Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 09/07/2025
Des manifestants se sont rassemblés, ce mardi 8 juillet, pour s'opposer à la très controversée loi Duplomb. A quelques mètres de là, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, les députés s'apprêtaient à adopter le texte. Il prévoit notamment le retour de l'acétamipride, un insecticide interdit depuis 2018. Devant notre caméra, un éleveur normand dénonce un « pansement sur une jambe de bois » et défend sa vision d'une agriculture sans pesticides.

Retrouvez toute l’actualité, les reportages, les enquêtes, les opinions et les débats du « Nouvel Obs » sur notre site :
https://www.nouvelobs.com

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00La réautorisation des néonicotinoïdes, c'est quand même un pansement sur une jambe de bois.
00:04À chaque fois qu'on utilise un peu de ces produits, on s'en rend dépendant et on perd cette capacité à changer.
00:18Alors nous, on est ici pour dire que d'abord, il existe une autre voie que celle des pesticides, celle de l'agriculture bio.
00:25Si on avait dit ça plus tôt et si on avait emprunté ce chemin-là, on ne serait pas tous réunis aujourd'hui pour discuter du retour de certains pesticides.
00:34Moi, l'impact direct de cette loi, il est très limité. J'habite dans un bocage, une zone de bocage normand, où l'acétamipride est peu utilisée.
00:42Mais nous sommes tous concernés par ce retour. La réalité, c'est que c'est quand même l'arbre qui cache la forêt.
00:47Moi, dans ma ferme, il m'arrive d'être victime aussi de manière croisée de contamination.
00:51L'année dernière, j'ai dû détruire 6 hectares de sarrasin qui étaient contaminés au prosulfocarbe.
00:57Le prosulfocarbe, c'est un herbicide, le deuxième le plus utilisé après le glyphosate.
01:01Et cet herbicide est très volatile. Il vient contaminer les cultures voisines.
01:06Et nous, à ce stade, on n'a aucune solution d'anonymisation. On n'a aucune prise en charge.
01:11L'État nous abandonne à ce sort de la contamination.
01:14Et à tous ceux qui s'estiment victimes ou qui sentent subir une concurrence déloyale,
01:18moi, je leur dis que d'abord, on peut se faire accompagner pour changer, mais rien n'est impossible.
01:23Et ça, en agriculture, les années d'après-guerre ont montré qu'on était capable de tout faire, de tout changer.
01:29Et pourquoi aujourd'hui, ce serait plus difficile qu'après la guerre, quand il fallait nourrir tout le monde ?
01:34Je pense qu'aujourd'hui, on est capable de relever tous ces défis.
01:36De toute façon, le changement sera inévitable.
01:39Mais plus on attend et plus il sera difficile, c'est sûr.
01:42La question qui se pose en ce moment, c'est un peu de savoir
01:44est-ce que l'agriculture bio peut nourrir la France, l'Europe, le monde ?
01:48Et moi, je pose souvent la question à l'envers.
01:50Est-ce que finalement, ce modèle ultra-dépendant, ultra-concentré,
01:54peut continuer décemment à imaginer nous nourrir tous
01:58et continuer à exporter les mêmes volumes ?
02:01La réautorisation des néonicotinoïdes, c'est quand même un pansement sur une jambe de bois.
02:06À chaque fois qu'on utilise un peu de ces produits, on s'en rend dépendant
02:09et on perd cette capacité à changer.
02:11Mais je suis certain que, tôt ou tard, on va revenir sur ces petits pansements
02:16qui ne sont que ponctuels et qui ne sont pas des solutions d'avenir,
02:19qui sont des solutions du passé.

Recommandations