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Aurélien de Meaux, cofondateur et CEO d'Electra, était l'invité d'Erwan Morice dans French Tech, ce mardi 29 juillet. Il parle de l'activité de son entreprise spécialisée dans le déploiement d'infrastructures de recharge rapide, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Bonjour Aurélien Demeau.
00:01Bonjour.
00:01Merci d'être sur notre plateau, cofondateur, directeur général d'Electra.
00:04Avec cette opération, vous dépassez donc le milliard d'euros levés en quatre ans.
00:09C'est plutôt un bel exploit pour une entreprise comme la vôtre.
00:12Oui, merci. Nous, on a un métier d'infrastructure.
00:16Donc, on déploie l'infrastructure de recharge rapide
00:18pour faciliter finalement l'adoption des voitures électriques.
00:22Donc, ça coûte de l'argent.
00:23Voilà, cette infrastructure, ça coûte pas mal de capex, comme on dit,
00:26donc de capital à mettre sur la table.
00:28Et donc, on avait réalisé plusieurs tours en equity,
00:32donc de levée en capital.
00:34Et là, il était temps maintenant de mettre un financement de type dette.
00:39Et c'est ce qu'on a fait.
00:40On a été accompagné par la banque ING.
00:42Puis, on a choisi huit prêteurs, que je remercie pour leur confiance.
00:45Donc, huit banques qui nous ont prêté 283 millions d'euros,
00:48plus 150 millions d'euros.
00:50Donc, ça fait un total de 433 millions d'euros, effectivement.
00:53Il faut beaucoup d'investissement dans votre activité
00:56avant de pouvoir être complètement opérationnel et crédible.
01:01Vous visez la rentabilité dans moins de deux ans, je crois.
01:04C'est un pari osé.
01:06Oui, c'est ça.
01:06Nous, on a un objectif d'être EBITDA positif en 2026,
01:11parce qu'aujourd'hui...
01:12Oui, dès l'année prochaine.
01:14Voilà, on est présent dans 10 pays en Europe.
01:16On a 513 stations en activité.
01:19On continue d'en déployer entre 4 et 5 par semaine.
01:22Et donc, cette diversification européenne et cette taille,
01:26cet effet d'échelle, nous permet de commencer à avoir une équation économique
01:30qui va tourner.
01:30C'est intéressant de vous avoir avec nous ce matin.
01:32Il y a beaucoup de sujets internationaux dont on va parler
01:35dans les 5 minutes que nous avons ensemble.
01:37Mais d'abord, sur le marché européen,
01:39c'est facile aujourd'hui ou pas,
01:40quand on est une boîte française, c'est ça ?
01:42De se développer partout.
01:44Je crois que vous êtes dans 9 pays pour l'instant.
01:46Mais de se développer comme ça sur le marché européen
01:49en termes de réglementation,
01:50de possibilité d'agir et de croître ?
01:55Alors, chaque pays européen a effectivement ses propres spécificités.
01:57Dans le France où, typiquement, en France, on a Enedis
02:01qui est l'opérateur réseau.
02:04Dans d'autres pays, par exemple, comme l'Allemagne ou la Suisse,
02:07il y en a 600 en Suisse et 800 en Allemagne.
02:10Donc, il y a une complexité opérationnelle
02:12qui varie en fonction des pays.
02:13Maintenant, la bonne nouvelle,
02:15c'est que nous faisons tous partie de l'Union européenne
02:17et la direction de décarbonation des transports
02:19de l'Union européenne, elle s'applique à tout le monde.
02:22Donc, c'est la fameuse interdiction des voitures thermiques en 2035
02:25avec différents jalons, 2025, 2030, puis 2035.
02:27Vous ne manquez pas un peu de visibilité, quand même, Aurélien Demault,
02:31entre Bruxelles qui pourrait rétro-pédaler sur ses ambitions énergétiques
02:35face à la pression des constructeurs automobiles,
02:38qui est incessante.
02:39On sait que les rendez-vous ont été avancés
02:42à la demande, justement, des constructeurs
02:44pour revoir les ambitions,
02:46notamment sur les échéances du passage à l'électrique.
02:49Je vous remercie de poser cette question
02:51parce qu'effectivement, nous avons besoin de visibilité.
02:53Nous, quand je dis nous, je suis également président de Charge France,
02:57qui est une association qui regroupe les opérateurs de recharge en France.
03:00On investit des centaines de millions, voire des milliards d'euros
03:02pour créer une infrastructure qui fonctionne.
03:05Et aujourd'hui, la France a le premier réseau de bandes de recharge en Europe.
03:10Donc, ce n'est pas vrai de dire qu'il n'y a pas de bandes de recharge en France.
03:13Aujourd'hui, on a énormément de bandes de recharge en France.
03:15On ne demande pas de subvention, on ne demande pas d'aide.
03:18En revanche, on demande de la stabilité dans les règles.
03:21Et je pense que ce serait une très mauvaise décision
03:24pour nos constructeurs en premier lieu, en fait,
03:28de rétro-pédaler et d'affaiblir cette trajectoire 2035
03:33que j'ai décrite tout à l'heure.
03:34Pourquoi ? Parce que de toute façon,
03:35la technologie du 21e siècle, c'est la voiture électrique.
03:39On le voit.
03:40Et donc, je pense que nous avons déjà peut-être un petit peu de retard
03:42par rapport à la Chine.
03:43Et il ne faut pas prendre davantage de retard.
03:45Au contraire, il faut mettre les bouchées doubles sur cette technologie
03:48parce qu'on sait que c'est cette technologie qui va être gagnante.
03:51Donc, il faut investir davantage massivement aujourd'hui.
03:54Vous avez raison.
03:55Je l'ai vu de mes propres yeux.
03:56J'étais en Chine l'année dernière.
03:57Il y a, je crois, 40% de véhicules électriques sur les routes à Shanghai.
04:02Donc, ça n'a rien à voir avec ce qu'on a aujourd'hui en France
04:05et plus largement en Europe.
04:07Le paysage politique et les négociations
04:10qu'il y a autour de ces sujets-là en Europe,
04:12ça veut dire aussi que vous n'allez pas aussi vite
04:15que vous le pourriez, que ce que vous voudriez,
04:19parce que justement, vous êtes dans une espèce d'hésitation,
04:21d'attente de savoir ce qui va ressortir de tout ça ?
04:24Alors, nous, on a choisi de continuer à avancer,
04:28de se dire, voilà, cette interdiction de véhicules thermiques en 2035,
04:32elle existe, elle est là pour le moment.
04:34Elle n'a pas encore été rediscutée.
04:38Elle n'a pas encore été affaiblie.
04:39Donc, on avance en confiance.
04:42Maintenant, évidemment, que ça crée de l'anxiété,
04:44ça crée de l'incertitude.
04:46Et d'ailleurs, vous parliez de la Chine, c'est intéressant.
04:49En Chine, les gens achètent massivement des voitures électriques.
04:52Pourquoi ?
04:53Parce que le prix des voitures électriques
04:54est le même que celui des voitures thermiques,
04:56parce que le prix des batteries est très bas.
04:59C'est exactement ce qui va nous arriver en Europe.
05:01Le prix des véhicules électriques va être au même prix
05:04que celui des véhicules thermiques dans moins de trois ans.
05:07Et comme ça coûte deux fois moins cher de rouler en véhicule électrique,
05:10le choix, il va être assez rapide.
05:12Les gens vont se tourner massivement vers l'électrique.
05:14Les Chinois n'achètent pas des véhicules électriques
05:15parce qu'ils sont tous écologistes.
05:19Oui, parce que c'est vrai que ça coûte moins cher,
05:21mais parce que l'automobile est aussi subventionnée,
05:23parce qu'effectivement, il y a des droits là-bas
05:24pour acheter ne serait-ce qu'une plaque d'immatriculation.
05:26Et donc, ça coûte beaucoup moins cher
05:28de rouler à l'électrique grâce à ça.
05:31Justement, rapidement, sur la concurrence,
05:32vous le disiez, les Chinois sont très en avance.
05:35Est-ce qu'ils sont aussi intéressés par le marché européen ?
05:37Est-ce que vous avez du souci à vous faire à ce sujet-là ?
05:41Alors, on n'a pas tant d'acteurs chinois en Europe.
05:43On est beaucoup d'acteurs.
05:45C'est un marché qui est assez concurrentiel.
05:47Comme je disais tout à l'heure,
05:47on a beaucoup, beaucoup maillé,
05:49nous, mais pas que nous.
05:51Vous avez des acteurs qui sont des énergéticiens,
05:53vous avez des acteurs qui sont des pureplayers comme nous,
05:55vous avez des acteurs qui sont des constructeurs automobiles,
05:57Tesla pour ne pas les nommer, mais il y en a d'autres.
06:00Donc, tout le monde participe à un effort assez massif
06:03puisqu'on a doublé le nombre de points de charge en France en deux ans.
06:06Donc, peut-être que c'était un peu l'aventure
06:08de partir en voiture électrique il y a deux ou trois ans,
06:10et c'est resté un peu dans la tête de certaines personnes,
06:12mais aujourd'hui, franchement, ça n'est plus du tout le cas.
06:15Je pense notamment à tous les gens
06:16qui vont partir en vacances cet été.
06:18Il n'y a plus de sujet de partir en voiture électrique
06:20et de faire des longues distances.
06:21On parlait un peu des hésitations,
06:24des difficultés, des freins,
06:25en tout cas du manque de visibilité en Europe.
06:28Pour terminer, les États-Unis,
06:29parce que c'est quand même notre sujet
06:30depuis le début de cette semaine
06:32avec les négociations commerciales.
06:33Vous regardez ce qui se passe là-bas.
06:34On sait que Donald Trump,
06:36il n'est pas forcément le plus enclin
06:38à investir dans les mobilités durables,
06:41en tout cas dans l'électrique.
06:42Est-ce que ça peut fragiliser votre marché ?
06:45C'est le moins qu'on puisse dire
06:46qu'effectivement, ils n'investissent pas
06:48dans la transition énergétique aux États-Unis.
06:52Nous, franchement, ça nous concerne moins
06:54puisqu'on a un acteur qui est européen.
06:56Je veux rappeler juste une réalité
06:58qui est que l'Union européenne
06:59importe 97% de son pétrole.
07:02Les États-Unis,
07:04c'est à peu près 19 millions de barils de pétrole par jour.
07:08Ils sont autosuffisants de ce point de vue-là
07:10puisqu'ils produisent,
07:11et notamment en grande partie avec du pétrole de schiste.
07:14Et d'ailleurs, c'est assez surprenant
07:15puisqu'on a vu que dans l'accord
07:16qui avait été négocié avec l'Union européenne,
07:17l'Union européenne devait s'engager
07:18à acheter pour 750 milliards
07:20de pétrole, de gaz et de charbon américain.
07:22On ne sait pas comment on va faire d'ailleurs.
07:24On ne sait pas du tout comment on va faire.
07:25En plus, c'est du pétrole de schiste
07:27qui est interdit en Europe
07:28pour une grande partie.
07:30Et en plus, on n'est pas dans une économie administrée
07:32dans laquelle on pourrait dire
07:33vous allez maintenant tous acheter du pétrole aux États-Unis.
07:36C'est quand même les entreprises qui décident de ce qu'elles font.
07:38Voilà, absolument.
07:39Donc je pense que ce n'est pas un exemple à suivre
07:40et qu'au contraire,
07:42comme on est totalement dépendant
07:44sur le plan du gaz et du pétrole en Europe,
07:46il faut continuer sur une voie de souveraineté
07:49pour ne pas justement être dans la main des Américains
07:51et devoir leur acheter 700 milliards de pétrole et de gaz
07:54dans les années qui viennent.
07:55Merci beaucoup d'être venu nous voir ce matin,
07:58Aurélien Demeau,
07:58et merci pour ces commentaires et ces analyses
08:00cofondateurs, directeurs généraux d'Electra.

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