- hier
GRAND DÉBAT / Loi Duplomb : l'écologie sacrifiée ?
« Le récap » par Thibault Hénocque
La version de la loi Duplomb adoptée en commission mixte paritaire (CMP) est soumise au vote final de l'Assemblée nationale le 8 juillet 2025. Ce texte, qui avait été rejeté en première lecture par l'Assemblée, revient par la voie d'un compromis largement favorable à la version du Sénat portée par la droite. Son adoption définitive acte la réintroduction dérogatoire de l'insecticide acétamipride, classé néonicotinoïde, pourtant interdit en France depuis 2018. Elle ouvre aussi la voie à d'autres mesures controversées comme la reconnaissance « d'intérêt général majeur » du stockage d'eau via le méga bassines ou encore le relèvement des seuils d'évaluation environnementale des élevages en faveur de l'agriculture intensive. Malgré quelques concessions comme le maintien de l'indépendance de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, le compromis issu de la CMP est perçu comme une victoire politique du lobby agro-industriel, au détriment des principes de précaution et de transition écologique. Ce texte de loi cristallise les désaccords sur l'avenir d'une agriculture française plus vertueuse pour l'environnement. D'un côté, des groupes d'agriculteurs dénoncent la concurrence déloyale des autres pays de l'Union européenne qui utilisent toujours les pesticides interdits et qui vendent leurs produits ainsi traités sur le marché français. De l'autre, les défenseurs de l'environnement et certains syndicats agricoles souhaitent une interdiction totale de ces produits à l'échelle européenne, rappelant les effets néfastes de ces pesticides sur la santé des agriculteurs et la vie des pollinisateurs. La loi Duplomb est-elle dangereuse pour la santé des Français ?
Invités :
- Thomas Gibert, maraîcher en Haute-Vienne, porte-parole de la « Confédération paysanne »,
- Maxime Buizard-Blondeau, agriculteur dans le Loiret, membre du bureau des « Jeunes Agriculteurs »,
- Benoît Biteau, député « écologiste et social » de Charente-Maritime,
- Jean-Luc Fugit, député « Ensemble Pour la République » du Rhône.
GRAND ENTRETIEN / Karine Franclet : statut de l'élu, le « blues » d'une maire
Entre juillet 2020 et mars 2025, 2 189 maires ont démissionné en France, selon une étude du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) publiée en juin 2025. Lors de la dernière semaine d'examen de la session extraordinaire à l'Assemblée nationale, les députés doivent débattre d'une proposition de loi visant à créer un statut de l'élu local, afin de lutter notamment contre la désertification des mairies. Alors que les élections municipales de 2026 approchent à grands pas, le texte prévoit notamment une revalorisation de 10 % de la rémunération des élus locaux. Il propose également d'améliorer leurs conditions de départ à la retraite, avec une majoration d'un trimestre par année de mandat, dans la limite de huit trimestres. Karine Franclet, qui s'était mise en retrait de la vie politique
« Le récap » par Thibault Hénocque
La version de la loi Duplomb adoptée en commission mixte paritaire (CMP) est soumise au vote final de l'Assemblée nationale le 8 juillet 2025. Ce texte, qui avait été rejeté en première lecture par l'Assemblée, revient par la voie d'un compromis largement favorable à la version du Sénat portée par la droite. Son adoption définitive acte la réintroduction dérogatoire de l'insecticide acétamipride, classé néonicotinoïde, pourtant interdit en France depuis 2018. Elle ouvre aussi la voie à d'autres mesures controversées comme la reconnaissance « d'intérêt général majeur » du stockage d'eau via le méga bassines ou encore le relèvement des seuils d'évaluation environnementale des élevages en faveur de l'agriculture intensive. Malgré quelques concessions comme le maintien de l'indépendance de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, le compromis issu de la CMP est perçu comme une victoire politique du lobby agro-industriel, au détriment des principes de précaution et de transition écologique. Ce texte de loi cristallise les désaccords sur l'avenir d'une agriculture française plus vertueuse pour l'environnement. D'un côté, des groupes d'agriculteurs dénoncent la concurrence déloyale des autres pays de l'Union européenne qui utilisent toujours les pesticides interdits et qui vendent leurs produits ainsi traités sur le marché français. De l'autre, les défenseurs de l'environnement et certains syndicats agricoles souhaitent une interdiction totale de ces produits à l'échelle européenne, rappelant les effets néfastes de ces pesticides sur la santé des agriculteurs et la vie des pollinisateurs. La loi Duplomb est-elle dangereuse pour la santé des Français ?
Invités :
- Thomas Gibert, maraîcher en Haute-Vienne, porte-parole de la « Confédération paysanne »,
- Maxime Buizard-Blondeau, agriculteur dans le Loiret, membre du bureau des « Jeunes Agriculteurs »,
- Benoît Biteau, député « écologiste et social » de Charente-Maritime,
- Jean-Luc Fugit, député « Ensemble Pour la République » du Rhône.
GRAND ENTRETIEN / Karine Franclet : statut de l'élu, le « blues » d'une maire
Entre juillet 2020 et mars 2025, 2 189 maires ont démissionné en France, selon une étude du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) publiée en juin 2025. Lors de la dernière semaine d'examen de la session extraordinaire à l'Assemblée nationale, les députés doivent débattre d'une proposition de loi visant à créer un statut de l'élu local, afin de lutter notamment contre la désertification des mairies. Alors que les élections municipales de 2026 approchent à grands pas, le texte prévoit notamment une revalorisation de 10 % de la rémunération des élus locaux. Il propose également d'améliorer leurs conditions de départ à la retraite, avec une majoration d'un trimestre par année de mandat, dans la limite de huit trimestres. Karine Franclet, qui s'était mise en retrait de la vie politique
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00:00Bonsoir à tous et bienvenue dans Savourgarde.
00:09Au sommaire ce soir, une loi pour les agriculteurs.
00:13Oui, mais à quel prix la loi Duplon a été adoptée définitivement aujourd'hui ?
00:17Elle réautorise un néonicotinoïde et elle fait la part d'elle aux retenues d'eau
00:22et à la construction de bâtiments d'élevage intensif.
00:24Alors, faut-il sacrifier l'écologie pour sauver l'agriculture ?
00:28Quand notre modèle agricole est-il possible ?
00:30On en débat ce soir avec nos invités.
00:33On évoquera aussi ce sujet tabou, celui de la santé mentale des maires
00:37à neuf mois des élections municipales.
00:39Et alors que l'Assemblée débat d'un statut des élus locaux,
00:42la maire d'Aubervilliers, Karine Franclay, sera notre invitée.
00:45Elle a fait un burn-out il y a un an et elle vient de reprendre ses fonctions de maire.
00:49Enfin, la dissolution, on est tout juste un an après les législatives.
00:52Cela veut dire qu'Emmanuel Macron peut à nouveau dissoudre l'Assemblée.
00:55Le pistolet est chargé, mais le chef de l'État peut-il vraiment appuyer sur la gâchette ?
00:59Ce sera le thème de notre débat à la fin de cette émission.
01:02Voilà pour le sommaire.
01:03Vous savez tout.
01:04C'est parti pour Savourgarde.
01:05Mais d'abord, on ne pouvait pas commencer cette émission sans rendre hommage à Olivier Marlex,
01:21député d'Eure-et-Loire, ancien président du groupe Les Républicains à l'Assemblée.
01:25Figure respectée de l'hémicycle, il est décédé hier à l'âge de 54 ans.
01:29L'Assemblée lui a rendu hommage en observant une minute de silence cet après-midi en ouverture des questions au gouvernement.
01:37La vie politique peut être dure.
01:40Derrière les apparences qui protègent,
01:43derrière les sourires qu'on affiche parfois comme des armures,
01:47derrière les silences qu'on ne comprend pas toujours,
01:50on sous-estime toujours la solitude des êtres.
01:53Mais Olivier, tu n'es pas seul.
01:57Tu n'es pas seul.
01:58Tu comptes ici des compagnons fidèles,
02:01des amis qui perpétueront ta mémoire,
02:04celle d'un homme droit qui a dédié sa vie à l'honneur et à l'amour de son pays.
02:09Voilà donc pour cet hommage de Laurent Wauquiez à Olivier Marlex.
02:22Jean-Luc Fugit et Benoît Biteau, bonsoir à tous les deux.
02:24Bonsoir.
02:25Vous avez côtoyé Olivier Marlex pendant quelques mois, quelques années peut-être.
02:29Quels souvenirs est-ce que vous en gardez ?
02:32Écoutez, déjà je voulais dire qu'on a été évidemment choqués hier,
02:36très tristes aussi de cette disparition brutale.
02:39d'un collègue, un collègue dont on peut retenir qu'il était très engagé,
02:43aussi bien sur son territoire,
02:46ce n'est pas du hasard si c'est un quatrième mandat,
02:48et aussi très engagé à l'Assemblée nationale.
02:51Puis je pense quelqu'un qui était aussi très passionné
02:54par différents sujets sur lesquels il s'investissait,
02:57comme beaucoup d'entre nous le faisons.
02:59Et donc voilà, quelqu'un d'engagé, droit,
03:01et très investi pour son territoire.
03:03Donc voilà, un grand député qui nous a cutés de manière très brutale,
03:09et on est encore un petit peu sous le choc,
03:11parce qu'évidemment, c'est...
03:12Il y avait beaucoup d'émotions.
03:14Oui, il y avait de manière...
03:15Oui, il y avait vraiment beaucoup d'émotions.
03:17Benoît Bito ?
03:18D'abord, moi, j'ai des mots pour ses proches, sa famille,
03:21parce que quand on est député,
03:23pendant le mandat, pendant l'exercice du mandat,
03:25souvent, on met à rue d'épreuve.
03:27Notre entourage, notre vie familiale,
03:30et là, pour eux, au-delà de cette difficulté,
03:36parfois, de concilier une vie de député avec la vie familiale,
03:39ils se retrouvent avec la disparition d'un des leurs,
03:43et j'ai une pensée pour eux, parce que c'est toujours une épreuve,
03:45c'est la deuxième fois que ça m'arrive, moi, d'assister,
03:49enfin, d'être témoin de la disparition d'un élu
03:51pendant l'exercice de son mandat,
03:53c'est toujours extrêmement éprouvant.
03:55Quelles que soient nos convictions politiques,
03:58on croise le fer sur l'échiquier politique,
04:01mais on est tous des êtres humains,
04:03et je pense que cette dimension humaniste,
04:05il faut la préserver entre nous.
04:07Jean-Luc, c'est un bon exemple, on n'est pas toujours d'accord,
04:09mais on a cette relation amicale
04:12dans les couloirs de l'Assemblée nationale.
04:14Et puis après, moi, je trouve que M. Marlex,
04:16il a eu quand même du courage sur certains sujets,
04:18je pense à l'enquête sur Alstom, c'était courageux,
04:22et donc, voilà, c'est l'exemple
04:24qu'on n'est pas de la même famille politique,
04:26mais ces élus sont respectables.
04:28À partir du moment où l'élu est impliqué,
04:30engagé, et qu'il remplit ses fonctions,
04:33et qu'on ne peut pas contester ça,
04:36eh bien, il faut rendre hommage à cet élu
04:38qui disparaît pendant l'exercice de son mandat,
04:41et j'ose espérer, pour faire le lien avec le sujet
04:43que vous avez évoqué,
04:45que ce n'est pas lié justement à la santé mentale
04:49qui est parfois mise à rude épreuve
04:50quand on exercice le mandat.
04:52Merci à tous les deux pour ces quelques mots,
04:54et bien sûr, nos pensées vont à la famille
04:56et aux proches d'Olivier Marlex.
04:58On en vient donc à cette loi réclamée et attendue
05:01par la plupart des syndicats agricoles,
05:03mais pas tous, on va le voir justement sur ce plateau,
05:06la loi Duplomb.
05:07On en débat ce soir avec deux députés
05:09et deux représentants de syndicats agricoles.
05:12Jean-Luc Fugite, vous êtes député ensemble
05:13pour la République du Rhône,
05:15et vous avez porté la parole de votre groupe
05:18sur ce texte, vous êtes favorable à cette loi Duplomb.
05:20Benoît Biteau, vous, vous êtes membre du groupe
05:22écologiste et social, député de Charente-Maritime.
05:25Vous êtes vous-même agriculteur,
05:26et vous avez travaillé auparavant
05:28dans la gestion de l'eau,
05:30qui est un sujet abordé par cette loi,
05:32une loi à laquelle vous vous opposez.
05:34Et également sur ce plateau,
05:36nous sommes avec Thomas Ghibert, bonsoir.
05:38Bonsoir.
05:38Vous êtes maraîcher en Haute-Vienne
05:40et vous êtes le porte-parole
05:40de la Confédération Paysanne, pardon,
05:42qui est contre cette loi Duplomb.
05:45Face à vous, Maxime Buizar-Blondot, bonsoir.
05:48Vous êtes agriculteur dans le Loiret,
05:49vous produisez, je crois, notamment des céréales, du colza.
05:52Et vous êtes membre du bureau des Jeunes Agriculteurs,
05:54syndicat qui est favorable à cette loi Duplomb.
05:57Et pour commencer, le récap avec Thibaut Enoch.
06:04Bonsoir Thibaut.
06:11Bonsoir Clément, bonsoir à tous.
06:13Cette proposition de loi Duplomb
06:14a donc été adoptée par l'Assemblée il y a quelques instants.
06:17Oui, loi Duplomb ou loi Poison.
06:20Loi Duplomb du nom de son auteur,
06:22loi Poison selon ses détracteurs.
06:24Ce texte, en tout cas plus sobrement intitulé
06:26« Loi visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur »
06:31vient effectivement d'achever un parcours parlementaire mouvementé
06:34de huit mois par un vote définitif.
06:37Cet après-midi, à l'Assemblée,
06:38316 voix pour, 223 voix contre.
06:42Quelques minutes plus tôt,
06:43la ministre de l'Agriculture défendait un texte nécessaire à ses yeux.
06:47« C'est la souveraineté alimentaire de la France,
06:50son indépendance, qui sont menacées.
06:53Nos agriculteurs ne demandent pas de passe-droit,
06:55mais l'équité.
06:56Ils ne veulent plus subir des distorsions de concurrence
06:59issues de surtransposition nationale injustifiée. »
07:03Une adoption très large
07:04qui masque cependant de profondes divisions,
07:07majoritairement soutenues par le socle commun,
07:10le Rassemblement national.
07:11Le texte était vilipendé par la gauche.
07:14Mais il a aussi fracturé le gouvernement,
07:16la ministre de l'Écologie, Agnès Pannier-Runacher,
07:19bataillant avec la ministre de l'Agriculture
07:22avant de s'incliner.
07:24Alors justement, de quoi parle-t-on sur le fond ?
07:26Huit articles, dont deux en particulier,
07:28concentrent les critiques.
07:30Le plus contesté, la réintroduction de l'acétamipride,
07:33un pesticide de la famille des néonicotinoïdes
07:35dont l'usage était interdit en France depuis 2020,
07:39mais pas ailleurs en Europe.
07:41L'insecticide pourrait être utilisé en cas d'alternative insuffisante,
07:45précise le texte, avec une clause de revoyure à trois ans.
07:48Les producteurs de noisettes, de betteraves ou de kiwis,
07:51par exemple, pourraient en profiter.
07:53Deuxième mesure très critiquée,
07:55elle concerne les stockages d'eau
07:56qui bénéficieront d'une présomption d'intérêt général majeur
08:00de quoi faciliter l'installation de mégabassines,
08:03notamment autres bêtes noires des écologistes.
08:05Pour protester contre ces mesures,
08:07ces derniers organisaient d'ailleurs cet après-midi
08:09une conférence de presse en présence de médecins,
08:13de scientifiques et de victimes de maladies dues aux pesticides.
08:17La loi Duplomb, si elle est votée,
08:20c'est un détonateur.
08:22Répandre de l'acétamipride sur 500 000 hectares en France,
08:25ça va signifier contaminer à leur insu
08:28des milliers de personnes qui vont développer des pathologies.
08:31Des femmes enceintes, qui sont aujourd'hui bien portantes,
08:34dans quelques mois, elles vont contaminer leur fœtus
08:36sans savoir où ni comment.
08:38C'est ça qu'on nous impose avec la loi Duplomb.
08:41Des risques pour la santé qui divisent aussi le monde agricole.
08:44Près de l'Assemblée, la Confédération Paysanne
08:46participait à un rassemblement aujourd'hui contre la loi.
08:50On ne pouvait pas ne pas être là pour aller jusqu'au bout du bout.
08:54Montrer que non, le monde paysan n'est pas derrière cette loi
08:57et que ce projet de loi ne répond rien aux attentes
09:00des agriculteurs et des agricultrices.
09:02Des agriculteurs contre la loi, des images qui répondaient à d'autres.
09:06Il y a quelques semaines, des tracteurs étaient devant le Palais Bourbon
09:09pour faire pression sur les députés en faveur de l'adoption.
09:12Cette fois, c'est la FNSEA qui était à la manœuvre,
09:15le principal syndicat agricole, qui se félicite ce soir
09:18de l'adoption définitive de la loi.
09:20Mais attention, ces opposants ne désarment pas.
09:23Les députés de gauche ont annoncé qu'ils allaient saisir
09:25le Conseil constitutionnel pour tenter de faire invalider ces dispositions.
09:29Merci beaucoup, Thibaut Hénoch.
09:32Maxime Buzard-Blondeau, on vient de revoir ces images
09:34devant le Palais Bourbon il y a quelques mois.
09:35On se souvient, il y a un an et demi, de ces tracteurs
09:37qui ont bloqué la France.
09:38Votre syndicat a participé à ce mouvement-là
09:40pour réclamer moins de normes, moins de contraintes environnementales
09:44et puis aussi une meilleure rémunération de votre travail.
09:46Est-ce que la loi Duplon aujourd'hui répond à vos attentes
09:50sur ces différents points ?
09:51Déjà, on peut se féliciter que, pour une fois,
09:55les parlementaires aient tenu des promesses
09:57qui avaient été faits par des parlementaires du mandat d'avant.
10:00En l'occurrence, les mobilisations agricoles
10:02de l'hiver 2023-2024, ce n'est pas les mobilisations des syndicats,
10:06c'est des mobilisations des agriculteurs
10:08qui ont exprimé un ras-le-bol très large
10:10de contraintes déloyales entre nos règles nationales
10:14et les règles européennes.
10:15Et de ce point de vue-là, la PPL Duplon
10:18participe à lever ces contraintes
10:21et à nous mettre un peu plus sur un pied d'égalité
10:23avec nos concurrents européens.
10:25Donc oui, c'est une avancée.
10:26C'est insuffisant.
10:27On a eu une autre avancée au mois de mars
10:29avec la loi d'orientation agricole
10:31qui a favorisé notamment l'installation en agriculture.
10:35Sur la question des rémunérations,
10:37parce que c'était quand même le principal sujet de préoccupation,
10:39si je me souviens bien,
10:40quand on consultait les agriculteurs à l'époque.
10:43Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas l'État
10:44qui va rémunérer les agriculteurs.
10:45Ce qu'on veut, nous, c'est des moyens de production
10:47qui soient cohérents au sein du marché européen.
10:49On a un marché qui est commun,
10:51de mise en marché de nos productions.
10:53On doit avoir des règles communes.
10:55Aujourd'hui, on y tend sur les moyens de production,
10:57donc les produits phytosanitaires.
10:59On a encore beaucoup à faire sur le coût du travail
11:01et sur l'encadrement de manière générale de nos exploitations.
11:04Thomas Gibert, vous, vous êtes donc au sein de la Confédération Paysanne
11:08dans un syndicat d'agriculteurs qui s'oppose à cette loi.
11:11Qu'est-ce que vous lui reprochez globalement ?
11:13Déjà, je voudrais rappeler un peu l'historique de cette proposition de loi.
11:17Il faut quand même rappeler qu'elle existait, qu'elle a déjà été présentée
11:20un an avant les colères agricoles sous un autre nom
11:23qui était le nom d'une proposition de loi pour la compétitivité de la Ferme France.
11:28Donc, quand on nous fait croire que cette proposition de loi
11:31a été proposée pour répondre aux colères agricoles,
11:35ça commence à clairement nous énerver.
11:38Donc, oui, parce qu'en fait, cette proposition de loi,
11:40on le sait très bien, elle ne répond en rien
11:43en notre revendication principale qui est de vivre dignement de notre métier
11:47pour l'ensemble des paysans et des paysannes.
11:49Elle va profiter qu'à une petite poignée d'agriculteurs,
11:54toujours les mêmes, qui sont poussés par les dirigeants de la FNSEA
12:00qui, comme à chaque fois, ne défendent que leurs propres intérêts
12:04et non qu'au décliment du reste du roi agricole.
12:05C'est un certain modèle d'agriculture qui est défendu par cette loi pour vous ?
12:09Bien entendu, là, on est vraiment sur une proposition de loi
12:12qui pousse à l'avènement d'un nouveau modèle agricole
12:15dont personne ne veut un modèle d'agriculture de firme
12:19sans paysans, tenue par quelques financiers
12:22à la tête d'immenses fermes de plusieurs centaines d'hectares,
12:26voire de plusieurs milliers d'hectares,
12:27qui s'accaparent tout.
12:28Le foncier, les aides publiques, la ressource en eau,
12:32et tout ça au détriment du nombre de paysans dans les campagnes,
12:36au détriment de la santé des paysans et des paysannes eux-mêmes,
12:40puisque, je le rappelle, c'est eux et les salariés agricoles
12:43qui appliquent ces pesticides-là,
12:44donc c'est au détriment de la santé des paysans et des paysannes.
12:47Et je me demande bien comment un syndicat agricole
12:49peut mettre sous le tapis les milliers de cancers ?
12:52Alors, on va en parler, on aborde le sujet.
12:54Donc, aujourd'hui, on est clairement opposés.
12:58– Alors, on va aborder la question de…
13:00– Il y a un débat mesuré et respectueux.
13:02– Il valette, il valette, vous n'en faites pas.
13:03On va aborder cet enjeu de l'acétamipride,
13:05du nom donc de ce néonicotinoïde.
13:08Jean-Luc Fugit, est-ce que vous pouvez mettre les choses au clair déjà ?
13:11Est-ce que c'est bien le seul néonicotinoïde
13:13qui est réautorisé par cette loi ?
13:15Et quelles cultures vont être concernées ?
13:17Pour combien de temps ?
13:19– Ah, beaucoup de questions.
13:20Alors, si vous me permettez, dans un premier temps,
13:22moi, je voudrais avoir une pensée pour les agriculteurs
13:24de mon territoire, les arboriculteurs,
13:25notamment du sud du département du Rhône.
13:28Et franchement, ce n'est pas des grandes firmes, etc.
13:30C'est vraiment des petites exploitations.
13:32Et aujourd'hui, ils se trouvent face à des impasses.
13:34Vous voyez, il y a quelques semaines, c'est factuel.
13:37C'est les problématiques d'attaque de pucerons
13:39sur des pommiers chez les arboriculteurs
13:41qui, je pense, sont en ce moment.
13:42Donc, je voudrais quand même qu'on ramène les choses
13:44à leur dimension.
13:46Et aujourd'hui, l'acétamipride,
13:48c'est une molécule qui ne fait pas l'objet d'interdictions
13:50d'un point de vue scientifique.
13:52Je rappelle que l'EFSA,
13:53l'autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments,
13:57aujourd'hui, elle autorise cette molécule-là.
14:01Elle est autorisée et régulièrement réautorisée ou pas.
14:04Donc, ça, c'est en fonction des études.
14:05Et c'est valable en l'occurrence jusqu'à 2033.
14:07Et donc, avec ce texte de loi,
14:08on ne réautorise pas l'usage de molécules
14:11qui sont interdites.
14:12Les molécules interdites au niveau européen,
14:14on a le droit de ne pas être d'accord avec ce qui est fait,
14:16elles vont rester interdites.
14:17– Alors, c'est bien le seul néonicotinoïde qui est réautorisé.
14:22– Peut-être jeudi, il y en aura un deuxième.
14:24– Alors, c'est-à-dire ?
14:26Peut-être un deuxième.
14:27– Non, mais c'est parce qu'on lit des choses dans la presse,
14:29on a du mal à comprendre.
14:30Moi, je veux clarifier les choses.
14:31Vous parlez peut-être d'un deuxième néonicotinoïde.
14:33– Jeudi, l'EFSA, enfin, ce n'est pas l'EFSA, d'ailleurs,
14:35c'est le SCOPAF, qui est la comitologie européenne.
14:39Je t'ai dit plutôt européen, c'est pénible, la comitologie européenne.
14:41Mais le SCOPAF va se prononcer jeudi sur la possible autorisation
14:46d'un second néonicotinoïde.
14:47Et donc, avec la loi qu'on a votée tout à l'heure,
14:50potentiellement, c'est l'acétamipride et un autre néonicotinoïde.
14:54Son nom est imprononçable, donc je vous l'épargne.
14:58Mais dans les deux cas, on a quand même affaire à des molécules
15:01qui ne sont pas anodines.
15:02C'est-à-dire que c'est des molécules qui traversent la barrière de l'utérus.
15:10C'est des molécules qu'on retrouve dans le liquide céphalo-rachidien.
15:16Et donc, c'est des molécules…
15:17– C'est très important quand même la dérogation.
15:18– On va évoquer les enjeux de santé publique,
15:20mais je n'ai pas eu la réponse à ma question.
15:24Pour combien de cultures ?
15:25Quelles cultures vont être concernées ?
15:26Pour combien de temps ?
15:27Voilà, clarifions les choses.
15:28– Ce que je voulais rappeler, c'est que ce sur quoi notre groupe,
15:32et moi j'y ai participé, s'est battu,
15:33et je l'ai rappelé tout à l'heure à la tribune,
15:35c'est qu'il y a le texte initial qui venait de la loi Ménonville-duplomb,
15:39et non pas, c'est pas la loi Ménonville-duplomb,
15:40c'est la loi Ménonville-duplomb, c'est deux sénateurs.
15:42Je pense que dans le temps, il faut respecter les gens.
15:43– Et le rapporteur s'applique, lui, Perth ?
15:44– Ma question, s'il vous plaît, votre réponse.
15:47– Ce travail, on l'a fait, donc il a été fait d'abord avec le Sénat.
15:50Le Sénat a adopté un texte que nous ne nous convenait pas,
15:53pour mon groupe, l'ensemble pour la République.
15:54Et donc, notre groupe, il a souhaité,
15:57justement, mettre en place une dérogation
15:59qui soit du même niveau que dans celle des autres pays européens,
16:01c'est-à-dire extrêmement encadrée,
16:02notamment encadrée dans le temps,
16:04et encadrée en termes de dispositions
16:06qu'il faut pour pouvoir utiliser la dérogation
16:08et avoir accès à l'estamipride.
16:09Au départ, il n'y avait quasiment aucune condition d'utilisation,
16:13et il y avait aussi…
16:14– Donc on n'a pas la liste des cultures
16:15qui vont être autorisées à l'utiliser, c'est ça ?
16:17– On le sait, ça peut être les producteurs de noisettes,
16:20ça peut être sur la pomme,
16:21l'Allemagne a fait sa dérogation au mois d'avril dernier
16:23sur de la pomme de terre.
16:25Donc aujourd'hui, on ne sait pas exactement où est-ce que ça peut être
16:27de la betterave et de la noisette,
16:30donc vous répondre aux précisions…
16:31– Mais ça peut être, c'est-à-dire que ce n'est pas décidé ?
16:33Qui va décider ? Quand ? Comment ?
16:35– Justement, il y a un conseil de surveillance,
16:36il y a un comité de solutions,
16:37il y a un gouvernement dans ce pays,
16:39et il y a aussi des données objectives.
16:41Donc les données objectives, c'est une molécule
16:43qui est autorisée, oui ou non, au niveau européen,
16:44elle est autorisée,
16:46et ensuite, il y a les données des attaques
16:47que subissent les productions agricoles,
16:50et on voit quelles sont les molécules dont on dispose.
16:52Et je rappelle que la dérogation précise
16:54qu'on ne pourra l'utiliser s'il n'y a pas d'autres possibilités.
16:57Donc il y a quand même des conditions à remplir,
17:00ce n'est pas, on n'a pas autorisé comme ça
17:02des centaines et centaines de molécules,
17:03et surtout, j'insiste,
17:05le texte qui a été adopté tout à l'heure
17:07ne autorise pas des molécules
17:09qui sont interdites sur le plan scientifique.
17:11– On va voir un reportage sur le terrain.
17:15– Le diable est dans les détails quand même,
17:16c'est-à-dire que quand on parle de solution,
17:18c'est systématiquement le réflexe de penser
17:21que la solution, c'est une autre molécule.
17:22– Pas nécessairement.
17:23– Et je reviens sur tes producteurs de pommes
17:26qui sont attaqués par des pucerons.
17:28J'attire votre attention quand même sur le fait
17:30que quand on veut lutter contre les pucerons
17:33avec des insecticides,
17:34et donc des molécules qui détruisent la vie,
17:36c'est des biocides,
17:37on détruit certes les pucerons,
17:38mais comme elles ne sont pas sélectives,
17:40on détruit aussi le prédateur du puceron.
17:41Donc plus on va en utiliser
17:43et plus on va être dépendant de ces molécules.
17:45– On va voir la situation concrète
17:50à laquelle est confronté un producteur d'asperges,
17:53parce qu'on parle des noisettes ou des betteraves,
17:55mais il y a aussi l'asperge
17:56qui est confronté à un ravageur spécifique.
18:01Habituellement, ce producteur utilisait auparavant
18:04l'acétamipride, il en est privé aujourd'hui.
18:06Reportage de Mathéo Stéphan avec Juliette Prunier.
18:09– C'est le cauchemar des producteurs d'asperges,
18:16et le criocère est vraiment la grosse problématique.
18:19– Les criocères, ce sont ces insectes d'à peine 5 mm.
18:23Inoffensifs en apparence,
18:25ce sont les bêtes noires de Christophe.
18:27Pour grandir, ces nuisibles se nourrissent directement du légume.
18:31– Cette petite larve, elle va migrer,
18:33et en passant, elle va dévorer toute la partie verte de la plante,
18:37de sorte qu'il ne restera que la squelette, complètement sec.
18:41Elles vont manger, manger, manger, tout l'épiderme,
18:43tout le verre, jusqu'au pied, jusqu'en bas,
18:45et la plante va complètement se dessécher.
18:47– Sur ces 60 hectares, Christophe a perdu l'année dernière
18:50jusqu'à 20% de sa récolte.
18:53Pourtant, un traitement naturel est pulvérisé plusieurs fois par mois
18:56sur ces plantations, sans résultat.
18:59– Aujourd'hui, on a quelques solutions,
19:01mais avec des produits qui ont très peu d'efficacité,
19:03qu'il faut renouveler, il faut repasser tous les 8 à 10 jours,
19:06mais avec des soucis de résistance qui commencent à apparaître
19:09sur certaines parcelles,
19:11et on est de plus en plus démunis par rapport à ce problème
19:13qui est gravissime pour nous.
19:15– Depuis 2018, la France interdit l'utilisation de l'acétamipride.
19:19Christophe et toute la filière dénoncent une distorsion de concurrence.
19:23Un tiers des asperges consommées est aujourd'hui importées,
19:26à des prix largement inférieurs.
19:29– Économiquement, ça ne vaut plus le coup de faire de l'asperge.
19:32On n'a pas assez d'argent, ne serait-ce que pour rémunérer nos salariés,
19:37et après derrière, pour pouvoir dégager une marge,
19:39pour pouvoir vivre de notre travail.
19:42– Pour survivre, Christophe et les producteurs d'asperges,
19:45mais aussi la filière de la noisette,
19:47réclament le retour de l'acétamipride sur leur plantation.
19:53– Thomas Giberge, j'imagine que vous avez des producteurs d'asperges
19:55dans votre syndicat.
19:57Comment est-ce qu'ils font ?
19:58Est-ce qu'ils arrivent à produire des asperges sans néonicotinoïdes,
20:02ou est-ce qu'ils sont confrontés aux mêmes problématiques que ce producteur ?
20:05– Bien entendu, moi je suis maraîcher bio,
20:07donc je suis bien placé pour savoir qu'il est possible
20:10de produire des asperges en agriculture biologique.
20:13Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'en agriculture,
20:15il n'y a pas d'impasse technique, il n'y a que des freins économiques.
20:19C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le problème,
20:21c'est qu'on est en concurrence sur le marché international,
20:23qui tire toujours plus les prix vers le bas.
20:25Et forcément, on est en concurrence,
20:29et donc on a comme seule arme de concurrence
20:31sur ce marché international, le pesticide.
20:34Mais aujourd'hui, il faudrait…
20:36– Vous ne dites pas d'impasse technique là,
20:38lui il dit, si, moi j'ai un traitement que j'utilise,
20:41qui n'est pas efficace, je suis obligé de le faire tous les 10 jours.
20:43– Lui, ça lui fait baisser 20% de sa production,
20:47mais imaginons par exemple pour l'acétamipride sur les betteraves,
20:49puisque la vraie question, à chaque fois on parle souvent
20:52d'autres productions, mais la vraie question, c'est la betterave.
20:55Devant l'Assemblée nationale, il n'y avait que des betteraviers.
20:57La question de l'acétamipride sur la betterave,
21:00nous on a fait notre petit calcul.
21:02En gros, il faudrait augmenter de 12% le prix de la betterave
21:08pour pouvoir compenser les pertes liées au pucerot et à la jaunisse
21:11et qui sont traitées par l'acétamipride.
21:13On ne va quand même pas nous faire croire
21:15que la France ne serait pas capable de mettre en place
21:17des outils de régulation qui permettent ce rééquilibrage minime du prix
21:22ou alors mettre à de la pression sur l'agro-industrie sucrière
21:26qui se gave sur le dos des paysans et des paysannes
21:29depuis des décennies et des décennies.
21:31– Alors la betterave sucrière, c'est une grosse filière en France.
21:34Que répondez-vous ?
21:35– Que je ne vis pas dans le monde des bisonours,
21:37que de un, on sait que l'État n'a plus de moyens, malheureusement,
21:40et deuxièmement, on vit dans une économie mondialisée
21:43où tout le monde bénéficie des exportations et des importations que nous faisons.
21:47Et que sortir l'agriculture du marché communautaire,
21:50sortir l'agriculture de l'Union européenne,
21:52ça revient juste non seulement à nous créer des dépendances
21:54qui n'existent pas aujourd'hui,
21:56et en plus à augmenter le coût de l'alimentation des Français
21:58de 20, 25, 30 ou 50%.
22:00Je ne suis pas sûr que ce soit ce que veulent nos concitoyens.
22:03À côté de ça, moi j'ai un deuxième message,
22:06c'est qu'avec tout le respect que j'ai pour les parlementaires,
22:08c'est pas eux de définir ce qui est bon ou ce qui est malsain
22:10pour l'homme ou pour l'environnement.
22:12C'est aux parlementaires nationaux et européens
22:15de définir les cadres dans lesquels les produits
22:20doivent être mis sur le marché ou doivent être retirés sur le marché.
22:23Pour ça, l'Union européenne a créé l'EFSA
22:25et la France a créé l'ANSES.
22:28L'erreur originelle du débat que nous avons aujourd'hui là,
22:31c'est que les parlementaires en 2017
22:33se sont mêlés de choses qu'ils ne regardent pas
22:35et n'ont pas laissé les scientifiques décider
22:37ou non de la dangerosité du molécule.
22:39Moi je ne suis pas capable non plus de savoir
22:40si l'acétamipride est bon.
22:42Benoît Bito, vous connaissez bien le niveau européen,
22:44vous avez été eurodéputé,
22:46maintenant vous êtes parlementaire français.
22:48Il y a un problème aujourd'hui
22:49entre ces différents échelons européens et nationaux ?
22:53Il n'y a pas d'abord, la surtransposition ça n'existe pas.
22:56Il faut arrêter avec ça, ça n'existe pas.
22:58Il y a juste l'exemple des néonicotinoïdes
23:00avec la loi pour la biodiversité, c'est le seul exemple.
23:04Ben oui, mais c'est un exemple.
23:05Donc on a l'impression que la surtransposition,
23:07c'est dans tous les sens, ça n'existe pas.
23:09Je parlais de ce cas précis.
23:10Et donc, après, sur...
23:12Sur l'EFSA.
23:14L'EFSA juge que cette molécule n'est pas toxique pour l'homme ?
23:17L'EFSA, j'ai auditionné deux fois en tant que député européen
23:20le directeur général de l'EFSA.
23:22Il nous dit très clairement
23:23qu'il y a des trous dans la raquette,
23:25dans la réglementation nationale,
23:26dans la réglementation européenne,
23:28sur l'effet cocktail, sur l'exposition à long terme,
23:31et que dans la réglementation telle qu'elle existe,
23:33on devrait évaluer sur la biodiversité
23:35et sur les métabolites de décomposition
23:37et qu'ils ne le font pas.
23:38C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
23:39on a des homologations
23:41avec des trous dans la raquette énormes
23:43sur le plan sanitaire.
23:45Et je reviens quand même sur mon producteur de l'asperge.
23:47Moi, il y a des trucs qui m'interpellent.
23:5060 hectares d'asperges.
23:51C'est normal qu'il ait des problèmes sanitaires
23:53parce que quand on commence à faire
23:54des grandes étendues d'une monoculture,
23:57eh bien, effectivement,
23:58on efface les solutions basées sur la nature.
24:01Et donc, s'il avait de l'agroforesterie, par exemple,
24:04s'il avait des mélanges interspécifiques dans ses parcelles,
24:07il hébergerait les prédateurs
24:08de ces ravageurs d'asperges.
24:11Et c'est ça l'enjeu.
24:12Et sur les betteraves,
24:14puisqu'on parle des betteraves aussi,
24:15eh bien, quand on fait un maillage parcellaire
24:17d'environ 7 hectares avec de l'agroforesterie,
24:21donc des arbres dans les parcelles,
24:23eh bien, on a des chrysopes qui viennent manger les pucerons.
24:25Là, peut-être, je ne connais pas le parasite de l'asperge,
24:28mais j'ai une autre donnée,
24:30c'est qu'avec 3 couples de mésanges par hectare,
24:32on n'a plus besoin d'insecticides.
24:34Donc, réapprenons ce que la nature peut nous offrir
24:36plutôt que de penser que c'est toujours
24:39avec une molécule supplémentaire qu'on va s'en sortir.
24:40Sur les données scientifiques, Jean-Luc Fugit,
24:42effectivement, cette molécule, elle est autorisée.
24:45Mais il y a plusieurs recherches récentes
24:47qui s'inquiètent de risques,
24:49de perturbateurs endocriniens.
24:52Ça aurait des effets sur la production de testostérone.
24:55Et puis, surtout, ça a été retrouvé
24:56dans le liquide céphalo-rachidien
24:58qui est autour de notre cerveau
24:59de plusieurs enfants en Suisse
25:01et en Chine chez des adultes.
25:03Après, il faudrait regarder d'où ça vient,
25:04la crassabilité...
25:05Il y a des alertes qui sont lancées aujourd'hui
25:07par les scientifiques.
25:08Vous en faites quoi, vous, aujourd'hui ?
25:10Est-ce que le principe de précaution
25:11ne voudrait pas qu'on retire cette molécule ?
25:14Les scientifiques, aujourd'hui...
25:15Enfin, déjà, dans le domaine agricole,
25:18moi, je ne connais pas d'agriculteurs
25:19qui utilisent les molécules par plaisir.
25:21Et donc, on sait très bien
25:22qu'il y a des évolutions.
25:23Il y a déjà moins de produits phyto
25:24qui sont utilisés qu'il y a quelques années.
25:26Il y a eu des avancées
25:27avec moins de CMR, etc.
25:29C'est moi-même, c'est-à-dire...
25:31Tansérogène, mutagène et aéropro-toxique.
25:32J'ai moi-même fait adopter un texte de loi
25:35il y a quelques mois,
25:36où M. Bito aussi est opposé,
25:37pour utiliser des épandages par drone
25:40avec uniquement des produits à faible risque,
25:42c'est-à-dire biocontrôle
25:43et produits autorisés à l'agriculture biologique.
25:46Donc, vous voyez qu'on est tous dans la volonté
25:48de réduire l'impact...
25:48Mais sur ces alertes scientifiques, s'il vous plaît,
25:50elles sont là, vous en faites quoi ?
25:52Mais ce n'est pas à nous, politiques, de décider.
25:55C'est aux scientifiques.
25:55Et aujourd'hui, c'est l'EFSA.
25:56Et donc, c'est au niveau européen
25:57qu'il faut regarder ces choses-là.
25:59Et en effet, si à un moment donné,
26:00une molécule pose problème,
26:02il faut l'enlever aussi bien aux Belges qu'aux Français
26:04ou alors la mettre à tout le monde.
26:06Parce que si on enlève...
26:07Oui, parce que quand on parle des cas de la betterave,
26:09si aujourd'hui, on enlève certaines solutions
26:11à nos agriculteurs,
26:12ben pourquoi pas ?
26:13Mais à ce moment-là, il faut aussi les enlever
26:14aux agriculteurs belges ou aux Polonais
26:16pour qu'on soit à égalité.
26:18Mais là, on n'est plus sur des questions de santé publique,
26:19on est sur des questions de concurrence.
26:21C'est la productivité prime sur la santé.
26:24Donc aujourd'hui, avec cette loi,
26:26ce qu'on a voulu,
26:27c'est simplement donner les mêmes outils,
26:29les mêmes moyens à tout le monde.
26:30En revanche, quand il y a des alertes scientifiques,
26:32eh bien, elles doivent être regardées
26:34par les organismes en charge de ces études-là
26:37et ensuite, ils peuvent rendre des conclusions
26:39et nous dire, il faut retirer ou pas.
26:41Encore une fois, je ne connais pas ici...
26:43Le Parlement français, aujourd'hui,
26:44n'a pas autorisé l'utilisation d'une molécule
26:47qui est interdite par les scientifiques.
26:48Ce n'est pas vrai.
26:49Elle est aujourd'hui autorisée.
26:50Parce que si elle était interdite,
26:52elle resterait interdite.
26:53Les enfants qui ont un cancer sur Macirco,
26:55on a retrouvé de l'acétamipride
26:56dans leurs cheveux et dans leur urine.
26:58Ça doit nous interpeller, quand même.
27:00Il faudrait savoir d'où ils viennent.
27:01Mais si !
27:02Mais à part l'agriculture...
27:04On ne va pas vous mettre d'accord sur...
27:07Il n'y a que le cafard et la fourmi
27:08qui utilisent de l'acétamipride.
27:10Il y en a visiblement aussi dans l'écolier.
27:12Non, dans l'écolier en titus, ça n'existe pas.
27:14Bon, il n'y a pas que la question de l'acétamipride
27:18dans cette loi du plomb.
27:21Il y a aussi...
27:21Mais on dit du plomb.
27:22Oui.
27:23Il y a aussi celle sur les retenues d'eau.
27:25C'est l'enjeu des bassines ou des méga-bassines.
27:27La loi du plomb leur confère
27:28un caractère d'intérêt général majeur.
27:32Benoît Abito, votre parti s'est fortement opposé
27:35contre plusieurs méga-bassines,
27:37plusieurs projets de méga-bassines.
27:38Vous craignez quoi avec cette loi du plomb ?
27:40Vous craignez de ne plus pouvoir
27:41faire valoir vos arguments ?
27:43Non, on continuera de les faire valoir
27:46puisque derrière les méga-bassines,
27:48il y a beaucoup d'argent public.
27:49Parce que c'est un peu l'angle mort quand même
27:51de ce débat.
27:52C'est qu'on occulte la part d'argent public
27:55qu'il y a derrière tous ces projets,
27:56y compris sur l'acétamipride.
27:58On oublie toutes les politiques curatives
28:00qu'il faut engager pour réparer la biodiversité
28:02quand elle est dégradée,
28:03la santé quand elle est dégradée,
28:04l'eau qu'on boit quand elle est dégradée,
28:06l'air qu'on respire.
28:07Tout ça, c'est complètement mis sous le tapis
28:09alors qu'il y a beaucoup d'argent public.
28:11Et donc aujourd'hui,
28:12les méga-bassines,
28:14elles vont mourir de leur belle mort
28:16parce que financièrement,
28:17ça ne tient plus.
28:18Il y a encore un article
28:19qui explique que la COP de l'eau,
28:21chez nous,
28:21est en train de péricliter
28:23parce que le modèle économique
28:24ne tient pas.
28:25Il y a encore un jugement,
28:27aujourd'hui,
28:28qui explique que les méga-bassines,
28:29dans leur grande majorité,
28:30sont illégales.
28:31Et donc,
28:32si on doit mettre de l'argent public
28:33sur la table,
28:34ce n'est pas pour s'opposer
28:35à l'irrigation.
28:35Moi, je défends l'irrigation.
28:38Je défends même le stockage de l'eau,
28:39au risque d'en surprendre certains.
28:40Sauf que je dis qu'avant
28:42d'avancer sur les méga-bassines,
28:44il faut commencer par le début,
28:46restaurer le cycle de l'eau
28:47et donc savoir accueillir
28:49l'eau quand elle est
28:50en grande quantité
28:51sur des zones humides,
28:52par exemple,
28:53qui étaient menacées
28:54par précisément
28:54cette loi du plomb.
28:55Maxime Bizarre-Bondeau.
28:56Une fois qu'on a stocké l'eau
28:58dans les zones humides,
28:59qu'on a retenu cette eau,
29:00on la libère
29:01pour satisfaire
29:02d'autres usages de l'eau
29:03comme l'ostréiculture
29:04sur ma circonscription,
29:06on recharge
29:07les nappes souterraines,
29:08on s'exonère
29:08donc des sécheresses
29:09et des inondations
29:11parce qu'on a su
29:11accueillir les crues.
29:12Et quand on a fait ça,
29:13on a nettement moins besoin
29:15des méga-bassines.
29:15Maxime Bizarre-Bondeau,
29:16que répondez-vous
29:17à ces arguments
29:18et que répondez-vous
29:18à ceux qui disent
29:19pourquoi les agriculteurs
29:21s'accapareraient
29:22ce bien commun ?
29:23On ne s'accapare pas l'eau
29:24dans le sens
29:25où on ne la consomme pas.
29:26L'eau, on l'utilise
29:27à un moment donné
29:28et elle retrouve son cycle.
29:29Donc il n'y a pas
29:29d'accaparement de l'eau.
29:31Le premier des sujets,
29:31c'est que les méga-bassines,
29:32on n'en a pas besoin partout.
29:34Il y a un certain nombre
29:35d'endroits en France
29:35où on a des nappes phréatiques
29:36et où en effet,
29:37il faut restaurer
29:38la capacité de l'eau
29:39à s'infiltrer dans le sol
29:40et à stocker
29:41dans ses réserves naturelles
29:42que sont les nappes phréatiques
29:43qui globalement
29:44sont très bien gérées en France.
29:45Moi, je suis au-dessus
29:47de la lappe de Beauce.
29:48Ça fait 25 ans
29:49qu'on est en EGC.
29:50Le niveau varie
29:51de moins d'un pour cent par an
29:52parce qu'on a une utilisation
29:53raisonnée.
29:54Mais il n'y a pas
29:55de nappes phréatiques
29:55partout en France.
29:56Il y a un certain endroit
29:56où il n'y a pas
29:57ces réserves naturelles
29:58et il faut qu'on ait la capacité
29:59à créer des réserves artificielles
30:01pour simplement gérer
30:03le cycle de l'eau.
30:04Vous savez que déjà
30:04en temps normal,
30:05il pleut plus en hiver,
30:06il fait plus sec en été.
30:07Avec le changement climatique,
30:08c'est un phénomène
30:09qui s'amplifie
30:10et donc ce n'est pas lié
30:11à une mauvaise utilisation
30:17de 20 ans et de l'été,
30:18là où la plante
30:18a besoin d'eau
30:19pour finir son cycle
30:20de croissance
30:21que de créer ses réserves.
30:23Aujourd'hui,
30:23si on ne fait pas ça...
30:24Alors allez-y
30:25parce qu'on ne vous a pas
30:25entendu depuis longtemps,
30:26Thomas Ghibert.
30:27Si on ne fait pas ça,
30:28l'agriculture va disparaître
30:30d'un certain nombre
30:30de territoires en France.
30:31Honnêtement,
30:32je pense que c'est le combat
30:33de la décennie
30:33et de la décennie d'avenir
30:34que de réussir à maintenir
30:36l'agriculture
30:36sur l'ensemble
30:37du territoire français.
30:38Thomas Ghibert,
30:38Thomas Ghibert.
30:39Benoît Abito,
30:40vous avez eu beaucoup la parole.
30:40Thomas Ghibert,
30:41s'il vous plaît.
30:423% des agriculteurs
30:43sont irrigants.
30:43On est en train de nous dire
30:44que la souveraineté alimentaire
30:46rentre sur ces pourcents.
30:47Vas-y, Thomas.
30:48Il faut bien comprendre,
30:51là, il y a un mensonge,
30:52encore une fois.
30:53Les méga-bassines
30:54sont remplies
30:55par les nappes phréatiques
30:56et pas par l'eau d'hiver
30:58qui coulerait
30:59et qui serait remplie.
31:01Donc, il faut arrêter
31:02avec cet argument
31:03qui est fallacieux.
31:04Le système méga-bassines
31:05est un système
31:06qui saccate par l'eau
31:07par quelques-uns
31:08au détriment
31:09de l'ensemble
31:11du monde agricole.
31:12Nous ne sommes clairement
31:13pas contre le stockage
31:14de l'eau.
31:15Moi, je suis moi-même
31:16irrigant.
31:17J'ai moi-même
31:18un projet de stockage
31:19de retenue collinéaire.
31:22Et aujourd'hui,
31:23ce qu'on dénonce,
31:25c'est l'accaparement
31:27de cette ressource.
31:28C'est quoi la différence
31:28entre vos projets
31:29et une méga-bassine ?
31:31Ce que nous disons,
31:33c'est qu'on a besoin
31:34d'une politique de l'eau
31:35qui partage la ressource
31:36pour un maximum
31:38de paysans et de paysannes
31:39et qui priorise
31:40ce que l'on veut irriguer.
31:42Qu'on priorise
31:43plutôt que d'arroser
31:45des cultures
31:46vouées à l'exportation
31:47ou des cultures
31:48qui vont dans les méthaniseurs,
31:50plutôt des cultures
31:51qui en ont clairement besoin
31:52comme les fruits et légumes,
31:55l'abreuvement des animaux
31:56et qui sont absolument nécessaires
31:58à la souveraineté alimentaire
31:59de la France.
32:00Jean-Luc Fugitte,
32:00vous vouliez réagir, je crois.
32:01Oui, je voulais réagir
32:02parce que le texte
32:03qui a été adopté tout à l'heure,
32:06il rend en effet,
32:07il dit que les stockages d'eau
32:08c'est quelque chose,
32:09c'est un intérêt majeur public
32:10et c'est important.
32:12Il n'y a pas que les méga-bassines.
32:13Moi, je ne suis pas un grand fan
32:14des méga-bassines
32:14et je l'assume, vous voyez.
32:15Par contre, je trouve
32:16que les retenues collinaires
32:17d'une certaine taille,
32:18je trouve que c'est peut-être
32:20un modèle à vraiment développer,
32:21en tout cas nous,
32:22dans le département de l'Europe.
32:22Est-ce qu'il ne faut pas aussi
32:23adapter les céréales
32:25qu'on fait pousser,
32:25par exemple,
32:26on parle du maïs ?
32:27Est-ce qu'il peut y avoir
32:27des évolutions ?
32:28Il peut y avoir des évolutions.
32:37Il faut les accompagner.
32:38Petite remarque.
32:39Notre groupe,
32:40quand on a négocié
32:41dans la commission mixte paritaire
32:42pour se mettre d'accord
32:43sur ce texte avec le Sénat,
32:44notre groupe,
32:45sous l'impulsion
32:46que j'ai un petit peu portée,
32:47on a souhaité retirer
32:48tous les aspects attaques
32:49un petit peu, entre guillemets,
32:50sur les zones humides
32:51qui étaient dans le texte initial.
32:53Tout ça pour dire
32:53qu'on a essayé
32:54de faire un texte équilibré,
32:55un texte intéressant
32:56et je regrette d'ailleurs
32:57qu'on n'ait pas pu aller
32:58jusqu'à protéger un peu plus
32:59les captages d'eau
33:00tels que notre groupe
33:01le portait,
33:02avec notamment la proposition
33:03de ma collègue Sandrine Lefeur.
33:05Alors, on arrive au terme du débat.
33:06Vous avez la question de l'eau,
33:07vous avez la question
33:07de la souveraineté
33:08d'ailleurs pour la production
33:09et aujourd'hui,
33:10moi je le vois
33:11dans le sud du Rhône,
33:12les agriculteurs
33:12qui ont,
33:13maraîchers,
33:14arboriculteurs,
33:14qui ont accès à l'eau,
33:16ils sont aujourd'hui
33:17entre guillemets
33:18en meilleure situation
33:19que les autres.
33:20Merci Jean-Luc Fugit.
33:21C'est vraiment important
33:21de parler.
33:2160% des volumes d'eau
33:22vont vers le maïs.
33:2360% des volumes d'eau
33:24vont vers le maïs.
33:25Et pendant ce temps,
33:27on a des fruits et légumes
33:28qui mériteraient
33:28d'être irrigués.
33:29Eh bien,
33:30si on enlevait de l'équation...
33:31Vous allez saisir
33:31le Conseil constitutionnel
33:32contre cette loi
33:33et sur quelle base ?
33:34Oui, monsieur, pardon.
33:35Sur quelle base ?
33:36Sur la base
33:37des attaques frontales
33:39du Code de l'environnement,
33:40notamment dans ce texte de loi.
33:42Merci à tous les quatre
33:44d'être venus débattre
33:45sur ce plateau.
33:47C'est la fin de ce débat
33:47sur la loi du plomb,
33:48mais pas sur les dossiers agricoles
33:49dans l'actualité politique
33:50des semaines à venir.
33:51Il y a notamment
33:51la politique agricole commune
33:53qui est un sujet
33:53de préoccupation partagée
33:55par vos deux syndicats
33:55pour le coup.
33:56On en reparlera évidemment
33:57sur notre antenne prochainement.
34:00À neuf mois des municipales,
34:02on se penche à présent
34:03sur la santé mentale
34:04des maires
34:05avec la maire d'Aubervilliers.
34:06Bonsoir, Karine Franclay.
34:08Bonsoir.
34:08Il y a un an,
34:09vous avez fait un burn-out,
34:10vous avez fini par vous mettre
34:11en arrêt maladie
34:12pour vous soigner.
34:12Vous êtes revenu
34:13il y a quelques semaines.
34:15Votre témoignage est précieux
34:16car cela reste un sujet tabou.
34:18Thibaut Hénoc.
34:20Si on vous invite,
34:21Karine Franclay,
34:23c'est que vous faites partie
34:24de ces élus
34:25qui n'en peuvent plus.
34:27Maire d'Aubervilliers
34:28en Seine-Saint-Ni
34:28depuis 2020,
34:30vous avez annoncé
34:30en février dernier
34:32vous mettre temporairement
34:33en retrait de vos fonctions,
34:35décrivant une forme
34:36de burn-out municipal.
34:38Ces derniers mois,
34:39j'ai senti une fatigue profonde
34:41s'emparer de moi,
34:42insidieusement.
34:43J'ai voulu ignorer les signes,
34:44avancer coûte que coûte,
34:46comme on l'attend d'un élu,
34:47avec l'exigence
34:48que suppose mon engagement.
34:50Jusqu'à ce que mes limites
34:51s'imposent à moi.
34:52Quatre mois plus tard,
34:53vous avez repris les rênes,
34:55mais de cette expérience,
34:56vous tirez une volonté,
34:57briser le tabou
34:58de la santé mentale
35:00des élus.
35:01Car votre cas n'est pas isolé,
35:03le phénomène
35:04ne cesse de croître.
35:05Il y a une expression
35:06d'exaspération croissante.
35:09Il y a 41 démissions
35:10de maires par mois
35:10depuis le début du mandat.
35:12C'est deux fois plus
35:13que la décennie précédente.
35:14Depuis 2020,
35:152 189 démissions de maires
35:17ont ainsi été enregistrées.
35:19À l'échelle du pays,
35:2183% de vos semblables
35:22estiment leur mandat usant
35:24pour leur santé.
35:25Un tiers fait face
35:26à un risque d'épuisement
35:27et 3,5% des maires
35:30présentent même
35:31un risque de burn-out sévère.
35:33Des chiffres inquiétants
35:34qui s'expliquent
35:35par des cadences infernales,
35:3772 heures par semaine
35:38en moyenne,
35:39mais aussi le poids
35:40de la fonction.
35:41En tête des principaux facteurs
35:43de stress figurent ainsi
35:44la complexité
35:45et la lourdeur administrative.
35:48Face à ce constat
35:49et au risque
35:49d'une désaffection croissante,
35:51une proposition de loi
35:52sur le statut de l'élu
35:53est en ce moment
35:54à l'Assemblée en discussion.
35:56Indemnité revalorisée,
35:57remboursement des frais de garde
35:59pour les parents,
36:00sécurisation des congés.
36:02À quelques mois
36:03des municipales,
36:04il y a urgence
36:05car le risque
36:06d'une désaffection guette.
36:0730% des maires actuels
36:09des villages
36:10de moins de 500 habitants
36:11envisagent de ne pas
36:12se représenter
36:13en mars prochain.
36:14Bonsoir, Karine Franclé.
36:18Bonsoir.
36:19Alors, vous avez repris
36:19vos fonctions de maire
36:20il y a quelques semaines à peine.
36:21Comment ça se passe ?
36:22Et ça se passe très bien
36:23parce que j'ai pu prendre
36:25le temps,
36:26ce temps de maintenance
36:27nécessaire.
36:28C'est comme ça
36:28que vous dites ?
36:29Oui, parce que qui dit maintenance
36:30dit réglage.
36:31Et ce temps de maintenance,
36:32je l'ai pris certes
36:33sans doute un peu trop tard,
36:35mais il était plus qu'essentiel
36:36et j'ai pris le temps
36:37qu'il fallait
36:38pour pouvoir revenir
36:40en forme
36:41et surtout
36:42en pleine capacité
36:43pour être au service
36:44de mes administrés.
36:45Alors, vous parlez
36:46de réglage,
36:47de maintenance,
36:47ça veut dire
36:48que vous avez changé des choses,
36:49vous faisiez des choses
36:49avant que vous ne faites plus
36:50aujourd'hui ?
36:51Comment, quoi concrètement ?
36:51Il faut aborder les choses
36:52différemment
36:52parce que c'est vrai
36:53que quand on est élu,
36:55surtout quand c'est
36:55un premier mandat,
36:57on doit faire face
36:58à des sujets
36:59qui sont aussi multiples
37:01que variés.
37:01Vous passez du montage
37:03d'un dossier en rue
37:05aux émeutes
37:07puis vous n'êtes pas
37:07forcément formé
37:08donc c'est pour ça
37:09aussi que la loi
37:11qui propose la formation
37:12sera très importante
37:14puis vous avez l'impression
37:15de devoir répondre
37:17absolument à un truc.
37:18Il y a aussi
37:18une forme de violence
37:19parce que les sollicitations
37:21dans une ville
37:22surtout comme Aubervilliers
37:22elles sont multiples.
37:24Alors comment vous vous protégez
37:26de tout cela aujourd'hui ?
37:27Qu'est-ce que vous ne supportiez
37:29plus avant
37:30et qu'aujourd'hui
37:30vous avez peut-être
37:31délégué à d'autres ?
37:32Comment vous gérez ces choses ?
37:33C'est une façon
37:34d'abord de voir les choses
37:35de se dire
37:35qu'il faut aussi oser
37:38demander aux autres
37:40de faire les choses
37:40peut-être
37:42arrêter de vouloir être
37:44assez féminin
37:46mais première de la classe
37:47forcément tout maîtriser
37:48aussi avoir la bonne équipe
37:49parce que quand c'est
37:50le premier mandat
37:50on n'a pas forcément
37:52toujours tout de suite
37:53la bonne équipe
37:53parce que quand vous
37:54ne connaissez pas le travail
37:55comment vous voulez savoir
37:57de quoi vous avez besoin
37:58de qui vous avez besoin
38:00pour vous entourer
38:01donc tout ça
38:01ça prend du temps
38:02et donc c'est vrai
38:04qu'aujourd'hui
38:04j'ai une équipe aussi
38:05beaucoup plus solide
38:06mes élus aussi
38:08de ma majorité
38:09qui sont plus aguerris
38:10parce que comme moi
38:11ils ont dans son
38:11à leur cinquième mandat
38:12et donc
38:13c'était plus facile
38:15de pouvoir m'arrêter
38:17et c'est plus facile
38:18de pouvoir faire
38:18les choses différemment.
38:19Vous ménagez des temps
38:20pour votre vie familiale
38:22votre vie privée ?
38:23Maintenant je le fais
38:24beaucoup plus
38:24parce qu'effectivement
38:25je suis aussi maman
38:26de deux jeunes garçons
38:27et puis au début
38:29je ne pensais pas
38:30que c'était 24h sur 24
38:327 jours sur 7
38:33alors ça l'est toujours
38:34mais maintenant
38:34il y a des temps
38:35qui leur sont dédiés
38:37sacralisés
38:37et je sais dire
38:38ben là non
38:38c'est pas possible
38:39il y a les enfants
38:40et puis on se rend compte
38:41que ça marche très bien
38:41comme ça.
38:42Comment les habitants
38:43ils ont pris
38:44votre décision
38:45de vous arrêter
38:46comme ça
38:46pendant quelques mois ?
38:48Alors je pense que ceux
38:48qui me connaissaient
38:49n'étaient pas surpris
38:50en tout cas pas surpris
38:51que je le dise
38:51parce que je pense
38:53qu'on me connaît
38:53pour ma franchise
38:55des fois peut-être
38:56trop franc
38:57donc je pense que pour eux
38:58c'était normal
38:59que je leur dise les choses
39:00et il y a vraiment
39:01une vague de solidarité
39:03et de soutien
39:04que ce soit
39:04de mes élus
39:06de l'opposition
39:07à une exception près
39:08de mes proches
39:10de mon premier
39:11ça n'a pas été un problème
39:12du tout
39:12Au contraire
39:13ça m'a porté
39:13leur soutien m'a porté
39:15Vous disiez
39:15j'ai peut-être pas voulu
39:17voir les choses
39:18au début
39:18c'est-à-dire
39:19qu'est-ce qui s'est passé
39:20au début ?
39:21En fait au début
39:22voilà
39:23vous pensez déjà
39:25être maire d'Aubervilliers
39:27moi j'étais avant
39:28j'étais principale
39:29de collège
39:29d'un seul coup
39:30vous devenez maire
39:32d'une ville
39:32de 88 habitants
39:34pardon un peu plus
39:35même dans un secteur
39:35difficile
39:36que vous faites basculer
39:38donc il y a un peu
39:38ce côté aussi
39:39que vous faites tout le temps
39:41des choses
39:42qui sont un peu
39:43extraordinaires
39:44en deux mots
39:46j'insiste
39:47dans toute humilité
39:48et je pense que pour moi
39:49c'était pas possible
39:50d'arrêter
39:50puis c'est aussi un peu
39:51dans mon caractère
39:52tu seras les dents
39:53et tu y vas
39:54C'était quoi les symptômes
39:55les premiers symptômes ?
39:56Vous ne vous levez pas le matin
39:57c'est votre fils
39:58qui vous réveille
39:58et l'heure de l'école
39:59est déjà passée
40:00depuis longtemps
40:01Et c'est là
40:02que vous vous êtes dit
40:03il y a un problème ?
40:04Non là je me suis dit
40:05ça va être les vacances
40:06ça va aller
40:06puis après il y a le moment
40:07où vous pensez
40:08que vous allez vous en sortir
40:09toute seule
40:09il y a le moment
40:09où vous êtes dans le déni
40:10il y a le moment
40:11où vous faites semblant
40:12d'aller mieux
40:12pour qu'on vous foute la paix
40:13et puis après
40:15il y a le moment
40:15où vous écoutez vos proches
40:17et vraiment
40:17des amis
40:19de la famille
40:20de mon cabinet
40:20C'était quoi le déclic ?
40:21Mes enfants
40:22quand deux amis
40:23après c'est
40:24une accumulation
40:25de gens de confiance
40:26que ce soit amis
40:27cabinet
40:28famille
40:30qui m'ont alertée
40:31et le déclencheur
40:32a été quand deux de mes amis
40:34ont forcé ma porte un soir
40:35en disant
40:35Karine
40:35si tu le fais pas pour toi
40:37tu le fais pour tes fils
40:38Le sujet de la santé mentale
40:39c'est difficile d'en parler publiquement
40:41mais quand on est une personne publique
40:42c'est encore plus difficile
40:44vous pensez ?
40:45Alors peut-être
40:46mais moi j'ai pas réfléchi
40:48pour moi c'est important
40:49de dire les choses
40:50je suis câblée comme ça
40:51quand je fais quelque chose
40:52je le dis
40:52donc quand la décision a été prise
40:56forcément
40:57mon cabinet
40:59m'a posé la question
41:00avec
41:00la directrice de la communication
41:03de la ville
41:03Karine
41:03est-ce qu'on le dit ?
41:04On le dit pas
41:04et pour moi c'était évident
41:05il fallait le dire
41:06et finalement c'est avec le recul
41:08que je me rends compte
41:09que j'étais finalement
41:10la première à le faire
41:11et qu'il y a eu un retentissement
41:12et en fait ça m'a aussi aidée
41:14Alors votre témoignage
41:15il intervient au moment
41:16où l'Assemblée
41:17est en train de débattre
41:18d'une proposition de loi
41:19pour créer un statut
41:20de l'élu local
41:22est-ce que ce texte
41:23il apporte des réponses
41:25à des problèmes
41:26auxquels vous avez été confrontés
41:27qui ont pu peut-être
41:27nourrir ce burn-out ?
41:30Je pense qu'il est
41:31c'est un excellent point de départ
41:32je pense qu'on peut encore
41:34le parfaire
41:35mais si on veut
41:36un engagement
41:37et un engagement durable
41:38améliorer la formation
41:40mieux accompagner
41:42et mieux protéger les élus
41:43pour moi c'est les trois piliers
41:44donc c'est essentiel
41:45C'est présent dans ce texte ?
41:46C'est présent dans ce texte
41:47donc ce texte il va dans le bon sens
41:48je pense qu'il faudra peut-être
41:49même encore aller
41:50un peu plus loin
41:51mais c'est un bon point de départ
41:53Il y a notamment des mesures
41:55pour aider les élus
41:56à concilier leur mandat
41:58avec leur vie personnelle
41:59leur vie privée
42:00notamment sur les gardes d'enfants
42:03les congés maternités
42:04tout ça c'est des sujets
42:05concrets
42:05C'est des sujets concrets
42:06qui sont importants
42:07et vraiment aussi
42:08le sujet de la formation
42:11et puis il faut aussi
42:12La formation pourquoi ?
42:13Parce qu'en fait
42:13du jour au lendemain
42:14vous êtes confrontée
42:15à des dossiers
42:15très divers
42:16très techniques aussi
42:17Moi j'étais conseillère régionale
42:18en charge du décrochage scolaire
42:19je connaissais quand même un peu
42:21le monde des collectivités territoriales
42:24j'étais principale de collège
42:26donc je savais faire tourner
42:27un conseil d'administration
42:28mais urbanisme
42:31enfin il y a plein de finances publiques
42:34je veux dire
42:34les finances d'un collège
42:36et le budget d'une ville
42:37c'est pas la même chose
42:39donc oui il y a une formation
42:41et puis la formation
42:42elle permettrait aussi
42:44de parler le même langage
42:45que votre administration
42:46quand vous commencez
42:47parce que si vous n'êtes pas éclairé
42:49on peut peut-être
42:49on n'est pas forcément
42:50il y a aussi un risque
42:51de pas forcément
42:51qu'on vous éclaire
42:52pas forcément dans le bon sens
42:53donc la formation
42:54elle est essentielle
42:55Quand on est élu
42:57on s'engage pour les autres
42:58alors sans forcément
42:58penser à la rémunération
43:00qui est liée à cet engagement
43:01c'est un sujet
43:03l'accent est mis là-dessus
43:04dans la loi
43:05sur le statut des élus
43:06pour revaloriser
43:07notamment les indemnités
43:08des maires de petites communes
43:09ça c'est important
43:10Le point il est essentiel
43:11c'est parce que c'est vraiment
43:12ce que j'allais vous dire
43:12moi j'estime
43:13en étant maire d'une grosse commune
43:15j'ai la chance
43:15j'ai une administration
43:17très structurée
43:18j'ai un cabinet
43:19avec 4 personnes
43:20moi je vois
43:21les maires de petites communes
43:22ils sont tout seuls
43:24ils ont un secrétaire
43:26ou une secrétaire de mairie
43:27à temps partiel
43:28et leur seule ressource
43:29c'est le sous-préfet
43:32heureusement
43:32dans les milieux ruraux
43:33qui sont là
43:34pour les aider
43:35et les accompagner
43:36et souvent
43:37qui va vérifier
43:38si la déclaration d'urbain
43:40est ok
43:41c'est le maire lui-même
43:42la rémunération
43:43elle intervient là-dedans
43:44pour pouvoir consacrer
43:45plus de temps
43:45à la mairie
43:47parce que sur des petites communes
43:48c'est dérisoire
43:48on ne peut pas
43:49c'est énorme
43:51un peu plus de 1000 euros
43:52par mois
43:53pour un maire
43:53de commune
43:54de moins de 500 habitants
43:55oui
43:55c'est pas assez
43:56c'est pas assez
43:57il y a un chiffre assez marquant
43:58qui a été rendu public
43:59le mois dernier
44:00par le Cévis-Pof
44:012189 maires
44:02ont démissionné
44:03de leur mandat
44:04entre 2020 et 2025
44:05ça représente 6%
44:07des maires
44:07c'est un niveau
44:08sans précédent
44:09comment est-ce que
44:10vous l'expliquez vous ?
44:11ça évoque
44:11c'est un symptôme
44:12ça prouve
44:14que quand l'élu
44:15n'est pas
44:15ni protégé
44:17ni formé
44:18ni accompagné
44:19c'est la démocratie
44:19qui est fragilisée
44:20quand on rentre plus en détail
44:22sur les raisons
44:22de ces démissions
44:23les élus citent
44:24par ordre d'importance
44:25les trop fortes exigences
44:27de leurs citoyens
44:28de leurs administrés
44:30les relations complexes
44:31avec les services de l'État
44:32difficulté à concilier
44:33le mandat
44:34et la vie personnelle
44:35et enfin
44:35le sentiment d'insécurité
44:36et de surexposition
44:37face au comportement
44:38des administrés
44:39quand on cumule
44:40la trop forte exigence
44:41des citoyens
44:42et le sentiment
44:43d'insécurité
44:44face au comportement
44:45des administrés
44:46on sent qu'il y a
44:47une très grosse pression
44:48et de l'opposition
44:48on peut le dire aussi
44:49parce qu'il ne faut pas
44:50oublier
44:50que le conseil municipal
44:52ça peut être une arène
44:53alors toute mon opposition
44:54n'est pas comme ça
44:55mais oui
44:56moi je me prends des fois
44:57des attaques personnelles
44:58sur ma vie personnelle
44:59sur mes enfants
45:00plein conseil municipal
45:01et vous n'étiez pas engagé
45:02pour ça
45:02c'était pas parce que
45:04vous pensiez
45:04les attaques personnelles
45:05ok mais quand on touche
45:06avec 6
45:07j'aime moins
45:08et puis la violence
45:10la plus grande des violences
45:11c'est celle de ne pas
45:11pouvoir répondre
45:12aux besoins des administrés
45:14parce qu'on n'est pas
45:15forcément compétent pour
45:16ça c'est vraiment
45:17un sentiment d'impuissance
45:18c'est violent
45:19et puis oui
45:19moi je me suis déjà
45:20fait brûler ma voiture
45:21en début de mandat
45:22quand on a changé
45:23les bips d'accès
45:24au garage municipal
45:25et puis une fois
45:27alors comment protège
45:28les maires
45:28de ces violences
45:29verbales
45:30et parfois physiques
45:31ouais
45:31ben écoutez
45:32ça c'est aussi
45:33aux administrés
45:34d'avoir peut-être
45:35un peu plus
45:36de raison
45:38après c'est pas
45:39avec la police municipale
45:41ça ne règlera pas
45:42tous les problèmes
45:42mais en tout cas
45:43il faut s'y préparer
45:44au moins y être prêt
45:4630% des maires actuels
45:48de villages
45:48de moins de 500 habitants
45:49ne souhaitent pas
45:51se représenter
45:52il va y avoir un problème
45:53aux prochaines municipales
45:54vous pensez
45:55c'est une crise de vocation
45:56notamment dans les petites communes
45:57j'espère que justement
45:59cette loi
45:59elle va permettre
46:00d'éviter cette crise
46:02parce que c'est
46:02une vraie problématique
46:03c'est une vraie problématique
46:05elle était urgente
46:05cette loi
46:06et alors si on regarde
46:07qui est candidat
46:08ce sont surtout
46:09des hommes
46:10âgés
46:10retraités
46:11dans les petites communes
46:12en général
46:13au municipal
46:14il y a une
46:15surreprésentation
46:16des hommes retraités
46:17comment faire
46:19pour que les jeunes
46:20femmes actives
46:21se lancent davantage
46:22dans cette aventure
46:23et bien justement
46:24en permettant
46:25surtout dans les petites
46:26communes rurales
46:27moi je vois
46:27j'ai grandi dans une commune
46:28de 300 habitants
46:29effectivement
46:29vous aviez raison
46:30non c'était pas un retraité
46:32mais c'était un homme
46:33maintenant c'est une jeune femme
46:34et je pense qu'effectivement
46:36elle sera contente
46:36cette mère de petite commune
46:38de Picardie
46:39de 300 habitants
46:39de savoir
46:40qu'elle aura des facilités
46:41pour faire garder ses enfants
46:42merci beaucoup Karine Francklet
46:44vous comptez vous représenter
46:45dans neuf mois
46:46pour le moment
46:47ce qui m'importe
46:48c'est de finir mon mandat
46:49de le faire correctement
46:49parce qu'on commence quelque chose
46:51on le fait jusqu'au bout
46:52et on le fait bien
46:53on verra ça donc
46:53dans quelques mois
46:54merci encore à vous
46:55c'est l'heure
46:56de notre grand angle
46:57à présent
46:57et on accueille ce soir
47:06Stéphanie Despierres
47:07et Antoine Oberdorf
47:08bonsoir à tous les deux
47:10Stéphanie vous êtes
47:10journaliste parlementaire
47:11à LCP
47:12et Antoine journaliste politique
47:13à l'opinion
47:14c'est donc officiel
47:15depuis aujourd'hui
47:16Emmanuel Macron
47:17peut à nouveau
47:18dissoudre l'Assemblée
47:19mais la menace
47:20est-elle à prendre au sérieux
47:21élément de réponse
47:22avec Marion Becker
47:23j'ai décidé
47:25de vous redonner
47:26le choix de notre avenir
47:28parlementaire
47:29par le vote
47:30je dissous donc
47:33ce soir
47:33l'Assemblée nationale
47:35c'était il y a
47:36un peu plus d'un an
47:37le choc de la dissolution
47:39place désormais
47:41au réarmement
47:42institutionnel
47:44Emmanuel Macron
47:45peut à nouveau
47:46dissoudre
47:47une menace
47:48à peine voilée
47:49dont il se sert
47:51pour revenir
47:52et reprendre la main
47:54dans le jeu politique
47:55ce week-end
47:56pour le 10e anniversaire
47:58des jeunes avec Macron
47:59mais j'ai aussi besoin
48:00de vous
48:00pour dans deux ans
48:02pour dans cinq ans
48:03pour dans dix ans
48:05parce que vous serez là
48:07ou lorsqu'il préside
48:09une réunion
48:10sur le budget
48:11cette menace
48:12et le scénario
48:13d'un remake
48:14n'effraient
48:15pourtant pas
48:16les députés
48:17quand on est démocrate
48:18on n'a pas peur
48:18du suffrage universel
48:19donc moi j'aborde tout ça
48:20avec beaucoup de sérénité
48:21on est toujours prêt
48:22on n'aura jamais peur
48:23des urnes et du peuple
48:24effectivement ça permettrait
48:25peut-être de clarifier
48:26la situation
48:26il faut redessiner
48:27un avenir à la France
48:28et c'est pas
48:29avec une majorité
48:30de briques et de brocs
48:31qu'on peut le faire
48:31donc oui il y a urgence
48:32à la dissolution
48:32nous n'avons pas à craindre
48:34le suffrage universel
48:36il est celui
48:37qui nous confère
48:38la légitimité
48:39nous on n'est pas
48:40propriétaires de notre poste
48:41on en est locataire
48:42le président a un pouvoir
48:43constitutionnel
48:44et il en use
48:45s'il le souhaite
48:46les français
48:47eux sont partagés
48:48sur une éventuelle
48:49dissolution
48:5050% sont favorables
48:5350% contre
48:55dans le sondage
48:56IFOP Sud Radio
48:57réalisé début juillet
48:59Stéphanie Despierre
49:00à l'Elysée
49:01on parle de réarmement
49:02institutionnel
49:04ça donne un peu l'impression
49:05que c'est comme
49:06la dissuasion nucléaire
49:07le but c'est d'avoir l'arme
49:08mais de ne surtout pas
49:10l'utiliser
49:10et de faire savoir
49:11qu'on l'a
49:12et qu'on n'hésitera pas
49:13à l'utiliser
49:14c'est en ça que c'est assez
49:15similaire à la dissuasion
49:17nucléaire
49:18mais le président
49:19de la république
49:20l'a fait savoir
49:21il a finalement
49:22en décembre reconnu
49:23qu'il avait probablement
49:24fait une erreur
49:25en tout cas que ça avait
49:26pas été compris
49:26et là en juin
49:27il dit mon souhait
49:28c'est qu'il n'y ait pas
49:29d'autres solutions
49:30mais il précise
49:31mais mon habitude
49:31n'est pas de me priver
49:33d'un pouvoir constitutionnel
49:34et c'est vrai que
49:35de manière générale
49:37en fait il y a encore
49:37un an et demi
49:38avant 2027
49:39on peut comprendre
49:40que le président de la république
49:41se dise
49:41si jamais la situation politique
49:43est bloquée
49:44je peux m'en servir
49:45c'est aussi une manière
49:46de faire peur
49:47entre guillemets
49:48aux députés
49:49il a beaucoup insisté
49:50en leur demandant
49:51de travailler ensemble
49:52ils constatent
49:52que ça marche pas très bien
49:53on l'a vu là
49:54tous les députés disent
49:55on est prêt à partir
49:56en campagne
49:56c'est même pas peur
49:57en fait hors caméra
50:00ils sont encore essorés
50:01par la campagne express
50:02de l'année dernière
50:03quels que soient les bords
50:04même si la France insoumise
50:05le RN
50:06disons on est prêt
50:07en fait il y a beaucoup
50:07de députés
50:08qui se disent
50:08non non
50:09il faut un peu de stabilité
50:10voilà
50:11chacun vous dira
50:12oui moi j'ai
50:13j'ai mes affiches
50:14j'ai toujours un traque
50:15dans la poche
50:16j'achèterai de la colle
50:18dès qu'il y a une censure
50:19au cas où
50:19il y aura une nouvelle dissolution
50:21mais on sent
50:22qu'il y a des craintes
50:23partout
50:24Antoine Oberdoff
50:25est-ce que cette menace
50:26elle est à prendre au sérieux
50:28ou pas ?
50:29moi je n'y crois pas
50:30à la dissolution
50:30pour tout vous dire
50:31mais si je comprends
50:32très bien la raison
50:32pour laquelle
50:33Emmanuel Macron
50:34brandit cette dissolution
50:35il la brandit
50:36parce qu'il est limité
50:38par un autre frein
50:39constitutionnel
50:40qui est le fait
50:41la possibilité
50:41qu'il n'a plus
50:42de pouvoir se représenter
50:44pour un troisième mandat
50:45on le sait
50:45depuis la réforme constitutionnelle
50:46de 2008
50:47un président
50:48est limité
50:49dans l'exercice
50:49à deux mandats
50:50il a donc besoin
50:51d'exister
50:52Emmanuel Macron
50:52on voit combien
50:53autour de lui
50:54les chevaux sont lâchés
50:55les ambitions présidentielles
50:56sont libérées
50:57par cette impossibilité juridique
50:59qui est la sienne
51:00Edouard Philippe
51:01Gabriel Attal
51:02donc effectivement
51:03il brandit
51:04cette menace
51:05néanmoins
51:06il la brandit
51:07face à son propre camp
51:08en fait
51:08il fait peur
51:09à son propre camp
51:10c'est ça l'idée
51:10parce que la réalité
51:11c'est que
51:12il y a un an
51:13il avait fallu
51:15notamment l'investissement
51:16de Gabriel Attal
51:17pour sauver
51:19les bataillons
51:20macronistes
51:21et les députés
51:22macronistes
51:23effectivement même s'ils peuvent être
51:24un peu tartarin
51:25face caméra
51:26n'ont aucune envie
51:27d'être renvoyés
51:28comme ça
51:29à l'abattoir
51:29dans leur circonscription
51:30et de se faire ratiboiser
51:31au bénéfice
51:32probablement
51:33des députés RN
51:34donc véritablement
51:36cette
51:36et par ailleurs
51:37cette dissolution
51:39ne résoudrait rien
51:39au problème institutionnel
51:41et à la paralysie
51:42que nous observons maintenant
51:43elle a eu
51:44au contraire
51:45pour effet
51:45d'accélérer
51:46ce blocage institutionnel
51:48d'ancrer dans le temps
51:49la tripartition
51:50du paysage politique
51:51Stéphanie Despierres
51:52on voit qu'au même moment
51:54Emmanuel Macron
51:54s'investit à nouveau
51:55sur des sujets
51:56de politique intérieure
51:57est-ce qu'il faut faire
51:58un lien entre les deux
51:59on sent qu'il veut reprendre
52:00la main
52:00d'une certaine façon
52:01très clairement
52:01donc il y a deux manières
52:02de reprendre la main
52:03dire qu'on a à nouveau
52:04l'arme de la dissolution
52:05c'est ce que fait son entourage
52:06et être très présent
52:08on l'a vu ce week-end
52:09il est allé au meeting
52:10des jeunes
52:10avec Macron
52:12qui désormais
52:12s'appelle
52:13les jeunes en marche
52:13il n'était pas invité
52:14enfin il était convié
52:16mais il s'est invité
52:17en surprise
52:17et il a dit
52:18j'aurai besoin de vous
52:20dans deux ans
52:20dans cinq ans
52:21dans dix ans
52:21il a fait un conseil
52:23de défense hier
52:24sur l'entrisme islamiste
52:26il a réuni
52:27les ministres
52:28pour parler du budget
52:29on sent qu'il a envie
52:30de reprendre du poids
52:31sur la scène
52:31il a recadré aussi
52:32François Bayrou
52:32par rapport à Bruno Retailleau
52:34en lui demandant
52:35de recadrer ses ministres
52:36il recadre les ministres
52:37en leur disant
52:37occupez-vous de vos affaires
52:39on sent que la situation
52:40politique intérieure
52:41l'agace
52:41et qu'il a envie
52:42de s'en mêler
52:42pour justement
52:43que soit que ça aille plus vite
52:45soit que ce soit plus clair
52:46donc on sent bien ça
52:48et la dissolution
52:50c'est une manière
52:50de dire
52:51regardez je suis là
52:51et depuis quelques jours
52:52il ne fait que ça
52:53de dire
52:54je suis encore là
52:56un an et demi
52:57et je ne vais pas
52:57laisser le pays
52:59aller à volo
53:01Alors si on passe en revue
53:02les différents partis
53:03de l'opposition
53:03on commence par
53:04le Rassemblement National
53:06officiellement
53:07il la réclame
53:07cette dissolution
53:08mais dans les faits
53:09est-ce que c'est vraiment
53:10un souhait
53:11un désir profond
53:12Le premier réflexe
53:13des commentateurs
53:13après la condamnation
53:14de Marine Le Pen
53:15en première instance
53:16à une peine
53:17d'inéligibilité
53:18a été de dire
53:18que le Rassemblement National
53:20n'avait plus intérêt
53:21à la dissolution
53:22précisément
53:24parce qu'elle ne pourrait
53:25plus se représenter
53:25Ce que l'on voit
53:26et ce qu'on écoutait
53:28encore ce matin
53:28dans la bouche
53:29de l'un des lieutenants
53:30de Marine Le Pen
53:30Jean-Philippe Tanguy
53:31c'est que Marine Le Pen
53:32tout comme Jean-Luc Mélenchon
53:33qui est en retrait
53:34de l'Assemblée Nationale
53:35n'a pas besoin
53:36de son mandat de député
53:37pour exister politiquement
53:38donc le Rassemblement National
53:39il est possible
53:40qu'à l'automne
53:41et compte tenu
53:42de la saignée budgétaire
53:44qui s'annonce
53:45ait intérêt
53:46à pousser les feux
53:48d'abord de la censure
53:49de François Bayrou
53:49et appelle
53:50à une dissolution
53:51sûre de ses forces
53:52et de fait
53:55François Bayrou
53:57ayant perdu
53:57ce lien fragile
53:58qui l'unissait aux socialistes
54:00sur la non-censure
54:01s'est placé
54:02dans les mains
54:02du Rassemblement National
54:04Donc c'est pas un problème
54:05pour le Rassemblement National
54:06si Marine Le Pen
54:07ne peut pas se représenter
54:08en cas de dissolution
54:09Ils sont même à mode
54:10de scrutin constant
54:11on sait qu'ils veulent
54:12éventuellement
54:13la proportionnelle
54:15on sait que précédemment
54:16aux législatives
54:17anticipées
54:17les triangulaires
54:18leur avaient coûté cher
54:19et que le Front républicain
54:20avait quand même tenu
54:21les privants de fait
54:22d'une majorité absolue
54:23mais ils ont envie
54:24de retenter
54:25l'expérience
54:26d'autant que
54:27imaginez un instant
54:28un Jordan Bardella
54:30arrivant
54:30moins d'un an
54:32avant l'échéance
54:32de 2027
54:33à Matignon
54:33ne pourrait pas
54:34véritablement être tenu
54:35comptable
54:36des orientations
54:38prises
54:38et puis éventuellement
54:39de la paralysie du pays
54:40Ah non ça suffit pas
54:41pour faire quoi que ce soit
54:42Stéphanie Despierres
54:42sur le Rassemblement National
54:43ils en disent quoi
54:45les députés
54:45avec qui vous en parlez ?
54:47Mais c'est vrai que
54:48face caméra
54:49c'est vraiment cette stratégie là
54:50en disant
54:50même pas peur
54:51ils sont persuadés
54:52que de toute façon
54:52ils reviendraient
54:54avec plus de députés
54:55à l'Assemblée
54:56ils ont le sentiment
54:57de s'être fait voler
54:58l'élection
54:58l'année dernière
54:59donc il y a un certain
55:00déni démocratique
55:01donc ils disent
55:02évidemment
55:02on veut y aller
55:03après je pense
55:05qu'ils seraient
55:05l'année dernière
55:06ils n'arrêtaient pas
55:06de dire qu'ils étaient
55:07prêts pour des nouvelles
55:08législatives
55:08on a bien vu
55:09que c'était pas le cas
55:09là les choses
55:10sont quand même
55:11organisées plus en amont
55:13donc ils seraient
55:13probablement plus prêts
55:14que la dernière fois
55:16après certains
55:17dans le bloc central
55:18se rassurent
55:19en disant
55:19oui mais
55:20probablement
55:21on aurait plus
55:22de députés RN
55:23mais ça ne réglerait
55:24pas le problème
55:25de l'éclatement
55:26du paysage politique
55:27donc ils essaient
55:28de se rassurer
55:29comme ça
55:29ce qu'il faut raconter
55:31aussi qui est intéressant
55:32c'est qu'il y a un moment
55:32des ministres
55:33et des proches
55:33d'Emmanuel Macron
55:34avaient essayé
55:35de le persuader
55:35de dire très clairement
55:36qu'ils n'utiliseraient
55:37plus la dissolution
55:38justement pour couper
55:40l'herbe sous le pied
55:40du rassemblement national
55:41et pour permettre
55:43aux partis socialistes
55:45de peut-être
55:45se dégager un peu plus
55:47de la France
55:47alors on va en parler
55:48du parti socialiste
55:49parce que c'est
55:49une autre question
55:50à gauche
55:51qui est pour
55:52qui est contre
55:52la dissolution
55:53du côté du parti socialiste
55:55on en pense quoi ?
55:56Le parti socialiste
55:56véritablement
55:57même s'ils ont besoin
55:59de ne pas dire
56:00ils ne peuvent pas
56:02donner le sentiment
56:02et en particulier
56:03Olivier Faure
56:03qu'ils accompagnent
56:04si vous voulez
56:05une fin de règne
56:05macroniste
56:06comme ça
56:06de manière un petit peu
56:07passive
56:08avec une forme
56:09de neutralité malveillante
56:11sur le plan politique
56:13on ne peut pas
56:14marketer cela
56:15en revanche
56:16dans les faits
56:17le parti socialiste
56:18a plus qu'intérêt
56:19au statu quo
56:20jusqu'en 2027
56:21s'il y avait
56:22une dissolution
56:23il serait obligé
56:24nécessité faisant loi
56:25de faire de nouveau
56:26une alliance
56:27avec la France insoumise
56:28pour ne pas perdre
56:29leur bataillon parlementaire
56:30et donc
56:32ils se verraient
56:33de nouveau
56:33accusés de compromission
56:34raison pour laquelle
56:36François Hollande
56:37lorsqu'il a dit
56:38que le parti socialiste
56:39avait les clés
56:40jusqu'en 2027
56:41sur la non-censure
56:41et qu'ils avaient
56:42plutôt intérêt au statu quo
56:43a dit un petit peu
56:44tout haut
56:45ce que beaucoup
56:45pensent tout bas
56:46Alors Stéphanie Despierres
56:47qui la veut à gauche
56:48cette dissolution ?
56:49La France insoumise
56:50très clairement
56:50parce qu'ils ont un peu
56:51le même sentiment
56:51que le rassemblement national
56:53ils estiment
56:54qu'ils avaient
56:54la première force politique
56:55du pays
56:56avec toute la gauche
56:57avec le nouveau Front Populaire
56:58qu'il aurait dû y avoir
56:59la nomination
57:00d'un premier ministre de gauche
57:01eux ils savent
57:02qu'ils sont en dynamique
57:03donc ils espèrent
57:04même si on voit
57:05que parfois
57:05les sondages se tassent
57:08pour eux
57:08ils sont persuadés
57:09que ça pourrait
57:11leur être favorable
57:11et ils sont dans leur logique
57:13de toute façon
57:13de renverser la table
57:14donc le plus tôt
57:15c'est le mieux
57:16après
57:16vu les difficultés
57:19à gauche
57:19on n'est pas sûr
57:20que ça tiendrait
57:21quand même
57:22clairement
57:23un premier ministre de gauche
57:24jusqu'en 2027
57:25et bien merci à tous les deux
57:26pour votre éclairage
57:27sur cette question
57:28d'une hypothétique dissolution
57:30on va déjà voir
57:31ce qu'il en est
57:31de la censure
57:32à la rentrée
57:32avec ce débat budgétaire
57:34qui s'annonce compliqué
57:34pour le gouvernement
57:35merci à tous les deux
57:36c'est la fin de cette émission
57:37on se retrouve demain
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