Les psychédéliques peuvent-ils aider à lutter contre l'alcoolisme et la dépression ?

Le Nouvel Obs

16/07/2025

La première étude française de psychothérapie assistée par les champignons hallucinogènes, menée au CHU de Nîmes, affiche des résultats très prometteurs contre les troubles de l’usage de l’alcool doublés d’une dépression. Parmi les trente patients volontaires, ceux qui ont pris de fortes doses de psilocybine - la substance active des champignons hallucinogènes - ont moins rechuté que ceux qui n'avaient pris que de faibles doses. C'est ce qu'explique, devant notre caméra, l'addictologue Amandine Luquiens.

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00:00On a un taux de rechute qui est très élevé avec les prises en charge habituelles dans le trouble d'usage de l'alcool.

00:04Les psychédéliques se proposent d'être une alternative supplémentaire aux prises en charge habituelles.

00:09On a un taux d'abstinence à trois mois beaucoup plus élevé chez les personnes qui ont pris de fortes doses de psilocybine.

00:15Nous avons mené l'année dernière la première étude en France utilisant à visée médicale la psilocybine

00:34qui est classée parmi les psychédéliques classiques et qui s'adressait aux personnes qui vivent avec un trouble d'usage d'alcool

00:40et qui gardaient des signes de dépression malgré le fait d'avoir arrêté l'alcool.

00:43La psilocybine c'est la substance active qu'on trouve habituellement dans les champignons hallucinogènes

00:48et donc ça va modifier l'état de conscience pendant environ six à huit heures.

00:51Bien sûr ce qui est le plus connu c'est que je peux avoir des hallucinations notamment visuelles

00:54mais en fait c'est vraiment qu'une toute petite partie de cette expérience psychédique

00:57parce qu'il va y avoir aussi une modification de la façon dont je me conçois moi au milieu des autres êtres humains

01:03et même de la nature avec chez certaines personnes qui ont une expérience psychédique dite complète

01:08vraiment une espèce de relâchement de la conscience de soi.

01:12Ces substances elles sont capables de se fixer sur un récepteur particulier dans le cerveau

01:16qui est un des récepteurs à la sérotonine impliquée dans la régulation de l'humeur

01:19mais aussi dans la mise en place et le maintien des addictions.

01:21C'est pour ça que ça peut être une molécule d'intérêt pour prévenir la rechute d'addiction

01:26et soulager les symptômes de dépression.

01:27C'est pas une prise isolée juste de psilocybine, c'est vraiment toute une démarche aussi en psychothérapie

01:32qu'on a proposé aux patients pour les accompagner pour que ça se passe du mieux possible.

01:35On a un taux de rechute qui est très élevé avec les prises en charge habituelles dans le trouble d'usage à l'alcool

01:39et donc on a vraiment besoin de trouver des solutions qui soient acceptables pour les patients et plus efficaces.

01:44Les psychédiques se proposent d'être une alternative supplémentaire aux prises en charge habituelles

01:49mais ça reste une étude pilote.

01:51L'objectif de cette étude c'était de savoir est-ce que c'est acceptable cette nouvelle stratégie

01:55et est-ce que c'est faisable en France.

01:57Donc on montre que c'est largement acceptable et très bien supporté par les patients.

02:00On a un taux d'abstinence à 3 mois beaucoup plus élevé chez les personnes qui ont pris de fortes doses de psilocybine

02:06comparativement aux personnes qui avaient pris de faibles doses de psilocybine.

02:09Donc les résultats de cette étude nous encouragent vraiment à continuer nos travaux

02:13sur une étude de plus large ampleur qui pourra statuer sur l'efficacité de cette stratégie.

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