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Clara Ulrich est chercheuse en halieutique à l'Ifremer. Cette spécialiste de la surpêche appelle à des mesures immédiates pour éviter les effondrements des populations de poissons. « Le Point » l'a rencontrée dans le cadre du One Ocean Science Congress, événement organisé en amont de la troisième conférence de l'Onu sur les océans (UNOC3) .

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Transcription
00:00On parle de surpêche à partir d'un moment qui dépasse un seuil qui est défini par les scientifiques.
00:05C'est un seuil qui est défini mondialement, qui s'appelle le RMD, pour Rendement Maximum Durable.
00:11Et donc c'est un seuil qui calcule à quel moment finalement on va prélever plus
00:16que le risque d'effondrement de la population et d'une population qui n'arrivera plus à se renouveler ensuite
00:22et à continuer à produire de la nourriture.
00:24Donc en fait, la surpêche s'est calculée comme ce seuil, qui est calculé non pas année après année,
00:29mais sur du long terme pour pouvoir continuer à produire de la nourriture,
00:33non pas juste sur une année, deux ans, cinq ans, mais bien sur 20 ans, 50 ans, 100 ans.
00:38La reconstitution d'un stock une fois qu'il est effondré est un vrai enjeu.
00:42Ça l'a toujours été, même auparavant quand on ne parlait pas de réchauffement climatique
00:46ou de changement écosystémique, c'était déjà un enjeu majeur.
00:51L'exemple type, c'est le cabillaud, la fameuse morue de Terre-Neuve,
00:55qui est vraiment l'exemple emblématique, une des plus grandes pêcheries du monde
00:59pendant des centaines d'années.
01:01Les Vikings la pêchaient déjà et c'est un stock qui s'est donc effondré
01:05à la fin des années 80 à cause de cette augmentation de la surpêche
01:09après la Seconde Guerre mondiale.
01:11Et il y a eu un moratoire qui s'est mis en place en 1992,
01:16arrêt complet de la pêche depuis 1992.
01:18Et aujourd'hui, 30 ans après, la morue n'est pas revenue.
01:22En 2024, le Canada vient de lever le moratoire, donc de plus de 30 ans,
01:28mais avec un quota de pêche qui est vraiment dérisoire aujourd'hui.
01:31Il est à peine de 18 000 tonnes contre 500 000 tonnes qu'on a pêchées
01:35les années précédentes.
01:37Donc c'est vraiment un exemple typique de dire que finalement,
01:39une fois qu'on a trop pêché, une fois qu'on est vraiment arrivé trop bas,
01:43souvent c'est trop tard.
01:44Et donc cette idée de la gestion de la surpêche,
01:46elle est vraiment là pour ça, elle est vraiment de dire
01:48qu'il faut limiter aujourd'hui, non pas pour embêter les pêcheurs
01:53qui essayent de gagner leur vie sur ces quotas,
01:57mais bien pour réduire ces risques, éviter ce risque d'effondrement,
02:01parce qu'effectivement, une fois qu'il y a eu effondrement,
02:03en général, ça peut parvenir.
02:05Comme en plus de ces questions de surpêche,
02:07le changement climatique est en train de bouleverser complètement
02:09le cycle des écosystèmes,
02:11et aussi la capacité des poissons à bien se reproduire,
02:16bien se nourrir.
02:17Donc ça apporte en plus un risque supplémentaire
02:20sur une population sauvage.
02:23Et donc ces possibilités de remonter une population effondrée
02:27qu'on a pu voir par le passé parfois,
02:30ce risque devient plus fort aujourd'hui
02:32quand en plus l'écosystème n'est pas dans des conditions favorables.

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