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Après plus de vingt et un mois de conflit, les ONG et l'ONU font état d'un risque accru de famine dans la bande Gaza assiégé par Israël. Dimanche, la défense civile de Gaza a déclaré que les forces israéliennes avaient tiré sur des Palestiniens qui tentaient de récupérer de l'aide humanitaire, tuant au total 93 personnes. Vingt-cinq pays, dont le Royaume-Uni, la France, le Canada et le Japon, ont appelé à mettre fin "immédiatement" à la guerre dans la bande de Gaza assiégée par Israël, dans une déclaration commune publiée lundi
Regardez L'invité de RTL Matin avec Stéphane Carpentier du 22 juillet 2025.

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Transcription
00:006h, 9h, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:058h15, c'est RTL Matin face à l'actualité.
00:07Et l'actualité, c'est donc encore et toujours Gaza.
00:10Et une situation d'urgence dans ce territoire de 40 km de long.
00:14Plus de 21 mois de conflit avec Israël depuis le 7 octobre 2023.
00:20Cette attaque terroriste lancée par le Hamas, mouvement islamiste palestinien en Israël.
00:24Plus de 1250 Israéliens et ressortissants étrangers tués.
00:28Aujourd'hui, 25 pays dont la France, le Canada, le Royaume-Uni, le Japon
00:32appellent à mettre fin immédiatement à la guerre et à la souffrance des civils Gazaouis.
00:38Bonjour Vincent Lemire.
00:40Bonjour.
00:40Merci d'être connecté en direct.
00:42Vous êtes historien, spécialiste du Proche-Orient.
00:45On vous écoute régulièrement sur RTL.
00:47Qu'est-ce que cela veut dire, souffrance des civils à Gaza,
00:51de ce que l'on sait et de la situation sur place ?
00:54Écoutez, effectivement, depuis 48 heures, vous parlez d'urgence.
00:57Mais effectivement, depuis 48 heures, on a franchi un nouveau cran dans l'horreur et dans l'urgence.
01:04Dimanche, des tirs sur une église, sur l'église de la Sainte Famille à Gaza.
01:08Trois morts, ça n'était jamais arrivé et ça a fait réagir le pape.
01:13Hier, on a eu un ordre d'évacuation sur Derelbala, en plein centre de la bande de Gaza,
01:18et des tirs sur l'entrepôt principal de l'Organisation Mondiale de la Santé, de l'OMS.
01:25Et puis, une situation de famine qui est en train de se généraliser.
01:30Hier soir, la Société des journalistes de l'AFP a publié un communiqué extrêmement dur,
01:38où elle parle de ces dix journalistes pigistes et photographes sur place.
01:43Et ces journalistes disent, l'AFP, l'agence France Presse, a été fondée après la Deuxième Guerre mondiale.
01:49On a eu des morts et des blessés, mais on n'a jamais vu un journaliste de l'AFP mourir de faim,
01:55parce que c'est ça qui est en cause aujourd'hui.
01:58On a une grande partie de la population de Gaza qui est au stade 5, 5 sur 5 des stades de famine,
02:06avec de toute façon des séquelles irréversibles.
02:09La situation humanitaire devient absolument gravissime.
02:13Concrètement, ça veut dire quoi, Vincent Lemire ?
02:15C'est que l'aide arrive peu ou elle arrive mal ?
02:18Ça veut dire que tous les centres de distribution de l'UNRWA,
02:22du programme alimentaire mondial de l'UNICEF, ont été fermés sur décision israélienne.
02:29Et les Israéliens et les Américains ont payé des mercenaires privés,
02:34cette fameuse Gaza Humanitarian Foundation, la GHSF,
02:40qui a organisé quatre centres de distribution pour 2 millions de personnes.
02:45Vous vous rendez compte ? Un centre de distribution pour 500 000 personnes.
02:48Et sur ces quatre centres de distribution, trois sont situés au sud,
02:51à l'extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière avec l'Égypte.
02:56Donc c'est dramatiquement insuffisant.
02:59Tous les jours, on a presque une centaine de morts par bousculade
03:02ou par des tirs israéliens à proximité de ces centres de distribution.
03:07Donc c'est un chaos qui était programmé, qui était complètement inévitable.
03:13Et donc la situation humanitaire, effectivement,
03:16elle est encore plus grave que le mois dernier, encore plus grave qu'il y a deux mois ou trois mois.
03:20Est-ce qu'elle peut aussi être rendue délicate, très grave, comme vous le décrivez Vincent Lemire,
03:25par la présence d'hommes du Hamas, dont on sait qu'ils peuvent être déployés partout,
03:29et notamment ils se cachaient à une époque dans les hôpitaux ?
03:32Est-ce que ça, ça peut être un frein aussi concrètement ?
03:35Écoutez, malheureusement, on est obligé de dire qu'aujourd'hui,
03:38ce qui organise la situation dramatique sur place,
03:43ce sont plutôt les bandes mafieuses qui sont en partie armées par les Israéliens.
03:49Malheureusement, le Hamas, quand il a l'occasion d'encadrer les convois de nourriture,
03:56ça se passe moins mal.
03:57C'est terrible à dire, mais c'est la dernière autorité sur place.
04:01Donc non, aujourd'hui, on ne peut pas dire que c'est le Hamas qui est responsable de la situation.
04:06En tout cas, bien sûr, il est peut-être responsable à plus grande échelle,
04:10mais très concrètement, sur la situation humanitaire, ce n'est pas le cas.
04:15On parle de famine aujourd'hui ? 22 juillet 2025, on parle de famine là-bas ?
04:20Écoutez, aujourd'hui, le programme alimentaire mondial dit qu'une grande partie de la population est au stade 5,
04:26avec des cas d'inamition, des cas de décès, de malnutrition aiguë,
04:29des mères qui ne peuvent plus nourrir leurs enfants, à moins de mourir elles-mêmes.
04:34Donc voilà, on est dans cette situation-là.
04:38La France et l'Europe ont l'obligation d'agir.
04:41Vincent Lemire, 21 mois nous séparent de l'attaque du Hamas du 7 octobre.
04:44Qu'est-ce qui peut arrêter ce conflit aujourd'hui ?
04:47Il reste encore 58 otages israéliens à Gaza, 58 dont 34 déclarés morts par l'armée israélienne.
04:53Ces otages, c'est encore le nerf de la guerre ?
04:55Écoutez, on espère un cessez-le-feu.
04:57Le problème, c'est que le Hamas voudrait l'arrêt définitif de la guerre en échange de la libération de tous les otages,
05:03et que Netanyahou a besoin de prolonger la guerre.
05:06Donc, il voudrait une trêve de 60 jours et la libération de la moitié des otages vivants, donc une dizaine.
05:11Le cessez-le-feu, il va peut-être arriver, mais il y a une autre fenêtre d'opportunité.
05:15La France organise dans six jours, dans une semaine, le 28 et 29 juillet,
05:20à l'ONU, à New York, un sommet pour la solution à deux États.
05:25Vous savez, ce sommet qui devait avoir lieu du 14 au 17 juin, juste au moment des frappes sur l'Iran.
05:33Donc, avec l'Arabie saoudite.
05:35Donc, la France, elle a l'opportunité, mais aussi l'obligation d'agir.
05:38Et moi, ce matin, je lance un appel solennel au président Emmanuel Macron.
05:43Je lui dis, ne faites pas de la reconnaissance de la Palestine une reconnaissance à titre posthume.
05:49Si vous attendez encore, vous finirez par reconnaître un cimetière et un champ de ruines.
05:54Il faut agir diplomatiquement, immédiatement.
05:57Il y a cette initiative que vous avez citée des 25 États, dont plusieurs États européens.
06:03Le rappel des ambassadeurs en Israël, un embargo immédiat sur les armes,
06:08la suspension de l'accord d'association.
06:10Il y a des leviers et la reconnaissance pleine et entière de l'État de Palestine.
06:14Ce ne serait pas seulement symbolique, parce que ça donne des capacités juridiques.
06:17Et aujourd'hui, les habitants de Gaza, ils ont besoin, plus que jamais, d'une protection juridique.
06:22Vincent Lemire, vous nous dites ce matin qu'il y a des leviers.
06:2425 pays qui lancent un appel à la fin de la guerre, le pape qui condamne, l'ONU qui dénonce.
06:30C'est vraiment utile, ça ? Ça sert à quelque chose ?
06:32Non, vous avez raison.
06:34Il faut aujourd'hui contraindre.
06:35Il faut des contraintes beaucoup plus fortes.
06:40L'Europe, c'est 30% du commerce israélien.
06:43Si on a un embargo, non seulement sur les armes, mais aussi une menace crédible de suspension de l'accord commercial entre l'Union Européenne et Israël,
06:54ça aura des effets immédiats dans la presse israélienne, dans l'opinion publique israélienne et donc sur le gouvernement israélien.
07:00Mais encore une fois, je le dis, l'agenda diplomatique français, le 13 juin dernier, juste avant les frappes iraniennes,
07:07c'était la reconnaissance pleine et entière de l'État de Palestine.
07:09C'est ça qui est devant nous et si la France le fait avec un certain nombre d'États en début de semaine prochaine,
07:17vous verrez que ça aura des effets parce que ça aura des effets sur le gouvernement israélien actuel.
07:22Vous croyez une fin, vous, à cette horreur-là que le monde suit depuis 21 mois ?
07:26Ou c'est une situation qu'on va vivre sur du long terme encore ?
07:30Non, cette horreur va avoir une fin très très prochainement.
07:34C'est ça qui est terrible, on ne sait pas laquelle.
07:36On sait que l'extrême droite israélienne veut le nettoyage ethnique de la bande de Gaza.
07:41Ils le disent explicitement.
07:44Ils veulent l'expulsion des Palestiniens, on dit, vers l'Éthiopie, vers la Libye, vers la Somalie.
07:49L'autre solution, c'est une solution diplomatique.
07:52La France a une responsabilité particulière.
07:54C'est le seul membre européen qui est membre permanent du Conseil de sécurité.
07:59Elle doit agir, elle peut agir à l'ONU en début de semaine prochaine.
08:02Vincent Lemire sur RTL ce matin.
08:04Merci à vous, historiens spécialistes du Proche-Orient.
08:06Explications, entretiens qu'on peut retrouver dès maintenant.

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