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00:00Vous écoutez Europe 1, il est 8h moins 10.
00:04L'édito politique de Karl Meus. Bonjour Karl.
00:07Bonjour Alexandre.
00:08Vous revenez ce matin sur ce sondage publié par Le Figaro et qui montre que François Bayrou est très loin d'avoir convaincu les Français avec son plan de redressement des finances publiques.
00:18Votre conclusion Karl, c'est que ce sondage montre une triple défiance de la part des Français.
00:23Oui, une triple défiance envers le Premier ministre, les mesures annoncées mardi et les conséquences sur leur vie quotidienne.
00:30Selon cette étude menée par Odoxa pour Backbone Consulting et Le Figaro, 78% des Français ne font pas confiance à François Bayrou pour redresser les finances du pays.
00:40Résultat, 71% d'entre eux voteraient contre ce budget s'ils étaient députés.
00:45Parmi les mesures du plan, seul le gel des dépenses de l'État et la contribution des plus riches sont approuvés à peu près à 80 et 79%.
00:52La suppression des deux jours fériés est rejetée par 73% des Français, tout comme l'effort demandé de 5 milliards d'euros sur les dépenses de santé.
01:0174% sont contre.
01:02Enfin, les Français ont très bien compris que ce plan entraînerait des conséquences négatives sur leur pouvoir d'achat.
01:0887% d'entre eux estiment qu'il nuira à ce pouvoir d'achat s'il était adopté.
01:12Au-delà de la triple défiance que cette étude montre, ce qui est frappant, c'est la dégradation des réponses par rapport aux mêmes questions posées quand Michel Barnier avait annoncé son propre budget à l'automne dernier.
01:2570% des Français estiment aujourd'hui que ce plan aura des conséquences négatives sur l'économie française, 13 points de plus qu'en octobre dernier.
01:33Cela veut dire que la pédagogie mise en place par François Bayrou depuis son arrivée à Manetignon n'a pas fonctionné et peut-être qu'il a accumulé des erreurs.
01:40De quelles erreurs du Premier ministre voulez-vous parler ?
01:43J'en ai recensé au moins trois.
01:45La première est peut-être sa surestimation de sa capacité à convaincre.
01:48C'est un travers classique des hommes politiques.
01:50Il trouve parfaitement son illustration ici.
01:52François Bayrou aurait dû méditer le théorème de Pilon avant de lancer ce défi.
01:58Que nous dit l'ancien conseiller d'opinion de François Mitterrand et de Jacques Chirac ?
02:02Oui, Jacques Pilon.
02:03Plus on est haut dans l'opinion, plus celle-ci interprète favorablement ce que vous dites.
02:07Quand on dit la même chose et qu'on est en bas, les gens estiment que ce que vous dites est nul.
02:12Or, François Bayrou, on l'a dit ici, on l'a vu, est extrêmement impopulaire, carrément au niveau d'Edith Cresson et de Jean-Marc Ayrault.
02:18Il lui est donc impossible d'être convaincant dans ce contexte, surtout s'il fait l'inverse de peut-être ce qu'il aurait fallu faire.
02:24Que voulez-vous dire ?
02:25C'est la deuxième erreur de François Bayrou, c'est d'avoir été très précis sur les mesures douloureuses pour les Français,
02:31mais très flou sur d'autres économies qui auraient pourtant été indolores pour eux.
02:35Je vais vous prendre juste un exemple, c'est celui de la suppression des agences ou des comités improductifs.
02:40Il n'a pas donné de nom, ni évalué le montant des économies.
02:43Il aurait pu en citer, comme le CESE, le Conseil économique, social et environnemental,
02:47ou l'ADEME, cette agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie,
02:51qui ne trouve rien de mieux que de produire des notes pour dire aux Français
02:54combien de fois ils doivent porter leur linge avant de les laver.
02:57En réalité, c'est la troisième erreur du Premier ministre, il a sous-estimé le ras-le-bol des Français,
03:01qui, s'ils comprennent la nécessité de fournir des efforts pour redresser les finances publiques,
03:05ne comprennent pas pourquoi ils devraient payer pour les errements commis par leur classe dirigeante.
03:10En gros, ils trouvent que les efforts sont mal répartis
03:13et que le plan du Premier ministre est injuste et déséquilibré,
03:16comme l'a qualifié hier François Hollande dans Le Monde.
03:19On le disait hier, le risque pour François Bayrou est de se retrouver avec un incontentement général
03:23des Français qui feraient pression sur leurs élus.
03:27À part les sympathisants Renaissance, dans tous les autres partis,
03:29le vote contre ce plan est majoritaire.
03:3154% chez les sympathisants des Républicains,
03:3474% chez les socialistes, jusqu'à 80% chez les RN.
03:38Comment les députés, dont on connaît la sensibilité à l'humeur de leurs électeurs,
03:43pourront résister et voter en faveur d'un plan rejeté massivement ?
03:47Cette séquence illustre aussi parfaitement le décalage
03:50entre une partie des élites et des commentateurs avec les Français.
03:53Mardi soir, nombre d'entre eux félicitaient le Premier ministre
03:56pour son courage et son côté malin politiquement,
03:59jusqu'au Président de la République,
04:00qui a vanté la vertu du courage, de l'audace et de la lucidité.
04:04Vendredi, ils doivent déchanter devant la mauvaise humeur palpable des Français.
04:07Sera-t-il possible dans ce quinquennat de faire passer un deuxième projet,
04:11après les retraites, contre l'avis d'une grande majorité des électeurs ?
04:15Nos dirigeants devraient méditer ce que disait Talleyrand.
04:18Il y a des montagnes qui accouchent d'une souris,
04:20et d'autres qui accouchent d'un volcan.
04:21À méditer, effectivement.
04:23Merci, Karl Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
04:26C'était votre édito politique sur Europe 1 à la une du Figaro.
04:30Ce vendredi 18 juillet, la Syrie s'enfonce dans le chaos,
04:33le nouveau pouvoir confronté au risque d'implosion du pays.

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