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Documentaire Retirada37
Décembre 2015

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Le Eccident du Lébreu
00:02Le Eccident du Lébreu
00:06Une nuit le rio passait, carmère, carmère
00:12Une nuit le rio passait, carmère, carmère
00:18Et les troupes invasores
00:20Et les troupes invasores
00:22Et les troupes invasores
00:30Les vols s'enlendent dans les rues de Paris
00:54Paris à peu et à sang
00:56La nuit d'horreur de Paris
00:58Le 7 février 1934, après la France, l'Europe et le monde découvrent avec stupeur dans les journaux
01:07Que la veille à Paris, une émeute des forces d'extrême droite a tourné à l'affrontement sanglant
01:13Faisant vaciller, après les démocraties italiennes et allemandes, la République française
01:18Le fascisme pouvait-il vraiment passer à Paris ce jour-là ?
01:22Lorsqu'en 1922, Mussolini s'impose avec la marche sur Rome des chemises noires
01:27Beaucoup pensent avec le socialiste belge Emile van der Velde
01:30Que seuls des pays méditerranéens pré-industriels sont réellement menacés par le fascisme
01:36Mais avec la crise de 1929
01:38Le cercle des régimes autoritaires se resserre autour des quelques puissantes démocraties
01:43Qui demeurent en Europe de l'Ouest après l'effondrement de la République Allemande
01:47Parmi celles-ci, la France, plus vieille démocratie d'Europe, où la Troisième République est établie depuis la fin des années 1870
01:56Demeurent le modèle pour les quelques républiques sœurs
01:59Mais ce modèle semble déjà épuisé, privé de tout prestige
02:03Pourquoi la France semble-t-elle en 1934 à bout de force ?
02:13La société française vit dans les années 30 une crise globale d'identité
02:17La France ne s'est pas vraiment relevée de la saignée de 1914
02:20Et s'abrite désormais derrière une ligne Maginot
02:23Qui manifeste mieux que de longs discours sa peur de l'avenir et son repli sur son espace le plus étroit
02:29Bien qu'elle cherche à maintenir son influence internationale, elle a manifestement perdu son extraordinaire vitalité du début du siècle
02:36Qui lui avait permis, avec l'automobile, le cinéma et le radium, c'est-à-dire l'atome, d'inventer trois des techniques fondamentales du 20ème siècle
02:44Et depuis 1931-1932, la France est touchée, avec un certain retard par rapport aux Etats-Unis et à l'Allemagne, par la crise économique mondiale de 1929
02:55Un sentiment de marasme général et de pessimisme s'empare du pays
03:03Et érode le sentiment républicain, autrefois largement majoritaire
03:08Dans ces conditions, l'extrême droite qui a toujours existé en France connaît un développement inattendu et puissant
03:15Quels sont les composants de cette extrême droite ?
03:21On peut distinguer trois cercles dans l'extrême droite des années 30
03:25Le premier cercle est formé par les mouvements anti-républicains qui se sont développés dès le début du siècle avec l'affaire Dreyfus
03:31Non dépourvus d'influence, ceux-ci demeurent néanmoins minoritaires
03:35Leur composante principale, l'action française de Charles Maurras, se présente comme un parti de contre-révolution monarchique
03:42Ouvertement hostile à la démocratie
03:44Or l'écrasante majorité des français demeurent attachés à la république
03:48Au début des années 30, un deuxième cercle apparaît avec la dérive d'une partie de la droite républicaine vers les idées de l'extrême droite
03:56Le colonel de Larocque a fondé dès les années 20 un mouvement d'anciens combattants aux idéaux conservateurs et nationalistes, les croix de feu
04:04D'abord proche de la droite parlementaire classique, il franchit avec la crise la frontière de l'autonomie politique
04:11Patriotes et conservateurs, Larocque veut sauver la France de la menace nazie
04:16Mais en s'inspirant des méthodes des régimes autoritaires
04:20Mobilisation des jeunes, les volontaires nationaux, qu'il entend agréger à son mouvement d'anciens combattants
04:25Ce sera le premier engagement de François Mitterrand
04:28Puis transformation de la république parlementaire en pouvoir présidentiel fort
04:33Capable d'intimider les communistes et les syndicats
04:36Au fond, Larocque veut peut-être sauver la république contre elle-même
04:39Mais cette posture, de plus en plus agressive, le rapproche sans cesse de l'extrême droite pure et dure de Maurras
04:46Enfin un troisième cercle, beaucoup plus vaste, au moins potentiellement
04:50Comprend tous ceux qui ont cessé de croire dans les idéaux de la république parlementaire
04:54Le climat moral du début de ces années 30 est anticonformiste
04:58Certes, mais de quel anticonformisme s'agit-il ?
05:01Devant l'impuissance apparente des doctrines économiques libérales et des doctrines politiques républicaines
05:06Nombreux sont ceux qui cherchent des solutions nouvelles
05:09S'inspirant tout à la fois du volontarisme autoritaire de Mussolini et de celui démocratique de Roosevelt
05:15L'avenir se chargera de décanter ces diverses aspirations qu'on retrouvera aussi bien à Londres qu'à Vichy en 1940
05:21Pour l'instant, le scepticisme inquiet des nouvelles générations joue d'abord en défaveur des vieilles barbes de la troisième république
05:32Et désarme l'opinion face à l'agressivité des ligues
05:35Tout est donc prêt pour une explosion
05:37Dans ce climat général de contestation et d'effervescence, quelle est la mèche qui allumera l'émeute ?
05:44On savait la troisième république incapable, impuissante, mais on la croyait encore honnête pour l'essentiel
05:52Tout d'un coup, on découvre que ce n'est plus le cas
05:55Dans un climat d'instabilité gouvernementale et de crise politique à répétition depuis les élections de 1932
06:01Éclate en effet un scandale politico-financier l'affaire Stavisky
06:06Un génial escroc juif russe et plusieurs ministres radicaux sont impliqués dans ce scandale
06:11Sont impliqués dans ce scandale qui provoque dans tout le pays une spirale hystérique
06:15Où l'on dénonce pêle-mêle la république parlementaire, les voleurs et la corruption soi-disant généralisée
06:25Pour sortir de ce climat délétère, le leader radical Édouard Daladier forme alors un gouvernement de combat
06:31Dont l'un des premiers actes sera le renvoi du préfet de police Chiap
06:35Soupçonné à juste titre de lien étroit avec l'extrême droite
06:39La réponse des ligues est immédiate
06:41Le 6 février 1934
06:43L'action française et l'écroi de feu du colonel de la Roque
06:46Appellent avec divers groupuscules fascistes à manifester à Paris
06:49Réunis place de la Concorde
06:51Ces ligues tentent de franchir en force le pont de la Concorde
06:54Tandis que la chambre des députés siège en séance de nuit au palais Bourbon
06:59La garde républicaine, fidèle à la démocratie, ouvre le feu
07:03Une quinzaine des meutiers trouvent la mort
07:05La France est au bord de la guerre civique
07:11Le 7 février, le pays se réveille dans la stupeur
07:14Le gouvernement Daladier, contraint à la démission
07:17Est remplacé par un gouvernement d'union nationale
07:19Présidé par l'ancien président de la république Gaston Doumergue
07:24Peu à peu, l'opinion se reprend, grâce notamment à la province
07:28Le 12 février 1934, communistes et socialistes se retrouvent ensemble pour dénoncer le fascisme
07:37La page de la division de la gauche est tournée
07:40Cette gauche socialiste et communiste, en manifestant pacifiquement dans toute la France
07:44démontre que la république n'est pas encore morte
07:46L'extrême droite recule, les divers gouvernements d'union nationale qui se succèdent entre 1934 et 1936
07:54Prennent de plus en plus de distance vis-à-vis d'elle
07:57Et deux ans plus tard, les droites seront battues très largement aux élections législatives
08:01Par une coalition dite de front populaire rassemblant socialistes, communistes et radicaux
08:05Quelques semaines plus tard, le gouvernement dirigé par le leader socialiste Léon Blum
08:10Prendra un décret de dissolution des ligues
08:13Mais pourquoi l'extrême droite a-t-elle laissé passer sa chance avec l'émeute du 6 février ?
08:18On peut esquisser une réponse
08:20La stratégie adoptée par les diverses forces d'extrême droite
08:23était en fait inadéquate au but recherché
08:26Soit trop violente, pour un simple infléchissement de la république
08:29Soit trop spontanée et inorganisée, pour une tentative sérieuse de prise de pouvoir
08:35Encore moins n'y a-t-il à ce moment-là de relais extérieurs
08:38Sans doute Mussolini éprouve-t-il de la sympathie pour l'extrême droite française
08:43Mais au début de 1934, le Duce en est encore à s'entendre avec les gouvernements français et anglais
08:49pour limiter la force expansionniste d'une Allemagne hitlérienne
08:52qu'il redoute non sans quelque lucidité
08:56Moins encore est-il question d'un complot allemand
08:59A cette époque, l'extrême droite française est encore foncièrement anti-allemande
09:01et ne peut envisager de s'entendre avec les nouveaux maîtres de Berlin
09:05pour prendre le pouvoir à Paris
09:07Il n'y a donc pas complot, mais certainement une dérive
09:11et un enthousiasme
09:13Tout d'un coup, les militants d'extrême droite
09:15ont le sentiment que le mur républicain commence à céder
09:18et devant cette immense opportunité, ils avancent, sans coordination
09:22Ceci ne signifie tout de même pas que les ligues n'avaient aucune stratégie
09:25Mais si oui, laquelle ?
09:28Tout d'abord, c'est incontestable, ces ligues voulaient manifester leur hostilité à la République radicale et socialiste
09:36établir un nouveau rapport de force
09:39favorable à la création d'un régime plus autoritaire
09:41à mi-chemin entre fascisme et démocratie
09:44Sans aucun doute, Maurras et Larocque se seraient-ils déjà félicités d'une évolution autoritaire ou présidentialiste du régime ?
09:52Déjà, certains pensaient à un grand soldat, hypocritement apolitique
09:56Le maréchal Pétain qui, est-ce un hasard, figurait pour la première fois comme ministre, ministre de la guerre
10:02de l'éphémère gouvernement d'Umergue au matin du 7 février 1934
10:06Mais si l'extrême droite ne voulait pas prendre le pouvoir
10:09Le Front Populaire a-t-il véritablement sauvé la République d'une dérive autoritaire ?
10:14Pas tout à fait non plus
10:16Dans un premier temps, le Front Populaire a en effet réussi à infléchir pacifiquement le cours de la République
10:22là où la droite alliée à l'extrême droite avait échoué à le faire
10:25En effet, avec le gouvernement Léon Blum, la Troisième République devient, à partir de 1936,
10:31une république démocratique et sociale, plus ouverte aux femmes, sans guerre civile ni violence grave
10:37C'est déjà l'esquisse de ce que sera la Quatrième République après 1945
10:40Mais en même temps, l'objectif déclaré de Léon Blum d'endiguer la crise française et de rétablir la situation internationale du pays est loin d'être atteint
10:51Le Front Populaire ne parvient ni à réduire le chômage, ni à faire repartir la production, ni à empêcher l'abandon de l'Espagne républicaine
10:58Il consent majoritairement à la capitulation de Munich en 1938
11:04En 1939, la situation s'est donc considérablement dégradée
11:10L'effondrement de la France sur le plan économique et international est tel
11:13que la Troisième République apparaît alors comme parfaitement inadéquate aux terribles défis qui lui sont opposés
11:20par des fascismes allemands, italiens, espagnols, désormais unis par leur victoire
11:26et bientôt, le renoncement de Staline lui-même à les combattre
11:30Entre temps, l'extrême droite, comme un virus, a fait sa mutation
11:35et cette fois-ci, elle résiste aux antibiotiques qui, en 1934, l'avaient encore contrainte au recul
11:40Il n'est hélas pas exclu que si Hitler ne s'en était pas chargé
11:45une extrême droite rassemblée, conspirative, plus influente que jamais
11:50et ayant appris l'art du coup d'état de ses nouveaux amis germano-italiens
11:54ait pu, vers 1939-1940, abattre pour de bon une Troisième République aux abois
12:01Peut-être aurait-elle cherché pour le faire un certain maréchal Pétain
12:04qui réussissait si bien comme ambassadeur à Madrid auprès du nouveau dictateur, Francisco Franco
12:10La guerre d'Espagne éclate en juillet 1936
12:22La guerre d'Espagne éclate en juillet 1936
12:36Sur un mot d'ordre des généraux Franco et Sanrujo, les garnisons se soulèvent dans tout le pays
12:41Les rebelles n'ont pas accepté la victoire du Fronté Populaire
12:47Une coalition de gauche qui a remporté les élections en février 1936
12:51A l'annonce du soulèvement, une réaction populaire vigoureuse se lève contre le coup de force
12:57Des milices ouvrières se constituent et s'arment tant bien que mal
13:00La guerre civile commence
13:01D'emblée, les combats sont d'une extraordinaire férocité
13:19Les républicains sont dépourvus d'un armement moderne
13:22Tandis qu'en face, les insurgés franquistes reçoivent bientôt un appui résolu de l'Allemagne hitlérienne
13:28Et de l'Italie fasciste
13:35Franco, assuré de ce soutien, accue le débarquement en force de ses troupes
13:40A partir du Maroc espagnol
13:42Et impose son pouvoir sur une grande partie du territoire
13:44Pendant ce temps, le gouvernement de la république espagnole fait la mère expérience de la solitude
14:03Il approche Léon Blum pour lui demander le droit d'acheter en France des armes et des avions
14:07Moment décisif
14:11Léon Blum se sent profondément solidaire
14:14Et pourtant, la mort dans l'âme
14:17Il est contraint de rester hors-jeu
14:19Car il sait que la Grande-Bretagne ne le rejoindra pas dans l'aventure d'une intervention en Espagne
14:23Le premier ministre, Neville Chamberlain, se méfie du pouvoir des rouges en Espagne
14:31Et il est partisan, comme la majorité de ses compatriotes, d'une politique d'apaisement, de compromis avec les dictatures
14:39Léon Blum est impuissant
14:41Le surcroît, dans son propre gouvernement
14:45Les radicaux sont hostiles à l'idée d'agir sans les Anglais
14:48Quant à la droite française, elle fulmine contre une telle perspective
14:53En réalité, le choix de Blum n'est pas entre intervention et abstention
14:58Mais de rester au pouvoir sans intervenir ou de démissionner
15:02Sa tâche au gouvernement commence à peine
15:05Il ne partira pas
15:07Léon Blum tente néanmoins d'élaborer une solution
15:11Ce qui permettrait peut-être d'assurer le salut de l'Espagne et le salut de la paix
15:23C'est la conclusion d'une convention internationale
15:28Par laquelle toutes les puissances s'engageraient à l'abstention en ce qui concerne les livraisons d'armes
15:38S'engageraient à interdire l'exportation en Espagne du matériel de guerre
15:45Le pacte de non-intervention que Blum propose est signé par les principales puissances dont l'Allemagne et l'Italie
15:53Marché de dupes
15:54Hitler et Mussolini s'engagent d'abord secrètement puis de plus en plus ouvertement en envoyant soldats et munitions
16:01Mussolini y dépêche une armée complète
16:0480 000 hommes, des mitrailleuses et des canons
16:07Tandis qu'Hitler expédie 10 000 hommes de la Légion Condor, des avions et des chars
16:11Léon Blum, pour sa part, se borne à pratiquer ce qu'on appelle pudiquement une non-intervention relâchée
16:22Officiellement l'embargo est respecté
16:24Mais les autorités françaises ferment les yeux sur le trafic d'armes et favorisent l'envoi discret de quelques avions
16:28De son côté, Staline soutient les républicains et expédie armes et matériels accompagnés de conseillers militaires
16:422 000 soviétiques combattent dans le camp républicain
16:45Sous l'impulsion de l'international communiste, les volontaires viennent combattre aux côtés des républicains
17:02D'Allemagne, d'Italie, de France, des hommes et des femmes de tous âges risquent leur vie pour sauver la république espagnole
17:08Parmi eux se distinguent George Orwell et Ernst Hemingway
17:21Ces brigades internationales, à peine débarquées, vont aider Madrid la républicaine à résister au siège des franquistes
17:31La guerre s'installe alors dans la durée
17:34L'Espagne devient le terrain sur lequel s'affrontent indirectement les démocraties et les dictatures
17:42Les communistes face aux fascistes
17:45et nous envers les spectateurs, nous expliquons les victoires et revient nous tous à la victoire de France
17:52L'Espagne!
17:54Applaudissements
17:55...
17:56L'Espagne!
17:57...
17:58L'Espagne!
17:59L'Espagne!
18:00L'Espagne!
18:01L'Espagne!
18:02...
18:03Un homme avec l'hombre reunions, tous,
18:05...
18:07Ce conflit qui s'éternise ravage les populations civiles,
18:24tandis que les dictatures expérimentent leurs armements et leurs stratégies.
18:29Le 26 avril 1937, des avions allemands et italiens larguent plus de 50 tonnes de bombes
18:35et 3000 engins incendiaires sur la petite cité basque de Guernica.
18:48La ville brûle, quasiment annihilée.
18:53On dénombre plus de 1600 morts.
18:58Le martyr de Guernica marque une date sinistre dans l'histoire de l'humanité.
19:02C'est la première fois qu'on s'en prend depuis les airs, non pas à une cible militaire,
19:07mais à des populations civiles, délibérément.
19:10Un mois plus tard, l'exposition universelle de 1937 à Paris montre face à face les pavillons nazis et soviétiques
19:36de part et d'autre du pont de Viennard.
19:38L'italien est l'anglais qui louche, le russe et l'allemand à côté.
19:42Conclusion, les extrêmes se touchent pour visiter l'exposition avec ces nombreux pavillons.
19:48Dans le petit pavillon de la République espagnole, Pablo Picasso expose une grande toile intitulée Guernica.
19:57Un officier allemand lui demande, c'est vous qui avez fait ça ?
20:01Picasso, Glacial, mais non, c'est vous.
20:08Fin mars 1939.
20:11Madrid et les dernières villes républicaines sont tombées.
20:16La guerre civile est finie.
20:18Près d'un million de morts, 270 000 prisonniers dans les jaunes nationalistes.
20:26Des exécutions vont suivre.
20:28Un demi-million de réfugiés gagnent la France.
20:33Le 1er avril 1939, comme s'il s'agissait d'une mauvaise farce,
20:38le pape Pie XII adresse ce télégramme au général Franco.
20:42Élevons notre âme vers Dieu.
20:46Nous nous réjouissons avec votre excellence
20:48de la victoire tant désirée de l'Espagne catholique.
20:53Le caudillo grippé reste au lit.
20:55Hitler vient d'envahir la Tchécoslovaquie.
20:57Le caudillo grippé reste au lit.
21:1726 août 1944.
21:19Le lendemain de la libération de Paris,
21:22le général de Gaulle descend les Champs-Elysées.
21:24Autour du général de Gaulle,
21:27des membres du Conseil National de la Résistance,
21:29des officiels,
21:31la foule,
21:32la liesse.
21:35Autour encore, les véhicules de la 2e division blindée du général Leclerc.
21:39Regardez bien,
21:40ces véhicules,
21:41ces Aftrax,
21:42chargés de la sécurité du général.
21:45Chacun porte un nom,
21:46un nom espagnol.
21:49Ici, juste à gauche du général,
21:51le Don Quichotte.
21:52A droite,
21:53le Aftrax,
21:54les Pingouins,
21:55du sobriquet avec lequel les Français moquent les Espagnols.
21:59Enfin,
22:00le Aftrax numéro 40-655,
22:03le Madrid.
22:06Ces véhicules font partie d'une unité d'élite de la 2e DB,
22:09la 9e compagnie.
22:11Pour tous,
22:11et pour l'histoire,
22:13la Noeve.
22:18Leur place en tête de ce cortège historique
22:20ne doit rien au hasard.
22:22L'homme accoudé à l'avant de son Aftrax,
22:25c'est le capitaine Raymond de Rhone,
22:28l'un des seuls Français de la compagnie,
22:30un Français libre de la première heure.
22:32C'est lui qui a conduit les hommes de la Noeve.
22:34Dans son journal de route,
22:38ce jour-là,
22:39il écrit
22:39« La compagnie espagnole qui a pénétré la première dans la capitale est à l'honneur. »
22:49Deux jours plus tôt, au soir du 24 août,
22:52le général Leclerc et sa 2e DB sont stoppés à quelques kilomètres de Paris.
22:56Le temps presse,
22:57Paris s'est soulevé,
22:58il faut entrer coûte que coûte dans la capitale.
23:01Leclerc lance en avant-garde sa 9e compagnie,
23:04la Noeve.
23:05Quelques heures plus tard,
23:10les Aftrax Guadalajara,
23:11Le Brunete,
23:13l'Ebro,
23:13le Teruel,
23:14débouchent sur la place de l'hôtel de ville.
23:18À leur tête,
23:20des républicains espagnols.
23:25Ils s'appellent Amado Granel,
23:27Fermin Pujol,
23:28Ramon Gualda,
23:29et bien d'autres encore.
23:32Pourquoi l'histoire n'a-t-elle pas voulu apprendre leur nom ?
23:35Le 25 avril 1974,
23:52les jeunes capitaines de l'armée portugaise déclenchent un coup d'État,
23:55et portés par la population en liesse qui distribue des fleurs,
23:58renversent la dictature au pouvoir à Lisbonne.
24:01En quelques heures,
24:02la révolution des œillets
24:03met fin au régime salazariste en place au Portugal depuis un demi-siècle.
24:08La dictature s'était imposée en 1926 après un putsch militaire
24:12et s'était transformée en régime fascisant, corporatiste et clérical
24:16avec l'arrivée au pouvoir d'Antonio de Oliveira Salazar.
24:19Résistant à toute évolution sociale et politique,
24:22le Portugal de Salazar s'enfonce dans la crise après la Seconde Guerre mondiale.
24:26Dans les années 60,
24:27le dictateur engage le pays dans des guerres coûteuses
24:29pour préserver l'empire colonial.
24:32Après son décès en 1970,
24:34le régime archaïque, incapable de terminer les conflits,
24:37conduit le pays à la ruine et fait fuir la jeunesse à l'étranger.
24:42Lassés par les guerres coloniales sans issue,
24:45les jeunes capitaines du mouvement des forces armées
24:46faisant cause commune avec des généraux conservateurs en disgrâce
24:49se révoltent et s'installent au pouvoir avec la révolution des œillets.
24:52Mais après avoir retrouvé les libertés fondamentales
24:55et accordé l'indépendance à ces colonies,
24:58le Portugal plonge dans une période d'instabilité.
25:00Pendant deux ans,
25:02alors que les gouvernements se succèdent à la tête du pays en pleine ébullition,
25:05les militaires progressistes soutenus par les communistes
25:08s'affrontent aux centristes et conservateurs.
25:12Il faut attendre les élections de 1976
25:14pour que Mario Suárez et un parti socialiste devenu majoritaire
25:18permettent au pays de sortir de l'impasse.
25:20L'entrée du Portugal dans l'Union Européenne dix ans plus tard
25:24marquera la normalisation du processus démocratique.
25:50Le 1er mai 1976,
25:55l'entrée du pays dans l'après-franquisme
25:57est célébrée par de jeunes Espagnols qui se jouent de la police.
26:01Parmi eux,
26:02les amis du jeune libertaire Salvador Puig Antich
26:05que le dictateur a fait fusiller en 1973
26:08et les jeunes militants qui impulsent depuis quelques années déjà
26:12la CNT renaissante.
26:14La CNT renaissante.
26:25Sous-titrage Société Radio-Canada
26:55Dans la foule qui s'agglutine autour des drapeaux rouges et noirs, ils sont tous là, jeunes et vieux.
27:06Ils écoutent les mêmes discours, ils parlent à la même tribune, mais le temps a usé les mots et certains ne veulent plus les entendre.
27:25Sous-titrage Société Radio-Canada
27:55En Italie, ils partagent déjà le pouvoir.
28:01En Hongrie, ils marchent au pas, dans les rues de la capitale.
28:06Partout, la droite radicale, confinée aux caves et aux arrières salles depuis la fin de la guerre, fait un retour en force.
28:12Centre-ville de Nice, une marche au flambeau se prépare.
28:25Drapeaux rouges et noirs, ce sont les jeunes du bloc identitaire, un mouvement d'extrême droite radicale qui organise la marche.
28:30Une marche en l'honneur de Catherine Ségurane, la Jeanne d'Arc niçoise qui bouta les Turcs hors de la ville au 15e siècle.
28:37Avec l'effritement du Front National, la droite radicale qui reste très minoritaire en France a perdu son élément fédérateur.
28:45Désormais, elle tente de se restructurer.
28:48Le bloc identitaire est en passe d'y arriver.
28:50Aujourd'hui, ils sont plus de 150 à traverser la ville, sous le contrôle de Philippe Vardon, le patron des identitaires niçois.
28:58Vous pouvez le voir, dans le défilé, il y a quand même une énorme majorité de jeunes.
29:01Donc voilà, c'est important pour nous de montrer que c'est justement les nouvelles générations qui ont le plus conscience de leur identité,
29:07qui sont présents pour honorer notre plus longue tradition.
29:12Philippe Vardon, ancien élève de Sciences Po, condamné à 50 000 euros d'amende,
29:168 mois de prison avec sursis et 2 ans de privation de droits civiques,
29:20pour rédaction de tracts haineux et reconstitution de ligues dissoutes.
29:25Le bloc identitaire s'est construit sur les cendres d'unité radicale,
29:28un parti interdit à la suite de l'attentat raté contre Jacques Chirac le 14 juillet 2002.
29:34L'auteur du coup de feu contre le président de la République était un sympathisant d'unité radicale.
29:40Aujourd'hui, ses héritiers marchent au flambeau au cœur de Nice, dans l'indifférence quasi générale.
29:46Vardon et ses copains se sont présentés pour la première fois aux dernières élections municipales.
30:10Résultat, près de 5%, un score qui les place juste derrière les grands partis.
30:16Aujourd'hui, en guise de discours, Vardon sélectionne les vers les plus virulents d'un poème de l'époque,
30:22dédié à l'agenda d'arc local.
30:23La voyez-vous saisir l'étendard aboré et fouler sous ses pieds sanglant et déchiré l'odieux croissant du prophète ?
30:32Plongé et replongé au sein de l'étranger, noble femme, ce fer qui venait nous venger et nous sauver de la conquête.
30:40Et pour ceux qui n'ont pas entendu le message, les identitaires se répandent désormais sur le net.
30:56A l'aide de militants bénévoles formés aux nouvelles technologies, ils ont fondé leur propre agence de presse.
31:03La vocation à créer des alternatives, à créer des contre-pouvoirs, effectivement, créer une agence de presse dans un monde de communication,
31:09dans un monde de l'Internet, où tout le monde peut avoir aujourd'hui immédiatement accès aux informations,
31:14s'il veut bien les... ce n'est la peine de les chercher.
31:16C'est effectivement important, je pense, d'avoir une agence de presse alternative comme Nouveau-Presse.
31:20Un site moderne, à l'apparence classique presque professionnel.
31:24Mais sur le fond, les articles enchaînent les allusions racistes et xénophobes.
31:29Ici, tout est fait pour brouiller les pistes et visiblement ça marche.
31:33Le site enregistre plus de 100 000 visiteurs par mois.
31:36Fort de ce succès, le lancement d'une radio locale et d'un quotidien niçois sont prévus pour bientôt.
31:41Mais pour faire passer ces idées, nous découvrons que le bloc identitaire a mis au point une autre stratégie.
31:47Une méthode bien plus sournoise, l'infiltration politique.
31:52Pendant la manif, à l'aide d'une caméra cachée, nous avons suivi André, un militant de la première heure.
31:56Il est au cœur de cette stratégie d'infiltration souhaitée par l'extrême droite.
32:00André est devenu une taupe au sein de l'UMP.
32:04C'est sur la liste du maire, mais je n'ai pas été...
32:06C'est quoi, c'est un village ou...
32:08C'est canon.
32:08J'ai fait de l'imposture, tu la fais grosse ou tu la fais pas.
32:12C'est pas encore un village de 300 mecs, c'est pas drôle, quoi.
32:16C'est pas de la façon, ils ont tout l'infiltré, puis une fois que t'as tout l'eau, avec des idées.
32:21Je pense qu'on prendra pas par rapport, je pense qu'on prendra par...
32:24On va être à une pute comme les joueurs de juifs, les gauchistes, les femmes.
32:29Si on l'a porté à cette méthode, on n'en est à avoir plus.
32:30Jouant par téléphone, le maire de Cannes, Bernard Brochand, n'a pas souhaité réagir.
32:40Ça va bien ?
32:41Oui, et vous ?
32:42Ça va, tranquillement, on reprend.
32:44Au quotidien, Vardon et ses copains jouent aux politiciens bontins.
32:48Tractages, meetings, activités sociales, mais surtout, ils s'internationalisent.
32:53Pour son meeting de rentrée, Vardon reçoit un soutien de poids, Mario Borghezio,
32:57un des pontes de la Ligue du Nord, le grand parti populiste italien.
33:00Avec 3 millions d'électeurs, il est la troisième force politique dans son pays.
33:04Ce n'est pas le peu de mettre dans la couverture de notre revue la croix celtique,
33:11parce que ce sont les symboles de nos traditions.
33:15Quelqu'un dit que c'est un symbole fasciste, naziste, je m'en fous.
33:19Ce n'est pas vrai.
33:22Mario Borghezio, ancien sous-secrétaire d'État italien à la justice et député européen.
33:28Il a été condamné à 400 euros d'amende pour violences sur vendeurs clandestins
33:31et à 2 mois et 20 jours de prison pour incendie d'un abri de SDF étrangers.
33:36Dans l'Europe de l'extrême droite, Borghezio est un modèle.
33:39Lui et son parti incarnent la preuve que le néo-fascisme peut retrouver sa place sur le vieux continent.
33:44Sur les 21 ministres de l'actuel gouvernement Berlusconi,
33:484 sont de la Ligue du Nord, le parti de M. Borghezio.
33:54Il faut libérer nos gens.
33:57Il faut retrouver l'engagement, la force, l'enthousiasme.
34:01de gagner les batailles.
34:04On commence dans le petit et on arrive.
34:07On arrive là où nous devons arriver.
34:09Parce que nous sommes un range de commandeurs.
34:11Nous ne sommes pas serfs.
34:13Nous sommes patrons.
34:15Nous sommes maîtres chez nous.
34:17C'est notre lutte.
34:18C'est notre devoir.
34:19Maître chez nous.
34:21Liberté.
34:23Les armes, les rebelles.
34:25Après avoir chauffé la salle, Borghezio va maintenant donner ses conseils aux militants.
34:34Habituellement, aucun journaliste ne devrait entendre ce qu'il va se dire.
34:38Mais là, notre caméra tournait.
34:40Il faut entrer dans les petites administrations.
34:44Et puis Péni, etc.
34:46Il faut mettre pour le coup sur cet aspect.
34:49C'est une bonne manière de ne pas être immédiatement placé comme un fasciste nostalgique,
35:12mais comme une nouvelle mouvance.
35:15Pénétrez partout où vous le pouvez, et mentez pour faire oublier que vous êtes des fascistes.
35:27La caméra est repérée, on n'en apprendra pas plus.
35:34Nous poursuivons notre enquête dans le pays où les groupuscules à l'idéologie néonazie sont le mieux structurés, la Suède.
35:40Ici, on trouve plus de 30 groupuscules ultra-radicaux, politiquement organisés.
35:46Le plus connu d'entre eux, le NSF, National Socialistic Front.
35:50Il réunit des jeunes de 16 à 30 ans qui défendent ouvertement l'idée d'une race blanche supérieure, le White Power.
35:56Les partis établis se fichent des conséquences de leur trahison envers le peuple suédois.
36:13Il y aura des sévices terribles, comme des viols collectifs, des braquages, des meurtres contre les Suédois commis par ces étrangers.
36:23C'est le futur de vos enfants qui est en jeu.
36:27Car avec le gouvernement actuel, la Suède n'a pas d'avenir.
36:31Aujourd'hui, ces organisations néonazies se multiplient dans le pays.
36:36D'après les autorités suédoises, 17 nouveaux groupes se sont créés ces deux dernières années.
36:40Derrière ces adolescents rebelles et leur meeting à l'apparence folklorique, se cachent en réalité des jeunes très violents.
36:48Les journaux regorgent de leurs crimes de haine, comme celui d'un kurde sauvagement attaqué à coups de couteau, ou le meurtre d'un handicapé.
36:56Deux sympathisants nazis, d'un groupuscule appelé le SMR, ont filmé la torture qu'ils ont infligée à cet homme de 55 ans, avant de le tuer.
37:05Nourris au combat de rue et à l'ultra-violence, les militants néonazis scellent leur appartenance à leur groupe par des serments.
37:16Comme pour des sectes, il est très difficile d'en sortir.
37:20Seb en paye le prix aujourd'hui.
37:22Ses anciens camarades ont lancé un avis de recherche contre lui, depuis qu'il a décidé de tout laisser tomber.
37:27Attention aux traîtres, il faut couper tous les contacts avec lui, le dénoncer et le traiter comme le traître qu'il est.
37:35Les menaces de représailles sont à peine voilées, Seb vit aujourd'hui caché, coupé du monde, même la police ignore ce qu'il est de...
37:42Les menaces de briser, les militants néonazis s'estimenté, coupé du monde, même les militants néonazis s'estimenté, coupé du monde, même les militants néonazis s'estimenté, coupé du monde.
38:12Lévois, lévois, on n'est pas !
38:28Eh bien, je suis Lucio Urtubia, je suis en basque espagnol, de la Navarre.
38:34Je suis ici depuis bientôt une trentaine d'années dans ce local que j'ai créé moi-même sans rien demander à personne.
38:44Ma porte est ouverte pour faire toutes sortes d'activités en ce qui concerne les idées libertaires qui sont aujourd'hui nécessaires plus que jamais.
38:55J'avais cinq ans et demi, quand la guerre civile a éclaté en Espagne.
39:06Bon, chez moi dans ma région, ça a été horrible.
39:11Chez moi, il n'y a pas eu la guerre dans la Navarre. Il n'y a eu que la vengeance.
39:16Il y a eu presque 4000 fusilliers, 4000 gens qui n'avaient rien fait du mal à personne, je peux vous le dire.
39:23des pauvres, des salariés, des paysans qui n'avaient pas de terre, qui n'avaient rien.
39:31Si la République espagnole a été écrasée, c'est particulièrement parce qu'internationalement, elle n'a pas été aidée.
39:39Les anarchistes voulaient changer la société. Je crois qu'ils étaient fous à cette époque parce que, bon, c'était impensable.
39:49Mais quelle folie extraordinaire. Vous voyez, vouloir changer la société, une société égalitaire, une société du travail, une société où il n'y avait pas de pauvres.
40:02Tout était à partager, des écoles pour les pauvres, enfin, toutes ces choses-là.
40:07Et d'un seul coup, je me retrouve au service militaire, ces militaires qui avaient fait la guerre d'Espagne, la guerre civile, et qui n'avaient fait que participer à l'exécution des républicains.
40:19Les militaires antifascistes
40:23Je m'appelle Yves Perrin, je suis militant antifasciste.
40:27Comment je suis devenu militant antifasciste ?
40:30Disons que je suis tombé dans la marmite comme Obélix.
40:34Je suis fils de réfugié politique espagnol.
40:37Mes grands-parents, mon grand-père étaient responsables d'un parti qui s'appelait le POUM, parti ouvrier d'unification marxiste.
40:44Donc, ils se sont enfuis d'Espagne en 1939 et ils se sont retrouvés déportés en Algérie parce qu'ils ne pouvaient pas passer en France.
40:52La route avait été coupée.
40:54Donc, moi, mon premier terrain de lutte, ça a été l'antifranquisme parce que Franco était toujours vivant.
40:58Il est mort en 1975. Donc, à cette époque-là, j'avais 16 ans.
41:02En fait, j'ai commencé à militer, j'avais 15 ans. Donc, je commençais à fréquenter les groupes libertaires et notamment les vieux espagnols ou des gens qui avaient participé aux brigades internationales.
41:12Donc, ça a été l'antifranquisme. Et ensuite, après la mort de Franco, ça a été l'antifascisme parce que pour moi, il était évident que la mort de Franco n'était pas la fin d'un système politique qui continuerait jusqu'au moment où est arrivée la gauche au pouvoir.
41:28Là, d'un coup, effectivement, le terrain de l'antifascisme a été déserté par toutes les organisations politiques parce qu'il pensait qu'effectivement, la gauche au pouvoir, c'était plus le fascisme, c'était plus à l'ordre du jour.
41:39Il se trouve qu'en 1983, il y a eu des élections municipales à Marseille. Et là, effectivement, l'extrême droite a pu obtenir 10% des voix sur la question de l'immigration et de l'insécurité.
41:51Je suis parti ensuite en Amérique du Sud. Nos aînés avaient connu Cuba en 1959. C'était un rêve.
41:57Nous, on a eu le Nicaragua en 1979. Donc, en 1984, je suis parti au Nicaragua pour participer à une petite révolution en Amérique centrale.
42:07Je suis revenu au moment où le Front National a explosé. Et à partir de là, il y a une riposte qui se met en place.
42:12Un peu partout en France, il y a des groupes qui se créent. Notamment, le plus célèbre, c'est le scalp.
42:17C'est une période qui va être assez importante de développement. Parce qu'en plus, à l'époque, il se trouve que le rock alternatif explose en même temps.
42:26Et que la composante antifasciste et le rock alternatif se retrouvent très vite liés.
42:32A tous nos camarades, qui ne sont plus là. A ceux qui sont tombés, une arme au bois. A ceux qui ont rêvé, en plus d'égalité.
43:00A ceux qui ont pris, ont peiné leur affront.
43:07Après, on est rentrés dans une période, on va dire, de reflux. Parce qu'en fait, on était sur une base qui était anti-leupéniste.
43:15Et on n'a pas cherché à développer le mouvement dans des instances plus larges.
43:20Pour moi, l'antifascisme a toujours fait partie du mouvement révolutionnaire.
43:25Ce qui ne s'est pas fait. Et ce qui fait qu'au bout d'un moment, effectivement, on a commencé à tourner à vide.
43:30Et puis, donc, est arrivé l'affaire Ibrahim Ali, l'assassinat d'Ibrahim Ali.
43:34Ibrahim Ali, c'était un jeune Comoréen d'une cité, les quartiers Nord de Marseille.
43:38Il participait à un groupe de rap local qui s'appelait Bivais.
43:41Ce soir-là, donc après la répétition, ils étaient en retard.
43:44Et donc, ils couraient dans les rues pour aller rattraper le bus qu'ils devaient les ramener dans leur cité.
43:48Parce qu'après, il n'y en avait plus.
43:50Et ce soir-là, ils ont fait la mauvaise rencontre.
43:52Ils sont tombés sur des couleurs d'affiches du Front National.
43:55Et ces gens-là étaient armés.
43:58Et ils ont tiré.
44:00Ça a été un grand moment pour nous de peine.
44:11Et à partir de là, effectivement, les choses ont changé pour moi et pour certains camarades.
44:16De là a découlé l'idée de monter un groupe qui serait un groupe d'autodéfense.
44:23Et c'est de là que sont nés les FTP, Front Tireurs Partisans.
44:27Donc, à partir de là, effectivement, on va entamer, sur une période de 5-6 ans,
44:33plusieurs actions qui viseront à chaque fois les intérêts du Front National.
44:37Donc, les permanences.
44:40Et après la mort d'Ibrahim Ali, on a commencé toute une série de plastiquages
44:47qui se sont achevés en 1998.
44:51On était deux incarcérés et on a bénéficié de ce mouvement de solidarité
44:58qui est parti à la base effectivement du mouvement libertaire et du mouvement antifa
45:02et qui s'est très, très vite élargi à l'ensemble du mouvement social.
45:06On était un mouvement d'autodéfense et ça, les gens l'ont très bien compris.
45:10Et aujourd'hui, effectivement, c'est toute la société, l'État aujourd'hui,
45:29qui participe à la fascisation de la société, les hommes politiques, de droite comme de gauche,
45:33par leur discours, par leur pratique, qui participent et qui sont en train d'ouvrir un boulevard
45:38effectivement à l'extrême droite.
45:42On manque de pinceurs. Ça, c'est une chose.
45:45Et ensuite, effectivement, il faut reprendre la rue.
45:48Les deux sont liés. Donc, on a un gros travail devant nous de refondation du mouvement antifasciste radical
45:54et surtout, ne pas perdre de vue qu'on doit s'inscrire dans un mouvement révolutionnaire.
46:00Je veux dire, on n'est pas là pour sauver le cul du PS.
46:03Que les choses soient claires, on ne sera pas les pompiers de la social-démocratie, ni de la démocratie.
46:08Parce que pour moi, aujourd'hui, on ne vit plus dans un État démocratique.
46:11On est dans un affrontement de classe contre classe.
46:14Il y a d'un côté, il y a des dominants. De l'autre, il y a des dominés.
46:17Et nous, on est dans le can des dominés.
46:19Et c'est dans cette perspective-là qu'on doit s'inscrire.
46:22On n'est pas là pour juste éliminer les mauvais côtés de la démocratie, du capitalisme,
46:28qui sont où, les vilains fachos. Et après, on rentre à la maison et le système continue à exploiter les gens.
46:34Je veux dire, les choses sont claires, on ne s'arrêtera pas là.
46:36C'est Gramsci.
46:37Je pense qu'il a dit une chose qui est complètement d'actualité dans l'époque dans laquelle on vit.
46:41Il disait, le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et entre les deux rôde les monstres.
46:51On est dans la période où les monstres rôdent.
46:53L'image dans les quartiers populaires, c'est un désert politique, c'est l'expression.
46:56Il n'y a pas un désert. Il y a une tentative de dépolitiser ce qui se passe dans les quartiers.
46:59Mais il y a beaucoup de choses qui s'y passent, beaucoup de luttes.
47:01Et après, beaucoup de gens nous ont dit, c'est intéressant ce que vous dites,
47:03mais vous ne pouvez pas impacter beaucoup de gens si vous ne passez pas sur le net.
47:06Donc après, on a monté un blog, on a mis des articles, des vidéos et ainsi de suite.
47:09Ça a monté. On peut dire que ça marche un peu dans le sens où beaucoup de gens nous disent,
47:13par exemple, le démontage de ce qu'on fait de Soral, Dieudonné et de pas mal d'autres trucs.
47:16Ce qu'on dit sur les quartiers des hommes politiques classiques, comme Valls et ainsi de suite,
47:20ça sert d'argumentaire. Nous, ce qu'on veut, c'est diffuser.
47:22Parce que l'idée aussi sur laquelle on se base, c'est que l'hégémonie est passée à droite.
47:27C'est-à-dire que les mots, les concepts politiques, la droite a gagné.
47:30Et donc tout le champ politique a basculé à droite au niveau des idées.
47:33La vision qu'on a des quartiers, c'est une vision de droite des quartiers.
47:35C'est-à-dire, ce n'est pas dire que c'est là où il y a un delta de chômage supérieur à la moyenne nationale,
47:40relégation sociale, toxicomanie, femmes célibataires, discrimination, contentement des immigrés.
47:46Non, il y a des sauvages, des barbares et ainsi de suite.
47:49Donc une lecture culturaliste qui est en train de dominer et qui touche même la gauche radicale sur l'islam.
47:53L'islamophobie, ça fracture l'extrême-gauche.
47:56Une partie de l'extrême-gauche était pour la loi sur le voile.
47:58En disant oui, laïcité, ils ont complètement intégré, assimilé le discours de droite ou le discours républicain
48:03sur l'ennemi se trouve dans les faubourgs.
48:05La place des voyous, elle est en prison.
48:08Plus exigeant sur les critères de l'assimilation, parce que l'assimilation, c'est le mot qui est écrit dans la loi.
48:15Ce qui se passe, les mots qu'on utilise au jour le jour, c'est que ça ne tombe pas du ciel.
48:19C'est des luttes politiques aussi, des rapports de force.
48:21Et ça indique aussi comment on regarde les classes populaires.
48:24Elles ont été transformées.
48:25Ce n'est pas les mêmes entre la fin du XIXe siècle et maintenant.
48:28Et pourtant les analystes, pour elles, que ce soit de gauche,
48:31c'est quasiment les mêmes, on va dire, de la première moitié du XXe siècle.
48:34Primo, nous, ce qu'on défend, c'est un antifascisme politique, populaire, mais d'avant tout politique.
48:40Toutes les années 80-90, c'était un antifascisme ou un antiracisme moral.
48:43Ce n'est pas bien d'être raciste, SOS racisme ou d'autres.
48:46Ce n'est pas bien.
48:47Sauf que ça n'a pas empêché la montée du Front National.
48:49Tu ne peux pas faire des luttes politiques juste sur la morale.
48:51Parce que quand tu as des chocs sociaux énormes, la morale, elle bascule.
48:55Et puisque maintenant, elle est à droite, ça ne suffit pas.
48:57Et donc, c'est pourquoi il y a une montée de l'extrême droite,
49:00il y a une transformation stratégique de l'extrême droite
49:02qui est passée grosso modo d'un racisme biologique qui était un peu disqualifié à un racisme culturel.
49:06Et ça, ça percute mieux les gens.
49:08C'est-à-dire que les Arabes, c'est des sous-hommes et ça marche moins que de dire
49:12« Ouais, mais culturellement, les musulmans ne sont pas aptes à la démocratie ou à la République ou à l'Europe. »
49:16Donc, déjà, dire que l'extrême droite, pour une partie d'entre elles, utilise des nouveaux concepts.
49:20Donc, il faut utiliser une nouvelle stratégie.
49:22Ils sont tous sur le cultural, le racisme culturel, l'islamophobie.
49:25Et là, tu vois des connexions qui se font, objectives ou pas,
49:28entre une partie de la gauche laïcarde et une partie de l'extrême droite.
49:30Donc, l'antifascisme, pour qu'il prenne vraiment un ancrage,
49:34c'est d'abord ancré dans les quartiers.
49:36Ça a été un truc de centre-ville, quoi.
49:38La difficulté, elle est là.
49:39Il y a un tel fossé des quartiers, une telle relégation et un mépris de la gauche envers les quartiers
49:45qu'essayer d'amener là-dessus sur ces discussions, c'est très compliqué.
49:48Mais l'antifascisme, il ne peut être que populaire et politique,
49:52et pas morale et d'élite ou de centre-ville. Sinon, c'est la fin.
49:56D'abord, il faut partir du fait qu'on a perdu.
49:58Voilà, c'est la droite qui tient économiquement, politiquement, culturellement.
50:02Parce qu'avec Soral et Dieu de l'autre, tu avais des gens de gauche,
50:04qui disaient «Non, mais il est sur notre base ».
50:06Non, non, non, c'est un ennemi politique.
50:07Le problème, c'est que c'est eux qui mettent l'heure du jour du calendrier politique.
50:11L'antifascisme, c'est un peu plus, il y a plus, il y a plus, il y a plus, il y a plus.
50:30Ce n'est pas très facile, c'est une question, dans le fondation et dans le fondation,
50:36c'est qu'il y a une autre.
50:39Il y a pas un problème, c'est vrai,
50:41c'est à dire, c'est à dire,
50:42c'est à dire, c'est une démocratie, c'est une démocratie,
50:44parce qu'il y a une autre, c'est une démocratie, c'est une autre.
50:49Il peut y'a dire qu'ils sont des capitals.
50:53Ils ont des capitals.
50:54Ils ont cette grande possibilité de faire des idées à ce qu'ils n'ont pas les pieds
50:58et de cette façon,
51:00ils n'ont pas le monde à leur côté.
51:02Ils n'ont pas le monde à leur côté.
51:04À ce qu'ils n'ont pas la vie.
51:06Il y a un facilement.
51:08Le façisme est un solide.
51:10Je ne suis pas un problème avec eux,
51:12je ne te la aime pas les c'est ça.
51:14Mais, c'est un solide.
51:15C'est un solide qui est un solide qui m'aise la vie.
51:18Il y a une une une une une,
51:20il y a une une une une une une une une une une une une une une une une une une une une une.
51:22Le fascisme porte deux masques différentes, en Grèce, en France et ailleurs, mais le visage,
51:52un le même. Soyez vigilants.
52:22Sous-titrage Société Radio-Canada

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