matière d'impôts, de taxes et de redevances, la France a un savoir-faire exceptionnel,
00:49puisque ce pays en est devenu malade, à tel point d'ailleurs qu'il met sa propre économie en péril.
00:57Comme toujours en matière d'impôts et de taxes, on a trois triptyches qui sont utilisées à chaque fois un petit peu de façon mécanique.
01:06Vous avez la morale, ça commence toujours par la morale.
01:09En 2006, Jacques Chirac crée une taxe, cette fameuse taxe sur les billets d'avion,
01:15pour aller aider sur le plan médical les pays africains.
01:19Donc c'est un euro par passager.
01:21Il rencontre d'ailleurs pas un succès international aussi important que ce qu'on en a dit à l'époque.
01:25Il y a une dizaine de pays qui ont suivi cette démarche.
01:29Et puis de la morale, on passe assez vite au cynisme, c'est-à-dire qu'on s'aperçoit du côté évidemment du ministère des Finances.
01:38Tous les gouvernements successifs, les uns et les autres, ayant dans la même, je dirais, recherche de nouveaux fonds publics la même démarche,
01:47on s'aperçoit qu'il y a là de manière évidente une façon de trouver de l'argent public.
01:53Donc on va augmenter cette taxe.
01:55Alors ça s'est passé sur une certaine durée, mais le dernier saut qui remonte à l'année dernière,
02:00c'est qu'on a multiplié la taxe sur les vols, on va dire un court-courrier par trois,
02:05et la taxe sur les billets long-courrier par cinq.
02:08Donc c'est un prélèvement d'argent considérable.
02:10Et pour ça évidemment, on invente une usine à gaz,
02:13parce qu'on va compliquer cette taxe de telle façon qu'elle est lisée.
02:16Et puis on en arrive après au réalisme.
02:18Le réalisme, c'est de s'apercevoir que quand on taxe autant une activité,
02:22trop d'impôts tue l'impôt,
02:24c'est les propos d'un économiste américain bien connu, M. Laffaire,
02:29eh bien forcément on se trouve devant une difficulté.
02:32Et Ryanair, qui est la compagnie la plus importante d'Europe,
02:36la plus performante, pour que nos auditeurs comprennent bien,
02:42Ryanair en termes de capitalisation sur les marchés,
02:45c'est d'IFO Air France, prend la décision d'arrêter certaines routes
02:48et va utiliser ces avions dans de meilleurs endroits.
02:51Alors évidemment du côté du gouvernement,
02:54on l'entend aussi à ce point.
02:55Oui, mais il faut arrêter, il faut revenir en arrière et tout.
02:58Nous verrons bien les décisions dans le budget 2026
03:01qui va être négociée, discutée à l'Assemblée nationale dans quelques semaines.
03:05Je rappelle qu'on parle de la TSBA,
03:07la taxe de solidarité sur les billets d'avion,
03:09vous le disiez, qui a explosé.
03:10Elle est passée de 2,63 euros à 7,40 euros
03:13pour les vols intérieurs ou vers l'Europe.
03:16Est-ce que cette taxe, elle est trop élevée ?
03:18Est-ce que ça touche vraiment la compétitivité des compagnies ?
03:22Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
03:23Parce que l'État quand même cherche de l'argent.
03:24Est-ce qu'il faut quand même mettre en place une taxe ?
03:26Quel dispositif, quel levier pourrait être mis en place
03:29sans être trop pénalisant pour le secteur ?
03:32Il y a deux aspects dans votre question.
03:35Le premier qui est effectivement celui d'un niveau acceptable des taxes.
03:39Bon, en Europe, vous avez pris l'exemple de la taxe qui est passée à 7,40 euros.
03:44Je rappelle que Jacques Chirac l'avait créée à 1 euro.
03:48Un niveau acceptable aurait été sans doute de faire la moitié du chemin,
03:55la passer à 3 euros ou 4 euros.
03:57On parle de billets d'avion qui, grosso modo, pour le public, valent à peu près 100 euros.
04:03Donc, quand vous taxez quelque chose à hauteur de 3 ou 4 %, c'est déjà significatif.
04:07Et puis, la deuxième question qui se pose derrière,
04:09qui est encore la plus importante pour nos gouvernants
04:12et pour rendre la taxe ou toute forme d'impôt acceptable,
04:15c'est qu'est-ce que l'on fait de cet argent ?
04:17Et là, il n'y a pas d'utilisation prouvée.
04:20Le contrôle aérien français n'est pas le plus performant d'Europe.
04:24On a régulièrement des difficultés majeures avec ce contrôle aérien.
04:28La fourniture de pétrole dit sustainable air fuel pour les avions,
04:34c'est-à-dire de pétrole écologique, on n'est pas en avance là-dessus.
04:37Les compagnies françaises ne sont pas les plus performantes
04:40et pourtant, on leur a donné beaucoup d'argent pendant le Covid.
04:42Beaucoup, beaucoup d'argent.
04:44Pas toutes, pas de la même façon.
04:45Mais quelles sont les contreparties ?
04:47Et l'art de ces gouvernants successifs qui manquent, soyons clairs, de courage,
04:51c'est dire on lève de l'impôt, on lève de la taxe,
04:55mais ça va servir à être plus efficace, plus performant.
04:58Là, c'est un puissant fonds, ça va au budget national
05:00et ça disparaît dans l'énorme déficit que tous les gouvernements
05:04s'accordent à dire qu'ils vont les réduire
05:06et qu'ils les réduisent quasiment à chaque fois d'une façon ridicule
05:10pour ne pas dire qu'ils ne le réduisent pas.
05:12En tout cas, visiblement, vu les débats, cette taxe pourrait être mise sur pause.
05:16Le temps que le gouvernement fasse ses arbitrages sur son projet de loi de finances 2026.
05:22Autre actualité dont on voulait parler avec vous ce matin,
05:24Marc Rocher, dans le secteur aérien,
05:26on a la sensation que c'est quand même de plus en plus fréquent.
05:28Les problèmes dans les aéroports, cette semaine encore,
05:31à Eastrow et Gatwick au Royaume-Uni,
05:33une panne technique qui a perturbé une centaine de vols.
05:36Il y a un problème de moyens, d'investissement, de recrutement ?
05:39C'est quoi le souci ?
05:40Il y a des problèmes tous les ans, pour ne pas dire tous les mois,
05:43dans les aéroports britanniques, mais pas que.
05:45Pas que britanniques, même si, effectivement,
05:50l'Angleterre n'a pas eu beaucoup de chances récemment.
05:53Deux aspects à ce sujet.
05:56Un, les aéroports sont devenus, comme les grandes gares d'ailleurs,
06:01des infrastructures très lourdes, très puissantes,
06:04où des millions et des millions de passagers
06:06ont l'occasion de passer, d'arriver, de partir ou de transiter.
06:11Et ce sont devenus des infrastructures extrêmement complexes.
06:15Et bien entendu, on y a multiplié tous les moyens digitaux possibles
06:19pour reconnaître le parcours des passagers, pour le traiter.
06:22Et donc, de temps en temps, il y a des bugs.
06:25Bon, ça peut arriver.
06:26Le problème, ce n'est pas tant les bugs,
06:28parce qu'on sait que ça va arriver,
06:29et c'est comment sont conçues les procédures de secours.
06:33On a eu, il y a quelques temps,
06:35ça avait été un épisode aussi qui avait marqué les esprits,
06:39une panne très sévère des tapis à bagages
06:41gérés par l'aéroport de Paris à Orly.
06:44Bon, panne de tapis à bagages,
06:46après tout, on est dans un monde réel,
06:48il faut comprendre des choses et ça peut arriver.
06:50Le problème, c'est qu'est-ce qui se passe quand il y a une panne ?
06:53Et c'est là où les aéroports ont des difficultés
06:56à mettre des procédures, on appelle ça d'un anglicif,
06:59de backup, pour pouvoir effectivement assurer un service minimum
07:03et se réorganiser très vite.
07:05À Orly, il avait fallu beaucoup de temps
07:07pour transférer des vols d'un terminal,
07:09il y a quatre terminaux à Orly,
07:10d'un terminal qui était en panne,
07:12des terminaux qui ne l'étaient pas
07:13et qui continuaient à fonctionner.
07:15Il se passe la même chose dans les aéroports britanniques.
07:17Si vous n'avez pas préparé des procédures de secours,
07:20des procédures de remplacement
07:22pour traiter votre panne et déplacer les problèmes,
07:25effectivement, vous débouchez sur des embouteillages massifs.
07:29Mais ce sont des incidents à répétition, Marc Rocher.
07:31Pourquoi ces procédures ne sont pas mises en place
07:33au bout d'un moment quand ça se répète quatre, cinq, six fois ?
07:36Elles le sont et vous avez raison de souligner leur répétition.
07:40Elles le sont, elles ne le sont pas de façon structurée,
07:43de façon stabilisée.
07:45Il y a beaucoup de travail à faire
07:46et je crois d'ailleurs que les aéroports en sont conscients
07:49puisque ça fait partie de leur plan d'amélioration.
07:51il doit y avoir des procédures.
07:53C'est comme en matière de protection routière.
07:56Quand il y a une autoroute qui se ferme,
07:58il faut prévoir des plans de renvoi de la circulation sur d'autres axes.
08:03Ce n'est pas toujours très bien fait.
08:04C'est compliqué.
08:05Mais encore faut-il avoir la volonté de le faire.
08:08Aux États-Unis aussi, l'actualité inquiète quand même.
08:10On a l'impression d'entendre toutes les semaines
08:12des histoires d'accidents à éviter de justesse.
08:14Décidément, il y a quelques jours,
08:16un avion de ligne a évité une collision avec un avion de combat
08:18de l'US Air Force.
08:19Ça se passait dans le Dakota du Nord.
08:22Même question, d'où vient le problème ?
08:24Il y a quelque chose qui n'est pas résolu.
08:25Alors, chaque incident est arrivé, évidemment.
08:31Chaque incident donne lieu à un débriefing.
08:33On essaye d'en trouver les conséquences
08:35et de supprimer les problèmes qui ont été rencontrés.
08:39Manifestement, les États-Unis aujourd'hui ont un problème
08:41dans le mélange du trafic aérien civil,
08:44qui est très important.
08:45Je rappelle que les États-Unis,
08:47c'est le premier marché mondial de l'aviation civile.
08:49Donc, vous avez énormément d'avions en l'air
08:51en permanence autour des grands aéroports comme des petits.
08:54Et puis, le trafic militaire.
08:57Alors, en France, c'est assez bien organisé
09:00grâce au ministère de la Défense.
09:01Ils ont, en quelque sorte, leur zone d'exercice.
09:04Et quand ils sortent de ces zones d'exercice
09:06pour s'aller se poser ou redécoller d'un aéroport,
09:10même militaire ou civil,
09:11ils ont des procédures à suivre
09:13et qui sont celles des procédures civiles.
09:15Bon, aux États-Unis, ce n'est pas clair.
09:17Il va falloir qu'ils le clarifient.
09:19Je pense que, comme souvent, les États-Unis,
09:21ils vont passer à des mesures
09:23plutôt raides et difficiles à accepter,
09:26mais qui vont mettre de l'ordre là-dedans.
09:28Il faut mettre de l'ordre là-dedans.
09:29Avant que l'incident se transforme en accident.
09:32Pour terminer, et en 30 secondes,
09:34Marc Rocher, on revient en France pour conclure,
09:37mais sur le contrôle aérien,
09:38on a parlé des grèves il y a quelques semaines,
09:41des grèves qui sont très coûteuses
09:42et qui sont globalement décriées.
09:44Elles entraînent un bras de fer systématique
09:46avec le gouvernement.
09:47Ça a aussi tendance à agacer en Europe
09:49parce qu'en réalité, ça ne touche pas que la France,
09:52mais ça a un impact sur l'Europe et même au-delà.
09:55Oui, la France est une bonne élève
09:58en matière d'organisation de son contrôle aérien.
10:01Elle est responsable d'environ un tiers
10:03des retards de contrôle aérien de toute l'Europe.
10:06Alors, c'est une zone de passage.
10:08On est au centre de l'Europe.
10:09C'est d'ailleurs une chance économique et sociétale.
10:12Mais on n'est pas bon
10:13parce que les gouvernements, là aussi successifs,
10:16n'ont pas voulu régler le problème.
10:17Comment changer ça ?
10:19Il faut digitaliser cette opération de contrôle aérien
10:23qui suppose de gérer en permanence
10:25des milliers d'informations.
10:27Et il faut des humains responsables,
10:29des gens qui s'engagent dans ces métiers.
10:31Le droit de grève n'est pas acceptable
10:33en tant que tel et tel qu'il est pratiqué
10:35par le contrôle aérien.
10:36Le service minimum doit fonctionner.
10:38Il doit être étendu, il doit être appliqué
10:40et pas les jours de départ en vacances.
10:43C'est ce qui se passe en Italie.
10:44Merci beaucoup, Marc Rocher, d'avoir été avec nous
10:46et d'avoir accepté de traiter tous ces sujets
10:48dans la matinale de BFM Business,
10:50président d'Aérogestion,
10:52ancien patron d'Air Caraïbes et de French Bees.

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