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Emission TV : Enquête de Foot (Didier Deschamps) sur Canal + Sport

A l'occasion de l'UEFA Euro de Football 2016

Canal + Sport Site officiel : https://www.canalplus.com/sport/

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Transcription
00:00L'euro, c'est dans six semaines. En France, Didier Deschamps va dévoiler sa liste des 23 bleus retenus dans deux semaines.
00:06Entre les affaires, les écoutes, les suspicions de dopage ou encore les blessures, Didier Deschamps est véritablement au cœur de l'actualité.
00:13Alors tout le monde le connaît comme ça, mais qui est-il vraiment ? Et d'où vient ce besoin de toujours tout contrôler ?
00:20Didier Deschamps, le maître du jeu, c'est une enquête d'Arnaud Bonin.
00:30Après ça, il ne parlera plus. Jusqu'à l'annonce de sa liste pour l'euro.
00:35Un dernier entretien pour évoquer son rôle, ses convictions et ce sujet qu'il déteste tant aborder.
00:41Pour parler de moi, j'ai rien à dire. Je regarde pas derrière.
00:45On se plonge quand même un petit peu dans le passé ?
00:48Pourquoi pas ?
00:49On avait une équipe de France avec beaucoup d'agressivité.
00:54C'est vrai qu'il y avait de la tension sur la fin de match.
00:57On a réussi à sortir quelques ballons proprement.
01:00Et derrière, je pense qu'on a pris très très peu de risque.
01:02On savait, on s'attendait à un match difficile.
01:04C'est tout à fait logique de subir un peu le jeu d'une telle équipe.
01:07Maintenant, bon, il faut qu'on continue sur cette voie.
01:10Et puis tout ira bien, je pense.
01:13Ses mots, ses intonations traversent nos esprits depuis plus de 30 ans.
01:18Mais qu'a-t-on compris de lui ?
01:20C'est un mystère énorme.
01:22J'ai passé 8 ans avec lui. Je ne peux pas dire que je le connaisse véritablement.
01:27C'est dans son ADN. Il est là pour diriger. Il faut qu'il s'exprime.
01:35J'ai dû naître muet depuis que je me suis bien rattrapé.
01:39Comment Didier Deschamps a-t-il façonné cette âme de leader exigeant, pointilleux, jusqu'à l'obsession ?
01:45Il a peut-être ce défaut-là de vouloir tout contrôler, mais au final, tout le monde en profite.
01:49Soit il veut des choses et il les a, soit il ne les a pas et bien il part.
01:52Quand Didier a dit quelque chose, on sait. Pour qu'il revienne en arrière, c'est un peu compliqué.
01:58Il a tellement de crédit qu'il est intouchable.
02:01À quelques semaines de l'euro, peut-on le contester ?
02:05C'est compliqué. C'est très compliqué, voilà.
02:08Donc après une restriction, je n'ai pas envie de exprimer l'institution, mais je vous trouverez à personne.
02:12Pourquoi ?
02:13Comme ça.
02:14C'est une intuition.
02:15Didier Deschamps est le patron du football français. Il a son mot à dire sur tout.
02:23Comment le sélectionneur garde-t-il la main, même quand l'actualité s'affole ?
02:28C'est moi qui conduis la voiture, comme on dit, ou le camion.
02:39C'est bien évidemment dans une indescriptible cohue qu'est arrivé le héros du jour.
02:43C'est ici que j'ai commencé.
02:45Vous êtes bien en place.
02:46Je suis teteur de devoir beaucoup à l'aviron-boyonnais.
02:51C'est dans un stade qui porte désormais son nom que Didier Deschamps commence le football.
02:58Première licence en 1979.
03:01Il n'a que 11 ans, mais déjà une prédisposition à diriger, ses partenaires pourtant plus âgés.
03:06Il avait une personnalité qui faisait que tout le monde allait écouter, même dans le jeu.
03:16Au placement, il replaçait ses joueurs.
03:19C'était naturel, je ne me forçais pas.
03:21Voilà, j'avais ma personnalité, mon caractère, même si j'étais jeune, mais j'étais content.
03:25Là, vous avez la composition et l'équipe des menines de l'aviron-boyonnais à l'époque.
03:37Et vous avez Didier ici.
03:39Il survolait tout le monde, au niveau technique, au niveau physique.
03:47Il a quand même marqué 52 buts.
03:49Il avait les deux pieds.
03:50Et puis il avait un tir terrible.
03:53C'est un garçon qui, avec beaucoup de caractère,
03:57mais très intelligent dans sa façon de transmettre le jeu,
04:04de guider ses partenaires.
04:06Il a inculqué aux autres sa façon de jouer.
04:09Tous les joueurs a accepté qu'il soit capitaine, même qu'il soit le plus jeune.
04:15Cette précocité ne reste pas longtemps inaperçue.
04:18Plusieurs centres de formation repèrent et courtisent cet adolescent qui dénote.
04:24Lui choisit Nantes, où il ne tarde pas à devenir le maître des lieux.
04:36On avait l'impression qu'il avait déjà vécu une vie et qu'il savait.
04:41Très rapidement, il a pris la mesure du centre.
04:43Et c'était, pour nous, dans la direction de ce centre,
04:47quelqu'un par lequel on passait obligatoirement,
04:50parce qu'il voulait résolver les problèmes en deux temps, trois moments.
04:53Il avait une maturité naturelle qui faisait que, bon, c'était lui le chef.
04:59Ce n'était pas quelque chose qui me pesait une charge ou quoi que ce soit.
05:03Et je le faisais parce que je pensais que je devais le faire pour le bien du collectif.
05:09Il a besoin de s'exprimer de cette manière-là et d'intervenir.
05:12Et il est joueur de football, oui, mais en même temps, il est le leader.
05:17Un leader de 16 ans, soudain confronté à une responsabilité pesante,
05:23annonçait à son ami Marcel Desailly, lui aussi pensionnaire du centre,
05:27la mort de son demi-frère dans un accident de voiture.
05:32Il arrive cet événement tragique et je vois les gens, les personnes qui me l'annoncent,
05:39qui ne savent pas, au bout d'un moment, j'ai dit, je vais y aller.
05:42Je me suis dit, je le connais suffisamment bien, je vais lui dire.
05:49Mais ce n'est pas eux qui m'en ont demandé.
05:52C'est moi qui l'ai ressenti comme ça, voilà, par rapport à la relation qu'on avait.
05:58Sur le terrain aussi, Didier Deschamps a l'étoffe de celui qui assume.
06:08C'est toujours l'affrontement des nouveaux qui arrivent pour prendre leur place.
06:11Ça, c'est un des gros problèmes, mais au bout de 6 mois, on arrive à s'intégrer dans le groupe.
06:19En 1985, milieu ou libéraux, il fait ses débuts chez les pros, à 17 ans.
06:27Deschamps est jeune et pourtant il donne déjà l'exemple dans l'effectif de Jean-Claude Suodo,
06:32le coach emblématique de Nantes.
06:34Dans les séances, Didier en faisait toujours plus que les autres.
06:42Il ne réalisait pas techniquement tout.
06:45Mais pendant que ses partenaires essayaient une fois, lui, il essayait plus.
06:52Il admettait difficilement qu'on ne puisse pas en faire autant, quoi,
06:55et qu'il faut que le coach hurle pour que...
06:59Et là, c'est vrai que parfois il arrangait un peu ses partenaires.
07:03Deschamps est frappe de Deschamps, 4 à 0.
07:10Il commandait, il remplaçait tout le monde, l'entraînement aussi.
07:17Il vivait l'entraînement à fond.
07:19Il y avait la niaque et puis il envoyait du tacle déjà.
07:22Je n'ai pas retrouvé un joueur comme lui, aimant autant ce goût de l'effort.
07:33Il ressemble à un ménir.
07:34Il est indestructible.
07:36Il a une force en lui incroyable.
07:40Et les gens qui ont la force, ils ne doutent pas.
07:45De l'assurance, des certitudes, même quand jaillissent les premiers obstacles.
07:49En novembre 1989, Didier Deschamps a 21 ans,
07:53quand il est transféré à Marseille, le meilleur club français du moment.
07:57Mais cette fois, il ne va pas immédiatement trouver sa place.
08:01Bernard Tapie, le président de l'époque, décide de le prêter à Bordeaux.
08:05C'est là qu'il fait la connaissance d'un autre espoir de 18 ans,
08:09Christophe Dugarry.
08:12Contre intéressant de Deschamps, avec Dugarry, frappe de Dugarry !
08:16Le long du poisson droit, et ce sera un corner.
08:19Il vit à Bordeaux, et de suite, il prend les choses en main,
08:25il s'occupe des choses, il a envie de prendre ses responsabilités,
08:27donc il s'occupe un peu de tout, il participe à tout,
08:30toutes les discussions, tous les entraînements,
08:32il râle quand ça ne va pas, il replace, ça ne plaît pas tout le monde,
08:35il y a quelques altercations avec des gars,
08:38petit jeune, tu te tais, on porte les ballons,
08:41et c'est tout ce qu'on impose aux jeunes à cette époque-là,
08:43c'est ce qui m'arrive à moi, bien évidemment.
08:45Mais Didier, on voit déjà qu'il est affirmé,
08:47et qu'il le fait moins souvent que les autres, ça c'est sûr.
08:51Moi, j'ai toujours fait en sorte de faire le maximum,
08:57pour moi, comme chaque joueur d'ailleurs,
08:58on est tous forcément plus ou moins égoïstes.
09:02Il n'a jamais cherché à être lisse, il a toujours cherché à gagner Didier,
09:05il a toujours cherché à faire gagner son équipe et à gagner lui.
09:08Pour rester maître de son destin,
09:11le leader en construction n'hésite pas à s'opposer à Bernard Tapie,
09:15le plus aguerri des patrons.
09:17Car à son retour de près en 1991,
09:20le président ne veut toujours pas de lui.
09:24Cette fois, c'est au PSG qu'il aimerait l'envoyer.
09:27Il fallait qu'il soit à Paris le lendemain, je crois,
09:30c'était un dimanche soir,
09:32et j'ai dit à Didier, écoute, appelle le président,
09:35appelle Bernard Tapie,
09:36et comme Didier, c'est quelqu'un qui a du caractère,
09:38qui ne se dégonfle pas dans ces moments-là,
09:41il a osé appeler Bernard Tapie.
09:43Il n'avait pas l'habitude qu'on s'oppose à lui,
09:47et puis je lui ai dit, voilà,
09:48vous m'avez fait signer à Marseille,
09:49c'est pour réussir à Marseille,
09:50je vais réussir à Marseille.
09:51Je ne vais pas reprendre les mots qu'il m'a dit,
09:54parce qu'il m'a prédit le pire et tout,
09:58puis finalement, après,
09:59il a fait ce qu'il fallait aussi pour me permettre
10:01de faire ce que j'ai pu faire,
10:03parce qu'il aurait pu ne pas me calculer,
10:05et ça n'a pas été du tout le cas.
10:17Si on veut avoir un relais
10:19qui est indispensable,
10:21vis-à-vis du groupe,
10:23il faut avoir un grand capitaine.
10:26Et ce capitaine, c'est vous qui le déterminez.
10:28Il est au courant de tout, avant tout le monde.
10:30Chaque fois que j'ai pris des décisions,
10:31Didier Deschamps était au courant avant.
10:33Aucun risque.
10:34Si on doit dégager, on dégage en tribune,
10:36on s'en fout.
10:37Pas une erreur.
10:40C'est un symbole qui lui colle à la peau.
10:43Le brassard de capitaine,
10:45Didier Deschamps se l'est approprié
10:47dans toutes ses équipes,
10:48à toutes les époques.
10:51Que recherchait-il dans ce rôle ?
10:55Lui qui, en 1993 à Marseille,
10:58devient le plus jeune capitaine de l'histoire
10:59à soulever la Ligue des Champions.
11:00Est-ce que c'était un objectif,
11:10quelque chose que vous recherchiez ?
11:12Non, non, non.
11:13Ah ben, que j'ai le brassard,
11:14que j'ai pas le brassard,
11:15j'aurais fait la même chose.
11:16J'aurais dit la même chose.
11:17Après, on me l'a mis,
11:19c'est qu'on devait me reconnaître
11:22les qualités pour l'être aussi.
11:23Capitaine, ça veut pas dire
11:30juste faire un mètre quatre-vingt-dix,
11:33gueuler beaucoup plus,
11:34faire mal à l'adversaire.
11:37C'est de trouver le mot juste.
11:38D'idée de trouver le mot juste
11:39qui faisait à ce que,
11:41ben, on était ensemble.
11:43Les peu de paroles qu'il disait,
11:45parce qu'il parlait pas beaucoup,
11:46ben, ça touchait.
11:48C'est pas quelqu'un
11:49qui va rester dans sa chambre
11:50et qui va en sortir
11:52que par rapport au rendez-vous.
11:54Je peux vous poser une question ?
11:55C'est quoi le style de coupe à Didier ?
11:57Son style.
11:58Attends, et lui, c'est quoi ?
11:59Coupe Carrefour, BAB2,
12:00à Bayonne,
12:01Biarrick-Sandette Bayonne.
12:03Lorsqu'il y a un joueur
12:04à aller voir pour le rassurer,
12:07pour lui parler,
12:10Didier le fait,
12:11mais c'est toujours
12:11avec beaucoup de discrétion.
12:13Côté gauche,
12:13il dit que Lisa doit y aller.
12:14Ouais, toi aussi, tu peux les mettre.
12:15Ouais, de temps à temps.
12:16Ouais, parce que son étragé,
12:17il faut voir de l'autre côté,
12:18inverser Manu
12:19qui peut la mettre en train.
12:20Et Yori ?
12:20Puis avec ce qui allait bien,
12:22il n'hésitait pas non plus
12:23à leur dire
12:25qu'il fallait faire attention,
12:27qu'on pouvait redescendre très vite.
12:29On reste pas le cul, là,
12:30derrière, sur Fabien, là.
12:31On fait pas la muraille de Chine.
12:34On ne lâchera rien.
12:36Pas maintenant, hein.
12:37Faut continuer.
12:38Pas maintenant, hein.
12:39On se met mis là.
12:39Ben, on a fait le plus dur,
12:41mais il y a encore
12:4145 minutes de folie, hein.
12:43Il a aussi cette faculté
12:45à diriger,
12:46cette faculté
12:47à exprimer à haute voix
12:50ce que, quelquefois,
12:51d'autres n'exprimaient pas.
12:53Pour passer du temps
12:54pour les autres,
12:55il faut pas avoir
12:55des problèmes soi-même.
12:56Moi, j'avais pas de problème
12:57sur mon jeu
12:57ou quoi que ce soit,
12:59ni sur ma personne,
13:00donc j'ai pu passer
13:01beaucoup de temps
13:02pour les autres aussi.
13:04par cette omniprésence,
13:07Didier Deschamps
13:07se place au centre du jeu,
13:09la position idéale
13:12pour dominer
13:12toutes les situations,
13:15conserver une emprise
13:16sur le groupe
13:16et faire passer
13:18ses propres messages.
13:25Il fait attention
13:26à ce qu'il va dire.
13:27Tout est calculé,
13:28avec Didier.
13:29Ou tu l'aimes,
13:29ou tu l'aimes pas,
13:30ça passe ou ça passe pas.
13:31Mais si ça passe,
13:32tu sais qu'il va pas aller
13:34par quatre chemins.
13:35Il va te dire,
13:36il va pas te lécher le fion
13:40pour arriver à quelque chose.
13:42Non.
13:42Je pense qu'il a envie
13:43d'avoir le contrôle des choses
13:44pour sa propre compréhension.
13:47Et qu'il préfère mourir
13:48avec ses idées
13:49plutôt qu'avec celles des autres.
13:50S'il y a un caractère en face,
13:52ça peut partir au clash.
13:54Et en plus,
13:55il se démontera pas.
13:56C'est qu'il dira
13:56ce qu'il aura envie de dire.
14:00On est dédié,
14:00on s'est souvent
14:01un petit peu attrapé
14:02sur mes choix de jeu,
14:04notamment.
14:04Moi, j'étais dans la créativité
14:06et lui était
14:06dans l'efficacité totale,
14:09même si ça brillait pas forcément.
14:10Donc, par moment,
14:11il me disait,
14:11sur des ballons,
14:12je recevais deux buts
14:12et il m'engueulait,
14:13il me disait,
14:13garde-la,
14:14applique-toi.
14:15Voilà,
14:16je me faisais remonter
14:16les bretelles assez souvent.
14:18Une équipe de football,
14:19vous pouvez pas avoir
14:20que des architectes.
14:22Il faut des maçons aussi,
14:23des bons maçons.
14:24J'étais un maçon.
14:25Je faisais tout chaque jour
14:26pour me rendre indispensable.
14:27et tous les entraîneurs
14:29que j'ai pu avoir,
14:31voilà,
14:31ils se posaient pas de questions.
14:32S'il y avait un joueur à mettre,
14:34ils me mettaient.
14:36Goche !
14:36Incontournable Deschamps,
14:4154 fois capitaine
14:42en équipe de France,
14:43un record
14:45qu'il a fait roi
14:46de Clairefontaine.
14:49On a pas la suite,
14:49là,
14:50avec Deschamps ?
14:51Il faut être avec Deschamps
14:52pour avoir la suite,
14:53sinon,
14:53t'as la piole classique
14:55de 10 mètres carrés.
14:58Au-delà de la plaisanterie,
15:00le milieu de terrain
15:01bénéficiait-il
15:01d'un statut à part
15:02auprès de ses entraîneurs ?
15:04Auprès de ses sélectionneurs.
15:11Moi, j'aimais bien écouter
15:12ce qu'il disait.
15:14C'est pour ça que nous avions
15:15des contacts privilégiés.
15:18Moi, j'allais souvent le voir
15:19à la Youve
15:20avec un entraîneur,
15:22parfois,
15:23pour pouvoir justement
15:24discuter,
15:25lui expliquer
15:26ce qu'on allait préparer,
15:27comment on allait faire,
15:29comment on allait se projeter.
15:30Donc, il était toujours
15:31au courant de tout.
15:32Didier Deschamps
15:34allait-il jusqu'à influencer
15:35les choix d'Aime Jacquet ?
15:37En 1998,
15:39Ibrahima doit-il
15:40sa non-sélection
15:41pour le Mondial
15:42à une altercation
15:43avec le capitaine des Bleus ?
15:45Juventus Milan
15:46à Turin.
15:48Boban a été expulsé.
15:50Je vais vers l'arbitre,
15:51je lui dis,
15:51« Monsieur l'arbitre,
15:51déjà, on ne vaut pas le match.
15:52On n'a rien vu.
15:53Et on perd 3-1.
15:55Il reste 10 minutes.
15:56Un carton rouge, franchement.
15:57Ça ne vaut pas la peine, en fait. »
15:58Je me tourne et je vois
15:59Deschamps qui est arrivé,
16:00Didier qui est arrivé
16:00et qui me dit,
16:01« Mais ferme ta gueule.
16:02Ouais, tu te racontes,
16:03maintenant, tu parles, tu parles. »
16:05Je dis, « Écoute,
16:06je ne pense pas.
16:07Tu parles pour ton équipe,
16:08je parle pour mon équipe.
16:09Qu'est-ce qu'on est en train de parler ?
16:10Joue, joue ton match. »
16:11Et puis voilà.
16:12Et après,
16:12à la fin du match,
16:12on se retrouve devant l'entraîneur,
16:15M. Jacquet.
16:16Didier arrive et « Bon, salut. »
16:17Il me dit,
16:17« Alors, c'est comme ça
16:19que tu parles avec ton capitaine ? »
16:21Je dis,
16:21« Là, il n'y a pas mon capitaine.
16:22Tu ne joues pas pour Milan,
16:24je ne joue pas pour la Juventus. »
16:26Voilà, c'est comme ça.
16:27Mais bon, c'est au moment.
16:28Je ne pense pas.
16:29Le capitaine,
16:31il peut avoir un poids,
16:32à votre avis,
16:33au moment de choisir
16:34les 23 pour la Coupe du Monde ?
16:36Bien sûr.
16:38Jamais je ne me serais permis
16:39de dire,
16:41« Il faut prendre celui-là,
16:41il faut prendre celui-là. »
16:42Après,
16:43quand on me demande un avis
16:44sur le jeu,
16:46l'aspect tactique,
16:49je n'ai plus à le donner,
16:50mais je ne suis jamais rentré
16:51sur des choix humains.
16:53Ça voudrait dire
16:54que je suis au-dessus des joueurs
16:55et que je suis là avec vous,
16:57mais je suis de leur côté.
16:58Et puis,
16:59c'est la responsabilité
17:00de l'entraîneur
17:01et des sélectionneurs que j'ai.
17:11Je vous le dis,
17:12à tous,
17:13sans déconner,
17:16minimum.
17:18Il n'y a même pas
17:18le strict minimum.
17:19Au niveau de l'engagement,
17:20dans les duels,
17:21il n'y a que dalle.
17:22Chaque action,
17:23il y a pratiquement but.
17:26C'est quoi ce bordel ?
17:27S'il y en a bien un
17:28sur lequel j'aurais parié
17:30qu'il devienne un jour
17:31entraîneur,
17:31c'est bien lui.
17:32On tourne le cul,
17:34on n'y va pas,
17:34un ballon,
17:35on s'arrête,
17:36les bras sur les hanches
17:37au bout de 5 minutes.
17:39Et puis quoi aussi ?
17:40Et puis quoi ?
17:41Je savais très bien
17:42que quand je basculais,
17:44j'avais une légitimité
17:45de mon passé de joueur,
17:46mais ma crédibilité
17:47en tant qu'entraîneur,
17:49j'avais tout à faire.
17:51Bonjour.
17:51En 2001,
17:54quelques semaines seulement
17:55après la fin
17:56de sa carrière de joueur,
17:57Didier Deschamps
17:58devient l'entraîneur
17:59de Monaco.
18:00Nouvelle fonction,
18:01mais toujours cette priorité,
18:03mettre en place
18:04les conditions du contrôle
18:05de son groupe d'abord.
18:10Il a généralement
18:103-4 relais
18:11dans le vestiaire.
18:13Des mecs comme moi,
18:13je veux dire le capitaine
18:14avec 2-3 mecs
18:15forts dans le caractère.
18:18Il t'implique
18:19et puis il te fait confiance
18:20et puis du coup
18:21tu n'as plus qu'à
18:21à diluer tranquillement
18:23son message,
18:24à faire comprendre
18:25au groupe
18:25que le plus important
18:26c'est la gagne.
18:28Donc ça,
18:28c'est parfois
18:28c'est plus difficile
18:29à faire comprendre.
18:30Pas nécessairement bien joué,
18:31mais la gagne.
18:33Quand il est arrivé,
18:34il a dit
18:34bon,
18:34les Jeux et ceux qui perdent
18:35ils faisaient des pompes
18:36ou des tour de terrain.
18:38On n'avait pas trop compris
18:39pourquoi en fait.
18:40Et après,
18:41il nous disait
18:41voilà,
18:41si vous acceptez
18:42de perdre l'entraînement,
18:43déjà d'une,
18:44vous ne vous donnez pas 100%,
18:45deux,
18:46ça veut dire
18:46que vous en foutez
18:47et trois,
18:48ça veut dire
18:48que vous n'allez toujours
18:49pas haïr cette défaite,
18:50mais l'accepter.
18:52Celui qui rassemblait
18:53ses coéquipiers
18:54doit désormais apprendre
18:56à fédérer ses joueurs
18:57à sa manière.
19:02On fait un stage
19:03en Bretagne
19:05et on discute comme ça
19:07en quoi on finit de courir
19:09et il est à côté de moi
19:11et il me dit
19:11Ludo,
19:12je crois que là
19:13on était au bord de plage.
19:15Il me dit
19:15si on va tous à l'eau.
19:19On va faire une grande saison
19:20et là on commence
19:21à dire
19:22les gars
19:23on commence à chauffer,
19:24on commence à se mettre
19:25en slip
19:26et on commence à y aller,
19:27on court.
19:28Comme si c'était
19:28là les gars
19:30là on est ensemble
19:31et on va aller jusqu'au bout.
19:34Et Didier m'a dit
19:35là on peut aller à la guerre.
19:37Là cette année
19:37on va aller à la guerre
19:37parce que tout le monde
19:38est présent.
19:39Il a fait ça pour tester
19:40qui c'est qui allait être
19:42avec lui ou pas
19:43ou derrière lui.
19:45La prophétie se vérifie.
19:47la saison qui suit
19:48Monaco surprend l'Europe
19:49et atteint la finale
19:50de la Ligue des Champions.
19:53Une première prouesse
19:54pour Deschamps l'entraîneur
19:55qui part ensuite
19:56à la Juventus Turin
19:57avec à la clé
19:58une remontée en Serie A
19:59en 2007.
20:00Puis il rejoint Marseille
20:02pour sa première saison
20:03sur le banc
20:04il remporte un titre
20:05attendu depuis 17 ans.
20:08Quel est donc
20:08le secret de sa méthode ?
20:10Il arrive à vous amener
20:11à un objectif commun
20:13et à vous concentrer
20:15toute l'année
20:16sur cet objectif.
20:18Ça passe par
20:19des discussions collectives
20:21des entretiens individuels
20:22des fois des discussions
20:24assez dures
20:25je peux être très dur.
20:27Il ne fait pas de critique
20:28individuelle en groupe
20:28extrêmement rare.
20:30Par contre
20:31en tête à tête
20:31il en fait
20:32et là en général
20:34le joueur il passe
20:34un mauvais quart d'heure.
20:37Autre instant charnière
20:38la causerie d'avant match.
20:41J'adore.
20:42C'est un moment important
20:43parce que je prépare
20:45parce que voilà
20:46après
20:46on peut faire des causeries
20:48de 45 minutes
20:49moi je sais que
20:50l'autonomie en face de moi
20:52elle est limitée.
20:53Elle a toujours été
20:54même quand j'étais joueur.
20:55C'est compact
20:55tu ressors de sa causerie
20:57t'as l'impression
20:59que t'es le meilleur joueur du monde.
21:002010-2011
21:08on va au Spartak de Moscou
21:10son gagnant se qualifier
21:11et on va à la causerie
21:15et il tourne la feuille
21:16du tableau
21:17du paperboard
21:17et elle était blanche
21:18et il nous a dit
21:20ce soir on gagne
21:20on rentre chez nous.
21:22Voilà
21:22donc c'est une sérénité.
21:24Les monégasques
21:25eux
21:25se souviennent
21:26des mots de leur entraîneur
21:27avant leur quart de finale
21:28retour de Ligue des Champions
21:29face au Réal
21:31vainqueur 4-2 à l'allée.
21:33Je peux vous assurer
21:33que dans leur tête
21:34ils sont persuadés
21:35qu'ils sont déjà qualifiés.
21:36Vous vous êtes prêts
21:37faites-leur subir
21:39qu'ils subissent
21:40et après tout peut vite changer.
21:42On a leur pris de voler
21:42parce que j'avais dit
21:43si on prend un but
21:43on est mort
21:44et il est revenu dessus
21:46pendant la causerie
21:47il a dit
21:47si on prend un but
21:47non
21:48il faut marquer 3 buts.
21:49Même dans le scénario
21:50le pire
21:51c'est-à-dire
21:52qui marque rapidement
21:53rien n'est fini.
21:56Ils croirent jusqu'au bout
21:57ça ne change rien.
21:59Allez plus loin
22:01à fond.
22:05Le discours touche
22:06ce jour-là
22:07Monaco l'emporte 3-1
22:08et se qualifie.
22:12Savoir stimuler
22:13bousculer aussi
22:14comme lors de la demi-finale
22:17contre Chelsea
22:18la même année.
22:18Eux ils jouent
22:19une demi-finale
22:20de Champions League
22:21eux ils la jouent
22:22nous on la joue pas
22:23on la jouait 10 minutes
22:25on les regarde
22:26alors si vous avez pris
22:28le tranglant
22:29vous me le dégonflez
22:30je vous le dis.
22:31Quand on bafoue
22:32le football quelque part
22:32les principes de base
22:33la solidarité
22:34l'envie
22:35l'abnégation
22:36le courage
22:36tout ce que tu veux
22:37c'est le métier
22:38ce qui ne lui plaît pas
22:39aussi c'est de ne pas
22:40retrouver une équipe
22:41combative
22:41sur le terrain
22:43voilà de mouiller le maillot
22:44et de courir ensemble
22:46et de se battre.
22:47Quand on n'a pas le ballon
22:48c'est le problème de tous
22:49et si on ne défend pas
22:51tous ensemble
22:51on est mort
22:52mort
22:53mort
22:54on tourne le dos
22:57on laisse passer
22:58on dirait que c'est le Brésil
22:59putain les mecs
23:01la tirade
23:03produit encore son effet
23:04et ce soir là
23:05Monaco s'impose
23:06les monégasques
23:07ne seront battus
23:08qu'en finale par Porto
23:09Didier Deschamps
23:11aurait-il trouvé la clé
23:12pour tirer le meilleur
23:13de ses joueurs
23:13une formule
23:15vraiment infaillible
23:16Tout le monde ne va pas l'aimer
23:19parce que sa façon d'être
23:20ou voilà
23:21avec des joueurs
23:23ça ne passera pas
23:24Parmi ses détracteurs
23:25à Monaco
23:26Christian Panucci
23:27Marcelo Galliardo
23:28et surtout Marco Simonnet
23:29l'Italien ne cesse
23:31de critiquer
23:31les façons de faire
23:32de son entraîneur
23:33jusqu'à la rupture
23:35Il s'est mis en marge
23:37du groupe
23:37et il faut que vous sachiez
23:39aussi si samedi matin
23:40comme j'ai pu le lire
23:42il était en train
23:43de s'entraîner ici
23:43à la Turbie
23:44et il n'était pas
23:45avec l'équipe
23:46à Bordeaux
23:46c'est parce qu'il a tout fait
23:48durant la semaine
23:49pour ne pas se rendre disponible
23:51C'est une personnalité
23:52Marco
23:53et dont chacun
23:55vous voulez
23:56montrer sa personnalité
23:58donc
23:58il voulait qu'il y en ait
23:59un qui soit
24:00plus que l'autre
24:01mais bon
24:03l'entraîneur
24:05c'est celui qui a raison
24:05j'en ai perdu en route
24:07où ils se sont égarés
24:08tout dépend
24:09un peu des deux
24:10ça n'a pas toujours
24:11marché non plus
24:12mais voilà
24:13j'ai une ligne directrice
24:15je m'y tiens
24:16je ne sentais pas la possibilité
24:25de pouvoir
24:26de pouvoir changer les choses
24:28donc
24:28j'ai préféré dire
24:30lire stop
24:31il y a eu des
24:32des tensions
24:33voire un peu plus
24:34par moment
24:34j'ai plutôt tendance
24:35à dire les choses aux gens
24:36entre quatre yeux
24:37ça c'est plutôt ma personnalité
24:38que de faire dans le cul
24:39des gens
24:40c'est pas mon truc
24:40je pense que personne
24:42ici
24:43n'a le monopole
24:45de l'amour
24:46de l'OM
24:46à quel prix
24:48Didier Deschamps
24:48construit-il ses victoires
24:50sa carrière d'entraîneur
24:51est ponctuée de conflits
24:52en savoir plus
24:54sur leurs origines
24:54est un exercice délicat
24:56plusieurs anciens dirigeants
24:58ont refusé
24:58nos demandes d'interview
24:59certains ont pourtant
25:01accepté
25:01avant de se rétracter
25:03la prévue réflexion
25:05je suis pas en train
25:05d'exprimer là-dessus
25:06vu le contexte actuel
25:07je pense que ça sert à rien
25:09de repartir
25:10dans un autre débat
25:11après il y a des choses
25:13très bien
25:13il y a des choses
25:14moins bien
25:14donc ça sert à rien
25:15d'aller plus profond
25:17il y a une compétition
25:19à préparer
25:19donc c'est important
25:20le mauvais moment
25:22pourrait corner
25:22le sélectionneur
25:23comme le justifie
25:25cet autre dirigeant
25:25par SMS
25:26sur la personnalité
25:29de Deschamps
25:29il y aurait beaucoup
25:30à dire
25:31mais on ne touche pas
25:32à une icône
25:33à quelques mois de l'euro
25:34quels sont donc
25:37les travers
25:37de l'entraîneur
25:38Didier Deschamps
25:39comment expliquer
25:42les luttes de pouvoir
25:42qui jalonnent son parcours
25:44lui il veut tout contrôler
25:47il veut avoir la main
25:49plus ou moins mise
25:50sur toutes les responsabilités
25:54de chacun
25:54et c'est pour ça
25:55qu'il y a des fois
25:55des accrochages
25:56parce qu'on les fait avaler
25:58des couleurs
25:59et au début
26:00elle passait très très mal
26:01ou elle passait pas du tout
26:03après
26:04des fois c'est des serpents
26:06des couleurs
26:07des fois il y a des bois
26:08aussi
26:08ceux-là
26:09j'ai été amené
26:10à discuter énormément
26:11un peu partout
26:12après quand on vienne
26:14fourrer le nez
26:16dans mon domaine
26:18chacun sa responsabilité
26:19les tensions
26:21naissent souvent
26:22autour du même sujet
26:23le recrutement
26:24et se cristallisent
26:25souvent autour
26:26de la même personnalité
26:27le directeur sportif
26:29Alessio Seco
26:30occupait cette fonction
26:32à la Juventus
26:32quand le français
26:33était l'entraîneur
27:02je suis l'entraîneur
27:07moi je fonctionne comme ça
27:09c'est moi qui entraîne
27:11les joueurs
27:11c'est quand même mieux
27:13que ce soit moi
27:14qui les choisisse
27:15je dis pas que je peux pas
27:17me tromper
27:17mais si je me trompe
27:18c'est parce que j'aurais
27:19fait les mauvais choix
27:20mais que je me plante
27:22et pour des choix
27:23d'autres personnes
27:24non
27:25moi je vois pas
27:26les choses comme ça
27:27on peut discuter
27:28mais au bout d'un moment
27:29voilà
27:29ça peut m'énerver aussi
27:32dans ce cas
27:34plutôt que de perdre
27:35la main
27:36Didier Deschamps
27:37préfère partir
27:37démissionner sans indemnité
27:41ce qu'il fait en 2007
27:42à Turin
27:43comme deux ans plus tôt
27:45à Monaco
27:45j'aurais pas dû
27:49mais sur le moment
27:50voilà
27:50j'étais comme ça
27:51j'étais plus jeune aussi
27:52j'étais certainement
27:54moins flexible
27:57un peu plus
27:58radical
27:59et voilà
28:00je décide
28:02je décide
28:02à l'OM
28:06Didier Deschamps
28:07n'a pas démissionné
28:08mais son passage
28:09reste marqué
28:10par des rivalités
28:11une guerre de clans
28:13symbolisée
28:14par ses passes
28:14d'armes médiatiques
28:15avec le directeur sportif
28:17José Anigo
28:18il m'a dit
28:20c'est grief contre moi
28:22ça suffit de toujours dire
28:24c'est la faute
28:25à NTS
28:25c'est pas moi
28:26il faut arrêter
28:27de se prendre
28:28pour Calimero
28:29ça suffit
28:30je lui ai dit
28:30ben non
28:31les griefs
28:33que j'avais
28:33contre lui
28:34avec Anigo
28:35c'était quoi le premier
28:35problème de caractère ?
28:36je préfère même pas parler
28:37plus parler de lui ?
28:39non
28:40sans intérêt
28:41quand ils le peuvent
28:44Deschamps et Anigo
28:45s'évite
28:46une situation
28:47qu'aurait déploré
28:48l'entraîneur
28:49auprès de la propriétaire
28:50du club
28:50Margarita Louis-Dreyfus
28:52comme le révèlent
28:53des écoutes téléphoniques
28:54récemment divulguées
28:55ici il y a une personne
28:56c'est José Anigo
28:57depuis que je suis arrivé
28:58il attend qu'une chose
29:00c'est que je parte
29:01c'est quelqu'un
29:02qui me déteste
29:03et je le déteste profondément
29:04et qui fait tout contre moi
29:06il y a des gens
29:07qui n'ont pas la même vision
29:12des choses que lui
29:13il peut pas composer
29:14avec ces gens là
29:15mais ces gens là
29:16le comprennent
29:17même s'ils le critiquent
29:19et tout
29:19mais ils peuvent pas
29:20composer avec Didier
29:21c'est impossible
29:22dans ce climat tendu
29:24Didier Deschamps
29:26perd un peu
29:26de ce qui lui tient
29:27le plus à coeur
29:28son pouvoir de décision
29:29l'histoire méconnue
29:31de Gérard Roland
29:32en est une illustration
29:34on m'a dit
29:35c'est un dommage collatéral
29:37en fait
29:37c'est un dommage collatéral
29:38un peu victime
29:40des conflits qui existent
29:42car un jour de 2012
29:44ce joueur de la réserve
29:45n'est plus autorisé
29:46par le club
29:47à participer
29:48aux séances d'entraînement
29:49avec l'équipe première
29:49une mise à l'écart soudaine
29:52qu'il doit selon lui
29:53à ses trop bonnes relations
29:55avec Didier Deschamps
29:56être vu à discuter
29:57avec lui
29:58un peu trop longtemps
29:59ça a été vécu
30:00comme une sorte
30:01de trahison
30:02et d'appartenance
30:03au clan de Didier Deschamps
30:05si autour de moi
30:06il y a quelqu'un
30:07qui aurait souhaité
30:07m'utiliser
30:08et un autre
30:09qui a dit
30:09stop c'est terminé
30:10pour ma petite personne
30:12je me dis
30:13il y a dû avoir
30:13des choses
30:15beaucoup plus conflictuelles
30:17de part et d'autre
30:18sur des sujets
30:20beaucoup beaucoup
30:21beaucoup plus importants
30:21un départ
30:25paraît alors inévitable
30:26souhaitable même
30:28pour certains
30:29il est usé
30:31et physiquement
30:32il avait pris du poids
30:33on le sentait
30:35on le sentait
30:35voilà
30:35un peu agacé
30:37j'ai l'impression
30:38que cette tension nerveuse
30:39rejaillissait
30:40sur son aspect physique
30:42comme une fatalité
30:44une issue
30:46devenue habituelle
30:48à monaco
30:52à la juve
30:54il termine mal
30:55et à Marseille
30:56il termine mal
30:57mal je parle
30:59physiquement
31:00tension
31:01conflit
31:02puis il s'enferme
31:04parfois un peu
31:05dans son
31:05dans son bon cœur
31:06je crois que
31:07en termes d'expérience
31:09que l'année
31:10valait
31:11non un double
31:12un an
31:13qui en valait
31:145
31:14en termes
31:15d'énergie
31:15énervose
31:17est-ce qu'il a fait
31:1810 ans
31:2015 ans
31:2020 ans
31:21dans un club
31:21non
31:22donc sur la durée
31:23sûrement
31:24qu'au quotidien
31:26son mode de fonctionnement
31:28doit être
31:28difficile
31:29pour
31:30le club
31:31si on me prend
31:32c'est pas pour
31:33pour donner des chasubles
31:36et être sur le banc de touche
31:38j'ai une fonction
31:39et je m'implique à fond
31:40c'est sa dernière apparition publique
31:52il y a 3 semaines
31:54Didier Deschamps
31:55inaugure le nouveau
31:56Clairefontaine
31:56dans ce costume
31:58de sélectionneur
31:59qu'il porte depuis presque
32:014 ans désormais
32:02à partir du moment
32:04où je l'ai contacté
32:05à un moment
32:06il m'a dit
32:06non c'est trop tôt
32:06je suis un petit peu
32:08épuisé
32:09après l'année
32:10marseillaise
32:11allez on se discute
32:13dans un an
32:13je dis
32:14n'écoutez pas
32:14si je prends quelqu'un d'autre
32:15s'il est bon
32:16il va rester 4 ans
32:17donc j'ai un petit peu
32:19quand même assisté
32:21ça s'est fait en une semaine
32:23le lundi
32:23il était hésitant
32:24très hésitant
32:25on va signer le vendredi
32:26comment Didier Deschamps
32:29assume-t-il cette fonction
32:30est-elle la plus adaptée
32:33à son tempérament
32:34à ses désirs
32:35est-ce qu'on est plus maître
32:37des choses
32:38des événements
32:38quand on est sélectionneur
32:39même si je suis un président
32:41un club
32:42un entraîneur
32:43il a une liberté
32:44de choisir
32:45qui est plus ou moins limitée
32:47parce que des joueurs
32:49ils sont sous contrat là
32:50il n'y a pas de joueur
32:50sous contrat
32:51avec la fédération
32:52il y a un contrat moral
32:53j'ai la liberté de choisir
32:56de prendre qui je veux
32:57et celui que je ne veux pas prendre
32:58je ne prends pas
32:59mais je sais
33:03où je veux aller
33:04avec qui je veux aller
33:05même si
33:06je peux me tromper
33:08j'ai beaucoup moins
33:09de positions
33:09radicales
33:11je laisse le droit
33:12à l'erreur aussi
33:14attaquant
33:15André Pierre Gignac
33:18j'ai eu certains joueurs
33:19avec qui j'ai pu avoir
33:21quelques soucis en club
33:22c'est pas pour ça
33:23que ça ne peut pas fonctionner
33:25à Marseille
33:26Deschamps ne voulait plus
33:27de Gignac
33:28comme il l'aurait confié
33:29en 2011
33:29à son agent
33:30Jean-Pierre Bernès
33:31remplacer Gignac
33:33par Gamero
33:34ou par n'importe qui
33:35de toute façon
33:35ça peut être que mieux
33:36il ne fout plus rien
33:38depuis 12 jours
33:39on va le traîner
33:40comme un boulet
33:41pourtant
33:43il le relancera
33:44une fois à la tête
33:45de l'équipe de France
33:46c'est là le pragmatisme
33:48de Deschamps
33:49également appliqué
33:50au plus épineux
33:51des problèmes
33:51comme l'affaire Benzema
33:52le sélectionneur
33:54s'est finalement résolu
33:55à se passer
33:55de son attaquant fétiche
33:56pour l'euro
33:57la décision a été annoncée
33:59par Noël Legrette
34:00mais Didier Deschamps
34:01y a forcément été associé
34:02tant les deux hommes
34:04qui se connaissent
34:04depuis 20 ans
34:05ont noué une étroite relation
34:07on a une ligne de conduite
34:09tous les deux
34:10qui nous sécurise
34:10lui le foot
34:12moi le business fédéral
34:14il est tout à fait normal
34:16qu'au niveau sportif
34:17et totalement sportif
34:18ses pouvoirs sont
34:19à 100%
34:21pas de possibilité
34:22de lui dire
34:22il faut faire jouer
34:23pire à la place de Paul
34:24parce que ça
34:25il n'aimerait pas
34:25de toute façon
34:26son champ d'action
34:28est clair
34:28balisé
34:30Deschamps fait ses choix
34:32à lui ensuite
34:34de les expliquer
34:35avec une communication
34:37l'a encore
34:38extrêmement maîtrisé
34:40il a compris
34:45qu'il fallait
34:45donner un petit peu
34:46à manger
34:46c'est à dire que
34:47on ne lui fera pas dire
34:49ce qu'il ne veut pas dire
34:50mais il sait que
34:51pour que ça s'arrête
34:53il faut qu'il donne
34:54deux trois choses
34:55donc il est assez
34:57intelligent
34:58pour anticiper
34:59les deux trois choses
35:01qu'il peut lâcher
35:02qui ne sont pas énormes
35:03mais qui permettront
35:04de dire qu'il a quand même
35:05donné à manger aux médias
35:06est-ce que Deschamps
35:07peut prendre un joueur
35:08qui est mis en examen
35:09sur le principe ?
35:10ça a été déjà fait
35:11par le passé
35:11si je vais dire
35:14aussi cette fois-ci
35:15si j'ai à me retrouver
35:16dans cette situation
35:17j'y réfléchirai
35:18je prendrai ma décision
35:19et quand il n'a rien
35:20à donner
35:21qu'il ne veut pas donner
35:22il fait la petite
35:24pirouette humoristique
35:25qui finalement suffit
35:26à nourrir le journalisme
35:27vous êtes bien curieux
35:29cette répartie
35:32ce relationnel
35:33aurait-il permis
35:34aux sélectionneurs
35:35de mettre les médias
35:36de son côté
35:37on passe
35:37beaucoup de choses
35:39à Didier Deschamps
35:41parce que ce sont
35:41des personnages
35:42qui sortent
35:43de l'ordinaire
35:44et pour qui
35:45le public
35:46et même la presse
35:48a un immense respect
35:49je veux dire
35:50il ne faut pas
35:50se voiler la face
35:51je veux dire
35:52les prédécesseurs
35:54de Didier
35:56quand les résultats
35:58étaient extrêmement moyens
35:59ils en prenaient
35:59plein la tête
36:00à certaines époques
36:01les snipers
36:03étaient en embuscade
36:04sur les toits
36:04en attendant
36:06que le sélectionneur
36:07se plante
36:07ou qu'il n'y ait
36:09un faux pas
36:09impardonnable
36:11à leurs yeux
36:11là les snipers
36:13on n'en voit pas
36:13ou de moins
36:14ils ont posé
36:14le fusil à côté
36:15et bon
36:16jamais très loin
36:17c'est donc un système
36:20bien ficelé
36:20il y a d'abord
36:21le cercle d'alliés
36:22Noël Legrette
36:24le patron à l'écoute
36:25Guy Stéphan
36:26l'adjoint fidèle
36:26Jean-Pierre Bernès
36:28l'agent puissant
36:28pour garder le contrôle
36:30Deschamps s'appuie aussi
36:31sur ses relations
36:32apaisées avec les médias
36:33et sur une imposante
36:35et constante popularité
36:36avérée jusque
36:38dans les plus hautes
36:38sphères de l'état
36:39il a apprécié
36:44par rapport
36:44aux qualités
36:46qu'il dégage
36:47avec aussi une retenue
36:50dans ses propos publics
36:52et donc
36:53je crois
36:54qu'il a
36:54une très belle image
36:56dans le monde public
36:57et le monde politique
36:58peut-il y avoir
37:00un couac
37:01dans ce concert
37:02de louanges
37:03chercher un défaut
37:05à Didier Deschamps
37:06auprès de ceux
37:07qui l'ont côtoyé
37:08vous expose
37:09à des répliques
37:10inattendues
37:11je n'ai pas trop
37:12de conneries
37:12à dire sur les
37:13ouais
37:14mais là
37:15il n'y a rien
37:16qui nous vient
37:16il est un peu
37:20radin
37:20comme Guirou
37:21voilà
37:22il ne paye jamais
37:23ou quand il paye
37:25il note ça
37:26quand il était
37:27à Marseille
37:28la troisième année
37:29il mangeait trop
37:29de bonbons
37:30à sa place
37:35de sélectionneur
37:36Didier Deschamps
37:37a trouvé la liberté
37:38et la marge
37:39de manœuvre
37:39qu'il recherchait
37:40l'an dernier
37:41il a prolongé
37:42son contrat
37:43à la tête
37:43de l'équipe de France
37:44sauf imprévu
37:46il conduira
37:47donc les bleus
37:47jusqu'à la coupe
37:48du monde
37:482018
37:49après sélectionneur
37:51il y aura quoi
37:51pour Didier Deschamps
37:52il y aura une autre vie
37:53je ne sais pas
37:55je ne sais pas laquelle
37:55je ne me soucie pas
37:56c'est un vrai passionné
37:57de football
37:57Didier
37:58ça c'est sûr et certain
37:59moi j'aimerais voir
38:00une personne comme ça
38:01à la tête de la FED
38:02j'ai toujours dit
38:03ça il n'aime pas trop
38:04quand je le dis
38:05il ferait un bon
38:06président de fédération
38:07oui ça je sais
38:08il me l'a dit
38:08le côté technique
38:10il est extraordinaire
38:11et le côté gestion
38:13il sait compter
38:14il sait
38:15il sait ce que c'est
38:16l'argent
38:16aujourd'hui
38:18c'est même pas
38:19non
38:19je n'ai pas
38:20d'ambition
38:22de dirigeant
38:24parce que j'ai besoin
38:25du terrain
38:25après je me rapproche
38:27tranquillement
38:28mais rapidement
38:29de la cinquantaine
38:30aussi
38:30je verrai
38:33mais je ne suis pas
38:34panifié
38:35aujourd'hui
38:36je suis
38:36avec le must
38:39durant l'Euro
38:40chacun de ses choix
38:42sera épié
38:42analysé
38:43Didier Deschamps
38:44connaît la règle
38:45mieux que personne
38:46mais c'est aussi
38:47qu'un titre
38:47l'imposerait
38:48un peu plus encore
38:49et pour longtemps
38:50sans doute
38:51comme le maître du jeu
38:52de la fin
38:54de la fin
38:55de la fin
38:58de la fin
39:00de la fin

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