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L'info en + avec Benjamin Morel, constitutionnaliste, maître de conférences à Panthéon Assas, docteur en sciences politiques, qui a récemment publié “Le nouveau régime ou l'impossible parlementarisme”, (aux éditions Passés composés).

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Transcription
00:00Les vraies voix Sud Radio
00:02Félix, les différents partis politiques cherchent la réaction adéquate face au succès surprise de la pétition contre la loi Duplon.
00:09Le texte approche les 1 700 000 signatures ce soir sur le site de l'Assemblée Nationale,
00:14des signatures contre cette loi agricole récemment adoptée et qui notamment réintroduit en France un pesticide néonicotinoïde, l'acétamipride.
00:23Face à cette mobilisation massive, une partie de la gauche demande à Emmanuel Macron de ne pas promulguer la loi en attendant un éventuel nouveau vote.
00:30Le président des députés EPR, Gabriel Attal, renvoie un nouvel avis de l'ANSES, l'agence de sécurité sanitaire, ce qui ferait gagner quelques mois.
00:37La présidente de l'Assemblée, Yael Brun-Pivet, souhaite plutôt organiser un débat sans vote à la rentrée.
00:42Et puis d'autres imaginent déjà par exemple un référendum.
00:45Pour en parler, nous sommes en ligne avec Benjamin Morel, constitutionnaliste et maître de conférences à conférences à sas.
00:52La référence dans le domaine, la référence.
00:53Oui, docteur en sciences politiques aussi.
00:55Il a récemment publié Le Nouveau Régime ou l'impossible parlementarisme aux éditions Passé Composé.
01:01Bonsoir Benjamin Morel.
01:02Bonsoir.
01:03Bonsoir, sage Benjamin Morel.
01:06Eh oui, merci d'être avec nous dans les vraies voix sur Sud Radio.
01:09Peut-être qu'est-ce que ça vous inspire d'abord Benjamin Morel ?
01:12Cette idée de demander à Emmanuel Macron de ne pas promulguer cette loi qui a été votée par le Parlement.
01:18C'est ce qu'avait fait, je crois me souvenir, Jacques Chirac au moment du contrat premier embauche.
01:21Alors, non, non, Jacques Chirac promulgue la loi.
01:24Il promulgue la loi, en revanche, il demande au gouvernement de ne pas prendre tout de suite
01:27les décrets d'application pour qu'elles ne soient pas directement applicables,
01:30pour qu'ensuite, eh bien, il y ait un nouveau projet de loi déposé par le gouvernement
01:34qui abroge le CPE.
01:36Il faut bien voir que ne pas abroger une loi, que ne pas promulguer une loi, ce serait très grave.
01:40Ce serait donner au président de la République une forme de veto absolu sur les lois.
01:45Or, toute notre culture républicaine s'est construite contre l'idée qu'il puisse y avoir un chef de l'État
01:49qui mette son veto sur une loi.
01:51Même François Mitterrand, en 1986, il refuse de promulguer les ordonnances,
01:54mais il dit à Jacques Chirac, faites passer ça par une loi, parce qu'une loi,
01:58je ne pourrai pas ne pas me la promulguer.
02:00En revanche, il y a d'autres voies.
02:01Et ce qu'évoquait notamment à la lignée A2 de l'article 10 de la Constitution,
02:05c'est que dès lors que le texte n'est pas encore promulgué,
02:08le président peut le renvoyer au Parlement en disant,
02:11écoutez, vous êtes prononcé sur ce texte, mais objectivement, ce texte, il y a un doute.
02:17Donc, voulez-vous bien, mesdames, messieurs les parlementaires,
02:19procéder à ce qu'on appelle une nouvelle délibération,
02:21et dans ce cadre-là, Emmanuel Macron, à la sortie du texte du Conseil constitutionnel,
02:25pourrait dire aux parlementaires, très bien, pourquoi pas,
02:27moi je ne vais pas m'empêcher, je ne vais pas m'opposer, je ne vais pas ne pas promulguer,
02:31mais je vous demande, avant que je promulgue, de re-voter.
02:35Parce qu'une pétition sur le site officiel de l'Assemblée nationale,
02:38comme ça, avec un tel nombre de signatures, c'est inédit,
02:41c'est trois fois plus que le seuil symbolique de 500 000 dont on parlait,
02:45est-ce qu'on peut imaginer que ça crée, si ce n'est des obligations institutionnelles,
02:48au moins des obligations politiques pour le législateur,
02:51est-ce que même on peut imaginer un référendum sur ce sujet ?
02:55Alors, juridiquement, ce qui est certain, c'est qu'il n'y a absolument aucune obligation institutionnelle.
03:00Le droit de pétition, tel qu'il a été réformé en 2019,
03:03il relève un petit peu de la blagounette, si vous voulez,
03:05c'est-à-dire qu'au bout de 500 000 signatures,
03:06vous avez le droit, si la conférence des présidents le veut bien,
03:09à un débat en l'émissé, qui va durer deux heures,
03:11et ensuite tout le monde rentre sans même aller voter.
03:13En Italie, 500 000 signatures, ça déclenche automatiquement
03:16un référendum d'initiative citoyenne.
03:18Si vous aviez eu 500 000 signatures en Italie,
03:20je ne parle même pas d'un million 500 000,
03:22eh bien, il y aurait eu un RIC contre la loi.
03:24Donc là, évidemment, on est un peu dans deux mondes.
03:28Politiquement, pour répondre à votre question,
03:30tout dépend, c'est-à-dire que si la pression politique
03:33est relativement faible, dans quelques semaines, dans quelques mois,
03:37Emmanuel Macron pourra avoir intérêt à enterrer l'affaire.
03:40Il essaie déjà de le faire en disant,
03:42je ne répondrai à tout ça qu'après la décision du Conseil constitutionnel,
03:46qui arrivera, a priori, avant le 10 août,
03:48et ça laisse un peu le temps à l'été de se dérouler.
03:51Et si, en revanche, il y a une pression politique encore importante,
03:55à ce moment-là, c'est possible.
03:56Il y a peut-être un doute sur le champ du référendum.
03:58A priori, on peut penser que c'est un texte
04:00qui pourrait être soumis à référendum,
04:03mais ce ne serait pas ce texte-là.
04:04La loi du plomb, il a promulguré,
04:06mais il proposerait un nouveau texte à référendum,
04:09la bourgeant.
04:09Ce serait étrange d'un point de vue institutionnel,
04:12mais politiquement, après, cohérent.
04:14Pierre-Yves Martin, parlons peu, parlons bien.
04:15Cette loi du plomb qui réintroduit les pesticides
04:18pour être au niveau des autres pays européens,
04:20qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
04:21Vous êtes pour, contre ?
04:22Je pense qu'aujourd'hui,
04:24la loi du plomb permet
04:27de renforcer la compétitivité des agriculteurs.
04:30Je pense que face aux autres pays européens
04:32qui utilisent déjà ce pesticide,
04:34il faut y aller,
04:35surtout qu'elle est minorée
04:37par rapport à son utilisation, notamment.
04:40Après, je pense qu'il aurait fallu,
04:41peut-être, dans cette loi,
04:44donner un calendrier
04:45en disant que, d'une part,
04:47on peut utiliser ce pesticide
04:49pendant une certaine durée
04:50et, en même temps,
04:52rechercher d'autres moyens
04:53pour renforcer la compétitivité,
04:55notamment avec la recherche.
04:57Comment on peut être encore plus
04:58recherché des méthodes ?
05:00On va vous rétanquer
05:01qu'il y a eu urgence sanitaire
05:03et que ces pesticides sont dangereux,
05:04donc c'est une décision à prendre immédiatement.
05:06C'est un peu ça, le point de vue opposé.
05:09Oui, mais je pense que, derrière,
05:11les risques sont, quand même,
05:13à travers des études,
05:14quand même,
05:15à au moins 30%
05:16sur ce pesticide.
05:18Et je pense que...
05:19C'est énorme, 30%.
05:19C'est quand même important.
05:21Mais, aujourd'hui,
05:22c'est apesé.
05:23Et c'est vrai que, peut-être,
05:24les études de l'ANSES,
05:26pour pouvoir essayer de regarder
05:27les vrais risques,
05:29notamment sur la santé,
05:32se regarder.
05:32Mais il faut regarder aussi
05:33la compétitivité de nos agriculteurs.
05:34Si on ne produit pas, aujourd'hui,
05:36nous-mêmes,
05:37on va aller...
05:39On va continuer à exporter,
05:40comme on le fait déjà, d'ailleurs.
05:41Exactement.
05:42Et donc, on va subir, peut-être,
05:43des méthodes,
05:44déjà, des pays voisins.
05:45Rosie Bordet,
05:46concurrence déloyale.
05:47Non, c'est une aberration.
05:48D'abord, ça fait 33 ans
05:50qu'on utilise ce produit,
05:51et donc, on empêche
05:52à nos agriculteurs de l'utiliser.
05:53Moi, je suis pour la santé,
05:54j'ai des enfants, etc.
05:55Donc, on est d'accord.
05:57Mais là, on va arrêter,
05:58ce qui va baisser la production en France,
06:01et qu'on va exporter.
06:02C'est ça.
06:02Donc, on va faire entrer, malgré nous,
06:05ou en toute conscience,
06:07ces produits qui vont arriver,
06:08justement, de l'Union Européenne.
06:10Donc, et sur la santé,
06:12ça va avoir quoi comme conséquences ?
06:13Les mêmes conséquences.
06:14Donc, on est en train de plomber
06:16nos agriculteurs,
06:18et tout ça,
06:18pour aller chercher des produits
06:20qu'on va aller prendre
06:20dans d'autres pays.
06:22Moi, je ne sais pas la cohérence,
06:23je ne suis pas une spécialiste de tout cela,
06:25mais juste, en tant que citoyenne,
06:26je me pose la question.
06:27Bien sûr, il y a danger,
06:29éventuellement, sur la santé publique.
06:31On est tous concernés,
06:32nous avons tous des enfants,
06:33nous avons tous une famille.
06:35Bien sûr que c'est important.
06:36Mais là, on est en train de tuer
06:38une filière, au fait.
06:40Parce qu'on va manger des tomates espagnoles.
06:43Parce qu'on va manger,
06:43on va importer,
06:44et sur l'écologie,
06:45le transport, etc.
06:46Et là, justement,
06:48ça donne quoi ?
06:49Sur l'environnement ?
06:50Je pose juste la question.
06:52Donc, je pense,
06:52ça mérite un débat,
06:54bien sûr.
06:55Benjamin Morel,
06:56on se souvient des tracteurs
06:57devant l'Assemblée nationale,
06:58il y a quelques semaines,
06:59justement,
06:59pour inciter les députés
07:00à adopter cette loi du plomb.
07:02Finalement, dans ce dossier,
07:03on a un peu deux camps
07:04qui revendiquent tous les deux
07:05une sorte de légitimité populaire,
07:06un peu politiquement.
07:08Oui, il y a, en effet,
07:10de la part des deux camps,
07:11à la fois une légitimité
07:12qui est une légitimité populaire,
07:14et puis vous avez des réseaux
07:15de mobilisation très importants.
07:16C'est-à-dire que,
07:17d'un côté,
07:17vous avez des réseaux
07:18de mobilisation agricole
07:19qui ont clairement fait pression
07:20pour que cette loi existe,
07:21à tort ou à raison.
07:22Et de l'autre côté,
07:23vous avez des groupes
07:24de mobilisation.
07:25Donc, les pétitions,
07:26si vous voulez,
07:27c'est jamais que la possibilité
07:29de mobilisation
07:30de certains réseaux
07:31qui, à un moment,
07:31vont être en capacité
07:32d'aller chercher des signataires,
07:34de leur dire
07:34il faut aller signer,
07:36où est-ce que vous allez aller signer.
07:37Si jamais vous n'avez pas
07:38déjà une organisation préalable,
07:39votre pétition est,
07:41en règle générale,
07:42condamnée d'avance.
07:43Donc là,
07:44les organisations de gauche,
07:45les organisations écologistes
07:46ont bien fait un travail
07:47de mobilisation.
07:48Mais il faut bien comprendre
07:49que ni la mobilisation agricole
07:51il y a quelque temps,
07:52ni la mobilisation aujourd'hui
07:53en faveur de la pétition
07:55ne sont forcément
07:56représentatives
07:58de l'ensemble de l'opinion.
07:59Ce n'est pas parce que
07:59vous avez un million
08:00de signatures,
08:01un million six cent mille
08:01signatures d'un côté,
08:02que c'est un sondage d'opinion.
08:04C'est évidemment
08:04un échantillon
08:06très très mobilisé.
08:07Et donc là,
08:07on a un conflit de légitimité
08:08entre deux parties
08:09de la société civile
08:10qui est organisée
08:11avec des vraies capacités
08:12de mobilisation,
08:13des vraies capacités
08:14de pression
08:15qui se battent
08:15autour de cette loi
08:16et un gouvernement
08:17qui prie entre
08:18les deux,
08:19et bien essaye de jouer,
08:20à défaut de pouvoir jouer
08:21l'opinion publique,
08:22essaye de jouer
08:23pour l'instant la montre
08:23pour éviter
08:25d'avoir à trancher
08:26trop nettement
08:27entre les deux.
08:27Merci Benjamin Morel.
08:29Je rappelle que vous êtes
08:29constitutionnaliste,
08:31maître de conférences
08:31à Panthéon Assas,
08:32docteur en sciences politiques
08:33et auteur du livre
08:34Le nouveau régime
08:35ou l'impossible parlementarisme
08:36aux éditions passées composées.
08:38Merci d'être venu
08:39intervenir aujourd'hui.

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