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Samedi 12 juillet 2025, retrouvez Karine Lejeune (Générale de Brigade, Gendarmerie Nationale) dans SMART WOMEN, une émission présentée par Marie-Claire Capobianco.
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00:00Bonjour Karine Lejeune. Bonjour, merci de m'accueillir.
00:07Je suis ravie de vous recevoir sur ce plateau. Karine, nous nous sommes connues quand vous
00:12avez eu le prix coup de cœur des femmes d'influence, c'était en 2018. Vous commandiez les
00:19gendarmeries de l'Essonne, donc un poste ô combien de terrain, et aujourd'hui vous êtes
00:24général de brigade et vous êtes en responsabilité de la partie garde nationale au sens du corps
00:31des réservistes. Donc vous avez occupé différentes fonctions, 25 ans de carrière avec une très
00:38belle carrière, mais de différentes fonctions dans un monde qui est quand même réputé plus
00:43masculin, du moins au niveau des officiers. Alors pour lancer notre conversation justement j'avais
00:47retenu deux chiffres dans notre discussion préalable. J'avais retenu qu'en 99 quand vous étiez entré
00:52dans la gendarmerie, il y avait au niveau du personnel militaire 6% de femmes et dans
00:58le corps des officiers il y avait 1,5% et aujourd'hui donc 25 ans après, le 6% est devenu 22 si je
01:05me souviens bien, et le 1,5% est devenu 10. Alors progrès bien sûr, mais encore du chemin
01:11à parcourir sans doute. Bien sûr alors si on arrive à votre niveau élevé de général je crois que vous êtes
01:165 au total en activité donc bon 3%. Alors compte tenu de tout ce contexte, vous savez que moi mon mantra c'est
01:25la juste place des femmes donc dans les sphères de pouvoir. Donc qu'en pensez-vous ? Comment cela se passe-t-il
01:31dans le commandement militaire ? Alors effectivement quand je suis rentrée en 1999 pour faire mon service national en
01:41gendarmerie, la présence des femmes notamment dans le corps des officiers, c'était quelque chose qui
01:48n'était pas du tout encore dans l'air du temps et dans la connaissance que pouvait avoir, ne serait-ce que
01:54dans les centres d'information et de recrutement puisque c'est par là que je suis passée, et effectivement
01:59c'était quelque chose qu'on n'avait pas l'habitude de voir. 25 ans après, tous les corps de la gendarmerie sont
02:06ouverts. Nous avons des femmes dans toutes les unités, quelles qu'elles soient, que ce soit en
02:13gendarmerie départementale, en gendarmerie mobile, à la garde républicaine, au GIGN. Nous sommes de plus en
02:19plus présentes, et vous avez rappelé ces chiffres, plus de 23, maintenant 23% de personnel féminin de la
02:27gendarmerie avec une très très grande majorité de personnel militaire parce que le chiffre global pourrait
02:32aussi cacher une certaine disparité avec une forte présence de personnel civil et peu de présence
02:39militaire, ce qui est complètement l'inverse. Et après, effectivement, des officières qui ont pris
02:46leur place, alors vous disiez, toute leur place et rien que leur place, puisque effectivement, nous sommes
02:54près de 10%, avec finalement une volonté de s'intégrer comme nos camarades masculins, puisque nous suivons
03:03les mêmes formations, et que l'opérationnel et le commandement, ça s'apprend. Donc, si les garçons peuvent
03:11apprendre, les femmes, les filles peuvent apprendre aussi. Voilà. Et donc, à partir de là, nous avons vu cette
03:17progression qui, effectivement, pourrait considérer qu'on est encore au tout début de l'histoire, il y a
03:25déjà une forte progression et on a vu une très forte accélération après la fin, notamment de ce qui existait
03:33quand moi je suis encore rentrée en gendarmerie, c'est-à-dire un quota qui ne permettait pas, il y avait un quota
03:39qui ne permettait pas d'avoir plus de 5 ou 7% en fonction des forces armées. C'était un quota à l'inverse.
03:45À l'inverse. Vous ne pouviez pas avoir plus de 7% de forces armées. Et voilà, c'était un quota limitatif.
03:51Effectivement, à partir du moment où... Pourquoi ? Qu'est-ce qui était dit ? Non mais quelle était la version officielle
03:56de la raison du quota ? J'avoue que je n'ai jamais vraiment... Je ne sais pas vraiment d'où venez ce principe-là,
04:03mais en tout cas, effectivement, cette barrière tombée a permis de voir arriver toute une nouvelle génération
04:10et des générations, notamment issues du monde universitaire, c'est parti, et qui a permis vraiment
04:17d'ouvrir le champ du possible. Mais alors, vous parliez justement de la question du commandement,
04:22puisqu'en fait, ce qui est le commandement, l'autorité, alors pas des qualités masculines ou féminines,
04:29ça, je n'y crois pas du tout. Mais en revanche, on a l'impression que l'autorité, surtout militaire,
04:35appartient davantage aux hommes. Comment ça se passe ? Et en fait, comment on arrive,
04:40comment des filles, on peut les convaincre qu'elles ont toutes les capacités et que donc
04:44elles peuvent y aller aussi ? On peut les convaincre de façon assez rapide et assez facile,
04:50puisque moi, en 25 ans, ce que finalement j'ai retenu, c'est qu'on ne commande pas...
04:56On est un métier d'autorité, c'est évident, mais on ne commande pas avec autoritarisme.
05:03Et donc, l'autorité, c'est quelque chose qui... Bon, on a la personnalité des gens,
05:09hommes ou femmes, ça s'apprend également. Mais l'autorité, finalement, elle va s'incarner
05:16plus dans le milieu militaire par l'adhésion, la valeur de l'exemple, la valeur du chef.
05:22Et donc, ça, ce sont effectivement des valeurs, ce sont des modes de commandement
05:29ou de management, ce serait le terme qu'on emploierait dans le civil,
05:33que l'on peut retrouver de la même manière chez les hommes et chez les femmes.
05:36Ça ne va pas être une question de genre ou de sexe, ça va être une question de personnalité.
05:42Et donc, à partir du moment où on est là pour remplir une mission, pour montrer l'exemple,
05:47pour susciter l'adhésion, pour avoir un commandement bienveillant et pas autoritaire
05:53dans le bon sens du terme, pour moi, il n'y a pas besoin de faire un mètre 90,
05:58avoir des gros biscottos, avoir une voix très rauque et finalement porter une forme
06:04de commandement par la terreur. Voilà, ça fait bien longtemps que...
06:09Voilà, que dans les forces armées françaises, que ce soit les forces armées
06:13ou la gendarmerie, on ne commande plus de cette façon-là, avec le fouet
06:20et par la terreur. Donc, à partir de là, les femmes ont toute leur place
06:25et sans difficulté dans ce type de fonctionnalité.
06:29Et vous voyez, pour autant, dans les médias, il me semble, là, je n'ai pas fait une étude exhaustive,
06:33mais il me semble que quand on voit des généraux actuellement,
06:35pour la mauvaise ou la bonne cause, selon comment on voit les choses,
06:39de la guerre, etc., on ne voit pas de général.
06:42Alors, pourtant, elles sont là aussi.
06:47Là, vient d'être renommée du côté du ministère des Armées,
06:51la première gouverneure militaire à Lille, qui est la générale Hortement.
06:55Et donc, on voit apparaître, la gendarmerie aura très prochainement
07:00une commandante de région zonale.
07:02Et donc, ce sont des postes de très haute responsabilité
07:06et où on voit de plus en plus apparaître les femmes,
07:11ce qui, effectivement, il y a 20 ans, était impensable.
07:15Impensable, c'est sûr.
07:16Alors, venons-en justement à la réserve, parce que c'est également,
07:20enfin, la garde nationale, donc c'est également très intéressant.
07:22Est-ce qu'il y a, justement, au sein de la réserve,
07:26quelle est la place des femmes au sein de la réserve ?
07:28Est-ce qu'il y a des spécificités ?
07:30Bon, je crois que vous faites deux tiers du recrutement, entre guillemets,
07:33avec des accords dans le monde de l'entreprise.
07:36Comment ça se passe ?
07:37Comment elles sont considérées, le cas échéant ?
07:39Qu'est-ce qu'on peut dire là-dessus ?
07:41Alors, la garde nationale qui a été créée en 2016
07:44a effectivement cette vocation de promouvoir
07:46les réserves opérationnelles du ministère des Armées
07:48et du ministère de l'Intérieur.
07:50C'est pour ça qu'à la tête de la guerre nationale,
07:51il y a un général de division des armées, de l'armée de terre,
07:55et que son adjointe est un gendarme.
07:59Et dans ce cadre-là, effectivement,
08:00nous assurons un très fort partenariat avec le monde économique,
08:04avec le monde de l'entreprise,
08:06pour justement favoriser l'employabilité des salariés
08:10qui, dans leur vie personnelle, ont un deuxième métier,
08:14qui est un métier des armes,
08:15soit un métier militaire des armées,
08:17soit un métier de gendarme, soit un métier de policier
08:20depuis 2022.
08:21Et donc, on voit effectivement dans les entreprises,
08:25finalement, beaucoup de salariés qui sont engagés dans les réserves,
08:29des hommes et des femmes,
08:31puisque 24% des 90 000 réservistes opérationnels
08:36qui sont sous la coupe ou la promotion de la garde nationale
08:40sont des femmes, des sous-officières,
08:43mais également des officières,
08:46avec effectivement des parcours assez différents,
08:50mais qui toujours ramènent à cette volonté très forte des réservistes,
08:55quels qu'ils soient, de vouloir servir leur pays,
08:58de vouloir être utiles,
09:00de vouloir donner du sens à leur engagement.
09:02Et pour les femmes qui s'engagent dans la réserve,
09:08on trouve souvent dans le discours qu'elles portent vraiment
09:10cette attention très forte à la situation nationale,
09:15à la situation du monde,
09:16parfois une certaine inquiétude
09:18qui fait qu'elles franchissent un pas qui est difficile,
09:21parce que c'est vraiment concilié trois vies,
09:25deux vies professionnelles et une vie personnelle.
09:27C'est certain.
09:28Non, mais c'est vrai que le côté engagement
09:31est souvent marqué chez les femmes.
09:33D'ailleurs, on le retrouve dans le monde entrepreneurial
09:35où quand on pose la question des motivations,
09:39quand on pose la question de la façon
09:40dont elles appréhendent leur métier chez l'entreprise,
09:43il y a cette notion d'engagement qui arrive très rapidement
09:46et parfois un petit peu plus que chez les hommes,
09:48justement, à cet égard.
09:50Donc, vous m'aviez raconté d'ailleurs une anecdote
09:52sur la façon dont une entreprise avait découvert
09:56Oui, tout à fait.
09:58On a été signer une convention de partenariat
10:00avec Airbus à Toulouse.
10:02Et donc, lorsqu'on signe une convention,
10:05on a l'habitude de proposer
10:06que des réservistes de l'entreprise prennent la parole.
10:09Et là, c'est présenté sur l'estrade
10:10d'une jeune femme d'une trentaine d'années
10:12qui était capitaine
10:14et qui était commandante d'une section
10:17chez les parachutistes.
10:20Ah oui.
10:21Donc, effectivement, là, on est quand même dans un domaine
10:24où on est quand même avec beaucoup d'hommes.
10:27Et donc, elle avait expliqué, mais très simplement,
10:29qu'elle, elle avait toujours rêvé d'être militaire,
10:31que les choix de la vie avaient fait
10:34qu'elle n'avait pas pu embrasser cette carrière-là
10:37et que donc, elle s'était engagée dans la réserve.
10:40Ce qui était assez symptomatique et intéressant,
10:43c'est que, un, son employeur, pendant très longtemps,
10:46n'avait pas su qu'elle était réserviste
10:48et encore moins qu'elle commandait les parachutistes.
10:52Et eux, pour autant, étaient intéressés par son profil.
10:55Parce que, bien évidemment, le profil de cette jeune femme,
10:58c'est quelqu'un qui est rompu au commandement,
11:01à la gestion de crise,
11:03à savoir s'imposer, à savoir planifier.
11:06Et donc, bien évidemment, dès qu'ils l'ont repéré,
11:08ils l'ont capté.
11:10Et c'est le permis de faire autre chose.
11:11Exactement.
11:12Très bien.
11:13Écoutez, merci beaucoup pour toutes ces informations.
11:16Je pense que ça va ouvrir encore des nouvelles envies
11:19chez les femmes qui vont nous écouter,
11:21du moins j'espère.
11:23Qu'elles n'hésitent pas, de 17 à 72 ans.
11:26C'est possible.
11:27C'est tout, tout à fait possible.
11:28Merci beaucoup.
11:29Merci, Karine.
11:30Merci beaucoup.
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